L'Aisne avec DSK

20 février 2008

Une gauche sans avenir.

Bonsoir à toutes et à tous.

Un lecteur me demande, sur ma messagerie personnelle, de lui décrire "l'aile gauche du PS", ayant été intéressé par mon billet sur la "gauche ouvriériste" et ne sachant rien d'Alain Vidalies et de Marc Dolez. Je vais donc me livrer à une petite géographie des courants qui se qualifient eux-mêmes de "gauche socialiste" ou de "socialistes de gauche", mais ces expressions sont d'emblée polémiques et discutables, puisqu'elles impliquent l'existence de socialistes "de droite". Pour certains camarades, un strauss-kahnien, c'est un homme de droite. A la limite, à leurs yeux, je n'ai rien à faire au PS! Cette façon de voir explique bien des comportements, notamment locaux, qui semblent parfois énigmatiques ou aberrants pour le profane.

En ce qui me concerne, je ne me reconnais évidemment pas dans une soi-disant "droite" du PS. Aux lecteurs de juger si "L'Aisne avec DSK" exprime un courant de droite. Il ne me semble pas! Je suis un socialiste, de tendance social-démocrate, point. Quant à mes camarades qui se présentent comme "la gauche du PS", je les désigne moi aussi ainsi parce que je respecte l'identité qu'ils s'attribuent. J'aimerais qu'ils fassent de même en ma direction, et abandonnent les termes négatifs de "droitier" ou "social-libéral", qui ne veulent rien dire. Je vais maintenant vous présenter cette "aile gauche", du moins l'idée que je m'en fais, et que je divise en 6 sensibilités:

1- Les fabiusiens regroupés dans le club Gauche Avenir, dont le destin est surprenant puisque pendant 20 ans, ils ont incarné ... l'aile droite du PS. "Fabiusien", c'était presque une insulte! Les temps changent, les retournements sont rapides: il a suffi que Laurent dise non à la Constitution européenne en 2005 pour que l'aile gauche en fasse son chouchou et son espoir (raté en 2006). Idéologiquement, ce néofabiusisme est très fragile. On ne passe pas impunément de la gauche moderne à la gauche radicale. Il faudrait que ce courant remembre son identité. Pour le moment, il se contente de cultiver une vague nostalgie du mitterrandisme et de l'union de la gauche qui ne va pas très loin, Fabius se posant en "sage actif", ce qui n'est pas folichon. Les fabiusiens les plus lucides, Weber, Bartolone, opèrent un rapprochement avec les strauss-kahniens.

2- Le Nouveau Parti Socialiste, lui aussi, est de création récente. Sa première mouture remonte à 2002. Après le traumatisme causé par la disqualification de Jospin par Le Pen, le NPS a incarné une réaction de renouveau, portée par Montebourg et Peillon, avec comme thème central, un peu curieux car assez loin de la préoccupation des français, la revendication d'une VIème République. Puis Montebourg et Peillon sont partis, laissant le NPS actuel à Emmanuelli et Hamon. Je n'arrive plus trop à cerner aujourd'hui leur profil idéologique. Hamon est en tout cas quelqu'un avec lequel on peut discuter.

3- Pour la République Sociale, c'est le courant de Mélenchon. De tous mes camarades de la gauche socialiste, c'est celui que j'apprécie le plus humainement. D'abord parce que c'est un homme de fortes convictions et d'une grande sincérité, ensuite parce que sa démarche est extrêmement cohérente. Je ne la partage pas mais je salue son intégrité et son intelligence. A côté, Gauche Avenir et le NPS sont un peu mous et flasques! Mélenchon, c'est un personnage, et je l'aime bien pour ça! Et un militant comme on n'en fait plus! Je ne sais pas quel sera son avenir, mais il en a un, à la différence de Fabius. Sans doute plus à l'extérieur du PS qu'à l'intérieur...

4- "Forces Militantes" est animé par Marc Dolez, qui lui aussi, comme le NPS, a représenté une réaction, presque épidermique, au funeste 21 avril 2002. Mais si le NPS s'est donné une image moderniste, Forces Militantes a joué carrément la carte de la tradition. Dolez, c'est le patron de la fédération du Nord, qui a mis en avant le socialisme le plus traditionnel, celui de la SFIO, ouvriériste, laïque, basiste. Imaginez un peu le retour de Guy Mollet à l'aube du troisième millénaire! Quand le présent effraie, quand l'avenir est incertain, on se réfugie dans le passé. Et ça a un peu marché. Maintenant, c'est passé, le phénomène Ségolène Royal a balayé toutes ces scories.

5- Les poperénistes ont intégré le courant fabiusien mais conservent leur identité. Alain Vidalies est leur député, Anne Ferreira est leur députée européenne, Emmanuel Maurel est leur "idéologue". Je ne vous en dis pas plus, j'en ai longuement parlé dans de précédents billets.

6- Le courant de la "gauche socialiste" le moins connu est sans doute celui de Gérard Filoche, "Démocratie et Socialisme", à ne pas confondre avec le courant strauss-kahnien "Socialisme et Démocratie"! Filoche et Dolez sont assez proches politiquement, on peut parler à leur propos d' "ouvriérisme", Filoche étant très marqué par sa profession d'inspecteur du travail.

J'ai volontairement exclu de cette "aile gauche" du PS deux courants qui en viennent mais n'en sont plus:
- Vincent Peillon et ses amis, qui ont suivi Ségolène Royal alors que celle-ci n'était pas du tout sur une ligne de gauche, et qui sont aujourd'hui encore ses plus fidèles supporters.
- "Rénover maintenant" d'Arnaud Montebourg, qui lui aussi, étonnement, a rejoint Ségolène, mais se rapproche aujourd'hui des strauss-kahniens.

J'ajoute que Gérard Filoche et Jean-Luc Mélenchon ont été les deux seuls leaders socialistes en vue à assister aux obsèques du révolutionnaire Pierre Lambert.

Cette gauche socialiste que j'ai tenté de vous décrire sommairement, n'a pas pour moi d'avenir. La candidature de Ségolène a tout balayé sur son passage, Fabius est fini, Mélenchon pense à autre chose qu'au PS, le passé glorieux ne reviendra pas.


Bonne soirée.

2 Comments:

  • c'est toute la gauche qui est fatiguée de tous ces courants qui vont de la gauche extréme à la droite.
    Certains existent plus à certains moments mais c'est ponctuel, d'ailleurs tout évolue, tu as cité Fabius...bel exemple d'évolution pour certains, de démagogie pour d'autres ou de régression pour d'autres militants

    By Anonymous Anonyme, at 10:46 PM  

  • Les courants sont une bonne chose à deux conditions:

    1- Qu'ils soient porteurs d'idées.

    2- Qu'ils ne se vivent pas comme un parti à l'intérieur du Parti.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:11 PM  

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