Unsa-CGC, même combat?
J'apprends que mon syndicat, l'Unsa, a l'intention de fusionner avec la CGC, du moins que des conversations sont en cours en vue de cet objectif. Si celui-ci se réalisait, ce serait un changement considérable dans le paysage syndical français. Sous réserve d'une réflexion plus approfondie et d'informations complémentaires, ma première réaction est plutôt positive, pour plusieurs raisons:
- La plaie du syndicalisme français, c'est son morcellement. Tout ce qui va dans le sens de l'unité est une bonne chose pour les salariés.
- C'est la mission de toujours de l'Unsa que d'oeuvrer à la réunification syndicale, gage d'efficacité, comme dans les sociales-démocraties. L'Unsa, c'était à l'origine la FEN, qui s'est rapprochée d'autres organisations de fonctionnaires, notamment les hospitaliers, les policiers et les cheminots.
- Je crois qu'il est bon pour le monde enseignant de ne pas en rester à des luttes purement Education Nationale. A cultiver son particularisme, on tombe dans le corporatisme et on s'isole, on devient inefficace. L'union fait la force, j'en reste là.
- Mais pourquoi pas fusionner avec un autre syndicat que la CGC? Je connais la direction de l'Unsa, Gonthier et Olive notamment, j'ai fréquenté sa direction il y a quelques années. La CFDT? Elle est réformiste comme nous, mais moins laïque que nous. Et puis, son réformisme sous Notat a viré à "l'accompagnement social" de certaines réformes de droite, ce qui ne nous plaisait pas. La CGT? Elle a fait ces dernières années de vrais efforts en direction du réformisme, mais elle demeure une centrale ouvrière puissante, dans laquelle l'identité enseignante aurait sans doute du mal à se retrouver. FO? Ce serait le syndicat certainement le plus proche de nos aspirations, réformiste et laïque, s'il n'y avait eu le tournant de 1995, la radicalisation sous la responsabilité de Blondel et l'influence des lambertistes.
- Alors, pourquoi la CGC? Ma réticence, c'est que ce syndicat est très corpo, alors qu'à l'Unsa, surtout chez les anciens de la FEN, nous sommes très politiques. Mais le monde de l'encadrement a changé: il y a 40 ans, c'était une petite minorité, proche de la direction, supplétive du patronat. Aujourd'hui, les cadres forment une catégorie sociale à part entière, originale, avec son histoire, son identité. Autrefois considérés comme de droite, les cadres depuis un certain temps votent à gauche. Et puis, je pense qu'un prof, aujourd'hui, se sent socialement, financièrement et culturellement proche d'un cadre moyen quand il travaille dans le secondaire et d'un cadre supérieur quand il est employé par l'Université. Après tout, qu'est-ce qu'un enseignant sinon quelqu'un qui "encadre" des élèves?
J'attends d'en savoir plus sur ce rapprochement, mais voilà une perspective intéressante.
Bonne nuit.
- La plaie du syndicalisme français, c'est son morcellement. Tout ce qui va dans le sens de l'unité est une bonne chose pour les salariés.
- C'est la mission de toujours de l'Unsa que d'oeuvrer à la réunification syndicale, gage d'efficacité, comme dans les sociales-démocraties. L'Unsa, c'était à l'origine la FEN, qui s'est rapprochée d'autres organisations de fonctionnaires, notamment les hospitaliers, les policiers et les cheminots.
- Je crois qu'il est bon pour le monde enseignant de ne pas en rester à des luttes purement Education Nationale. A cultiver son particularisme, on tombe dans le corporatisme et on s'isole, on devient inefficace. L'union fait la force, j'en reste là.
- Mais pourquoi pas fusionner avec un autre syndicat que la CGC? Je connais la direction de l'Unsa, Gonthier et Olive notamment, j'ai fréquenté sa direction il y a quelques années. La CFDT? Elle est réformiste comme nous, mais moins laïque que nous. Et puis, son réformisme sous Notat a viré à "l'accompagnement social" de certaines réformes de droite, ce qui ne nous plaisait pas. La CGT? Elle a fait ces dernières années de vrais efforts en direction du réformisme, mais elle demeure une centrale ouvrière puissante, dans laquelle l'identité enseignante aurait sans doute du mal à se retrouver. FO? Ce serait le syndicat certainement le plus proche de nos aspirations, réformiste et laïque, s'il n'y avait eu le tournant de 1995, la radicalisation sous la responsabilité de Blondel et l'influence des lambertistes.
- Alors, pourquoi la CGC? Ma réticence, c'est que ce syndicat est très corpo, alors qu'à l'Unsa, surtout chez les anciens de la FEN, nous sommes très politiques. Mais le monde de l'encadrement a changé: il y a 40 ans, c'était une petite minorité, proche de la direction, supplétive du patronat. Aujourd'hui, les cadres forment une catégorie sociale à part entière, originale, avec son histoire, son identité. Autrefois considérés comme de droite, les cadres depuis un certain temps votent à gauche. Et puis, je pense qu'un prof, aujourd'hui, se sent socialement, financièrement et culturellement proche d'un cadre moyen quand il travaille dans le secondaire et d'un cadre supérieur quand il est employé par l'Université. Après tout, qu'est-ce qu'un enseignant sinon quelqu'un qui "encadre" des élèves?
J'attends d'en savoir plus sur ce rapprochement, mais voilà une perspective intéressante.
Bonne nuit.
15 Comments:
Je suis également d'accord, ce serait une bonne initiative puique UNSA et CGC, finalement c'est pareil, trés mou du g'noux et radicalement proche de son patron: surtout pas d'vagues, sinon on s'ra pas bien noté....
By Anonyme, at 10:47 PM
encore un commentaire sans intérêt.
tu peux mieux faire...
By Anonyme, at 11:43 PM
d'ailleurs je vais te noter...
2
va sur le marché demain et reprends un concombre frais
By Anonyme, at 11:44 PM
il est vrai que ces deux syndicats ne sont pas considérés comme les plus durs à la négociation, surtout pour la CGC.
Le premier commentaire, un peu trop virulent, n'est pas forcément sans intéret.
By Anonyme, at 8:59 AM
Le problème n'est pas tant de savoir si on est "dur" ou pas dans la négociation, mais si on est "efficace". Je me souviens de mon grand-père, gazier, cégétiste et communiste, qui me disait, dans les années 70: "FO, ce sont des mous, ils signent avec le patronat". Vous voyez, la rengaine du concombre masqué est ancienne...
Aujourd'hui, même à la CGT, il parait normal de passer un compromis, de signer un texte avec les patrons quand c'est bon pour les salariés. On appelle ça le réformisme, j'y tiens, dans le syndicalisme comme en politique. Mais même à l'intérieur du PS, vous avez encore des socialistes, certes très minoritaires, qui ne sont pas réformistes. Je ne vous rappelle pas lesquels, vous m'accuseriez de rancune et de radotage...
En revanche, mes réticences par rapport à la CGC résident dans le "corporatisme" de cette organisation. Pour moi, le syndicalisme doit s'inscrire dans une visée politique, une perspective de transformation de la société (et pas seulement la défense d'intérêts purement catégoriels). Mais le rapprochement avec l'Unsa permettra peut-être à la CGC de sortir de ce corporatisme.
By Emmanuel Mousset, at 10:44 AM
Bonjour Emmanuel,
Je partage ton analyse sur l'emmiettement du paysage syndical français et de la faiblesse qui en découle.
Le rapprochement UNSA et CGC serait une bonne chose. Mais il semblerai que cette refondation ne s'arrête pas là.
Le figaro d'aujourd'hui parle également d'une fusion entre CGC, UNSA mais également avec la ... CFTC. Là, tu admettras que le coté laïque de la chose va en prendre un coup...
Mais après tout, est-ce peut être l'occasion de faire disparaître le coté chrétien de ce ce syndicat dont on se demande ce qu'il vient faire là. il y aurait un syndicat se réclamant des travailleurs juifs ou musulmans (ou boudhistes?), beaucoup crierai au scandale, non?
Tu as parfaitement raison également quand ut dis que les syndicats enseignants doivent s'ouvrir sur les autres milieux. Je suis perso au SNES donc à la FSU. Dans la presse de ces syndicats, on parle régulièrement d'un rapprochement FSU/CGT.
L'idéal à court terme ne serait-il pas 3 regroupements syndicals.
1) UNSA/CGC/CFTC
2) FSU/CGT/FO
3) SUD/CNT, etc...
Ca me parait le plus simple dans un premioer temps. 3 organisations au lieu d'une petite dizaine simplifierai les choses.
By Anonyme, at 11:30 AM
En tant que prof, je me sens également proche d'un cadre.
J'ai une mission en regard d'un salaire. A moi d'y passer le temps que je juge nécessaire.
comme un cadre en sommes. Le statut de fonctionnaire en plus!
By Anonyme, at 11:32 AM
J'ai oublié le lien vers l'article du figaro qui parle du rapprochement UNSA/CGC/CFTC
http://www.lefigaro.fr/economie/2008/04/16/04001-20080416ARTFIG00015-l-unsa-et-la-cgc-bientot-rejointes-par-la-cftc.php
By Anonyme, at 11:33 AM
Merci Sylvain pour tes informations et remarques, que je partage.
Sur la CFTC, on se demande en effet ce que vient faire le christianisme dans le syndicalisme moderne.
Tu as oublié la CFDT dans ta "recomposition" syndicale. Voilà ce que je propose:
- Un pôle réformiste: CFDT-CGC-UNSA-CFTC
- Un pôle radical: CGT-FO-FSU
- Un pôle protestataire: SUD-CNT
Ceci dit, je ne suis pas complètement satisfait par mon découpage:
- Radical-contestataire, quelle différence?
- FO est de tradition réformiste, et le mandat de Blondel ne sera peut-être qu'un épisode.
- La CGT fait beaucoup d'efforts pour adopter une culture réformiste.
Donc, pas facile tout ça... Le clivage le plus pertinent, c'est entre une culture radicale et une culture réformiste:
- Les purs radicaux: SUD, CNT.
- Les purs réformistes: CFDT, UNSA.
- Les "entre deux": CGT, FO, FSU.
By Emmanuel Mousset, at 12:55 PM
Emmanuel,
Pour info, voilà ce que nous avons reçu ce matin (16 avril) du secrétariat national du SE-UNSA
Pour remettre les pendules à l'heure !
Sans doute certains d'entre vous ont-ils été surpris, tout comme le Secrétariat National du SE-UNSA, d'apprendre par certains média, ce matin, l'annonce d'une fusion UNSA-CGC, certains donnant même la date du mariage qui aurait lieu ce vendredi...
Cette information est évidemment farfelue. Certes, depuis l'union entre le Président de la République et Carla Bruni, les média n'avaient pas eu beaucoup de mariages à se mettre sous la dent... Afin de couper court à toute élucubration, cette circulaire vous permettra de reprendre contact avec la réalité.
De quoi s'agit-il ? Un Bureau National extraordinaire de l'UNSA se réunira jeudi. Son objet est, notamment, de faire le point sur le dossier "représentativité", alors que les discussions entre les organisations patronales et les confédérations représentatives au sens de l'arrêté de 1966 se sont achevées. Elles ont abouti à "un "projet de déclaration commune" (les instances des 5 conf et des orgas patronales se réunissent cette semaine pour décider de leur signature ou non). Quels que soient les signataires, la mécanique est déja arrêtée: le gouvernement prendra ensuite la main et légifèrera et les choses iront très vite. On en a l'exemple en ce moment où l'accord sur le contrat de travail conclu fin février dans les mêmes conditions fait, en cette fin avril, l'objet d'un projet de loi qui va être soumis au parlement...
Nous sommes donc à un instant décisif pour l'UNSA, où son existence est en train de se jouer, sans que nous disposions d'années devant nous pour cela. Quand on lit le contenu du "projet de déclaration" (voir texte sur le site interne à Organisation Développement - rubrique Organisation), les choses sont assez claires: l'usine à gaz concoctée avec 3 niveaux de représentativité (l'entreprise, la branche et l'interpro) aboutit à créer, de fait, un "délai d'attente" de 6 ans... Bref, c' est une façon singulière de nous faire entrer dans la représentativité dans le Privé, en l'occurrence avec les 2 pieds devant. L'UNSA, mais d'autres avec elles, car, à terme, cela aboutirait à la recomposition forcée du paysage syndical revendiquée ouvertement depuis plusieurs mois par le MEDEF, la CGT et la CFDT et qui ne laisserait subsiter que ces 3 organisations...
Dans cette situation que l'on sentait venir, l'UNSA n'a, évidemment, pas attendu les bras ballants. Elle reste sur une idée simple qui correspond à la charte des valeurs de l'UNSA : Nous pensons qu'il y a place en France pour une offre syndicale réformiste, laïque et européenne et nous ne voulons pas d'un syndicalisme refondu par en haut, sous les fourches caudines d'une nouvelle législation. Des contacts ont donc été pris avec les autres organisations syndicales pour connaitre leurs analyses sur ce point. Rien, bien sûr, du côté de la CGT et de la CFDT qui ont planifié notre disparition et ne nous parlent plus depuis plusieurs mois. Quoi du côté des autres, des futurs rayés de la carte à plus ou moins court terme:
- côté FO, les choses sont gelées vu l'état général de nos relations ;
- côté CFTC, leur conception chrétienne du syndicalisme limite la portée de nos relations ;
Restait la CGC qui, seule, a répondu favorablement à nos demandes d'échange.
Le BN de l'UNSA d'après-demain va donc être saisi de cette situation et décidera, sur la base de ces données, du positionnement à adopter. Nous y vérifierons notre analyse du contenu du système de représentativité poposé dans le "projet de déclaration commune". D'autre part, compte-tenu des réponses obtenues de la CGC, nous déciderons soit de rester à ces contacts informels, soit de donner un côté ouvert et donc public à ces discussions. Evidemment, la CGC, par ses instances doit décider elle aussi, parallèlement, de ce qui lui conviendrait ou non.
On est donc loin du mariage annoncé... Au mieux vendredi, il n'y aura qu'une conférence de presse annonçant, si les instances nationales de l'UNSA et celles de la CGC l'ont décidé ainsi, l'ouverture publique d'une réflexion autour de la construction d'un syndicalisme répondant aux attentes des salariés...
Un EFN de l'UNSA Education est convoqué demain après-midi pour préparer ce BN extraordinaire de l'UNSA. Le Secrétariat National du SE-UNSA s'y exprimera sur la base de nos mandats. Le SE-UNSA est résolument pour la construction d'une offre syndicale interprofessionnelle portant les valeurs consignées dans la charte de l'UNSA. Toute possibilité de réflexion permettant de poser cette option sur la place publique est donc bonne à explorer avec qui le voudra. Quant aux résultats de cette réflexion, ce sont les discussions elles-mêmes qui les établiront en indiquant les accords peut-être, mais aussi les divergences ou les questions à creuser.
By Anonyme, at 2:31 PM
Les directions de la CGT, de la FSU et de FO sont sur un positionnement parfois radical.
Mans quant est-il de la base? Tu dois avoir dans ton bahut pas mal de collègue syndiqué à la FSU. Sont-ils tous sur une ligne radicale? Bien sur que non.
Je crois donc que ta définition d'un pôle "entre 2" est plus conforme.
Par contre les appareils vont tous freiner pour éviter ses fusions. Moins de syndicats, c'est moins de place à dstribuer...
Il faudra peut être un epinay du syndicalisme...
By Anonyme, at 3:26 PM
Merci à Corinne Vibes pour ses informations très utiles. J'avais omis de préciser, dans mon billet, que cette "recomposition" annoncée répond aussi et surtout à une modification des règles de représentativité syndicale inquiétante pour l'existence de l'Unsa et d'autres syndicats.
Je précise aux lecteurs que Corinne Vibes est secrétaire départementale du SE-UNSA dans l'Aisne, donc très bien placée pour "remettre les pendules à l'heure".
Je précise aussi que le SE-UNSA est un syndicat d'enseignants, de la maternelle au lycée, affilié à l'UNSA-Education, qui fédére tous les personnels de l'Education Nationale et qui fait partie de l'UNSA, organisation interprofessionnelle public-privé.
Ca peut sembler un peu compliqué quand on n'est pas là-dedans, mais en réalité c'est simple.
Pour ceux qui ont au moins, comme moi, un cheveu blanc, ils se souviendront du SNI et de la FEN, notre passé que nous avons su faire évoluer.
By Emmanuel Mousset, at 7:58 PM
A Sylvain:
Il n'y a pas de syndicalisme possible sans adéquation avec la base. C'est aussi le sens du texte du SE-UNSA, que Corinne Vibes nous a transmis. Le syndicalisme d'appareil, non! Et j'ajouterai: la politique d'appareil, non plus! Tu vois Sylvain à quoi je pense...
Un "Epinay du syndicalisme"? Pourquoi pas, c'est une belle formule. La réunification syndicale est difficile mais dans l'ordre des choses.
A nos lecteurs qui n'ont pas encore de cheveux blancs: Epinay, c'est la ville où s'est déroulé, en 1971, un congrès politique mémorable qui a vu la naissance du Parti socialiste d'aujourd'hui, par la fusion de plusieurs formations.
By Emmanuel Mousset, at 8:07 PM
j aimerai te croire quand tu dis qu il ne peut y avoir de syndicalisme sans adéquation avec la base ...
Une chose est sure, l unité ne pourra se faire que si les appareils sont d accord.
By Anonyme, at 11:19 PM
Base et appareil, les deux vont ensemble. Je ne veux pas d'appareil vide, ni de base déboussolée.
By Emmanuel Mousset, at 11:38 PM
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