La victoire en marchant.

Bonsoir à toutes et à tous.

J'ai participé, comme chaque année, au défilé du 8 mai, sous un soleil magnifique. Je sacrifie à cette tradition depuis une petite dizaine d'années, depuis le moment où je suis devenu secrétaire de section du PS. Avant, il ne me serait jamais venu à l'idée de participer à cette cérémonie: les drapeaux tricolores, les anciens combattants, le cortège des notables, la fanfare, tout ça me paraissait ringard, réac, nationaliste. Et puis j'ai changé. C'est la politique et ses responsabilités qui m'ont fait changer. J'ai compris que si moi, je n'avais pas besoin de rites pour structurer ma vie, la société, elle, en avait besoin. L'Histoire, le passé, certains valeurs, quelques évènements doivent être honorés, avec solennité. La victoire sur le nazisme, le rappel des millions de morts, le souvenir des souffrances, l'éloge de l'héroïsme, ce n'est pas rien, c'est important, c'est même fondamental.

Je ne me suis pas mêlé aux notables et aux élus, je n'en suis pas. Mais j'ai rejoint les enfants des écoles et mes amis de la Ligue de l'enseignement. C'est curieux, quand j'étais enfant, autour de 1970, je ne me souviens pas d'être allé devant le monument aux morts, dans ce genre de cérémonie. C'est bien pourtant que les enfants soient là. L'antifascisme doit continuer à être une référence, droite et gauche confondues. Et l'idée que pour défendre sa liberté, il faut être prêt à prendre les armes... et à mourir. Il y faut certes du courage, de la bravoure, peut-être de l'inconscience. Je ne sais même pas si je serai prêt au grand sacrifice. Mais il faut en parler et le transmettre aux enfants. Quand je les ai entendus chanter la Marseillaise, sous la rigoureuse direction de Jacqueline, je n'ai pu m'empêcher de penser que bien des mots, bien des idées de ce magnifique hymne étaient totalement opposés à l'esprit contemporain: célébrer la vertu, l'orgueil, la vengeance, quoi de plus étranger à notre époque? Hélas...

Nous avons donc fêter la victoire en marchant, fièrement, sous le soleil et un petit vent frais pas désagréable, avant de rejoindre Fervaques et ses triples whiskys, servis avec dextérité par Jean-Claude, aussi à l'aise dans l'organisation du protocole que dans la distribution des verres. Un combattant, surtout ancien, ne se laisse jamais abattre! Parmi les neuf élus de l'opposition, il y en avait... deux, dont un qui est parti bien avant la fin. Ceux-là, je ne vais pas les rater! Ils ont été élus pour représenter les citoyens, c'est aux citoyens de les rappeler à leur devoir. Et je fais partie de ceux qui ont glissé dans l'urne, péniblement, le bulletin de vote de l'opposition. Mes exigences sont donc fondées, légitimes. La droite saint-quentinoise est remarquable par sa présence nombreuse à toutes les manifestations, y compris celles, j'en sais quelque chose, organisées par des personnes de gauche. Il faut que la gauche ait la même rigueur. Elle n'a pas le pouvoir? Raison de plus pour être présente.

2 sur 9, un 8 mai, c'est inacceptable. Mais le problème est politique: les élus d'extrême gauche, avec leurs convictions "internationalistes", les voyez-vous participer à une cérémonie patriotique? Non. Mais Lançon et Ferreira les ont acceptés sur la liste, les ont fait élire... avec les voix de notre électorat. Cela, vous le savez, cette injustice suprême, cette entourloupe politique, je ne l'accepterai jamais, je la dénoncerai toujours, je la combattrai jusqu'au bout, et avec moi tous ceux qui le souhaitent. C'est une insupportable souffrance que de la voir rappelée, à l'occasion de ce 8 mai. Et je n'ai pas fini mon chemin de croix! Tant mieux, c'est aussi un encouragement et une stimulation. Et qui vivra verra.


Bonne soirée.