Le bonheur en politique.
Dans ma pile de "Philosophie Magazine", j'ai retrouvé un article datant de novembre dernier, un entretien entre trois philosophes à propos de la politique et du bonheur. Je me suis dit que ça pouvait être un bon sujet pour une journée (froide, pluvieuse et venteuse à Saint-Quentin!) d'élections. Les trois sages sont Patrick Viveret, André Comte-Sponville et Pascal Bruckner. J'ai pioché quelques passages que je vous sers:
"Je propose de remplacer le PIB [Produit intérieur brut] par de nouveaux indicateurs qui intégreraient la dimension écologique, sociale et le bien-être."
Qui a dit qu'un taux de croissance ou qu'un point de PIB ne faisaient pas rêver? Avec Patrick Viveret, qui est l'auteur de la proposition, on le peut désormais! André Comte-Sponville n'est pas d'accord (je n'ai jamais vu des philosophes s'accorder!):
"Une économie du bonheur? Je n'y crois pas. La logique économique tend à la production de richesses, non à celle de la joie (...). Le bien-être, lui, est quantifiable; le confort, la santé, la richesse peuvent être mesurés, mais pas le bonheur! Une politique du bonheur? Je n'y crois pas davantage (...). Le but de la politique n'est pas de faire le bonheur des gens, mais de combattre le malheur."
Comte-Sponville tel que je l'ai connu à la Sorbonne, bon pédagogue! Impeccables distinctions entre bonheur et bien-être, économie et politique, faire le bonheur et combattre le malheur. Pascal Bruckner, lui, estime que le bonheur est l'obsession des sociétés modernes, quel que soit le régime politique:
"Tout se passe comme si le capitalisme aujourd'hui avait pris en charge, de manière plus douce, les buts qui étaient ceux, brutaux, du communisme."
Patrick Viveret poursuit la réflexion en introduisant les notions de mesure et de démesure:
"Ce qui caractérise le moment historique où nous sommes, c'est le couple de la démesure et de l'obsession de la mesure (...). Il y a d'un côté de la rareté monétaire artificielle imposée pour les trois milliards d'êtres humains qui vivent avec moins de 2 dollars par jour et, de l'autre, de la démesure dans l'économie spéculative conduisant à des inégalités aussi démentielles que dangereuses!"
Ce à quoi Bruckner rétorque que "la vie n'a de prix que par le superflu, comme disait Voltaire. Le besoin de démesure fait partie de l'humain et il ne peut pas être freiné par le rappel de besoins fondamentaux."
Et comme un philosophe a réponse à tout, même à un autre philosophe, Viveret réplique:
"Lorsque ce désir illimité est dans l'ordre de l'être (dans l'ordre de la beauté, de la vérité, de l'amitié, etc.), il ne menace personne. En revanche, l'humanité est menacée, y compris d'autodestruction, lorsque l'illimité de ce désir va se projeter dans l'ordre de l'avoir et de la possession. Cette question du désir illimité devient alors une question politique."
Bonheur ou malheur, mesure ou démesure, être ou avoir, à vous d'y réfléchir ...
Bon après-midi.
(vous êtes allés voter?)
"Je propose de remplacer le PIB [Produit intérieur brut] par de nouveaux indicateurs qui intégreraient la dimension écologique, sociale et le bien-être."
Qui a dit qu'un taux de croissance ou qu'un point de PIB ne faisaient pas rêver? Avec Patrick Viveret, qui est l'auteur de la proposition, on le peut désormais! André Comte-Sponville n'est pas d'accord (je n'ai jamais vu des philosophes s'accorder!):
"Une économie du bonheur? Je n'y crois pas. La logique économique tend à la production de richesses, non à celle de la joie (...). Le bien-être, lui, est quantifiable; le confort, la santé, la richesse peuvent être mesurés, mais pas le bonheur! Une politique du bonheur? Je n'y crois pas davantage (...). Le but de la politique n'est pas de faire le bonheur des gens, mais de combattre le malheur."
Comte-Sponville tel que je l'ai connu à la Sorbonne, bon pédagogue! Impeccables distinctions entre bonheur et bien-être, économie et politique, faire le bonheur et combattre le malheur. Pascal Bruckner, lui, estime que le bonheur est l'obsession des sociétés modernes, quel que soit le régime politique:
"Tout se passe comme si le capitalisme aujourd'hui avait pris en charge, de manière plus douce, les buts qui étaient ceux, brutaux, du communisme."
Patrick Viveret poursuit la réflexion en introduisant les notions de mesure et de démesure:
"Ce qui caractérise le moment historique où nous sommes, c'est le couple de la démesure et de l'obsession de la mesure (...). Il y a d'un côté de la rareté monétaire artificielle imposée pour les trois milliards d'êtres humains qui vivent avec moins de 2 dollars par jour et, de l'autre, de la démesure dans l'économie spéculative conduisant à des inégalités aussi démentielles que dangereuses!"
Ce à quoi Bruckner rétorque que "la vie n'a de prix que par le superflu, comme disait Voltaire. Le besoin de démesure fait partie de l'humain et il ne peut pas être freiné par le rappel de besoins fondamentaux."
Et comme un philosophe a réponse à tout, même à un autre philosophe, Viveret réplique:
"Lorsque ce désir illimité est dans l'ordre de l'être (dans l'ordre de la beauté, de la vérité, de l'amitié, etc.), il ne menace personne. En revanche, l'humanité est menacée, y compris d'autodestruction, lorsque l'illimité de ce désir va se projeter dans l'ordre de l'avoir et de la possession. Cette question du désir illimité devient alors une question politique."
Bonheur ou malheur, mesure ou démesure, être ou avoir, à vous d'y réfléchir ...
Bon après-midi.
(vous êtes allés voter?)
4 Comments:
bah oui, on a voté à gauche, comme tous les citoyens qui ne supportent plus la potique sakozyste, qu'elle soit locale ou nationale.
En outre, nous sommes sur un blog de gauche, socialiste, on va pas se donner le baton pour se faire battre, nous ne sommes pas masos à ce point.
Et il valait mieux au pire, une alliance avec l'extreme gauche, plutot qu'avec l'UMP, non?( j'ai précisé: au pire)
By Anonyme, at 2:45 PM
@sympathisant:
non!
By Anonyme, at 7:33 PM
L'UMP, ce sont des démocrates, pas l'extrème gauche. Le PS est un parti démocratique.
By jpbb, at 9:11 AM
prends donc ta carte à l'UMP!
parti démocrate mais qui n'a plus de président, étrange comme démocratie
By Anonyme, at 7:36 PM
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