La fin d'une histoire.
Décidément, quelle semaine! La disparition de Pif-Gadget et l'auto-dissolution de la LCR! C'en est trop pour moi. Ne croyez pas que le rapprochement entre les deux événements soit incongru: Pif et la LCR ont été créés la même année, il y a exactement 40 ans, l'un dans la mouvance communiste, l'autre dans la mouvance trotskyste. Et en très peu de temps, le passage de l'enfance à l'adolescence, je passais d'une lecture à l'autre.
Je me souviens encore, c'était en 1972, 1973, j'avais entre les mains le quotidien "Rouge", un vrai journal révolutionnaire comme il n'en existe plus aujourd'hui. A côté de l'Huma, ça dépotait. Rien qu'à lire les témoignages détaillés des luttes ouvrières, on sentait la révolution montée. Je ne comprenais pas tout, mais ça me plaisait bien. Révolutionnaire! A cet âge-là, ça fait quelque chose... Plus maintenant.
Mais l'émotion m'est restée: drapeau rouge, Internationale, poing levé, etc. Quand j'apprends que la LCR c'est fini, ça me fait à nouveau quelque chose, comme en septembre à Merlieux, près de Krivine. Pourquoi alors je ne rejoins pas le NPA? Outre ma conversion au réformisme social-démocrate, je crois que le NPA n'a plus rien à voir avec la LCR, que nous assisterons vraiment ce week-end à la fin d'une histoire. La LCR, ces trois lettres magiques, c'était quoi, qu'on ne reverra plus?
1- La référence à des géants de l'Histoire, Trotsky et Lénine, dont la Ligue trimballait les immenses effigies dans les manifs. A vous donner la chair de poule de plaisir! Besancenot les a remplacés par Che Guevara, une figure à la mode, qui ne gêne plus personne, un poster pour ado. Non, ça n'a plus rien à voir avec mon Lénine et mon Trotsky des années 70.
2- La Ligue, c'était une milice qui se voulait ouvrière, des types casqués et armés de gros bâtons, qui castagnaient durs les flics et les fachos. Vu du Berry, c'était impressionnant, fascinant même. Ça donnait envie de les rejoindre, de taper à son tour (on est bête quand on est jeune!). Vous comprenez pourquoi, 35 ans après, je suis accablé par les actions des "crieurs" (voir le récent billet "Le cri qui tue").
3- La LCR, c'était enfin la révolution, la vraie, pas celle, pépère, des communistes (celle de mon grand-père, justement). Marchais, on sentait le rigolo, l'esbroufe, le faux ouvrier, prêt à pactiser avec les socialistes pour avoir des places, des postes, dans les municipalités, dans les ministères. Krivine, c'était du sérieux, de l'austère, il faisait penser à Trotsky jeune. Quand il dénonçait "la farce électorale", on sentait le révolutionnaire. Vous imaginez aujourd'hui Besancenot dire de même? Impossible, puisqu'il en fait désormais partie, de cette "farce électorale", qu'il en est même une vedette très en vue.
La Ligue, c'est donc fini, il va falloir s'y résoudre, une page est définitivement tournée. Mais la nostalgie est toujours idiote. Après tout, cette évolution est peut-être positive, et pour les trotskystes, et pour l'ensemble de la gauche. N'empêche que ça fait drôle de voir aujourd'hui, à Saint-Quentin, socialistes, communistes et différents trotskystes bras dessus bras dessous au conseil municipal. Moi, j'en suis resté aux bagarres entre partisans de Barta, Pablo et Lambert, la dénonciation violente des stals et des sociaux-traitres. Mais je suis peut-être à côté de la plaque, vieux jeu, hors jeu. Comme la LCR ce week-end.
Bonne soirée,
salut Krikri,
adieu la LCR.
Je me souviens encore, c'était en 1972, 1973, j'avais entre les mains le quotidien "Rouge", un vrai journal révolutionnaire comme il n'en existe plus aujourd'hui. A côté de l'Huma, ça dépotait. Rien qu'à lire les témoignages détaillés des luttes ouvrières, on sentait la révolution montée. Je ne comprenais pas tout, mais ça me plaisait bien. Révolutionnaire! A cet âge-là, ça fait quelque chose... Plus maintenant.
Mais l'émotion m'est restée: drapeau rouge, Internationale, poing levé, etc. Quand j'apprends que la LCR c'est fini, ça me fait à nouveau quelque chose, comme en septembre à Merlieux, près de Krivine. Pourquoi alors je ne rejoins pas le NPA? Outre ma conversion au réformisme social-démocrate, je crois que le NPA n'a plus rien à voir avec la LCR, que nous assisterons vraiment ce week-end à la fin d'une histoire. La LCR, ces trois lettres magiques, c'était quoi, qu'on ne reverra plus?
1- La référence à des géants de l'Histoire, Trotsky et Lénine, dont la Ligue trimballait les immenses effigies dans les manifs. A vous donner la chair de poule de plaisir! Besancenot les a remplacés par Che Guevara, une figure à la mode, qui ne gêne plus personne, un poster pour ado. Non, ça n'a plus rien à voir avec mon Lénine et mon Trotsky des années 70.
2- La Ligue, c'était une milice qui se voulait ouvrière, des types casqués et armés de gros bâtons, qui castagnaient durs les flics et les fachos. Vu du Berry, c'était impressionnant, fascinant même. Ça donnait envie de les rejoindre, de taper à son tour (on est bête quand on est jeune!). Vous comprenez pourquoi, 35 ans après, je suis accablé par les actions des "crieurs" (voir le récent billet "Le cri qui tue").
3- La LCR, c'était enfin la révolution, la vraie, pas celle, pépère, des communistes (celle de mon grand-père, justement). Marchais, on sentait le rigolo, l'esbroufe, le faux ouvrier, prêt à pactiser avec les socialistes pour avoir des places, des postes, dans les municipalités, dans les ministères. Krivine, c'était du sérieux, de l'austère, il faisait penser à Trotsky jeune. Quand il dénonçait "la farce électorale", on sentait le révolutionnaire. Vous imaginez aujourd'hui Besancenot dire de même? Impossible, puisqu'il en fait désormais partie, de cette "farce électorale", qu'il en est même une vedette très en vue.
La Ligue, c'est donc fini, il va falloir s'y résoudre, une page est définitivement tournée. Mais la nostalgie est toujours idiote. Après tout, cette évolution est peut-être positive, et pour les trotskystes, et pour l'ensemble de la gauche. N'empêche que ça fait drôle de voir aujourd'hui, à Saint-Quentin, socialistes, communistes et différents trotskystes bras dessus bras dessous au conseil municipal. Moi, j'en suis resté aux bagarres entre partisans de Barta, Pablo et Lambert, la dénonciation violente des stals et des sociaux-traitres. Mais je suis peut-être à côté de la plaque, vieux jeu, hors jeu. Comme la LCR ce week-end.
Bonne soirée,
salut Krikri,
adieu la LCR.
10 Comments:
parce que tout cela n'est pas qu'un plan com,
tout va disparaitre.
Pourquoi je n'arrive pas à y croire,
c'est la forme qui change pas le fond.
By grandourscharmant, at 11:04 AM
Pas de dissociation forme/fond. Quand la forme change, le fond est modifié.
By Emmanuel Mousset, at 1:30 PM
quand les raider sont devenus twix,
ce qu'il y avait à l'intérieur a radicalement changé,
pareil pour les treets devenues M&M's.
Je ne suis pas sur que le fond ait changé
si la forme elle a évolué.
By grandourscharmant, at 2:26 PM
Vous vous contredisez: vous donnez des exemples où les changements de forme ont provoqué "radicalement" des changements "à l'intérieur", puis vous soutenez le contraire.
By Emmanuel Mousset, at 11:05 PM
je crains que vous n'ayez pas compris la figure de style que j'ai employé,
utiliserai je un langage trop soutenu...
By grandourscharmant, at 11:17 PM
Les figures de style ne servent qu'à se casser la figure, et sans style.
By Emmanuel Mousset, at 7:35 PM
vous irez expliquer cela à vos collegues profs de français
eux visiblement avaient l'air d'y attacher de l'importance.
By grandourscharmant, at 9:49 PM
Je ne crois pas qu'on puisse réduire le français à ça.
By Emmanuel Mousset, at 2:06 PM
L'ignorer c'est se condamner à ignorer les subtilités de la langue et de l'esprit.
By grandourscharmant, at 2:19 PM
Je ne l'ignore pas, mais je n'en reste pas là.
By Emmanuel Mousset, at 7:51 PM
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