L'Aisne avec DSK

27 juillet 2008

La paille et le grain.

Bonjour à toutes et à tous.

Je reprends avec vous ma lecture transversale des contributions socialistes sur l'Europe, en accélérant un peu le pas. Marylise Lebranchu, dans son texte "Brèves de campagnes", est la seule à avoir le courage d'évoquer la question turque (même Moscovici n'en parle pas) et de défendre son adhésion à l'Union (p.207). Bravo! Et c'est bon de rappeler combien cet élargissement est nécessaire, au moment où se déploie le grand guignol sarkozien de l'Union pour la méditerranée.

Moscovici, j'y viens, avec son "Besoin de gauche", la seule contribution à se référer au fédéralisme. Un comble quand on sait que ce concept a toujours nourri la réflexion européenne des socialistes! Mais certains camarades ont décidé de tourner le dos à leur propre histoire. Pas Mosco. Je note 4 dimensions dans son propos:

1- "La crise européenne est d'abord une crise du sens" (p.136). Oui, et ce sont principalement les nonistes qui nous ont, au sens précis du terme, déboussolés. Quel sens donner à l'Europe? Fort simple, "l'Europe politique", avant tout. C'est pourquoi je me méfie des cabris qui s'agitent autour de "l'Europe sociale". Bien sûr que l'Europe doit être sociale! Répéter une évidence ne sert à rien. Vouloir ce qui est utile est en revanche plus important. Et l'utile, c'est "l'Europe politique", condition de l'Europe sociale.

2- L'Europe politique, c'est l'Europe fédérale: "Nous voulons une Europe unifiée et puissante (...) Cette conviction nous conduit à militer pour des transferts de compétence (...) des institutions plus fédérales et parlementarisées" (p.136). C'est dit! Et Mosco est à nouveau le seul, à la fin de son texte (p.140), à souhaiter des "Etats-Unis d'Europe", selon la belle expression de Victor Hugo. Qui dit mieux?

3- L'Europe doit assumer son élargissement, auquel rechignent certains camarades, posant des conditions à l'entrée de la Turquie, s'inquiétant de la venue des pays de l'Est. Ces camarades ne sont vraiment pas à la hauteur de cette rencontre historique! On ne fait pas de grandes choses avec la peur au ventre. Mosco prévient: "Nous devons aussi faire oeuvre de pédagogie, et convaincre les Français que les nouveaux Etats membres, loin de constituer une menace, sont un atout pour l'Union dans la compétition internationale" (p.136).

4- Fabius propose une armée franco-allemande, Moscovici va plus loin, et c'est très bien: "La montée en puissance de la capacité de l'Europe en matière de défense et de sécurité est une priorité (...) Nous plaidons pour la création d'un corps d'armée européen sous commandement européen" (p.137). Là encore, sous réserve de vérification, Moscovici est le seul à faire cette proposition.

Au moment de la fusion des contribution, lorsqu'il faudra rédiger une motion commune qui dessinera le périmètre de la future majorité qui gouvernera le Parti, la question européenne devra être un critère essentiel qui permettra de séparer la paille et le grain, comme aurait dit Mitterrand. Europe politique, fédéralisme, élargissement (à la Turquie notamment), armée européenne, tout se tient et donne sens à notre engagement européen.


Bonne matinée.

14 Comments:

  • J'ai un rêve plus fou encore: je suis pour une République planétaire socialiste!

    Une belle utopie quand même, ça a de la gueule non?
    Mon souci, que je ne mésestime pas, c'est que Moscovici, chez les militants et sympathisants il fait à peu prés 4% avec sa Fédération des Etats unis d'Europe qui n'est même pas socialiste!
    Alors moi avec ma République planétaire socialiste j'ai peur de faire epsilon.
    Qu'est ce que je fais ? je continue ou pas?

    By Anonymous Anonyme, at 12:52 PM  

  • Il faut continuer, c'est un beau rêve, celui d'une République universelle (socialiste ou pas, c'est le peuple qui décidera). L'Europe n'est qu'une étape dans cette construction politique, c'est comme ça que je la conçois.

    4% pour Moscovici chez les socialistes? Votre pronostic me semble un peu trop à la baisse! Je vous donne rendez-vous en novembre pour savoir ce que représente les uns et les autres. Mosco, c'est au moins 20%, le score de DSK dans la désignation interne de 2006. Enfin, on verra bien.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 1:21 PM  

  • Pour Moscovici référence Le Monde du 27-07-08 Il y a 5% des sympathisants socialistes qui sohaitent le voir 1er Secretaire.
    Par ailleurs Libération du 25-07-08. 53% approuvent Lang.
    Je sais bien les sondages c'est des conneries....surtout lorsqu'ils ne vont pas dans votre sens.

    By Anonymous Anonyme, at 3:41 PM  

  • 1- Ce ne sont pas les sympathisants qui choisissent le premier secrétaire du PS, ce sont les adhérents. Revenez me voir avec le bon sondage et on en reparlera.

    2- Moi aussi j'approuve Lang, je l'ai écrit dans un billet: il a eu raison de voter en son âme et conscience, c'est la liberté du parlementaire. Là où je suis en désaccord, c'est sur le fond: cette réforme accroit la présidentialisation. Approuver Lang et approuver la réforme, ce n'est pas la même chose.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 5:59 PM  

  • Oui et alors! je pensais que vous étiez pour de profondes modifications des méthodes d'élections chez les socialistes.
    Parce que excusez moi du peu mais si un type fait 5% chez les sympathisants et 20% chez les militants....cherchez l'erreur.

    By Anonymous Anonyme, at 9:13 PM  

  • Il n'y a pas d'erreur: les sympathisants et les adhérents réagissent différemment, tout simplement.

    Et puis, il ne faut pas se fixer sur un nom mais sur la majorité qui sortira du congrès de Reims. Dans la mouvance des Reconstructeurs, c'est peut-être Martine Aubry qui sera candidate, et pas Moscovici.

    Bref, vous commettez l'erreur de raisonner à partir d'un sondage, sur une question qui ne se pose pas tout de suite, et à partir de candidats qui ne se sont pas encore déclarés. Très approximatif, tout ça.

    Vous faites référence à l'idée d'intégrer les sympathisants dans nos choix. Oui, mais pas en ce qui concerne le vote pour les responsables du Parti, qui doit être réservé aux adhérents. C'est pour les candidats aux élections que nous devrions nous ouvrir aux... électeurs.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:57 AM  

  • Ce qui est bon pour l'un est bon pour l'autre sinon c'est du jésuitisme.

    By Anonymous Anonyme, at 12:15 PM  

  • Non, ce n'est pas du jésuitisme, c'est faire une différence fondamentale entre le responsable d'un parti qui ne doit être désigné que par les adhérents du parti (sinon à quoi bon adhérer?) et l'élu de la population qui devrait être pré-désigné par les adhérents mais aussi les sympathisants.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 1:33 PM  

  • C'est à la fois du jésuitisme et une façon supplémentaire de perdre.

    By Anonymous Anonyme, at 1:52 PM  

  • Je ne vois pas pourquoi nous perdrions en faisant appel à nos sympathisants pour choisir nos candidats. Quant à nos responsables, n'étant pas élu par la population, nul besoin de faire appel à elle. Ca me paraît clair.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 6:55 PM  

  • Un bon responsable faisant souvent un bon candidat.

    By Anonymous Anonyme, at 10:28 PM  

  • Totalement faux. Diriger une section socialiste ou une fédération n'exigent pas les mêmes qualités que gérer une collectivité. Balligand par exemple, socialiste de référence dans l'Aisne, ne s'est jamais mêlé directement des affaires du Parti. Il a eu raison.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:53 PM  

  • On peut aussi citer des exemples contraires en pagaille.

    By Anonymous Anonyme, at 11:04 PM  

  • Peut-être, mais le principe d'une confusion entre élus et responsables du Parti est mauvaise, et anti-démocratique. C'est ainsi qu'on crée une classe d'apparatchiks, qui se servent du Parti pour occuper des places. Pas bon.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 12:24 PM  

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