Pré-congrès.

Faux départ de la droite, disais-je hier, faux départ de la gauche aussi, tant le congrès socialiste se prépare, ces derniers jours, est déjà présent dans les esprits les plus avertis. Mais après la grande migration aoûtienne de ce week-end, les choses vont peut-être se calmer... Toujours est-il que François Rebsamen, à la suite de Dray-Ayrault-Mauroy, a placé son mot, avancé son cercle (lire le billet "La combinatoire des cercles"), confirmé ce que je supposais il y a quelques jours: un appel à une "motion commune" Hollande-Royal, qui pourrait s'élargir à la Ligne Claire et à... Bertrand Delanoë, ce qui est doublement surprenant:

- La Ligne Claire (Collomb-Guérini-Valls) a déjà été sollicitée par Pierre Moscovici et lui a répondu favorablement. Cette contribution régionale est décidément très courtisée, parce que quelques-uns de ses signataires apportent un bon nombre de suffrages dans la corbeille de mariage, ce qui encourage les soupirants.
- Bertrand Delanoë est le principal rival interne de Ségolène, comme elle dans une posture présidentielle. Comment penser que leur alliance soit concevable? D'autant que le noyau dur des partisans de Delanoë est jospiniste, et à ce titre peu favorable au ségolisme.

Chez les Reconstructeurs et mes camarades strauss-kahniens, y aurait-il deux lignes concurrentes? Cela se murmure, cela se dit et se lit depuis quelques temps déjà (dans Le Point de la semaine dernière, par exemple). Mais cela est-il vrai? Si oui, il faudra trancher à La Rochelle, lors de la réunion de notre contribution. D'un côté Moscovici tiendrait à sa candidature, s'appuyant sur une majorité strictement réformiste, de l'autre Cambadélis opterait plutôt pour une candidature plus rassembleuse, celle de Martine Aubry, incluant alors les fabiusiens. La crainte de Camba serait de voir Laurent redonner vie et unité à une aile gauche pour le moment fragmentée et mal en point.

Spontanément, je suis plutôt enclin à l'hypothèse Moscovici. Avec Laurent, les désaccords politiques sont toujours là. Avec Martine en tête, nous nous retrouverions avec une figure de la "gauche plurielle". Serait-ce la meilleure façon pour le Parti de s'engager dans la modernisation? Pas évident. S'allier avec les aubryistes, oui, mais leur laisser le leadership, c'est à tout le moins discutable. D'autant que notre courant a convenu qu'un présidentiable à la tête du Parti ne serait pas un choix judicieux. Or Martine fait encore partie des prétendants. Mosco, lui, a clairement dit non.

J'approuve la fermeté de Pierre à réaffirmer ce qu'il a posé dès le départ, ce à quoi il ne renoncera probablement pas: sa candidature au poste de premier secrétaire. S'élargir aux fabiusiens? C'est à voir, mais c'est tout sauf une évidence. Là où Camba a raison, c'est qu'une majorité ne se crée qu'en s'élargissant et que les fabiusiens sont demandeurs, peu enclins à se retrouver seul avec des petits courants de gauche qui ont l'avenir derrière eux.

Hier, Jean-Christophe nous a envoyé un courrier électronique qui clarifie ses positions, dont je retiens 4 points:
1- Se félicite de l'accord Mosco-Aubry-Montebourg-Lebranchu.
2- Souligne que ni Delanoë, ni Fabius, ni la Ligne Claire ne sont pour le moment partie prenante de ce premier rassemblement.
3- Ne pose aucun préalable à une candidature Mosco ou Aubry.
4- Met en garde les strauss-kahniens delanoïstes qui s'apprêtent à utiliser le sigle "Socialisme et Démocratie" lors de réunions, notamment à La Rochelle.

Les questions que nous devrons nous poser fin août: quel doit être le périmètre de la future majorité réformiste? Jusqu'où peut-il s'étendre sans y sacrifier notre cohérence? Qui doit diriger cette nouvelle majorité? Il est bon de s'interroger, là, maintenant, collectivement, publiquement, au lieu d'attendre, comme le pratiquent traditionnellement certains camarades, les conciliabules d'appareil, les arrangements entre chefs de courants.


Bon après-midi.