L'Aisne avec DSK

28 juin 2008

Idéologie et pragmatisme.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je discutais hier avec la directrice d'une Mission Locale de l'Aisne. Elle m'expliquait son travail, aider à l'insertion des jeunes, et combien les difficultés étaient grandes, à cause d'un a priori idéologique désormais répandu: les structures publiques ou parapubliques ne font plus l'affaire, il faut faire appel aux sociétés privées pour l'insertion économique et sociale. Du coup, agences ANPE, Missions Locales et autres sont dans le collimateur. En revanche, les boîtes d'intérim et entreprises du même genre ont la cote. C'est une logique qui se généralise: affaiblissement de la puissance publique, montée du privé.

Pourtant, cette directrice me disait que les comparaisons ne laissaient place à aucun doute. Missions Locales et ANPE sont les plus efficaces dans les objectifs qu'on leur attribue et dont les résultats sont maintenant passés à la loupe, occasionnant une paperasserie et une bureaucratie qu'on croyait n'appartenir qu'au soviétisme mais que les systèmes libéraux sécrètent tout autant, avec la liberté en plus. Certes, il faut comparer ce qui est comparable, comme dans l'éducation: si vous évaluez côte à côte une école privée qui sélectionne rigoureusement ses élèves et une école publique qui accueille tout le monde, la première sera beaucoup plus performante. Mais à quel prix (au propre et au figuré!)? Toujours est-il qu'on ne peut pas les mettre sur un pied d'égalité.

C'est là où ma directrice soulignait le rôle primordial, sinon unique, de l'idéologie dans certains choix politiques qui se veulent pourtant neutres, purement gestionnaires ou techniques. D'accord avec elle, je ne rejette ni le marché, ni la concurrence, ni la performance, ni le financement sur projet au lieu du fonctionnement. Tout ça, qui passe pour libéral, ne me choque pas. Mais je veux que la concurrence se fasse sur des bases réelles, que la performance soit exactement attestée, que le financement se porte sur les projets socialement utiles. Bref, je suis pragmatique.

Pragmatisme, idéologie? Ca ne vous rappelle pas quelque chose, ou plutôt quelqu'un? Mais oui, c'est bien lui, le pragmatique qui n'aime pas l'idéologie, et qui n'a rien trouvé de plus original pour se distinguer, Xavier Bertrand. Sauf que la vérité n'est pas celle-là mais l'inverse: tout le monde, plus ou moins, est pragmatique, ce n'est pas le problème. En revanche, les choix idéologiques, car il y en a, ne sont pas les mêmes chez les uns et chez les autres. Bertrand nous fait donc un gros mensonge lorsqu'il nous explique que lui, l'idéologie, beurk! Le pire idéologue, c'est celui qui prétend ne pas l'être, c'est celui qui fait passer pour pragmatiques des partis pris idéologiques. C'est Bertrand tout craché, qui a tombé le masque sur les 35 heures récemment, en accédant aux revendications idéologiques de l'UMP. Mais l'idéologie, c'est bien. Après, tout dépend laquelle. L'essentiel, c'est de l'assumer et ne pas se cacher derrière son petit doigt "pragmatique".


Bonne soirée.