La vie sans DSK?

Un article du Nouvel Observateur du 13 décembre a suscité quelque émoi parmi les strauss-kahniens. Titré comme un film, "La vie sans DSK", je me demande s'il n'y a pas un peu de cinéma dans ce papier. Un dilemme cornélien est d'emblée posé aux strauss-kahniens: "s'ils s'allient, ils se diluent. S'ils doivent choisir un présidentiable, ils explosent." Vu comme ça, évidemment ...

L'article commence par un "symbole", la fermeture de la permanence parisienne de DSK, rue de la Planche. Mais symbole de quoi? Nous l'avions ouverte pour la primaire interne, il est plus que normal qu'elle ferme maintenant. Mais le journaliste n'est pas sans bienveillance à notre égard: "six mois après son départ, les strauss-kahniens ont appris à vivre sans "Dominique". Ils sont restés groupés, et déjà à la manoeuvre pour le prochain congrès. " Fort bien, mais pourquoi se contredire en laissant entendre quelques lignes plus loin que nous serions divisés? Utile rappel que celui de Cambadélis: "il faut se souvenir qu'en 2002 nous sommes partis de rien, pour finir, quatre ans plus tard, lors du vote pour l'investiture, deuxième force du parti avec 20% des voix devant Fabius!"

Jusque là, tout va à peu près. C'est après que la polémique s'installe: DSK aurait désigné Cambadélis chef du courant, au grand mécontentement de Moscovici. Et de prêter à Camba la stratégie suivante, en deux temps: d'abord se rapprocher de Montebourg, Valls et Gorce au nom de la rénovation, dans une démarche programmatique. Ensuite, rassembler dans une démarche tactique Fabius, Aubry, Hamon et Emmanuelli afin de barrer la route aux présidentiables Royal et Delanoë. Evidemment, la main tendue aux fabiusiens et au NPS ferait grincer des dents (moi y compris). A quoi s'ajoutent des préférences différentes pour les présidentiables, Moscovici et Huchon allant plutôt vers Royal, Le Guen et Destot vers Delanoë (moi plutôt vers Royal en l'état actuel des choses). Conclusion de l'article: DSK est toujours à la barre de son courant (ce qui infirme le titre) et les strauss-kahniens rêvent tout bas de sa candidature en 2012.

Je ne suis pas dans le secret des dieux, mais je vous donne mon avis et rappelle quelques faits et principes très simples:

1- Notre courant, "Socialisme et démocratie", a toujours vécu sous un mode collectif, avec de nombreux talents, Moscovici et Cambadélis notamment, fédérés par une forte personnalité, Strauss-Kahn. Nous devons continuer d'être ce que nous sommes.

2- Chacun doit jouer dans le registre qui est le sien, à la place qu'il occupe, là où il est le plus efficace: Mosco à une expérience ministérielle et européenne très précieuse, Camba est un organisateur et un stratège indispensable, et je n'oublie pas bien sûr tous nos autres ami(e)s qui contribuent au rayonnement de notre courant.

3- Notre stratégie doit être celle du rassemblement. Strauss l'a dit à de nombreuses reprises, la social-démocratie n'a pas vocation à demeurer dans les limites d'un courant minoritaire, elle se donne pour objectif de devenir majoritaire dans le parti. Se rapprocher d'autres sensibilités, parfait. Mais pas à n'importe quel prix: cohérence et clarté doivent nous accompagner. Ne retombons pas dans les travers de la synthèse purement tacticienne.

4- Chacun peut avoir ses préférences pour la présidentielle, l'essentiel est de réaffirmer que le choix définitif ne doit pas se faire maintenant. Car ce qui importe aujourd'hui, c'est de rénover notre parti et notre projet. Après viendra le temps de débattre collectivement de notre choix pour les présidentielles, sachant que tout bon strauss-kahnien, dans l'idéal, n'en a qu'un, Strauss-Kahn!


Bon après-midi.