L'Aisne avec DSK

08 avril 2008

Hors jeu.

Bonjour à toutes et à tous.

Je vous ai parlé il y a quelques jours des premiers mouvements au sein du Parti socialiste (le billet "Congrès: c'est parti!") en vue du grand rendez-vous de novembre. Mais je n'ai évoqué que les évolutions au sein du bloc majoritaire. Que se passe-t-il chez nos camarades minoritaires, la "gauche du parti"?

Jean-Luc Mélenchon et sa sensibilité "Trait d'union" viennent de rédiger un texte, "Un autre futur est possible". Du Mélenchon pur sucre! Jean-Luc rappelle d'abord son hostilité envers la social-démocratie, puis il avance sa proposition: "Un front de gauche sans exclusive sur la base d'un programme commun de gouvernement." Finalement, c'est un peu ce qui s'est fait, localement, à Saint-Quentin. Pourquoi les poperénistes ne rejoignent-ils pas alors les amis de Mélenchon? Qu'est-ce qui les distingue fondamentalement de lui? J'attends une réponse sérieuse. On parie combien qu'elle ne viendra pas? Dommage que je n'aime pas le jeu, je gagnerais beaucoup d'argent!

Encore que je n'ai pas tout à fait raison dans mon rapprochement: les poperénistes se sont ouverts "sans exclusive" à l'extrême gauche, prenant le temps de discuter avec elle, de suivre ses avis et d'adopter le texte qu'elle leur a proposé. Mais les sociaux-démocrates ont été exclus de tout ça. Rétrospectivement, je me dis que c'est aussi bien ainsi. Les choses au moins sont claires, la ligne de partage très précise: il y a eux, poperéno-lambertistes, et nous, sociaux-démocrates. A eux la radicalité, à nous la réforme. Qui a raison? Qui a tort? C'est l'avenir, les militants et les électeurs qui le diront. Vous savez ce que j'en pense...

Revenons à la formule de Jean-Luc Mélenchon. Mon camarade aime les mots et les phrases. Chaque terme a son importance, renvoie à un symbole, suscite une image, éveille un sentiment. "Front de gauche", c'est presque le "front de classes" prôné par les communistes en 1936, après avoir pendant des années attaqué les socialistes selon la stratégie "classe contre classe". On pense aussi au "front unique" défendu longtemps par les lambertistes. Encore aujourd'hui à Saint-Quentin?

"Programme de gouvernement commun": merveille de la rhétorique! Ou comment dire quelque chose sans le dire vraiment tout en le laissant entendre clairement. Vous inversez les mots, et ça devient "programme commun de gouvernement". Magique, non? Mais pourquoi Jean-Luc n'y va pas carrément? Il nous laisse un goût de nostalgie, la belle époque de l'union de la gauche, mais n'y retourne pas franchement. Sans doute parce qu'il comprend que c'est impossible tout en laissant croire que c'est désirable. C'est un peu comme la mode disco: on en reparle mais ça parait terriblement ringard.

J'apprécie Mélenchon pour ses moments de lucidité: "La gauche du Parti socialiste est muette. Elle est balkanisée. Du coup elle semble hors jeu." Elle ne semble pas, elle est hors jeu, sauf dans certains poches de résistance comme Saint-Quentin. Mais pour combien de temps? Jean-Luc préconise "un regroupement de toutes les gauches du Parti socialiste". Je lui souhaite bien du courage: rassembler Dolez, Emmanuelli, Filoche et Fabius, c'est-à-dire les quatre sensibilités de la gauche du Parti, ne sera pas simple. Et pour nous tous, collectivement, ce n'est pas souhaitable. Ce distinguo entre une droite et une gauche à l'intérieur du PS n'a plus sa pertinence. L'a-t-il eu à une époque ou à une autre? Ce n'est même pas certain. En tout cas, la rénovation consistera à dépasser ce type de clivage.


Bonne fin d'après-midi.

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