L'Aisne avec DSK

31 mars 2011

Pourquoi il faut un front républicain.

Bonsoir à toutes et à tous,


Gontran Lefebvre, délégué de la 2e circonscription UMP de l'Aisne, donne une tribune à L'Aisne Nouvelle d'aujourd'hui intitulée : "Pourquoi il ne fallait pas un front républicain". C'est clair et net, mais c'est étrange : depuis les résultats des élections cantonales, nous comprenons qu'il y a à Saint-Quentin un douloureux problème avec le Front national, qui s'est hissé à la tête de l'opposition, ce qui est une anomalie en démocratie, ce qui nuit bien sûr à la gauche éliminée mais aussi à la droite affaiblie. Au contraire, droite et gauche républicaines devraient s'unir dans un même rejet de l'extrême droite. Une telle attitude aurait une valeur exemplaire auprès des citoyens. L'UMPS, ça ne me dérange pas quand il s'agit de défendre la République !

Mais Gontran Lefebvre développe deux arguments pour refuser ce front républicain. Il souligne que le FN est un parti légal, qui se plie aux règles électorales, est financé par l'Etat, et qu'aucun gouvernement, même de gauche, n'a tenté de l'interdire. Cet argument est purement de droit, juridique, en ce sens incontestable. Mais un militant, y compris Gontran Lefebvre, doit faire de la politique, pas du droit.

Que le FN soit reconnu, admis, autorisé, c'est un fait : Marianne est bonne fille, elle garantit la libre expression de ceux qui contestent ses principes. Mais est-ce une raison pour accepter les extrémistes de droite, pour ne pas lutter contre eux, pour ne pas penser qu'un front républicain les excluant est un choix politique pertinent ? Bien sûr que non ! Le FN a le droit d'exister et le front républicain a le droit de le combattre. Aucune règle de la République n'empêche ça ou ne le décourage.

Gontran Lefebvre, dans un second argument, entre tout de même dans des considérations purement politiques, avec le raisonnement suivant : sommes-nous bien disposés à lutter contre l'extrême droite puisqu'il existe une extrême gauche tout aussi radicale, virulente et finalement contestable ? Sa réponse est évidemment non. Il renvoie en quelque sorte dos à dos les deux pôles de l'échiquier politique, afin de justifier son refus du front républicain.

Je ne partage pas ce point de vue. A Saint-Quentin, personne ne peut me soupçonner de faiblesse, d'indulgence ou de compromission avec l'extrême gauche, puisque je souhaite depuis trois ans que le PS rompe les alliances qu'il a passées avec celle-ci, au nom de l'élémentaire cohérence politique. Mais je ne charge pas injustement l'extrême gauche, surtout je ne la mets pas au même rang que l'extrême droite. Celle-ci est antirépublicaine, celle-là est républicaine, voilà la différence idéologique fondamentale. J'ai beaucoup de désaccords avec les positions économiques et sociales de LO, du NPA et du POI, mais jamais je n'ai vu dans leurs programmes une mesure qui menace les principes de la République ; au FN, oui.

Je ne doute pas que Gontran Lefebvre soit républicain. Mais son refus du front républicain n'est pas la bonne méthode pour faire reculer le Front national. Quant à croire que le débat démocratique autour des idées économiques et sociales du FN permettra de réduire son influence, c'est une illusion : les extrémistes sortent toujours vainqueurs de ce genre de confrontations qui tournent facilement à leur avantage, qui banalisent leur présence, qui leur apportent une forme de légitimité.

Je ne veux pas croire que Gontran Lefebvre joue la politique du pire (qui est toujours la pire des politiques) en espérant que le FN reste durablement la force d'opposition devant le PS, interdisant à celui-ci toute possibilité de victoire locale. La droite saint-quentinoise se grandirait d'avoir face à elle une gauche forte, crédible, sérieuse. Elle perdrait beaucoup, peut-être même son âme, dans des victoires à la Pyrrhus contre le seul FN. Et puis, la vie politique locale a besoin d'une gauche vivante, dynamique, force de propositions, pas d'un FN fantôme, absent, purement contestataire en périodes électorales. Voilà pourquoi il faut un front républicain, à Saint-Quentin comme partout ailleurs.


Bonne soirée.

30 mars 2011

FO n'est pas FN.

Bonsoir à toutes et à tous,


En évoquant hier soir une gauche FN, je ne croyais pas si bien dire puisque ce matin, dans le Courrier Picard, nous apprenons que José Nain, candidat d'extrême droite dans le canton de Bohain, est engagé à Force ouvrière et élu au conseil des prud'hommes de Saint-Quentin. Il faut évidemment et rapidement l'exclure. Son adhésion politique est contraire aux valeurs du syndicalisme. Dans n'importe quelle association, un adhérent peut être exclu si son comportement public n'est pas conforme aux statuts et aux objectifs. Alors, pourquoi pas à FO pour le FN ?

Rappelons que les cinq premières organisations syndicales françaises ont signé le 17 mars un texte commun qui fait désormais référence (voir déclaration ci-dessous). La "préférence nationale", projet central de l'extrême droite, est considérée comme incompatible avec la philosophie du syndicalisme et le Front national est qualifié de "parti pas comme les autres". "L'instrumentalisation" des valeurs syndicales par le FN est dénoncée et rejetée.

D'autres secteurs de notre société devraient s'inspirer de ce texte, véritable sursaut républicain, pour empêcher l'extrême droite de manipuler certains milieux progressistes et de s'y installer progressivement.


Bonne soirée.



Déclaration commune CFDT - CGT – FSU – SOLIDAIRES – UNSA

La préférence nationale n’est pas compatible avec le syndicalisme !
La situation sociale est grave : 5 millions de demandeurs d’emploi, 8 millions de Français vivant sous le seuil de pauvreté, accroissement de la précarité, conditions de travail dégradées… L’accroissement des inégalités et des injustices mine la cohésion sociale. L’absence de perspectives, un dialogue social insuffisant, provoquent interrogations et désarroi face à l’avenir.

Dans ce contexte, les organisations syndicales, ne peuvent rester indifférentes à l’utilisation de la situation sociale pour promouvoir certaines thèses dans le débat public comme le fait le Front national.

La thèse de la préférence nationale est antinomique avec les valeurs fondamentales du syndicalisme. L’exclusion, le rejet de l’autre, le repli de la France sur elle-même et la fermeture des frontières, la désignation de boucs émissaires, la dénonciation de l’immigration comme responsable de tous les maux sont des attitudes qui, l’histoire en témoigne, ne peuvent conduire qu’au pire.

Les organisations syndicales agissent quotidiennement pour rechercher et exiger des réponses face à cette situation sociale ; en matière d’emploi, de pouvoir d’achat, d’égalité des droits… Leur action est portée par les valeurs qui sont celles du syndicalisme au cœur desquelles figurent la solidarité entre tous les salariés et la lutte contre toutes les formes de discrimination.

Les organisations syndicales CFDT – CGT – FSU – SOLIDAIRES – UNSA sont déterminées à empêcher l’instrumentalisation du syndicalisme par le Front national qui n’est pas un parti comme les autres et dont les orientations sont à l’opposé des valeurs qu’elles portent. Les organisations syndicales sont aussi garantes du respect de ces valeurs au sein de leurs organisations et par leurs militants.

29 mars 2011

Une gauche FN (2).

Cette gauche FN, que j'analysais dans mon précédent billet, passe pour n'avoir pas de visages connus ou reconnus. Ce serait l'immense foule des anonymes qui souhaitent le rester. Non, nous aurons, hélas de plus en plus, autour de nous, des gens de gauche qui ne cacheront plus leur attirance ponctuelle pour le FN.

A tout mal il y a un bien : s'étant dévoilés, nous pourrons leur répondre, argumenter, tenter de les ramener à la maison. Parmi eux, il y aura des leaders, à combattre bien sûr. Un masque en Picardie est tombé : c'est le maire de Friville-Escarbotin, dans la Somme, élu dimanche conseiller général, qui se reconnaît dans la majorité de gauche, un cas d'espèce qui mérite d'être étudié de très près.

Au premier abord, David Lefèvre n'est pas facho du tout (tous ceux qui sont attirés par la bête vous jurent qu'ils n'ont rien à voir avec le fascisme, pour se protéger par avance de toute accusation). Il est jeune (26 ans), propre sur lui et "sans étiquette" (c'est sous cette étiquette qu'il s'est fait élire conseiller général). Ah ! les "sans étiquette" ! Est-ce que vous mangeriez de la confiture d'un pot "sans étiquette" ? Moi non, j'aurais trop peur d'avaler du poison. En politique, c'est pareil : les "sans étiquette", je m'en méfie, je flaire le danger, je subodore l'imposture.

Sans étiquette, David Lefèvre n'est pas sans idée. Politiquement, il se situe "au centre gauche". Parfait, ça me plaît. Moi aussi, je me sens de ce côté-là. Sauf que, la semaine dernière, voilà ce qu'il déclarait : "Si je n'avais pas été candidat, j'aurais été prêt à voter FN ou je n'aurais pas voté du tout". Fasciste ou incivique, au choix ! Drôle de centre gauche ... Mais puisqu'il le dit. Et dans le Courrier Picard de ce mardi, en page trois, il précise sa pensée. Extraits :

1- "Je comprends à 100% les électeurs du FN". Rien que ça ! Même à 2%, je ne les comprends pas ... ou alors trop bien, mais sûrement pas pour les approuver.

2- "Il faut cesser de stigmatiser ce parti". Celle-là me fait à chaque fois marrer : le parti qui stigmatise les immigrés, il ne faudrait surtout pas, lui, le "stigmatiser". Pauvre chéri !

3- "Je n'ai pas entendu Marine Le Pen tenir des propos antisémites". C'est vrai, la cheftaine s'en tient plus largement à des propos xénophobes, rejeter les immigrés à la mer par exemple.

4- "La meilleure façon de lutter contre le FN, c'est de le laisser s'exprimer et de cesser de le faire passer pour un parti de fachos". Elle est bien bonne celle-là aussi : garantir la pub du FN, le combattre en ne le combattant pas, ne surtout pas révéler sa nature profonde.

5- "Les Français en ont marre de la droite et de la gauche". Ah bon ? Parce que l'extrême droite, qui ne fait rien, ne propose rien et se contente de vomir, c'est beaucoup mieux ? Et qu'en conclut David Lefèvre, nouveau conseiller général : qu'il votera "avec la majorité de gauche" !

6- "Quand j'entends certains discours de l'extrême gauche, je me dis qu'on n'est pas loin de l'extrême droite". Voyez-moi ce vicieux : faire appel à la radicalité de gauche pour exonérer la radicalité de droite, qui n'ont pourtant strictement aucun rapport l'une avec l'autre, qui sont même opposées. Con ou vicieux, je vous laisse choisir.

Je suis heureux d'apprendre que le conseil général de la Somme, dans sa majorité de gauche, n'inclura pas David Lefèvre, spécimen très actuel de cette gauche FN qu'il nous faut d'autant plus combattre qu'elle nous fait des risettes. Si vous passez par Friville-Escarbotin, allez dire à son maire tout le mal que je pense de lui.


Bonne soirée.

Une gauche FN (1).

Bonsoir à toutes et à tous,


Le titre de ce billet est volontairement contradictoire, polémique, scandaleux. Son objectif est de faire réagir et de faire réfléchir. Il y a urgence. Gauche et extrême droite, ça ne va évidemment pas ensemble, c'est totalement incompatible. Mais dans les urnes, d'étranges alchimies se réalisent, de nature explosive. On l'a vu à Saint-Quentin dimanche : une partie de l'électorat de gauche a voté au second tour FN.

Il faut bien prendre la mesure de ce phénomène, inouï, consternant. La facilité consisterait à dire : ce n'est pas bien grave, ce n'est pas un vote FN mais anti-UMP, ces électeurs reviendront à gauche au prochain scrutin. Non, c'est très grave ! Une partie de notre électorat, notamment populaire, a perdu ses repères, s'en donnent d'autres qui n'ont plus rien à voir avec la gauche. Voilà ce qu'il faut analyser et dénoncer.

Ce n'est pas entièrement nouveau. Depuis qu'existe le fascisme, au début du siècle précédent, ses accents populistes ont séduit une frange des catégories modestes. Quand le FN a commencé à progresser électoralement il y a 25 ans, il a puisé en partie chez d'anciens électeurs communistes déboussolés par le discrédit de leur idéologie et l'effondrement de leur Parti.

Mais ce à quoi nous assistons aujourd'hui est encore différent : les électeurs de gauche qui votent FN ne renient pas la gauche, ils s'accommodent des deux choix, alternent sans problème. A la limite, un ralliement à l'extrême droite sans retour serait plus clair, désespérant mais cohérent. Là, c'est inquiétant dans l'incertitude même que représente ce non sens : l'émergence d'une gauche FN.

Cette gauche FN, l'expression le prouve, est une hérésie, comme le christianisme en a connues, surtout à ses débuts. Ce sont des électeurs qui continuent à se réclamer de la gauche tout en pouvant fort bien voter à l'extrême droite. C'est une dérive, une dénaturation, une perversion de nos valeurs. Pour eux, le FN est sûrement un parti ouvrier, laïque, républicain et progressiste, aussi aberrant que cette vision puisse paraître aux yeux d'un homme de gauche normalement constitué. Ils rejettent aussi fortement que lui l'UMP, mais ne considèrent pas le FN comme une radicalisation des valeurs de droite (comme l'extrême gauche peut être une radicalisation des valeurs de gauche).

Cette gauche FN prospère sur un champ idéologique en ruines, communisme, gaullisme, catholicisme s'étant effondrés. Elle est le produit d'un bricolage politique abject. Comment la combattre ? D'abord, il faut avoir la volonté de la combattre, de ne lui reconnaître à aucun prix une quelconque légitimité (elle qui cherche tant à devenir légitime, à se banaliser).

Ensuite, il faut réactiver les idéologies de la gauche authentique (socialisme démocratique, communisme traditionnel, courant révolutionnaire) mais surtout les grands tuteurs de cette mouvance, quelle qu'en soit la sensibilité : le syndicalisme et l'éducation populaire. Il faut faire renaître ce qui s'est peu à peu estompé : un véritable "peuple de gauche" avec ses traditions, ses références, ses valeurs, ses personnages. A défaut, les imposteurs de l'extrême droite continueront à faire des ravages dans notre électorat.

Je poursuivrai cette importante réflexion dans le billet suivant.


A plus tard.

28 mars 2011

Crise d'identité.

Bonsoir à toutes et à tous,


Au lendemain de ces élections cantonales où la gauche en général et le Parti socialiste en particulier ne s'en sont pas trop mal sortis malgré l'abstention massive et la poussée d'extrême droite, c'est à la situation saint-quentinoise, à rebours de la tendance nationale, que revient ma réflexion. Tout le monde convient que nous avons vécu un "21 avril" local, aussi traumatisant que celui qui a vu en 2 002 Lionel Jospin éliminé par l'extrême droite. Le PS s'en est-il depuis relevé ? Oui. Il n'y a donc pas de raison pour que nous ne surmontions pas le traumatisme, si les conditions d'une réflexion sérieuse et honnête sont réunies et si des décisions en résultent.

Essentiellement, il ne faut pas réduire notre défaite à un accident, un phénomène conjoncturel, des circonstances malheureuses mais extérieures, qui nous exonéreraient en quelque sorte de toute responsabilité. Si nous avons à ce point perdu, c'est que quelque chose ne va pas. Mais quoi ? Les personnes non plus ne sont pas en cause ; le problème est structurel : nous sommes confrontés à une crise d'identité, nous avons perdu nos marques, il faut nous retrouver. La reconstruction sera longue et difficile, nous ne pourrons compter que sur nous-mêmes. Mais l'espoir n'est pas nul si la volonté de changer est là.

Le premier signe de cette crise d'identité est dans le constat sans doute le plus surprenant et le plus douloureux du second tour : Le Front national a progressé en grande partie grâce à des voix de gauche ! Jusqu'à présent, nous connaissions des électeurs qui votaient extrême droite au premier tour pour se défouler, protester radicalement, et qui au second tour rejoignaient leur famille d'origine, la gauche. C'était déjà singulier et très contestable. Nous avons assisté hier à Saint-Quentin au phénomène inverse, beaucoup plus inquiétant : des sympathisants socialistes, nullement attirés par le FN puisqu'ils ne le soutiennent pas au premier tour, rallient sans complexe l'extrême droite lorsqu'il n'y a plus qu'elle et l'UMP.

A la rigueur, l'abstention ou le vote blanc pourraient être admis, même si le meilleur positionnement demeure pour moi le vote républicain. Mais qu'un électeur socialiste ose voter Front national, non, c'est l'expression d'une confusion idéologique totale, d'un non sens politique absolu, d'un reniement de notre héritage. La crise d'identité, voilà son premier effet. J'en perçois aussi un deuxième, vis-à-vis de l'extrême gauche cette fois : ce que nous retiendrons amèrement de ces cantonales 2 011, c'est que le canton nord, qu'une occasion historique mettait à notre portée, nous a échappés parce que l'extrême gauche nous a privés d'une présence au second tour.

Non pas que ce courant politique, en l'occurrence lambertiste, n'ait pas le droit de concourir, le problème n'étant pas là. Mais parce que le courant en question est notre incohérent allié dans l'opposition municipale, au détriment de notre identité réformiste. Nous payons au prix fort, dans les urnes, les conséquences de cette alliance contre-nature, qui ne profite qu'à ceux qui en ont été dès le début les initiateurs, Parti des travailleurs il y a trois ans, devenu Parti ouvrier indépendant depuis.

Je n'ai rien contre lui, j'ai même de l'estime pour la rigueur et la ténacité de ses militants, mais je redirai autant de fois qu'il le faudra que leur univers idéologique n'est pas le nôtre, socialistes réformistes. La tradition lambertiste, depuis toujours, à FO ou ailleurs, n'est nullement gênée par ce type de compagnonnage, qu'elle cultive pour en récolter quelque avantage en matière d'influence. C'est son droit, même si cette pratique n'est pas banale. Mais un Parti socialiste affaibli ne peut que perdre à ce jeu.

Le troisième signe d'une crise d'identité est social, et pas du tout propre à la gauche saint-quentinoise, même si dans une ville pauvre, ouvrière, de tradition communiste, ce signe est particulièrement frappant : notre représentation des milieux populaires, vers lesquels nous devrions naturellement être tournés, est quasi inexistante. Nous évoluons dans une sociologie restreinte, les classes moyennes de la Fonction publique, dans ou autour du monde de l'Education nationale. Ce n'est nullement déshonorant mais c'est à l'évidence très insuffisant, et surtout en décalage avec les fondements historiques de notre idéologie.

Au canton nord, le candidat du FN était un chômeur sans ambition politique particulière, dans lequel hélas certains de nos électeurs ont pu se reconnaître. La politique n'est pas qu'un étalage de grandes idées ; elle fonctionne à l'identification personnelle. Avons-nous fait assez pour que celle-ci opère efficacement ? Je ne demande évidemment pas à ce qu'on chasse tous les enseignants de nos rangs, mais je pense que notre crise d'identité est aussi une crise de la représentation, qu'il faut absolument ouvrir nos cercles restreints, élargir notre sociologie à d'autres catégories de la population.

Comme il y a un lien étroit entre politique et idéologie, il y a un lien tout aussi étroit entre politique et sociologie. C'est pourquoi, avant même le résultat des cantonales, j'ai rédigé plusieurs billets pour recommander une réorientation vers les classes populaires et ne plus se préoccuper trop exclusivement des classes moyennes (ce qui m'a d'ailleurs valu, de façon très significative, des commentaires acerbes et attendues puisque les lecteurs de ce blog sont pour l'essentiel issus de ces classes moyennes).

Crise d'identité politique (des votes PS qui se transforment en votes FN), crise d'identité idéologique (des réformistes qui s'allient avec des lambertistes), crise d'identité sociale (des classes moyennes parlant à la place des classes populaires), voilà la triple crise d'identité que nous traversons, qui n'est sans doute pas propre à la gauche saint-quentinoise, mais qui chez elle a pris une tournure particulièrement aiguë, puisque l'élimination au premier tour des candidats PS a été dans ce scrutin cantonal une exception plus qu'une règle.

Sachons regarder la vérité en face et prendre cette crise par l'opportunité qu'elle peut présenter pour nous : reconstruire une identité réformiste pour la gauche locale, pas avec n'importe qui mais avec tous ceux qui se reconnaîtront dans cette démarche.


Bonne soirée.

27 mars 2011

Le pire pour l'éviter.

Les résultats chiffrés, il faut en parler sans en abuser. Je l'ai souvent dit : les nombres, chacun les arrange à sa façon et selon sa convenance. Mais il y a tout de même des faits incontournables, qui se mesurent surtout dans les progressions de voix. Je retiens trois leçons de ce deuxième tour à Saint-Quentin :

1- Il y a un peu plus de votants, mais c'est très faible : + 217 pour le Centre, + 182 pour le Nord. Il n'y a donc pas eu de sursaut républicain chez les abstentionnistes. On aurait pu espérer une prise de conscience devant le danger d'extrême droite. Hélas non.

2- Parmi les votants, les blancs ou nuls ont explosé, un peu plus que quadruplé : + 493 au Centre, soit un bond de 2,74 à 12,64% ; + 645 au Nord, soit un bond à peu près équivalent. C'est particulièrement inquiétant, c'est le signe que l'électorat de gauche a renvoyé dos à dos UMP et FN, ne suivant pas complètement la stratégie de "front républicain". L'avons-nous suffisamment et assez fortement expliquée ?

3- Le plus effrayant, c'est bien sûr les progrès notables de l'extrême droite, que ne doit pas cacher leur défaite effective : + 495 au Centre, soit un passage de 25,42 à 38,57% ; + 813 au Nord, soit un passage de 25,94 à 41,67%. Voilà un parti, le FN, qui aurait dû épuiser l'essentiel de ses voix au premier tour et qui améliore nettement ses résultats au second, surtout au Nord.

Ce qu'il faut retenir, c'est que l'extrême droite bénéficie dans notre ville d'une terrible dynamique, qui pourrait fort bien, comme toute dynamique, s'accentuer dans les années qui viennent. Après tout, le phénomène "Marine Le Pen" n'en est qu'à ses débuts, la présidentielle peut l'amplifier et les municipales ne sont pas préservées. En effet, la grande nouveauté de ces cantonales, c'est que l'extrême droite a su trouver partout dans l'Aisne des candidats, aux visages et aux parcours avenants, souvent populaires, sans ce profil d'extrémistes qui collait au vieux FN de Jean-Marie Le Pen. Une barrière vient, lors de ce scrutin, de s'effondrer.

Ayons la prudence d'imaginer le pire, qui heureusement n'est jamais certain : que donnerait une liste FN aux élections municipales de 2 014 ? Est-ce que la gauche ne serait pas une nouvelle fois éliminée ? Et les législatives de l'an prochain, où l'extrême droite aura c'est certain son candidat ? Ces cantonales, nul n'aurait pensé sérieusement que le PS pouvait être battu par l'extrême droite. Soyons humbles et prudents, ne croyons pas que des parts de l'électorat nous sont automatiquement acquises. Désormais, les votes, surtout populaires, sont extrêmement fluides. Il faut envisager le pire pour qu'il n'advienne pas.

Je terminerais par ma joie de constater que tous mes camarades conseillers généraux ont été dans l'Aisne réélus : c'est une très belle victoire de la majorité départementale ! Et puis, comment ne pas songer avant de vous quitter que le PS est le parti qui sort premier ,au niveau national, de ce scrutin ? Demain, une nouvelle campagne démarrera.


A demain,
bonne nuit.

Ambiance à Fervaques.

Au palais de Fervaques, ce soir, dans l'attente des résultats. Nous savons tous quelle sera la gagnante, avant même la proclamation officielle. Mais le score du l'extrême droite préoccupe tout le monde, y compris dans les rangs de l'UMP. Dimanche dernier, c'était à gauche la stupeur, le traumatisme. Aujourd'hui, c'est encore un autre sentiment, moins vif mais beaucoup plus prenant, une sorte de malaise, presque une angoisse de voir le Front national figurer en parti d'opposition à l'UMP.

Son candidat est là, affichant la présence normale, tranquille d'un homme ordinaire, ne soulevant aucune hostilité apparente. Aucun cri de protestation ne vient troubler l'annonce de son résultat, par un Xavier Bertrand très sobre et retenu dans son expression, comme il se doit. Colette Blériot fait quelques pas vers son concurrent de second tour pour lui dire quelques mots. Mais quoi ? Sa réélection a tout de même provoqué le mugissement de deux cornes de brume et les applaudissements attendus. Le FN, malgré son bon score, devra se contenter du silence, à l'image de ses électeurs et candidats en France, invisibles mais bel et bien présents.

Oui, il y avait ce soir une étrange ambiance qui flottait dans le palais de Fervaques, une impression de tragique anomalie dans une République, où un tel choix devrait normalement être inconcevable. Personne n'était vraiment à la fête, même si les jeunes Pop et leurs aînés allaient la faire au Windsor. Surtout, c'est l'avenir qui se présente en gris, celui de l'incertitude, celui de la crainte : les prochaines échéances locales, c'est pour bientôt, dans un peu plus d'un an, les législatives. Et les municipales dans trois ans, certes plus loin, mais en politique trois ans c'est demain.

En rentrant, des questions tournent dans ma tête : quelle gauche ? Quel leader ? Quelles alliances ? et avant tout cette question, que j'adresse à moi-même, dans un mélange d'impuissance et d'espoir : que faire ? Que faire ? Je crois que je m'endormirai cette nuit avec cette question-là.

Les résultats à St-Quentin.




Vignette 1 : canton nord

Vignette 2 : canton centre

Une vie pour la politique.





Si vous ne savez pas trop quoi faire ce dimanche (après ou avant avoir voté, bien sûr), je vous recommande l'achat et la lecture du dernier hors-série des "Cahiers de L'Express" consacré à François Mitterrand (couverture en vignette 1). Ce qui est intéressant, c'est que les articles sont d'époque, au fil de la vie politique du leader socialiste (sommaire en vignette 2).

Ce qui m'impressionne tout particulièrement, c'est l'étalage des couvertures du magazine, de la présidentielle de 1965 à sa disparition en 1996 (vignette 3) : toute une existence vouée à la politique, des échecs et des réussites, et ce visage qui change en restant le même, se creuse, se sculpte. C'est quand même beau une vie ainsi !

Le mystère de Jean Royer.

Bonjour à toutes et à tous,


J'ai envie ce matin de vous parler de Jean Royer. Mais pourquoi ? Eh bien pourquoi pas ! Surtout, parce qu'il est mort cette semaine et que sa disparition n'a pas suscité énormément de commentaires. C'était pourtant une personnalité politique nationale, il est vrai il y a bien longtemps de cela. A tel point d'ailleurs que je ne savais pas qu'il était encore en vie quand j'ai appris sa mort ... Royer, je suis évidemment mal placé pour vous en parler : c'était un homme de droite pour lequel je n'avais aucune sympathie, même en cherchant bien. Pourtant, si j'y consacre ce billet, c'est que j'ai quelques raisons :

D'abord, son personnage me ramène à ma pré-adolescence : j'ai 13 ans, nous sommes en 1974, j'admire Mitterrand, Royer est candidat de droite à l'élection présidentielle. Comme je m'éveille à la politique, tout m'intéresse, je passe en revue chaque candidat. Jean Royer, pour moi, c'est le réactionnaire à l'état chimiquement pur. Pas facho (ça c'est Le Pen et son bandeau sur l'oeil), pas non plus la droite classique, à la fois conservatrice et réformatrice : Chaban parle d'une "nouvelle société" et Giscard veut "le changement dans la continuité".

Non, Royer refuse toute innovation. Il s'oppose essentiellement à la plus importante depuis Mai 68 : la libération des moeurs, contre laquelle il va mener toute sa campagne. Il est le seul parmi la droite parlementaire ; Chaban et Giscard ne contestent pas les acquis culturels de Mai. Royer, à mes yeux, c'est l'horreur : un homme qui refuse le progrès, qui s'attache au passé, bref tout le contraire de l'homme de gauche tel que je le conçois alors.

Ma répulsion ne va pas non plus sans une forme de fascination. Car Royer, c'est une gueule : des cheveux noirs charbon, des yeux vifs à faire peur, un visage osseux qui a oublié de sourire, un corps maigre, une tête d'inquisiteur ou de pasteur fanatique. C'est à ce moment-là que je comprends quelque chose qui reste encore mystérieux pour moi aujourd'hui, que j'ose à peine avouer : le physique joue un rôle en politique et nous avons la tête de nos idées ! En cette année 1974 où je m'initie à la politique française, il est saisissant de constater que Le Pen à la tête d'un soudard facho, Krivine d'un intello gaucho, Marchais d'un Soviétique, Mitterrand d'un socialiste lettré. Royer, c'est le réac tout craché ! Même au cinéma, on ne tomberait pas dans une telle caricature ...

J'ai une photo qui est gravée dans ma mémoire, tirée de cette fameuse campagne qui a fait connaître le maire de Tours : lors d'un de ses meetings, une fille se met les seins à l'air et brandit le poing. Tout est dit : Marianne effrontée et Don Quichotte triste, la vie et la mort, le plaisir et la peine, l'avenir et le passé, la liberté et la morale, la gauche et la droite. La politique est tellement plus simple quand on a 13 ans. Plus tard, beaucoup plus tard, j'ai reconsidéré cet homme, quoique demeurant très hostile à ses options politiques : sous la rigueur du masque, j'ai vu transparaître les tourments, et une personnalité plus complexe que cette lame de couteau qu'il affichait.

En effet, Jean Royer a commencé sa carrière comme instituteur, puis professeur des collèges, à une époque où ce milieu était tout acquis au SNI et à la SFIO. Comment n'a-t-il pas pu en subir l'influence et la tentation ? Et puis, j'ai appris qu'à la présidentielle de 2 002 il avait soutenu Chevènement. Il y a sûrement un mystère Jean Royer, comme il y a un mystère de chaque homme qui vit sur cette terre et que la mort emporte à jamais.

Jean Royer a-t-il eu au moins une postérité politique ? Je ne pense pas. Certes, on pourrait rapprocher de lui Philippe de Villiers ou Christine Boutin. Mais le premier a fait campagne contre "l'islamisation", un relent xénophobe totalement absent chez Royer. Quant à la seconde, elle se présente comme catho, brandit la Bible, ce que n'a jamais fait Royer, gardant ses convictions personnelles pour lui.

Surtout, plus personne aujourd'hui ne remet en cause la libération des moeurs. Mai 68 a gagné, même à droite ! Certes, on réclame de toute part un retour à l'autorité (même à gauche !) mais il ne viendrait à aucun homme politique, même d'extrême droite, l'idée de demander l'interdiction de la pornographie. D'où il est, à l'heure où j'écris, Jean Royer doit être bien malheureux de constater que l'évolution d'une société est plus forte que tous ceux qui tentent de s'y opposer.


Bon dimanche,
n'oubliez pas d'aller voter.

26 mars 2011

L'heure est au rassemblement.

Bonsoir à toutes et à tous,


A la suite de mon entretien jeudi dans L'Aisne Nouvelle avec Guillaume Balout, j'ai reçu plusieurs messages de sympathie, de soutien et d'encouragement. Mes interventions dans la presse, depuis plusieurs années, suscitent l'intérêt et entraînent des réactions souvent positives, qui se mesurent aussi au succès remporté par ce blog au fil du temps. Mes analyses, mes propositions, la ligne politique que je défends ne laissent pas indifférent. Je sais qu'elles sont représentatives d'une partie de l'opinion de gauche saint-quentinoise (sinon, je ne m'évertuerais pas à les défendre). Mais les soutiens jusqu'à ce jour n'avaient pas été aussi forts et nombreux, même si bien sûr tout est relatif.

Cet état de fait est d'ailleurs logique : l'élimination des candidats socialistes au premier tour des élections cantonales a créé dans notre électorat un traumatisme dont on ne mesure pas encore très bien l'ampleur ni les conséquences. Car nos électeurs, eux, n'ont pas disparu : demain, ils iront voté, mais n'auront plus de choix qu'entre UMP et FN. Cette disparition de la gauche ne peut avoir dans l'ordre symbolique et politique que des effets gravissimes, si rien n'est fait pour y remédier. C'est pourquoi mes propos de jeudi, qui ne sont pas très nouveaux pour celles et ceux qui me font l'amitié de me lire et de suivre mes activités, ont eu un impact inédit et prometteur.

Je n'en tire d'ailleurs aucune conclusion hâtive, excessive ou optimiste. Je connais trop la force d'inertie, la tétanisation que provoquent les échecs profonds, les phénomènes de repli sur soi, la douleur des remises en question. L'hébétude dans laquelle plonge une défaite lourde, le déni de réalité qu'elle suscite ne sont guère favorables à des changements, alors même que ceux-ci seraient pourtant indispensables. En péril de mort, l'instinct de survie est plus puissant que tout. Or, celui-ci est un instinct de conservation, pas de renouvellement, encore moins de transformation de soi.

Je ne le dis pas pour désespérer ceux qui partagent mon point de vue mais pour rester conforme à une règle qui me semble majeure en politique : la lucidité. Ne pas se faire d'illusion, surtout ne pas illusionner les autres. La suite des événements, nul ne sait ce qu'elle sera, moi pas plus qu'un autre. La seule chose que je sais, c'est qu'à Saint-Quentin, ces dix dernières années, rien de ce qui a pu se passer à gauche (contrairement à la droite) n'était prévisible. Les circonstances, même le hasard, parfois les bizarreries rendent impossible toute prédiction ou anticipation. C'est d'ailleurs pour moi un handicap : je suis un esprit trop rationnel pour évoluer à l'aise et avec succès dans un contexte largement irrationnel. Les intuitifs et les affectifs auront toujours une longueur d'avance.

Pour être tout à fait honnête avec vous, une minorité des messages qui m'ont été adressés ces deux derniers jours avait aussi une dimension critique, des reproches à me faire. D'abord d'avoir été trop modéré, trop indulgent, de n'avoir pas nommément remis en cause, de m'être contenté d'évoquer la "responsabilité collective" de la défaite. A ceux qui me font cette amicale critique, je ne cesserais de répéter la même chose : le socialisme saint-quentinois souffre de ses divisions, d'une longue tradition de règlements de compte. Si je peux avoir quelque utilité, c'est de montrer une autre image de la gauche, c'est de rompre avec cette inclination ancienne qui dépasse largement ses acteurs du moment. Il n'y aurait aucune crédibilité à reprocher aux autres ce qu'on pratique soi-même.

Au contraire, il me faut défendre des méthodes et des principes nouveaux, qui se résument aujourd'hui en une seule phrase : l'heure est au rassemblement, parce que c'est notre existence même qui est en jeu. Évidemment, je n'ignore pas que les critiques ou les insinuations à mon égard ne feront qu'augmenter au fur et à mesure que les événements me donneront en partie raison. Que ceux qui veulent bien me soutenir ne prêtent, comme moi, aucune attention à ces attaques, qu'ils n'y répondent pas, qu'ils n'entrent pas dans ce jeu destructeur, je le leur demande solennellement (ou alors qu'ils cessent d'être à mes côtés !). C'est l'esprit de sérieux, de construction, de travail qui doit prévaloir, et par dessus tout l'esprit d'unité et de responsabilité. Je ne me livrerai donc à aucune attaque personnelle, je n'accuserai jamais personne, je maintiendrai le débat à un niveau exclusivement politique, et tant pis si je déçois !

Autre point de désaccord avec certains de mes bienveillants interlocuteurs : ils me pressent d'entrer très vite dans le rapport de forces, de faire venir mes "partisans" dans la section, de jouer des croix et des bâtons pour m'imposer rapidement. Là aussi, je ne renoncerai pas à ce que je pense depuis longtemps : la logique du rapport de forces est concevable quand on est fort ; quand on est faible, cette logique est destructrice pour tous. C'est l'expérience qui me le fait dire, pas un point de doctrine.

Que veulent les Saint-Quentinois ? Que les socialistes soient unis et crédibles, pas qu'ils s'affrontent entre eux, même pour des motifs légitimes. Au niveau local, il ne devrait pas y avoir, pour les choix locaux, de différends, de discriminants entre aile gauche, sociaux-démocrates ou ségolénistes. Ces étiquettes ne sont précieuses et pertinentes qu'au niveau national, quand il faut définir la ligne politique du Parti. Pas quand on constitue une liste municipale ou qu'on se choisit un candidat aux cantonales. Les Saint-Quentinois ne veulent pas devoir opter entre Mousset, Lançon ou Ferreira, dont à vrai dire ils se moquent en tant que personnes. Mais ils souhaitent, quand ils sont de gauche, voir des socialistes, que des socialistes, dans l'indifférence de leurs sensibilités politiques ou personnelles.

A nouveau, j'en suis désolé : je ne pratiquerai pas le contraire de ce que je préconise, je n'encouragerai pas des adhésions artificielles qu'on ne revoit plus quand il faut militer, puisqu'elles sont non dans une démarche de convictions mais d'allégeance à une personne. Vous me reprocherez peut-être de me montrer ingrat envers mes soutiens. Sans doute, mais c'est le prix à payer, finalement assez léger, pour qu'un jour la gauche puisse collectivement l'emporter. En tant que socialiste, si je veux vraiment rassembler, ce n'est pas en dénigrant, c'est au contraire en reconnaissant, en mettant en avant les qualités de mes camarades (que la réciproque ne soit pas pratiquée, je l'ai déjà dit, il faut y être indifférent), y compris de ceux qui ne partagent mes analyses, c'est-à-dire essentiellement l'aile gauche.

Rassembler, ce n'est pas contraindre à se soumettre à l'issue d'un rapport de forces artificiellement entretenu, c'est toute une dynamique, toute une exigence dans lesquelles chaque socialiste est reconnu et soutenu pour ce qu'il est, dans ses compétences, son influence, sa bonne volonté. Hormis cette stratégie-là, j'ai la ferme conviction que nous irons au désastre à répétitions. En cette veille de scrutin où le PS de Saint-Quentin sera absent, j'aimerais que tous aient cette pensée à l'esprit : l'heure est plus que jamais au rassemblement.


Bonne soirée.

25 mars 2011

DSK vrai ou faux ?

Bonsoir à toutes et à tous,


DSK n'est pas encore candidat mais ses soutiens affluent. La montée de l'extrême droite aux élections cantonales va dans le sens de sa candidature. Qui mieux que lui peut conduire le PS à la victoire ? Ses partisans s'organisent, même si rien n'est officiel. Quand on est comme moi strauss-kahnien depuis presque toujours, on n'a pas besoin de s'organiser, il suffit d'être. Néanmoins, je vous recommande la lecture d'un site, dont je ne connais pas les instigateurs (forcément anonymes), mais qui offre une qualité d'analyse : http://www.dskvraifaux.fr/

La politique, c'est hélas aussi l'art du mensonge. Plus vous représentez une menace, plus on ment sur votre compte. Les êtres humains, qui n'ont pas la science infuse, se laissent facilement abuser. Je crois que ce site permet de détruire quelques préjugés à propos de DSK. Si son rôle s'arrêtait là, il n'aurait pas été inutile.

Bonne lecture
et bonne soirée.

24 mars 2011

Anar mais pas trop.



J'ai un côté anar, que j'assume discrètement. Je n'aime pas ployer le genou devant les notables, je me sens libre à l'égard de tous les pouvoirs, je déteste la culture d'appareil qui produit des décervelés et des serviles. Anar mais pas trop : je reste quand même pour l'essentiel social-démocrate, soucieux de responsabilité, de gestion, ne ratant pas son devoir civique, y compris en votant à droite pour réduire l'extrême droite, comme dimanche prochain. Mais aussitôt après avoir mis un bulletin Colette Blériot dans l'urne, j'irai à Saint-Gobain retrouver mon copain Dominique Lestrat (voir vignettes). Moitié anar, moitié réformiste, voilà comment je me partage parfois.

Foutez la paix aux musulmans !

Bonsoir à toutes et à tous,


Quand est-ce que le délire anti-musulman va cesser dans notre pays ? Quand va-t-on ficher la paix aux gens, qui ont en République le droit de s'habiller comme ils veulent, pourvu que leur choix soit entièrement libre ? Ces lycéennes qu'on embête parce qu'elles portent de longues robes noires, c'est insupportable. Le degré d'intolérance a atteint en France un stupéfiant sommet. Même dans l'électorat de gauche, il y a un détestable retour de l'ordre, de l'autorité, baptisé "sécurité", en vérité expression de la trouille et goût du bâton. Etonnez-vous après que la blonde fasciste fasse un carton aux cantonales !

Et puis, il y a le cas Guéant, qui fait gaffe sur gaffe, a oublié que la politique c'est d'abord l'utilisation judicieuse des mots. Le ministre de l'Intérieur n'est sans doute pas plus mauvais qu'un Français moyen de droite. Mais par pitié, qu'il se taise ! Ce qui est incroyable, c'est qu'en parlant, en tenant les propos qui sont les siens, c'est son propre camp, l'UMP, qu'il plombe, en renforçant l'extrême droite. On ne saurait être plus maladroit ! A-t-il oublié que la République c'est la liberté, que chacun a le droit d'exprimer ses convictions, y compris religieuses, dans l'espace public, comme bon il l'entend ?

Les dernières polémiques sont affligeantes. N'y a-t-il pas d'autres sujets de débats, emploi, pouvoir d'achat, écologie, politique internationale ? Il faut mettre un terme à cette dérive xénophobe qui manipule la laïcité pour en réalité discriminer nos concitoyens musulmans. C'est pourquoi, dimanche prochain, il faut massivement voter pour les candidats républicains de droite et de gauche pour stopper la vermine fasciste. Et n'ayons plus peur des mots, soyons agressifs envers l'extrême droite, ne laissons plus rien passer de ses méfaits. Pour une fois, je n'irais pas chercher mon modèle à gauche mais à droite, en vous citant les paroles exemplaires tenues dans L'Union d'hier par Pierre André, sénateur de l'Aisne et ancien maire de Saint-Quentin :

"Je n'ai pas fait quarante ans, je ne me suis pas battu pour les valeurs de la France et du général de Gaulle, je n'ai pas un père mort en déportation pour aujourd'hui faire le lit du Front National. Pour moi les choses sont simples, claires et précises, c'est tout sauf le FN. Après, que l'on vote socialiste ou autre chose, je m'en fous, l'important c'est de faire barrage au Front National. Et tous ceux qui, quelle que soit leur position à l'UMP, n'appelle pas à voter contre le Front National, je les désavoue, je n'ai plus le sentiment d'être dans le même groupe".

Bravo ! Si tout le monde pouvait être aussi clair et déterminé, le FN n'en serait pas là où il est arrivé. Trop de complaisance accompagne sa montée. Même à gauche parfois, certains hésitent en vue de dimanche, font grise mine, se forcent au vote anti-FN. Qu'ils prennent donc exemple sur Pierre André, qu'ils fassent de la politique avec leurs tripes, pas avec des calculs ou des consignes aléatoires.


Bonne soirée anti-FN.

23 mars 2011

La vérité d'un soir.

Bonjour à toutes et à tous,


Chaque soirée électorale est un petit bijou de psychologie humaine. C'est à ce moment-là que les masques tombent, dans une activité, la politique, qui consiste à porter sans cesse un masque. Il y a une vérité, ces soirs-là, à laquelle personne n'échappe. Une forme de justice aussi. On apprend beaucoup dans ce genre d'occasion, beaucoup plus que dans les livres.

Une campagne a toujours quelque chose d'illusoire. Les militants se montent facilement la tête, les rumeurs sont leur pain quotidien. Les plus athées deviennent alors croyants : la victoire n'est jamais aussi belle qu'avant la défaite ! Les plus lucides s'aveuglent, volontairement ou pas. Mais militerait-on si on ne se faisait aucune illusion ? En tout cas, au soir des résultats, plus de mensonges : le roi est nu, la vérité est là. En démocratie, le peuple a toujours raison.

Dans ces soirées un peu folles quoique très calmes, les vainqueurs jouent la modestie, se forcent à l'humilité, rapetissent leur ego jusqu'à passer dans un chas d'aiguille. Mais au fond de leur froc, ils pissent de joie. Comme on les comprend ! Quand on fait de la politique, quoi de plus délectable, savoureux et jouissif que la victoire ? Mais il ne faut surtout pas le montrer : rester maître de soi, décent, bourgeois, banal dans ses déclarations. Et puis, la victoire est un acquis fragile. Il faut penser à demain, à d'autres possibles victoires. Pas question de se contenter de gagner une fois ! La politique en veut toujours plus.

Chez les perdants, on a du mal à cacher qu'on a perdu. Les bouches se taisent, ce sont les visages qui parlent, des gueules pas possibles qui s'afficheront dans le journal du lendemain. Déliquescence, liquéfaction : ces pauvres têtes ressemblent aux montres molles de Dali. Chez les candidates, il y a des glaciers de maquillage qui fondent : ce n'est pas la sueur de la campagne, ce sont les pleurs de la défaite, qui font parfois deux traînées noires de clown triste le long des joues. Chez les candidats, la chair du visage passe du blanc au gris et subit plus que de coutume la loi de l'attraction : les sourires tirent vers le bas, les paupières tombent sur les yeux.

La Bérézina, tout le monde a connu ça en politique. La plupart fuient, c'est le mouvement naturel des hommes et des bêtes quand la forêt prend feu. Fuir d'abord les journalistes avec leurs questions embarrassantes. La photo dans le journal, c'est bien joli quand c'est joli, rosé et pimpant, pendant la campagne, dopé à l'illusion. Mais le soir d'une déroute, non merci.

Après la fuite, il y a le déni. Si le corps lâche et trahit, le langage, lui, est maîtrisé et capable de beaucoup de magie. Par exemple dire, expliquer, démontrer que la défaite n'est pas vraiment une défaite, qu'on est quand même content au milieu des ruines fumantes. Les plus audacieux pousseront même le raisonnement et la dialectique jusqu'à transformer une grosse défaite en petite victoire qu'ils sont les seuls à voir. Ce miracle est provoqué par un merveilleux auxiliaire : les chiffres.

Ah les chiffres ! Pinaillez, chipotez, détaillez, vous en trouverez toujours qui vous consoleront, qui relativiseront, qui feront espérer en plein désespoir. Heureusement que les chiffres sont là pour satisfaire la lâcheté de ne pas voir la réalité, de ne pas accepter la vérité, de ne pas assumer la situation et les résultats. Qu'est-ce qu'on deviendrait sans eux ! Il resterait bien sûr les mots, mais avec eux c'est plus difficile : il faut faire des phrases, travailler, chercher. Et puis, les mots c'est de la dynamite, ça peut péter au nez. Les chiffres sont rassurants, faciles, menteurs pourvu qu'on sache un peu, juste un peu, les manipuler.

La vérité d'un soir, à l'issue d'une campagne électorale, est donc terrible. Mais c'est bien peu en comparaison des mensonges qui jalonnent une vie. Je suis bien sûr excessif, injuste et cruel. Mais il faut l'être pour se faire comprendre, comme le dessinateur qui noircit les traits d'une caricature. Et on a raison de l'être à l'égard de ceux qui aspirent ou se tiennent au pouvoir, car ils ne sont pas les plus à plaindre en ce monde. Et puis, j'en fais partie, je me dois donc d'être sans complaisance envers moi-même, cherchant seulement à faire sortir d'une réflexion un peu de vérité.


Bonne journée de vérité.

22 mars 2011

Nous voterons UMP.

Bonsoir à toutes et à tous,


Dimanche soir, au palais de Fervaques, au moment des résultats, un militant de gauche me confie qu'il n'était pas question pour lui de voter UMP au second tour, qu'il s'abstiendrait. Un autre, plus prudent, me dit qu'il attend les consignes (ah l'attente des consignes venues d'en haut, elle a bon dos !). Moi je n'hésite pas : je voterai Colette Blériot. Ca ne me fait pas plaisir ? Évidemment, j'aurais préféré voter pour un candidat socialiste ! Mais est-ce que la politique consiste à se faire plaisir ? Sûrement pas.

Il faut faire ses choix en fonction de ses convictions, il n'y a que ça qui compte, et pas se demander si on aime ou pas. Les convictions socialistes sont républicaines, le Front National n'est pas républicain, l'UMP est de droite mais républicaine, donc je vote UMP quand le cas de figure se présente, que je souhaite le plus rare possible, puisqu'en démocratie c'est le choix entre droite et gauche qui est pertinent, pas entre UMP et fachos.

Attention : il faut être clair et précis. Dire qu'on va "faire barrage" à l'extrême droite, c'est bien mais c'est une image hydraulique. Je n'aime pas trop les ellipses et les métaphores en politique, cache-sexe de l'hypocrisie ou de la lâcheté. Appelons un chat un chat : c'est un bulletin UMP, Blériot ou Lavrilleux, que nous mettrons dans l'urne dimanche. Et je voudrais rappeler à mes camarades encore hésitants pourquoi il ne faudra pas hésiter :

1- L'abstention ou le vote blanc ne sont nullement des alternatives, puisqu'ils augmenteront involontairement mais mathématiquement le score du FN. En ne choisissant pas entre UMP et FN, on fait monter le FN.

2- En votant UMP, je n'adhère pas à la politique de l'UMP mais je rejette le FN : aucune ambiguïté dans la démarche, aucun risque de voir mon suffrage mal interprété.

3- Lavrilleux et Blériot vont obtenir des scores de maréchaux, comme Chirac en 2 002. Tant mieux, la signification n'en sera que plus claire, ce seront des votes seulement républicains, anti-FN, dans lesquels le vote purement de droite sera noyé.

4- Le fait que les candidats FN n'ont aucune chance de l'emporter, même si la gauche ne votait pas UMP, n'est pas un argument recevable. Il ne suffit pas de se contenter d'un FN perdant, il faut un FN le moins influent possible, ayant le score le plus bas.

5- Faire de la politique, se comporter en citoyen, c'est faire des choix, qui ne sont pas toujours ceux qu'on espérerait. Qu'importe : l'essentiel est de choisir. S'abstenir c'est renoncer.

6- La gauche saint-quentinoise doit malgré son élimination participer au second tour. Il n'y aurait rien de pire que notre absence. Ce serait admettre que nous n'existons plus. En allant voter, en défendant la position que je viens d'expliquer, c'est se redonner un rôle politique, même s'il n'est plus de premier plan, c'est avoir une influence sur le scrutin au lieu de le déserter.

7- En 2 002, nous avons accepté de voter Chirac. J'étais loin de penser que j'aurais à revoter à droite neuf ans plus tard. Mais ce qui a été fait une fois peut être en toute logique répété, même si j'aimerais bien que cette fois-ci soit vraiment et définitivement la dernière !

Cette position argumentée, je ne m'en sens que plus libre et justifié à déplorer la lamentable division de la droite sur le front républicain. Certes, je comprends leur gêne : les duels UMP-FN sont peu nombreux, ce sont surtout des duels PS-FN. Mais le nombre ne doit pas entamer les principes : face à l'extrême droite, il faut soutenir le candidat républicain qui reste, quelle que soit son étiquette politique. Des hommes de droite l'ont compris et ont appelé à voter PS, comme moi ce soir j'appelle à voter UMP. Mais d'autres se sont discrédités et même déshonorés en prônant l'abstention ou le vote blanc. Il faudra s'en rappeler.


Bonne soirée.

21 mars 2011

Rebondir maintenant.

Bonsoir à toutes et à tous,


La défaite en politique est toujours cruelle. Les battus la trouvent injuste, c'est humain. La défaite de ce dimanche à Saint-Quentin est pire que cruelle et injuste : honteuse parce que sur l'ensemble du pays la gauche progresse et arrive en tête ; humiliante parce que le PS est dépassé par le FN, en un 21 avril local. Notre électorat est à coup sûr traumatisé : quand la gauche ne peut plus voter à gauche faute de candidats au second tour, qu'elle doit voter à droite pour faire barrage à l'extrême droite, oui c'est humiliant et honteux.

Mais ce n'est désespérant que pour ceux qui se laissent aller au désespoir. Ce pourrait être mon cas, tant j'ai été mis de côté alors que quelques atouts qui sont miens auraient pu être utilisés. Il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Qu'importe d'ailleurs : aujourd'hui c'est demain qui compte, l'avenir de la gauche saint-quentinoise. Il se trouve que j'y crois, et très fort. Je veux dans ce billet de ce soir vous faire partager mon espoir au milieu de la déroute.

D'abord, même si nos candidats ont été disqualifiés par l'électorat, nous n'avons pas le droit d'abandonner cet électorat qui s'est si peu mobilisé en notre faveur. Nous devons lui redonner espoir comme nous devons reprendre confiance en nous. C'est dans les plus graves défaites qu'on juge les responsables politiques, leur courage ou leur lâcheté, leur hauteur de vue ou leur mesquinerie, leur capacité à assumer leurs responsabilités, se remettre en question ou bien dénigrer l'autre, chercher des excuses, des circonstances atténuantes ou des boucs émissaires. Dans la défaite, on coule ou on rebondit, on se terre ou on réagit. Je fais trois propositions pour sortir du trou :

1- La reconquête. Réunir très vite les partis de la gauche saint-quentinoise (PS, PCF, PRG, Verts, MRC, IDG) et constituer un Front républicain pour faire barrage à l'extrême droite, en vue du second tour des cantonales. Notre premier secrétaire fédéral, Jean-Jacques Thomas, a très clairement lancé dès hier soir, avec promptitude et courage, un appel dans ce sens. Faisons de même à Saint-Quentin, n'attendons pas, ne tergiversons pas ! Ce sont les classes populaires qu'il nous faut reconquérir, car ce sont elles qui permettront nos futures victoires dans le Saint-Quentinois. Ne pas se prononcer clairement contre le FN, laisser supposer qu'on va s'abstenir, ce serait banaliser le vote d'extrême droite, renvoyer dos-à-dos républicains et anti-républicains, ce serait terrible, totalement irresponsable.

2- Le recentrage. Les observateurs l'ont fait remarqué : la gauche saint-quentinoise est divisée. Mais elle est pire que ça : elle est faussement unie à l'extrême gauche depuis 2 008, sur des bases politiques complètement incohérentes où chacun en conseil municipal joue son propre registre. Cette alliance nous a éloignés du réformisme, nous a radicalisés et marginalisés. POI, NPA et LO ne sont pas prêts à s'inscrire dans une logique de gestion municipale mais vivent dans la contestation permanente. C'est leur droit, je les respecte, mais des socialistes n'ont rien à faire dans cette galère. Je demande une fois de plus, mais solennellement étant donné les tristes circonstances, que le PS rompe ses alliances avec l'extrême gauche, car elles nous desservent électoralement et politiquement. Je demande à ce que les trois conseillers municipaux socialistes et leurs partenaires traditionnels forment un groupe indépendant des trois formations d'extrême gauche et se recentrent sur la ligne nationale de notre Parti qui est celle du réformisme.

3- Le rassemblement. Il n'y a pas que la gauche qui soit divisée, il y a surtout les socialistes. C'est un secret de polichinelle, rendu dérisoire par une unité de façade alors qu'il existe deux sections distinctes sur la ville. Avant de rassembler les autres, il faut réunir les siens. Personne ne doit être laissé sur le bord du chemin. Arrêtons avec le système des courants qui ne sont que des clans minuscules déconnectés de la population, mettons un terme au jeu délétère des rapports de forces qui jusqu'à présent a été notre seule règle de coexistence collective. Je demande que TOUS les socialistes saint-quentinois se rassemblent dans une seule section, après avoir discuté ensemble des modalités de notre réunification. Les Saint-Quentinois ne supportent plus nos divisions. Chacun bien sûr gardera sa sensibilité, et je tiens personnellement à rester strauss-kahnien. Mais en faire un marqueur, un discriminant, non ce n'est plus supportable ! Nous devrions redevenir les uns et les autres ce que nous n'avons jamais au fond cessé d'être et ce pour quoi les électeurs votent pour nous : des socialistes, rien que des socialistes.

Reconquête, recentrage, rassemblement, trois orientations pour que la gauche saint-quentinoise rebondisse, pour que les résultats d'hier ne soient plus qu'un mauvais souvenir, pour remotiver nos militants, pour redonner espoir à notre électorat. Avons-nous d'autres choix ? Si oui, dites-le moi, car je ne vois pas !


Bonne soirée.

Sortir du trou.

Bonjour à toutes et à tous,


Le soleil a beau être magnifique sur Saint-Quentin ce matin, c'est pour la gauche la gueule de bois : le PS ressort groggy du scrutin d'hier, battu comme il ne l'a jamais été, pour la première fois dans son histoire locale par le FN. Comment avons-nous pu arriver à un tel désastre ? Ce sera l'indispensable réflexion des prochains jours, qu'il faudra mener avec calme et sérieux, sans se perdre dans les querelles personnelles ou les règlements de compte : nous sommes au fond du trou, évitons-nous un tel spectacle.

Nous aurions sans doute tort de penser que les résultats catastrophiques d'hier soir expliquent tout. Non, les causes sont profondes et anciennes. En gros, le Parti socialiste n'a jamais su à Saint-Quentin prendre la relève du leadership communiste après l'écroulement de celui-ci, pour constituer une force réformiste capable de mobiliser son électorat et d'administrer la ville.

Odette Grzegrzulka a représenté il y a dix ans un espoir, mais la lourde défaite de 2 001 lui a scié les pattes. En 2 007, nous avons raté la transition vers une nouvelle période, les divisions d'alors nous ont cassé les reins, l'alliance avec l'extrême gauche était une fuite en avant, dont nous payons maintenant les conséquences au prix fort. Dix ans d'erreurs et d'errance, une gauche qui doit désormais absolument changer si elle ne veut pas définitivement disparaître. Il faudra très vite faire des propositions, ne plus ressasser le passé, redonner espoir à une population qu'on ne peut pas décemment laisser entre les mains de l'extrême droite.

Je n'ai pas la science infuse, beaucoup sont plus anciens et plus expérimentés que moi : je lance simplement le débat en vous livrant ces quelques réflexions, qui ne demandent qu'à être discutées, éventuellement contredites, mais dans l'objectif d'aboutir à un nouveau projet pour la gauche saint-quentinoise. J'y reviendrai bien sûr dans les prochains billets.


Bonne journée.

20 mars 2011

2 002 à St Quentin.

Deux heures après les résultats saint-quentinois, je suis toujours sous le choc, je n'ai pas encore encaissé. Mais un nouveau sentiment s'est emparé de moi : la colère, mais rentrée. Je suis comme ça : sur l'instant, rien ne vient, mais après ça monte. D'autant que devant ma télévision, je souffre du contraste : partout en France, ce n'est pas le PS qui s'effondre, c'est l'UMP ! Au contraire, nous assistons à une poussée de la gauche. Chez nous, nous vivons un 2 002 saint-quentinois : le FN remplace dans la ville le PS comme force d'opposition. Terrible ...

Colette Blériot avait son sourire et Jérôme Lavrilleux ses absences : ils passent l'un et l'autre ! On promettait un effet Olivier Tournay : rien du tout. Même le POI d'Aurigny ne profite pas de sa représentation au conseil municipal. Quant au leurre Ribeiro, il n'a pas fonctionné. Devant une telle catastrophe, on ne peut qu'être catastrophé. J'ai le sentiment ce soir qu'il faut tout reprendre à zéro, que nous avons un devoir d'espoir, que la gauche locale ne peut pas rester en l'état. Mais les idées ne sont pas encore très claires. Il faut laisser passer un peu de temps, réfléchir, discuter, s'ouvrir, en finir avec cet isolement qui tout doucement, dans l'illusion, nous a tués.

Une dernière chose : Jean-François Copé, patron de l'UMP, a été ce soir en dessous de tout, renonçant au réflexe républicain qui devrait conduire la droite à soutenir la gauche quand le FN est dans la maison, comme la gauche soutient la droite en pareille dramatique occasion (voir 2 002 là aussi). Xavier Bertrand, l'ancien boss, n'aurait peut-être pas été aussi bas. Mais voilà, le mal est fait, l'UMP a raté une occasion de se grandir.


Je n'ose pas vous dire
bonne nuit.

Dans l'Aisne, le PS tient bon !


Quelques résultats dans l'Aisne (pris à la hâte, en m'excusant d'avance pour d'éventuelles erreurs) :


Vic-sur-Aisne : JL Moraux (PS) 34,5%, 2ème tour contre l'UMP

Laon Nord : Fawaz Karimet (PS) 56,1%, 2ème tour contre le FN

Nouvion-en-Thiérache : Thierry Thomas (PS) 39%, 2ème tour contre le FN

Saint-Richaumont : Michel Lefèvre (PS) réélu avec 51,4%

Craonne : Noël Genteur (progressistes) 45,9%, 2ème tour contre l'UMP

Chauny : Jean-Luc Lanouilh (PCF) réélu 61,5%

Château-Thierry : Jacques Krabal (PRG) 35%, 2ème tour contre le FN ; 21,8% pour Dominique Jourdain (Europe Ecologie Les Verts) 20,9%

Bohain : Michel Collet (PS) 44,6%, 2ème tour contre le FN


Quelques réflexions :

1- L'UMP est le grand perdant, hélas au profit du FN.

2- Le PS se maintient, la majorité départementale de gauche s'enracine, les élus de terrain sont récompensés de leurs efforts.

3- Je félicite Jean-Luc Lanouilh et surtout mon ami et camarade Michel Lefèvre pour leur réélection dès le premier tour.

4- Regret de voir Dominique Jourdain échouer de si peu à dépasser le FN.


A tous, courage et détermination
pour le second tour !

La catastrophe.



Bonsoir à toutes et à tous,


Je reviens à l'instant de Fervaques, sous le choc : les deux candidats socialistes éliminés dès le premier tour, de gros scores pour le FN ! Cette campagne, je ne la sentais pas très bien, mais une chute à ce point, non je n'imaginais pas. Au Nord, je craignais un peu, mais au Centre pas du tout. Je réagis à chaud, sans entrer pour l'instant dans les détails et l'analyse du scrutin, les leçons à en tirer pour l'avenir (les résultats des deux cantons sont en vignette).

Ce qui est certain, c'est que dimanche prochain, je voterai UMP pour barrer la route à l'extrême droite. S'abstenir serait irresponsable, même si nous savons que les candidats FN ont peu de chance de l'emporter. Mais ne pas s'opposer à eux, ce serait les renforcer. J'ai toujours défendu sur ce blog la logique du Front républicain : appuyer les candidats républicains contre les candidats anti-républicains.

Comme je l'ai écrit dans quelques récents billets, nous devons absolument nous tourner vers les classes populaires, répondre à leurs insatisfactions et revendications, ne plus nous concentrer trop exclusivement sur les classes moyennes. Faire aussi en sorte que nos candidats aux élections locales soient représentatifs de cette France oubliée, aujourd'hui attirée en masse par l'extrême droite.

Enfin, j'ai une pensée ce soir pour mes camarades Stéphane Andurand et Carole Berlemont, en leur disant qu'il est facile d'être grand dans la victoire, mais qu'il est surtout méritoire d'être grand dans la défaite. Et que cette catastrophe qui nous atteint et nous blesse tous ce soir relève, comme toujours en politique, d'une responsabilité collective et non pas individuelle.


A plus tard.

Les armes et les urnes.

Bonjour à toutes et à tous,


La France est entrée hier en guerre. C'est l'une des décisions politiques les graves et les plus terribles qui soient, envoyer des hommes tuer d'autres hommes. Parce que la guerre, qu'on n'ose plus aujourd'hui appeler par son nom (on parle d' "intervention militaire"), c'est quand même ça. Avec cette question générale, politique et philosophique : y a-t-il des guerres justes ? J'ai toujours pensé que oui, je n'ai jamais été pacifiste, antimilitariste. Bien sûr, en tant que socialiste, je suis pour un monde de paix, un gouvernement mondial qui gère les conflits entre les peuples et les nations sans passer par les armes. Mais l'idéal vers lequel il faut aller n'est pas la réalité qu'on subit : il faut se défendre, et attaquer quand la cause est juste.

L'est-elle en la circonstance, face aux agissements de Kadhafi ? Evidemment oui. C'est un tyran, une moitié de fou, criminel de son propre peuple, qu'il faut donc mettre hors d'état de nuire le plus rapidement possible, dans le cadre légal qu'offre l'ONU. Sur ce coup, la France a pris l'initiative, les Etats-Unis ont suivi, Nicolas Sarkozy a parfaitement agi et il nous faut le soutenir. Je suis curieux de voir comment notre extrême gauche va se positionner, elle généralement pacifiste intégrale, antimilitariste génétique, surtout quand il y a du ricain dans l'opération. Kadhafi a le soutien de Chavez et Castro, les copains de Mélenchon, c'est tout dire ...

Sur le fond, je crois que la notion d' "ingérence humanitaire" est une innovation politique de ces dernières décennies qui mérite d'être pensée, soutenue et pratiquée par la gauche. De quoi s'agit-il ? De la mise en cause de la sacro-sainte souveraineté des Etats, quand leurs peuples sont mis en danger. Comment un socialiste, théoriquement internationaliste, ne pourrait-il pas se reconnaître là-dedans ? Nationalisme, souverainisme sont des poisons alors que la défense et l'émancipation de l'humanité sont nos objectifs, par la force militaire quand c'est nécessaire, l'Histoire nous l'apprend aussi.

En comparaison, nos élections cantonales semblent bien dérisoires. D'un côté la vie et la mort, la violence et la liberté, de l'autre une compétition de notables pour la réfection d'une route, l'aménagement d'un local, l'attribution d'une allocation ou subvention. Et pourtant, dans les deux cas, il s'agit bien d'une même activité, à des niveaux et avec des enjeux certes différents, qu'on appelle la politique. Napoléon menait ses batailles sans oublier les questions d'intendance. N'oubliez donc pas d'aller voter, si ce n'est déjà fait.


Bonne journée.

19 mars 2011

Nous irons demain voter.

Bonsoir à toutes et à tous,


Dans quelques heures, les bureaux de vote ouvriront leurs portes et nous irons sans hésitation voter. Car les abstentionnistes, comme les absents, ont toujours tort. Ils ont peut-être leur raison pour déroger à leur devoir civique, mais aucune excuse valable, même pas les trois qui courent ces temps-ci :

1- Les cantonales, connais pas. Le conseiller général, c'est qui ? Ok, mais une faiblesse personnelle n'est pas une justification. Celui qui veut savoir peut savoir, très vite et assez bien. Et puis, sans avoir une connaissance approfondie, nous avons une intuition des forces en présence, gauche, droite, écolos, centristes, extrêmes.

2- Le canton ça sert à rien, le département ce n'est pas important. Ah bon ? Un budget qui brasse des dizaines de millions, des compétences qui touchent la vie économique, sociale et culturelle, ça ne mérite pas qu'on se déplace ?

3- Voter oui, mais pour qui ? On ne sait pas trop. Ecoutez, c'est simple : chacun a une petite idée de ce qu'est la gauche et la droite. Les candidats ont envoyé leur profession de foi, qu'il suffit de lire pour faire son choix. Mais d'instinct, une préférence s'établit vite, nous devinons pour qui nous allons voter.

Bref, il n'y aura demain aucunes bonnes raisons de rester chez soi. Toute élection est importante, même celle qui peut sembler la moins importante. C'est l'expression du suffrage universel, dont des enseignements politiques seront tirés dès dimanche soir. Oui c'est certain, nous irons demain voter.


Bonne soirée.

18 mars 2011

La nostalgie, le regret et l'espoir.





Bonsoir à toutes et à tous,


Nous sommes dans les dernières heures de la campagne du premier tour des élections cantonales, et je n'ai pas pu m'empêcher d'aller fouiller dans mes vieux papiers. Je sais, ce n'est pas bien, il ne faut pas se retourner mais regarder devant soi. Mais je n'y peux rien, c'est plus fort que moi, la nostalgie l'emporte.

Nostalgie de quoi ? D'avoir été il y a sept ans candidat (la première fois de ma vie ! pas la dernière j'espère ...), d'avoir mené une belle campagne, d'avoir mobilisé beaucoup de monde (ah le meeting à Rouvroy, 200 personnes, une salle municipale trop petite, des gens debout), d'avoir fait venir Dominique Strauss-Kahn (à l'époque, il n'était pas présidentiable), d'avoir obtenu 40% des voix (pas loin de battre Lavrilleux).

La nostalgie est alimentée par le regret. Là aussi, ce n'est pas très sage. Mais que voulez-vous, je n'ai jamais été très sage ... Regret de n'avoir pas à nouveau été candidat, de n'avoir pas convaincu mes camarades, alors que la victoire au canton nord est là, si proche, à portée de main. Regret de n'avoir pas, encore une fois, mené une belle campagne, mobilisé beaucoup de monde. Mais DSK ne serait pas revenu me soutenir !

Nostalgie, regret, oui c'est humain. Mais aujourd'hui et pour demain, espoir. Ce qu'on fait, ce qu'on réussit, ce qui apporte quelque chose reste gravé dans les mémoires, ne s'efface jamais pourvu qu'on en réactive le souvenir comme dans le billet de ce soir. Et c'est alors l'avenir qu'on prépare. En politique, seule la volonté existe. Quand les preuves sont faites, le reste suit. Pas dans l'immédiat : il faut de la patience et de l'indifférence face aux aléas et contretemps. Tout arrive à son heure quand on a la volonté et la vérité avec soi.

En attendant, dimanche, allez voter, votez et faites voter socialiste. Nos candidats s'appellent Stéphane Andurand (canton Saint-Quentin-centre) et Carole Berlemont (canton Saint-Quentin-nord).

Bonne soirée.

Vignette 1 : l'affiche de campagne en 2 004
Vignette 2 : Strauss et moi à la tribune
Vignette 3 : une partie du public à Rouvroy
Vignette 4 : le compte rendu dans la presse

La vérité est au nord.

Bonjour à toutes et à tous,


Dans l'édition d'hier de L'Aisne Nouvelle, Eric Leskiw a analysé le scrutin cantonal de Saint-Quentin-nord, comme il l'avait fait samedi pour Saint-Quentin-centre, en donnant la parole aux sept candidats. Quelles leçons tirer de cette campagne, avant que la vérité ne sorte du vote des électeurs dimanche soir ?

1- Jérôme Lavrilleux, conseiller général UMP sortant, est très attaqué sur ses absences, travaillant à Paris. Je ne crois pourtant pas que l'argument sera décisif. D'abord parce qu'il est surtout absent des séances du Conseil général (en l'assumant), mais régulièrement présent sur le terrain. C'est ce que l'électeur retient. Non, sa défaite ne se fera pas par défaut, d'autant que le canton est historiquement de droite : ce sera la conséquence (ou pas) d'une confrontation politique, argument contre argument, qui aura été efficace ou non, autour du bilan et des projets du Conseil général de l'Aisne, que l'UMP conteste, que le Parti socialiste défend.

2- On dit souvent que les élections cantonales n'intéressent pas la population. Mais c'est à nous, militants, de l'intéresser, par notre pédagogie, et ce scrutin n'est pas plus ingrat ou difficile qu'un autre scrutin : le Conseil général a un rôle social qui concerne à peu près tout le monde, son travail est de proximité, il englobe bien des problèmes de la vie quotidienne. Là-dessus, la gauche départementale a énormément de choses à dire parce qu'elle a énormément fait de choses et qu'elle a des perspectives, une vision pour l'Aisne. Si Jérôme Lavrilleux doit être battu, ce sera sur ce terrain-là, pas sur celui de ses absences, qui n'est pas négligeable mais secondaire, qui marque le microcosme politique mais qui ne frappe pas particulièrement le citoyen lambda.

3- Il se dit beaucoup dans Saint-Quentin que les bisbilles Bertrand-Copé pourraient nuire à Lavrilleux, celui-ci ayant pris partie pour l'un contre l'autre. Que des militants UMP n'aillent pas dimanche voter pour leur candidat, c'est certain. Mais ils ne voteront pas socialiste pour autant. Et puis, le sort d'une élection, quelle qu'elle soit, n'a jamais dépendu des décisions des militants. Surtout, la droite saint-quentinoise, nonobstant ses différends internes, ne peut pas s'offrir le luxe d'une défaite dont l'impact serait national (le ministre du Travail et de la Santé désavoué sur ses propres terres !). Là encore, pas d'illusion et pas de victoire par défaut : c'est la force de conviction d'un candidat qui permet de gagner, pas les faiblesses de l'adversaire.

4- Côté socialiste, nous avons incontestablement une fenêtre de tir qui s'offre à nous, une occasion à ne pas rater : la droite gouvernementale est en situation difficile, les remous autour de la carte scolaire nous sont profitables (Saint-Quentin sera probablement la ville la plus touchée par les suppressions de classe). Je ne reviens pas sur le choix de Carole Berlemont, sur lequel je me suis déjà exprimé. Elle a essentiellement en sa faveur le contexte national, qui est porteur, aidé par une opportunité locale, la position singulière et vulnérable de Jérôme Lavrilleux (ce qui n'était pas le cas il y a sept ans). Mais la sociologie du canton rend sa victoire moins évidente que celle de Stéphane Andurand (voir mon billet consacré à Saint-Quentin-centre).

5- La grosse incertitude et la grosse inquiétude, c'est le score de l'extrême droite, qui peut considérablement gêner la gauche, en attirant sur le FN les voix populaires. Son candidat est un chômeur, sa suppléante est une vendeuse, ils militent tous les deux pour la vidéo-surveillance. En 2 004, au premier tour, 417 voix seulement m'avaient séparé du Front National. Avec la vogue médiatique en faveur de Marine Le Pen, il ne faudrait pas que l'extrême droite comble l'écart et dépasse le PS. Certes, il y a très peu de chances que nous soyons disqualifiés pour le second tour et très peu de chances que le FN s'y maintienne en deuxième place, les reports de voix venant gonflé automatiquement la candidature socialiste. Mais un premier tour avec un PS au troisième rang serait tout de même pénalisant pour nous.

6- La candidature de notre "partenaire" lambertiste est égale à elle-même, quand on lit les propos de Michel Aurigny :"On ne se présenterait pas si on avait une gauche qui faisait son boulot (...) On ne peut pas s'en sortir s'il n'y a pas une rupture avec la gauche et la droite". Ca pourrait être du Bayrou si ce n'était pas de l'extrême gauche. Toujours est-il que ça nous pique des voix dont nous avons bien besoin face au FN. Je serai très attentif à ce que fera notre "partenaire" du Parti Ouvrier Indépendant (j'arrive difficilement à rester sérieux quand j'écris le nom de cette formation ...) dans l'entre-deux tours.

7- Un autre qui va nous piquer des voix, mais qui est missionné pour ça : Antonio Ribeiro, de la Gauche Moderne. L'électorat sait-il que ce candidat est passé de gauche à droite et que son parti, malgré le nom qu'il affiche, est proche de l'UMP ? J'en doute. Le nom et l'étiquette marqueront, pas le reste. Je ne suis même pas certain que les militants de droite anti-Lavrilleux voteront Ribeiro : les transfuges ne sont jamais très bien perçus. Notons cette formule immortelle, qui pourrait être là aussi du Bayrou mal dégrossi : "Certaines de nos idées sont un peu de gauche, mais il y a du bon à gauche comme à droite". Ribeiro ne va pas jusqu'à faire ses courses à l'extrême droite, c'est déjà ça de gagné ...

8 - Rien de particulier à dire sur les deux derniers candidats, communiste et écologiste, Maria Le Meur et Jean-Philippe Daumont.

9- Et Josette Janssens, qui faisait gros titre et pleine page dans la presse il y a quelques semaines, qui suscitait l'irritation et la désapprobation des autres candidats, qu'est-elle donc devenue ? Tout passe tout lasse en politique. Même les noms que j'ai évoqués dans ce billet, combien seront encore là dans quelques mois, quelques années ? En politique, il faut vouloir l'éternité ou rien !


Bonne journée.

17 mars 2011

Le miroir japonais.

Bonsoir à toutes et à tous,


Le tsunami japonais provoque chez nous des réactions complètement différentes du tsunami de 2 004 : pas de vaste mouvement de charité, pas de compassion démonstrative. Pourquoi ce deux poids deux mesures pour un même événement ? Parce que ce qui se passe au Japon nous renvoie comme un miroir ce qu'est la France :

1- Le Japon est la troisième puissance économique. Battu lors de la dernière guerre mondiale, meurtri par deux apocalypses nucléaires, il a su se redresser, s'adapter au marché, réformer son système de production, alors que la France, du nombre des vainqueurs, a été déclassée et ne sait toujours pas aujourd'hui affronter la mondialisation.

2- Le Japon s'est modernisé tout en gardant des structures collectives et communautaires très fortes, qui sont des atouts considérables dans les situations de malheur national. La France est gangrenée par un individualisme râleur et geignard qui nous fait désespérer de tout ... sauf de l'extrême droite !

3- La France a désormais peur de tout, surtout d'elle-même et des autres. La moitié des Français craignent de devenir clochards quand rien ne laisse présager cette issue à des existences dont beaucoup sont confortables. Quelques centimètres de neige nous affolent et paralysent notre société hagarde. Le Japon reste impassible et maître de lui dans une épreuve autrement plus redoutable qu'une tombée imprévue de flocons.

En la circonstance, la France est devenue économe de sa compassion, qu'elle se réserve peut-être. C'est même de pitié dont il faudrait parler. Son beau miroir a cessé de lui dire qu'elle était la plus belle.


Bonne soirée.

16 mars 2011

Le rire du prolétaire.

Bonsoir à toutes et à tous,


Pour poursuivre ma réflexion sur les classes moyennes et leur idéologie désormais dominante, je voudrais montrer combien celle-ci a des effets négatifs sur la vision du travail partagée par tous aujourd'hui, mais au détriment des classes populaires. Trois nouveaux concepts, trois chevaux de bataille influencent l'opinion :

1- Le stress. Il fait l'objet de toute une campagne, il préoccupe les autorités. C'est pendant l'instauration des 35 heures que ce thème est apparu, avec cette idée fausse que la réduction du temps de travail accélérait les cadences (si c'était vrai, toute baisse du temps de travail serait négative et jamais demandée par personne). Ce qu'il faut surtout remarquer, c'est que la dénonciation du stress consiste à retenir des difficultés au travail que leur dimension psychologique, étrangère aux classes populaires qui demeurent pour une large part dans la difficulté physique qu'occasionne pour elles le travail.

2- La pénibilité. Sa critique suppose qu'un travail pourrait ou devrait ne pas être pénible, ce qu'ignorent les classes populaires, dont les emplois ne sont guère valorisants et encore moins divertissants. L'idée qu'un travail doit être plaisant est typiquement une réaction "classes moyennes". L'ouvrier sait d'expérience que la vie le conduit plutôt à faire les sales boulots, mais qu'il faut bien gagner sa vie. La réflexion sur la pénibilité relève d'une culture de bureau, pas d'usine. Pour le monde ouvrier, travailler c'est travailler dur.

3- Le harcèlement. Il a remplacé subrepticement la bonne vieille contestation de l'exploitation, qui revenait à rejeter la globalité du système économique et social. Le harcèlement est un méfait purement individuel qu'on règle individuellement, avec une tonalité morale. La dimension politique qui présidait à la critique de l'exploitation a disparu. L'ouvrier peut rejeter l'autorité des petits chefs, des contremaîtres, qui est très différente du harcèlement. Celui-ci inscrit les difficultés au travail dans un registre plus intime, plus subjectif, presque privé, qu'ignore la vie collective de l'ouvrier.

Stress, pénibilité, harcèlement, je ne nie pas que ces problèmes existent, encore moins qu'il faille les traiter, mais ce sont les souffrances des classes moyennes, érigées aujourd'hui en problèmes pour tous, alors que les classes populaires ne les vivent pas ainsi : ce n'est pas le stress mais l'effort physique, ce n'est pas la pénibilité mais les faibles salaires, ce n'est pas le harcèlement mais l'exploitation. Pour l'ouvrier qui se lève tôt le matin pour gagner un salaire de misère en déchargeant des camions mais qui ne s'en laisse pas compter, qui sait se défendre quand il le faut, l'évocation pleureuse du stress, de la pénibilité et du harcèlement le soulève d'un immense éclat de rire, le rire du prolétaire contre l'idéologie moyenne.


Bonne soirée.

15 mars 2011

Les leçons du Japon.

Bonsoir à toutes et à tous,


Je ne comprends pas bien cette polémique qui stigmatise nos amis Verts, qui veulent profiter de la catastrophe japonaise pour relancer le débat sur le nucléaire. Rien de choquant à ça, ils sont dans leur rôle. Je serais au contraire étonné qu'ils restent silencieux sur le sujet alors qu'une tragédie valide en partie leurs analyses.

Mais il y a les cantonales, et il ne faut pas exploiter le malheur du monde pour faire des voix, me direz-vous. Qu'est-ce que c'est que ces manières qui imputent de mauvaises intentions aux écologistes ? Personne n'est en capacité de sonder les reins et les coeurs. Et il faudrait se taire parce qu'on est en campagne électorale ? La drôle d'idée ! C'est le contraire qui est vrai : la démocratie consiste à débattre, et à débattre d'autant plus que le sujet est actuel et grave.

Je vois une fois de plus, dans cette médiocre polémique, les méfaits du puritanisme et du moralisme qui nous étouffent de toute part, qui gagnent même certains secteurs de la gauche. Les leçons de morale, y'en a marre ! Ce qui m'intéresse, c'est la réflexion et l'action politiques. Je ne suis pas écolo ni anti-nucléaire, mais il est évident que la tragégie que subit le peuple japonais nous invite d'urgence à repenser la place du nucléaire dans les sociétés modernes. La France, qui a quasiment tout misé sur cette énergie, doit s'interroger plus qu'aucun autre pays.

Paradoxalement, ce terrible événement heurte aussi la sensibilité écologiste : il nous montre que la nature n'est pas toujours bonne, qu'elle peut être cruelle, qu'il ne faut pas la vénérer outre mesure. Notre civilisation moderne, techno-scientifique, se croit toute puissante : un tremblement de terre peut pourtant entraîner plusieurs dizaines de milliers de morts et de victimes et nous laisser impuissants. Habituellement, nous cherchons des coupables, des boucs émissaires. Mais là, impossible !

Et puis, il y a le nucléaire, civil ou militaire, qui pose évidemment un problème à nos sociétés, tant ses dangers sont gravissimes. Voulons-nous conserver notre confort à ce prix ? Voulons-nous continuer à assurer notre défense avec de pareils engins de destruction massive, qui mettent en péril l'existence même de l'humanité ? Je ne voudrais pas paraître indécent mais il me semble que toutes ces questions sont dignes du débat politique et que la gauche doit y prendre la meilleure part. Ou alors je ne sais plus ce que c'est que le débat politique !


Bonne soirée.

Dialogue de sourds.


Bonjour à toutes et à tous,


Il y a des jours où j'aime la politique et des jours où je n'aime pas la politique. Les premiers sont beaucoup plus nombreux que les seconds. Hier soir, je n'aimais pas la politique. J'étais au Conseil municipal, à ma place. J'en suis sorti - comment dire : désabusé, lassé, interrogatif. Pourtant, il ne s'est rien passé d'exceptionnel. Peut-être justement parce qu'il ne s'est rien passé d'exceptionnel ... A moins que je sois fautif : fatigue, manque de concentration, désintérêt ... Toujours est-il que j'en suis revenu avec seulement une page de notes, où d'habitude j'en prend cinq.

Que s'est-il donc passé ? Encore une fois, rien de très spécial, mais j'ai l'impression que c'est cette routine qui m'affaiblit. Il y a tout de même des éléments objectifs, sur lesquels on peut mener une réflexion (j'ai failli pourtant ne pas faire de billet, il me semblait qu'il n'y avait pas matière). Mais là aussi, il faut se méfier de soi-même, de la subjectivité. Je vous livre cependant mes sentiments, dont on peut sans doute tirer des enseignements :

D'abord, par rapport à la présidence de Pierre André, il y a avec Xavier Bertrand des changements : la séance dure plus longtemps (le double, deux heures là où le précédent maire tenait une heure) ; les adjoints prennent plus volontiers la parole, quand elle n'est pas directement sollicitée par le maire ; celui-ci n'hésite pas à interpeller à sa façon l'opposition ; il consacre, en début et en fin de conseil, un moment assez long à des informations diverses.

Surtout, il y a le ton, l'atmosphère, très difficile à décrire, que les uns et les autres perçoivent peut-être différemment. Venez donc vous faire votre propre idée en assistant du balcon ! Hier soir, une expression ne m'a pas quitté en écoutant péniblement jusqu'au bout les débats : dialogue de sourds, oui c'est exactement ça, un dialogue de sourds. L'ordre du jour était pourtant politiquement riche, surtout dans ses digressions : développement du commerce en centre-ville, extension de la vidéo-surveillance, devenir des écoles, conception de la laïcité ... Mais les échanges tournaient vite court, aucun véritable débat ne s'instaurant entre majorité et opposition, des questions sans réponses et des réponses à des questions non posées, chacun parlant pour lui sans vraiment s'adresser à l'autre, à travers parfois des quiproquos, lapsus, incompréhensions, volontaires ou pas, pouvant frôler le surréalisme. A qui la faute ? A la droite ? A la gauche ? A tout le monde et à personne, à un système, à une situation ...

Ce que j'ai retenu de tout ça, c'est la grande confusion. La dimension personnelle m'a semblé souvent plus forte que la dimension politique. Quand le maire s'exprime, j'ai le sentiment qu'il ne parle indirectement qu'à trois personnes, les journalistes à la table de presse qui prennent scrupuleusement note de tout ce qui se dit. Mais le véritable enjeu n'est-il pas là ? Les reprises le lendemain et le surlendemain dans les journaux locaux. Si les citoyens ne viennent pas aux séances du Conseil municipal, ils lisent les compte-rendus dans la presse.

Je rêve d'une autre politique : des débats vifs oui, polémiques tant mieux, à condition qu'ils soient clairs, que chacun argumente dans la bonne foi, que les convictions ne cèdent pas la place à ce qui ressemble à des règlements de compte. Mais j'ai sans doute tort (le rêveur a toujours tort) : les hommes sont comme ils sont, on ne les refait pas, il faut les prendre comme ils sont. La démocratie c'est sans doute ça, un dialogue de sourds qui a le mérite d'exister, tant de régimes à travers l'histoire et le monde n'ayant aucun dialogue, de sourds ou pas.

En partant, j'ai quand même failli cracher mon amertume. Mais un écriteau au balcon me l'interdisait (voir vignette). Je me suis donc abstenu.


Bonne journée.