A côté de la plaque ?
Bonsoir à toutes et à tous.
Je lis avec profit, depuis quelques années, les réflexions de Zaki Laïdi. Je ne sais pas s'il est strauss-kahnien mais il n'en est pas loin. C'est un social-démocrate, un partisan d'une "gauche moderne". Il le réaffirme dans une tribune parue dans Le Monde le 8 juillet dernier, dont la lecture m'a vivement intéressé.
Depuis la défaite de la social-démocratie aux élections européennes, beaucoup dénoncent sa compromission avec le libéralisme, qui expliquerait l'échec électoral. Drôle d'explication ! Les peuples d'Europe auraient sanctionné la social-démocratie pour son libéralisme ... en votant pour les partis conservateurs et libéraux. Non, ça ne va pas, ce n'est pas logique. Pourquoi n'y a-t-il pas eu, lors du scrutin européen, de progression significative des partis communistes et d'extrême gauche ? L'explication par la soumission de la social-démocratie au libéralisme est donc extrêmement limitée.
C'est pourquoi l'analyse de Zaki Laïdi mérite toute notre attention. Elle vise essentiellement le PS français et ses manquements déjà anciens, qui sont au nombre de trois :
1- La chute du mur de Berlin, il y a exactement 20 ans, c'est l'effondrement définitif du communisme, qui aurait dû conduire les socialistes à rompre avec cette idéologie, puisque les peuples eux-mêmes la rejetaient. Or, selon Laïdi, le PS s'est réapproprié la rhétorique communiste au lieu de s'en séparer : "diabolisation sans nuance de la droite, préalable de l'augmentation des moyens à toute réforme, disparition de toute critique de l'Etat, réduction de l'action politique au volontarisme de ce même Etat, refus de voir que la gauche pouvait devenir un parti conservateur défendant avant tout les salariés protégés et négligeant par là même ceux qui souffrent des fortes barrières à l'entrée sur le marché du travail". Je trouve que c'est assez bien vu et assez bien dit.
2- La mondialisation, d'après Zaki Laïdi, a été mal abordée par les socialistes, à qui il reproche d'être restés à la traîne des altermondialistes, en succombant il y a dix ans à la mode Attac (aujourd'hui bien oubliée). Nous avons donné l'impression de refuser la mondialisation alors qu'il aurait fallu socialement l'aménager, nous avons parfois semblé accepter le protectionnisme alors qu'il fallait rendre la France plus compétitive sur le marché mondial.
3- la crise financière de 2008 a réactivé au sein du PS un discours hostile à l'ultra-libéralisme, alors que les gouvernements conservateurs, notamment en France, renonçaient à cette idéologie en adoptant des mesures de soutien au système bancaire, parfois des quasi nationalisations.
Bref, pour Laki Saïdi, le problème du PS, c'est qu'il est à côté de la plaque : il dénonce le libéralisme quand celui-ci n'a plus la cote, il récupère la rhétorique communiste au moment où cette idéologie s'effondre, il critique la social-démocratie de convergences avec la droite quand c'est la droite qui électoralement l'emporte. Je ne sais pas si tout est vrai dans cette analyse assez originale, mais c'est incontestablement un point de vue qui provoque la réflexion.
Bonne soirée.
Je lis avec profit, depuis quelques années, les réflexions de Zaki Laïdi. Je ne sais pas s'il est strauss-kahnien mais il n'en est pas loin. C'est un social-démocrate, un partisan d'une "gauche moderne". Il le réaffirme dans une tribune parue dans Le Monde le 8 juillet dernier, dont la lecture m'a vivement intéressé.
Depuis la défaite de la social-démocratie aux élections européennes, beaucoup dénoncent sa compromission avec le libéralisme, qui expliquerait l'échec électoral. Drôle d'explication ! Les peuples d'Europe auraient sanctionné la social-démocratie pour son libéralisme ... en votant pour les partis conservateurs et libéraux. Non, ça ne va pas, ce n'est pas logique. Pourquoi n'y a-t-il pas eu, lors du scrutin européen, de progression significative des partis communistes et d'extrême gauche ? L'explication par la soumission de la social-démocratie au libéralisme est donc extrêmement limitée.
C'est pourquoi l'analyse de Zaki Laïdi mérite toute notre attention. Elle vise essentiellement le PS français et ses manquements déjà anciens, qui sont au nombre de trois :
1- La chute du mur de Berlin, il y a exactement 20 ans, c'est l'effondrement définitif du communisme, qui aurait dû conduire les socialistes à rompre avec cette idéologie, puisque les peuples eux-mêmes la rejetaient. Or, selon Laïdi, le PS s'est réapproprié la rhétorique communiste au lieu de s'en séparer : "diabolisation sans nuance de la droite, préalable de l'augmentation des moyens à toute réforme, disparition de toute critique de l'Etat, réduction de l'action politique au volontarisme de ce même Etat, refus de voir que la gauche pouvait devenir un parti conservateur défendant avant tout les salariés protégés et négligeant par là même ceux qui souffrent des fortes barrières à l'entrée sur le marché du travail". Je trouve que c'est assez bien vu et assez bien dit.
2- La mondialisation, d'après Zaki Laïdi, a été mal abordée par les socialistes, à qui il reproche d'être restés à la traîne des altermondialistes, en succombant il y a dix ans à la mode Attac (aujourd'hui bien oubliée). Nous avons donné l'impression de refuser la mondialisation alors qu'il aurait fallu socialement l'aménager, nous avons parfois semblé accepter le protectionnisme alors qu'il fallait rendre la France plus compétitive sur le marché mondial.
3- la crise financière de 2008 a réactivé au sein du PS un discours hostile à l'ultra-libéralisme, alors que les gouvernements conservateurs, notamment en France, renonçaient à cette idéologie en adoptant des mesures de soutien au système bancaire, parfois des quasi nationalisations.
Bref, pour Laki Saïdi, le problème du PS, c'est qu'il est à côté de la plaque : il dénonce le libéralisme quand celui-ci n'a plus la cote, il récupère la rhétorique communiste au moment où cette idéologie s'effondre, il critique la social-démocratie de convergences avec la droite quand c'est la droite qui électoralement l'emporte. Je ne sais pas si tout est vrai dans cette analyse assez originale, mais c'est incontestablement un point de vue qui provoque la réflexion.
Bonne soirée.
8 Comments:
Alors quand c'est lui qui l'écrit,
vous lui accordez le bénéfice du doute.
Quand moi, j'explique la même chose,
je suis un anti-socialiste.
Mais après tout, c'est de ma faute,
quelle idée de vouloir avoir raison trop tôt.
C'est ça d'enfoncer des portes ouvertes, on va beaucoup plus vite
que ceux qui préfèrent se cogner la tète dans le mur.
By grandourscharmant, at 5:24 AM
Parce que, de fait, vous êtes anti-socialiste. Pourquoi voulez-vous que j'assimile une critique bienveillante à une démarche destructrice ?
By Emmanuel Mousset, at 9:21 AM
Sauf que vous me faites un proces d'intention,
en me jugeant sur les intentions que vous me prêtez
au lieu de juger la véracité de mes propos.
En agissant ainsi,
vous négligez ce que je dis
pour m'attaquer sur ce que je serais.
Mais comment pouvez vous savoir qui je suis vraiment si vous ne tenez pas compte de ce que je dis et de ce que je fais,
préférant vous cacher derriere le fantasme de caricature que vous avez de moi.
C'est de ça dont le PS est en train de crever,
votre paranoia,
vous n'écoutez pas les non-socialistes car ils ne sont pas socialistes donc comme ils ne sont pas avec vous,
ils sont contre vous,
vous n'écoutez pas les autres courant car ils sont dans d'autres courant donc pas avec vous,
mais contre vous.
Vous vous définissez par opposition, pas par adhésion.
Tous les socialistes ne sont pas ainsi,
mais vous êtes une caricature hostile à tous et à tout dans vos paroles,
dans vos actes, vous faites tout pour etre bien avec tout le monde,
une conférence avec la droite,
une visite à la fête des libertés,
...
Où est la cohérence ?
By grandourscharmant, at 9:39 AM
Le PS est incontestablement en retard, mais l'explication doit être cherchée dans son absence de positionnement.
Au lieu de défendre l'ensemble des Français, il se focalise sur les ouvriers au début de sa création. Il adopte ensuite le bla-bla marxiste, et se corrompt dans le recours à la violence en s'associant avec les communistes, préférant avoir une troupe nombreuse pour prendre le pouvoir avec Mitterrand, à une vision claire qu'il ne possède pas.
Durant le règne de Mitterrand, par la force des choses, virage à 180 % au niveau économique, qui rompt les liens avec la gauche de la gauche, mais toujours pas d'idéologie claire, on se rabat sur des "valeurs" de gauche, alors que le marché des valeurs, c'est la Bourse.
Jospin en bon gestionnaire néglige de proposer un rêve commun aux Français que l'on réaliserait dans le réel.
Martine Aubry invente les 35 heures sans proposer de nouveaux moyens pour enrichir le peuple, conséquence, on a des vacances, mais pas d'argent pour en profiter.
Michel Rocard invente le RMI, et l'UMP le transforme en RSA. À nous donc de surenchérir avec un salaire citoyen...
DSK permet de dégager nos idéaux de toujours, « Le bien-être pour tous, et l'augmentation de l'autonomie de chacun », mais amateur, se laisse doubler par une aventurière, adepte du marketing lessivier, qui va taper dans le mur.
Bref, les Français se méfient des socialistes, et ils ont bien raison.
By jpbb, at 10:53 AM
Vous ne cessez de dire que je suis un mauvais socialiste. Je ne suis ni un bon, ni un mauvais, je suis simplement socialiste. Certains camarades sont meilleurs que moi oui, mais d'autres pires.
Ma cohérence ? Mes paroles défendent le socialisme, surtout quand il est attaqué. Mes actes m'amènent à discuter avec tous (sauf l'extrême droite), parce que je crois que c'est ainsi qu'il faut faire de la politique dans une République. Il n'y a pas de contradiction là-dedans. Singularité paut-être, contradiction non.
By Emmanuel Mousset, at 10:53 AM
Bref, les Français se méfient des socialistes, et ils ont bien raison.
Non pas parce que ce soient de mauvais bougres, mais avec un fonctionnement erratique sur le fond : absence de vision et de projet, incapacité notoire à en reprendre un qui soit crédible sous prétexte que l'élaboration soit collective, bataille interne constante pour disposer des postes et avantages au détriment du but de l'action politique, avec une culture d'appareil qui étouffe toute possibilité de victoire, avec au final la victoire de la bêtise militante sur l'intelligence politique.
By jpbb, at 11:06 AM
Emmanuel, il ne faut jamais oublier les extrémistes de gauche sous prétexte d'un langage proche, le peuple lui s'en souvient, il n'est qu'à voir les scores du PC. La mémoire, ce n'est pas l'oubli.
By jpbb, at 11:11 AM
De fait, le peuple, et surtout les classes les plus populaires, n'ont aucune attirance pour l'extrême gauche. Ils en ont hélas parfois pour l'extrême droite.
By Emmanuel Mousset, at 12:34 PM
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