Les archéos.
Bonsoir à toutes et à tous.
Je ne promets pas de vous résumer et commenter chacune des 21 contributions socialistes, mais je ferai de mon mieux, et surtout, je ne veux exclure aucune sensibilité, y compris les plus éloignées de la social-démocratie. Au contraire, ce qui est intéressant, c'est de se confronter à des camarades qui pensent autrement. C'est précisément ce que je vais faire ce soir, en vous parlant de la contribution la plus à gauche de ce congrès:
Fabius? Vous n'y pensez pas, il est quasiment devenu social-démocrate! Hamon et Emmanuelli? A notre gauche oui, mais raisonnables. Lienemann et les néo-poperénistes? Non, vous en êtes encore loin. Mélenchon alors? C'est le plus connu de notre gauche, mais ce n'est pas le plus à gauche, aussi surprenant que cela puisse paraître. Alors qui? Filoche? Vous vous rapprochez, mais ce n'est pas lui. Facile maintenant, il n'en reste plus qu'un: Marc Dolez et ses "Forces militantes", dont je vais vous présenter le texte, "Debout la Gauche":
Dolez est député du Nord, son texte est soutenu par mon camarade et collègue axonais Régis Lecoyer, ancien premier fédéral, et une figure national et même historique du Parti, Louis Mexandeau. La contribution annonce d'emblée: "Nous nous sommes refusés à la déplorable chasse aux signatures". Elle est sans doute la seule à réagir ainsi, et c'est sans doute aussi le seul point sur lequel je m'accorde avec elle. Pour le reste, nous sommes dans le socialisme hard et même raide. Jugez-en plutôt:
"Nous refusons la liquidation du parti de Jaurès et de Mitterrand (...) L'état du Parti Socialiste est tel aujourd'hui que, pour réussir, nous (...) appelons à l'insurrection militante (...) Ce n'est pas d'une rénovation dont ce parti aurait besoin, mais bel et bien d'une révolution!" (pages 47-48)
Ca, c'est l'entrée. Le dessert n'est pas mal non plus, écoutez bien:
"Le temps est venu que les socialistes fidèles à Jaurès se lèvent pour résister aux liquidateurs..." (page 50)
Les liquidateurs, ce sont les rénovateurs, vous aviez compris... Bon, je passe maintenant au plat de résistance:
D'abord, le courant de Dolez est le seul qui rejette notre nouvelle déclaration de principes, parce qu'elle "entérine le ralliement des socialistes français au capitalisme et leur alignement forcé sur la social-démocratie européenne." (p.47). Remarquez bien, ce n'est pas faux, hormis les expressions excessives. Pour Marc, tout va mal au PS depuis le tournant de 1983, "l'adhésion à la doctrine néo-libérale". Et tout s'aggrave avec Royal et "la mutation du parti en Parti Démocrate à l'américaine". Bref, selon lui, le PS n'est plus guère socialiste. Que propose-t-il?
"Reconstruire une idéologie de rupture avec le capitalisme", qui se fonde sur "la socialisation des moyens de production et d'échange". Bref, Marc Dolez nous propose le retour au Programme commun. Et il est bien le seul! Les néo-poperénistes ont beau tenir des propos assez proches, donner des leçons de gauche à tout le Parti, ils ne vont pas aussi loin. A tout prendre, Marc Dolez, dans sa totale sincérité et sa redoutable cohérence, me semble politiquement plus sympathique, car moins ambigü. Ceci dit, je ne suis en rien d'accord avec lui. Après vous avoir tracé son cadre idéologique, je vous énumère quelques propositions concrètes que Marc nous suggère:
Rejet du traité de Lisbonne, smic à 1500 euros nets, rétablissement de l'autorisation administrative de licenciement, le CDI comme contrat unique, le retour aux 37,5 années pour la retraite, défense des régimes spéciaux, suppression de l'élection du président de la République au suffrage universel (mais oui!).
Mais au petit jeu du "plus à gauche que moi tu meurs", il n'y a pas que les néo-poperénistes qui sont perdants. Le camarade Marc ne va pas aussi loin qu'il pourrait. Sur la laïcité, il exige la stricte application de la loi de 1905 sur la séparation des églises et de l'Etat, l'abrogation des accords Lang-Cloupet et l'abolition des statuts concordataires d'Alsace Moselle (p.50). Mais pas un mot sur les lois Debré qui instituent un enseignement privé sous contrat, financé par l'Etat. Comme quoi on n'est jamais aussi radical qu'on le croit!
Pour ceux qui veulent en savoir plus sur mes camarades archéos: http://www.deboutlagauche.net
Bonne soirée réformiste.
Je ne promets pas de vous résumer et commenter chacune des 21 contributions socialistes, mais je ferai de mon mieux, et surtout, je ne veux exclure aucune sensibilité, y compris les plus éloignées de la social-démocratie. Au contraire, ce qui est intéressant, c'est de se confronter à des camarades qui pensent autrement. C'est précisément ce que je vais faire ce soir, en vous parlant de la contribution la plus à gauche de ce congrès:
Fabius? Vous n'y pensez pas, il est quasiment devenu social-démocrate! Hamon et Emmanuelli? A notre gauche oui, mais raisonnables. Lienemann et les néo-poperénistes? Non, vous en êtes encore loin. Mélenchon alors? C'est le plus connu de notre gauche, mais ce n'est pas le plus à gauche, aussi surprenant que cela puisse paraître. Alors qui? Filoche? Vous vous rapprochez, mais ce n'est pas lui. Facile maintenant, il n'en reste plus qu'un: Marc Dolez et ses "Forces militantes", dont je vais vous présenter le texte, "Debout la Gauche":
Dolez est député du Nord, son texte est soutenu par mon camarade et collègue axonais Régis Lecoyer, ancien premier fédéral, et une figure national et même historique du Parti, Louis Mexandeau. La contribution annonce d'emblée: "Nous nous sommes refusés à la déplorable chasse aux signatures". Elle est sans doute la seule à réagir ainsi, et c'est sans doute aussi le seul point sur lequel je m'accorde avec elle. Pour le reste, nous sommes dans le socialisme hard et même raide. Jugez-en plutôt:
"Nous refusons la liquidation du parti de Jaurès et de Mitterrand (...) L'état du Parti Socialiste est tel aujourd'hui que, pour réussir, nous (...) appelons à l'insurrection militante (...) Ce n'est pas d'une rénovation dont ce parti aurait besoin, mais bel et bien d'une révolution!" (pages 47-48)
Ca, c'est l'entrée. Le dessert n'est pas mal non plus, écoutez bien:
"Le temps est venu que les socialistes fidèles à Jaurès se lèvent pour résister aux liquidateurs..." (page 50)
Les liquidateurs, ce sont les rénovateurs, vous aviez compris... Bon, je passe maintenant au plat de résistance:
D'abord, le courant de Dolez est le seul qui rejette notre nouvelle déclaration de principes, parce qu'elle "entérine le ralliement des socialistes français au capitalisme et leur alignement forcé sur la social-démocratie européenne." (p.47). Remarquez bien, ce n'est pas faux, hormis les expressions excessives. Pour Marc, tout va mal au PS depuis le tournant de 1983, "l'adhésion à la doctrine néo-libérale". Et tout s'aggrave avec Royal et "la mutation du parti en Parti Démocrate à l'américaine". Bref, selon lui, le PS n'est plus guère socialiste. Que propose-t-il?
"Reconstruire une idéologie de rupture avec le capitalisme", qui se fonde sur "la socialisation des moyens de production et d'échange". Bref, Marc Dolez nous propose le retour au Programme commun. Et il est bien le seul! Les néo-poperénistes ont beau tenir des propos assez proches, donner des leçons de gauche à tout le Parti, ils ne vont pas aussi loin. A tout prendre, Marc Dolez, dans sa totale sincérité et sa redoutable cohérence, me semble politiquement plus sympathique, car moins ambigü. Ceci dit, je ne suis en rien d'accord avec lui. Après vous avoir tracé son cadre idéologique, je vous énumère quelques propositions concrètes que Marc nous suggère:
Rejet du traité de Lisbonne, smic à 1500 euros nets, rétablissement de l'autorisation administrative de licenciement, le CDI comme contrat unique, le retour aux 37,5 années pour la retraite, défense des régimes spéciaux, suppression de l'élection du président de la République au suffrage universel (mais oui!).
Mais au petit jeu du "plus à gauche que moi tu meurs", il n'y a pas que les néo-poperénistes qui sont perdants. Le camarade Marc ne va pas aussi loin qu'il pourrait. Sur la laïcité, il exige la stricte application de la loi de 1905 sur la séparation des églises et de l'Etat, l'abrogation des accords Lang-Cloupet et l'abolition des statuts concordataires d'Alsace Moselle (p.50). Mais pas un mot sur les lois Debré qui instituent un enseignement privé sous contrat, financé par l'Etat. Comme quoi on n'est jamais aussi radical qu'on le croit!
Pour ceux qui veulent en savoir plus sur mes camarades archéos: http://www.deboutlagauche.net
Bonne soirée réformiste.
5 Comments:
Il est hors de question de toucher aux statuts concordataires d'Alsace Moselle, cela fait partie de notre histoire et de notre identité.
By jpbb, at 10:52 PM
Parlons de nos archéos à nous pour une fois, avez vous lu l'union d'hier ?
Il manquerait des chambres d'hotel à st-quentin.
By grandourscharmant, at 11:35 PM
J'ai aperçu mais je n'ai pas lu. Ce sera fait aujourd'hui.
By Emmanuel Mousset, at 9:43 AM
La République impose évidemment l'abandon des statuts concordataires d'Alsace Mozelle.
C'est une forme de communautarisme comme une autre.
Et je sais que ce sera difficile...
By Anonyme, at 9:36 PM
C'est une vraie question, mais la répose n'est pas évidente...
By Emmanuel Mousset, at 3:13 PM
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