L'Aisne avec DSK

06 août 2010

Les socialistes et la sécurité.

Bonsoir à toutes et à tous.


Dans la campagne sur la sécurité lancée par la droite, le Parti socialiste a eu une attitude exemplaire, maîtrisée, efficace et fidèle à lui-même. D'abord il n'est pas entré dans la provocation de Sarkozy, grosse comme une baraque : amener le PS à surréagir. Non, laisser parler, ne pas répondre à l'invite au débat de Bertrand à Aubry (et pourquoi pas sur le chômage, puisqu'on apprend aujourd'hui que l'industrie a perdu en 2 009 256 000 emplois ?). La gauche n'a pas à suivre les thèmes imposés par la droite, elle doit au contraire imposer les siens, les questions économiques et sociales.

Laisser parler ne signifie pas se taire. Aubry a très fermement rappelé nos principes et condamné non moins fermement la "dérive antirépublicaine" du gouvernement. Rocard, dans Marianne, a été d'une égale sévérité. Cette adéquation des réactions socialistes est à souligner, apprécier et encourager. Mais le rappel des principes, aussi nécessaire soit-il, ne suffit pas. Les problèmes de sécurité sont réels, ils ne doivent pas être abandonnés à la droite, d'autant que celle-ci est au pouvoir depuis huit ans et n'a pas donné en la matière des résultats flagrants.

Un forum sera consacré à ce sujet en fin d'année, afin d'avancer des propositions puisque celles de la droite n'ont pas fonctionné. Nous ne partons pas de rien, nous n'allons pas réinventer le monde. Quelques pistes s'imposent aux socialistes :

1- D'abord la priorité à la prévention, mettre le paquet sur l'emploi, la formation, l'urbanisme, parce que la délinquance et la violence sont la résultante des conditions sociales, qu'il faut s'attaquer aux causes profondes, que le repli exclusif sur la répression et l'autorité est un aveu d'échec, une virilité baratineuse sans effet.

2- Ensuite l'augmentation des moyens sur le terrain, la réhabilitation de la police de proximité honteusement décriée et remplacée par rien, mettre un terme aux coupes sombres dans la Fonction Publique (suppression d'un agent de l'Etat sur deux), privilégier la logique discrète du garde champêtre (surveiller, contrôler, dissuader) à la logique médiatique du CRS (réprimer une fois que le mal est fait).

3- Enfin agir avec intelligence, choisir avec discernement, ne pas rejeter systématiquement tout ce qui s'est fait avant au prétexte que c'est la droite qui l'a mis en place. N'agissons pas en miroir, en nous comportant comme la droite à l'égard de la gauche, c'est-à-dire en rejetant tout sans distinction. Jean-Jacques Urvoas, notre secrétaire national chargé de la sécurité, que je connais un peu (c'est un strauss-kahnien) et apprécie beaucoup, a eu aujourd'hui dans Libération une intervention déterminante, en demandant de faire le tri, de garder ce qui a fonctionné, de supprimer ce qui ne marche pas et de faire des propositions nouvelles.

Je me permets une remarque locale : quand le sénateur-maire UMP de Saint-Quentin Pierre André propose d'installer des caméras, quand il annonce dans la presse d'hier que la police municipale ne sera pas armée parce que la délinquance n'est pas si grande dans notre ville, pourquoi ne pas s'en réjouir, pourquoi ne pas l'approuver ? Nous aurons suffisamment d'autres raisons de ne pas être d'accord avec lui pour ne pas en rajouter. Il y va, j'en suis persuadé, de notre crédibilité, de notre sérieux, montrer aux Saint-Quentinois que nous ne sommes pas aveuglés par le sectarisme ni influencés par le gauchisme.

Je crois que le moment, pour le Parti socialiste, est historique, excusez ce superlatif. Nous avons rompu avec une culture faussement gauchiste, dénonçant à tort comme policier et quasiment fasciste le souci de sécurité, oubliant que les beaux quartiers en ce domaine n'ont pas de problèmes alors que ce sont les plus modestes qui sont les premières victimes de la délinquance. Sans renoncer à ce que nous sommes, en demeurant fidèles à notre humanisme et à notre républicanisme, nous avons su, Aubry, Rocard, Urvoas et quelques autres camarades, intégrer à notre réflexion la question de la sécurité. Jospin avait montré le chemin, odieusement attaqué par la droite et l'extrême droite. Aujourd'hui, nous creusons le sillon, nous avons abouti pour la première fois à une attitude raisonnable et crédible. Je souhaite évidemment que nous poursuivions dans cette voie.


Bonne soirée.