Une question de choix.

Bonsoir à toutes et à tous.

Dans notre société d'abondance, il faut faire des choix. Prenez Saint-Quentin. C'est une ville moyenne et populaire. Pourtant, chaque soirée et chaque week-end offrent de nombreuses possibilités de se cultiver ou de se divertir. Pas autant qu'à Paris ou dans une grande métropole, mais la diversité est tout de même là. Je ne sais pas si vous avez fait la même expérience que moi: lorsqu'il s'agit de fixer collectivement la date d'une réunion, il devient impossible de trouver un accord général. Beaucoup ont d'autres choses à faire au jour proposé, et les retraités sont parmi les plus occupés! Avant, les distractions étaient rares. On se racontait des histoire à la veillée (j'ai un petit peu connu ça dans le Berry), on sortait au cinéma, il y avait la kermesse ou la fête foraine, le cirque Pinder ou Médrano qui passait de temps en temps. Mais ça n'allait pas très loin. Aujourd'hui, rien qu'en restant chez soi, devant l'écran de la télé ou de l'ordi, il y a de quoi faire!

Pourquoi je vous dis ça? Parce que j'ai été confronté aujourd'hui à un choix, honorer deux invitations à la même heure pour deux manifestations aussi intéressantes l'une que l'autre: un débat à Saint-Quentin sur l'abolition de l'esclavage, à l'initiative de la Municipalité, une conférence à Guise sur la "mal démocratie", organisée par l'association Camille Desmoulins et donnée par mon camarade Claude Venet, que j'ai toujours grand plaisir à écouter, tant ses analyses sont stimulantes. Que croyez-vous que j'ai fait? Je suis resté à Saint-Quentin! Désolé Claude, ce sera pour une prochaine fois. Pourquoi ce choix? Parce que sur ce thème de l'esclavage, il fallait que quelqu'un identifié comme socialiste, et c'est mon cas, soit présent. La députée était là, plusieurs adjoints étaient présents, et mes amis Freddy et Karim aussi, qui ont fait un autre choix politique que moi. Xavier Bertrand n'était pas là mais pas très loin, sur le marché, conduisant la poussette de ses enfants, discutant avec les gens. C'est ça la politique, le terrain. Pas que ça, mais beaucoup ça.

Donc je suis allé à Fervaques. Dans l'assistance, il y avait pas mal de personnes de la communauté noire. Les interventions de Natteau, Jaber, Saïdi, Huguet ont été intéressantes. L'esclavage! De grandes civilisations l'ont pratiqué, de grands philosophes ne l'ont pas condamné. C'est une énigme et une douleur pour l'humanité, qui accepte qu'un homme n'ait aucun droit et puisse être vendu comme une bête ou un objet. Le scandale de l'esclavage, c'est qu'il ait été considéré pendant des siècles comme une pratique naturelle, normale. Jusque dans notre monde moderne, la société des Lumières, l'esclavage a été toléré. En pensant à tout cela, je me dis que la valeur qui mérite d'être d'abord défendue, c'est l'égalité absolue entre les hommes, et des droits identiques pour chacun. Et ce message-là, ne croyez-vous pas que la gauche doit aussi, doit d'abord le porter, en témoigner? Vous comprenez mon choix, vous savez pourquoi j'étais à Fervaques et pas à Guise.


Bonne soirée.