Voter Rabelais ou Descartes?

Bonsoir à toutes et à tous.

Le Courrier Picard invite les électeurs, en vue du scrutin municipal de Saint-Quentin, à choisir entre un rabelaisien et un cartésien. Comme Rabelais et Descartes sont philosophes, l'alternative m'intéresse au plus haut point. Mais au plan des idées et de la personnalité, ça y est, mon choix est fait: je suis pour Descartes, c'est celui qui me ressemble le plus! Logique, cohérence, méthode, "je pense donc je suis", "l''intelligence est la chose au monde la mieux partagée", pas de doute, je suis cartésien. Rabelais, Pantagruel, Gargantua, l'esprit glouton, grotesque, fantaisiste, le désordre, la démesure, non ce n'est pas mon truc. Les yeux fermés, je vote Descartes.

Oui, mais il faut ouvrir les yeux: derrière Descartes, il y a André, l'actuel maire, et derrière Rabelais, il y a Lançon, le postulant au titre. Ca n'est pas de la philosophie, c'est de la politique, et ça change tout. Le Courrier Picard a cru bon interviewer le candidat de droite et le candidat de gauche sur leur intimité. Bof, ça ne donne rien de politiquement intéressant, mais tout de même, on apprend des choses qui éclairent les citoyens sur les deux personnages:

- Pierre André est un homme de droite atypique, très marqué je crois, comme nous tous, par ses origines familiales: un père anarchiste, devenu communiste, résistant et déporté. Ce n'est pas rien, ça compte et ça marque dans un héritage. Pierre André est sans doute plus gaulliste que de droite, mais il est quand même de droite! Autre élément dans sa biographie qui me semble expliquer sa personnalité: le passage et les responsabilités au sein de l'UJP, l'Union des Jeunes pour le Progrès, c'est-à-dire les jeunes gaullistes. Qui se souvient que ce mouvement politique était un foyer de ce qu'on appelait le "gaullisme de gauche"? Je pense qu'il faut comprendre Pierre André à travers ce prisme-là. Il n'empêche que professionnellement, il entrera à la Chambre de Commerce et d'Industrie de l'Aisne, dans une fonction éminemment respectable, fort utile, mais qui socialement le conduit à défendre certains intérêts économiques. C'est là précisément où on peut le qualifier, objectivement, sans intention polémique, d'homme de droite.

- Sur Jean-Pierre Lançon, mon commentaire sera plus bref, puisque je ne veux gêner en rien les choix fédéraux de mon Parti, mais je retiendrai sa réponse à la première question du journaliste: De qui vous sentez-vous proche politiquement? Réponse de mon camarade: " D'Alain Vidalies, héritier de Jean Poperen, et du mouvement Gauche avenir".

Une réponse qui a le mérite de la clarté et de la précision, car le grand public ne connait pas Vidalies! Et pourquoi je fais cette citation? Parce que, sur ce blog, quand j'ai évoqué la filiation poperéniste pour expliquer ce qui se passait dans la gauche saint-quentinoise, certains d'entre vous, dans leurs commentaires, m'ont fait savoir que j'exagérais, que je faisais une fixation plus psychologique que politique. Comprenez-vous aujourd'hui qu'il n'en était rien? Quand je soulignais que la députée européenne, dans le discours rédigé de ses voeux aux Saint-Quentinois, saluait le travail d'un seul parlementaire ... Alain Vidalies, ne croyez-vous pas que j'avais raison d'y voir une clé d'interprétation? Le socialisme qui aujourd'hui a pris le dessus à Saint-Quentin, c'est le poperénisme. Et là aussi, comme pour Pierre André, comme pour n'importe quel candidat, il vaut mieux savoir d'où l'on vient ...

Le 9 mars, dans l'idéal, j'aimerais pouvoir choisir un candidat qui serait rabelaisien dans sa vie privée et cartésien dans sa vie publique. C'est ce qu'on appelle une synthèse, et ça existe rarement dans la vie, où l'on est obligé de faire des choix. Vous connaissez le mien.


Bonne nuit.