L'Aisne avec DSK

28 février 2007

Poids et mesures.

Bonjour à toutes et à tous.

Ce n'est pas qu'un fait divers, c'est aussi un fait de société, l'incident jugé "grave" entre l'animateur de télévision Jean-Luc Delarue et le personnel naviguant d'un avion. A cette occasion, j'apprends que les "incivilités" (c'est à dire la petite délinquance, pour parler clairement) sont en nombre grandissant lors des vols aériens. Pourtant, s'il y a un lieu où l'on ne s'attend pas à trouver de délinquance, c'est bien dans l'espace confiné et relativement confortable d'un avion (surtout en classe affaires!), dont les occupants sont rarement des banlieusards miséreux.

Bien sûr, Jean-Luc Delarue n'a ni incendié ni volé (il ne manquerait plus que cela!). Il a, sous l'emprise de l'alcool mêlé à des médicaments, agressé verbalement et physiquement des employés, avec atteintes sexuelles, et semé à tel point le désordre qu'il a fallu le menotter.
Si j'évoque cette affaire qui ne regarde que la Justice, c'est qu'elle confirme un point de vue politique que j'ai déjà exprimé sur ce blog: les "incivilités" ne sont pas le fait exclusif de jeunes des cités populaires à forte présence immigrée mais un mal, une détérioration du lien social qui atteint toute notre société et dont les banlieux ne sont que l'expression la plus spectaculaire.

Pourtant, sur RTL, à l'émission dont je vous ai parlé hier, des auditeurs se montrent étrangement indulgents envers Jean-Luc Delarue: un très long voyage, les effets du décalage horaire, le stress de l'avion, l'espace restreint, l'influence de l'alcool, le personnel pas toujours très aimable, etc, tout cela conduirait à atténuer la sévérité de notre jugement.
Non, non et non. Il ne peut pas y avoir deux poids deux mesures, le gamin qui brûle une voiture et qu'on sanctionne durement et la célébrité qui agresse et perturbe mais dont la condamnation serait beaucoup plus douce et compréhensive.

J'ajoute autre chose. Delarue est un animateur affable, courtois, attentif, un homme de dialogue dont l'excellente émission "Ca se discute" prône les vertus du respect, de l'ouverture et de la tolérance. Il y a donc une brutale contradiction entre l'image publique et le comportement privé. Ne lui jetons pas la pierre. Qui n'a pas fauté, qui n'a pas réagi excessivement, qui n'a jamais, comme on dit aujourd'hui, "pêté les plombs"?
Mais Delarue, parce qu'il est un homme public, parce que son émission est populaire, parce que les jeunes l'apprécient, se doit sinon de donner le bon exemple, du moins de ne pas donner le mauvais. Il doit, en ce sens, être plus exemplaire qu'un simple anonyme dont le comportement critiquable n'influence que les proches.

Je me souviens du "coup de boule" de Zidane qu'aucun homme politique n'avait à ma connaissance condamné sévèrement. "Ordre juste" à gauche, "tolérance o" à droite, si vous voulez, mais pour tout le monde.

Bonne journée, aimable et courtoise.

27 février 2007

Tyrannie des sondages.

Libération d'aujourd'hui consacre un dossier au rôle des sondages dans la campagne présidentielle. Intéressant. J'en tire trois enseignements:

- Cette campagne est la première du genre à instaurer un véritable régime des sondages se substituant au régime d'élections. Certes, les sondages ont toujours joué un rôle. Mais ils rythment désormais la campagne, en sont les pulsations. Cette situation nouvelle a commencé avec le référendum sur la Constitution européenne.

- Les sondages traduisent un climat d'irrationnalité politique (ou d'une rationalité inédite qui m'échappe largement). On peut être de droite et pencher pour Ségolène Royal, on peut être socialiste et se sentir attiré par Bayrou. On peut plébisciter Hulot et ne pas se reconnaitre en Voynet, on peut voter Le Pen en étant enfant d'immigré.
Ecoutez l'excellente émission "Les auditeurs ont la parole", sur RTL, du lundi au samedi, de 13h00 à 14h30, et vous aurez une non moins excellente idée de l'esprit irrationnel ou déraisonnable qui gagne une bonne partie de l'opinion. Mais je reste prudent et il n'est pas exclu que je me trompe, que je ne perçoive pas ou mal une nouvelle forme de bon sens.

- Contrairement à ce que beaucoup pensent, le système, via les sondages, ne manipule personne. C'est l'inverse qui est vrai: je l'ai déjà dit, les sondés prennent un malin plaisir à détourner et à retourner les questions. Les électeurs font durer le suspense. La moitié d'entre eux n'ont pas choisi ou peuvent encore changer d'avis. Non par hésitation ou faiblesse mais par force, celle qui consiste à demeurer jusqu'au bout libre de son choix. Tocqueville le disait déjà: la démocratie, c'est la tyrannie de l'opinion.

Bon après-midi.

Message à Erwan.

Message personnel:

Bonjour Erwan. J'ai bien reçu tes deux messages électroniques, mais impossible de répondre et de te joindre. Il y a manifestement quelque chose qui cloche du côté de l'adresse (les messages que je t'envoie ne partent pas!). J'attends tes explications.

Emmanuel

Hollande dans l'Aisne.

Bonjour à toutes et à tous.

François Hollande sera demain dans l'Aisne, Hirson, Laon puis Soissons où il tiendra un meeting. Des cars sont prévus au départ des grandes villes. Contactez la Fédération du Parti socialiste pour les itinéraires.

La mobilisation devra atteindre son maximum lors du meeting qui aura lieu à 19h30, salle Georges Brassens à Villeneuve-Saint-Germain, en présence notamment de Claire Le Flécher, candidates aux élections législatives dans la circonscription.

Ce sera le premier grand meeting de campagne des socialistes dans l'Aisne, d'où l'importance de son succès, si nous voulons impulser une dynamique dans le département.

D'autres rendez-vous sont programmés, à Château, Guise, Chauny, Tergnier, Vervins, avec la venue de Montebourg, Peillon, Ayrault,... Je vous en reparlerai le moment venu. L'arrivée de ténors nationaux dans l'Aisne est une bonne chose.

En attendant, réservez votre soirée de demain, pour Villeneuve-Saint-Germain, où j'espère vous retrouver très nombreux.

Bonne fin de matinée.

26 février 2007

Idéologie social-démocrate.

Bonsoir à toutes et à tous.

Mon dimanche a été studieux. J'ai rédigé une contribution "Contours idéologiques de la social-démocratie", que je peux adresser à toute personne soucieuse de participer au débat autour du Manifeste social-démocrate, sur lequel les amis de DSK vont travailler.

Pour vous donner une petite idée de l'état de ma réflexion, je vous en livre le sommaire:

A - Les leçons du passé.

1- Le communisme, gloire et tragédie.
2- La social-démocratie, socialisme réel et positif.

B - Les réalités du présent.

1- Libéralisme et antilibéralisme: effets de miroir.
2- La synthèse social-démocrate.
3- L'individualisme d'émancipation.

C - Les forces de l'avenir.

1- Le désir d'égalité.
2- Le rêve mondialiste.


Bonne soirée.

Rire, pleurer et comprendre.

Bonjour à toutes et à tous.

Qui a tenu meeting ce dimanche au coeur de la grande métropole ouvrière, Lille, dans ce nord qui est la patrie de la gauche? Qui a dénoncé les méfaits de la mondialisation et les affres du capitalisme financier? Qui a fait l'éloge des travailleurs, de leurs luttes, de leurs traditions, de leurs organisations? Qui a pris la défense des pauvres, des petits, des "obscurs", des "sans-grade"?

Arlette Laguiller? Normalement oui, ce sont ses accents révolutionnaires, mais c'est... Jean-Marie Le Pen. Décidemment, les valeurs, les hommes et les terres de gauche sont très sollicités dans cette campagne électorale. Après Sarkozy qui invoquait les esprits de gauche, Le Pen s'y met. Le spiritisme politique est la dernière mode.

Premièrement, nous rions: Arlette Le Pen et Olivier Sarkozy, nouvelle extrême gauche qui donne des leçons aux socialistes!

Deuxièmement, nous sommes plutôt fiers: si la droite et l'extrême droite vont braconner sur les terres de gauche, c'est qu'elles n'ont plus grand chose à dire de leurs propres traditions, rendant ainsi hommage à la vitalité et à la permanence des valeurs de gauche.

Troisièmement, nous sommes très inquiets: cette OPA est une terrible manipulation, un hold-up déstabilisant en direction d'une opinion publique perturbée dans ses repères politiques.

Alors que faire? Pour un socialiste, il y a un outil précieux et déterminant à utiliser: la vérité. Allons jusqu'au bout du discours de Le Pen ce dimanche à Lille. Après les imprécations à la mode "gauchiste", quelles sont les propositions? La révolution? La réforme? Le socialisme? Mais non, bien sûr: le nationalisme, la "préférence nationale", c'est-à-dire la machine à exclure et à broyer les premières victimes de la mondialisation, les immigrés, exploités d'un continent à l'autre. Et aussi, en matière économique, la baisse massive des impôts: merci pour les riches et tant pis pour la moitié des français qui ne paient pas d'impôts.

Spinoza, l'un de mes philosophes préférés, disait: "ne pas rire, ne pas pleurer, mais comprendre". Certes, mais l'envie de rire et de pleurer ne se commande pas.

Bonne matinée.

25 février 2007

L'Europe et les cabris.

Bonjour à toutes et à tous.

Vous vous souvenez de de Gaulle, dans les années 60, admonestant ceux qui s'agitaient "comme des cabris": l'Europe, l'Europe, l'Europe! L' Europe s'est depuis fortement unifiée, les pays adversaires se sont réconciliés, les économies se sont largement intégrées, et pourtant l'Europe est comme jamais "en panne". En panne de projets, d'idées, d'élan, d'ambition, de grands hommes.

Je n'ai pas le sentiment que la campagne présidentielle va y changer grand chose. La politique "extérieure" est rarement évoquée. DSK a lancé le débat il y a trois semaines dans un article du Monde. Les choses ont alors un peu bougé. Sarkozy a réagi quelques jours plus tard, en proposant une "union méditerranéenne" incluant les pays du Maghreb. Bien vue, l'idée rejoint celle de DSK, l'Europe de l'Arctique au Sahara. Sauf que cette "union" n'est pas politiquement définie et que Sarkozy, en refusant toujours l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne, ne rend guère crédible l'élargissement du continent.

Bayrou aussi a fait entendre sa petite voix européenne, sans non plus convaincre. Sa théorie, bien connue, c'est l'Europe des cercles, la géométrie variable: on poursuit l'Europe avec qui veut bien la construire, sur les sujets qui ne fâchent pas. Je ne crois pas à cette approche mathématique, l'Europe des "petits pas", alors qu'il nous faudrait des ailes de géants pour avancer. C'est dans la thermodynamique qu'il conviendrait de puiser les métaphores. L'Europe a besoin d'une puissante poussée, d'une force d'attraction considérable. Les potentialités sont présentes mais quasi inertes.

Côté socialistes, nous vivons sur le statu quo qu'ont engendré le rassemblement et le dépassement du oui et du non. Et puis, nous n'allons pas fâcher Chevènement qui nous a rallié! Avec ça sont tombés les chiffres de la croissance, plutôt rassurants pour l'Europe: 2,7%. Je dis "plutôt" parce que c'est beaucoup moins bien que les Etats-Unis, sans parler de la Chine. Le très inquiétant, c'est la croissance en France, 2%, loin derrière l'Allemagne et l'Espagne, économiquement dynamiques. Nous sommes en queue de peloton!

J'en viens à regretter ces "cabris" que dénonçait le Général.

Bon dimanche.

24 février 2007

Tous ego!

Il y a quelques mois, des camarades socialistes regrettaient le "bal des ego" au PS, constatant d'un air navré l'envie de Fabius, Jospin, DSK et quelques autres d'être candidats. J'ai retrouvé le même reproche à la "gauche de la gauche", quand Buffet, Bové, Braouzec et quelques autres aspiraient à représenter leur sensibilité. A droite aussi, cette critique a dû trainer lorsque Alliot-Marie, Dupont-Aignant, Bouttin ont songé briguer la magistrature suprême.

J'avoue ne pas comprendre ce fréquent procès en egotisme, tellement il est évident que pour faire de la politique à un haut niveau (et même parfois à un niveau moindre), il faut avoir un ego "surdimensionné". En bon français, c'est ce qu'on appelle l'ambition. Imaginez la tête qu'aurait faite Jules César, Napoléon Bonaparte et Charles de Gaulle en s'entendant reprocher leur ego "surdimensionné"! Pour ne pas parler de François Mitterrand, afin de citer un personnage qui m'est plus sympathique que les trois autres.

J'ai compris le sens de ce procès apparemment absurde en regardant des extraits de l'émission "J'ai une question à vous poser". Les participants (une centaine) sont plus importants que l'invité politique. D'ailleurs, qui est invité, lui ou eux? Le titre même de l'émission les place au centre, bien que la disposition spatiale les range autour de l'invité (celui-ci n'est-il pas ainsi cerné?). Surtout, ce sont les questions qui sont instructives: chacun parle de soi, pour soi. A la limite, les questions n'ont rien de politique, si par ce terme on désigne ce qui relève du collectif et pas de l'individuel.

Moralité: les citoyens se réservent le monopole de l'egotisme et ne supportent pas qu'un homme politique puisse à son tour en faire usage, et surtout pas ce bel et noble usage qu'on appelle l'ambition, désormais suspecte. Tous ego! voilà le mot d'ordre de la nouvelle démocratie, ce que les sociologues appellent la montée de l'individualisme.

Bonne soirée.


PS: A quand une émission "J'ai une réponse à vous donner"?

Arroseurs arrosés.

Ce que je retiens de la semaine passée? Bien sûr l'émission télévisée de lundi avec Ségolène Royal, qui a entrainé sa remontée dans les sondages. Je retiens parce que c'est réjouissant pour un socialiste mais inquiétant pour un citoyen. Quoi, il suffit d'une "bonne" prestation, de "bien passer" à la télé pour voir sa cote d'amour progresser! Aujourd'hui Ségolène, très bien... mais demain, qui? Si la forme prévaut sur le fond, où va la démocratie?

Il n'y a pas si longtemps, les analystes politiques expliquaient qu'un débat à la télévision, réussi ou raté, avait peu d'effets sur les résultats électoraux, chaque électeur gardant ses convictions, quelle que soit la performance de son candidat. Et si tout cela était terminé? Je m'en désole mais je devrais peut-être m'en réjouir. Les citoyens sont plus libres qu'avant, moins déterminés par leur famille ou leur sociologie.

Ceci m'amène à cela: la revue de presse de France-Inter m'a appris cette semaine que les sondés, lors des enquêtes d'opinion, sont de plus en plus incohérents dans leurs réponses. Quand les enquêteurs le leur font remarquer, c'est le rire assuré et une explication: les sondages nous manipulent, donc nous manipulons les sondages. Quel crédit alors leur accorder?

Bonne fin d'après-midi.

UDF+PS+Verts?

Bonjour à toutes et à tous.

Je reviens sur le phénomène (épiphénomène?) Bayrou et je fais trois remarques:

- A part la dénonciation du système politico-médiatique et l'appel à l'union nationale, je ne vois rien de remarquable ou d'original dans le "programme" de François Bayrou, rien qui ne justifie, en tant que socialiste, un engouement pour lui.

- Un homme de droite qui critique la droite, faut-il avoir courte mémoire pour s'en extasier! Giscard en son temps critiquait le gaullisme finissant, Chirac a prôné un "travaillisme à la française" contre le libéralisme giscardien, Barre s'est opposé à Chirac en 1988, Chirac a combattu Balladur en 1995. La droite a toujours généré des anticorps qui ne la détruisent pas mais au contraire la fortifient. Il en sera probablement de même avec Bayrou.

- Daniel Cohn-Bendit a appelé cette semaine à une union UDF-PS-Verts contre Sarkozy. J'apprécie le plus souvent les analyses audacieuses de Dany. Là encore, je réponds pourquoi pas? Au second tour, une telle coalition, centristes, écologistes, socialistes contre le candidat conservateur, me conviendrait tout à fait. C'est d'ailleurs ce qui se pratique dans de bonnes et vieilles social-démocraties.
Le problème, c'est que la question ne se pose pas aux socialistes mais à Bayrou. Accepterait-il d'entrer dans une telle configuration politique? Pour le moment, ce que je comprends de son message, c'est qu'il renvoie dos à dos la droite et la gauche, s'assurant ainsi le soutien des mécontents des deux camps. Mais ce n'est pas ainsi qu'on se construit une stratégie et une assise politiques sérieuses.

Bon samedi.

23 février 2007

Jospin contre Bayrou.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je n'avais pas hier soir tous les éléments quant au rassemblement des socialistes autour de Ségolène Royal. Je suis heureux aujourd'hui de compter Lionel Jospin parmi ce groupe des 13 qui se chargera d'animer la campagne. Kouchner, Aubry, Mauroy, d'autres, voilà une équipe resserrée, influente, compétente, qui ne pourra que faire du bon travail.

J'ajoute que la volonté rénovatrice de Ségolène Royal, qui a fait son succès auprès de l'opinion, ne s'en trouve nullement affectée. L'ancien et le nouveau peuvent et doivent cohabiter. C'est ainsi qu'on avance en politique, et que l'on gagne.

Il était temps de réaliser ce rassemblement car Bayrou monte (17%!) et grignote à gauche. Sa conférence de ce matin sur la "social-économie" est un gros clin d'oeil en direction de la social-démocratie, tout comme son souhait de prendre DSK comme Premier ministre. C'est bien joli de ne vouloir être ni de droite, ni de gauche, à moins que Bayrou ne veuille être les deux à la fois!Mais la question qui se pose, et qu'il faut lui poser, n'est pas là. En démocratie, il y a une majorité qui assume un bilan et une opposition qui présente une alternative. De ce point de vue, où se situe Bayrou? Certes, il critique fort l'actuel gouvernement, mais à part quelques infidélités montées en épingle, l'UDF a toujours voté depuis cinq ans avec la majorité. Et si Ségolène Royal est présente au second tour, comme c'est le plus probable, François Bayrou appelera-t-il à voter pour elle, comme il le devrait s'il était cohérent avec lui-même? Tant qu'il n'aura pas répondu clairement à cette question, je ne le prendrai pas au sérieux.

Et puis, avez-vous lu le programme de Bayrou? Vous n'y trouverez rien qui rappelle fondamentalement les valeurs de gauche. Non, Bayrou n'est qu'un centriste, c'est-à-dire un homme de la droite modérée, qui n'oubliera pas le moment venu de soutenir d'une façon ou d'une autre le candidat de son camp, ainsi qu'il l'a toujours fait jusqu'à maintenant.

Bonne nuit.

22 février 2007

Enfin le rassemblement!

Bonsoir à toutes et à tous.

Enfin, Jean-Christophe Cambadélis, lieutenant de DSK, a pu le confirmer aujourd'hui: DSK, Fabius et quelques autres seront intégrés dans le "conseil stratégique", équipe de campagne de Ségolène Royal. Il était temps, je l'ai souvent souhaité sur ce blog. Le drame en politique, c'est que les partisans les plus proches sont souvent, malgré eux, dans leur enthousiasme, des "courtisans". Notre candidate n'a pas besoin qu'on la flatte mais qu'on la soutienne authentiquement.

Le combat sera rude, le Parti doit être rassemblé, tous les courants doivent contribuer à la victoire finale. J'ai personnellement vécu, au niveau local, une campagne municipale faite d'exclusions, parce que ceux qui avaient été désignés pensaient pouvoir se passer de tous les autres. Et je sais à quel point c'est un signe de faiblesse, qui débouche sur l'échec, que de vouloir s'appuyer uniquement sur ses partisans. Psychologiquement, c'est rassurant, politiquement, c'est désastreux.

C'est bien que Ségolène ait compris qu'on ne réussit pas avec des soustractions mais avec des additions.

Bonne soirée.

21 février 2007

L'affaire Besson.

Bonsoir à toutes et à tous.

Faut-il en parler ou se taire? Est-ce un incident anodin ou un fait politique? La démission d'Eric Besson, suivie aujourd'hui d'une conférence de presse, me laisse interrogateur. Besson n'est pas connu du grand public mais il n'est pas rien au sein du PS: secrétaire national, chargé de l'économie et du chiffrage du projet. Il faut donc en parler, ne rien cacher, ne pas laisser l'adversaire répandre le doute au prêtexte de notre silence.

A lire le compte rendu de sa conférence de presse, je partage deux remarques avec Besson:

- Notre programme exige un chiffrage sérieux et complet. Nous ne pouvons pas ne pas nous prononcer, par exemple, sur les nouvelles recettes fiscales.
Mais le PS est déjà entré dans ce travail de chiffrage ( 35 milliards pour le coût), et de toute façon ce ne serait pas la première fois qu'un candidat socialiste se présente sans disposer d'un prévisionnel financier exhaustif!

- Ségolène Royal aurait tout intérêt, pour nous et pour elle, de faire venir à ses côtés ces fameux "éléphants" tant décriés et qui ne sont en réalité, à l'image de DSK, que des hommes d'Etat, anciens ministres, hauts dirigeants du Parti, qui ont en partage l'expérience et la compétence. L'attrait pour la nouveauté, la vogue anti-élite et la survalorisation de la "base", des simples citoyens, des "vrais gens" ont conduit à écarter tous ceux qui représentent le passé et le pouvoir.
Mais je ne suis pas choqué fondamentalement par le choix de Ségolène Royal. Disposant d'une forte majorité, elle est libre de ses choix, qu'elle a clairement exposés durant la campagne interne. Ceci dit, toute campagne électorale passe par le rassemblement.

En revanche, je désapprouve Eric Besson sur deux points:

- On peut penser ce qu'on veut de Ségolène, elle est notre candidate, nous avons le devoir de la soutenir et de ne rien faire qui puisse gêner sa victoire. Le départ fracassant de Besson ne va pas dans ce sens.

- Eric Besson ne se contente pas de critiquer Ségolène Royal, il renonce à la députation et quitte même le PS. Et là je ne comprends plus très bien. Ce n'est plus un désaccord avec la candidate, c'est une rupture avec le parti!

Restons sereins, l'affaire Besson ne pèsera pas lourd dans le résultat final. Mais demeurons vigilants, à l'écoute de tous nos camarades, n'excluant personne, respectant tout le monde et rassemblant les socialistes de toutes sensibilités.

Bonne soirée.

20 février 2007

Une femme de coeur.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je ne regarde plus la télé depuis le 1er janvier, c'est-à-dire depuis mon déménagement. J'ai profité de l'occasion pour me libérer de ma téléphilie excessive et consacrer le temps dégagé à la lecture. Tout ça pour vous dire que je n'ai pas vu hier Ségolène Royal sur tf1 mais qu'il est bon de recueillir les échos. Tous sont positifs, alors que l'émission était périlleuse pour notre candidate. Au contraire, elle s'en sort mieux, semble-t-il, que Sarkozy, rassemblant plus de télespectateurs que lui.

Le fond n'a rien appris de nouveau depuis le discours de Villepinte. La forme a été en revanche instructive, tant il est vrai que le fond et la forme sont solidaires. Ségolène, j'affirmais hier que c'était la femme d'ordre. Je dois ajouter, après l'émission (mais nous le savions depuis longtemps), que c'est une femme de coeur. Compassion, voilà le terme qui revient le plus souvent dans les commentaires de ce matin. Le moment d'émotion avec la personne handicapée deviendra sans doute un morceau d'anthologie politique et médiatique.

A nouveau, moi qui ne suis guère sentimental, je suis obligé d'admettre que la popularité de Ségolène Royal provient de ce fond de l'opinion contemporaine porté sur les sentiments, les émotions, la sensibilité. On n'a jamais autant pleuré à la télévision. Jospin le rationnel, on le disait "psycho-rigide", ne souriant jamais. Ségolène (qu'on a envie de n'appeler que par son prénom) est tout le contraire.

Bien sûr, la politique ne se réduit pas à cela. Mais cela, l'image dans laquelle une société se reconnait, compte plus qu'on ne le croit. Encore une fois, ce n'est pas mon truc, mais il faut comprendre le phénomène.

Bonne nuit.

19 février 2007

Une femme d'ordre.

Bonsoir à toutes et à tous.

Ségolène Royal va remettre de l'ordre dans son équipe de campagne. Et si elle nommait à ses côtés Fabius et DSK? Ca aurait de la gueule, non? Je ne sais pas quelles décisions elle va prendre, nous le saurons jeudi, et peut-être un peu ce soir, sur tf1, mais j'ai retenu sa formule: "Il faut en finir avec l'autogestion et rétablir la hiérarchie". Ségolène reste Ségolène, une femme d'ordre, et elle a bien raison puisque c'est ce qui fait son succès auprès de l'opinion.

L'autogestion! Le maître mot du socialisme dans les années 70. Encore une valeur de gauche que Ségolène Royal remet en question, au profit de la hiérarchie, concept d'une société d'autorité, de commandement et de subordination. Encore une fois, elle ne doit rien changer à sa stratégie, elle doit rester elle-même. Rien ne serait plus désastreux que de changer de posture au milieu du gué.

L'originalité de Ségolène Royal est dans cette synthèse entre le socialisme et les valeurs morales, que la société déboussolée réclame. DSK proposait une autre synthèse, qui emportait mon adhésion, le socialisme et le réalisme économique, mais qui n'a pas convaincu la majorité des socialistes. Battons-nous maintenant pour que le PS gagne.

Bonne soirée.

18 février 2007

Antifascisme toujours.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je suis allé vendredi soir à Pouilly-sur-Serre, à l'invitation de Jean-Michel Wattier qui organisait une réunion-débat autour de Christian Duplan, auteur il y a quatre ans d'un ouvrage de référence sur le vote Front National, "Mon village à l'heure Le Pen". Son village, c'est Aramont, dans le sud de l'Aisne, dont il fait un tableau sociologique et psychologique d'une grande finesse. Mine de rien, c'est un livre de haute politique, indispensable à tout militant de gauche.

De plus, Duplan est un type très sympa, modeste, que l'on a plaisir humainement à rencontrer (je l'avais fait venir il y a deux ans à St Quentin).

Comment lutter contre la menace toujours présente de l'extrême droite? C'est la grande question depuis bientôt 25 ans, sur laquelle on se casse les dents. Je fais une suggestion, que Duplan d'ailleurs ne partage pas entièrement: ne faudrait-il pas réactiver le vieil antifascisme, qui était autrefois une réaction naturelle, "viscérale" de la gauche?

Je m'explique. Vouloir débattre avec le FN pour le combattre, le banaliser en croyant dissiper sa force d'attraction, refuser de manifester lors de ses réunions au prêtexte de sa légalité, ne pas le "diaboliser", tout cela a échoué. Je dirais même que cela a "normalisé" le FN, lui a donné un vernis d'honorabilité. A force de se mettre à "l'écoute" des citoyens, au nom du respect de toutes les opinions, on a légitimé un courant d'idées détestable et dangereux. A force d'être obsédé par le "concret", on a oublié que les aspirations frontistes ne sont pas "concrètes" mais largement irréelles, irrationnelles, fantasmatiques et anxiogènes.

Je sais que la vogue du "participatif" ne va pas dans le sens de ma remarque. Mais je demande à chacun d'y réfléchir: l'opinion n'a pas nécessairement raison, d'autant qu'il s'agit d'une minorité, certes et hélas importante mais ne traduisant pas, heureusement, le sentiment général.

Ma suggestion, dont j'ai conscience des limites et qui ne saurait être exclusive, est de combattre l'adversaire sur son terrain, celui de l'idéologie, de l'imaginaire, des valeurs. Il faut réactiver les anciens mots qui demeurent en sommeil dans l'inconscient collectif, qui renvoient à la mythologie nationale: République, démocratie, antiracisme, antifascisme, droits de l'homme, égalité. Non, Le Pen n'est pas un homme politique comme un autre, oui, il faut décrédibiliser son organisation qui n'est pas digne de la République, qu'importe sa légalité.

Bonne soirée.

L'oeil du net.

Alain Duhamel, chroniqueur politique de longue date et de renom, est sanctionné pour avoir dévoilé, au cours d'une conférence en novembre devant des étudiants, qu'il voterait Bayrou. Je ne veux pas exagérer l'incident. Duhamel lui-même a reconnu son erreur (mais juge, avec raison, disproportionnée la réaction des media). Il continuera d'être présent sur RTL, mais sous une autre forme que la chronique politique.

Cependant, nous ne sommes pas devant un fait divers ou une pure erreur professionnelle. L'affaire a été révélée sur internet, en diffusant la parole incriminée (trois mois après!). L'oeil du net (on parlait jadis de l'oeil de Moscou) devient le juge suprême. Plus personne n'a droit à l'erreur, à la phrase malheureuse, à la confidence personnelle. En termes scolaires, nous dirions que le professeur Duhamel a été "sacqué".

Un néopuritanisme apparait: l'obsession de la perfection. La plus petite faute est impitoyablement traquée et dénoncée. Le net est d'ailleurs bien nommé: faire place nette, règne de la netteté, de la transparence, avec l'hypocrisie qui accompagne toujours cette mentalité. On accuse Alain Duhamel, honnête homme, journaliste compétent et consciencieux, on ne dit pas un mot de tous ceux, individus et media, qui travaillent souterrainement pour tel ou tel candidat.

La classe politique, si prompte à défendre la liberté, est restée étrangement silencieuse sur ce qui est arrivé à Duhamel. DSK le premier et le seul (Bayrou est intervenu après, mais il est bien sûr partie prenante) a dénoncé fort justement le "délit d'opinion" dont Duhamel est la victime.

Bon après-midi.

Mort d'un serviteur du crime.

Bonjour à toutes et à tous.

Je suis né à Saint-Amand-Montrond, une petite ville du Cher, où ma conscience politique s'est développée dans les années 70. Le maire de cette petite ville bien tranquille s'appelait alors... Maurice Papon, un monsieur pas du coin, venu de Paris, quelqu'un de bien disait-on, un homme sérieux et efficace, à tel point qu'il devint ministre du Budget de Raymond Barre, c'est vous dire...

Il y avait pourtant quelques ombres au tableau. Un cousin, venu lui aussi de Paris (Le Berry est fasciné par Paris), nous racontait en famille que Papon était "une vraie ordure" parce qu'il avait violemment et mortellement réprimé des manifestations dans la capitale durant la guerre d'Algérie. Et puis, au début des années 80, Papon est devenu tristement célèbre pour ce que vous savez, délaissant alors Saint-Amand, qui se serait bien passée de cette tragique notoriété.

Maurice Papon est une figure politique essentielle à méditer. Ce n'est pas un idéologue ni un fanatique, c'est un administrateur zélé, au service du pouvoir en place, Pétain, de Gaulle, Giscard. Pour un peu, on le prendrait pour un grand serviteur de l'Etat, à constater son sens de la discipline, ses aptitudes à l'organisation, sa discrétion. La vérité, qui n'est plus à démontrer puisque les historiens et la Justice l'ont fait, c'est qu'il fut un grand serviteur du crime. Retenons cette leçon: il y a des vertus apparentes qui peuvent se mettre au service du pire.

De ce point de vue, Jacques Chirac a eu raison contre de Gaulle et Mitterrand. Le régime de Vichy a certes aboli la République mais pas l'Etat. Celui-ci, dans ses grandes tendances, dans ses multiples administrations, s'est mis au service de l'occupant. La contrainte ne change rien à la condamnation que l'on doit en faire, que Chirac a été le premier grand politique à faire.

Hier soir, à l'heure où Papon disparaissait (mais le déshonneur l'avait fait disparaitre depuis bien longtemps), j'animais un café philo à Soissons sur le thème: "d'où vient le mal?" Nous avons parlé de la banalité du mal, du pouvoir et du mal, etc. Nous ne savions pas encore que nous étions au coeur de l'actualité.

Bon dimanche.

16 février 2007

Lucidité: rien n'est joué.

Bonsoir à toutes et à tous.

Alors que la campagne est entrée dimanche dans le vif du sujet, c'est-à-dire projet contre projet, il ne faut céder à aucun mirage, aucun pessimisme, aucun triomphalisme. La politique doit fonctionner à la lucidité. Sarkozy, de voyage à La Réunion, déclare qu'il "sent bien" cette campagne. Le ton est sans ambiguité, il nous dit qu'il va gagner. Mais rien pourtant n'est joué.

Qu'est-ce que la lucidité oblige à reconnaitre? La gauche, toutes tendances confondues, est dans les sondages à 40% au 1er tour, son plus bas niveau depuis 1969. Il faut en avoir conscience. Ce n'est pas qu'une question de chiffres mais de fond. Dans un livre récent, "A droite toute", Eric Dupin développe une thèse qui m'est chère: la société française est soumise depuis quelques années à une puissante vague de droite. La défaite de Jospin, alors que son bilan était largement positif, était un signe, vite masqué par les victoires socialistes en 2005, aux régionales et cantonales, qui ont manifesté une exaspération sans réelles conséquences politiques mais certainement pas une adhésion à la gauche. La victoire du non en 2006 a contribué à faire croire en une "vague antilibérale" là où ne s'exprimait que le refus d'un texte pour de multiples et confuses raisons.

La France est traversée par un mouvement de contestation dont le fond est beaucoup plus droitier que gauchiste.

La lucidité nous oblige à reconnaitre une deuxième chose. Hormis 1988, jamais un candidat socialiste n'a obtenu d'aussi hautes intentions de vote au 1er tour. Ségolène Royal oscille actuellement entre 26 et 28%. Même si une baisse a eu lieu, le niveau reste très bon. Alors, où est le problème? Dans cette gauche non socialiste qui voit ses scores fondre comme neige au soleil, les communistes, les écologistes et l'extrême gauche. Je mets de côté cette dernière, qui a toujours combattu les socialistes. En revanche, communistes et écolos font partie de la majorité de gauche sans laquelle il n'y a pas de victoire possible. Les uns et les autres stagnent à 2%. Pour le PCF, rien de très étonnant: son idéologie ne semble plus adaptée au siècle. Les Verts eux, on le voit avec l'engouement pour Nicolas Hulot, exprime une préoccupation contemporaine.

J'ai toujours pensé que la bataille contre Sarkozy serait difficile, avec Royal ou avec DSK, et je l'ai écrit sur ce blog. Mais j'ai toujours pensé aussi que l'opinion publique était plus versatile que jamais, qu'en ce sens rien n'est joué.

Bonne soirée.

15 février 2007

Tapie le retour.

Bonsoir à toutes et à tous.

Bernard Tapie est de retour, en tout cas sur RTL ce matin. Sur la présidentielle, il a été plutôt confus. Il reconnait des qualités à Ségolène Royal mais la juge inexpérimentée. Il trouve que Bayrou dit des choses vraies mais n'exclut pas de soutenir Sarkozy. Si DSK avait été choisi, il l'aurait sans problème défendu. J'en suis fort aise, mais avec des si, que ne ferait pas Bernard Tapie?

Ce que je crois, c'est que la grande gueule cache un homme prudent qui annoncera son choix définitif... fin mars. Sans doute lorsque les sondages indiqueront plus clairement qui va l'emporter. Derrière des airs bravaches, il y a plus sûrement un manque de courage, un refus du risque. Car chacun peut prendre partie dès maintenant, les programmes sont connus, les candidats aussi. L'incertitude, ce sont les résultats. Tapie ne veut pas injurier l'avenir. Mais on sent sa préférence: Sarkozy.

Sinon, que propose Tapie:

- Que le désendettement de la France soit inscrit dans la Constitution. L'intention est louable, le problème est majeur mais sa solution ressemble à une facilité, pour ne pas dire à une pirouette. Car c'est un règlement économique qu'on attend, pas juridique. La Constitution française proclame le droit au travail... ce qui n'empêche pas les millions de chômeurs.

- Que le capital qui s'investit dans la production ne soit pas taxé, au contraire de celui qui alimente la rente. Je suis d'accord, mais on fait comment?

Tapie est de retour, oui, mais c'est un retour raté.

Bonne nuit.

14 février 2007

L'an 40.

Bonsoir à toutes et à tous.

Hier, sur France-Inter, le matin, des intellectuels étaient conviés à disserter sur l'élection présidentielle. Du beau monde: BHL, Max Gallo, Michel Onfray,... J'ai pris en cours d'émission, et c'est l'intervention de Gallo qui a retenu mon attention.

Lui qui fut porte-parole du gouvernement Mitterrand, pourfendeur en 1983 du "silence des intellectuels", puis chevènementiste ardent, le voilà aujourd'hui séduit par Sarkozy, dont l'atlantisme ne semble pas le gêner. Passons. De toute bonne fois, comme avec Glucksmann il y a quelques jours, j'ai essayé de comprendre.

Et voilà ce que j'ai compris: Gallo souhaite, face à l'ampleur de la crise nationale, un gouvernement d'union nationale, du Bayrou à la sauce UMP, plus relevée. Comme en 1940, suggère Max. Et là, je comprends surtout qu'un intellectuel n'est pas nécessairement un homme intelligent. Car quels rapports directs et fondamentaux voyez-vous entre 1940 et 2007? Moi aucun.

Bonne soirée.

PS: j'apprends ce soir que José Bové sera entouré par 20 porte-parole. Je n'ai pas pu m'empêcher d'éclater de rire.

13 février 2007

La poutre et la paille.

Bonjour à toutes et à tous.

Les réactions de la droite après le discours de dimanche de Ségolène Royal me réjouissent. Elles dénoncent l'absence de financement des 100 propositions de notre candidate. Il est vrai qu'en bon social-démocrate adepte du réalisme économique j'apprécie qu'un programme soit assorti de son financement. Néanmoins, la droite me réjouit dans sa critique, pour trois raisons:

- En déplorant l'absence de financement, reproche exclusif, elle prouve qu'elle n'a rien d'autres contre ce programme, qu'il est par conséquent un bon programme.

- Lorsque ce programme sera chiffré et financièrement abondé, ce que Ségolène Royal fera bien évidemment mais dans un second temps, la droite n'aura plus qu'à s'en féliciter, ce qui ne saurait tarder.

- Nicolas Sarkozy a-t-il exposé les recettes financières de son projet, et notamment les compensations aux baisses d'impôts qu'il promet? Non plus. La droite se tire donc une balle dans le pied.

Je parlais hier soir de morale. J'ai envie aujourd'hui de rappeler la parabole évangélique de la poutre et de la paille dans l'oeil.

Bonne soirée.

12 février 2007

Questions de morale.

Bonsoir à toutes et à tous.

Dans les années 80, à la suite des succès de SOS-Racisme, on a beaucoup parlé d'une "gauche morale", souvent de façon péjorative. En regardant hier sur internet Nicolas Sarkozy à la Mutualité devant ses comités de soutien, je me demandais s'il n'y a pas maintenant une "droite morale". Le candidat de l'UMP a dit en effet que sa campagne serait celle des "valeurs". Fort bien, la morale est une très jolie chose, mais de quelle morale et de quelles "valeurs" s'agit-il? Car le problème avec la morale, avec toute morale, c'est qu'elle se prétend universelle, ce qui interdit de la contester, mais il est flagrant que chacun a la sienne.

Donc, quelle est la morale de Monsieur Sarkozy? Elle s'appuie essentiellement sur la "valeur travail". Voilà les leçons principales qu'elle administre:

- Au rmistes, elle dit que ce n'est pas bien d'être un assisté, qu'il faut une activité contre une allocation. Mais justement, le rmiste recherche le plus souvent une activité, qu'on appelle un emploi, et qu'il ne trouve pas. Alors, comment faire? Inventer une activité, n'importe quoi, pour que le rmiste paie son dû à la société? Et si la société était un peu responsable de la situation du rmiste? (il faut penser à tout quand on choisit de s'intéresser à la morale).

- Au chômeur, la morale de Monsieur Sarkozy demande de retrouver assez vite un emploi, et de ne surtout pas refuser celui qu'on lui propose. Mais le chômeur a-t-il le droit d'avoir des exigences? Et surtout, l'économie ne devrait-elle pas créer pour lui des emplois conformes à sa formation? Au lieu de commencer par la morale, ne faudrait-il pas commencer par l'économie?

- Au smicard, la morale du candidat de la droite conseille vivement de travailler plus et même dur pour gagner un peu plus d'argent. Mais si le smicard travaille déjà beaucoup, ou simplement normalement, correctement, est-il normal (et moral) qu'il soit obligé d'en faire plus qu'un autre pour vivre décemment?

Voilà ce qui arrive, Monsieur Sarkozy, lorsqu'on s'aventure sur le terrain vertueux mais vermoulu de la morale.

Une dernière chose: votre morale, pourquoi la réservez-vous à ceux d'en bas? Oh bien sûr, vous avez une fois parlé des "patrons voyous". Moi, je parle de ceux qui gagnent énormément d'argent sans que cela soit vraiment justifié par leur travail. Je n'ai rien contre eux mais je vous prends à votre propre jeu: pourquoi, à eux, vous ne faites jamais la morale?

Bonne nuit, et faites de beaux rêves... moraux.

Le secret de S.R.

Bonjour à toutes et à tous.

En regardant hier sur internet le discours de Ségolène Royal dans son intégralité, j'ai été frappé par un moment de ce discours, celui où le public a été littéralement "pris", où les applaudissements ont été les plus nourris, où l'émotion est puissamment passée. C'est lorsque Ségolène, abordant le chapitre de la crise de société, l'éclatement des valeurs, l'égarement de la jeunesse, a proclamé, la gorge nouée: "je sais, en tant que mère, que je veux pour tous les enfants qui naissent et qui grandissent en France la même chose que pour mes enfants".

La formule a été prononcée sans lire ses notes, avec authenticité, à tel point que son déjà légendaire sourire avait disparu. C'est quand Ségolène Royal ne cherche pas à séduire qu'elle est la plus convaincante. Quelque chose de sérieux, et même de grave, a alors traversé l'assistance. Comment appeler cela? Disons la crise morale que traverse la société française, le sentiment d'insécurité qu'elle éprouve souvent. Ségolène a catalysé ce sentiment, elle exprime cette détresse. C'est d'ailleurs ce qui explique sa fulgurante conquête de l'opinion puis son irrésistible ascension au sein du PS.

Personnellement, je me sens étranger à une pareille crise, je suis bien dans ma peau et bien dans la société, plutôt confiant et optimiste quant à l'avenir de la France. Mais je dois bien reconnaitre que ce n'est pas le cas pour nombre de mes concitoyens (je précise que ce n'est pas une question de statut social ou de sécurité matérielle; les classes moyennes, relativement protégées, sont atteintes elles aussi par cette dépression sociale).

Ségolène Royal a compris cela et y répond, à sa façon, qui m'est de nouveau totalement étrangère, mais là encore je suis obligé de reconnaitre sa pertinence et son efficacité. J'en reviens à la fameuse formule: aurait-on imaginé, il y a 20 ou 30 ans, qu'une foule socialiste se leverait d'enthousiasme à l'évocation de la maternité et de la parentalité comme gage de bonne politique? Que s'est-il donc passé dans notre société pour en arriver à une telle nouveauté?

C'est assez simple. Lisez les magazines, regardez la télévision, observez autour de vous: partout la vie privée, l'intimité, la sphère des sentiments l'ont emporté. Ségolène Royal accompagne cette évolution, que symbolise sa situation de mère confrontée à l'éducation des enfants. Je n'explique pas autrement la vague d'émotion qui a soulevé la foule à Villepinte, quand il a été question de la mère et des enfants.

Le secret de Ségolène Royal, c'est celui-là, dont la vérité peut la porter jusqu'à l'Elysée.

Bonne fin d'après-midi.

11 février 2007

Ségolène présidente!

Bonsoir à toutes et à tous.

Ce 11 février était attendu, tellement que certains socialistes le redoutaient. Ségolène Royal n'aura pas déçu ni trébuché. Au contraire, ce jour fera date dans la campagne. Notre candidate a vraiment atteint aujourd'hui sa dimension présidentielle. Pour plusieurs raisons:

- Son discours a énoncé un véritable programme, 100 propositions, qui forment une réelle alternative à la droite.

- Ce programme s'est recentré sur les valeurs de la gauche. Un seul exemple: la carte scolaire sera redécoupée et non plus assouplie.

- Ségolène Royal a commencé par où on ne l'attendait pas, l'économie et le poids de la dette publique, tant il est vrai qu'on ne peut rien faire sous la contrainte budgétaire, idée chère à DSK.

- La dimension présidentielle s'est confirmée en abordant les questions internationales, dont je déplorais l'effacement, récemment sur ce blog. Ségolène a affirmé qu'il fallait que la France revienne autour de la table européenne et a défendu avec force les droits de l'homme, de Pékin à Moscou.

Le tout a été mené, deux heures durant, avec fougue, panache, émotion, sérieux, sans mauvais lyrisme ou basse démagogie. La campagne a pris la vitesse supérieure. Désormais, avec Ségolène Royal, tout devient possible, comme dirait Sarkozy. C'est projet contre projet, gauche contre droite, PS contre UMP, Royal contre Sarkozy.

Bon courage à tous, bonne campagne.

Le manifeste social-démocrate.

Bonjour à toutes et à tous.

Je vous avais parlé, en décembre, d'un "manifeste social-démocrate" que doit rédiger DSK afin de préciser les contours idéologiques et politiques de notre courant. Ce texte sera le produit d'une réflexion collective qui commence ce mois-ci. Un blog a été spécialement créé pour que vous fassiez part de vos réflexions (allez sur le blog DSK puis cliquez). Une première contribution, signée Alain Bergougnioux et Laurent Baumel, est soumise à vos réactions.

Pour ma part, je compte présenter quelques idées personnelles sur la social-démocratie. Si vous-mêmes avez des choses à dire, vous pouvez les exprimer sur mon blog, nourrir un débat entre sociaux-démocrates (de l'Aisne et d'ailleurs). Autre façon d'intervenir: envoyez vos remarques à dsk@gauche-en-europe.org

Voilà, à vous maintenant d'enrichir la réflexion collective et de montrer à nouveau que les amis de DSK n'ont jamais été un cercle d'allégeance ou une "écurie" présidentielle mais un vrai courant de pensée (le dernier et le seul au PS?)

Une dernière chose: Sylvain me rappelle que le discours de Ségolène Royal sera diffusé en direct sur LCP (qu'on peut consulter sur internet) à 14h15. Regardez, ce sera un moment important de la campagne. Et si vous acceptez de sacrifier une partie de votre déjeuner, regardez aussi Sarkozy sur la même chaîne à 12h45. Il est aussi important de connaitre les arguments de l'adversaire si nous voulons efficacement le battre.

Bon appêtit et bon dimanche.

10 février 2007

Vive l'impôt juste!

Bonsoir.

DSK a rendu jeudi le rapport sur la fiscalité que lui avait demandé Ségolène Royal. Le texte fourmille d'idées et de propositions. Du Strauss-Kahn pur jus! J'en retiens quelques-unes:

- La remise en cause de la taxe d'habitation, impôt le plus injuste qui soit, qui devrait être calculée à parir du revenu et non de critères dépassés et parfois fantaisistes.

- L'annulation des baisses d'impôts pour 1% des ménages en haut de l'échelle fiscale, ces fortunés qui profitent des réductions programmées par la droite en 2002, qui favorisent la rente plus que l'investissement.

- Le maintien de l'ISF ( tant pis et tant mieux pour les pleureuses qui s'apitoient sur le petit propriétaire de l'ile de Ré, assujetti à cet impôt parce que son bien a prospéré, cas particulier et quasiment anecdotique dont se sert la droite pour discréditer l'ISF).

- Le maintien des droits de successions, que Sarkozy veut carrément supprimer (bonjour l'explosion des inégalités, lorsque l'on sait que celles-ci se nichent plus dans le patrimoine que dans le revenu).

- L'instauration d'une contribution frappant tout français s'expatriant et échappant ainsi à l'impôt national, bien qu'ayant profité des services publics financés par cet impôt, notamment le système scolaire gratuit. On reconnait là une réponse à la récente affaire Johnny et au soutien de son "ami" Sarkozy. Proposition qui n'est que justice.

Nous verrons demain ce que Ségolène Royal retiendra de ce rapport, lors de son grand discours de lancement de la deuxième phase de sa campagne.

Bonne soirée.


PS: un contretemps m'a empêché de me rendre aujourd'hui à Paris à la réunion de DSK. Peut-être un camarade de l'Aisne (ou d'ailleurs) pourra me faire parvenir un bref compte-rendu?

Intellos de droite?

Bonjour à toutes et à tous.

Je lis ici et là que des intellectuels (de gauche) rallient Nicolas Sarkozy ou s'apprêtent à le faire. Etrange. Le candidat de l'UMP n'a rien pour séduire un intellectuel. Cet homme d'action, et même hyperactif, n'est guère porté à la méditation. On ne le voit pas rivaliser avec un Mitterrand, lettré, ou s'adonner à la poésie et à la philosophie. Ses discours renvoient aux valeurs de compétence, d'efficacité. Les références historiques, notamment en direction de la gauche, sont grossièrement et risiblement manipulatrices. Je ne vois que l'attirance des contraires pour expliquer ce phénomène.

Pascal Bruckner et Max Gallo se sentent attirés, parait-il. Mais c'est André Glucksmann qui a le plus "théorisé" son soutien. Je relis l'article du Monde dans lequel il expose son argumentation et j'avoue ne pas comprendre: l'ancien "nouveau philosophe" n'est pas hostile à Ségolène Royal et il demeure un homme de gauche. A quoi tient son ralliement à la personne de Sarkozy? La politique étrangère, l'antitotalitarisme. Je veux bien mais je ne suis pas convaincu. Certes, il y a à gauche une absence de projets clairs dans les matières internationales, singulièrement depuis la victoire du non en 2005. Est-ce une raison suffisante pour changer de bord politique? Evidemment pas.

Un autre "intellectuel", d'origine communiste, Alain Soral, se range, lui, derrière... Le Pen, au nom de l'antilibéralisme! Le nationalisme, stade suprême du marxisme, en quelque sorte. Au-delà de la provocation manifeste, je me demande si notre monde en plein bouleversement n'a pas bouleversé la planète intellectuelle. Souhaitons-lui de retrouver très vite la raison!

Bonne fin d'après-midi.

09 février 2007

Leçon d'incivisme.

Bonsoir à toutes et à tous.

La lecture de la presse régionale, cette presse beaucoup plus influente que les journaux nationaux, est instructive sur l'état d'esprit de l'opinion. Ce week-end, un journal local très lu à Saint-Quentin titrait ainsi l'un de ses articles: "faut-il encore payer vos PV?" Dans un encadré, le message est très clair: "un bon conseil: jouez la montre". Il s'en suit une description précise de ce qu'il faut faire et ne pas faire pour éviter de payer ses contraventions. Ce n'est pas un encouragement à la fraude, on reste dans le cadre de la légalité. Il n'empêche que c'est une magnifique et détestable leçon d'incivisme.

Pour valider cette démarche anti-citoyenne, le journal a procédé à un micro-trottoir, en posant la question: êtes-vous pour ou contre l'amnistie des infractions routières? Quatre témoignages, quatre réponses... affirmatives. Je ne résiste pas au plaisir (en fait à la tristesse) de vous donner quelques extraits édifiants:
"Je suis pour l'amnistie parce que tout le monde a droit à une deuxième chance" (Laetitia). Et pourquoi ne pas étendre cette théorie à l'ensemble des délits!?
"Si on occupe une place pour handicapé quelques instants, cela n'engendre aucune insécurité" (Laurent). Même pas pour le handicapé qui veut stationner!?
"Les excès de vitesse sur la route, ça dépend du danger, on peut rouler vite et bien" (Bernard). Donc, pas de limitation de la vitesse!?
"Il faut dire ce qui est, les PV c'est du racket" (Ferdinand). Les policiers, ce sont des voyous et à bas les PV!?

L'article et les témoignages sont consternants. Il est évident qu'il faut absolument refuser toute amnistie des infractions routières. On rétorquera que ce ne sont pas des crimes. Et alors? Ce sont des infractions, et elles doivent être punies comme telles. La légèreté de la faute n'est pas une excuse ni un argument en faveur de son effacement. L'amnistie ainsi pratiquée est profondément injuste (pensez à tous ceux, plus nombreux qu'on ne le croit, qui respectent scrupuleusement la loi) et même antirépublicaine. Réfléchissez bien à ceci: le seul homme politique en faveur de l'amnistie, c'est... Le Pen.

Une dernière chose: j'ai eu droit à un PV ces derniers jours, pour non respect du stationnement unilatéral alterné. 11 euros! Je n'y suis pour rien, je viens d'aménager dans le quartier, je n'avais pas vu que la rue était en stationnement unilatéral alterné. Mais je vais payer, parce que je suis responsable, y compris de mon ignorance.

Bonne soirée.

08 février 2007

Le travail n'est pas l'emploi.

Bonsoir à toutes et à tous.

J'ai toujours plaisir à écouter Lionel Jospin, celui par qui je suis entré au Parti socialiste en 1995, après sa belle campagne présidentielle, celui qui a mené de 1997 à 2002 une politique législative dont tous les socialistes devraient être fiers, celui qui a été cruellement et injustement battu en 2002, oui je demeure fidèle à cet homme, ce grand socialiste. Ce matin, sur RTL, je l'ai trouvé tel qu'en lui même, clair, profond, déterminé, convaincant. Si j'avais un seul mot pour le qualifier, je n'hésiterais pas: militant, Jospin est fondamentalement un militant.

Son intervention a porté essentiellement sur les propos de Sarkozy concernant la "valeur travail". J'ai écrit sur ce blog il y a quelques jours que le discours de la droite sur ce thème était électoralement dangereux pour la gauche et devait être absolument démonté. C'est ce que s'est employé à faire Jospin, en bon prof qui vous décortique un texte pour montrer sa vérité cachée (cette image de prof que j'apprécie tant chez Jospin, excellent pédagogue, cette image qui pourtant irrite certains...).

"Travailler plus grâce aux heures supp", voilà la chanson de la droite, qu'il faut bien sûr traduire:
- Il n'est pas normal que les heures supplémentaires suppléent à des salaires trop bas. Ce sont les salaires qui doivent augmenter, pas les heures supplémentaires.
- Ce n'est pas le salarié qui choisi de "travailler plus" grâce aux heures supp, c'est le patron qui lui propose ou le contraint de les accepter, quand les commandes l'exigent.
- Les 35 heures n'ont jamais empêché de faire des heures supp.
- Les heures supp n'encouragent pas la création d'emplois. La droite est très forte pour tenir un discours moral sur le travail, mais elle est dans l'incapacité de proposer une perspective économique pour l'emploi.

Merci à Lionel d'avoir rappelé ces vérités.

Bonne soirée.

07 février 2007

Débat sur le débat.

Bonsoir à toutes et à tous.

Les commentaires vont bon train, et plutôt positifs, sur la première grande émission politique de la présidentielle, "J'ai une question à vous poser", sur TF1, dont le premier invité était cette semaine Nicolas Sarkozy. Le concept est très "participatif": l'homme politique est confronté à 100 français représentatifs de la population, qui l'interpellent très librement.

On peut bien sûr, et il le faut, se féliciter de cette démocratie directe, de cette rencontre "citoyenne" en laquelle beaucoup se reconnaissent puisque c'est monsieur tout le monde qui questionne les candidats. En même temps que séduit, je suis sceptique et méfiant.

Un politique, Sarkozy le premier, est maître dans l'art de l'esquive. Il sait comment répondre et ne pas répondre à une question, mettre de son côté les rieurs, séduire un auditoire. Le citoyen de base, lui, n'a pas les connaissances suffisantes, et c'est bien normal, pour repérer une contre-vérité, déceler une omission, contrer un argument bien ficelé.

C'est pourquoi, personnellement, je regrette les débats à l'ancienne, soit lorsqu'un homme politique est professionnellement "cuisiné" par des journalistes spécialisés, soit lorsqu'il affronte un adversaire à travers un duel. Alors, le citoyen devant son écran de télévision peut se faire une idée beaucoup plus claire de la valeur des candidats, dont les grosses astuces sont plus promptement mises à mal. L'adversaire les connait bien et pour cause, il les utilise lui même!

Mon modèle, ma préférence, c'est le débat d'entre les deux tours de la présidentielle, dont nous avions été frustrés en 2002. En espérant très fort qu'il n'en soit plus jamais ainsi.

Bonne nuit.

06 février 2007

Un homme d'Etat.

Bonsoir à toutes et à tous.

Dans le Monde daté d'aujourd'hui, je vous recommande vivement la lecture de la tribune de DSK. Son sujet: la réunion il y a une semaine des 18 pays européens ayant adopté la Constitution, qui avait fait l'objet d'un billet sur ce blog. Et quelle surprise de lire sous la plume de Strauss-Kahn les réactions qui ont été aussi les miennes!

Je vous rappelle le silence assourdissant de la France lors de cette rencontre "considérable", la première en 50 ans où notre pays, l'un pourtant des fondateurs de l'Europe, était absent. Comme si notre classe politique refoulait l'évidence, notre dramatique marginalisation après la victoire du non en 2005. Election oblige, personne ne se risque à défendre cette vérité qui fait mal.

DSK nous dit que la France aurait dû être présente, malgré notre rejet de la Constitution européenne, parce que "la réforme institutionnelle est indispensable", avant les élections européennes de 2009. DSK établit les 5 ambitions que l'Europe doit se donner:
1- Un fonctionnement plus démocratique.
2- Des moyens budgétaires conséquents.
3- Un gouvernement économique véritable.
4- De nouveaux droits sociaux.
5- La clarification des frontières.

DSK conclut: "j'en appelle au réveil des voix européennes en France". Il est bien le seul à avoir cette volonté et ce courage. Ce qui porte un nom: un homme d'Etat.

Bonne soirée.

05 février 2007

Publics et laïques.

Bonsoir à toutes et à tous.

Le projet d'une Charte de la laïcité pour les services publics est paru la semaine dernière et n'a hélas pas fait beaucoup parler de lui. Une campagne présidentielle n'est-elle pas le moment où la laïcité, valeur fondatrice de la République, doit être discutée? C'est d'autant plus nécessaire que les incidents, parfois violents, se multiplient à l'hôpital, où des médecins sont verbalement ou physiquement victimes de maris de confession musulmane après avoir examiné leurs épouses. N'exagérons pas bien sûr la situation mais inquiétons nous d'un tel phénomène qui n'existait pas il y a trente ans.

Cette Charte tombe donc à point nommé. La laïcité n'est pas qu'un principe scolaire, comme on le croit parfois. C'est une règle qui s'applique à toute la société, surtout dans les services publics qui, étant au service de tous, ne sauraient admettre d'exceptions, de privilèges ou de lois particulières.

Cependant, soyons très clair: la laïcité, c'est aussi et en même temps le respect des opinions y compris religieuses, dont la République se doit de garantir le libre exercice. Je fais cette précision pour me défier d'une version fausse et sectaire de la laïcité conçue comme antireligieuse, ce qu'elle n'est absolument pas. Je me méfie aussi d'un zèle administratif dévoyé qui conduirait à des restrictions inadmissibles, à des manifestations d'intolérance.

Pour être concret: l'espace public n'interdit pas le port de signes religieuses (ou politiques), à la différence de l'Ecole, où la neutralité s'impose parce que cette institution est chargée d'éduquer les esprits. En revanche, dans un bureau de poste, un hall de gare, un couloir d'hôpital, chargés du courrier, du transport et de la santé, chacun est libre de se vêtir comme il l'entend, à l'exception des agents de ces services publics qui ne doivent manifester aucune préférence partisane. Néanmoins, les usagers ont le devoir de se conformer à des règles de respect, se trouvant dans un lieu ouvert à tous. La Charte rappelle opportunément cette exigence de bonne entente entre tous.

C'est aussi pourquoi je partage l'avis de Philippe Val dans Charlie-hebdo de cette semaine. Ce n'est pas tant la religion musulmane qui est fautive quand un homme gifle un médecin en son nom, c'est le comportement incivique, délinquant et machiste de cet homme qui se sert de l'Islam comme d'un prêtexte pour justifier sa violence personnelle. Le laïque que je suis ne se permettra jamais de stigmatiser une religion qu'au demeurant je connais très mal.

Bonne soirée.


PS: l'équipe de Charlie passe devant la Justice cette semaine pour avoir caricaturé le prophète Mahomet. Au nom de la laïcité et de la liberté, nous devons lui manifester notre soutien.

04 février 2007

Grève limitée.

Bonjour à toutes et à tous.

Profitez de votre dimanche pour lire ou relire l'entretien donné par Xavier Bertrand au journal La Tribune paru en début de semaine. Le porte-parole de Sarkozy décline le programme de son champion. C'est fort instructif. C'est à conserver dans sa poche pendant toute la campagne. La grande affaire de Sarkozy ces derniers jours, c'est de se faire quasiment passer pour un homme de gauche. Soit. Examinez maintenant à la loupe ses propositions. Je n'en retiendrai qu'une seule, très significative, la limitation du droit de grève.

Mais oui, l'ami de Jaurès, de Blum et peut-être même de Karl Marx veut limiter le droit de grève. Cherchez l'erreur et vous découvrirez l'imposteur. Oh bien sûr, Nicolas Sarkozy est prudent, très prudent, fidèle à une méthode déjà éprouvée à droite: ne pas s'en prendre frontalement à un acquis mais le vider de sa substance tout en conservant son apparence. Malin, très malin.

Ainsi, le droit de grève demeure, mais au bout du 8ème jour d'un conflit, ce droit est soumis au vote majoritaire des salariés, qui décident de la poursuite ou de la fin de la grève. A première vue, c'est du gros bon sens pas du tout liberticide. Les sept premiers jours, c'est comme maintenant, rien ne change. Et puis, des grèves qui durent une semaine, ce n'est pas très fréquent. Enfin, au terme d'une semaine, n'est-il pas normal d'en appeler à la sagesse de la majorité?

Prenons garde. Cette mesure est gravissime, pour plusieurs raisons:
- Le droit de grève est juridiquement un droit strictement individuel, et qui doit le demeurer dans la durée. Porter atteinte à ce principe à un moment donné, c'est le remettre en question à tout moment. Plus rien n'interdira alors de baisser la date du 8ème jour au 1er jour.
- La date du 8ème jour est incohérente. Lorsqu'une grève en arrive là, c'est que le conflit social est "dur", sérieux (il faut que Sarkozy comprenne qu'on ne fait pas grève pour le plaisir), qu'il se passe alors de toute approbation majoritaire. Dans la perspective du candidat de la droite, c'est logiquement le 1er jour qui devrait être concerné. Mais la prudence interdit à la droite d'être logique, du moins pour l'instant.
- La proposition de Bertrand/Sarkozy est absurde. Quelqu'un qui ne veut pas faire grève devra tout de même faire grève quand la majorité en aura décidé ainsi. Ce n'est pas la première fois qu'un libéral s'en prendrait à la liberté!

En vérité, cette proposition est l'aveu d'une impuissance. Comme beaucoup de français, je n'aime pas faire grève parce que j'y perd de l'argent. Comme beaucoup de français, je n'aime pas subir les désagréments d'une grève. Mais je ne souhaite pas que la solution d'une grève soit sa limitation. La meilleure façon pour que les grèves n'apparaissent pas ou ne durent pas, c'est de répondre aux revendications des travailleurs, c'est de négocier avec les syndicats, c'est de mener une politique économique et sociale en faveur de ceux qui n'ont que la grève pour se défendre.

Bon dimanche.

03 février 2007

La valeur travail et Monsieur Plus.

Bonsoir à toutes et à tous.

Il semble que le débat présidentiel, à en croire les deux principaux candidats, s'engage dans une réflexion autour de la "valeur travail". Parfait. Mieux vaut cela que les attaques personnelles et les coups tordus d'il y a une semaine. Mieux vaut aussi cela que la prédominance malsaine du thème de l'insécurité, du moins dans l'usage que la droite et l'extrême droite en font généralement.

Mais je n'oublie pas qu'en 2002 Lionel Jospin avait placé ce thème au coeur de sa campagne, notamment dans sa défense des 35 heures dont l'objectif n'était autre que de réduire le travail de chacun pour en donner à tous, et pas un encouragement à la paresse, comme une certaine droite ose encore l'insinuer. Nous n'avons pas réussi alors à convaincre les français que toutes les insécurités étaient liées et que la première était l'insécurité sociale, le chômage.

Aujourd'hui, Nicolas Sarkozy s'empare de ce thème cher à la gauche, dans le but avoué de lui capter une partie de son électorat. Le candidat de l'UMP multiplie les visites d'usines, rend hommage à "la France qui se lève tôt" et décline ainsi son projet pour les "travailleurs": pouvoir travailler plus pour gagner plus. Si les socialistes n'y prennent pas garde, cet aphorisme peut créer des ravages dans l'électorat de gauche. Sarkozy le sait, c'est pourquoi il le fait. Il faut absolument démonter, mettre hors d'état de nuire ce réacteur nucléaire de la pensée "sociale" de la droite.

Travailler plus pour gagner plus? C'est reconnaitre que les travailleurs ont des rémunérations insuffisantes. Mais à qui la faute? Sûrement pas au travailleurs mais à ceux qui les rémunérent trop peu, la faute aussi à la situation économique qui ne permet pas des augmentations conséquentes. Ce n'est donc pas aux ouvriers à faible revenu (puisque c'est eux dont il s'agit) de travailler plus pour gagner plus. Nous devons rétablir la formule dans sa vérité: être mieux rémunéré pour gagner plus.

Travailler plus, dans l'esprit de Sarkozy, c'est travailler dur. Mais les smicards et ceux qu'on appelle aujourd'hui les "travailleurs pauvres" travaillent déjà, pour la plupart, très dur, et depuis longtemps. L'esprit de justice exige de transformer la formule: travailler normalement pour être payé correctement. Voilà ce que la gauche doit proclamer, contre la pensée "sociale" de Monsieur Plus que je décrypte ainsi: plus d'exploitation pour plus de profit (et ce n'est pas devenir "gauchiste" que de rappeler cela).

En d'autres termes, ce ne sont pas les heures supplémentaires qu'il faut favoriser, comme nous le serine la droite, mais les salaires qu'il faut revaloriser.

Bonne soirée.

Sarkozy et son Jules.

Bonjour à toutes et à tous.

La FSU, premier syndicat chez les enseignants, terminait hier son congrès et Nicolas Sarkozy, le même jour, prononçait un discours sur... l'Ecole et les enseignants. Intervention d'importance, politiquement et stratégiquement: les personnels de l'Education nationale sont nombreux, jouent un rôle déterminant dans une élection et sont marqués à gauche. Que leur a donc dit Sarkozy?

Ce que la droite répète depuis longtemps: il faut revenir à la bonne vieille Ecole de Jules Ferry, au temps béni où nos jeunes savaient lire, écrire et compter. Mai 68 a tout cassé, les "pédagogues" ont détruit l'Ecole, revenons vite au respect et à l'autorité. Les enseignants sont formidables, donnons leur les moyens de travailler plus pour gagner plus.

Ce discours est, au sens propre, réactionnaire: allons vers l'avenir inquiétant en regardant le passé rassurant. Rien de nouveau sous le soleil de la droite: son idéologie scolaire est bien rodée. Ce que je lui reproche? Essentiellement d'être une idéologie, une vision nostalgique et régressive déconnectée de la réalité. On ne reviendra pas à Jules Ferry, qui avait ses limites, on n'effacera pas Mai 68, qui a été bénéfique.

L'Ecole ne cesse jamais de se contruire, parce que l'émancipation de l'humanité est un combat permanent (oui, je sais, mon propos passera pour grandiloquent mais l'Ecole a cette ambition). La réalité, c'est d'adapter l'enseignement secondaire et universitaire à sa massification, de lui redonner un sens et une efficacité, alors que l'Ecole de Jules Ferry ne se préoccupait que de l'enseignement primaire. Le reste n'est que du discours pour séduire les parents et flatter les enseignants.

Dans ce dernier registre, l'intervention de Sarkozy peut hélas porter ses fruits. Les enseignants demeurent ancrés à gauche, mais moins qu'on ne le croit et surtout moins qu'il y a une trentaine d'années. Les rappels à l'ordre et à l'autorité, la dénonciation de la chienlit "pédagogiste", le maniement habile de la carotte des rémunérations supplémentaires et le bâton du retour à la discipline peuvent exercer leur charme vénéneux. C'est à la gauche de replacer le débat scolaire sur le terrain du réel et des valeurs progressistes.

Bon week-end.

02 février 2007

José a osé.

Bonsoir à toutes et à tous.

José Bové sera donc le candidat antilibéral à la présidentielle, mais un de plus. Curieuse trajectoire: fin 2006, Bové se retire du jeu, estimant que les candidatures de Buffet et Besancenot empêchent l'unité. Et le revoilà, alors que le candidat de la LCR est toujours là et que la candidate communiste a été désignée par les collectifs antilibéraux. Bien sûr José Bové s'appuie sur une pétition à succès en sa faveur. Bien sûr Buffet est contestée et les collectifs ou ce qu'il en reste se sont réunis à nouveau pour adouber... Bové. Mais tout cela fait un peu désordre et on s'y perd.

Pour ma part, je n'ai pas changé d'avis. José Bové aurait été un excellent candidat d'un gauche antilibérale rassemblée. Il était le meilleur, médiatique, charismatique, populaire. Que deviendra cette candidature concurrente à trois autres? Car Bové est radical comme Besancenot, altermondialiste comme Buffet et écologiste comme Voynet. Je ne suis même pas certain que José aille jusqu'au bout de l'aventure. Et s'il prend ce risque, que deviendra ce formidable personnage ramené à 2 ou 3% des voix?

Ceci dit, José Bové a le droit de se présenter. Je retiens deux éléments positifs dans sa candidature:
1- Des abstentionnistes peuvent se reconnaitre en elle et ainsi être réintégrés dans le jeu démocratique.
2- Bové, tout radical qu'il est, a toujours dit qu'il ferait barrage au second tour à la droite. La politique du pire, renvoyer dos à dos droite et gauche, sera donc avec lui évitée.

Si la candidature de José Bové peut contribuer à sa façon au rassemblement des forces de gauche, ce sera très bien ainsi.

Bonne nuit.

01 février 2007

Une société sans tabac.

Bonsoir à toutes et à tous.

C'était aujourd'hui le grand jour, le "grand soir" des adversaires du tabac, de la nicotine et du cancer: l'interdiction absolue de fumer dans tous les lieux publics. Qui aurait imaginé cela il y a une trentaine d'années? Cette révolution m'inspire trois réflexions:

1- Bravo, il le fallait, la mesure est de santé publique. Nul n'a le droit d'empoisonner la vie et la santé d'autrui. Le tabac fait des ravages qu'il faut absolument limiter.

2- Je n'oublie pas et je rends hommage à celui sans qui rien aujourd'hui n'eut été possible, le socialiste Claude Evin, qui le premier s'en est pris aux méfaits du tabac de façon conséquente.

3- Attention cependant à toute forme de néopuritanisme. La santé est une chose, la morale en est une autre. Personne ne me fera renoncer chez moi ou dans la rue à mes délicieux cigarillos. C'est ma liberté de fumer, c'est mon choix d'y prendre plaisir, c'est ma responsabilité de prendre aussi des risques en m'adonnant à un vice si agréable. Mais je ne dois pas menacer un tant soit peu la santé d'autrui.

Allez, je vous laisse, pour lire avant de m'endormir et bien sûr m'en griller un.

Bonne nuit.