L'argument de la neige.
Bonsoir à toutes et à tous.
La neige va-t-elle faire tomber le sénateur-maire de Saint-Quentin, Pierre André? Pas physiquement, bien sûr, mais politiquement? Depuis trois jours de froid et de verglas, il n'est question que de ça: la Sibérie s'est abattue sur la ville et les services municipaux ne seraient pas à la hauteur. Les automobiles pataugent dans la boue, les passants chutent sur les trottoirs. Pierre André va-t-il, lui aussi, chuter? A-t-on enfin trouvé la faille dans la carapace (de glace) de la droite locale?
D'abord, il faut replacer le problème dans son contexte national. Depuis quelques années, et de plus en plus, les Français ont peur du froid et s'étonnent des baisses pourtant normales de température en hiver. Normales? Mais oui, même quand elles sont fortes et qu'elles semblent exceptionnelles. Depuis que l'hiver existe, c'est-à-dire depuis très longtemps, il en a toujours été ainsi. De même qu'il est normal qu'en été, il fasse parfois très chaud jusqu'à étouffer. Je ne suis pas très vieux, mais j'ai connu une époque, il y a une trentaine d'années, où il ne serait venu à personne l'idée de se plaindre qu'il fasse froid en plein hiver.
Comment expliquer ces réactions irrationnelles de l'opinion? Je l'ai souligné à plusieurs reprises sur ce blog: la société de confort. Aujourd'hui, la chaleur est partout, dans toutes les pièces d'une maison. Quand j'étais enfant, les toilettes au fond de notre jardin n'étaient pas chauffées. Ça ne choquait personne. Surtout, nous ne supportons plus les inconvénients collatéraux, comme on dit aujourd'hui: électricité coupée, embouteillages sur les routes, trains bloqués, ... Comble de l'ironie, on nous parle sans arrêt de réchauffement climatique et on se les gèle!
Le Premier ministre s'est même mêlé à la polémique autour du froid glacial. Comme personne ne fait plus attention à lui et qu'il a besoin d'exister politiquement face à son président, il s'est donné un adversaire de taille, comme Don Quichotte chargeant ses moulins: le froid! Celui-ci étant en ce moment très impopulaire, Fillon compte en tirer quelques dividendes. Il a choisi de l'attaquer au pays du soleil, terrain de prédilection pour qui veut vaincre le froid. Le Premier ministre a donc, comme tout le monde, dénoncé les "déficiences" des services publics dans le Sud-Ouest. Gaudin, pourtant du même parti, a fait remarquer qu'à Marseille il neige une fois tous les vingt ans, que ce n'était peut-être pas la peine d'investir dans une armada de chasse-neige.
Mais retournons dans le Nord, à Saint-Quentin. Fillon pourrait-il faire de similaires reproches au maire? Le Courrier Picard d'hier a relaté les griefs des plaignants, au nombre de deux:
- "Dans les petites rues, ce n'est pas possible d'avancer. Certains grands axes sont dégagés, mais les rues adjacentes (...) c'est impossible". Je ne sais pas combien il existe de petites rues à Saint-Quentin, mais je suppose qu'elles sont nombreuses, et j'imagine mal les services de la Ville pouvoir les déneiger en deux jours seulement. Irions-nous vers une nouvelle lutte de classes entre grands axes privilégiés et petites rues délaissées?
- "Quand il a neigé, les rues étaient glissantes à Saint-Quentin. Par contre, dès qu'on arrivait dans les petites communes (...) ça se mettait à bien rouler". L'argument me fait tomber sur le cul, c'est le cas de le dire: comment peut-on comparer une petite commune, un gros village, avec une ville moyenne? Il est évident que l'une peut plus facilement dégager ses rues principales, beaucoup moins nombreuses, que l'autre (dans certaines petites communes, il n'y a qu'une grande rue).
Ce qui me sidère dans cette affaire de neige et de froid, c'est qu'on réduit la politique (la gestion de la cité) à quelque chose de purement technique (le sablage des rues). Pourquoi Pierre André aurait-il intérêt à mal faire, en ce domaine? J'ai beau chercher, je ne vois pas. Si c'est tout ce qu'on trouve à lui reprocher, c'est plutôt inquiétant pour la suite. Moi, ce que je veux, ce ne sont pas de petites récriminations techniques envers la Municipalité, mais c'est de lui opposer une véritable alternative politique.
Et puis, la neige, le froid, le verglas, je m'en fous. Quand j'étais enfant (mais oui, encore), dans le Berry, tout le monde enlevait la neige de son trottoir. C'était un geste normal. Pourtant, à l'époque (année 60-70), les mots de "citoyen" et de "citoyenneté" n'étaient pas à la mode. Aujourd'hui qu'ils le sont, on se comporte beaucoup moins en citoyens (taux d'abstention aux élections et neige laissée devant chez soi...). Mais il faut comprendre aussi que la société a changé. Qui a aujourd'hui une pelle chez lui? Peu de gens, finalement. Or il en faut une pour enlever la poudreuse et attaquer la glace.
Je prends mon cas. Moi qui vante régulièrement les vertus de la citoyenneté, je me dois d'être un bon citoyen, peut-être meilleur, plus exemplaire que les autres. Est-ce le cas? Bin non! J'ai laissé la neige se transformer en glace sur mon trottoir. Bonjour la patinoire, d'autant que ma maison est à un coin de rue, que l'eau gelée a fait un magnifique miroir dans l'angle! Heureusement que la peur du qu'en dira-t-on a été la plus forte. Mon voisin m'a prêté sa pelle, une binette et même son sac de gros sel.
Me voilà sauvé? Non, car au bout de 15 minutes à gratter la croûte épaisse, j'ai seulement libéré une petite partie du trottoir, et surtout, je me suis retrouvé tout essoufflé, mal au dos et courbaturé de partout. Ne vous étonnez plus qu'on s'en prenne à la neige; les gens ont perdu l'habitude physique et psychologique de lui faire face, de la combattre.
Bonne soirée.
La neige va-t-elle faire tomber le sénateur-maire de Saint-Quentin, Pierre André? Pas physiquement, bien sûr, mais politiquement? Depuis trois jours de froid et de verglas, il n'est question que de ça: la Sibérie s'est abattue sur la ville et les services municipaux ne seraient pas à la hauteur. Les automobiles pataugent dans la boue, les passants chutent sur les trottoirs. Pierre André va-t-il, lui aussi, chuter? A-t-on enfin trouvé la faille dans la carapace (de glace) de la droite locale?
D'abord, il faut replacer le problème dans son contexte national. Depuis quelques années, et de plus en plus, les Français ont peur du froid et s'étonnent des baisses pourtant normales de température en hiver. Normales? Mais oui, même quand elles sont fortes et qu'elles semblent exceptionnelles. Depuis que l'hiver existe, c'est-à-dire depuis très longtemps, il en a toujours été ainsi. De même qu'il est normal qu'en été, il fasse parfois très chaud jusqu'à étouffer. Je ne suis pas très vieux, mais j'ai connu une époque, il y a une trentaine d'années, où il ne serait venu à personne l'idée de se plaindre qu'il fasse froid en plein hiver.
Comment expliquer ces réactions irrationnelles de l'opinion? Je l'ai souligné à plusieurs reprises sur ce blog: la société de confort. Aujourd'hui, la chaleur est partout, dans toutes les pièces d'une maison. Quand j'étais enfant, les toilettes au fond de notre jardin n'étaient pas chauffées. Ça ne choquait personne. Surtout, nous ne supportons plus les inconvénients collatéraux, comme on dit aujourd'hui: électricité coupée, embouteillages sur les routes, trains bloqués, ... Comble de l'ironie, on nous parle sans arrêt de réchauffement climatique et on se les gèle!
Le Premier ministre s'est même mêlé à la polémique autour du froid glacial. Comme personne ne fait plus attention à lui et qu'il a besoin d'exister politiquement face à son président, il s'est donné un adversaire de taille, comme Don Quichotte chargeant ses moulins: le froid! Celui-ci étant en ce moment très impopulaire, Fillon compte en tirer quelques dividendes. Il a choisi de l'attaquer au pays du soleil, terrain de prédilection pour qui veut vaincre le froid. Le Premier ministre a donc, comme tout le monde, dénoncé les "déficiences" des services publics dans le Sud-Ouest. Gaudin, pourtant du même parti, a fait remarquer qu'à Marseille il neige une fois tous les vingt ans, que ce n'était peut-être pas la peine d'investir dans une armada de chasse-neige.
Mais retournons dans le Nord, à Saint-Quentin. Fillon pourrait-il faire de similaires reproches au maire? Le Courrier Picard d'hier a relaté les griefs des plaignants, au nombre de deux:
- "Dans les petites rues, ce n'est pas possible d'avancer. Certains grands axes sont dégagés, mais les rues adjacentes (...) c'est impossible". Je ne sais pas combien il existe de petites rues à Saint-Quentin, mais je suppose qu'elles sont nombreuses, et j'imagine mal les services de la Ville pouvoir les déneiger en deux jours seulement. Irions-nous vers une nouvelle lutte de classes entre grands axes privilégiés et petites rues délaissées?
- "Quand il a neigé, les rues étaient glissantes à Saint-Quentin. Par contre, dès qu'on arrivait dans les petites communes (...) ça se mettait à bien rouler". L'argument me fait tomber sur le cul, c'est le cas de le dire: comment peut-on comparer une petite commune, un gros village, avec une ville moyenne? Il est évident que l'une peut plus facilement dégager ses rues principales, beaucoup moins nombreuses, que l'autre (dans certaines petites communes, il n'y a qu'une grande rue).
Ce qui me sidère dans cette affaire de neige et de froid, c'est qu'on réduit la politique (la gestion de la cité) à quelque chose de purement technique (le sablage des rues). Pourquoi Pierre André aurait-il intérêt à mal faire, en ce domaine? J'ai beau chercher, je ne vois pas. Si c'est tout ce qu'on trouve à lui reprocher, c'est plutôt inquiétant pour la suite. Moi, ce que je veux, ce ne sont pas de petites récriminations techniques envers la Municipalité, mais c'est de lui opposer une véritable alternative politique.
Et puis, la neige, le froid, le verglas, je m'en fous. Quand j'étais enfant (mais oui, encore), dans le Berry, tout le monde enlevait la neige de son trottoir. C'était un geste normal. Pourtant, à l'époque (année 60-70), les mots de "citoyen" et de "citoyenneté" n'étaient pas à la mode. Aujourd'hui qu'ils le sont, on se comporte beaucoup moins en citoyens (taux d'abstention aux élections et neige laissée devant chez soi...). Mais il faut comprendre aussi que la société a changé. Qui a aujourd'hui une pelle chez lui? Peu de gens, finalement. Or il en faut une pour enlever la poudreuse et attaquer la glace.
Je prends mon cas. Moi qui vante régulièrement les vertus de la citoyenneté, je me dois d'être un bon citoyen, peut-être meilleur, plus exemplaire que les autres. Est-ce le cas? Bin non! J'ai laissé la neige se transformer en glace sur mon trottoir. Bonjour la patinoire, d'autant que ma maison est à un coin de rue, que l'eau gelée a fait un magnifique miroir dans l'angle! Heureusement que la peur du qu'en dira-t-on a été la plus forte. Mon voisin m'a prêté sa pelle, une binette et même son sac de gros sel.
Me voilà sauvé? Non, car au bout de 15 minutes à gratter la croûte épaisse, j'ai seulement libéré une petite partie du trottoir, et surtout, je me suis retrouvé tout essoufflé, mal au dos et courbaturé de partout. Ne vous étonnez plus qu'on s'en prenne à la neige; les gens ont perdu l'habitude physique et psychologique de lui faire face, de la combattre.
Bonne soirée.
8 Comments:
je n'aurais pas du tout analysé cela ainsi
mais j'imagine que ça ne vous surprendra pas.
By grandourscharmant, at 12:58 AM
Donnez-moi votre analyse, je vous dirais ou non ma surprise.
By Emmanuel Mousset, at 11:35 AM
visiblement vous étiez à l'essai et vous avez échoué.
Mon oeuvre pédagogique a été inutile,
ce que je pourrais vous expliquer,
vous n'etes pas capable de le comprendre et comme vous refusez d'apprendre.
D'une certaine façon,
vous avez démontré qu'un individu n'était pas apte à faire plus que ce dont il est capable,
quelque soit ses désirs
ou son enthousiasme.
J'ai toujours préféré le caviar aux chips et meme si ça en fait moins pour moi,
j'ai toujours préféré le partager.
Vous préférez les chips,
vous ne voulez pas partager.
Alors glorifiez vous tant que vous pourrez.
By grandourscharmant, at 7:09 PM
Je ne comprends rien à votre histoire de chips et de caviar. Mais y a-t-il quelque chose à comprendre?
By Emmanuel Mousset, at 7:29 PM
c'est gentil de confirmer que vous ne comprenez rien,
mais ce n'était pas indispensable,
c'est tellement évident.
concevoir pour pouvoir voir
By grandourscharmant, at 8:13 PM
Si je comprenais l'incompréhensible, ce serait inquiétant pour moi. Votre dernière phrase, par exemple, est incompréhensible. Faites attention, on pourrait finir par croire que vous êtes idiot.
By Emmanuel Mousset, at 8:47 PM
dans la mesure où le jugement irrévocable sur mon idiotie a déjà été rendu l'année dernière.
Votre dernière phrase sur mon idiotie supposée est bien incompréhensible.
Auriez vous oublié ce que vous avez déjà rendu comme décision sur le sujet car vous donneriez presque l'impression de l'avoir oublié.
C'est le problème quand on pense une connerie et qu'on l'écrit,
derrière, même si on la regrette, elle ne vous appartient plus et on est obligé de devoir l'assumer.
Quand à ma dernière phrase du post précédant,
inquiétez vous sincèrement,
elle est, on ne peut plus simple à comprendre
et pourtant totalement incompréhensible pour vous.
Je suis sur que vous refuserez d'y croire et pourtant ...
By grandourscharmant, at 10:56 AM
S'il faut maintenant un décrypteur pour vous lire...
By Emmanuel Mousset, at 12:04 PM
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