L'Aisne avec DSK

25 février 2009

Cré non d'un buzz!!!

Bonjour à toutes et à tous.

L'humanité a connu pendant très longtemps le règne de la croyance, appuyé sur la religion, puis le règne de la connaissance, à l'époque moderne, fondé sur la science. La période contemporaine, c'est le règne de l'information, avec le triomphe des médias. Mais nous entrons à partir de maintenant dans une nouvelle ère, celle du buzz, qui repose sur la rumeur. Comme je ne suis pas très friand de ce mode de communication, il m'atteint assez peu. Cancans, commérages, bruits qui courent, je laisse courir.

C'est pourquoi je n'ai appris qu'hier, en regardant l'émission sur le Net "Arrêt sur images", que DSK avait été le roi involontaire de la toile, pendant quelques heures... il y a une semaine! Invité sur France-Inter au journal du matin, il a été croqué par un humoriste barbu que je ne connais pas et qui a ironisé sur les aventures extra-conjuguales de Strauss. Du coup, le patron de FMI, avant de parler de la crise économique mondiale (il était là quand même pour ça!), a répondu au barbu en lui reprochant sa "méchanceté", tout en reconnaissant aux humoristes "le droit et même le devoir" de faire leur métier.

Et alors, me direz-vous, où est le problème, où est l'affaire, où est le scandale? Nulle part ailleurs que sur la Toile, qui s'est mise à vibrer toute la journée, qui s'est emparée de ces dix secondes d'explication de DSK pour en faire tout un buzz. C'est bien sûr ridicule, dérisoire, insignifiant, mais je vous en parle pour ce que ce phénomène révèle sur notre société et l'état de l'opinion. J'en tire quatre leçons:

1- La forme prime sur le fond, l'anecdote sur le contenu. On ne sait même plus ce qu'a dit un responsable économique mondial sur une crise gigantesque, on ne retient qu'un petit incident de début d'émission.

2- La vie privée prime sur l'engagement public, la psychologie sur la politique, la morale sur l'action. Je ne sais pas si moralement DSK est condamnable parce que je refuse de me poser la question: ce qui m'intéresse, c'est ce qu'il dit, ce qu'il fait, pas ce qu'il est. Je suis à rebours de notre époque, c'est évident. Relisez tous les commentaires critiques qui s'affichent sur ce blog et que je prends soin de conserver. Vous en verrez très peu attaquer mon engagement social-démocrate mais beaucoup s'en prendre à ma personnalité, mon caractère, etc. Signe désolant des temps.

3- La dérision prime sur le sérieux. Bien sûr, l'humeur, l'ironie sont nécessaires à la vie et à la démocratie. A condition qu'ils ne deviennent pas la norme. Aujourd'hui, c'est fait, la dérision est la nouvelle morale en vigueur. Le barbu rigolo de France-Inter se présente comme plus éminent, par ses blagues, que le responsable du FMI, qui doit s'effacer devant lui. Le bouffon a pris la place du roi, du moins dans la tête des gens.

4- Les petits priment sur les grands. C'est le pseudo-progressisme de ce mauvais buzz: un comique a fait trébucher un puissant de ce monde, un représentant des forces de l'argent (j'essaie d'imaginer ce qui peut se passer dans les pauvres têtes!). C'est la révolution au niveau des cours de récréation, un populisme grossier qui ne débouche sur rien, sinon la satisfaction personnelle d'avoir joué un sale tour de gamin. Infantilisation de la société.

C'est ainsi, l'action politique doit désormais slalomer entre ces quatre impératifs médiatiques, moraux et sociaux. Certains responsables politiques choisissent même de surfer dessus. Je préfère quant à moi les ignorer.


Bonne matinée.

2 Comments:

  • Oui, DSk en fait les frais cette fois, mais n'a-t-il pas usé de ce pouvoir pour décrédibiliser Ségolène Royal? (vidéo diffusée sur internet) n'avez-vous pas participé à plusieurs reprises à certain Buzz par exemple en nourrissant la campagne sur le ridicule (pas politique) de la fête de la fraternité sans parler au fond que des milliers de militants étaient réunis malgré l'énergie sans commune mesure déployée par "les éléphants" du PS pour la "tuer" politiquement. Comme le Phoenix qui renait de ses cendres, elle est encore là, toujours active, écoutée par les français. Vous devriez vous interroger ! Je ne suis pas sûr que DSk, malgré ses qualités que je lui reconnait, serait aujourd’hui en capacité de porter cette espérance que les français attendent à travers un projet porté et une personne pouvant l’incarné (il faut du fond mais aussi de la forme, Sarkozy l’avait très bien compris).Même Martine a du se rendre à l'évidence au point de revenir sur sa mauvaise décision du début de son mandat de secrétaire, exaltée surement par les petits jeunes de l'UNEF Hamon, Julliard et les autres...contrôlée par les ex 1er ministre, ministre etc ... (comme dit Peillon une alliance impossible de Filloche à Rocard) Enfin, elle retrouve la sagesse en intégrant au conseil national du PS des talents de la motion E. Enfin, elle décide de se donner les moyens de réussir et de réunir le parti, j'espère seulement qu'il n’est pas trop tard, les français ont besoin d'une opposition, d’une alternance crédible et je sais qu'elle existe dans nos rangs encore faut- il que nous soyons unis pour être entendu! C’est comme ça que la droite a retrouvé le pouvoir (quand on voit ce qu'ils en font) c'est comme ça que nous le retrouverons. Je suis de plus en plus convaincu que le temps est proche, alors préparons nous le travail qui nous attend sera très dur.

    By Anonymous Anonyme, at 11:54 AM  

  • D'accord avec vous, bien sûr, sur l'unité nécessaire de TOUS les socialistes. Au niveau local, c'est ce que j'ai toujours défendu, sans être hélas suivi. Pourtant, l'union est la condition de toute victoire, surtout au niveau local.

    Par rapport à Ségolène, j'ai toujours discuté sur le fond de sa personne et de son projet, je me suis interdit tout buzz, toute rumeur.

    Sur DSK, chacun son point de vue, et c'est très bien comme ça.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 12:55 PM  

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