Le cauchemar de Noël.

Bonjour à toutes et à tous.

En ce jour de Noël, il est de tradition de raconter des contes. Mais l'actualité me fait penser que le rêve peut tourner au cauchemar. Cauchemar pour Nicolas Sarkozy, par exemple. Avant d'embarquer pour ses vacances égyptiennes avec Carla Bruni, a-t-il lu ce que dit de lui la personnalité préférée des français, Yannick Noah? En voilà un pourtant qui pourrait être, comme ses amis de la jet set, sensible aux charmes de Nicolas. Pas du tout:

"Je n'ai pas encore rencontré quelqu'un qui m'a dit ce que Sarkozy avait vraiment fait. Qu'est-ce qu'il y a eu à part un brouhaha et de la godille? Quels problèmes ont été réglés? Je ne veux même pas parler du côté diversion avec la mise en scène de sa vie privée, et tous les médias qui suivent. C'est le roi avec sa cour, et les courtisans se mettent à genoux. Mon grand-père m'a toujours dit: "jamais tu ne t'abaisses, jamais tu ne manges dans la main de quelqu'un." Je préfère être à ma place qu'à celle de Doc Gynéco, non?"

En cette période de grands froids, voilà Nicolas habillé pour l'hiver! Et ce n'est pas fini pour lui, le cauchemar continue:

"Tout me choque. L'attitude, le ton, l'arrogance me choquent. Le déballage de richesse, le cynisme me choquent. La désinformation me choque. Tout me choque, tout. Après, on peut analyser, les tests ADN, Khadafi ... Et l'autre (Rama Yade) qui arrive trois jours après en disant que c'est un scandale. Mais tu fais quoi? Tu restes au gouvernement ou tu démissionnes parce que justement, c'est un scandale? Ben non, elle fait une première page du magazine de propagande et elle continue. Je ne suis même pas choqué, je suis dégoûté." (extraits du dernier Journal du Dimanche)

Fermez le ban! Et passons à un autre cauchemar de Noël, pour Miss France dont le conte de fée risque de se terminer, à cause de photos où elle apparaît légèrement vêtue et légèrement sacrilège, pour Geneviève de Fontenay qui est outrée en cette période de la Nativité et l'exprime dans L'Union de ce week-end, en déplorant que des filles acceptent de poser nues pour 5000 euros: "entre Kadhafi, Carla Bruni et maintenant Jean-Marie Bigard chez le pape avec Nicolas Sarkozy, je finis par ne plus savoir dans quelle société je vis."

Madame, vous qui êtes une brave femme et une grande dame, je vais vous dire dans quelle société vous vivez: celle que veut et que nous prépare Nicolas Sarkozy, qui se résume en un mot, l'argent. Quand tout devient solvable, le corps aussi, et comment reprocher à un joli corps d'en tirer un gain, puisque c'est la ligne politique du nouveau pouvoir? Madame, je ne suis pas toujours d'accord avec votre défense des valeurs traditionnelles, mais vous résistez à votre façon à l'emprise sarkozienne. Et puis, je me souviens que vous aviez soutenu Ségolène Royal ...

Ce cauchemar de Noël, c'est celui dans lequel toute une société est en train de basculer, dont Sarkozy est autant le poison que le symptôme. Prenez les cadeaux de Noël pour les enfants: ils sont de plus en plus onéreux, ce ne sont plus des cadeaux (un cadeau peut être très modeste, c'est le geste qui compte), ce sont des gains, des placements, des rémunérations, des récompenses. Le plus triste, c'est que les plus pauvres, pour faire comme les autres c'est-à-dire comme tout le monde, se prennent à ce terrible jeu qui appauvrit encore plus les familles et n'enrichit pas vraiment les enfants.

Puisque je parle des cadeaux de Noël, savez-vous que le commerce de leur revente aux enchères est très florissant sur internet? 15% des français étaient prêts en 2006 à revendre un cadeau qui déplaisait, ils sont 36% cette année. 10 millions de français se sont inscrits sur le site qui propose chaque jour 6,5 millions de nouveaux objets, pour un marché mondial qui regroupe une quarantaine de pays et 248 millions d'internautes. Un cadeau a normalement une valeur sentimentale, c'est un don, un geste gratuit qui n'appelle pas de contrepartie. A la limite, on l'échange quand il ne convient vraiment pas, et c'est le donateur qui vous y engage. Le cauchemar de Noël, c'est qu'il n'y a plus de vrais cadeaux de Noël!

Et le Père Noël dans tout ça? Lui non plus n'est pas épargné par les évolutions dangereuses de notre société. J'ai appris que dans une grande ville française, la traditionnelle photo du Père Noël avec les enfants était tarifée à ... un euro. Ce n'est pas le prix qui me semble contestable, puisqu'il est minime, c'est le principe. Payer pour pisser, payer maintenant pour le Père Noël! Il ne faut pas habituer les enfants à des gestes quotidiens régulés par le portefeuille. La vie doit laisser de larges parts à des activités gratuites. Sinon, que reste-t-il de la magie de Noël?


Joyeux Noël, quand même.