L'Aisne avec DSK

27 juillet 2008

Paroles de commerçants.

J'ai évoqué hier le publireportage des Boutiques saint-quentinoises, association de commerçants présidée par Hervé Halle. En fouillant dans mes archives, j'ai retrouvé un article d'Emilie Bar dans le Courrier Picard du 31 mai, qui donne la parole à des commerçants saint-quentinois, dont la vision est manifestement moins optimiste. Le titre annonce la couleur, plutôt sombre: "Faire face à la désertion du centre". Extraits:

"Avec la fermeture du Furet, le 17 mai, le centre ville s'éteint un peu plus encore (...) Baisse du chiffre d'affaires ou de fréquentation, les commerçants pointent du doigt un centre ville qui se meurt. Et si les zones commerciales en périphérie et les discounters de la ville ont bon dos, les commerçants dénoncent également une trop faible attractivité du centre."

"Pour les commerçants, le centre ville souffre essentiellement d'un problème de dynamisme, dont la place de l'hôtel de ville est le parfait exemple. Trop grande, trop vide, trop de banques, pas assez de commerces indépendants et originaux, pas assez de bancs, pas assez d'espaces verts (...) Quant aux travaux prévus sur la place, plusieurs commerçants restent dubitatifs, d'autres n'y croient carrément plus."

"Problèmes de circulation, de stationnement, d'événements non fédérateurs, les autres doléances fusent et on ne parlera pas du célèbre pouvoir d'achat qui mine le porte-monnaie."

Bref, ça va mal. Les principaux concernés parlent sans se cacher. Richard Hacq, gérant de la boutique de décoration Scènes d'intérieur: "S'il n'y a personne en ville, je n'ai personne à attirer dans ma boutique. La mairie a beau nous dire de balayer devant notre porte, c'est à eux d'attirer et de fidéliser les badauds". Dany Thilloy, responsable du chocolatier Trogneux: "La place est très bien l'été avec la plage et l'hiver avec le marché de Noël, entre deux, c'est assez triste". Marie-Paule Gilkin, vendeuse chez le chausseur Jacques Dorel: "Avant, on savait que lorsqu'une boutique fermait, le local ne resterait pas vide bien longtemps. Mais aujourd'hui, il faut avoir les reins solides pour se lancer dans l'aventure".

Quelles sont les réponses à cette évidente morosité? Côté mairie, il y aura l'aménagement de la place, avec des jardins saisonniers, des murets servant de bancs, l'installation du vieux puits de la basilique, puis la fin des travaux dans les rues de la Sellerie, Saint-André et des Toiles. La refonte de la galerie des Oriels est également attendue. Mais tout cela sera-t-il suffisant pour relancer l'activité?

Côté commerçants, on constate la venue d'une clientèle extérieure à la ville, du moins pour certaines boutiques, Dorel et Esprit. Le pari, c'est celui de leur plus-value, l'écoute, la proximité. D'autant que le départ de Babou et du cinéma ont éloigné une partie de la population du centre. Autre problème: la partie gauche de la place (quand on est face à la mairie) peine à garder ses commerces, 5 sur 12 ayant fermé, alors que la partie droite se porte bien (que les esprits malveillants n'y voient pas de ma part une allusion politique...). C'est un problème de flux de piétons, élément important pour comprendre le succès d'un commerce.

Tout peut basculer sur quelques mètres, d'un trottoir à l'autre. La stratégie commerciale vaut bien la militaire: le terrain décide autant que les forces en présence. Si la pâtisserie Henri, rue Saint-André, marche traditionnellement bien, c'est aussi parce qu'elle a capté la clientèle des sorties de messes. Si la pâtisserie Dudebout, place du 8 octobre, est en bonne position, c'est parce qu'elle se situe sur le bon passage, entre la gare et la montée vers le centre.

L'article d'Emilie Bar se termine d'une façon plutôt surprenante, avec un mot d'ordre inattendu: "Bon nombre de commerçants miseraient également sur la venue d'enseignes indépendantes et originales qui pourraient proposer des articles d'exception. Une manière d'embourgeoiser le centre. Une méthode qui a déjà fait ses preuves".

Pour lutter contre la dépopulation du centre, embourgeoisons-le! Est-ce que ça peut faire un slogan socialiste pour une campagne municipale?


Bonne fin d'après-midi.

2 Comments:

  • et si tout simplement les problémes des commerçants étaient liés au pouvoir d'achat.

    et si tout simplement les commerçants du centre ville étaient tout sauf commerçants

    et si tout simplement les commerçants du centre ville ouvraient leur magasin aux horaires où le challand est libre au lieu d'aller prendre son café au carillon jusqu'à 10H voir 10H30


    et si tout simplement les commerçants du centre ville vendaient des articles correspondant à la demande et non des merdes du sentier , vendues à prix d'or

    et si tout simplement les commerçants du centre ville étaient aimables et respectueux de leur client

    en outre , la venue d'enseignes originales et intéressantes n'est pas un embourgeoisement mais la réponse à une réelle demande : zara, gap, et consorts ne sont pas plus chers que les "daubes".

    et surtout pourquoi obliger le st quentinnois à subir le consumérisme de blaireaux car il est st quentinnois

    pourquoi habitant en province doit on s'habiller en provincial ?

    le non accés à ce qui se fait en matiére de mode dans des petites de province = le non accés à la cuture; même combat , même frustration

    By Anonymous Anonyme, at 2:41 PM  

  • Je ne suis pas assez expert, ni praticien en consumérisme pour avoir un avis éclairé, mais je crois que vous avez une bonne réflexion, au-delà des tournures un peu polémique. Vos remarques me conduisent à une foule de questions:

    Qu'est-ce qu'un commerçant?
    Quelle est la demande dans une ville comme Saint-Quentin?
    Pourquoi l'offre ne s'ajuste-t-elle pas à cette demande?
    Comment faire pour que les choses changent?
    La municipalité y peut-elle quelque chose?
    Les employés de commerce peuvent-ils, doivent-ils être formés?

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 6:50 PM  

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