Eduquer = émanciper.
Bonsoir à toutes et à tous.
Je vous ai annoncé dimanche que j'allais détailler quelques idées pour un projet municipal. Je vais commencer par l'éducation. Saint-Quentin n'a pas d'université mais peut accueillir de nouvelles formations universitaires. Une école d'ingénieurs va s'installer à l'INSSET, par exemple. Il faut bien sûr continuer dans cette voie. C'est un travail de longue haleine. Il faut se saisir des opportunités, se battre pour obtenir les implantations nécessaires. N'importe quelle municipalité, de droite ou de gauche, aurait à coeur ce développement des offres de formation. Ce n'est donc pas de cela dont je vais vous parler, mais d'une vraie nouvelle idée, qui a ses limites, ses faiblesses, ses difficultés, ses illusions peut-être, que je n'ignore pas, mais il faut proposer, innover et même rêver. Pourvu que le rêve renvoie à la réalité.
Quelle est la réalité saint-quentinoise? Un déficit en formation pour une grande part de la population, qui explique en partie les difficultés professionnelles et sociales. Les structures manquent, il faut les faire venir, mais en attendant, on ne peut pas rester les bras croisés. Les structures seraient-elles là, elles ne suffiraient pas. Il faudrait qu'elles soient occupées, utilisées par les Saint-Quentinois, "appropriées" comme on dit aujourd'hui. Se cultiver, s'instruire, se former, commencer par une large culture générale pour aller vers des enseignements plus spécifiques, plus professionnels, tout cela n'a rien d'évident ou de naturel. C'est une question d'éducation, d'environnement, d'imprégnation. C'est un état d'esprit avant d'être un travail, un effort précis. L'un conduit à l'autre. Il faut donner envie d'apprendre, montrer qu'on peut s'en sortir dans la vie par ce biais, y mettre du plaisir, de la fierté. C'est ce que fait l'Ecole, qui ne peut cependant pas tout faire, qui ne suffit pas à cette tâche. Alors quoi d'autre?
Eh bien une "université populaire". Puisque Saint-Quentin n'a pas d'université, construisons-là! Non pas pour se substituer à l'université qui délivre des diplômes, ce serait idiot. Mais pour insuffler cet état d'esprit dont je viens de parler, ce goût pour le savoir, pour tous les savoirs, théoriques et pratiques, pour que la population qui le souhaite ait accès à des enseignements divers, pour que changent les mentalités à l'égard de ce qu'on appelle les "études", souvent perçues, à juste titre, comme un monde à part, pas toujours accessible. Je crois aux bienfaits de ce qu'on appelle une "culture générale", qui prépare à des savoirs plus spécialisés, en donnant le goût du travail, de la curiosité, de la critique, de la recherche, de la réflexion. Les enfants ne chercheront à se former qu'en voyant leurs parents respecter et rechercher le savoir, et cette remarque vaut pour tous les milieux sociaux.
Mais qu'est-ce qu'une "université populaire"? Un lieu d'enseignement, d'éducation, de formation, mais ouvert à tous, gratuit, sans condition de diplôme, et qui ne délivre aucun diplôme, qui ne fait passer aucun examen. Ca ne sert à rien, alors? Mais si, je vous l'ai dit! Ca sert à quelque chose d'essentiel: changer le rapport à la connaissance, faire aimer celle-ci, la diffuser dans la population, surtout auprès de ceux qui en sont les plus éloignés. Je vais employer un terme savant, excusez-moi: c'est une sorte de propédeutique, une préparation à ce qu'on appelle la "culture", qui peut prendre de multiples aspects (qui n'est pas nécessairement la culture des gens qui se disent "cultivés"). Pour moi, comprendre comment fonctionne un moteur d'automobile fait partie de la "culture", autant qu'expliquer un roman de Flaubert.
Maintenant, qu'est-ce que je propose, concrètement? D'abord, une volonté municipale pour mettre en oeuvre ce projet, qui ne peut venir que du premier magistrat de la commune, que les citoyens se donneront en mars. Volonté de quoi? D'unifier tout ce qui existe actuellement à Saint-Quentin en matière de culture, et que je résume en oubliant inévitablement certaines initiatives:
- Les conférences généralistes de l'association Traversée.
- Les conférences historiques de la Société Académique.
- Les conférences littéraires et artistiques du mardi au musée Antoine Lécuyer.
- Les cafés philo et cinés philo de l'association Rencontre Citoy'Aisne.
- Les séminaires de l'IUTA.
- Le Café des Sciences au Champs Elysée.
- Le Café Littéraire au Loch Ness.
- L'université populaire des parents, initiée par le Centre social Neuville.
- Les ateliers-débat de la cafétéria au Centre social du Vermandois.
- Etc.
Après avoir, par la discussion et la négociation, rassemblé toutes les libres initiatives culturelles dans le cadre d'une "université populaire", il faudra se donner des locaux. Généralement, les "universités populaires" sont hébergées dans des murs universitaires. A Saint-Quentin, nous avons l'INSSET, rue Raspail, et l'IUT, rue d'Ostende. Ce qui n'empêcherait pas, au contraire, les implantations extérieures à ces bâtiments. Aux activités existantes, il faudra bien sûr ajouter des initiatives nouvelles, à l'instar de ce qui se fait ailleurs et qui marche bien. Je pense à ce que propose mon collègue Michel Onfray à Caen, qui a même lancé une "université du goût", où l'on apprend à cuisiner. Je pense surtout à des villes moins importantes que Saint-Quentin, Arras et Saint-Brieuc par exemple, qui ont leur "université populaire".
A l'heure où il est beaucoup question de "guichet unique" en plusieurs domaines, je crois qu'il faut aussi rassembler, concentrer, rationaliser les initiatives culturelles dans une "université populaire", où chacun aurait à y gagner, dans une formule qui ne pourrait être que celle de la libre association. Pensez-y et donnez moi votre avis.
Bonne soirée.
Je vous ai annoncé dimanche que j'allais détailler quelques idées pour un projet municipal. Je vais commencer par l'éducation. Saint-Quentin n'a pas d'université mais peut accueillir de nouvelles formations universitaires. Une école d'ingénieurs va s'installer à l'INSSET, par exemple. Il faut bien sûr continuer dans cette voie. C'est un travail de longue haleine. Il faut se saisir des opportunités, se battre pour obtenir les implantations nécessaires. N'importe quelle municipalité, de droite ou de gauche, aurait à coeur ce développement des offres de formation. Ce n'est donc pas de cela dont je vais vous parler, mais d'une vraie nouvelle idée, qui a ses limites, ses faiblesses, ses difficultés, ses illusions peut-être, que je n'ignore pas, mais il faut proposer, innover et même rêver. Pourvu que le rêve renvoie à la réalité.
Quelle est la réalité saint-quentinoise? Un déficit en formation pour une grande part de la population, qui explique en partie les difficultés professionnelles et sociales. Les structures manquent, il faut les faire venir, mais en attendant, on ne peut pas rester les bras croisés. Les structures seraient-elles là, elles ne suffiraient pas. Il faudrait qu'elles soient occupées, utilisées par les Saint-Quentinois, "appropriées" comme on dit aujourd'hui. Se cultiver, s'instruire, se former, commencer par une large culture générale pour aller vers des enseignements plus spécifiques, plus professionnels, tout cela n'a rien d'évident ou de naturel. C'est une question d'éducation, d'environnement, d'imprégnation. C'est un état d'esprit avant d'être un travail, un effort précis. L'un conduit à l'autre. Il faut donner envie d'apprendre, montrer qu'on peut s'en sortir dans la vie par ce biais, y mettre du plaisir, de la fierté. C'est ce que fait l'Ecole, qui ne peut cependant pas tout faire, qui ne suffit pas à cette tâche. Alors quoi d'autre?
Eh bien une "université populaire". Puisque Saint-Quentin n'a pas d'université, construisons-là! Non pas pour se substituer à l'université qui délivre des diplômes, ce serait idiot. Mais pour insuffler cet état d'esprit dont je viens de parler, ce goût pour le savoir, pour tous les savoirs, théoriques et pratiques, pour que la population qui le souhaite ait accès à des enseignements divers, pour que changent les mentalités à l'égard de ce qu'on appelle les "études", souvent perçues, à juste titre, comme un monde à part, pas toujours accessible. Je crois aux bienfaits de ce qu'on appelle une "culture générale", qui prépare à des savoirs plus spécialisés, en donnant le goût du travail, de la curiosité, de la critique, de la recherche, de la réflexion. Les enfants ne chercheront à se former qu'en voyant leurs parents respecter et rechercher le savoir, et cette remarque vaut pour tous les milieux sociaux.
Mais qu'est-ce qu'une "université populaire"? Un lieu d'enseignement, d'éducation, de formation, mais ouvert à tous, gratuit, sans condition de diplôme, et qui ne délivre aucun diplôme, qui ne fait passer aucun examen. Ca ne sert à rien, alors? Mais si, je vous l'ai dit! Ca sert à quelque chose d'essentiel: changer le rapport à la connaissance, faire aimer celle-ci, la diffuser dans la population, surtout auprès de ceux qui en sont les plus éloignés. Je vais employer un terme savant, excusez-moi: c'est une sorte de propédeutique, une préparation à ce qu'on appelle la "culture", qui peut prendre de multiples aspects (qui n'est pas nécessairement la culture des gens qui se disent "cultivés"). Pour moi, comprendre comment fonctionne un moteur d'automobile fait partie de la "culture", autant qu'expliquer un roman de Flaubert.
Maintenant, qu'est-ce que je propose, concrètement? D'abord, une volonté municipale pour mettre en oeuvre ce projet, qui ne peut venir que du premier magistrat de la commune, que les citoyens se donneront en mars. Volonté de quoi? D'unifier tout ce qui existe actuellement à Saint-Quentin en matière de culture, et que je résume en oubliant inévitablement certaines initiatives:
- Les conférences généralistes de l'association Traversée.
- Les conférences historiques de la Société Académique.
- Les conférences littéraires et artistiques du mardi au musée Antoine Lécuyer.
- Les cafés philo et cinés philo de l'association Rencontre Citoy'Aisne.
- Les séminaires de l'IUTA.
- Le Café des Sciences au Champs Elysée.
- Le Café Littéraire au Loch Ness.
- L'université populaire des parents, initiée par le Centre social Neuville.
- Les ateliers-débat de la cafétéria au Centre social du Vermandois.
- Etc.
Après avoir, par la discussion et la négociation, rassemblé toutes les libres initiatives culturelles dans le cadre d'une "université populaire", il faudra se donner des locaux. Généralement, les "universités populaires" sont hébergées dans des murs universitaires. A Saint-Quentin, nous avons l'INSSET, rue Raspail, et l'IUT, rue d'Ostende. Ce qui n'empêcherait pas, au contraire, les implantations extérieures à ces bâtiments. Aux activités existantes, il faudra bien sûr ajouter des initiatives nouvelles, à l'instar de ce qui se fait ailleurs et qui marche bien. Je pense à ce que propose mon collègue Michel Onfray à Caen, qui a même lancé une "université du goût", où l'on apprend à cuisiner. Je pense surtout à des villes moins importantes que Saint-Quentin, Arras et Saint-Brieuc par exemple, qui ont leur "université populaire".
A l'heure où il est beaucoup question de "guichet unique" en plusieurs domaines, je crois qu'il faut aussi rassembler, concentrer, rationaliser les initiatives culturelles dans une "université populaire", où chacun aurait à y gagner, dans une formule qui ne pourrait être que celle de la libre association. Pensez-y et donnez moi votre avis.
Bonne soirée.
2 Comments:
On a en gros une problématique semblable sur la communauté de l'Arc Mosellan. Nous disposons d'un potentiel historique énorme, les plus gros ouvrages de la ligne Maginot, toute l'architecture militaire depuis le moyen âge jusqu'à nos jours, en passant par Schengen toute proche. Le rassemblement s'est fait autour d'un moulin à huile, à farine et à chanvre qui a été reconstruit à neuf dans un but pédagogique. A la dernière réunion de l'association « Nature et Patrimoine Vallée de la Canner » d'autre personnes sont venues spontanément, comme le président de l'association « Train de la Canner » qui fait perdurer dans le temps le réel d'une ligne construite par les Allemands, chargée d'apporter via Metz, soldats et munitions pour aller combattre sur Verdun. La connexion est donc toute récente, je n'ai pas encore mis de billet sur mon blog, et déjà j'envisage de fédérer toute cette bonne volonté pour faire du développement durable par le biais d'outils collaboratifs. En gros disposer d'un lieu de rencontre virtuel pour organiser les liens sociaux et les réunions à la vitesse de la lumière. Avoir un espace de travail virtuel me semble être une première mesure, cela n'empêche pas d'avoir des contacts dans la vie réelle, bien au contraire, les courriers n'ont jamais fait qu'il n'y eut point de rendez-vous. Visite le site http://blog.eyeos.com/ pour te faire une idée.
By jpbb, at 10:08 PM
Bonjour
à la lecture de votre article, je me permets de vous informer de la tenue du regroupement des Universités populaires francophones qui aura lieu du 20 au 22 juin 2008 à Saint-Brieuc.
Bien cordialement
walter.bonomo@univ-nantes.fr
programme complet
http://www.va-savoir.net/3em-printemps-des-Universites-populaires-a-Saint-Brieuc_a1311.html
By Anonyme, at 8:23 AM
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