Le parti de la gauche.
Bonjour à toutes et à tous.
Mon billet d'hier sur les primaires socialistes pouvait avoir quelque chose de désespérant pour qui milite ardemment pour ce dispositif novateur. Je ne crois cependant pas. Certes, seul Pierre Moscovici et trois autres contributions défendent explicitement ce projet, mais celui-ci est dans l'air du temps, et pas prêt de le quitter. Et puis, il faut voir la question autrement. Les primaires n'ont de véritable sens qu'adossées à un autre projet, tout aussi novateur: le grand parti de toute la gauche, dont je voudrais vous parler ce dimanche matin.
La droite n'a pas seulement gagné l'an dernier parce qu'elle s'était trouvée un bon leader en la personne de Nicolas Sarkozy. Elle s'est, au préalable, restructurée, en unifiant ce qui était inutilement et stérilement dispersé, ce qui a débouché sur la création de l'UMP. La droite s'est alors dotée d'un puissant parti conservateur, la gauche doit maintenant construire, pour lui faire face, un grand parti progressiste. Sinon, au premier tour d'une présidentielle, la mère de toutes les élections, quel que soit notre candidat, notre score tournera autour de 20%, tandis que le candidat de l'UMP atteindra facilement les 30%. Le résultat est donc scellé dès ce moment, le second tour permettant difficilement le rattrapage de 10 points, d'autant que le PS n'a plus sur sa gauche les réserves dont il bénéficiait encore il y a une vingtaine d'années.
Le parti de toute la gauche est une nécessité électorale pour les socialistes. Et pour les autres formations de gauche? C'est une nécessité vitale. Les communistes se meurent, les écologistes vivotent, les radicaux demeurent en marge, les chevènementistes s'interrogent sur leur existence, les uns et les autres ne peuvent en aucun cas continuer dans cette voie désespérante. PRG et MRC en ont pris conscience et ont fait le choix politique de construire ce grand parti de toute la gauche. Verts et PCF devront sans tarder y réfléchir et se prononcer. D'autant que les clivages idéologiques entre toutes ces familles de gauche se sont considérablement atténués. Toujours est-il que les socialistes ont une immense responsabilité, celle de proposer et de mettre en oeuvre ce grand projet, qui serait fortement mobilisateur pour toute la gauche et à même de lui redonner espoir.
J'en reviens aux primaires. Dans le cadre d'un grand parti de toute la gauche, ce dispositif ne serait plus seulement souhaitable mais indispensable, pour choisir le candidat de cette gauche désormais structurellement unie. Combien de contributions socialistes sont favorables au grand parti de toute la gauche? 8, et une 9ème qui l'évoque sans l'exiger (Martine Aubry, p.45). Parmi celles-ci, vous en retrouvez 3 qui sont aussi partisanes des primaires. C'est logique. Il n'y a que la Ligne Claire qui fasse exception. Marylise Lebranchu se distingue en proposant "une Fédération de la Gauche militante qui verrait converger les partis, les syndicats, les mutuelles, les associations" (p.214). Pas facile à réaliser mais fort intéressant.
Quels sont donc les nouveaux venus, qui ne retenaient pas l'idée des primaires mais s'enthousiasment pour le grand parti de toute la gauche? Des sensibilités de la gauche du Parti (mais pas Mélenchon ni Dolez)! On peut penser que c'est ici le mythe fondateur de l'union de la gauche qui joue à plein, alors que les primaires ont quelque chose d'américain qui passe mal. Laurent Fabius se prononce, audacieusement, pour un nouveau parti qui irait "depuis les altermondialistes jusqu'au chrétiens sociaux et aux républicains de progrès" (p.82). De Bayrou et Bové? Benoît Hamon considère ce projet comme "un élément stratégique déterminant" (p.125). Marie-Noëlle Lienemann n'emploie pas l'expression "grand parti de toute la gauche", mais l'idée est présente, puisqu'elle demande d' "engager la réunification de toutes les composantes de la Gauche", "l'unité au sein d'une même organisation" (p.184). Gérard Filoche opte sans réserve pour ce grand parti (p.199).
Les autres contributions se taisent sur ce projet. Seul Bertrand Delanoë semble implicitement le critiquer. Grand parti de toute la gauche, système des primaires, les deux vont ensemble, je le répète, et l'un appellera l'autre. Reims en parlera, c'est certain. Reste maintenant à savoir comme ce projet peut être mis en place. Il y a, en ce qui concerne les primaires (qui sont plus simples à réaliser que l'unité organisationnelle de la gauche dans un même parti) quelques ambiguïtés à dissiper, dont je vous parlerai dans un prochain billet.
Bonne matinée.
Mon billet d'hier sur les primaires socialistes pouvait avoir quelque chose de désespérant pour qui milite ardemment pour ce dispositif novateur. Je ne crois cependant pas. Certes, seul Pierre Moscovici et trois autres contributions défendent explicitement ce projet, mais celui-ci est dans l'air du temps, et pas prêt de le quitter. Et puis, il faut voir la question autrement. Les primaires n'ont de véritable sens qu'adossées à un autre projet, tout aussi novateur: le grand parti de toute la gauche, dont je voudrais vous parler ce dimanche matin.
La droite n'a pas seulement gagné l'an dernier parce qu'elle s'était trouvée un bon leader en la personne de Nicolas Sarkozy. Elle s'est, au préalable, restructurée, en unifiant ce qui était inutilement et stérilement dispersé, ce qui a débouché sur la création de l'UMP. La droite s'est alors dotée d'un puissant parti conservateur, la gauche doit maintenant construire, pour lui faire face, un grand parti progressiste. Sinon, au premier tour d'une présidentielle, la mère de toutes les élections, quel que soit notre candidat, notre score tournera autour de 20%, tandis que le candidat de l'UMP atteindra facilement les 30%. Le résultat est donc scellé dès ce moment, le second tour permettant difficilement le rattrapage de 10 points, d'autant que le PS n'a plus sur sa gauche les réserves dont il bénéficiait encore il y a une vingtaine d'années.
Le parti de toute la gauche est une nécessité électorale pour les socialistes. Et pour les autres formations de gauche? C'est une nécessité vitale. Les communistes se meurent, les écologistes vivotent, les radicaux demeurent en marge, les chevènementistes s'interrogent sur leur existence, les uns et les autres ne peuvent en aucun cas continuer dans cette voie désespérante. PRG et MRC en ont pris conscience et ont fait le choix politique de construire ce grand parti de toute la gauche. Verts et PCF devront sans tarder y réfléchir et se prononcer. D'autant que les clivages idéologiques entre toutes ces familles de gauche se sont considérablement atténués. Toujours est-il que les socialistes ont une immense responsabilité, celle de proposer et de mettre en oeuvre ce grand projet, qui serait fortement mobilisateur pour toute la gauche et à même de lui redonner espoir.
J'en reviens aux primaires. Dans le cadre d'un grand parti de toute la gauche, ce dispositif ne serait plus seulement souhaitable mais indispensable, pour choisir le candidat de cette gauche désormais structurellement unie. Combien de contributions socialistes sont favorables au grand parti de toute la gauche? 8, et une 9ème qui l'évoque sans l'exiger (Martine Aubry, p.45). Parmi celles-ci, vous en retrouvez 3 qui sont aussi partisanes des primaires. C'est logique. Il n'y a que la Ligne Claire qui fasse exception. Marylise Lebranchu se distingue en proposant "une Fédération de la Gauche militante qui verrait converger les partis, les syndicats, les mutuelles, les associations" (p.214). Pas facile à réaliser mais fort intéressant.
Quels sont donc les nouveaux venus, qui ne retenaient pas l'idée des primaires mais s'enthousiasment pour le grand parti de toute la gauche? Des sensibilités de la gauche du Parti (mais pas Mélenchon ni Dolez)! On peut penser que c'est ici le mythe fondateur de l'union de la gauche qui joue à plein, alors que les primaires ont quelque chose d'américain qui passe mal. Laurent Fabius se prononce, audacieusement, pour un nouveau parti qui irait "depuis les altermondialistes jusqu'au chrétiens sociaux et aux républicains de progrès" (p.82). De Bayrou et Bové? Benoît Hamon considère ce projet comme "un élément stratégique déterminant" (p.125). Marie-Noëlle Lienemann n'emploie pas l'expression "grand parti de toute la gauche", mais l'idée est présente, puisqu'elle demande d' "engager la réunification de toutes les composantes de la Gauche", "l'unité au sein d'une même organisation" (p.184). Gérard Filoche opte sans réserve pour ce grand parti (p.199).
Les autres contributions se taisent sur ce projet. Seul Bertrand Delanoë semble implicitement le critiquer. Grand parti de toute la gauche, système des primaires, les deux vont ensemble, je le répète, et l'un appellera l'autre. Reims en parlera, c'est certain. Reste maintenant à savoir comme ce projet peut être mis en place. Il y a, en ce qui concerne les primaires (qui sont plus simples à réaliser que l'unité organisationnelle de la gauche dans un même parti) quelques ambiguïtés à dissiper, dont je vous parlerai dans un prochain billet.
Bonne matinée.
4 Comments:
C'est tout à fait intéressant.
D'ailleurs considérant qu'aucun élément de la chaine signifiante ne manque à ton post, la réactivation de ta connerie latente fait sens et apparait au grand jour,clivant davantage encore les éléments disparates de cette gauche pourrie.
C'est pourquoi le plan suivant devra être suivi:
-un SD a l'international:DSK
-un SD à la tête du PS:Moscovici
-un SD en 2012.
Enthousiasmant non?
By Anonyme, at 12:10 PM
Et les primaires, et le grand parti de toute la gauche, qu'en pensez-vous? Si vous êtes apte à penser quelque chose, bien sûr.
By Emmanuel Mousset, at 1:00 PM
Le grand parti de toute la gauche ne peut se faire que sur une base sociale-démocratique réformiste, en faisant imploser au passage les restes idéologiques datant du XX siècle. Cela entraîne bien évidemment des cris d’orfraie de la part de ceux dont on accapare l'espace politique qu'ils noyautaient. Mais c'est une nécessité tactique, nous voulons le pouvoir dans un cadre démocratique, et nous faisons en sorte d'y parvenir, sans état d'âme particulier pour ceux qui ne partagent pas nos propres valeurs et nos idéaux.
La droite s'est d'abord restructurée en effaçant le support idéologique de l'extrême droite basé sur l'insécurité et l'immigration incontrôlée. Cela lui a permis d'occuper tout son espace naturel, et de mordre sur le centre gauche qui partageait ces mêmes inquiétudes. En réaction, la gauche à son tour s'oblige de gré ou de force à prendre une dimension similaire, reprenant au passage l'espace octroyé à Bayrou le temps d'une mutation. Evidement, cela fait grincer des dents...
By jpbb, at 1:13 PM
Les dents grincent quand les neurones cessent de s'agiter.
By Emmanuel Mousset, at 2:02 PM
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