Karl contre Robin.
Bonsoir à toutes et à tous.
Vous aurez encore droit à Mélenchon ce samedi soir! Je vous jure que la lecture de son bouquin est stimulante. Les camarades qui me font le plus réfléchir sont ceux avec lesquels je ne suis pas d'accord!
Bon, reportez-vous à la page 141 d' "En quête de gauche". Jean-Luc cite un théoricien du social-libéralisme, le maître à penser de Tony Blair: Anthony Giddens (mais Jean-Luc ne donne pas sa source, pas bien, ça). Je vous donne un extrait:
"Dans la recherche de la justice sociale, se concentrer sur les pauvres plutôt que sur les riches. Les riches ne représentent qu'une faible partie de la population: à peine 1% (...) Une redistribution très substantielle de leur richesse, en supposant qu'elle soit économiquement neutre, bénéficierait peu aux pauvres. Le véritable enjeu, si l'on veut s'attaquer à la pauvreté, est une redistribution des chances et des possibles" [les termes en gras sont soulignés par moi].
Qu'est-ce qui embête Mélenchon dans cette réflexion qui convient très bien au social-démocrate que je suis? C'est que son socialisme historique est fondé sur un principe ici contesté: il faut faire payer les riches. Attention, je ne dis pas, et Giddens non plus, que les riches ne doivent pas contribuer à l'effort de solidarité nationale, et eux les premiers puisqu'ils en ont les moyens. Non, ce que je conteste, c'est que faire payer les riches suffirait à émanciper les pauvres et à instaurer le socialisme. Je ne suis pas de la gauche tendance Robin des Bois. C'est bien joli au cinéma ou dans les livres, mais la réalité d'une société ne se plie pas à ce genre de slogan. Même quand les maos ont pillé Fauchon, dans les années 70, pour redistribuer dans le bidonville de Nanterre, ils n'ont pas pour autant abattu ni même écorné le système capitaliste! Le collant vert, le chapeau à plume, l'arc, c'est bon pour les enfants. Un responsable politique ne joue pas à Robin Hood.
Redevenons plus sérieux en prenant un exemple, l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Ce qu'il rapporte à l'Etat est dérisoire par rapport aux besoins à satisfaire. L'idée d'un partage des richesses est plus chrétienne que socialiste. En tout cas, elle n'est pas marxiste. Karl ne demandait pas qu'on prenne aux riches pour donner aux pauvres, mais il pensait qu'une classe sociale, le prolétariat, gagnerait suffusamment en nombre, en force et en éducation pour s'emparer du pouvoir économique et l'exercer en lieu et place de la bourgeoisie. Peu importe la pertinence ou la réalisation de cette analyse, ce que je veux dire, c'est que le slogan "faire payer les riches" n'est pas fondamentalement marxiste.
Aujourd'hui, la redistribution fiscale a atteint ses limites. On l'a vu pendant la campagne des présidentielles: la proposition d'une augmentation du SMIC, auquelle tenait le socialisme historique, n'a pas vraiment séduit l'opinion, ni même les premiers concernés. Pourquoi? Parce que donner un peu d'argent en plus, même si ce n'est pas négligeable, ce n'est plus la panacée, ce n'est pas cela qui va fondamentalement émanciper les individus. Alors quoi? Ce que Giddens propose à la fin du texte: "une redistribution des chances et des possibles". Ca veut dire quoi? Que le capital culturel est tout aussi important que le capital financier, que l'éducation contribue autant, sinon plus, à l'émancipation individuelle et à l'égalité collective que la fiscalité et l'impôt.
Bonne soirée.
Vous aurez encore droit à Mélenchon ce samedi soir! Je vous jure que la lecture de son bouquin est stimulante. Les camarades qui me font le plus réfléchir sont ceux avec lesquels je ne suis pas d'accord!
Bon, reportez-vous à la page 141 d' "En quête de gauche". Jean-Luc cite un théoricien du social-libéralisme, le maître à penser de Tony Blair: Anthony Giddens (mais Jean-Luc ne donne pas sa source, pas bien, ça). Je vous donne un extrait:
"Dans la recherche de la justice sociale, se concentrer sur les pauvres plutôt que sur les riches. Les riches ne représentent qu'une faible partie de la population: à peine 1% (...) Une redistribution très substantielle de leur richesse, en supposant qu'elle soit économiquement neutre, bénéficierait peu aux pauvres. Le véritable enjeu, si l'on veut s'attaquer à la pauvreté, est une redistribution des chances et des possibles" [les termes en gras sont soulignés par moi].
Qu'est-ce qui embête Mélenchon dans cette réflexion qui convient très bien au social-démocrate que je suis? C'est que son socialisme historique est fondé sur un principe ici contesté: il faut faire payer les riches. Attention, je ne dis pas, et Giddens non plus, que les riches ne doivent pas contribuer à l'effort de solidarité nationale, et eux les premiers puisqu'ils en ont les moyens. Non, ce que je conteste, c'est que faire payer les riches suffirait à émanciper les pauvres et à instaurer le socialisme. Je ne suis pas de la gauche tendance Robin des Bois. C'est bien joli au cinéma ou dans les livres, mais la réalité d'une société ne se plie pas à ce genre de slogan. Même quand les maos ont pillé Fauchon, dans les années 70, pour redistribuer dans le bidonville de Nanterre, ils n'ont pas pour autant abattu ni même écorné le système capitaliste! Le collant vert, le chapeau à plume, l'arc, c'est bon pour les enfants. Un responsable politique ne joue pas à Robin Hood.
Redevenons plus sérieux en prenant un exemple, l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Ce qu'il rapporte à l'Etat est dérisoire par rapport aux besoins à satisfaire. L'idée d'un partage des richesses est plus chrétienne que socialiste. En tout cas, elle n'est pas marxiste. Karl ne demandait pas qu'on prenne aux riches pour donner aux pauvres, mais il pensait qu'une classe sociale, le prolétariat, gagnerait suffusamment en nombre, en force et en éducation pour s'emparer du pouvoir économique et l'exercer en lieu et place de la bourgeoisie. Peu importe la pertinence ou la réalisation de cette analyse, ce que je veux dire, c'est que le slogan "faire payer les riches" n'est pas fondamentalement marxiste.
Aujourd'hui, la redistribution fiscale a atteint ses limites. On l'a vu pendant la campagne des présidentielles: la proposition d'une augmentation du SMIC, auquelle tenait le socialisme historique, n'a pas vraiment séduit l'opinion, ni même les premiers concernés. Pourquoi? Parce que donner un peu d'argent en plus, même si ce n'est pas négligeable, ce n'est plus la panacée, ce n'est pas cela qui va fondamentalement émanciper les individus. Alors quoi? Ce que Giddens propose à la fin du texte: "une redistribution des chances et des possibles". Ca veut dire quoi? Que le capital culturel est tout aussi important que le capital financier, que l'éducation contribue autant, sinon plus, à l'émancipation individuelle et à l'égalité collective que la fiscalité et l'impôt.
Bonne soirée.
5 Comments:
je viens de regarder 1 émission , BHL , invité et Ph VAL , chroniqueur. et bien pour 1 fois, j'ai apprécié leur prestation . ils ont mis de côté leur narcissisme intellectuel et ont défini simplement " être de gauche". ,la question émanait d'1 chroniqueuse " pour moi, ménagère de - de 50 ans, face à la baisse du pouvoir d'achat, face à la vie quotidienne, qu'est ce que la réalité d'être de gauche ? Leur réponse a été claire, précise et convaincante.
quel dommage qu'ils fassent, l'1 et l'autre , du tartinage culturel, dés lors qu'ils sont géniaux dans la simplicité.ils ont répondu : être de gauche est faire 1 choix de société et s'y tenir ; l'économie n'étant que l'intendance.
VAL
By Anonyme, at 9:35 AM
Personne n'est parfait, pas même Val (Philippe) et BHL.
Sur l'intendance, j'ai une forte réserve. Certes, la gauche est un choix de société, quoique pas totalement: nous partageons avec la droite parlementaire la même adhésion à la République. Mais l'économie est à la base de tout, je dis bien "la base", je ne prétends pas que "tout" soit économique. En tout cas, le mot de de Gaulle (homme de droite!), "l'intendance suivra", je n'y crois pas. Souvent, l'intendance précède: on fait la politique de ses moyens, et rarement la politique de ses fins.
By Emmanuel Mousset, at 11:51 AM
c'est peut être pour cela que la gauche va mal. trop de démagogie économique caricaturale. val
By Anonyme, at 1:45 PM
D'accord avec toi "faire payer les riches "ne peut suffire.
Mais c'est là ou la caricature dont je parlais atteint parfois ses limites.Est ce que tu n'oublies pas 2 choses.D' une part je t'ai déja entendu critiquer ici meme et à juste titre les 15 milliards du paquet fiscal qui ne sont pas rien qd meme.
D'autre part il y a un coté moral et un coté exemple que l'on ne peut pas balayer d'un revers de main.
By Anonyme, at 5:53 PM
Comme souvent, nous sommes d'accord, même si la façon d'exposer l'idée peut différer:
1- "Faire payer les riches" me semble démagogique, ce qui ne me conduit pas, a contrario, à vouloir "faire des cadeaux aux riches". Voilà pourquoi je suis hostile aux 15 milliards du "paquet fiscal".
2- Je ne me fais aucune illusion sur le "rendement" de l'ISF, mais moralement, son maintien me semble justifié.
By Emmanuel Mousset, at 11:07 PM
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