Deux siècles de retard.
Bonjour à toutes et à tous.
Nicolas Sarkozy a disserté ce matin sur le capitalisme, à la conférence internationale "Nouveau monde, nouveau capitalisme". Depuis que le capitalisme traverse la crise des subprimes, c'est devenu le sujet de réflexion du président. Avant non, tout allait bien, il célébrait plutôt les vertus de ce système économique. Il n'est jamais trop pour bien faire et pour penser juste. Mais il n'est quand même pas le premier, ni le seul à se dire que quelque chose ne tourne pas rond dans le capitalisme!
En quels termes conduit-il sa réflexion? "Soit on refonde le capitalisme, soit on le détruit". Évidemment, posé ainsi, c'est simple, c'est radical mais surtout c'est faux. "Refonder", c'est redresser, c'est rétablir. Curieux raisonnement: un système fonctionne mal, Sarkozy le garde et le restaure. Moi, j'aurais plutôt tendance à vouloir le changer, le réformer, le transformer. C'est pourquoi je suis socialiste, social-démocrate. Et c'est pourquoi aussi Sarkozy est un conservateur, un homme de droite.
"Détruire" le capitalisme? A part l'extrême gauche, personne ne propose ça, pas même le PCF qui parle pudiquement de "dépasser" le capitalisme, pas de le détruire. Sarkozy enferme donc le débat sur le capitalisme dans une alternative tout à son profit: refonder ou détruire, ce qui signifie, politiquement, la droite ou l'extrême gauche. Malin, très malin.
Je n'ai pas besoin de Sarkozy pour savoir que "l'anticapitalisme, c'est une impasse, c'est la négation de tout ce qui a permis d'asseoir l'idée de progrès". Marx ne dit pas autre chose: le capitalisme est révolutionnaire, il a bouleversé les forces de production, il est à mettre au compte des progrès de l'humanité. Être strictement anticapitaliste, c'est être réactionnaire (d'ailleurs, les réactionnaires proclamés, d'extrême droite, sont généralement anticapitalistes).
Mais là où ni Marx ni moi ne sommes d'accord avec Sarkozy, c'est quand il dit: "On doit moraliser le capitalisme et pas le détruire ". Quelle blague! Le capitalisme échappe, par nature, à toute morale, à tout altruisme. Qu'il soit un formidable levier pour développer l'économie, c'est une évidence. Que la loi du profit passe au dessus de toute considération morale, sociale ou politique, c'est une autre évidence. Je ne prétends pas, à l'inverse, que le capitalisme soit immoral, je constate qu'il est amoral.
Sarkozy, dans sa réflexion sur le capitalisme, n'a que deux siècles de retard. Tous les penseurs socialistes, quelle que soit leur sensibilité, ont compris dès le XIXème que cette économie, en matière de justice sociale, était une impasse, un échec. Aujourd'hui, il y a pire que ça: même en matière de développement économique, le capitalisme montre ses limites. Quant à vouloir "détruire" le capitalisme, c'est un faux problème: depuis sa naissance, à intervalles réguliers, le capitalisme ne cesse de se détruire (et certes de renaître, mais ce n'est pas une excuse).
Bon après-midi.
Nicolas Sarkozy a disserté ce matin sur le capitalisme, à la conférence internationale "Nouveau monde, nouveau capitalisme". Depuis que le capitalisme traverse la crise des subprimes, c'est devenu le sujet de réflexion du président. Avant non, tout allait bien, il célébrait plutôt les vertus de ce système économique. Il n'est jamais trop pour bien faire et pour penser juste. Mais il n'est quand même pas le premier, ni le seul à se dire que quelque chose ne tourne pas rond dans le capitalisme!
En quels termes conduit-il sa réflexion? "Soit on refonde le capitalisme, soit on le détruit". Évidemment, posé ainsi, c'est simple, c'est radical mais surtout c'est faux. "Refonder", c'est redresser, c'est rétablir. Curieux raisonnement: un système fonctionne mal, Sarkozy le garde et le restaure. Moi, j'aurais plutôt tendance à vouloir le changer, le réformer, le transformer. C'est pourquoi je suis socialiste, social-démocrate. Et c'est pourquoi aussi Sarkozy est un conservateur, un homme de droite.
"Détruire" le capitalisme? A part l'extrême gauche, personne ne propose ça, pas même le PCF qui parle pudiquement de "dépasser" le capitalisme, pas de le détruire. Sarkozy enferme donc le débat sur le capitalisme dans une alternative tout à son profit: refonder ou détruire, ce qui signifie, politiquement, la droite ou l'extrême gauche. Malin, très malin.
Je n'ai pas besoin de Sarkozy pour savoir que "l'anticapitalisme, c'est une impasse, c'est la négation de tout ce qui a permis d'asseoir l'idée de progrès". Marx ne dit pas autre chose: le capitalisme est révolutionnaire, il a bouleversé les forces de production, il est à mettre au compte des progrès de l'humanité. Être strictement anticapitaliste, c'est être réactionnaire (d'ailleurs, les réactionnaires proclamés, d'extrême droite, sont généralement anticapitalistes).
Mais là où ni Marx ni moi ne sommes d'accord avec Sarkozy, c'est quand il dit: "On doit moraliser le capitalisme et pas le détruire ". Quelle blague! Le capitalisme échappe, par nature, à toute morale, à tout altruisme. Qu'il soit un formidable levier pour développer l'économie, c'est une évidence. Que la loi du profit passe au dessus de toute considération morale, sociale ou politique, c'est une autre évidence. Je ne prétends pas, à l'inverse, que le capitalisme soit immoral, je constate qu'il est amoral.
Sarkozy, dans sa réflexion sur le capitalisme, n'a que deux siècles de retard. Tous les penseurs socialistes, quelle que soit leur sensibilité, ont compris dès le XIXème que cette économie, en matière de justice sociale, était une impasse, un échec. Aujourd'hui, il y a pire que ça: même en matière de développement économique, le capitalisme montre ses limites. Quant à vouloir "détruire" le capitalisme, c'est un faux problème: depuis sa naissance, à intervalles réguliers, le capitalisme ne cesse de se détruire (et certes de renaître, mais ce n'est pas une excuse).
Bon après-midi.
15 Comments:
sarko est il omni présent car l'opposition est omni absente?
By Anonyme, at 2:17 PM
qu'est ce qui définit le fait d'etre moral ou pas ?
By grandourscharmant, at 2:30 PM
A l'anonyme:
Sarkozy est omniprésent parce que, en homme de droite qu'il est, il pense qu'un individu exceptionnel, lui évidemment, peut redresser avec ses petits bras et ses grosses méninges la situation de la France. L'absence ou non de l'opposition n'a rien à voir là-dedans.
En homme de gauche, je pense que la situation de la France ne pourra se redresser que par les efforts de toute la société, en premier lieu des riches et des puissants, qui doivent contribuer à cet effort plus que les autres et se montrer exemplaires (parce qu'ils sont riches et puissants).
By Emmanuel Mousset, at 4:29 PM
A l'ours:
Le fait d'être moral se définit dans la recherche du bien et la condamnation du mal, telle qu'elle s'exprime dans les grands principes universels: ne pas tuer, ne pas voler, ne pas mentir, respecter son prochain, aider le faible.
Le capitalisme n'a aucun égard particulier envers ses principes: il peut tuer l'homme au travail en l'exploitant, il peut mentir en développant la corruption, il peut voler (mon grand-père disait: "les commerçants, c'est tous des voleurs". Derrière le côté abrupt de la formule, il y a une forme de vérité. Ne se fait-on pas toujours un peu voler quand on achète quelque chose?).
Le capitalisme favorise la rivalité avec le prochain, nullement son aide. Et le "malheur aux vaincus" des Romains devient "malheur aux faibles" dans le système capitaliste.
Lire aussi sur tout ça mon ancien prof de la Sorbonne, Comte-Sponville, son livre "Le capitalisme est-il moral?" Je réponds que non.
By Emmanuel Mousset, at 4:38 PM
Donc Billon, Godin,....
était immoral.
le projet utopia à guise,
un éloge de l'immoralité.
Vous faites de la réthorique, de la politique politicienne et de la philosophie,
moi, je m'intéresse à la réalité.
Au risque de passer pour un naif ou un ignorant, je n'ai pas l'impression que c'est le concept qui est en cause mais plutot les moeurs de ceux qui l'appliquent.
Si le communisme ou le socialisme échoue, ce n'est pas parce qu'il s'agit de mauvais concept.
En théorie, c'est plutot pas mal,
mais en pratique au vu des travers humains,
cela ne peut fonctionner.
By grandourscharmant, at 8:10 PM
Si vous croyez que Godin est pour moi une référence politique, vous vous trompez. En revanche, la social-démocratie m'inspire, et je crois qu'elle représente un bel héritage à défendre, et à moderniser, bien sûr. Quant à votre capitalisme, je vous le laisse, puisqu'en bon conservateur, vous aimez la réalité, c'est-à-dire les choses telles qu'elles sont et telles qu'elles doivent rester. Bon courage pour sa refondation, avec votre copain Sarkozy!
By Emmanuel Mousset, at 11:28 PM
tout à fait je suis totalement conservateur.
c'est moi qui suit rigide au point de refuser de discuter d'évolution possible qui ne forcément que des régressions puisque tout changement ne peut etre que regression,
c'est d'ailleurs cela qui caractérise le conservatisme,
l'évolution, le changement, le mouvement.
si apres vous considérez que mon attachement à certaines valeurs,
par exemple, le fait de ne pas vouloir payer plus pour un service de qualité moindre comme autre chose que du bon sens,
cela n'engage que vous.
Et je comprends tout à fait pour Godin, un industriel et philantrope qui a mis en oeuvre le socialisme utopique et qui a aussi été député.
Forcément ça ne peut pas etre une référence pour vous, tant il balaie d'un revers de main vos théories fausses et erronées.
Est ce si surprenant qu'en bon conservateur idéologue vous n'acceptiez pas la réalité quand elle vous explique que vous avez tort.
Puisque justement ce qui caractérise un conservateur, c'est sa capacité à ne rien voir et à ne rien changer quand tout change et évolue autour d'eux.
La question des SD locaux en est la parfaite illustration,
ils étaient majoritaire, forcément.
Seul le passé vous intéresse,
l'avenir vous fait peur
comme tout bon conservateur.
Le passé est révolu alors vous avez l'impression de le maitriser,
l'avenir, rien que l'idée vous fait perdre pied.
L'année écoulée l'a pleinement démontré.
By grandourscharmant, at 11:23 AM
Je sais je me laisse emporter par mes élans
alors qu'il aurait suffit que je dise
vous n'y comprenez vraiment rien à la SD puisque vous l'opposez au capitalisme
Hérésie puisque le fait d'etre capitaliste est une caractéristique fondamentale du SD
Jospin qui a quasiment autant privatisé que les dangereux libéraux Chirac et Balladur en est la parfaite illustration.
Car si faire appel au marché, ce n'est pas etre capitaliste,
il me faudra un dictionnaire français-mousset, mousset-français puisque visiblement vous n'acceptez ou ne connaissez le sens que peuvent avoir les mots.
By grandourscharmant, at 11:30 AM
Vous compliquez tout. Il suffirait de reconnaître que vous êtes un homme de droite, que je suis un homme de gauche, que nous ne donnons donc pas le même sens aux mots. Ce n'est d'ailleurs pas si grave que ça, c'est la démocratie.
By Emmanuel Mousset, at 6:13 PM
vous avez raison
nous ne donnons pas le meme sens au mot,
moi, j'utilise le sens conventionnel communément admis
et vous,
vous leur donnez un sens unique et personnel.
By grandourscharmant, at 8:16 PM
C'est ainsi, vous êtes conventionnel et je suis original. Je ne m'en plains pas.
By Emmanuel Mousset, at 8:49 PM
Pour pouvoir etre original,
il faut d'abord etre conventionnel
Pour déconstruire, il faut déjà avoir construit
sinon, on est juste ridicule et on gaspille les moyens et les ressources comme tout parvenu.
C'est en général ainsi qu'ils justifient leur manque de savoirs, de connaissances et d'éducations,
ce serait la marque de leur originalité.
S'il existe des conventions comme la politesse et meme des lois ce n'est pas un hasard.
Votre originalité n'est que la marque de votre narcissisme, de votre égoisme et de votre absence de respect et d'humilité.
Évidement vous n'êtes pas le seul à avoir ces travers et c'est encore plus marqué chez d'autres,
mais le fait que ce soit plus évident chez eux ne vous exonère pas de la part qui est la votre.
Et si etre conventionnel, c'est reconnaitre et accepter,
la convention des droits de l'homme et du citoyen, par exemple
alors insultez moi de conventionnel
c'est ce que je prefere etre
plutot qu'un original qui foule au pied les conventions.
Et je ne doute pas que vous allez nous expliquer que oui vous etes original mais qu'il était question de convention linguistique,
que je ne peux que me tromper quand j'ose envisager que votre originalité pourrait s'exprimer dans d'autres domaines conventionnels.
Noyez le poisson tant que vous voudrez, rien ne vous l'interdit,
mais c'est un choix délibéré de votre part,
vous ne pourrez pas dire,
je ne savais pas.
By grandourscharmant, at 11:59 AM
Comme tout le monde, j'étais conventionnel dans ma jeunesse, maintenant je suis un peu plus original. Vous, vous êtes resté jeune, c'est bien.
Si mes défauts sont le narcissisme et l'égoïsme, ça va, ce n'est pas trop grave, vous êtes même finalement indulgent. Vous auriez pu m'accuser de perversions plus graves. Merci bien.
By Emmanuel Mousset, at 12:09 PM
C'est parce que vous ne prenez pas en compte le fait qu'il s'agit pour moi de biens graves perversions.
C'est votre complaisance et votre immaturité qui vous poussent à minimiser leur importance.
Et puis, je ne suis pas si vieux que ça non plus.
Maturité et jeunesse ne sont pas incompatibles,
mais c'est parce que j'ai tres souvent rencontré des gens bien plus vieux que moi et bcp plus immatures que j'ai tiré cette enseignement.
Ce qui fait la différence entre les ainés et leurs cadets,
bien que les cadets soient plus réfléchis comme ils sont moins aptes à maitriser la rhétorique
et que leur force de conviction est moins importante.
Ils ont plus de difficultés à s'exprimer alors qu'hélas, ils ont souvent des choses bien plus intéressantes à dire que leur ainés.
Bien évidement je parle surtout de votre génération intermédiaire, qui par rapport à ses ainés ou à ses cadets a hélas bien peu de choses à dire mais qui hélas prend toute la place pour le dire.
Mais peut etre est lié au fait qu'à certains ages de la vie on exprime plus de doutes que de certitudes
et qu'il est surement bien plus intéressant d'écouter quelqu'un qui doute et qui cherche,
que quelqu'un qui n'a que des certitudes.
Moi par exemple, j'ai tellement moins de certitudes que vous,
c'est certainement pour cela que vous n'arrivez pas à me comprendre.
Vous considérez comme des évidences et des acquis immuables,
des choses qui n'en sont vraiment pas.
Le fragile et l'ephemere vous échappe car vous n'avez pas de passé, ni d'avenir, juste un présent.
By grandourscharmant, at 1:39 PM
Où allez-vous chercher tout ça? J'ai un passé, vous me reprochez souvent de m'y enfermer, je pense à l'avenir, vous me reprochez parfois de tirer des comètes à son propos. A vrai dire, je me sens sans âge.
Des certitudes? Oui, j'en ai quelques unes, encore heureux! A quoi bon sinon faire de la politique? Mais j'ai autant d'incertitudes.
By Emmanuel Mousset, at 6:47 PM
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