Valls la provoc.
Bonjour à toutes et à tous.
Faut-il l'avouer ou pas? Mon collègue du Copo et du PT, Berthelot, va me reprocher une fois de plus de "tuer Jaurès". Mes camarades Lançon et Ferreira vont me tourner le dos, lever le poing et chanter l'Internationale à la prochaine rencontre (c'est leur côté juke-box). Quelques commentateurs de ce blog vont voir rouge et se déchaîner. Bon, tant pis, au point où j'en suis (et où ils en sont!), je passe aux aveux: j'ai lu ce week-end, d'une seule traite, le livre de Manuel Valls, "Pour en finir avec le vieux socialisme... et être vraiment de gauche". Et je le confesse: ça m'a beaucoup plus, je m'y suis reconnu. Voilà, c'est dit. Maintenant, j'explique un peu:
Valls, comme nous tous, a un enracinement idéologique, un héritage politique, une jeunesse militante, qui éclairent en partie sa démarche actuelle: chez lui, c'est l'antitotalitarisme des années 70, Soljenitsyne, Les "nouveaux philosophes", Solidarnosc. Je me reconnais aussi dans cette filiation-là (on est, Valls et moi, de la même génération). Voilà aussi pourquoi il est très critique envers ce qui reste du communisme, y compris dans sa version extrême gauche. L'avenir du PS n'est pas de ce côté mais de l'autre, chez les centristes. Entre Bayrou et Besancenot, si un socialiste conséquent avec lui-même devait choisir, ce serait bien sûr le premier. Ce qui n'empêche pas Valls, bien au contraire, d'être lucide sur le MoDem, qu'il accuse de "populisme d'extrême centre", ce que je pense aussi parfois.
Sur le PS, Valls est impitoyable, autant que moi à l'égard des miens à Saint-Quentin. Ce Parti, dans sa forme actuelle, figée, bureaucratisée, il n'y croit plus guère, et je suis d'accord avec lui. Le nom même, Parti "socialiste", l'incommode: un adjectif pas clair, ambigu, couvrant des expériences tyranniques qui ont porté aussi cette étiquette. Parti "social-démocrate", ça me plairait, l'affiliation serait précise, et la tentation communiste définitivement larguée. Valls préfère Parti "de la gauche française". Mais pourquoi pas aussi.
La figure tutélaire de Jaurès? Elle était pertinente dans la première moitié du siècle passé, aujourd'hui elle n'a plus grand sens, sauf pour Sarkozy (c'est vous dire à quel point elle n'a plus grand sens!). Alors qui? Valls cite Clinton, Al Gore et Blair "sans le cynisme". Tout ça va fâcher pas mal de camarades. Mais on ne ferait pas de politique si on cherchait à ne fâcher personne...
Quel nouveau, jeune, moderne socialisme souhaite Manuel Valls? Un socialisme qui accepte d'être libéral, qui tire toutes les conséquences de son adhésion au marché, qui accepte, mais oui, de privatiser et de déréguler (c'est Valls qui le dit) quand c'est nécessaire et utile. Les bêtas vont se dire: cette gauche, elle est de droite? Bêtas que vous êtes! Quand Jospin a privatisé, avec DSK aux commandes de l'économie, c'était dans l'objectif de constituer un Etat stratège, qui ne s'occupe pas de tous les secteurs de l'économie mais se concentre sur les industries-clés, afin de les restructurer, notamment au niveau européen. Le tort de Jospin est de n'avoir pas assumer ces privatisations, qui permettaient de fortifier notre appareil de production, qui en a bien besoin.
Pour la dérégulation, même raisonnement: si la flexibilité peut favoriser l'emploi alors que nous avons deux millions de chômeurs depuis plus d'un quart de siècle, pourquoi pas, allons-y. Réduire massivement le chômage, limiter les délocalisations en rendant notre économie plus compétitive, c'est de droite? Pour Valls, pour moi, c'est de gauche. La différence avec la droite? C'est que celle-ci n'utilise pas le libéralisme en vue de réformes sociales. Un exemple précis: Valls est en opposition totale avec le "paquet fiscal" accordé par la droite aux classes privilégiées, parce que l'objectif est purement économique (et très discutable en termes d'efficacité) et absolument pas social.
J'ai voulu vous donner un premier aperçu de cet ouvrage très stimulant pour les esprits rénovateurs, et très irritant pour les esprits conservateurs. Que vous soyez l'un ou l'autre, lisez-le et parlez m'en.
Bonne fin d'après-midi.
Faut-il l'avouer ou pas? Mon collègue du Copo et du PT, Berthelot, va me reprocher une fois de plus de "tuer Jaurès". Mes camarades Lançon et Ferreira vont me tourner le dos, lever le poing et chanter l'Internationale à la prochaine rencontre (c'est leur côté juke-box). Quelques commentateurs de ce blog vont voir rouge et se déchaîner. Bon, tant pis, au point où j'en suis (et où ils en sont!), je passe aux aveux: j'ai lu ce week-end, d'une seule traite, le livre de Manuel Valls, "Pour en finir avec le vieux socialisme... et être vraiment de gauche". Et je le confesse: ça m'a beaucoup plus, je m'y suis reconnu. Voilà, c'est dit. Maintenant, j'explique un peu:
Valls, comme nous tous, a un enracinement idéologique, un héritage politique, une jeunesse militante, qui éclairent en partie sa démarche actuelle: chez lui, c'est l'antitotalitarisme des années 70, Soljenitsyne, Les "nouveaux philosophes", Solidarnosc. Je me reconnais aussi dans cette filiation-là (on est, Valls et moi, de la même génération). Voilà aussi pourquoi il est très critique envers ce qui reste du communisme, y compris dans sa version extrême gauche. L'avenir du PS n'est pas de ce côté mais de l'autre, chez les centristes. Entre Bayrou et Besancenot, si un socialiste conséquent avec lui-même devait choisir, ce serait bien sûr le premier. Ce qui n'empêche pas Valls, bien au contraire, d'être lucide sur le MoDem, qu'il accuse de "populisme d'extrême centre", ce que je pense aussi parfois.
Sur le PS, Valls est impitoyable, autant que moi à l'égard des miens à Saint-Quentin. Ce Parti, dans sa forme actuelle, figée, bureaucratisée, il n'y croit plus guère, et je suis d'accord avec lui. Le nom même, Parti "socialiste", l'incommode: un adjectif pas clair, ambigu, couvrant des expériences tyranniques qui ont porté aussi cette étiquette. Parti "social-démocrate", ça me plairait, l'affiliation serait précise, et la tentation communiste définitivement larguée. Valls préfère Parti "de la gauche française". Mais pourquoi pas aussi.
La figure tutélaire de Jaurès? Elle était pertinente dans la première moitié du siècle passé, aujourd'hui elle n'a plus grand sens, sauf pour Sarkozy (c'est vous dire à quel point elle n'a plus grand sens!). Alors qui? Valls cite Clinton, Al Gore et Blair "sans le cynisme". Tout ça va fâcher pas mal de camarades. Mais on ne ferait pas de politique si on cherchait à ne fâcher personne...
Quel nouveau, jeune, moderne socialisme souhaite Manuel Valls? Un socialisme qui accepte d'être libéral, qui tire toutes les conséquences de son adhésion au marché, qui accepte, mais oui, de privatiser et de déréguler (c'est Valls qui le dit) quand c'est nécessaire et utile. Les bêtas vont se dire: cette gauche, elle est de droite? Bêtas que vous êtes! Quand Jospin a privatisé, avec DSK aux commandes de l'économie, c'était dans l'objectif de constituer un Etat stratège, qui ne s'occupe pas de tous les secteurs de l'économie mais se concentre sur les industries-clés, afin de les restructurer, notamment au niveau européen. Le tort de Jospin est de n'avoir pas assumer ces privatisations, qui permettaient de fortifier notre appareil de production, qui en a bien besoin.
Pour la dérégulation, même raisonnement: si la flexibilité peut favoriser l'emploi alors que nous avons deux millions de chômeurs depuis plus d'un quart de siècle, pourquoi pas, allons-y. Réduire massivement le chômage, limiter les délocalisations en rendant notre économie plus compétitive, c'est de droite? Pour Valls, pour moi, c'est de gauche. La différence avec la droite? C'est que celle-ci n'utilise pas le libéralisme en vue de réformes sociales. Un exemple précis: Valls est en opposition totale avec le "paquet fiscal" accordé par la droite aux classes privilégiées, parce que l'objectif est purement économique (et très discutable en termes d'efficacité) et absolument pas social.
J'ai voulu vous donner un premier aperçu de cet ouvrage très stimulant pour les esprits rénovateurs, et très irritant pour les esprits conservateurs. Que vous soyez l'un ou l'autre, lisez-le et parlez m'en.
Bonne fin d'après-midi.
30 Comments:
Effectivement, je fais le même reproche à Sarkozy, l'efficacité du paquet fiscal n'a pas permis un redressement de la croissance et une augmentation du pouvoir d'achat. En terme social, son apport est pratiquement nul, c'est juste satisfaire ses électeurs de droite. On ne peut quand même pas lui demander d'avoir eu un programme social démocrate, qui normalement aurait du être défendu par Ségolène Royal, mais sur ce point elle était à égalité avec Nicolas en tentant de faire croire que le simple fait d'être présidente apporterait la croissance par le biais de la confiance. Deux naïfs se présentant à la candidature présidentielle, cela ne pouvait pas bien finir.
Pour le PS, cela a induit la rénovation, et pour le Président, une baisse vertigineuse dans les sondages.
Mais Nicolas Sarkozy dispose d'un atout, il lui reste quatre ans pour redresser la barre en mettant en place une politique industrielle basée sur l'innovation en accord avec nos partenaires européen.
Il est là son pari. S'il le manque, il n'aura pas une deuxième chance face à un candidat du PS flambant neuf disposant d'un programme liant l'économique et le social.
By jpbb, at 7:37 PM
tu repetes toujours la meme litanie jpbb, c'est lassant.
By Anonyme, at 9:13 PM
Personne ne te force à me lire.
By jpbb, at 9:14 PM
quand meme si on pouvait éviter
By Anonyme, at 10:16 PM
Non.
By jpbb, at 10:24 AM
Si si !
By Anonyme, at 12:12 PM
JPBB, grandours *** ( le qualificatif change ), et emmanuel évidemment, se caractérisent par des commentaires intelligents et argumentés,
l'anonyme qui a un clavier sans accents, à moins que ce soit son cerveau, caractérise à merveille la " bande à Lancon ", la médiocrité stupide dépourvue de toute trace de culture !
Pierre Cahut
By Anonyme, at 12:23 PM
Je ne vous jette pas la pierre, pierre mais quand meme
petitoursstupide ce n'est pas moi qui l'ait inventé et cela veut bien dire ce que cela veut dire.
non pas que je veuille défendre, la tomate, le concombre, la bande à lanson ou le petit simon
qui peuvent avoir l'excuse de leur age et de leur ignorance.
Ce qui est inquiétant c'est quand meme de voir une barrière de l'age, mais ensuite, peut etre qu'ils manient moins bien la réthorique et la dialectique.
Mais il y a du fond et du sens dans leur interventions
et il ne me semble pas que la chose la plus pertinente à faire soit de les rejeter en les caricaturant sur la forme.
Car d'un maniere ou d'une autre, le temps fera son ouvrage et ils se retrouveront certainement un jour en capacité de responsabilités.
Bien sur qu'il faut etre exigeant avec eux, au moins autant qu'avec soi-meme, mais il faut aussi etre suffisant indulgeant.
Car un ainé qui explique à son cadet, tu es stupide, médiocre et ta seule place est dans un four ou pour te laisser pourrir et t'écraser.
Cela n'a rien d'intelligent, de pertinent et cela ne fait pas avancer le débat.
By Unknown, at 1:33 PM
Un bon coup de pied, ça ne fait peut-être pas avancer le débat mais ça fait avancer la tomate de quelques mètres.
By Emmanuel Mousset, at 2:49 PM
Tu es bien brave avec les staliniens en herbe l'Ours, on sait très bien ce qu'ils entreprennent quand ils sont grands, je te pensais moins naïf.
By jpbb, at 3:48 PM
allez, jpbb, relance la polémique, t'as que ça à faire, remettons les séniors au boulot!
By Anonyme, at 5:25 PM
et si justement c'était parce que je les connais,
que j'essaie de faire preuve de nuance et d'intelligence.
si un jour, il faut envoyer les paras, la légion voir faire le boulot soi-meme, on avisera en temps et en heures
tout ce que je constate c'est que vous les traiter de maniere préventive comme peut etre un jour qui sait, eux meme pourrait s'occuper de vous.
On se croirait dans minority report.
Contrairement à vous je ne crois pas qu'une éradication par frappes préventives soit la solution.
Si encore elles étaient efficace, je pourrais me plier au résultat.
Tout ce que cela démontre c'est que vous n'arrivez pas à vous dépêtrez de la guérilla du front uni des légumineuses
By Unknown, at 6:26 PM
Sur ce commentaire là et à l'évidence petitourstupide a qqs longueurs d'avance. Le seul qui cherche à comprendre et qui en tout cas n'est pas enfermé dans idéologie qui finit par etre aliénante.
Quant à EM avec son commentaire sur le coup de pied qui fait avancer la tomate, il est complètement largué, hors jeu si je puis dire.
By Anonyme, at 6:44 PM
Pourtant, le coup de pied ne donnait-il pas lui aussi "quelques longueurs d'avance"... à la tomate?
By Emmanuel Mousset, at 7:06 PM
C'est très exactement ce que l'on appelle tomber de Charybde en Scylla, c'est à dire d'un mal en un autre pire.
By Anonyme, at 8:38 PM
C'est qui Charybde et Scylla? Des néopoperénistes que je ne connais pas?
By Emmanuel Mousset, at 8:55 PM
L'Ours, je suis au fond du filet et je me contente de marquer des points. :-)
By jpbb, at 9:31 PM
EM tu peux toujours essayer de faire le malin, petit scarabée!
Mais au fait en 2003 finalement tu as fait grève combien de temps? Est ce que tu as répondu à la question?
By Anonyme, at 9:38 PM
il répond pas le trouillard...
By Anonyme, at 9:56 PM
Pourquoi m'appelle-t-on "petit scarabée"? Ils sortent d'un asile d'aliénés ou quoi?
By Emmanuel Mousset, at 11:34 PM
Petit scarabée est une expression empruntée à ton copain jpbb.
Pourvu qu'il ne lise pas ton commentaire, il n'aimerait pas que tu l'imagines sortant d'un asile d'aliénés.
By Anonyme, at 9:38 AM
Et vous reprenez des expressions que vous ne comprenez pas prises chez quelqu'un que vous contestez? Je comprends de moins en moins...
By Emmanuel Mousset, at 6:10 PM
Vous ne comprenez jamais rien finalement!..
By Anonyme, at 2:10 PM
Je ne comprends pas ce qui est incompréhensible, vos propos par exemple. Mais c'est peu de choses par rapport à tout ce qui est compréhensible.
By Emmanuel Mousset, at 12:17 PM
Puissiez vous méditer cette phrase de Gandhi:
"C'est une erreur de croire nécessairement faux ce qu'on ne comprend pas".
By Anonyme, at 1:49 PM
Gandhi n'est pas mon maître, mais Descartes: la clarté de l'expression est une preuve de vérité. Ce qu'on ne comprend pas, ce qui est obscur, flou, vague, contradictoire ou bouffon est du côté de la fausseté et parfois du mensonge.
By Emmanuel Mousset, at 3:36 PM
Ouvrez votre esprit vous verrez tout ira mieux
By Anonyme, at 4:09 PM
Et vous, fermez votre bouche, tout ira encore mieux.
By Emmanuel Mousset, at 9:32 PM
Ne soyez pas grossier c'est un signe de faiblesse.
By Anonyme, at 9:58 PM
J'ai lu ce bouquin d'une traite aussi, je me suis éclaté, je le conseille à tous.
By Anonyme, at 1:19 PM
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