Les différences de Juju.

Bonsoir à toutes et à tous.

Même un 3 août (surtout un 3 août), il ne faut pas quitter des yeux ce qui se passe au PS et dans la gauche française. Rien ce week-end? Que non, trois faits politiques d'importance:

1- Hier samedi, dans Le Figaro, Claude Bartolone, fabiusien s'il en est, salue l'accord Moscovici-Aubry (dont Fabius n'est pourtant pas partie prenante) et remarque que Martine serait un bon premier secrétaire de rassemblement. J'en conclus quoi? Que les fabiusiens rejoindront les strauss-kahniens si Moscovici n'est pas le candidat de leur motion commune? Je ne suis pas loin de le penser... et de le redouter. Notre courant "Socialisme et Démocratie" s'est fixé, collectivement, plusieurs objectifs, parmi lesquels Pierre à la tête du Parti. Et celui-ci nous a demandé, récemment, de lui renouveler sa confiance dans cet objectif-là, ce que je fais sans difficulté. Alors, faudrait-il y renoncer? Pour faire plaisir aux fabiusiens, pour les désenclaver de leur isolement politique? Entre eux et nous, il y a tout de même quelques sérieuses différences politiques qui ne sont toujours pas aplanies. Pas grave, on règlera tout ça à La Rochelle.

2- Julien Dray, ce matin dans Le Parisien, tient d'étonnants propos. Il défend un "contrat de direction" entre Delanoë, Hollande et Royal, faisant ainsi suite à l'appel de Rebsamen il y a quelques jours. Pour Juju, ce qui justifie ce rapprochement, c'est qu'il n'y a "pas d'énormes différences" entre les trois. Ah bon? Julien fait fort, quand même. Delanoë le jospiniste et Royal la moderniste, c'est tout de même très, très différent. Mais Julien fait encore plus fort: il souhaite élargir ce "contrat de direction" au Pôle écologiste, ce qui ne mange pas de pain, mais surtout, tenez-vous bien, à Hamon et Emmanuelli.

Alors là, je ne comprends pas, et je vois mal le NPS, version aile gauche (pas le NPS de Peillon, ségoléniste), rejoindre la ligne Royal, mêlée à Delanoë. Bref, la démarche me semble extrêmement confuse et exagérément tactique. J'espère que ce qui se passe dans l'Aisne, au niveau des contributions, ne préfigure pas ce rassemblement désordonné, les ex-peillonistes rejoignant Hamon pour mieux retrouver, à Reims, leurs anciens camarades du NPS ségoléniste, afin de mieux râtisser large, l'aile droite pour Peillon, l'aile gauche pour Hamon!

Julien Dray m'étonne encore plus lorsqu'il rejette le pôle Moscovici-Aubry et éventuellement Fabius, qui représente selon lui "un choix différent". Ah bon? Lequel? Surtout, ce qui me surprend, c'est sa volonté de "cliver", sans tracer des lignes politiques et idéologiques très nettes, uniquement en s'en tenant à des personnes: "A eux maintenant d'afficher ce qui les réunit et de s'organiser", dit Julien à l'adresse des Reconstructeurs. J'ai envie de lui retourner le compliment, car les Reconstructeurs existent déjà depuis un certain temps. Ce que je retiens de tout ça, c'est que Delanoë va être, dans ce congrès, fortement courtisé.

3- Du côté des écolos, Daniel Cohn-Bendit est revenu sur son offre de service, pourvu que les Verts acceptent de s'intégrer à une liste ouverte pour les élections européennes, "Europe Ecologie", qui accueillerait aussi les amis de Hulot et de Bové, ainsi que la société civile. Les Verts auront-ils la maturité politique pour ce genre d'opération, qui relève pourtant aussi pour eux de la survie? Je n'en suis pas certain. Mais les socialistes doivent y prendre garde. Dany rêve depuis longtemps d'un retour politique en France à la tête d'une liste écologiste et citoyenne. Y parviendra-t-il? Rien n'est moins sûr, mais son succès serait périlleux pour un PS encore mal assuré, et catastrophique si le congrès se passait mal, débouchant sur un compromis boiteux comme en a parfois le secret l'appareil socialiste, et laissant alors aux écologistes un espace politique à notre détriment lors des européennes de l'an prochain.


Bonne nuit.