GM et ses 4X4.
Bonjour à toutes et à tous.
Non, ce n'est pas un billet de science-fiction que je me prépare à vous rédiger en ce dimanche matin, comme le titre pourrait le laisser supposer. Je veux revenir sur les propos de Dominique Voynet, que j'évoquais hier soir, se félicitant de la décision de General Motors de fermer quatre usines de fabrication de 4X4, dont le fameux Hummer, le plus gros de tous les gros. Pour les écologistes, c'est une victoire, en cette période de hausse affolante des prix du carburant et de prise de conscience aigüe de la pollution. J'aimerais revenir sur cette décision de GM et sur cette victoire écologique, car quelques leçons s'imposent à nous:
1- Ce n'est pas une mesure administrative ou une décision politique qui ont conduit à cesser la fabrication des 4X4, c'est le libre choix d'une entreprise. A l'heure où les socialistes se demandent s'il faut être libéral ou pas, il y a dans cet exemple un effet positif du marché. Comme quoi celui-ci n'est pas nécessairement l'enfer qu'on nous décrit. Cet exemple est-il généralisable? Bien sûr que non. Mais je veux simplement souligner qu'il existe et qu'il dément les préjugés courants.
2- General Motors est-elle pour autant une "entreprise citoyenne", comme pourrait le laisser entendre son choix de sacrifier le 4X4? Absolument pas. Sa motivation n'est pas écologique, ni sociale, mais purement économique: le marché du 4X4 s'est effondré, l'entreprise tire donc un trait dessus. Aucune vertu dans ce geste, seulement la recherche de l'intérêt et du profit, comme toujours au sein du marché. Mais dont les retombées sont incontestablement positives.
3- La question se pose pour un socialiste: l'Etat aurait-il fait mieux? Faudrait-il une loi qui interdise les 4X4, sans attendre que le marché leur règle leur sort? D'autant qu'en France le marché se porte plutôt bien, si j'en crois le nombre de ces gros véhicules qui sillonnent les rues de Saint-Quentin, où les richards ne sont pas très nombreux! Quand Besancenot pose le problème d'une économie contrôlée, planifiée, qui anticipe les besoins, on pourrait, à lui aussi, lui soumettre la question: on fait quoi des 4X4 bourgeois ou pseudo-bourgeois?
4- Ma réponse de socialiste libéral, c'est qu'il faut laisser la liberté aux entreprises de construire ces engins et aux consommateurs de les acheter. Et Dieu sait pourtant si je déteste les 4X4, laids, encombrants, "m'as-tu vu"! Mais je ne me sens pas le droit ni le devoir d'empêcher les kékés, bobos ou bling-bling d'en acheter si ça leur plait, s'ils ont besoin de ça pour exister. Contrairement à Besancenot et au courant communiste, je ne crois pas qu'on puisse anticiper les désirs, encore moins les déterminer, les organiser et légiférer sur eux. Liberté, c'est mon dernier mot.
5- Enfin, pas tout à fait: liberté, c'est plutôt mon avant-dernier mot. Le tout dernier, c'est justice sociale, intérêt général, préservation de l'avenir, qui dans mon esprit sont synonymes. Aucun individu ne vit seul au monde, même si le type dans la forteresse mobile qu'est son 4X4 voudrait nous le faire croire. Nos actes individuels ont des conséquences collectives. Nous avons des comptes à rendre à la société (et même à l'humanité!), il y a un prix à payer dans tout ce que nous faisons. Sur ce point, la psychanalyse et l'économie sont d'accord. Le marché accorde la liberté, l'Etat, la politique, le droit se consacrent à la justice. Etre libéral oui, mais être socialiste, aussi et surtout. Liberté et justice.
6- L'Etat, au sein du marché, doit jouer pleinement son rôle. D'ailleurs, le marché n'existe que si l'Etat est là pour le constituer, l'organiser, l'encadrer, le réguler. Le marché est une création des hommes, ce n'est pas une jungle où chacun fait ce qu'il veut. DSK conçoit un "Etat stratège", très interventionniste, mais pas pour faire tout ou pour faire n'importe quoi. La stratégie, militaire ou économique, exige des choix, des cibles, des objectifs. Les 4X4 gaspillent une énergie qui devient rare et qui coûte chère, ils endommagent à tout point de vue l'environnement, pour le plaisir de quelques frimeurs ou fortunés. Il faut le leur faire payer, et que les sommes récoltées reviennent à la collectivité. Utilisons les outils fiscaux qui sont à notre portée, créons-en s'il le faut. La fiscalité plutôt que la révolution, le marché régulé plutôt que l'économie administrée, voilà ma ligne politique.
Avec ou sans 4X4, bonne matinée.
Non, ce n'est pas un billet de science-fiction que je me prépare à vous rédiger en ce dimanche matin, comme le titre pourrait le laisser supposer. Je veux revenir sur les propos de Dominique Voynet, que j'évoquais hier soir, se félicitant de la décision de General Motors de fermer quatre usines de fabrication de 4X4, dont le fameux Hummer, le plus gros de tous les gros. Pour les écologistes, c'est une victoire, en cette période de hausse affolante des prix du carburant et de prise de conscience aigüe de la pollution. J'aimerais revenir sur cette décision de GM et sur cette victoire écologique, car quelques leçons s'imposent à nous:
1- Ce n'est pas une mesure administrative ou une décision politique qui ont conduit à cesser la fabrication des 4X4, c'est le libre choix d'une entreprise. A l'heure où les socialistes se demandent s'il faut être libéral ou pas, il y a dans cet exemple un effet positif du marché. Comme quoi celui-ci n'est pas nécessairement l'enfer qu'on nous décrit. Cet exemple est-il généralisable? Bien sûr que non. Mais je veux simplement souligner qu'il existe et qu'il dément les préjugés courants.
2- General Motors est-elle pour autant une "entreprise citoyenne", comme pourrait le laisser entendre son choix de sacrifier le 4X4? Absolument pas. Sa motivation n'est pas écologique, ni sociale, mais purement économique: le marché du 4X4 s'est effondré, l'entreprise tire donc un trait dessus. Aucune vertu dans ce geste, seulement la recherche de l'intérêt et du profit, comme toujours au sein du marché. Mais dont les retombées sont incontestablement positives.
3- La question se pose pour un socialiste: l'Etat aurait-il fait mieux? Faudrait-il une loi qui interdise les 4X4, sans attendre que le marché leur règle leur sort? D'autant qu'en France le marché se porte plutôt bien, si j'en crois le nombre de ces gros véhicules qui sillonnent les rues de Saint-Quentin, où les richards ne sont pas très nombreux! Quand Besancenot pose le problème d'une économie contrôlée, planifiée, qui anticipe les besoins, on pourrait, à lui aussi, lui soumettre la question: on fait quoi des 4X4 bourgeois ou pseudo-bourgeois?
4- Ma réponse de socialiste libéral, c'est qu'il faut laisser la liberté aux entreprises de construire ces engins et aux consommateurs de les acheter. Et Dieu sait pourtant si je déteste les 4X4, laids, encombrants, "m'as-tu vu"! Mais je ne me sens pas le droit ni le devoir d'empêcher les kékés, bobos ou bling-bling d'en acheter si ça leur plait, s'ils ont besoin de ça pour exister. Contrairement à Besancenot et au courant communiste, je ne crois pas qu'on puisse anticiper les désirs, encore moins les déterminer, les organiser et légiférer sur eux. Liberté, c'est mon dernier mot.
5- Enfin, pas tout à fait: liberté, c'est plutôt mon avant-dernier mot. Le tout dernier, c'est justice sociale, intérêt général, préservation de l'avenir, qui dans mon esprit sont synonymes. Aucun individu ne vit seul au monde, même si le type dans la forteresse mobile qu'est son 4X4 voudrait nous le faire croire. Nos actes individuels ont des conséquences collectives. Nous avons des comptes à rendre à la société (et même à l'humanité!), il y a un prix à payer dans tout ce que nous faisons. Sur ce point, la psychanalyse et l'économie sont d'accord. Le marché accorde la liberté, l'Etat, la politique, le droit se consacrent à la justice. Etre libéral oui, mais être socialiste, aussi et surtout. Liberté et justice.
6- L'Etat, au sein du marché, doit jouer pleinement son rôle. D'ailleurs, le marché n'existe que si l'Etat est là pour le constituer, l'organiser, l'encadrer, le réguler. Le marché est une création des hommes, ce n'est pas une jungle où chacun fait ce qu'il veut. DSK conçoit un "Etat stratège", très interventionniste, mais pas pour faire tout ou pour faire n'importe quoi. La stratégie, militaire ou économique, exige des choix, des cibles, des objectifs. Les 4X4 gaspillent une énergie qui devient rare et qui coûte chère, ils endommagent à tout point de vue l'environnement, pour le plaisir de quelques frimeurs ou fortunés. Il faut le leur faire payer, et que les sommes récoltées reviennent à la collectivité. Utilisons les outils fiscaux qui sont à notre portée, créons-en s'il le faut. La fiscalité plutôt que la révolution, le marché régulé plutôt que l'économie administrée, voilà ma ligne politique.
Avec ou sans 4X4, bonne matinée.
1 Comments:
Pareil. Par la loi on peut organiser le cadre ou règne la liberté. Le tout est d'arriver à écrire la loi, et pour cela il faut être au pouvoir, 2012 est donc incontournable pour les Socialistes pour organiser le cadre dans lequel on favorise le social et le bien-être généralisé au sein d'une économie performante basée sur de nouveaux produits innovants. C'est à partir de la construction européenne en nous insérant dans la mondialisation que nous y arriverons collectivement.
By jpb, at 1:51 PM
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