Mes belles Seventies.
Bonsoir à toutes et à tous.
Après la vogue 68, assistons-nous à un déferlement Seventies? Ce n'est pas impossible, si j'en crois deux excellentes émissions, l'une télévisée, "Sauvages seventies", cette semaine à 20h15 sur Arte, l'autre radiophonique, "Les années 70", les samedis et dimanches à 22h05 sur France-Culture. Les années 70, toute ma jeunesse! C'est simple: 10 ans en 1970, 19 ans en 1979. J'ai commencé la décennie en regardant Zorro, je l'ai terminée, bac en poche, en m'inscrivant à la très gauchiste Université de Vincennes.
Toute une époque, une tranche de vie. 10 ans-19 ans, c'est la seule période de l'existence où l'on change complètement, où l'on évolue vraiment. Après, c'est la routine, on ne bouge plus. Je vous parlais hier du feuilleton Zorro dans la formation de ma conscience politique, je vais vous parler ce soir de mes belles Seventies, sous l'angle politique bien évidemment, avec trois dates-phares, trois événements-clés, dans la formation de cette conscience politique:
1- L'éveil.
Ma naissance politique, c'est 1974, année où je commets le premier acte militant d'une vie qui en contiendra beaucoup d'autres (et ce n'est pas fini!). Je vous préviens: ce premier coup d'éclat, je n'en suis pas fier. Rétrospectivement, je le trouve très bête. Je vous raconte: à l'époque, j'étais enfant de choeur (une activité comme une autre...). Pompidou meurt. Pompidou, pour moi, c'était la droite. Pas le diable, mais le mal. Or, j'apprends qu'une messe aura lieu en sa mémoire. Je décide ce matin-là... d'aller à la pêche. J'ai encore dans les oreilles le son des cloches appelant à la cérémonie, et moi, fièrement dressé au bord du canal, triomphant de mon acte de rébellion. Pourtant, le pauvre Pompidou méritait bien sa messe...
Et puis est venue la magnifique campagne électorale, Mitterrand contre Giscard. A l'époque, je ne distinguais rien des courants de gauche, j'avais mon grand homme, François Mitterrand, point. Il incarnait le socialisme, un mot magique, je ne cherchais pas plus loin. J'avais à peine 14 ans, quand même! La mythologie c'était l'Union de la Gauche, la Bible le Programme commun. Tout était dit en quelques mots simples: nationalisations, planification, autogestion. La gauche vivait sa Belle Epoque, qu'elle ne retrouvera plus jamais. Certains camarades, aujourd'hui, en sont restés là, et font pour cette raison pitié. J'aimais Mitterrand, mais Giscard aussi m'épatait. Mon admiration pour les hommes politiques vient de ce temps-là. Tous les deux me fascinaient parce qu'ils ... parlaient bien, quand je les voyais à la télé ou entendais à la radio. Bien parler! Rien après ne me semblera plus important dans la vie que ça, bien parler.
2- La passion.
C'est en 1977 que mon intérêt pour la politique s'est durablement enraciné en moi, passant du plaisir à la passion, avec le premier meeting auquel j'ai assisté, à Saint-Amand-Montrond, de la liste de l'Union de la Gauche aux élections municipales. J'ai serré la main aux leaders locaux, socialistes, communistes, ce n'était pas rien! C'est l'année où j'ai commencé une activité qui ne me quittera plus: collectionner tous les documents politiques (affiches, tracts, brochures, professions de foi, etc). Ces élections, c'est le sommet de l'Union de la Gauche, la conquête de nombreuses villes, la revanche sur la défaite de 1974, où nous étions si proches de la victoire!
C'était le printemps, mais il y a eu l'automne, la réactualisation du Programme commun, la rupture des communistes, la division de la gauche, l'incroyable débat télévisé Robert Fabre/Georges Marchais, les discussions interminables autour des nationalisations et de cette question: faut-il nationaliser seulement les sociétés (position du PS) ou aussi leurs filiales (position du PCF)? C'est là où j'ai compris que la politique n'était pas seulement une mythologie mais une stratégie faite de coups fourrés et d'affrontements au sein de son propre camp. Le jour où l'on sait et accepte ça, la politique devient pour toujours une passion. J'ai su aussi, cette année-là, que je ne serai jamais de ma vie communiste.
3- Le vote.
1979: l'espoir à gauche est en berne, le Parti socialiste semble condamné à l'échec, ses rangs se divisent violemment entre rocardiens et mitterrandistes, socialistes et communistes se renvoient la responsabilité de la désunion, la sidérurgie est brutalement restructurée, à Longwy ou à Denain, je ne sais plus, des coups de feu sont tirés lors d'une manifestation d'ouvriers. Moi, je prépare le bac et je m'apprête pour la première fois à voter, aux toute premières élections européennes.
Je suis embêté, je ne sais pas quel bulletin de vote choisir: l'étoile socialiste pâlit, les communistes pas question, les écolos ne font pas assez politiques. A Saint-Amand, il ne se tient qu'une seule réunion, dans une toute petite salle de la mairie, où nous sommes 5 ou 6 participants. Des gars de Lutte Ouvrière! Des militants, des vrais, un couple qui fait un peu Témoins de Jéhova, mais ça ne me dérange pas. Dans l'isoloir, je penserais à eux, je voterais pour la "liste pour les Etats-Unis socialistes d'Europe", conduite par Alain Krivine et Arlette Laguiller. Aussi parce que ce sont des "petits" candidats auxquels personne ne croit, et parce qu'il m'évoque un événement que je n'ai pas connu mais qui vibre en moi, Mai 1968.
Voilà mes Seventies! Comprenez-vous mieux pourquoi, ce matin, dans mon premier billet de la journée, j'ai demandé à "politiser les JO". C'était ces années-là qui étaient encore vivantes en moi, les belles années 70.
Bonne soirée.
Après la vogue 68, assistons-nous à un déferlement Seventies? Ce n'est pas impossible, si j'en crois deux excellentes émissions, l'une télévisée, "Sauvages seventies", cette semaine à 20h15 sur Arte, l'autre radiophonique, "Les années 70", les samedis et dimanches à 22h05 sur France-Culture. Les années 70, toute ma jeunesse! C'est simple: 10 ans en 1970, 19 ans en 1979. J'ai commencé la décennie en regardant Zorro, je l'ai terminée, bac en poche, en m'inscrivant à la très gauchiste Université de Vincennes.
Toute une époque, une tranche de vie. 10 ans-19 ans, c'est la seule période de l'existence où l'on change complètement, où l'on évolue vraiment. Après, c'est la routine, on ne bouge plus. Je vous parlais hier du feuilleton Zorro dans la formation de ma conscience politique, je vais vous parler ce soir de mes belles Seventies, sous l'angle politique bien évidemment, avec trois dates-phares, trois événements-clés, dans la formation de cette conscience politique:
1- L'éveil.
Ma naissance politique, c'est 1974, année où je commets le premier acte militant d'une vie qui en contiendra beaucoup d'autres (et ce n'est pas fini!). Je vous préviens: ce premier coup d'éclat, je n'en suis pas fier. Rétrospectivement, je le trouve très bête. Je vous raconte: à l'époque, j'étais enfant de choeur (une activité comme une autre...). Pompidou meurt. Pompidou, pour moi, c'était la droite. Pas le diable, mais le mal. Or, j'apprends qu'une messe aura lieu en sa mémoire. Je décide ce matin-là... d'aller à la pêche. J'ai encore dans les oreilles le son des cloches appelant à la cérémonie, et moi, fièrement dressé au bord du canal, triomphant de mon acte de rébellion. Pourtant, le pauvre Pompidou méritait bien sa messe...
Et puis est venue la magnifique campagne électorale, Mitterrand contre Giscard. A l'époque, je ne distinguais rien des courants de gauche, j'avais mon grand homme, François Mitterrand, point. Il incarnait le socialisme, un mot magique, je ne cherchais pas plus loin. J'avais à peine 14 ans, quand même! La mythologie c'était l'Union de la Gauche, la Bible le Programme commun. Tout était dit en quelques mots simples: nationalisations, planification, autogestion. La gauche vivait sa Belle Epoque, qu'elle ne retrouvera plus jamais. Certains camarades, aujourd'hui, en sont restés là, et font pour cette raison pitié. J'aimais Mitterrand, mais Giscard aussi m'épatait. Mon admiration pour les hommes politiques vient de ce temps-là. Tous les deux me fascinaient parce qu'ils ... parlaient bien, quand je les voyais à la télé ou entendais à la radio. Bien parler! Rien après ne me semblera plus important dans la vie que ça, bien parler.
2- La passion.
C'est en 1977 que mon intérêt pour la politique s'est durablement enraciné en moi, passant du plaisir à la passion, avec le premier meeting auquel j'ai assisté, à Saint-Amand-Montrond, de la liste de l'Union de la Gauche aux élections municipales. J'ai serré la main aux leaders locaux, socialistes, communistes, ce n'était pas rien! C'est l'année où j'ai commencé une activité qui ne me quittera plus: collectionner tous les documents politiques (affiches, tracts, brochures, professions de foi, etc). Ces élections, c'est le sommet de l'Union de la Gauche, la conquête de nombreuses villes, la revanche sur la défaite de 1974, où nous étions si proches de la victoire!
C'était le printemps, mais il y a eu l'automne, la réactualisation du Programme commun, la rupture des communistes, la division de la gauche, l'incroyable débat télévisé Robert Fabre/Georges Marchais, les discussions interminables autour des nationalisations et de cette question: faut-il nationaliser seulement les sociétés (position du PS) ou aussi leurs filiales (position du PCF)? C'est là où j'ai compris que la politique n'était pas seulement une mythologie mais une stratégie faite de coups fourrés et d'affrontements au sein de son propre camp. Le jour où l'on sait et accepte ça, la politique devient pour toujours une passion. J'ai su aussi, cette année-là, que je ne serai jamais de ma vie communiste.
3- Le vote.
1979: l'espoir à gauche est en berne, le Parti socialiste semble condamné à l'échec, ses rangs se divisent violemment entre rocardiens et mitterrandistes, socialistes et communistes se renvoient la responsabilité de la désunion, la sidérurgie est brutalement restructurée, à Longwy ou à Denain, je ne sais plus, des coups de feu sont tirés lors d'une manifestation d'ouvriers. Moi, je prépare le bac et je m'apprête pour la première fois à voter, aux toute premières élections européennes.
Je suis embêté, je ne sais pas quel bulletin de vote choisir: l'étoile socialiste pâlit, les communistes pas question, les écolos ne font pas assez politiques. A Saint-Amand, il ne se tient qu'une seule réunion, dans une toute petite salle de la mairie, où nous sommes 5 ou 6 participants. Des gars de Lutte Ouvrière! Des militants, des vrais, un couple qui fait un peu Témoins de Jéhova, mais ça ne me dérange pas. Dans l'isoloir, je penserais à eux, je voterais pour la "liste pour les Etats-Unis socialistes d'Europe", conduite par Alain Krivine et Arlette Laguiller. Aussi parce que ce sont des "petits" candidats auxquels personne ne croit, et parce qu'il m'évoque un événement que je n'ai pas connu mais qui vibre en moi, Mai 1968.
Voilà mes Seventies! Comprenez-vous mieux pourquoi, ce matin, dans mon premier billet de la journée, j'ai demandé à "politiser les JO". C'était ces années-là qui étaient encore vivantes en moi, les belles années 70.
Bonne soirée.
17 Comments:
encore et toujours le regard tourné vers le passé,
seul hier compte
demain vous n'y comprenez rien
By grandourscharmant, at 11:37 PM
C'est terrible, vous m'obligez à dire des banalités: il n'y a rien à comprendre du futur puisque celui-ci n'existe pas. En revanche, nous avons le devoir de le préparer. Et l'on n'y parvient bien qu'en comprenant ce qu'a été le passé.
Tuez l'homme banal qui est en vous. Pas pour vous, mais en pensant à moi: pour que vos remarques m'élèvent au lieu de m'abaisser.
By Emmanuel Mousset, at 9:27 AM
Ce n'est pas à moi de vous élever,
je ne suis que le révélateur de ce que vous etes.
Que la vérité éclate aussi désagréable soit elle.
Pour un dialogue de qualité, il faut etre 2 et ça fait bien longtemps que j'ai compris que j'étais seul, hélas.
Tout le mal que je vous souhaite c'est de comprendre la banalité des propos que vous venez de tenir.
Et je suis sur que vous vous sentez fier de vous et de ce que vous venez d'écrire.
Il est évident qu'hier est le passé d'aujourd'hui, mais aujourd'hui est le passé de demain.
Alors si en comprenant hier, on peut préparer demain
qui sait peut etre bien qu'en comprenant aujourd'hui, on peut encore mieux préparer ce que sera demain,
peut etre meme qu'en agissant aujourd'hui, on peut influer sur ce que sera demain.
Pour ce qui s'est passé hier, plus rien ne peut etre fait.
C'est comme cela qu'on se retrouve avec une bataille de retard à mener.
Car au lieu de faire ce qu'on doit faire aujourd'hui, aujourd'hui, on regarde hier, et demain, on regardera aujourd'hui...
C'est comme cela qu'on ne fait rien.
C'est juste l'éloge de l'inaction que vous nous avez fait, encore une fois.
By grandourscharmant, at 12:57 PM
Hier, aujourd'hui, demain, quel tourbillon! Vous me brouillez la tête... Je vous laisse dans votre soliloque. Vous avez certainement besoin de parler à vous-même.
By Emmanuel Mousset, at 2:42 PM
j'imagine bien que c'est trop pour vous.
Des qu'il faut réfléchir un peu, hélas, on vous perd toujours en route.
By grandourscharmant, at 3:41 PM
Parce que vous appelez "réflexion" votre bouillie pour les chats?
By Emmanuel Mousset, at 5:55 PM
ne vous vexez pas
c'est de ma faute
je suis trop exigeant
je vous demande de voir et de concevoir des choses qui dépassent vos capacités intellectuelles.
Le cerveau est un muscle, moins on s'en sert, moins il est capable d'en faire.
Finalement, je ne fais que mesurer les ravages que dénonce Moscovici.
Il n'y a pas de hasard,
si un parti est incapable d'avoir des idées, c'est forcément que ceux qui en sont membres, ne sont pas capables de comprendre et d'en avoir.
Vous illustrez cela à merveille
By grandourscharmant, at 7:24 PM
Quand un homme de droite ne trouve pas mieux que de s'appuyer sur un homme de gauche pour argumenter, c'est qu'il n'a plus grand-chose à dire.
By Emmanuel Mousset, at 9:57 AM
c'est juste qu'il s'adapte à son interlocuteur
nous avons déjà eu ce débat l'auriez vous oublié
Mosco répete ce que je dis il a raison
alors que moi quand j'affirme la meme chose, je suis de mauvaise foi.
Tout cela ne fait que mettre en avant votre mauvaise foi et votre malhonneteté intelectuelle.
Ce qui est inquiétant plutot, c'est quand un homme de gauche n'a rien d'autre à faire comme critique que celle que la droite émet.
S'il l'est reprend à son compte, c'est qu'elles sont fondées
By grandourscharmant, at 11:22 AM
Adaptez-vous d'abord à vous-même, ne vous cachez pas derrière les idées des autres, évitez de faire parler les socialistes. Je n'ai jamais aimé l'art stupide des ventriloques.
By Emmanuel Mousset, at 11:47 AM
Le dire c'est bien
le faire c'est mieux
commencer par arreter d'etre le porte-voix des betises que vous pouvez entendre
et ensuite peut etre vous pourrez me faire ce genre de remarque
By grandourscharmant, at 1:46 PM
Je ne suis le porte-voix de rien ni de personne. Je m'informe et je réfléchis, je ne prends rien pour argent comptant.
By Emmanuel Mousset, at 3:23 PM
et je suis sur que vous en etes convaincu.
By grandourscharmant, at 4:17 PM
En général, un homme de convictions est un homme convaincu. Ce qui étonne toujours ceux qui n'ont pas de convictions.
By Emmanuel Mousset, at 8:55 PM
vaincu c'est vrai que vous l'avez été un certain nombre de fois
pour l'autre partie, certains de vos camarades semblent en etre persuadé.
By grandourscharmant, at 9:33 PM
Ne faites pas parler mes camarades, je vous l'ai déjà dit, d'autant que vous ne les connaissez pas. Mais vos "compagnons", puisque je suppose que c'est toujours ainsi qu'on s'appelle à l'UMP, malgré que vous ayez trahi depuis déjà longtemps le gaullisme, parlez m'en, soyez là-dessus bavard, pour une fois.
By Emmanuel Mousset, at 10:33 PM
Le gaullisme ?
comme De Gaulle ?
le type que vous considérez comme un dictateur et à qui vous reprochez d'avoir commis un coup d'état en 1957.
C'est bien de cet homme là dont vous me parlez.
Si vous vivez mal le fait d'etre au ps, personne ne vous force à y rester.
By grandourscharmant, at 11:37 PM
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