L'Aisne avec DSK

26 juillet 2010

Nos derniers ennemis.


Bonsoir à toutes et à tous.


L'assassinat de Michel Germaneau nous rappelle que notre démocratie parlementaire et libérale n'a plus qu'un seul ennemi mortel, que nous désignons sous le terme de "terrorisme islamique". Dans la première moitié du siècle dernier, c'est le fascisme qui menaçait la République, puis dans sa seconde partie, et pour des raisons opposées, c'est le communisme bolchévique qui représentait un danger de dislocation et de perdition (du moins était-il perçu comme tel).

Ces idéologies, aussi périlleuses qu'elles soient, étaient précisément identifiées, à la différence de l'islamisme radical. J'entends parler de "criminels", "monstres", "primates", "barbares" et l'horreur de leur acte justifie ces réactions. Mais elles ne permettent pas de comprendre la nature du mouvement Al-Qaïda et du phénomène musulman intégriste, qui est profond et mondial. Que les armées occidentales et leurs services de renseignement, les plus puissants au monde, ne parviennent pas à juguler des groupuscules fanatiques a de quoi faire réfléchir.

La radicalité est une contestation de toutes les époques, un désir violent de renverser l'ordre des choses. Nous avons connu cela en Europe dans les années 70, avec l'ultra-gauche qualifiée elle aussi de "terroriste". Mais le mot ne suffit pas à saisir ce qui se passe. L'extrême gauche, le courant révolutionnaire se sont institutionnalisés, ses représentants, ses valeurs se sont largement intégrés à la société, ont perdu leur dimension subversive. Ce faisant, la fonction de radicalité est désormais investie par d'autres forces.

Ce qui gêne aussi notre compréhension et nous prépare très mal à l'affrontement, c'est que la radicalité d'aujourd'hui n'est plus politique mais religieuse. Or notre société est profondément sécularisée, étrangère à la religion et à ses mécanismes mentaux. La foi est souvent ramenée à une tradition un peu gnangnan autour du doux Jésus. On ne sait plus, dans notre société individualiste et matérialiste, ce que sont le désir de transcendance, le besoin d'éternité, la haine du monde, la force de la communauté, l'esprit de sacrifice, la violence de la foi.

La religion prospère pourtant sur ce terreau-là. Si nous ne renouons pas avec la connaissance de la croyance sous ses formes les plus extrêmes, nous resterons devant la stupéfaction douloureuse des événements et dans l'incapacité de lutter contre nos derniers ennemis planétaires.


Bonne soirée.

7 Comments:

  • les pires inventions de l'homme( dans l'ordre chronologique:la religion, l'argent et le rap)

    By Anonymous Anonyme, at 9:56 AM  

  • Pour l'anonyme : c'est peut-être oublier un peu vite que les grands cimetières sous la lune du XXème siècle ont été surabondamment remplis par des idéologies sans Dieu : le fascisme, le stalinisme et le colonialisme....

    By Blogger Ane-Vert, at 3:55 PM  

  • c'est du même tonneau au fond non?
    d'un côté une croyance: les croyants disent avoir LA VERITE et c'est pour eux la seule qui existe,cette croyance étant véhiculée par un systéme appelé religion
    de l'autre une idéologie:les communistes, fascistes..etc..en disent tout autant en installant des sociétés qui n'ont qu'une loi:celle du chef ( qui d'ailleurs s'identifie bien souvent à un dieu)

    By Anonymous anonyme de 9:53 AM, at 6:21 PM  

  • Si on suit votre raisonnement, la notion de vérité serait totalitaire. Un philosophe lui aussi croit détenir la vérité. Ce n'est pas dangereux pour autant. Le danger, c'est quand on veut imposer aux autres par la force la vérité. Quant à Dieu, avec lui on ne risque rien : étant invisible pour ceux qui y croient et inexistant pour ceux qui n'y croient pas, il ne peut absolument rien contre l'homme. On n'a pas de raison de le craindre.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 6:47 PM  

  • Vous etes membre du club DSK ?
    comment fait-on pour y adhérer ?

    By Anonymous Anonyme, at 8:33 PM  

  • Réponse dans le billet suivant, que je rédigeais pendant que vous faisiez votre commentaire.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:53 PM  

  • ah bon? le philosophe ne doute donc jamais? si l'on s'en rapporte à vous on comprend mieux le propos.
    Quant à extrapoler mon commentaire et lui faire dire que pour moi "la vérité est totalitaire" je trouve le raccourci un peu juste surtout venant d'un professseur de philo( je suis ancien enseignant).Pour ce qui est du reste, je vous suis: le danger est d'imposer SA vérité par la force mais cette force ne se résume pas à la contrainte physique; l'endoctrinement dès le plus jeune âge( la religion sait aussi parfaitement le faire que les socités totalaitaires), la désinformation, les promesses de vie éternelllle ou de grand soir participent à ce "décérébrage" cher au Père Ubu.

    By Anonymous anonyme du 9:56, at 9:30 AM  

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