Les riches, ces héros.

Bonjour à toutes et à tous.

Un an déjà, aujourd'hui, que Nicolas Sarkozy et les siens gouvernent la France. Je ne vais pas faire le bilan, je le décris et le critique au jour le jour, depuis un an, sur ce blog. Mais je veux analyser la "rupture" introduite par le nouveau président, puique c'est le mot qui a caractérisé sa campagne. Cette rupture n'est pas celle qu'on croit. C'est d'abord la droite qui en a fait les frais. Sarkozy en a fini avec deux courants qui irriguaient son camp depuis 50 ans et structuraient son idéologie, deux courants antagonistes:

- Le gaullisme historique: Sarkozy est atlantiste, il ne croit guère à l'Histoire, il n'exalte pas vraiment la grandeur de la France, il n'est pas dirigiste, étatiste. Villepin aurait incarné le gaullisme contemporain, Séguin encore mieux, Juppé un peu, mais Sarkozy non. De Gaulle a été très peu mis en avant durant sa campagne. Les gaullistes historiques, tels que Jean-Louis Debré, ne s'y sont pas trompés en prenant leurs distances.

- Le modernisme giscardien: Sarkozy n'est pas un réformateur social, ni un libérateur des moeurs, ce qu'a été Giscard dans la première partie de son septennat. La "décrispation" giscardienne n'a rien à voir avec l' "ouverture" sarkozyste. Bayrou a compris que cette droite-là n'avait plus rien de commun avec le centrisme authentique.

Rompre avec la droite gaulliste et centriste, mais pour déboucher sur quoi? Une droite bonapartiste, comme l'ont suggérée certains? Je n'y crois pas, le bonapartisme, c'est du passé, ou ça ne veut rien dire. Non, Sarkozy est l'inventeur d'une droite "américaine", qui colle à la société et triomphe aux élections comme l'a fait le néo-conservatisme aux Etats-Unis. Cette droite inédite en France repose sur trois bases idéologiques:

1- Le rejet des années 60: c'est la fameuse "liquidation" de Mai 68, que nul homme de droite de premier plan n'avait osé jusqu'à maintenant.

2- La réhabilitation de la religion: ce sont les discours remettant en question la laïcité et attribuant un rôle social à la spiritualité, alors que la droite par le passé en restait à la classique posture républicaine.

3- La valorisation de l'argent: le riche devient une figure sympathique, un héros de l'économie, un individu décomplexé qui assume sa condition, qui l'exhibe, qui en tire sa supériorité, qui s'offre à l'imitation. Le "bling-bling" est plus qu'anecdotique, c'est un renversement dans l'image, la place et le rôle des hommes d'argent. De Gaulle s'en prenait à la Bourse, Giscard partageait son petit déjeuner avec des éboueurs. Ni l'un ni l'autre ne se seraient risqués à faire du riche un modèle économique, social et culturel. Avec Sarkozy, c'est fait.

Critique de l'évolution des moeurs, attachement à la religion, éloge de l'argent, suprématie du riche, c'est la droite américaine tout crachée. Sauf que là-bas, cette droite est liée à l'histoire du pays, alors que chez nous, elle est totalement exogène. Mais il faudra désormais faire avec, c'est-à-dire contre.


Bon après-midi.