L'Aisne avec DSK

12 mai 2010

Je suis en colère.

Bonsoir à toutes et à tous.


Il y a des jours où je ne devrais pas lire la presse. Hier par exemple. Pourtant j'adore, mais ma sérénité peut en pâtir. Dans L'Aisne Nouvelle, je tombe sur ce titre-choc : "Claude Gewerc accusé de discrimination". Je me dis : pas possible, un camarade, capable de ça, et président du Conseil Régional par dessus le marché ! Sauf que ce n'est pas ce qu'on croit, c'est même le contraire : Gewerc ne veut pas que les élus Front National, parti discriminateur, représentent le Conseil Régional de Picardie dans différentes instances de l'enseignement et de la santé. Il a parfaitement raison, il en a le droit, c'est un choix politique et pas de la discrimination. Qui d'ailleurs l'accuse d'une telle ignominie ? Guiniot, le guignol facho du FN. Et pourtant, le titre laissait croire, pour quelqu'un qui ne poursuivait pas la lecture, que Gewerc avait de graves démêlés avec la Justice.

Dans le Courrier Picard, le président du Conseil Général de l'Aisne répond à Pierre André, qui s'est livré il y a quelques jours à une attaque en règle contre sa politique fiscale (voir mon billet de dimanche). Très bien, j'attendais une riposte ... mais pas celle-là : un petit pavé illisible, sans paragraphes, bourré de chiffres et de termes techniques, dont on ne retient politiquement rien. Le topo est une fiche pour élus ou administratifs, le simple citoyen n'y pige pas grand-chose. Les arêtes politiques ne sont pas saillantes. Pierre André a lancé une offensive au canon, il fallait répondre au bazooka et pas à la petite cuillère.

Surtout, rien n'est dit du problème central que le sénateur-maire de Saint-Quentin exploite habilement : la hausse éventuelle des loyers par les bailleurs sociaux. Yves Daudigny en reste aux collectivités et au bénéfice pour elles de la taxe d'habitation. L'électeur s'en moque : son problème, c'est le montant de son loyer ! Dans quelques mois, il y aura des cantonales dans le nord de Saint-Quentin, incluant le quartier Europe et une bonne partie de l'électorat de gauche : c'est à lui qu'il faut s'adresser en lui expliquant la position du Conseil Général à propos de cette histoire de fiscalité et de loyer. Sinon la droite s'en chargera, évidemment contre nous (à Laon Nord, un candidat UMP potentiel a déjà commencé, et Pierre André a ouvert la voie), nous ne pourrons qu'y perdre des voix. Si on en envie de reprendre ce canton, et c'est possible, il est plus que temps de passer à l'offensive !

Dernière chose qui me fout en rogne : Pierre André ne s'est pas contenté de critiquer vertement la politique fiscale du département, il a dénoncé tout aussi violemment le syndicat Valor'Aisne, avec le même argument que pour les loyers : les Saint-Quentinois vont payer ... à cause des socialistes ! C'est le jeu politique, qui n'est pas un parcours de tendresse. Mais que fait le président du syndicat ainsi attaqué ? Le Courrier Picard et L'Aisne Nouvelle l'ont sollicité, il a refusé de s'expliquer ! Thierry Lefèvre répondra, j'en suis certain, il a des arguments. Mais c'est maintenant qu'il fallait les exposer. Plus tard, nos concitoyens auront oublié ; ils ne garderont en tête que la version de Pierre André. La communication n'attend pas : c'est sur l'instant qu'il faut réagir ; après l'heure, c'est plus l'heure !

Je suis en colère de constater que ces évidences ne sont pas admises : si nous ne ne faisons pas de politique, si nous ne communiquons pas, si nous ne ripostons pas à la droite, comment pourrons-nous un jour gagner dans le Saint-Quentinois ? Sauf à croire que la victoire résulte d'un effet mécanique, qu'elle tombe toute cuite dans l'escarcelle, ce que je ne crois absolument pas. Ou bien il y a un autre explication, la plus terrible de toute, à laquelle je ne veux même pas penser : c'est que Saint-Quentin est abandonné à l'UMP, rayé de la carte des conquêtes possibles. Ça, je ne m'y résous pas.

Oui, je suis en colère, j'en veux à un peu tout le monde, la gauche et la droite, mon Parti et l'UMP, à ce qui se passe et à ce qui ne se passe pas, aux autres mais aussi à moi, surtout à moi, d'être incapable de changer le cours inéluctable des choses. Ça me passera. Il aurait suffi que je ne lise pas hier les journaux locaux pour conserver ma sérénité. Une colère se retourne toujours contre soi-même.


Bonne et paisible soirée.

4 Comments:

  • Pourtant un grand politique,
    c'est quelqu'un capable de faire changer les choses.
    Celui qui ne sait pas changer ce qui doit l'être,
    il ne sert à rien.

    By Blogger grandourscharmant, at 3:47 PM  

  • Je n'ai jamais dit le contraire. C'est vous qui me percevez à tort comme un "grand politique". Qui puis-je ? Je ne suis pas maître de vos admirations.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 6:41 PM  

  • Quand on a la prétention de se présenter comme le meilleur de son camp,
    qu'on aspire à de hautes fonctions électives,
    il me semble qu'on doit etre un grand politique ou tout au moins le prétendre.

    By Blogger grandourscharmant, at 12:06 AM  

  • "Hautes fonctions politiques", "grand politique", vous êtes dans l'excès. J'aurais fait un bon leader de l'opposition, j'aurais su entraîner et renouveler, susciter l'espoir. J'aurais fait mon job d'élu, j'en suis certain. Mais ça s'arrête là.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 1:06 PM  

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