La triple trahison.
Le philosophe allemand Hegel disait de la lecture du journal que c'était "la prière (laïque) du matin". Pour moi, depuis quelques semaines et plus encore quelques jours, c'est plutôt le supplice du matin, particulièrement ce matin. J'apprends dans L'Aisne Nouvelle qu'à Saint-Quentin, en vue des élections municipales, le PS et l'extrême gauche viennent de signer un accord, rapporté en ces termes: "L'alliance est conclue, ne reste que les ultimes tractations quant à la place de chacun sur la liste". Ainsi la messe, que j'ai dénoncée à plusieurs reprises sur ce blog, est dite. Le Parti communiste gremetzien a été "l'entremetteur" (sic!) entre le PS (plus précisément le courant minoritaire néofabiusien) et les formations d'extrême gauche. Une triple trahison a donc été consommée hier soir:
1- Trahison de la section, qui n'a jamais été consultée sur ce changement capital d'orientation politique: l'alliance jamais vue à Saint-Quentin (ni ailleurs) entre le PS et trois partis d'extrême gauche (LO, LCR, PT). Or la section est souveraine, ce sont les adhérents et eux seuls qui décident des choix politiques, et celui qui a été adopté hier, dans leur dos, est de taille. La logique infernale qui a conduit un candidat minoritaire à devenir "premier des socialistes" se poursuit et s'éloigne de plus en plus de ce que souhaitent les socialistes saint-quentinois.
2- Trahison de la fédération, dont les accords départementaux entre partis de gauche n'incluent pas les partis d'extrême gauche. Le "premier des socialistes" a été mandaté pour rassembler les socialistes (manifestement il n'y parvient pas, ceci explique peut-être cela) et pour négocier avec nos partenaires habituels (PCF, Verts, PRG, IDG), pas avec les organisations d'extrême gauche.
3- Trahison du parti, dont la ligne politique est aux antipodes de celle de l'extrême gauche. La liste Poperen-Gremetz-Lambert sera inévitable une liste de régression, au moment où le parti socialiste aurait besoin d'une liste de rénovation. Saint-Quentin est à contre-courant de l'élan national, qui conduit à s'interroger sur l'ouverture du parti et non pas son repli sur des groupuscules et des positions d'extrême gauche.
Stéphane Andurand, toujours dans L'Aisne Nouvelle, a trouvé les mots justes pour exprimer son accablement et son scepticisme devant cette alliance inepte, scandaleuse et suicidaire. Il a proposé ce que les statuts du parti autorisent: la demande d'invalidation de cette liste contraire aux engagements et au projet politique du PS, invalidation par la section (les rénovateurs sont majoritaires), par la fédération (les accords départementaux doivent être strictement respectés), par le Conseil national du parti. Parallèlement, nous devons présenter une liste alternative, ouverte à tous les socialistes, hommes et femmes de gauche qui ne se reconnaissent plus dans ce qui se passe actuellement, qui veulent mettre un terme à la dérive suicidaire.
Je me prépare pour la réunion de Crouy et je vous en parle à mon retour.
Bon après-midi.
1- Trahison de la section, qui n'a jamais été consultée sur ce changement capital d'orientation politique: l'alliance jamais vue à Saint-Quentin (ni ailleurs) entre le PS et trois partis d'extrême gauche (LO, LCR, PT). Or la section est souveraine, ce sont les adhérents et eux seuls qui décident des choix politiques, et celui qui a été adopté hier, dans leur dos, est de taille. La logique infernale qui a conduit un candidat minoritaire à devenir "premier des socialistes" se poursuit et s'éloigne de plus en plus de ce que souhaitent les socialistes saint-quentinois.
2- Trahison de la fédération, dont les accords départementaux entre partis de gauche n'incluent pas les partis d'extrême gauche. Le "premier des socialistes" a été mandaté pour rassembler les socialistes (manifestement il n'y parvient pas, ceci explique peut-être cela) et pour négocier avec nos partenaires habituels (PCF, Verts, PRG, IDG), pas avec les organisations d'extrême gauche.
3- Trahison du parti, dont la ligne politique est aux antipodes de celle de l'extrême gauche. La liste Poperen-Gremetz-Lambert sera inévitable une liste de régression, au moment où le parti socialiste aurait besoin d'une liste de rénovation. Saint-Quentin est à contre-courant de l'élan national, qui conduit à s'interroger sur l'ouverture du parti et non pas son repli sur des groupuscules et des positions d'extrême gauche.
Stéphane Andurand, toujours dans L'Aisne Nouvelle, a trouvé les mots justes pour exprimer son accablement et son scepticisme devant cette alliance inepte, scandaleuse et suicidaire. Il a proposé ce que les statuts du parti autorisent: la demande d'invalidation de cette liste contraire aux engagements et au projet politique du PS, invalidation par la section (les rénovateurs sont majoritaires), par la fédération (les accords départementaux doivent être strictement respectés), par le Conseil national du parti. Parallèlement, nous devons présenter une liste alternative, ouverte à tous les socialistes, hommes et femmes de gauche qui ne se reconnaissent plus dans ce qui se passe actuellement, qui veulent mettre un terme à la dérive suicidaire.
Je me prépare pour la réunion de Crouy et je vous en parle à mon retour.
Bon après-midi.
9 Comments:
Je ne dirais pas que le probleme, c'est les gens.
La question est plutot d'accepter d'etre impopulaire, alors qu'on agit pour le bien de tous.
Savoir faire le choix de l'action et de l'impopularité.
Mais, si j'ai bien suivi toute l'histoire, ce choix vous l'avez fait en ayant besoin des autres.
Contrairement à vos camarades socialistes qui eux ont semble t il décider de se passer des autres.
Mais ont ils un chef à leur tete ...
By grandourscharmant, at 7:41 PM
C'est un electrochoc politique. cet accord est tout sauf une stratégie pour contrer la politique actuelle menée par la droite.En tant que militant actif(je pense)et socialiste de longue date je ressens cet accord comme un suicide de ma famille politique mené par un seul homme.Car en effet, a l'heure ou les electeurs de gauche demandent et exigent une rénovation des idées et des personnes n'avions nous pas mieux a leur proposer, qu'une alliance avec l'extreme gauche.Qui s'est construite en s'opposant au parti socialiste...grace a qui Chirac a brigué un deuxieme mandat?
By Anonyme, at 8:47 PM
A Grandours:
- Etre impopulaire n'est pas une finalité en politique, c'est même un échec! Mais il ne faut pas chercher à être populaire, c'est certain.
- Actuellement, les socialistes saint-quentinois n'ont pas de leader, ce qui explique en partie la crise que nous traversons. C'est pourquoi j'avais demandé depuis longtemps qu'on se mette en quête d'un rassembleur, condition nécessaire à toute victoire. C'est raté pour cette fois-ci!
By Emmanuel Mousset, at 9:36 PM
on ne fait pas de grandes choses sans devenir impopulaires.
Churchill a fini impopulaire bien qu'il ait gagné la guerre
De Gaulle aussi a été impopulaire
et pourtant
ça n'a pas empeché la gauche de le prendre comme référence pour la précédante campagne présidentielle
Des gens qui accusaient Sarkozy des memes mots, maux ? que ceux qu'ils avaient reprochés à De Gaulle.
Se dire que ceux qui ont conduit au départ du général, sont surement les memes pour une bonne partie que ceux qui ont porté au pouvoir l'actuel président.
Sans parler d'une certaine réthorique semblable à celle du 19e siecle,
à croire que la semaine est toujours de 100h et que le monde n'a pas évolué en terme de communications.
Il n'y a rien de plus dur que de changer les mauvaises habitudes, surtout chez ceux qui n'en ont pas conscience, mais c'est souvent pire chez ceux qui en ont conscience.
Il est souvent plus simple de vivre avec sa souffrance habituelle que d'accepter de découvrir l'inconnu, qu'il s'agisse d'une souffrance plus grande ou d'une absence de souffrance.
On sait toujours ce qu'on laisse, rarement ce qu'on trouve.
bons vents, en espérant qu'ils soient porteurs.
By grandourscharmant, at 12:44 AM
Autre trahison, celle d'une partie PS qui veut s'allier avec un parti dont le chef de file à toujours participé aux gouvernements de Droite.
By Anonyme, at 1:12 AM
Je suppose que le dernier commentaire fait référence à mon souhait d'une alliance PS-MoDem, donc d'une possible trahison de ma part. C'est irrecevable, pour trois raisons:
1- Oui, Bayrou a fait partie de gouvernements de droite et mené une politique conservatrice (notamment lorsqu'il était à l'Education Nationale). Mais il faudrait être aveugle pour ne pas constater qu'il a changé de ligne politique et s'attaque désormais durement (parfois plus durement que les socialistes!) à la droite!
2- En revanche, il faut que le MoDem aille plus loin dans la clarification de sa ligne politique. C'est bien parti mais c'est encore insuffisant. L'alliance que je prône ne pourrait se faire que sous cette condition. Et puis, il faut une véritable alliance, un contrat négocié.
3- Le MoDem n'attaque pas le PS comme le fait l'extrême gauche. Son projet réformateur est beaucoup plus compatible avec le nôtre qu'avec le projet révolutionnaire de l'extrême gauche.
Bref, il n'y a aucune trahison politique à vouloir se rapprocher du centre.
By Emmanuel Mousset, at 10:01 AM
A Grandours:
Vous insistez beaucoup sur la souffrance. Je ne suis pas très convaincu. D'abord, je ne souffre pas. Je peux être irrité, accablé, momentanément fatigué, mais souffrir, non. Je ne pense pas d'ailleurs qu'on puisse faire de la politique en souffrant. Et puis, la souffrance est un problème personnel, d'ordre privé. En politique, on est porté vers les autres, pas vers soi. Quelqu'un qui souffre ne peut pas faire de politique, ou alors c'est de la mauvaise politique.
Bon dimanche.
By Emmanuel Mousset, at 10:22 AM
autant je reconnais qu'à certains moments, mes interrogations pouvaient portés sur la façon dont vous viviez personnellement les choses.
Cependant, une chose me frappe, c'est surement un malentendu, je trouve que dans vos réponses vous vous placez souvent dans la position de celui qui pourrait souffrir
alors que la politique, c'est se tourner vers les autres, et justement devoir gérer et appréhender leur souffrance qu'elle soit réelle ou supposé.
Il est évident que la souffrance est un probleme personnel, d'ordre privé mais quand l'individu n'est plus capable de la gérer que devient elle.
Par ailleurs, il existe aussi des souffrances collectives, qui sont souvent la somme de souffrances individuelles.
Je dois avouer que j'ai été tres perplexe par rapport à votre réponse, je pensais parler de la société et vous m'avez répondu sur vous meme.
Le role d'un politique doit etre, à mon sens, de se rendre inutile en appréhendant et en réglant les problemes que ses concitoyens n'ont pas le temps ou la capacité de traiter.
quant à moi, je dois surement etre bien trop marqué par la grece antique,
le stoicisme, l'épicurisme, le scepticisme pour faire autant référence à la douleur et à la souffrance.
By grandourscharmant, at 10:47 AM
Ecartons tout malentendu: il faut exclure la souffrance du champ de la réflexion politique. Collectivement ou individuellement, tout le monde souffre, plus ou moins, souvent ou temporairement. Notre société est trop sentimentale; elle ne retient que la souffrance et réagit par la pitié et la compassion. Non, je ne me situe pas dans cette perspective-là. La souffrance est une sensation, ce n'est pas un concept politique.
Pour moi, en tant que socialiste, ce ne sont pas les souffrances qu'il faut prendre en compte, mais les revendications. Celles-ci sont d'ailleurs, bien souvent, une souffrance reformulée, rationalisée. C'est de là que doit partir un militantisme de gauche.
Quand quelqu'un se plaint, je lui demande toujours: Que veux-tu? Contrairement à la mode actuelle, la gauche doit se détourner des souffrances, irrationnelles, infinies, insaisissables, pour ne se préoccuper que des revendications, les repérer, les susciter, les encourager. La charité non, la justice sociale oui, si vous me permettez cette formule rapide mais qui traduit bien ma pensée.
Mais je ne sais pas si en répondant ainsi j'entre vraiment dans le champ de vos préoccupations ...
By Emmanuel Mousset, at 12:28 PM
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