Les socialistes et le pouvoir.
Bonjour à toutes et à tous.
Si je vous dis que je n'aime pas le pouvoir et que je méprise ceux qui l'aiment, me croirez-vous? Cette proclamation n'est-elle pas contradictoire avec le militantisme politique, où l'on est censé se battre pour obtenir ou conserver le pouvoir? Non, bien sûr, et je vous explique pourquoi:
D'abord, je tiens pour acquise la "culture de gouvernement" qui est celle du Parti socialiste. On ne fait pas de la politique pour témoigner, mais pour diriger. A quoi bon avoir des idées, si on ne les applique pas? Je ne fais pas partie de ces hommes de gauche qui se méfient du pouvoir, qui croient que celui-ci est foncièrement corrupteur. Non, je ne crois pas, je pense au contraire que l'exercice du pouvoir est vertueux, pas vicieux: il forme aux responsabilités, rend lucide sur soi-même, développe une forme de sagesse. Le pouvoir ne rend pas fou, contrairement à l'avis de certains, le pouvoir rend fort.
Alors, pourquoi ne pas l'aimer? Comme le militaire fait la guerre: sans nécessairement l'aimer. Car aimer le pouvoir, c'est quoi? C'est ne rien aimer. On se fait beaucoup d'illusions sur le pouvoir. On croit qu'il peut tout. C'est évidemment faux. Il ne peut pas grand-chose. Lisez "Verbatim", d'Attali, et vous verrez combien Mitterrand, dans sa grande volonté, se heurtait à l'inertie de l'administration, qui limitait considérablement son pouvoir.
Attention: je ne dis pas que le pouvoir ne peut rien. Je conteste qu'il puisse tout, comme veut nous le faire croire Nicolas Sarkozy. De ce point de vue, sa présidence est catastrophique. Elle laisse croire qu'un homme seul à la tête de l'Etat, doué d'une formidable énergie, pourrait faire "bouger" le pays, dans le dédain et la critique des corps intermédiaires. C'est faux, archi faux. Une société bouge quand toute la société bouge, pas quand un individu, aussi génial soit-il, prétend faire tourner le monde.
Le pouvoir est une façade, une apparence, nous le savons bien. L'économie, l'argent, dans certains pays les armes, voilà les maîtres. La gauche ne doit pas idolâtrer le pouvoir, il ne le mérite pas. Ce n'est qu'un instrument, pas une finalité. Certains camarades jugent qu'il suffit d'accéder au pouvoir, que l'essentiel est là, que le reste vient en quelque sorte de surcroît. Non, quand on est de gauche, le pouvoir ne vaut que pour ce qu'on en fait. C'est pourquoi il ne faut pas le rechercher à tout prix.
Pour beaucoup, la pratique du pouvoir se réduit à une fonction de représentation. On se fait élire, on discourt, on inaugure, on lève la main quand il faut voter, on cause avec les électeurs pour se justifier, on applique les choix des administrations nationale ou locale, on suit les conseils des directeurs de cabinet et chefs de service, mais on ne change rien à sa ville ou à la société. La gauche ne peut pas valider une telle approche du pouvoir.
A mes yeux, faire de la politique, c'est tout bonnement faire, agir. Le pouvoir, dans cette perspective, est une conséquence, pas une finalité. Celui qui n'agit pas en dehors du pouvoir n'agira pas plus, pas mieux quand il sera au pouvoir. Etre au pouvoir, avoir du pouvoir, ce n'est pas la même chose. On finit par avoir du pouvoir à force d'agir. Le seul véritable pouvoir, c'est le pouvoir d'influence, qui résulte de l'action, quand celle-ci est pertinente, quand elle croise une vérité. Le pouvoir s'obtient à la longue, presque malgré soi, à force de vérité, pas de volonté.
Observez ceux qui aiment le pouvoir: ce sont des individus assez pitoyables, qu'un titre va ravir, qu'une médaille va faire chavirer. Les attributs du pouvoir sont la preuve qu'on n'a pas de pouvoir. Ce sont des hochets pour grands enfants. A la tête d'une grande association, je n'ai jamais voulu de bureau. Un ami un jour s'en étonnait devant moi. Avoir un bureau à soi, c'était pour lui un signe de pouvoir. Je sais que le pouvoir n'est pas derrière une table ou sur un trône, mais dans l'ascendant sur les autres, la capacité à les entraîner, à créer du collectif.
Bonne fin d'après-midi.
Si je vous dis que je n'aime pas le pouvoir et que je méprise ceux qui l'aiment, me croirez-vous? Cette proclamation n'est-elle pas contradictoire avec le militantisme politique, où l'on est censé se battre pour obtenir ou conserver le pouvoir? Non, bien sûr, et je vous explique pourquoi:
D'abord, je tiens pour acquise la "culture de gouvernement" qui est celle du Parti socialiste. On ne fait pas de la politique pour témoigner, mais pour diriger. A quoi bon avoir des idées, si on ne les applique pas? Je ne fais pas partie de ces hommes de gauche qui se méfient du pouvoir, qui croient que celui-ci est foncièrement corrupteur. Non, je ne crois pas, je pense au contraire que l'exercice du pouvoir est vertueux, pas vicieux: il forme aux responsabilités, rend lucide sur soi-même, développe une forme de sagesse. Le pouvoir ne rend pas fou, contrairement à l'avis de certains, le pouvoir rend fort.
Alors, pourquoi ne pas l'aimer? Comme le militaire fait la guerre: sans nécessairement l'aimer. Car aimer le pouvoir, c'est quoi? C'est ne rien aimer. On se fait beaucoup d'illusions sur le pouvoir. On croit qu'il peut tout. C'est évidemment faux. Il ne peut pas grand-chose. Lisez "Verbatim", d'Attali, et vous verrez combien Mitterrand, dans sa grande volonté, se heurtait à l'inertie de l'administration, qui limitait considérablement son pouvoir.
Attention: je ne dis pas que le pouvoir ne peut rien. Je conteste qu'il puisse tout, comme veut nous le faire croire Nicolas Sarkozy. De ce point de vue, sa présidence est catastrophique. Elle laisse croire qu'un homme seul à la tête de l'Etat, doué d'une formidable énergie, pourrait faire "bouger" le pays, dans le dédain et la critique des corps intermédiaires. C'est faux, archi faux. Une société bouge quand toute la société bouge, pas quand un individu, aussi génial soit-il, prétend faire tourner le monde.
Le pouvoir est une façade, une apparence, nous le savons bien. L'économie, l'argent, dans certains pays les armes, voilà les maîtres. La gauche ne doit pas idolâtrer le pouvoir, il ne le mérite pas. Ce n'est qu'un instrument, pas une finalité. Certains camarades jugent qu'il suffit d'accéder au pouvoir, que l'essentiel est là, que le reste vient en quelque sorte de surcroît. Non, quand on est de gauche, le pouvoir ne vaut que pour ce qu'on en fait. C'est pourquoi il ne faut pas le rechercher à tout prix.
Pour beaucoup, la pratique du pouvoir se réduit à une fonction de représentation. On se fait élire, on discourt, on inaugure, on lève la main quand il faut voter, on cause avec les électeurs pour se justifier, on applique les choix des administrations nationale ou locale, on suit les conseils des directeurs de cabinet et chefs de service, mais on ne change rien à sa ville ou à la société. La gauche ne peut pas valider une telle approche du pouvoir.
A mes yeux, faire de la politique, c'est tout bonnement faire, agir. Le pouvoir, dans cette perspective, est une conséquence, pas une finalité. Celui qui n'agit pas en dehors du pouvoir n'agira pas plus, pas mieux quand il sera au pouvoir. Etre au pouvoir, avoir du pouvoir, ce n'est pas la même chose. On finit par avoir du pouvoir à force d'agir. Le seul véritable pouvoir, c'est le pouvoir d'influence, qui résulte de l'action, quand celle-ci est pertinente, quand elle croise une vérité. Le pouvoir s'obtient à la longue, presque malgré soi, à force de vérité, pas de volonté.
Observez ceux qui aiment le pouvoir: ce sont des individus assez pitoyables, qu'un titre va ravir, qu'une médaille va faire chavirer. Les attributs du pouvoir sont la preuve qu'on n'a pas de pouvoir. Ce sont des hochets pour grands enfants. A la tête d'une grande association, je n'ai jamais voulu de bureau. Un ami un jour s'en étonnait devant moi. Avoir un bureau à soi, c'était pour lui un signe de pouvoir. Je sais que le pouvoir n'est pas derrière une table ou sur un trône, mais dans l'ascendant sur les autres, la capacité à les entraîner, à créer du collectif.
Bonne fin d'après-midi.
4 Comments:
Visiblement la façon de concevoir et d'exercer le pouvoir de MA a conduit le secrétaire nationale AV à démissionner
By grandourscharmant, at 1:54 PM
AV? Alain Vidalies. Je ne suis pas au courant. Mais comme vous êtes un éminent spécialiste de la vie interne du Parti socialiste (et manifestement complètement ignare sur l'UMP, votre parti), je vous fais confiance.
By Emmanuel Mousset, at 7:13 PM
vous etes plein d'humour en ce début d'année
cela vous ferait plaisir
mais ce n'est pas le camarade vidalies qui a démissionné mais le camarade valini
vous devriez le découvrir dans 3 mois quand vous lirez les journaux du début de cette semaine.
Le fait que je ne parle pas de l'ump ne signifie pas que je ne sais pas ce qu'il peut s'y passer.
mais à quoi bon vous en parlez,
déjà que ce qui se passe au ps c'est à peine si cela vous intéresse
alors l'ump...
By grandourscharmant, at 9:24 PM
Ah bon, je n'avais pas remarqué que je ne m'intéressais pas au PS. Quant à mon lapsus, c'est à cause de votre manie des initiales. Faites comme moi, allez jusqu'au bout de votre pensée, soyez explicite. Si vous le pouvez.
By Emmanuel Mousset, at 9:41 PM
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