Soirée entre amis.
Bonjour à toutes et à tous.
J'étais invité hier soir chez des amis. On discute politique, inévitablement. Sur Saint-Quentin, rien. La droite est là, la gauche a pour la troisième fois échoué, personne ne voit ce qui pourrait changer. En revanche, sur le PS et son avenir, les langues se délient. Un copain m'annonce qu'il votera Bayrou si le PS n'arrête pas ses conneries. J'ai toujours la même réponse: attendez le congrès de Reims, après la situation ira mieux, nous aurons une majorité et un patron. Bayrou plait parce que son discours est clair et net et qu'il n'y a qu'une seule ligne au MoDem. Le problème actuel du PS, c'est sa polyphonie qui tourne à la cacophonie. Si encore nous avions deux alternatives bien tranchées en notre sein, comme pouvait l'être l'affrontement des mitterrandistes et des rocardiens dans les années 70... Mais non! La gauche du Parti est hors-jeu, les bisbilles ont lieu entre réformistes, Delanoë, Royal, Aubry, Moscovici... C'est ce qui ne va pas, c'est ce qui nous rend illisibles et inaudibles.
La discussion en vient inévitablement aux 35h (j'ai rarement vu, ces 10 dernières années, un échange politique un peu approfondi ne pas en venir à ce sujet). Tout le monde est pour, mais pas comme ça, avec plus de liberté, plus de souplesse. Au choix, quoi! Très bien, pourquoi pas, sauf qu'il y a un petit problème: Xavier Bertrand tient exactement ce discours-là! Alors on fait quoi? Et je réponds quoi aux amis?
Philosophiquement, le socialisme ne peut pas ignorer et ne doit pas combattre la montée de l'individualisme dans les sociétés modernes. La même chose pour tout le monde, ça ne passe plus, même si la chose en question représente un progrès social. Alors on fait comment? Parce que l'individualisation des rapports sociaux pose aussi, politiquement, de sérieuses difficultés et de graves dangers. Bertrand veut que tout, temps de travail, rémunération des heures supplémentaires, se discute au niveau de l'entreprise. Mais où va-t-on ainsi?
Lisez Charlie-Hebdo de cette semaine, vous y trouverez un excellent reportage signé Marine Chanel, chez nous, en Picardie, à Amiens, dans l'entreprise Goodyear-Dunlop. L'horreur! Vous avez un exemple vivant et terrible de ce que donne la négociation par entreprise et non plus au niveau de la branche d'activité. Dans l'usine Goodyear, la CGT et les salariés résistent à la réorganisation de la production (l'introduction des 4x8). Résultat: 402 licenciements. Dans l'usine d'à côté, Dunlop, la section cégétiste accepte cette réorganisation pourtant socialement néfaste (le temps de travail du week-end passe de 28 à 35 h, les ouvriers travaillant en semaine se retrouvent à l'usine 3 week-ends sur 4), au nom de la préservation de l'emploi. Résultat: les 26 délégués révoqués par la CGT.
Bref, les salariés perdent sur les deux tableaux, dans les deux sites, à cause de la division. Car derrière l'individualisation, la négociation d'entreprise, le fameux "pragmatisme" à la Bertrand, il y a une vieille règle, une antique ruse très politique: diviser pour mieux régner. Je laisse la conclusion à qui de droit, la journaliste de Charlie:
"Les syndicats, déjà très affaiblis par un médiocre taux d'adhésion chez les salariés français (à peine 8% en moyenne), pourraient bien être encore fragilisés par les réformes du gouvernement. La loi sur le service minimum ne devrait pas améliorer leur rapport de force avec le patronat. Quant à la réforme du travail, elle menace de renforcer la politique du chacun pour soi... Les syndicats sont morts, vive le moins-disant social!"
La méthode Bertrand, la voilà. Très efficace, hélas. Avec les amis, nous en avons terminé avec la politique par le sondage du Journal du Dimanche, qui met Delanoë en tête des préférences des sympathisants socialistes (31%) pour devenir le premier secrétaire du PS. Ensuite viennent Royal (29%), Aubry (16%), les autres candidats potentiels tournant autour de 5%. J'invite mes amis à prendre leur précaution avec ce type de sondage, qui n'a pas grand sens politique. Je le dis d'autant plus librement que Delanoë en tête, ce n'est pas pour me déplaire. Mais ce n'est qu'un sondage à un moment donné, et en politique tout change très vite, rappelez-vous les sondages vis-à-vis de Ségolène. Et puis, les sondeurs s'adressent aux sympathisants PS, catégorie assez flou, alors que ce sont les adhérents qui choisiront le premier secrétaire. Surtout, j'en reste à ce que j'ai toujours soutenu sur ce blog depuis son ouverture, en septembre 2006: ce ne sont pas les sondages, quels qu'ils soient, qui doivent orienter les choix du Parti socialiste.
Bonne matinée.
J'étais invité hier soir chez des amis. On discute politique, inévitablement. Sur Saint-Quentin, rien. La droite est là, la gauche a pour la troisième fois échoué, personne ne voit ce qui pourrait changer. En revanche, sur le PS et son avenir, les langues se délient. Un copain m'annonce qu'il votera Bayrou si le PS n'arrête pas ses conneries. J'ai toujours la même réponse: attendez le congrès de Reims, après la situation ira mieux, nous aurons une majorité et un patron. Bayrou plait parce que son discours est clair et net et qu'il n'y a qu'une seule ligne au MoDem. Le problème actuel du PS, c'est sa polyphonie qui tourne à la cacophonie. Si encore nous avions deux alternatives bien tranchées en notre sein, comme pouvait l'être l'affrontement des mitterrandistes et des rocardiens dans les années 70... Mais non! La gauche du Parti est hors-jeu, les bisbilles ont lieu entre réformistes, Delanoë, Royal, Aubry, Moscovici... C'est ce qui ne va pas, c'est ce qui nous rend illisibles et inaudibles.
La discussion en vient inévitablement aux 35h (j'ai rarement vu, ces 10 dernières années, un échange politique un peu approfondi ne pas en venir à ce sujet). Tout le monde est pour, mais pas comme ça, avec plus de liberté, plus de souplesse. Au choix, quoi! Très bien, pourquoi pas, sauf qu'il y a un petit problème: Xavier Bertrand tient exactement ce discours-là! Alors on fait quoi? Et je réponds quoi aux amis?
Philosophiquement, le socialisme ne peut pas ignorer et ne doit pas combattre la montée de l'individualisme dans les sociétés modernes. La même chose pour tout le monde, ça ne passe plus, même si la chose en question représente un progrès social. Alors on fait comment? Parce que l'individualisation des rapports sociaux pose aussi, politiquement, de sérieuses difficultés et de graves dangers. Bertrand veut que tout, temps de travail, rémunération des heures supplémentaires, se discute au niveau de l'entreprise. Mais où va-t-on ainsi?
Lisez Charlie-Hebdo de cette semaine, vous y trouverez un excellent reportage signé Marine Chanel, chez nous, en Picardie, à Amiens, dans l'entreprise Goodyear-Dunlop. L'horreur! Vous avez un exemple vivant et terrible de ce que donne la négociation par entreprise et non plus au niveau de la branche d'activité. Dans l'usine Goodyear, la CGT et les salariés résistent à la réorganisation de la production (l'introduction des 4x8). Résultat: 402 licenciements. Dans l'usine d'à côté, Dunlop, la section cégétiste accepte cette réorganisation pourtant socialement néfaste (le temps de travail du week-end passe de 28 à 35 h, les ouvriers travaillant en semaine se retrouvent à l'usine 3 week-ends sur 4), au nom de la préservation de l'emploi. Résultat: les 26 délégués révoqués par la CGT.
Bref, les salariés perdent sur les deux tableaux, dans les deux sites, à cause de la division. Car derrière l'individualisation, la négociation d'entreprise, le fameux "pragmatisme" à la Bertrand, il y a une vieille règle, une antique ruse très politique: diviser pour mieux régner. Je laisse la conclusion à qui de droit, la journaliste de Charlie:
"Les syndicats, déjà très affaiblis par un médiocre taux d'adhésion chez les salariés français (à peine 8% en moyenne), pourraient bien être encore fragilisés par les réformes du gouvernement. La loi sur le service minimum ne devrait pas améliorer leur rapport de force avec le patronat. Quant à la réforme du travail, elle menace de renforcer la politique du chacun pour soi... Les syndicats sont morts, vive le moins-disant social!"
La méthode Bertrand, la voilà. Très efficace, hélas. Avec les amis, nous en avons terminé avec la politique par le sondage du Journal du Dimanche, qui met Delanoë en tête des préférences des sympathisants socialistes (31%) pour devenir le premier secrétaire du PS. Ensuite viennent Royal (29%), Aubry (16%), les autres candidats potentiels tournant autour de 5%. J'invite mes amis à prendre leur précaution avec ce type de sondage, qui n'a pas grand sens politique. Je le dis d'autant plus librement que Delanoë en tête, ce n'est pas pour me déplaire. Mais ce n'est qu'un sondage à un moment donné, et en politique tout change très vite, rappelez-vous les sondages vis-à-vis de Ségolène. Et puis, les sondeurs s'adressent aux sympathisants PS, catégorie assez flou, alors que ce sont les adhérents qui choisiront le premier secrétaire. Surtout, j'en reste à ce que j'ai toujours soutenu sur ce blog depuis son ouverture, en septembre 2006: ce ne sont pas les sondages, quels qu'ils soient, qui doivent orienter les choix du Parti socialiste.
Bonne matinée.
22 Comments:
On choisit une personne en fonction de la finalité désirée. Si le but est d'avoir un PS en ordre de marche avec un fond social démocrate réformiste pour les prochaines présidentielles, on choisit Pierre Moscovici qui ne sera pas candidat en 2012. Si on veut que le PS continue à se tirer dans les pattes jusqu'en 2011, on a le choix entre Bertrand Delanoë et Ségolène Royal qui eux de toute façon seront candidat pour 2012, ce qui permet alors de prédire un nouvel échec. C'est la confusion et le mélange des genres entre premier secrétaire et présidentiable qui pose problème au PS, et tout le monde en est conscient.
By jpbb, at 3:39 PM
- Et Martine Aubry, où la situes-tu?
- Un premier secrétaire qui se "révèlerait" bon leader en cous de mandat, doi-il pour autant s'interdire d'être candidat à la présidentielle?
By Emmanuel Mousset, at 6:42 PM
A titre d'info :
http://afp.google.com/article/ALeqM5gmPyMDkV5-xCA7N0jFr5JD_5Ozew
By Anonyme, at 11:23 PM
Martine Aubry est une personnalité du PS marquée par les 35 heures qui n'ont pas abouti complètement, elle ne dispose pas d'une stature européenne. La personne est profondément socialiste et saura, je pense, mettre son ambition personnelle derrière l'intérêt collectif.
Pour la deuxième question, il s'agit de deux emplois du temps différents. On ne peut pas courir deux lièvres à la fois. Moscovici est donc convainquant doublement, et comme de plus il est issu de SD et tête de liste, cela fait trois bonnes raisons de voter pour lui.
By jpbb, at 12:21 PM
Pierre Moscovici se révèle déjà être un parfait leader. Mais cela ne constitue en rien une raison pour qu'il se positionne en tant que présidentiable. Tout au plus comme chef de la majorité parlementaire, il peut demander le poste de premier ministre, ce qui serait dans la continuité de son action. Le détail important est qu'il soit en charge de mettre en oeuvre une désignation ouverte à tous les sympathisants de gauche pour le poste de Président, afin de ne pas passer par des magouilles habituelles d'appareil et de partis, et que la personne choisie soit légitimée par le collectif de gauche, donc d'avoir le maximum de poids dans l'opinion dès le départ. Une désignation âprement débattue laisse des traces, comme on a pu le constater en 2007. Cela suppose évidemment qu'il ne roule pas pour lui, mais pour le candidat qui sortira en 2011.
By jpbb, at 12:30 PM
ah mais c'est intéressant la politique!
Ce n'est plus le mouvement combinatoire des cercles; c'est plus simple de dire la combine non?
By Anonyme, at 9:36 PM
Non, vous comprenez à l'envers: c'est l'anti-combine, puisque Moscovici met cartes sur table, annonce la couleur, informe publiquement de ses démarches. Tout le contraire d'une certaine politique, telle qu'elle a pu par exemple s'exprimer à Saint-Quentin récemment, mais ailleurs aussi hélas.
By Emmanuel Mousset, at 10:04 AM
Je souhaite à Moscovici de ne pas s'y prendre comme vous, avec les mêmes résultats....mais je le crois beaucoup plus habile.
By Anonyme, at 2:21 PM
Moscovici ne s'y prend pas comme moi, c'est moi qui m'y prend comme lui.
Décidément, c'est une habitude chez vous de tout comprendre à l'envers. Vous marchez la tête en bas?
By Emmanuel Mousset, at 3:41 PM
En ce qui vous concerne votre expérience des municipales est passée, que je sache. C'est pourquoi je souhaite à Moscovici de ne pas s'y prendre comme vous.
Vous voyez bien que vous ne comprenez rien.
By Anonyme, at 9:40 PM
- L'expérience des municipales est devant moi. Si j'en parle régulièrement, c'est que je ne lâcherai rien sur les leçons de cette expérience pitoyable, qu'il faudra que nous ayons toujours sous les yeux, pour ne pas répéter les mêmes stupidités.
- L'entourage de Moscovici est moins ingrat, plus facile que le mien.
Ca, au moins, je le comprends. Et vous?
By Emmanuel Mousset, at 8:51 AM
Ah parce que vous pensez que si Moscovici n'obtient pas l'unanimité il va comme vous se retirer?
By Anonyme, at 1:55 PM
Je me permets de vous faire remarquer, sans pour autant supposer que vous êtes bête, que le Parti socialiste n'a pas la même taille que la section socialiste de Saint-Quentin, que les enjeux nationaux ne sont pas tout à fait de même nature que les enjeux locaux. Qu'à partir de ces considérations qui normalement ne devraient pas vous échapper, l'attitude de Moscovici et la mienne peuvent difficilement être semblables, ni même comparables.
By Emmanuel Mousset, at 3:17 PM
A mon sens la taille ne fait rien à l'affaire. Une méthode est une méthode, point final.
By Anonyme, at 9:44 PM
Au niveau du Parti, le débat entre courants est nécessaire parce que le fond est idéologique. Au niveau de la section de Saint-Quentin (et elle n'est pas la seule), les enjeux idéologiques sont quasiment inexistants, ce ne sont que des prétextes pour conserver ou obtenir quelques misérables places. Voilà ce que je veux dire.
By Emmanuel Mousset, at 11:59 AM
Incompréhensible!
Un débat idéologique est un débat idéologique. Point final!
Pourquoi ce débat au niveau local ne chercherait qu' à préserver des places et pas au niveau national? Ou l'inverse d'ailleurs.
By Anonyme, at 12:58 PM
Parce que si vous voyiez le niveau local, vous comprendriez très vite ce que je veux dire.
By Emmanuel Mousset, at 4:59 PM
Ah donc ce n'est pas un argument. Je connais.
By Anonyme, at 6:57 PM
Mais si, c'est l'argument essentiel, principal et unique.
By Emmanuel Mousset, at 8:30 PM
Mais en quoi c'est un argument?
By Anonyme, at 11:27 AM
Des personnes qui s'étripent pour des raisons purement personnelles, c'est l'argument qui prouve que l'idéologie est chez elles inexistante, très secondaire ou simple prétexte.
By Emmanuel Mousset, at 1:19 PM
Compliquée l'affaire.
Quand on fait de l'idéologie on est traité de sectaire.
Quand on n'en fait pas ce sont des jeux personnels.
Mais vous c'est encore pire, l'idéologie n"est qu'un prétexte.
On doit pas être loin du procès d'intention!
By Anonyme, at 10:20 PM
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