L'Aisne avec DSK

13 février 2008

Les faux débats.

Bonjour à toutes et à tous.

Si vous me demandiez aujourd'hui de rédiger un programme municipal, je serais dans l'embarras. Si vous me demandiez en revanche un catalogue de revendications multiples et variées, je n'aurais aucun problème. Mais le scrutin municipal, c'est le premier niveau de la politique. Il faut donc s'y présenter avec un projet politique pour la ville, et pas une énumération de réclamations et d'insatisfactions. Une liste municipale n'est pas un rassemblement de mécontents qui déclinent une série de protestations. C'est un véritable programme de gestion et de transformation de la cité, qui exige sérieux, crédibilité, compétence, vision à long terme. Ca ne s'improvise pas au dernier moment, de même qu'on ne se porte pas candidat à la fonction de maire à la dernière minute.

Il y a une seconde raison à cela. D'où vient un programme municipal sérieux et crédible? Qui le rédige, et comment? Je vais vous répondre: ce travail se fait collectivement dans l'opposition. Un programme ne surgit pas d'un cerveau solitaire, aussi génial soit-il. Il se met en place au fil du temps, dans la fréquentation des dossiers et le contact avec les réalités. C'est le job des conseillers municipaux d'opposition, pendant les 6 années de leur mandat, que de préparer la relève, que d'esquisser progressivement la possible alternance. L'opposition n'a de sens que si elle anticipe la prise prochaine de responsabilités. S'opposer pour s'opposer, c'est-à-dire protester, ça n'a pas de sens en démocratie, ou bien vous faites du syndicalisme, pas de la politique.

Un programme municipal, c'est quoi finalement? Ce sont des affectations budgétaires qu'on choisit de placer sur tel projet plutôt que sur tel autre. C'est pourquoi nous sommes à un niveau politique, et pas technique, puisqu'il faut faire des choix. C'est pourquoi aussi je crois qu'il peut y avoir une politique de gauche et une politique de droite même au niveau municipal (sauf bien sûr dans les petites communes, où l'on est beaucoup plus dans la pure et simple administration). Un programme municipal n'a certes pas besoin d'exposer un budget prévisionnel, mais il doit tout de même s'assurer, dans les grandes lignes, du financement de ce qu'il propose. Et cela ne peut se faire qu'en connaissance des dossiers, qu'en participant aux commissions municipales. C'est en faisant son travail d'opposant qu'on se prépare à devenir dirigeant. Sinon, un programme municipal, c'est de la littérature ou un tract politique, et ce n'est pas ce que les électeurs attendent.

Si je ne sais pas exactement ce que serait un programme municipal, je sais au moins dans quoi il ne s'engagerait pas. J'ai deux exemples de faux débats:

1- Le prix de l'eau: il monte, il faudrait qu'il baisse. Est-ce possible? On fait comment? Je vous dis pourquoi il ne faut pas entrer là-dedans: le prix de l'eau, je ne suis pas certain que ce soit une préoccupation fondamentale. De toutes les augmentations, ce n'est pas celle qui retient le plus l'attention. Bien sûr, quand il faut payer, personne n'est content, et quand il faut payer plus, on est encore plus mécontent. Mais est-ce une demande essentielle de la population saint-quentinoise? Je ne crois pas. Dans les sujets d'inquiétude autour de moi, dans les discussions avec les Saint-Quentinois, je ne vois pas vraiment apparaître le prix de l'eau. Le logement de la famille, l'emploi du conjoint, la formation des enfants, là oui, on en parle. Mais le prix de l'eau, non. Sans compter la dimension très technique du dossier, qu'il vaut mieux maîtriser avant de promettre quoi que ce soit.

En vérité, ce thème a été lancé il y a quelques années par une association, l'UFAL, qui campe souvent sur des positions maximalistes et qui inscrit son combat dans un républicanisme et un laïcisme intransigeants. Ses deux figures de proue dans le Saint-Quentinois sont les tonitruants et excessifs Bernard Paillot et Chantal Pipart. Je salue leur dynamisme et leur dévouement, mais il ne suffit pas d'être de bons militants pour être dans le vrai. Leur parcours politique est à la mesure de ce qu'ils sont et font: Bernard est l'infatiguable opposant au maire de gauche de Gauchy, Serge Monfourny, contre lequel il fait feu de tout bois, Chantal se retrouve sur la liste saint-quentinoise au titre du Parti des Travailleurs.

2- Le parking payant de l'hôpital: il n'est pas normal qu'un établissement public, dans lequel on ne se rend pas par choix ou par plaisir mais parce que la maladie nous y oblige, fasse payer le stationnement. J'ai manifesté, au début, devant l'hôpital, contre cette mesure. Pourquoi je pense maintenant que c'est un faux débat que de réclamer la gratuité? Parce qu'il fallait le faire avant, parce que le débat est passé, et depuis longtemps! Il y a des administrateurs de gauche au sein du CA qui pouvaient s'opposer et proposer autre chose, il y a le Conseil général de l'Aisne et le Conseil régional de Picardie qui, sollicités parce que socialistes, pouvaient peut-être apporter leur contribution financière.

Le parking est construit et fonctionne, le bail avec une société privée a été signé, des places ont été accordées au personnel et des dérogations pour certains patients, que voulez-vous faire d'autre? Se battre pour un principe, adopter une posture morale, dénoncer un choix qui aurait pu être différent? Si vous voulez, mais ça ne servira à rien, ça n'amènera pas la gratuité. Je crois que l'action politique n'est valable que si elle sert à quelque chose. Sinon c'est du témoignage ...


Bonne matinée.

5 Comments:

  • j'avoue que je ne te comprends pas:
    pourquoi est il impossible de revenir sur une décision, si elle n'est pas juste?
    Cela arrive tous les jours ds le privé de mettre en oeuvre d'autres solutions si le bien-fondé n'est pas admis.
    De plus, le financement par les usagés pénalisent toujours les plus démunis, est ce une fatalité?
    je ne le crois pas, ou alors autant dire amen à tout et laisser les investisseurs et financiers continuer à s'enrichir et nous laisser nous appauvrir.
    Pauvre service public!

    By Anonymous Anonyme, at 12:49 PM  

  • Bonjour,

    Je suis d'accord avec vous sur une partie de votre article. Effectivement, un programme est quelque chose de construit et de réfléchi et non pas un catalogue de revendications, aussi légitimes qu'elles soient. De plus ce qui est gênant, c'est sur la vidéo de JP Lançon sur son site lors d'un "meeting" c'est son "slogan" sortir les sortants qui est quand même un des slogans favoris du FN.
    Pour finir, ce programme semble bien maigre ( est ce le résultat d'une alliance aussi hétéroclite et donc la possibilité de construire un programme en commun ? ) par rapport à l'enjeu de cette élection.

    Jolnir

    By Anonymous Anonyme, at 1:22 PM  

  • A Alain Tournay:


    Sur cette décision-là, il ne me semble pas possible de revenir. Mais je n'affirme rien de façon catégorique. C'est à étudier. Ce que je sais, c'est que la décision serait "lourde" et que nous n'avons pas le droit de décevoir. Et surtout, une telle décision doit relever, en partie, d'une expertise qu'il faut faire bien avant la campagne électorale.


    A Jolnir:

    "Sortir les sortants", ce n'est sans doute pas un slogan génial mais c'est une formule classique. Le rapprochement avec le FN est exagéré et inacceptable.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 1:40 PM  

  • gratuite des transport en commun compiegne l'a et pourtant c est l'ump

    des villes ont encore l eau sous regi
    municipale ca marche et l eau est moins cher.

    changer les chose c'est possible ce n'est pas une question de moyens ou de loi mais de volonté.

    By Anonymous Anonyme, at 4:13 PM  

  • Si je comprends bien, vous reprenez le slogan sarkozien: "Tout est possible."

    Cette histoire de volonté, je n'y crois pas. Il y a des choses qu'on ne peut pas faire. C'est plutôt l'intelligence et l'utilité d'une mesure qui seraient pour moi des critères.

    Je sais qu'à Compiègne, les transports sont gratuits, et j'y suis plutôt favorable. Il faut voir. Pour l'eau, c'est quand même différent: il s'agit de revenir à une situation précédente (pourquoi y avait-on mis un terme?)?

    Mais je ne suis pas fermé à la discussion. Simplement, à mes lecteurs qui veulent baisser le prix de l'eau, je demande quel tarif ils proposent et comment ils font?

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 7:02 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Home