L'Aisne avec DSK

29 juin 2008

Tant qu'il y a de la vie.

Bonjour à toutes et à tous.

L'AG de la FOL, qui s'est tenue mercredi et dont je n'ai pas encore eu le loisir de vous parler, s'est fort bien passée: public nombreux, déroulement impeccable, ambiance détendue, dîner convivial. Que puis-je demander de mieux par les temps qui courent? Ce type de réunion, si on n'y prend garde, sombre vite dans le convenu, le formel c'est-à-dire... le formol. Je veille à ce qu'il n'en soit pas ainsi. Comment? En ouvrant les fenêtres, en faisant entrer la vie, les convictions, le conflit. Les trois sont inséparables. La vie, c'est formidable et terrible! Il en faut pour avancer. La mort est tellement présente dans tant de réunions assoupies, rabâcheuses, procédurières.

La procédure, elle aussi, est une figure de la mort. Quand les convictions font défaut, le repli sur les seules règles est le réflexe de survie. Mais la survie n'est pas la vie, c'est la peur de la mort. Dans cette AG, nous avons abordé la refonte de nos statuts. Très bien, les statuts, c'est ce qui permet le "vivre ensemble" dans une communauté. Mais s'il n'y a plus que cela, c'est qu'il n'y a plus rien entre nous, plus de vie. L'évocation des statuts, c'est le recours des faibles. Fort heureusement, avec mes camarades laïques, tout se passe bien. Quand nous plongerons le nez dans nos statuts pour régler un différend, c'en sera fini, nous serons mort. C'est comme la loi: la meilleure est celle qui n'a jamais besoin d'être appliquée.

Dans ce genre d'assemblée, il est intéressant de noter, parmi les invités, les présents, les absents et les excusés. Ce n'est pas une énumération formelle, une nécessité protocolaire! Non, c'est politiquement instructif. La municipalité est toujours fort bien représentée (en l'occurrence par Vincent Savelli et Colette Blériot) et ses élus absents prennent soin de se faire excuser. Pourtant, ce que j'ai à dire et ce qu'ils vont entendre ne leur font pas nécessairement plaisir. Mais ils sont là. Pour moi? Non, ils savent que je ne les rallierai jamais. Mais parce que ce sont, au sens le plus simple, des politiques: ils savent qu'il faut être présent là où il se passe quelque chose, même si ce n'est pas grand-chose. Je ne parlerai pas des absents non excusés, par pudeur, par compassion et par cruauté: je les laisse dans leur néant politique.

J'ai fait un petit discours offensif, comme il se doit, sur les atteintes à la laïcité que nous constatons depuis six mois en France. Mon collègue Savelli, vice-président de l'agglomération, ne pouvait bien sûr pas rester indifférent à mes critiques envers le chef de l'Etat. Il l'a fait tout en humour et en habileté, sachant que la salle ne lui était pas acquise. Il m'a lancé quelques piques astucieuses, remarquant que le mot "politique" revenait souvent dans ma bouche, en suggérant que c'était peut-être la conséquence d'un dépit ou d'une frustration. No comment. Savelli a été lui aussi gentiment cruel, en rappelant qu'un homme aussi actif que moi aurait eu toute sa place dans la très active équipe municipale de droite. C'est ce qu'on appelle retourner le fer dans la plaie. Sauf que je ne porte pas de plaie et que je ne ressens aucun fer... Il faudra que mon collègue trouve autre chose pour me faire souffrir.

Mais c'est ça aussi la vie: joie et douleur, plaisir et peine, affrontement et estime. Chacun ce mercredi après-midi a dit ce qu'il avait à dire, à la place où il est, dans le respect mutuel. En démocratie, la vie n'est pas sauvage, le conflit n'est pas guerrier ni meurtrier. C'est une vie pacifiée et civilisée. Vive la vie!


Bonne matinée.