L'Aisne avec DSK

12 février 2008

RSA: RAS?

Bonjour à toutes et à tous.

Il y a un problème de positionnement politique du PS à l'égard du RSA, revenu de solidarité active. Sommes-nous pour ou contre? J'ai le sentiment que nous sommes favorables au principe mais réservés, pour ne pas dire parfois critiques, quant à son application. Ce qui brouille un peu, aux yeux de l'opinion, le jugement que nous nous en faisons. La droite a un problème similaire avec les 35 heures: elle ne touche pas à cette durée légale mais ne cesse de lui reprocher ses conséquences. La différence, c'est que la droite est en situation de force, elle occupe le pouvoir, alors que les socialistes sont dans l'opposition, qu'ils ont donc un devoir d'opposition.

Quand je parcours un dernier numéro de L'Hebdo des Socialistes, je prends mes distances vis-à-vis du RSA, mais quand je constate que plusieurs conseils généraux socialistes, dont celui de l'Aisne, se portent candidats pour l'expérimenter, je m'interroge. Le 21 janvier, à Clastres, près de Saint-Quentin, l'inventeur du RSA, Martin Hirsch, homme de gauche et d' "ouverture", est venu signer la convention avec Xavier Bertrand, homme de droite, et le président socialiste du Conseil général Yves Daudigny, le tout dans une ambiance de consensus. Bertrand a affirmé qu'à propos du RSA, il n'y avait plus de droite et de gauche. Alors, pour le RSA, RAS, rien à signaler? Je ne crois pas. Les élus doivent faire ce qui leur semble bon pour le département, mais les militants, s'il en reste, doivent faire leur devoir d'opposition.

Rappelons que le RSA est un complément de ressources versé à celui qui reprend une activité sans qu'il soit pénalisé par la perte de droits qu'entraîne cette reprise. Il y a compensation, pour ne pas décourager la recherche d'un travail. Pour le moment, le dispositif est expérimental, testé dans l'Aisne pendant trois ans, dans les circonscriptions de Saint-Quentin et Vervins, là où les rmistes sont les plus nombreux. Car le RSA s'adresse aux rmistes en contrat aidé ou contrat d'avenir et aux bénéficiaires de l'allocation parents isolées. Ils recevront, en plus de leur revenu, 150 euros les 6 premiers mois et 100 euros les 6 mois suivants. Alors, où est le problème?

J'en repère au moins trois:

1- D'abord, le RSA ne concerne qu'un petit nombre de rmistes, 229 dans l'Aisne sur des milliers. Il s'applique aux personnes "employables". Le mot n'est pas très joli. Il désigne ceux qui sont en capacité de retrouver assez vite un travail, mais qui n'ont pas toujours intérêt à le faire s'ils veulent conserver tous leurs droits. C'est mieux que rien? Oui, c'est vrai, on peut voir les choses comme ça. On peut aussi les voir autrement, ne pas focaliser sur cette minorité et s'intéresser à la majorité.

2- Ensuite, le RSA provoque des inégalités ou des différences de traitement qui seront mal vécues. Un chômeur de longue durée, touchant l'allocation de solidarité spécifique, n'y aura pas droit, alors que le chômeur bénéficiant de l'allocation de parent isolé y aura droit. Vu de loin ou d'ailleurs, ça peut sembler peu de choses, mais nous savons que ces "petites" différences sont ressenties comme des discriminations, quand on est dans le besoin et qu'on vit mal.

3- Enfin, nous ne savons pas si le RSA supprime tous les droits du RMI, auquel cas se poserait un problème de santé, puisque le bénéfice de la CMU serait perdu au bout de 12 mois. Les franchises médicales ne seraient plus exonérées. Et difficile de se retourner vers une assurance maladie complémentaire quand les revenus sont très bas.

Après avoir dit ça, suis-je pour ou contre le RSA? En politique, il faut choisir! Finalement, je suis pour, je regrette seulement que les socialistes ne l'aient pas mis en place. Mais, je vous l'ai dit, n'ayant plus de responsabilité gouvernementale, nous avons un devoir d'opposition (que je distingue de la contestation systématique et stérile), que j'ai tenté d'exercer ce matin avec le RSA, pour ne pas laisser croire qu'il n'y aurait "rien à signaler".


Bonne matinée.

1 Comments:

  • Le devoir d'opposition ne doit pas se cantonner à être un devoir de contestation. La contestation systématique est stérile, on peut la comprendre pour un adolescent en crise avec ses parents, pas pour un militant d'une formation politique. Un militant doit comprendre la situation politique du moment, il doit en faire la critique, et à partir de cette critique voir quelles sont les solutions proposées et quelle est la meilleure à mettre en place. Si une mesure proposée va dans une amélioration pour le bien-être d'une catégorie de la population défavorisée, il doit être systématiquement pour, quel que soit sa provenance. C'est ça être réformiste, c'est la position sociale démocrate, c'est être au final un réel socialiste.

    By Blogger jpbb, at 1:15 PM  

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