L'Aisne avec DSK

24 décembre 2007

La campagne commence.

Avant hier, je vous expliquais que la politique ne devait pas s'arrêter pendant les vacances de Noël, contrairement à ce que certains prétendent, mais au contraire s'intensifier durant cette période. Je ne croyais pas si bien dire! En ouvrant L'Aisne Nouvelle parue ce matin, le sénateur-maire fait la une, avec à l'intérieur un entretien pleine page et de magnifiques photos en couleurs. Rien que ça! Un vrai publi-reportage sur la gestion municipale, des questions pas trop dérangeantes. Pour Pierre André, c'est sûr, la campagne électorale vient de commencer. Je ne le lui reproche pas, d'ailleurs. A sa place, je ferais la même chose. On appelle ça faire de la politique.

Si c'était possible (juridiquement, ça ne l'est pas), il faudrait inscrire cet article et les exemplaires vendus sur son compte de campagne, car c'est une magnifique page de propagande électorale, infiniment plus efficace que des tracts qu'on met dans des boîtes aux lettres, qui se mélangent avec les publicités et que personne, au bout du compte, ne lit. Quand mes camarades socialistes vont-ils comprendre cela, qu'une campagne électorale moderne passe par une communication politique moderne, donc médiatique?

J'en viens maintenant au fond de l'article, que je vous résume à partir de mots-clés:

1- Mandat: Pierre André annonce que son troisième sera le dernier. C'est assez habile. L'usure du pouvoir gagne inévitablement tout homme politique, même les meilleurs. Notre maire s'appuie sur sa popularité pour dire en quelque sorte: votez pour moi une dernière fois, après ce sera fini.

2- Ouverture: Pierre André peut se vanter de l'avoir pratiquée avant tout le monde, et il remet ça par une sorte d'appel d'offre qui barre le haut de la première page du journal: "ma porte est ouverte à tous les saint-quentinois de bonne volonté." En précisant qu'un tiers de sa liste sera renouvelé. Qui répondra? Gros poissons ou menu fretin? On verra en février.

3- BUL: c'est le gros projet du prochain mandat, dont les première réalisations sont déjà visibles, avec l'aménagement du quai Gayant et de la place de la Liberté. C'est sûr, Saint-Quentin va prendre un coup de jeune et de dynamisme avec ce beau projet. J'aimerais que la gauche rappelle que ce projet n'est financièrement possible qu'avec la participation du Coneil général, de gauche. C'est ça aussi, la communication.

4- Prédécesseurs: le maire n'est pas tendre avec eux: "ne rien faire, c'est laisser crever la ville. C'est ce qu'on fait mes prédécesseurs depuis l'après-guerre." Un peu excessif, non? Et puis, parmi ces prédécesseurs, il y avait aussi des équipes de droite.

5- Zones: franche ou d'activités, Pierre André affirme qu'elle ont relancé l'activité économique et l'emploi.

6- Centre-ville: les commerçants craignent sa désertification par la concurrence des grandes surfaces à la périphérie, le maire relativise, rappelle les progrès: "il fallait voir ce qu'était la rue d'Isle il n'y a pas si longtemps. C'était réellement le symbole du déclin de Saint-Quentin." Surtout, le sénateur-maire interpelle les commerçants, non sans courage car ils font généralement partie de ses électeurs: "les commerçants sont par nature très individualistes. Ils sont incapables de s'unir pour mener des actions dynamiques." Et un peu plus loin, Pierre André remet le couvert: "les commerçants doivent prendre conscience que c'est à eux de s'adapter à la clientèle et non l'inverse." Tout ça est un peu rude mais pas complètement faux.

7- Logement: celui de standing est en plein boom parce que "cela correspond à une demande locale" (les retraités et les cadres venus de l'extérieur) et "l'avantage de ces constructions, c'est qu'elles ne coûtent rien à la ville et qu'elles rapportent de la taxe foncière." Certes, mais j'aurais aimé une question (et une réponse) sur le logement social.

8- SQBB: "si l'équipe [de basket] ne se ressaisit pas, je la laisserai tomber!" Normal, quand on reçoit une subvention municipale de 100000 euros.

Que faut-il penser de ce lancement de campagne sous forme de bilan et de projet? D'abord que toutes les questions n'ont pas été posées, sur la petite délinquance (qui a nuit à la ville ce week-end), sur la polique culturelle et surtout sur un sujet de préoccupation pourtant fréquent, la circulation et les transports. Je sais bien qu'un article, même sur une page entière, ne peut pas tout traiter. Mais tout de même ...

Ensuite, je ne vois rien dans ce qui a été dit par le sénateur-maire qui puisse faire l'objet d'une franche contestation. Et c'est bien là tout le problème de l'opposition de gauche: sur quoi se battre pour exister et devenir crédible? C'est pourquoi j'avais proposé la stratégie, critiquée par l'actuelle tête de liste socialiste, d'une campagne de propositions plus que de contestation. On comprend maintenant pourquoi.

Enfin, il faudrait reprendre point par point tout ce qu'a dit et proposé le maire, afin que l'opposition fasse son travail d'opposition, de soutien quand c'est bien et de critique quand c'est nécessaire. Car un responsable politique, aussi habile et efficace soit-il, ne fait jamais tout bien. C'est le rôle de l'opposition, en démocratie, d'exercer un contre-pouvoir. En tout cas, si cette pleine page du leader de la droite saint-quentinoise restait sans réponse et sans réaction de la part de la gauche, je crois que celle-ci serait en dessous de tout et commencerait très mal ce début de campagne. Ce que je ne peux pas croire ...


Bonne fin d'après-midi.