DSK toujours là.
Bonjour à toutes et à tous.
Quintinus sur son blog a raison: je n'ai pas pu écouter DSK chez Apathie vendredi matin. Je n'habite pas très loin du lycée, mais quand je commence à 8h00, je rate son émission. Heureusement, le net nous dit tout, donc j'ai le texte de l'entretien. DSK était bien sûr invité en tant que directeur général du FMI. Avec sa pédagogie coutumière, il a expliqué le rôle de celui-ci, qui souffre souvent d'une image négative, surtout à gauche. Quand le FMI intervient, c'est que l'économie va très mal, notamment dans les pays pauvres. C'est un peu un oiseau de malheur dont on se passerait volontiers, l'extrême gauche le considérant comme un rapace.
La vérité est, comme souvent, toute différente. Ces dernières années, le FMI n'a pas travaillé sur fond de crise mais il a "aidé les pays à construire une Banque Centrale, une politique fiscale, une politique douanière." Voilà la mission du FMI, essentiellement technique, une sorte d'ingénierie financière, si vous voulez. Mais cette mission technique est dotée d'un objectif proprement politique, tant il est vrai que la technique, surtout financière, n'est qu'un moyen qui prend tous son sens dans une perspective politique, que DSK a bien fait de rappeler car elle ne fait pas de lui un super-technocrate mais l'équivalent d'un chef d'Etat: "la construction de la paix." Il faut se souvenir que les guerres modernes ont généralement pour origine des crises financières (le nazisme a prospéré là-dessus). La stabilité par la prospérité en vue de maintenir la paix, ce pourrait être le mot d'ordre politique du FMI.
A propos de la croissance française, DSK ne croit pas qu'on puisse atteindre les 2,25% que s'est donné le gouvernement pour 2008, notamment à cause de la crise financière des "subprimes" (DSK en a longuement parlé, j'y reviendrai dans un prochain billet car le sujet mérite une réflexion à part). Pour autant, il s'est refusé au catastrophisme. Des pays connaissent de belles croissances, Chine, Inde, Brésil, pourquoi pas la France, pourquoi pas l'Europe, si nous en avons la volonté et si nous savons nous en donner les moyens? DSK résume fort bien le problème et l'enjeu:
"Comment se fait-il qu'une économie aussi riche, c'est vrai pour la France, c'est en partie vrai pour l'Europe (...) n'est pas capable d'investir plus dans la recherche, dans l'université, dans la jeunesse, dans ce qui fait demain? (...) Ce qui est devant nous, c'est la capaciter de "résister" à la pression que vont exercer des milliers d'ingénieurs indiens, des milliers d'ingénieurs chinois. Cest le fait que la France, notre pays, est sur l'ensemble de la planète un pays de taille moyenne. Et par conséquent, s'il veut résister, il ne peut pas résister par la masse, il doit résister par la qualité, par la formation."
Et pour parvenir à cela, il faut une condition non pas économique mais psychologique, car la pure rationalité, surtout en économie, n'existe pas (contrairement à ce qu'affirme la théorie libérale, qui réduit les comportements humains à des calculs d'intérêts individuels). Cette condition, et Strauss-Kahn en avait fait un point fort de la primaire socialiste, c'est la confiance, un sentiment un peu mystérieux, qui se favorise mais qui ne se décrète pas: "Le problème de la confiance est tout à fait décisif parce que c'est la confiance qui fait qu'au bout du compte, les particuliers consomment, empruntent, les entreprises investissent ..."
L'entretien s'est terminé par l'inévitable question à laquelle DSK a déjà répondu plusieurs fois: sera-t-il candidat à la présidentielle de 2012? Le directeur du FMI n'a pas aujourd'hui ça en tête (et aucun socialiste ne devrait avoir cette préoccupation en tête, c'est trop tôt et nous avons collectivement mieux à faire, c'est-à-dire reconstruire un projet politique), mais il n'a pas renoncé à se porter candidat. Strauss a rencontré vendredi les responsables de notre courant et les a encouragés à oeuvrer pour le rassemblement et la rénovation des socialistes (je reviendrai aussi sur la situation de notre courant dans un prochain billet). Pour ma part, je n'ai pas changé d'avis: je militerai pour une candidature DSK en 2012. Mais la décision ne dépendra ni de moi, ni de lui, ni de notre courant, elle viendra des circonstances, comme toujours en politique.
Bonne matinée.
Quintinus sur son blog a raison: je n'ai pas pu écouter DSK chez Apathie vendredi matin. Je n'habite pas très loin du lycée, mais quand je commence à 8h00, je rate son émission. Heureusement, le net nous dit tout, donc j'ai le texte de l'entretien. DSK était bien sûr invité en tant que directeur général du FMI. Avec sa pédagogie coutumière, il a expliqué le rôle de celui-ci, qui souffre souvent d'une image négative, surtout à gauche. Quand le FMI intervient, c'est que l'économie va très mal, notamment dans les pays pauvres. C'est un peu un oiseau de malheur dont on se passerait volontiers, l'extrême gauche le considérant comme un rapace.
La vérité est, comme souvent, toute différente. Ces dernières années, le FMI n'a pas travaillé sur fond de crise mais il a "aidé les pays à construire une Banque Centrale, une politique fiscale, une politique douanière." Voilà la mission du FMI, essentiellement technique, une sorte d'ingénierie financière, si vous voulez. Mais cette mission technique est dotée d'un objectif proprement politique, tant il est vrai que la technique, surtout financière, n'est qu'un moyen qui prend tous son sens dans une perspective politique, que DSK a bien fait de rappeler car elle ne fait pas de lui un super-technocrate mais l'équivalent d'un chef d'Etat: "la construction de la paix." Il faut se souvenir que les guerres modernes ont généralement pour origine des crises financières (le nazisme a prospéré là-dessus). La stabilité par la prospérité en vue de maintenir la paix, ce pourrait être le mot d'ordre politique du FMI.
A propos de la croissance française, DSK ne croit pas qu'on puisse atteindre les 2,25% que s'est donné le gouvernement pour 2008, notamment à cause de la crise financière des "subprimes" (DSK en a longuement parlé, j'y reviendrai dans un prochain billet car le sujet mérite une réflexion à part). Pour autant, il s'est refusé au catastrophisme. Des pays connaissent de belles croissances, Chine, Inde, Brésil, pourquoi pas la France, pourquoi pas l'Europe, si nous en avons la volonté et si nous savons nous en donner les moyens? DSK résume fort bien le problème et l'enjeu:
"Comment se fait-il qu'une économie aussi riche, c'est vrai pour la France, c'est en partie vrai pour l'Europe (...) n'est pas capable d'investir plus dans la recherche, dans l'université, dans la jeunesse, dans ce qui fait demain? (...) Ce qui est devant nous, c'est la capaciter de "résister" à la pression que vont exercer des milliers d'ingénieurs indiens, des milliers d'ingénieurs chinois. Cest le fait que la France, notre pays, est sur l'ensemble de la planète un pays de taille moyenne. Et par conséquent, s'il veut résister, il ne peut pas résister par la masse, il doit résister par la qualité, par la formation."
Et pour parvenir à cela, il faut une condition non pas économique mais psychologique, car la pure rationalité, surtout en économie, n'existe pas (contrairement à ce qu'affirme la théorie libérale, qui réduit les comportements humains à des calculs d'intérêts individuels). Cette condition, et Strauss-Kahn en avait fait un point fort de la primaire socialiste, c'est la confiance, un sentiment un peu mystérieux, qui se favorise mais qui ne se décrète pas: "Le problème de la confiance est tout à fait décisif parce que c'est la confiance qui fait qu'au bout du compte, les particuliers consomment, empruntent, les entreprises investissent ..."
L'entretien s'est terminé par l'inévitable question à laquelle DSK a déjà répondu plusieurs fois: sera-t-il candidat à la présidentielle de 2012? Le directeur du FMI n'a pas aujourd'hui ça en tête (et aucun socialiste ne devrait avoir cette préoccupation en tête, c'est trop tôt et nous avons collectivement mieux à faire, c'est-à-dire reconstruire un projet politique), mais il n'a pas renoncé à se porter candidat. Strauss a rencontré vendredi les responsables de notre courant et les a encouragés à oeuvrer pour le rassemblement et la rénovation des socialistes (je reviendrai aussi sur la situation de notre courant dans un prochain billet). Pour ma part, je n'ai pas changé d'avis: je militerai pour une candidature DSK en 2012. Mais la décision ne dépendra ni de moi, ni de lui, ni de notre courant, elle viendra des circonstances, comme toujours en politique.
Bonne matinée.
2 Comments:
Avant 2012, il y a une rénovation à mener avec Pierre Moscovici qui déposera une motion afin de devenir le prochain premier secrétaire du PS et d'avoir une identité socialiste en phase avec la situation du moment. Le travail de DSK au FMI favorise alors la rénovation, car c'est bien la sociale démocratie qui s'installe pour de vrai au PS.
By jpbb, at 11:13 AM
C'est une vision optimiste de notre avenir, que le pessimiste que je suis partage.
By Emmanuel Mousset, at 12:20 PM
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