L'Aisne avec DSK

26 décembre 2007

Time is politics.

Bonjour à toutes et à tous.

Je suis de mauvaise humeur, très irrité, avec un sentiment d'impuissance fort désagréable. Tout ça parce qu'en relisant le dernier numéro de L'Aisne Nouvelle, je découvre que le maire de Roupy, 260 habitants, près de Saint-Quentin, va laisser sa place en mars prochain au profit de Quentin Bardet. Et qui est Quentin Bardet? Un responsable des jeunes UMP de l'Aisne (Jeunes Pop, comme ils se dénomment), chargé de mission au ministère du Travail. Pourquoi suis-je en colère pour si peu? Ne voyez-vous pas que Xavier Bertrand est en train de placer ses pions pour les prochaines parties électorales, ou ses soldats pour les futures batailles politiques, si vous préférez la métaphore militaire?

La droite anticipe, se prépare, pousse les siens, et la gauche saint-quentinoise, pendant ce temps-là, se divise, écarte et attend la dernière minute pour sortir du chapeau un candidat désigné par surprise, dans des circonstances grotesques. Bardet pour les municipales demain, et après-demain pour la conquête du canton de Vermand, voilà le plan de la droite, damer les pions de la gauche les uns après les autres et tenter de s'emparer du conseil général de l'Aisne en 2011, où la tendance lui sera plus favorable qu'en 2008. La droite locale a un atout puissant que nous ignorons complétement: la durée. La gauche, elle, est spécialiste, je le redis et le déplore, de la dernière minute, comme le choix pour les municipales à Saint-Quentin le prouve malheureusement.

Notre espoir, c'est le canton Saint-Quentin sud, renouvelable en mars, normalement acquis à la gauche, où Michel Garand devrait l'emporter, ce qui donnerait enfin une victoire socialiste dans le saint-quentinois. Mais méfions nous de la droite, qui parait-il pourrait présenter Alain Gibout, maire-adjoint aux finances et à la vie associative de Saint-Quentin, qui cultive habilement une image apolitique et sait se faire apprécier de tous. Si Michel gagne, l'espoir renaitra dans nos rangs, l'avenir pourra être envisagé dans une perspective un peu plus positive. Mais quelle stupidité, une fois de plus, que deux candidats à la candidature socialiste soient sur les rangs! Saint-Quentin sud, ce n'est tout de même pas un enjeu de courants! Hélas si, voilà où nous entraine l'aveuglement et le sectarisme de courant.

Saint-Quentin centre sera renouvelable en 2011, comme Saint-Quentin nord. Si nous avions un peu d'intelligence politique, nous mettrions sur la liste municipale, en position éligible, les socialistes aptes à se présenter ensuite aux cantonales, en vertu du principe, bien assimilé à droite, qu'une élection en prépare une autre. Vous savez qu'il n'en sera rien, que la liste sera constituée en vertu de la fidélité, pour ne pas dire de la soumission passive au courant qui composera la liste. Ce qui signifie que dans les cantons centre et nord, comme aujourd'hui pour le canton sud, il y aura bagarre entre courants pour obtenir la candidature, et que les candidats potentiels prendront soin de se dévoiler "à la dernière minute", puisque c'est la seule règle que les socialistes saint-quentinois sont capables de pratiquer.

Pourtant, le canton centre n'est pas imprenable, il a déjà élu des conseillers généraux de gauche. Mais sans anticipation ni préparation, c'est fichu, car l'actuelle conseillère générale, Colette Blériot, est très présente sur le terrain, bosse pas mal, a le contact facile et sait se faire aimer. La battre ne sera pas facile. S'y prendre au dernier moment, comme hélas c'est prévisible, rendra impossible une éventuelle victoire. Dans le canton nord, où j'avais été candidat en 2004, il y a incontestablement une carte à jouer, mais dès maintenant, pas en 2011, à quelques semaines du scrutin! Le conseiller général UMP, Jérôme Lavrilleux, est handicapé par le fait qu'il est directeur de cabinet de Jean-François Copé ... à Meaux. Saint-Quentin et la ville de Meaux, ce n'est tout de même pas la même chose! Mais là encore, que les socialistes ne se fassent pas d'illusions: Lavrilleux est présent au bon moment et les week-ends, il ne faut pas trop compter sur son éloignement pour s'emparer du canton (qui a toujours été détenu par la droite), mais sur notre capacité à lancer dès maintenant un bon candidat, moi ou un autre, peu importe, à la conquête du canton.

En 2009, il y aura les élections régionales, et celles là aussi, il faut y songer bien avant 2009. Xavier Bertrand se prépare à monter à l'assaut, il nous faudra une liste politiquement solide pour résister. Je n'avais pas aimé la façon dont a été composé la liste régionale en 2004, pour la même raison que je n'aime pas la façon dont va se constituer la liste municipale à Saint-Quentin, la règle prioritaire, sinon exclusive, de la représentation des courants. J'ai vu ainsi éliminer des militants de valeur, des conseillers régionaux sortants aguerris tels que Bernadette Bourdat et Maurice Vatin, dont la pugnacité et l'expérience nous seraient bien utiles aujourd'hui, au moment où le bateau de la Région Picardie tangue un peu.

Et puis, last but not least, il y aura les municipales saint-quentinoises de 2015, avec la consécration attendue de Xavier Bertrand en premier magistrat de la ville. Vous allez me trouver bizarre d'évoquer 2015 alors que mars 2008 n'est pas encore là. Mais je le fais parce que la droite le fait, parce qu'elle a en tête ce qui ne vient à l'esprit de la gauche que bien des années plus tard, quand l'urgence impose de désigner des candidats. Tout cela, notre incapacité à anticiper nos choix longtemps à l'avance, me préoccupe au plus haut point. Je vous ai parlé, la semaine dernière, de l'UMP Serge Vinçon: il est devenu maire de Saint-Amand Montrond en 1983 et est resté près d'un quart de siècle dans son fauteuil de maire. Seule la mort l'en a délogé. Qui ne voit pas qu'à Saint-Quentin, nous prenons la même voie, la mort en moins, car il ne faut la souhaiter à personne. Time is money, dit la formule. Peut-être, mais j'ai aussi envie de dire: time is politics. Si le temps n'est pas en politique notre allié, si nous avons pour seule règle celle de la dernière minute, nous sommes fichus. Vous comprenez mieux ma mauvaise humeur en ces vacances de Noël?


Bonne journée.

1 Comments:

  • Cher Monsieur Mousset,

    Vous me voyez fort désolé de vous provoquer, bien à mon insu, une telle irritation.

    Si je peux vous rassurer, je suis arrivé à Roupy à l'âge de quatre ans et j'ai ainsi fréquenté les bancs de son école maternelle. Vous pouvez bien sûr y voir une stratégie d'anticipation particulièrement précoce de l'UMP, un preuve que Xavier BERTRAND est un réel visionnaire, mais je dois vous avouer cependant que la réalité est assez loin des fantasmes militaires dont vous nous faites part.

    Sur ce, j'espère que, ce malentendu dissipé, votre mauvaise humeur est passée et je vous souhaite une très bonne journée.

    Quentin BARDET

    By Anonymous Anonyme, at 7:26 PM  

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