L'Aisne avec DSK

21 août 2008

Le devenir de l'OTAN.

Le point commun entre la guerre en Géorgie et en Afghanistan, c'est le rôle que doit désormais avoir l'OTAN. L'organisation politico-militaire n'en finit pas de s'étendre et les anciens pays communistes, telle la Géorgie, rêvent de l'intégrer, pour leur sécurité. Que doit faire la France? Laisser chaque pays se décider sans donner son avis, demeurer spectatrice des évolutions en cours? Encourager l'adhésion alors que la France ne fait pas partie de l'OTAN? La décourager au risque de vulnérabiliser ces pays, à la façon de la Géorgie?

Pour l'Afghanistan, questions différentes mais liées également à l'OTAN: l'organisation nord-atlantique élargit contestablement son action au Moyen-Orient, qui excède sa zone d'intervention. La France participe à la coalition internationale et se retrouve immanquablement dépendante des décisions militaires américaines, alors qu'elle a quitté le commandement intégré de l'OTAN en 1966 pour ne pas être confrontée à cette situation.

Ce problème de la France à l'égard de l'OTAN est aussi celui de l'Europe. Celle-ci n'a pas de défense unifiée, pas d'armée commune, par conséquent aucune ligne précise et claire de politique étrangère. On l'a vu, une fois de plus, par rapport à la Géorgie. Nous pouvons craindre que cette situation ne perdure encore quelques décennies. L'embryon d'armée européenne est bien loin de faire une structure militaire adulte.

Pourtant, d'une certaine façon, l'Europe a une défense organisée, celle de l'OTAN, constituée par 26 pays dont l'écrasante majorité sont européens, mais sous protection américaine. Ainsi est née après la guerre l'OTAN contre la menace soviétique, ainsi continue-t-elle à se déployer malgré l'effondrement de l'idéologie contre laquelle elle se dressait. Que doit faire la France? Pour répondre à la question, il faut considérer trois faits:

1- La France est à la fois dans et hors l'OTAN, membre de son commandement politique, fidèle à l'Alliance atlantique, mais absente de son commandement militaire. Cette distinction n'est-elle pas devenue aujourd'hui, avec la multiplication des interventions militaires internationales (Golfe, Kosovo, Afghanistan) une contradiction?

2- La décision de quitter l'OTAN, prise en 1966 par de Gaulle, n'était pas motivée (je le dis à mes camarades socialistes) par des intentions progressistes, mais par le souci de la grandeur nationale (qui n'est pas précisément une valeur de gauche) et par cohérence avec la stratégie de dissuasion nucléaire (que la gauche a combattue pendant plusieurs années).

3- L'OTAN d'aujourd'hui, de par les évolutions du monde et l'élargissement de l'organisation, n'a plus grand-chose à voir avec l'OTAN de 1966, même si la prédominance américaine demeure problématique pour un Européen (qui plus est un Français!).

A partir de ces différentes considérations, le Parti socialiste aurait tort de ne pas se poser la question de notre réintégration dans la structure militaire de l'OTAN, à la condition que celle-ci s'adapte aux nouvelles normes du monde, qu'elle rompe notamment avec son anti-soviétisme, qu'elle revoit ses missions, qu'elle repense son concept de sécurité internationale, que s'articulent et se précisent les rapports entre l'Europe et l'OTAN.

Ce qui fait, je le conçois, beaucoup de conditions pour répondre à une question dont je ne préjuge nullement la réponse. Mais il n'est pas interdit à un parti politique de se poser des questions, surtout quand il est de gauche et que la droite, sur ce point (comme sur bien d'autres?), l'a fait avant lui, et quand l'actualité la plus tragique y incite fortement.


Bonne fin d'après-midi.

5 Comments:

  • Le rôle actuel de l'OTAN est bien connu : empêcher l'avènement d'une "maison commune européenne" de l'Atlantique à l'Oural. Cette union, que Mitterrand appellait de ses voeux, serait une puissance absolument insupportable pour les Etats-Unis. D'où la stratégie d'encerclement et de harcèlement de la Russie, avec les pseudo-"révolutions" de couleur, l'achat à coup de millons de dollars des bases anti-missiles "PRO" en Pologne, l'agression géorgienne contre l'Ossétie du Sud, etc. (Soit dit en passant, j'ai appris récemment que Saakashvili avait baptisé l'une des avenues de Tbilissi du nom de George W. Bush, ça ne s'invente pas!)

    La France peut évidemment se prêter à ce jeu, mais il faudra en assumer les conséquences. Les 10 morts d'Afghanistan feront alors figure de très anodin hors-d'oeuvre.

    By Blogger Unknown, at 9:04 PM  

  • Les "pseudos révolutions de couleur'? Tout simplement le rejet du communisme par les peuples. Et cela, il ne faut jamais l'oublier, aussi dérangeant soit-il.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:50 AM  

  • "Tout simplement le rejet du communisme par les peuples". Votre naïveté géopolitique est presque touchante. Les régimes corrompus renversés par les "révolutions de couleur" n'avaient plus rien de communiste, mais gardaient un minimum d'indépendance nationale. Quant au "peuple", il a été parfaitement manipulé pour mener ces pays dans le giron américain ; lire par exemple

    http://www.guardian.co.uk/world/2004/nov/26/ukraine.usa

    By Blogger Unknown, at 3:29 PM  

  • La fin du lien est

    ukraine.usa

    By Blogger Unknown, at 3:30 PM  

  • Gaston,

    Deux courtes réflexions:

    1- La thèse de la manipulation, comme de celle du complot, je n'y crois pas.

    2- Les régimes corrompus post-communistes sont issus du communisme. Ils représentent sa continuité, dans la dégénérescence. A l'Est, il n'y a pas eu de rupture brutale ou violente avec le communisme.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 7:43 PM  

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