Non, rien de rien...

Grand article à la page A2 de L'Aisne Nouvelle, interview à double voix, belles photos dans l'enceinte du conseil municipal: De qui s'agit-il? De mes amis Freddy Grzeziczak et Karim Saïdi, les candidats d'ouverture sur la liste de Pierre André! Trois mois après leur élection, Bertrand Duchet a cru bon de faire le point avec eux. Au moment des municipales, j'ai désapprouvé leur choix, d'autant mieux que ce choix aurait pu être le mien. Mais il ne faut pas, nous les réformistes, laisser la gauche saint-quentinoise entre les mains de ceux qui veulent nous en exclure, parce que chez eux, depuis longtemps, l'exclusion est une façon de penser et une manière d'être.

Que l'ouverture selon Pierre André ait été séduisante, je le comprends. C'est la raison même pour laquelle il ne fallait pas se laisser séduire. La gauche locale est aujourd'hui au fond du trou. Qui va l'en faire sortir? Karim et Freddy auraient dû rester au côté de ceux qui veulent faire changer la gauche. Là où ils sont maintenant, même s'ils réaffirment l'un et l'autre être des hommes de gauche, ils ne le pourront pas, ils ne le pourront plus.

Ils affirment ne pas regretter leur choix d'il y a quelques mois. Moi non plus, rien de rien, je ne regrette rien, comme dit la chanson. Pour une très simple raison: Je me suis laissé guider par mes convictions. On ne regrette jamais rien quand on agit ainsi. Et les propos de Karim Saïdi et Freddy Grzeziczak me confirment dans mes options d'alors, car je conteste fortement deux points dans leur intervention:

1- "Droite et gauche, ça ne veut plus rien dire (...) Ce clivage me parait complétement dépassé." C'est Freddy qui le dit. Karim est un peu plus prudent, mais l'inspiration est identique: "Le clivage droite-gauche est beaucoup moins marqué qu'avant (...) Gauche ou droite est une notion qui n'a plus vraiment de signification."

Mon désaccord est absolu, pour trois raisons:
a- La disparition du clivage droite-gauche a souvent été annoncée en un siècle de vie politique française, il a toujours perduré.
b- Même atténué, le clivage demeure vivant et pertinent. Il correspond à des oppositions historique, idéologique, sociologique, électorale et culturelle qui sont encore présentes, même si elles se sont renouvelées.
c- La démocratie ne fonctionne, depuis deux siècles, qu'au travers de ce clivage droite-gauche. Si vous le supprimez, je ne vois pas par quoi vous le remplacez. Sera-t-il éternel? Rien en ce monde est éternel, pas même le monde. Mais pour l'instant et probablement pour longtemps, c'est ce clivage-là qui structure notre vie politique.

2- "C'est bien évidemment plus facile et plus confortable d'être dans l'opposition." Comment? Bien sûr que non! Freddy et Karim ont le pouvoir que leur a délégué Pierre André. Ils ont à leur disposition des moyens financiers et humains, une légitimité pour réaliser leurs projets. J'en rêve! En politique, le confort, c'est de jouir du pouvoir. L'opposition, surtout à Saint-Quentin, c'est une tâche ingrate, un boulot de chien où l'on serait tenté d'aboyer si on se laissait aller.

Depuis 2001, j'observe le travail des conseillers municipaux socialistes. Que font-ils? Quelles influences exercent-ils? Rien, quasiment rien. Et cette opposition-là, diluée dans l'extrême gauche, réduite à sa plus simple expression, pourra et fera encore moins. Voyez comment Pierre André la traite: par la brutalité, l'ironie et le mépris. Je ferai tout pour que cette situation change, pour que le PS retrouve de sa force et de sa crédibilité, pour faire mentir Karim et Freddy, pour leur faire en quelque sorte regretter de n'être pas restés. Je rêve d'une opposition qui serait respectée. Et elle le sera le jour où elle se sera donnée les moyens de devenir majoritaire. Nous en sommes évidemment très loin.


Bon après-midi.