L'Aisne avec DSK

31 octobre 2009

Un patron reste un patron.


Bonjour à toutes et à tous.


On a beau dire, lire ne suffit pas, il faut aller voir. Tergal à Gauchy, l'usine qui s'arrête, les licenciements, ce sont des chiffres dans la presse, utiles, mais qui ne rendent pas compte de la souffrance sociale. Hier, au rassemblement de la CGT, c'était saisissant : des locaux immenses, vides, silencieux qui commencent à se dégrader, une image de mort, de ruine. Le gâchis, le désastre, l'absurdité cruelle d'un système, on les perçoit là, quand on est en face.

En discutant avec une vieille dame, elle me dit qu'elle a passé 42 ans de sa vie ici, qu'elle est en retraite depuis 17 ans. Faites le compte : toute une vie chez Tergal, pour Tergal, et puis aujourd'hui tout s'arrête, un monde s'écroule. Les meilleures explications n'effaceront jamais le sentiment d'injustice. La dame me raconte la vie d'avant, les gens, les familles, la foule, les bistros, les magasins et surtout, bien sûr, le travail.

Les gros cerveaux devaient bien savoir que le textile allait s'effondrer. Tergal, c'est la chute constante des effectifs, depuis bien des années. Pourquoi ne pas avoir anticipé, préparé, formé ? La mobilité, la reconversion, c'est bien joli mais quand on a la cinquantaine et trente ans de boîte, c'est pas évident, c'est même angoissant. Les Tergal ont bossé, sans jamais rien demander à personne, et maintenant on les vire. On comprend leur colère.

Un syndicaliste a eu cette phrase, qui m'a frappé : "On ne veut pas d'argent, on veut du travail". Est-ce encore concevable dans la France sarkozienne du "gagner plus", toujours plus ? Dans cette France-là, c'est tellement plus simple de laisser croire que les gens n'ont pas envie de travailler ! Une autre formule a retenu mon attention : "Un patron reste un patron". Eh oui, c'est la banalité ou le bon sens qui le disent : les intérêts des uns ne sont pas les intérêts des autres. Si on veut employer de grands mots (il le faut parfois, ne pas avoir peur de ce qui est grand), on parlera de lutte de classes.

Ce n'est pas qu'un patron soit un méchant. Il peut même être philanthrope et progressiste. Mais ses intérêts, qui dépassent largement sa simple personne pour s'étendre à tout un système, ne correspondent pas exactement à ceux de la masse des salariés. Ni haine, ni jalousie sociales dans mes propos, mais seulement réalisme. Aucune radicalité non plus : je suis social-démocrate, je crois au compromis de classes, le renversement du système est dans la perspective révolutionnaire, pas dans la mienne. Mais je ne vois que la lutte syndicale et politique pour amener à la défense et à la satisfaction des intérêts des salariés. C'est ce qu'on appelle classiquement le réformisme.

Le sous-préfet était présent et a pris la parole. C'était plutôt courageux de sa part, et pas facile. Certains, à la fin, l'ont sifflé. Il ne fait pourtant que son boulot de représentant de l'Etat dans une République, chargé d'aider au reclassement des salariés et éventuellement à la reprise de l'usine. Mais il n'est pas responsable de ce qui se passe. L'Etat n'est pas le pouvoir politique, encore moins le monde économique.

En revanche, j'ai trouvé que les références, un peu trop appuyées à mon goût, à Xavier Bertrand étaient contestables. Car celui-là, pour le coup, soutient la politique du gouvernement, en est même partiellement l'instigateur, et entièrement solidaire, responsable. Quand on a sa puissance, on doit être capable de préserver l'emploi. Mais cet homme-là séduit, impressionne ou fait peur, même auprès de ses adversaires politiques. Alors on est indulgent avec lui. Je préfère ne pas évoquer les sentiments qu'il m'inspire, mais ce n'est aucun de ces trois.


Bonne journée.

30 octobre 2009

37 mousquetaires !

Bonsoir à toutes et à tous.

Nous étions 5 mousquetaires, nous voilà 37 à ce jour. Pas mal, non ? Ça fait une jolie petite équipe au bout d'à peine une semaine. Certains grincheux, dans les commentaires de ce blog, pensent que c'est peu. Les grincheux sont là pour grincher, laissons-les faire, ils ne savent que ça. Nous serions le double, le triple, ils continueraient à dire que c'est peu. Quelques grincheux particulièrement vicieux seraient même capables de dire que c'est trop ! Un grincheux, on ne sait jamais trop ce qu'il va dire, sauf que ce sera du mal.

D'autres grincheux m'ont fait remarquer que j'étais le seul signataire à St Quentin. Et alors ? Dans d'autres sections, ils sont zéro. Surtout, nous ne sommes pas là pour faire du chiffre, pour solliciter des "soutiens" personnels, pour préparer la petite carrière des uns et des autres. Nous voulons que la rénovation avance dans notre Parti, qu'elle ne soit pas un beau discours sans suite.

Techniquement, nous procédons par le bouche à oreille. La plupart des adhérents n'ont pas reçu notre message, nous n'en avons pas les moyens matériels. Mais peu importe : c'est le coeur qui compte. Les mousquetaires ont l'esprit chevaleresque, ce ne sont pas des calculateurs à la petite semaine. Et si on remettait dans la politique de la passion, de l'enthousiasme, du lyrisme ? Les petits hommes gris n'aiment pas ça. C'est eux qu'il faut bousculer, gentiment, sinon ils vont devenir grincheux.

Ces réactions négatives, c'est la preuve que la rénovation ne pourra se faire sans douleur. Dans mon Parti, il est de tradition de signer par motions, quand le chef fait signe, ou bien pour défendre un élu, toujours en attendant le signe. Le texte des rénovateurs confond toutes les motions et n'a en charge les intérêts de personne. C'est complètement nouveau, il ne faut pas s'étonner que les signataires ne soient pas des masses. Nous faisons tout de même un peu mieux que la motion que nous avions déposée pour le Congrès. Mais l'essentiel est ailleurs : notre démarche est de conviction, pas de posture.

Et puis, il y a l'approche des régionales : le silence est d'or pour ceux qui veulent réussir en politique. Forcément, ouvrir sa gueule, ça la fout mal. Mais nous nous en moquons, nous sommes dans la droite ligne de la direction nationale. Après tout, les mousquetaires étaient un corps d'élite au service du roi, contre les petits et les grands féodaux.

Rénovateurs et amis des rénovateurs, nous nous retrouverons demain, à 17h00, à Crouy, près de Soissons, au 53 rue du général Patton, chez Pierre Lenoble. C'est lui qui régale, avec vin et charcuterie, m'a-t-il dit. C'est que ça bouffe, un mousquetaire, et pas seulement que du grincheux ! Ne vous déplacez quand même pas pour me voir, je n'y serai sans doute pas, à cause d'une fichue grippe (qui n'a cependant pas altéré mes facultés mentales et rédactionnelles, comme vous pouvez le constater).


Bonne soirée.

Un mystérieux questionnaire.

Mon précédent billet n'avait d'autre but que de préparer celui-ci. Car j'ai appris hier soir quelque chose qui m'a laissé très perplexe. Jugez-en par vous-mêmes, je crois que vous serez aussi surpris que moi. Dînant chez une amie qui n'est pas très au fait de la politique locale, elle m'annonce tout tranquillement qu'elle a été consultée dernièrement par téléphone pour un sondage. Jusque là, rien d'étrange, même s'il est rare de tomber sur quelqu'un qui a été sondé, alors qu'on entend tant parler des sondages autour de nous. Passons, le mystère est ailleurs.

Ce sondage portait sur ... la politique de la Ville de Saint-Quentin. En contrepoint à la consultation publique, ce sondage à domicile a de quoi laisser perplexe. Il y a redondance. Mon amie a répondu sans trop prêté attention, comme on fait souvent quand on veut au téléphone se débarrasser d'un interlocuteur, surtout lorsqu'il s'agit d'un enquêteur ! Elle se souvient cependant d'une question qui l'a marquée : Que pensez-vous de l'aménagement de la place de l'Hôtel de Ville ? Et elle a alors "crisé", comme disent nos jeunes, car c'est une opposante farouche à la statue de Maurice Quentin de La Tour.

Mais le plus mystérieux est dans ce qui suit, et là j'ai vraiment été interloqué. Le sondage contenait une question sur une liste d'une dizaine de personnalités locales, essentiellement des élus, et sur leur notoriété. Il fallait dire si on connaissait ou pas. Et savez-vous qui figurait dans cette liste, je vous le donne en mille ? Mon nom ! Sur le coup, n'y croyant pas, je me suis demandé si mon amie n'avait pas confondu avec mon homologue du NPA au Conseil municipal : mais non, elle a su distinguer Emmanuel de Franck, quand même !

Et puis, tous les élus responsables politiques ne figuraient pas. Ainsi Nora des Verts n'y était pas (mais Freddy de DLR oui !). Et pour renforcer le mystère, des élus qui ont une assez forte notoriété et une présence médiatique importante, tels Vincent Savelli et Colette Blériot, étaient pourtant absents (alors qu'ils sont plus connus que moi !).

Bref, je me perds en conjectures sur le sens à donner à ce sondage. Ce qui est dommage, c'est qu'elle ne se souvienne pas du nom de l'institut (ce qui m'inclinerait plutôt à penser qu'il ne doit pas être des plus connus, car IPSOS ou SOFRES sont des termes qu'on connaît et qu'on retient). Mystère aussi que la période : pourquoi maintenant ? A la veille des municipales, on comprendrait. Mais aujourd'hui ... Faut-il faire un lien avec les prochaines régionales ? Je ne vois franchement pas lequel.

Mystère des mystères : qui est le client ? La gauche locale ? Elle n'a pas le fric pour ça et je suppose quand même que je le saurais. La Municipalité ? Cela devrait apparaître je pense dans ses comptes publics. L'UMP ? Xavier Bertrand ? Là les moyens existent. Mais dans quelle intention ? Le questionnaire se terminait par la question suivante : Etes-vous de gauche ou de droite ? C'est donc bien la piste politique qui est à retenir.

Une amie n'en reste pas moins un être humain, faillible, vulnérable à l'erreur, à la déformation. Je vais donc faire ce que je ne fais jamais sur ce blog, en direction des quelques centaines de lecteurs quotidiens, je vais lancer un appel : avez-vous vous aussi été approchés par cet institut de sondage, pouvez-vous nous en dire plus ? Un incroyable hasard a voulu que cette amie soit consultée. Peut-être que le hasard va me sourire au moins une deuxième fois ...


Bon après-midi.

Pot de terre, pot de fer.

Bonjour à toutes et à tous.

Je n'ai consacré aucun billet au récent questionnaire de la Municipalité de Saint-Quentin. Je n'y ai pas vu d'intérêt politique. Cette opération d'envergure est à la fois une consultation de la population et une entreprise de communication. Je vois mal les enseignements politiques qu'on pourrait en tirer. Le coût prêterait sans doute à questions. Mais toute entreprise de ce genre a un coût. Le seul problème de fond serait de se demander si une municipalité doit s'interdire de communiquer ?

Vous connaissez ma réponse, j'en ai souvent parlé sur ce blog, et je sais que tout le monde à gauche n'est pas d'accord avec moi, mais je suis persuadé que la communication professionnelle fait partie intégrante de la vie politique moderne. Si Sarkozy a réussi, c'est aussi parce qu'il est un bon "communiquant". Si la gauche rencontre des difficultés, c'est aussi parce qu'elle communique pas très bien.

Et puis, il y a une paradoxale loi de la communication, c'est qu'un bon plan com' doit intégrer et donc susciter les critiques des adversaires. Car qu'est-ce que "communiquer" ? C'est tout bêtement (mais ce n'est pas permis à n'importe qui !) faire parler de soi, en bien évidemment mais aussi ... en mal, pourvu que le négatif ne l'emporte pas sur le positif. Un plan médias, en politique ou dans d'autres secteurs, a besoin d'une petite polémique pour le servir. L'échec de la communication, c'est l'indifférence.

La Municipalité de Saint-Quentin est passée maître dans l'art de la communication. Il n'y a donc pas nécessité à ce que nous l'aidions en faisant la publicité négative, mais publicité quand même, de son opération. Le pot de terre doit s'y prendre autrement quand il veut affronter le pot de fer. Sinon on finit en pot de fleurs, même si c'est un cactus (qui ne dérange guère). Plus généralement, je crois qu'il faut agir et pas réagir.


Bonne fin de matinée.

29 octobre 2009

Luttes de classes.

Bonjour à toutes et à tous.

C'est quand une affaire se termine qu'elle doit commencer. Je m'explique : nous sommes tous ballottés par l'écume de l'événement, prisonnier de son instant. Après, plus rien, on passe à autre chose. Je dis qu'il faut reprendre ce qui s'est passé, y réfléchir calmement, avec la distance nécessaire. C'est alors là qu'on en tire des enseignements de fond.

Ainsi en est-il de l'affaire Jean Sarkozy. Est-ce une polémique de plus sur un père président qui donne un coup de pouce à son fils conseiller général ? Non, si ça n'était que ça, ce ne serait pas grand-chose, du moins politiquement. Je ne veux pas faire de morale sur cette affaire, mais de la politique. Paradoxalement, ce sont deux non politiques qui répondent le mieux à ma demande : Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, dans Libération du week-end dernier.

Ces deux experts de la grande bourgeoisie nous en apprennent plus et mieux qu'un militant de gauche. Sur Sarkozy d'abord et sa spécificité : "Le président de la République a introduit le monde des affaires, des médias et du show-biz, les réseaux Lagardère ou Bolloré, au coeur du système politique. C'est ça, la rupture du sarkozysme. Le chef de l'Etat est le porte-parole de l'aristocratie de l'argent".

Mais avant, avec Pompidou, Giscard, Chirac, n'était-ce pas déjà le cas ? Oui mais sans ostentation. Et surtout, c'était plutôt la vieille bourgeoisie d'affaires qui tenait les rênes. Aujourd'hui, ce sont ce qu'il est convenu d'appeler les "nouveaux riches" (même si les anciens sont toujours là, jamais très loin !). Curieusement, alors que l'image du "parvenu" a eu longtemps en France une dimension très négative, l'élection de Sarkozy semble avoir liquidé ce préjugé.

Issu de la noblesse hongroise, la famille Sarkozy arrive "pauvre" (tout est relatif !) en France et doit faire sa place au soleil dans le monde des riches. Dans cet objectif, elle s'installe dans les "beaux quartiers", autour du parc Monceau et à Neuilly, dont le fils Nicolas devient le maire et le petit-fils Jean conseiller général du sud de la ville, là où sont concentrées les plus grosses fortunes.

Mais rien n'est simple, même chez les riches : Jean se fera élire avec 52% là où n'importe quel candidat de droite raflait au moins 70% auparavant. Que s'est-il passé ? La lutte de classes chez les bourgeois ! Mais oui : les Sarkozy incarnent ce que la vieille bourgeoisie, et plus encore l'aristocratie de souche, détestent, le nouveau riche, le parvenu. Il y a beaucoup de soleil dans le monde des riches, ça n'empêche pas que certains font de l'ombre à d'autres.

L'histoire de Sarkozy, c'est celle d'un homme qui recherche la reconnaissance sociale des siens, parce qu'il n'en fait pas complètement partie. Écoutons nos deux sociologues : "Sarkozy, du côté du symbolique, n'est pas au point. Il est populiste. Dans sa manière de s'exprimer, il fait peuple. Il n'en impose pas, or le secret du symbolique est d'en imposer. Il peut être lâché très vite. De Gaulle était l'inverse : pas nécessairement aimé, il impressionnait. Il en mettait plein la vue. Pompidou aussi, parce qu'il était très cultivé, comme Mitterrand. Le problème du populiste est qu'on ne le respecte pas car il ne met pas de distance". Intéressant non ?

Je veux terminer ce billet par un dernier extrait, fort remarquable puisqu'il donne une interprétation de l'affaire Jean Sarkozy rarement entendue : "Une des raisons de la mainmise de Sarkozy sur l'Epad est le prolongement de l'Ouest parisien de prestige jusqu'à Nanterre et Puteaux. C'est là que ça bloque, des logements sociaux anciens occupent le terrain (le quota à Nanterre est de 60%). Le maire de Nanterre, Patrick Jarry, communiste, est lui aussi candidat à la présidence de l'Epad. Il craint l'arrivée de logements de standing et qu'il ne reste plus que quelques HML alibis à Nanterre. La ville bourgeoise ne peut plus se développer. Il lui faut casser cet espace populaire. Nanterre est un handicap pour ce processus de développement d'un Ouest d'affaires et bourgeois".

Qu'on retourne la politique comme on voudra, c'est toujours la lutte de classes qui réapparaît, dans sa réalité sociale (pas le dogme qu'en a fait l'extrême gauche). C'est pourquoi, chers lecteurs de ce blog qui n'êtes pas bourgeois, je vous invite demain, à 14H30, devant l'usine Tergal à Gauchy : la CGT appelle la population à soutenir les salariés. Faites-le. Pour que la lutte des classes ne soit pas réservée aux bourgeois.


Bon après-midi.

28 octobre 2009

Le sparadrap de Sarkozy.

Bonjour à toutes et à tous.

Connaissez-vous la façon la plus coutumière de se débarrasser d'un adversaire politique ? Je vais vous expliquer. D'abord, il ne faut surtout pas discuter de politique avec lui, vous lui donneriez ainsi une légitimité, une forme de reconnaissance qui serait pour lui une première petite victoire. Et puis, un adversaire coriace peut très bien retourner les arguments contre vous. Ce serait embêtant.

Non, il faut s'y prendre autrement, dire que l'adversaire en question est un homme seul, qu'il n'a rien d'intéressant à dire ou bien qu'il dit n'importe quoi. Les plus audacieux ajouteront une dose de morale et une pincée de psychologie, toujours utiles pour discréditer l'autre. L'idéal serait encore d'ignorer l'adversaire, de faire comme s'il n'existait pas. Mais là, c'est réservé à quelques grands politiques qui ont la maîtrise d'eux-mêmes. En général, l'être humain ne peut pas s'empêcher de réagir (regardez les commentaires sur ce blog). Surtout quand l'adversaire lui colle aux doigts comme le sparadrap du capitaine Haddock.

Cette méthode politique, je vous en parle ce matin parce qu'elle est la plus répandue. Et pourquoi ? Parce que c'est la plus simple, parce qu'elle s'adresse à la partie la plus crétine en chacun d'entre nous (certains l'ont cependant plus développée que d'autres). Ceci dit, cette méthode n'est pas la mienne. Au contraire, quand je suis devant un adversaire ou un rival politiques, j'essaie de comprendre sa ligne, sa cohérence, et je la discute, j'explique pourquoi je suis contre. Et je respecte la personne, sans m'immiscer dans son caractère ou sa personnalité.

Pourquoi vous dire tout ça ce matin, que vous connaissez un peu si vous êtes un lecteur fidèle de ce blog ? Parce que l'actualité m'y fait penser. Sortant du procès Clearstream, Villepin a clairement indiqué dans les médias qu'il se posait, contre Sarkozy, en "alternative républicaine". Surtout, il y a ce dîner d'hier, au milieu de 1 000 convives, où Villepin a discouru avec sa superbe habituelle.

Il faudrait être fou pour dire que cet homme est seul, qu'il n'a rien à dire ou qu'il dit n'importe quoi. C'est pourtant la tentation à droite, en vertu de la méthode que j'ai précédemment exposée. Ce n'est pas tant les 1 000 qui m'impressionnent (c'est un peu comme si j'invitais dans mon salon cinq personnes pour préparer les prochaines municipales, et encore la proportion n'est pas fidèlement respectée !). Mais c'est le fait d'avoir été Premier ministre : qui peut soutenir que ça compte pour du beurre ?

Villepin est pour le moment le sparadrap de Sarkozy, qui peut se transformer en boulet avec le temps. Car cette "alternative républicaine", il lui faudra bien la définir. Se contenter de dénoncer "l'esprit de cour" ne fait pas encore une politique.


Bonne matinée.

27 octobre 2009

Confirmation.

Bonsoir à toutes et à tous.

On s'en doutait, c'est aujourd'hui confirmé : le "grand débat sur l'identité nationale", annoncé dimanche par Besson, est évidemment une initiative de Sarkozy. En déplacement dans le Jura, devant un public d'agriculteurs, le président en a parlé (rien à voir pourtant avec le sujet de son déplacement), en prononçant cette phrase ahurissante : "Le mot terre a une signification française et j'ai été élu pour défendre l'identité nationale française".

C'est ahurissant pour deux raisons : il y a d'abord cette "terre" qui aurait une "signification française". C'est quoi ce charabia ? Ça veut dire quoi exactement ? La "terre" est un mot qui a un sens dans tous les pays et langues du monde. Ce n'est pas un terme spécifiquement français. Et si Sarkozy veut dire que la France est une économie essentiellement agricole avec des paysans majoritaires, il retarde d'un siècle !

Certains commentateurs y ont vu un relent pétainiste ("la terre qui ne ment pas"). Je n'irais pas jusque là, je ne me permettrais pas, Sarkozy n'est pas mon ami mais c'est quand même un républicain. Ceci dit, je trouve sa formule ambiguë et malheureuse.

Et puis, il y a cette redondance : "identité nationale française". C'est ce qu'on appelle mettre les points sur les i, repasser le couvert ou enfoncer le clou, comme vous voudrez. Cette insistance m'inquiète, elle prouve qu'on n'est pas sûr de ce qu'on dit quand on se répète inutilement ainsi.

Mais n'est-il pas vrai que l' "identité nationale" est une lubie, un fantasme ? Un vieux et grand pays comme le nôtre est pétri de multiples identités qui font toute sa richesse. L'identité, c'est bon pour les papiers du même nom, c'est une démarche policière, administrative.

D'ailleurs, faire lancer le débat par le ministre en charge de l'immigration en dit très long : la question de l'identité, c'est sur ce terrain, celui du FN, que la droite veut le poser, en plus light, plus convenable, bien sûr.

Enfin, ce Besson, quel con tout de même ! Il est ministre de quelque chose, "l'identité nationale", qu'il ne connaît pas très bien puisqu'il nous demande de réfléchir avec lui pour la définir ! Je suis socialiste ouvert, modéré, social-démocrate comme on dit, prêt à participer avec la droite locale à des initiatives d'intérêt général (mais pas électoral !). Cette saloperie, elle se fera sans moi. Ou alors je viens et je fous le bazar. Tout le monde est averti !


Bonne nuit.

La mère des batailles.

Bonjour à toutes et à tous.

Dans les prochaines semaines, il n'y aura pour la gauche qu'une seule vraie bataille politique à mener, mais la mère de toutes les batailles : le refus de la réforme territoriale. C'est l'organisation de la République qui est en jeu, et ce n'est pas rien. Les affaires, c'est pipi de chat. Là, on est confronté à un gros morceau, qui peut faire très mal.

Ce combat sera très difficile à mener pour la gauche. D'abord parce qu'une partie des Français s'en foutent, à juste titre. L'important pour eux, c'est le chômage qui augmente et le pouvoir d'achat qui régresse. Le reste, basta. Quant à la partie de la population qui s'intéresse au sujet, c'est souvent pour penser que Sarkozy a raison, que les élus sont trop nombreux, qu'ils coûtent trop chers et que la hiérarchie territoriale est trop compliquée.

Ils ont un peu raison mais Sarkozy, lui, a complètement tort. Sa réforme va faire des dégâts, je vous dis pourquoi (même la droite le sent, quand on constate qu'au Conseil général de l'Aisne, une partie d'entre elle a voté contre ou s'est abstenue sur cette réforme). Deux points sont brûlants :

1- La suppression de la taxe professionnelle, compensée par une dotation d'Etat. A première vue, ça ne mange pas de pain : les entreprises sont contentes et les collectivités sont "compensées". Erreur : celles-ci vont désormais vivre sous la dépendance fortement accrue de l'Etat. De plus, la compétence générale va être enlevée aux Départements, qui seront désormais cantonnées dans le social. C'est porter atteinte à leur souveraineté, qui doit être politique et fiscale. Conséquence : les Conseils généraux vont devenir des sortes d'administration, des guichets sociaux.

C'est une révolution, mais au sens d'une régression. Notre République est foncièrement girondine. Elle veut des collectivités territoriales libres. Ce ne sera plus vraiment le cas. Je ne dis pas bêtement qu'on nous prépare une dictature. Simplement on recentralise, on spécialise, on fonctionnarise. Et ce n'est pas conforme à l'esprit de la République.

Qu'on songe à supprimer les Départements, pourquoi pas, c'est une question à mettre au débat politique (quelques personnalités socialistes ne sont pas contre, et j'ai moi-même certaines tentations ...). Mais qu'on fasse de cette option un choix politique clair, éventuellement soumis à référendum (puisqu'il y va de l'organisation de la République). Là, Sarkozy agit en lousdé, il asphyxie les Conseils généraux, il leur rogne les ailes en prétendant qu'ils pourront encore voler. Non, pas ça !

2- Les conseillers territoriaux (pour Sarkozy et quelques autres, il n'y a plus d' "institutions" mais des "territoires", évolution révélatrice et fâcheuse du langage) siégeront à la fois à la Région et au Département. Là aussi, belle hypocrisie ! Au lieu de supprimer les conseillers généraux, le président les transforme en conseillers régionaux. C'est de la magie institutionnelle, et de la magie noire ! D'abord parce qu'un mandat, en République, est précis, rigoureusement déterminé. Là, nous aurons affaire à des mutants politiques, mi-chèvre mi chou, ni vraiment conseillers régionaux ni vraiment conseillers généraux parce que les deux en même temps. Quel pataquès ! Ensuite parce qu'un canton n'a rien à voir avec une région.

Qu'est-ce qui va en vérité se passer si la réforme est adoptée ? Chaque élu viendra défendre son bout de gras, c'est à dire de canton, dans l'enceinte régionale, qui sera alors vidée de toute substance politique. Sarkozy aura ainsi étranglé à petit feu et les assemblées régionales, et les assemblées départementales. Beau résultat !

Qui y gagne (parce qu'en politique il y a toujours un gagnant quelque part) ? L'Etat et le pouvoir en place. C'est le triomphe du jacobinisme ou du bonapartisme, comme vous voudrez. C'est en tout cas la défaite de la décentralisation, que la gauche avait mise en place ces 25 dernières années.

Alors, citoyens et camarades, girondins de gauche et de droite, élus et collectivités soucieux de leurs prérogatives, défenseurs de la République décentralisée, levons-nous pour mener ensemble la mère des batailles, le rejet de cette funeste réforme des collectivités territoriales !


Bonne soirée.

26 octobre 2009

En ordre dispersé.

Bonjour à toutes et à tous.

Ce week-end a confirmé que les élections régionales se feraient en ordre dispersé chez les adversaires de Nicolas Sarkozy (alors que la droite, elle, sera fort rassemblée). Le PCF fera cavalier seul avec Mélenchon, le NPA continue sur sa lancée indépendante, le MoDem aura ses propres listes, les Verts veulent surfer sur leur récent succès. Il ne nous reste plus grand-chose comme alliés du premier tour : le PRG et le MRC. Or le résultat d'une élection se décide très largement au premier tour. Embêtant donc.

Embêtant mais éclairant. Le MoDem a beau s'ouvrir à gauche, je dirais plutôt qu'il se ferme à droite. Car son ouverture est si petite qu'il n'y passe pas une seule alliance possible (au second tour ce n'est plus une alliance, c'est un compromis). Quant à l'extrême gauche, son attitude présente montre que nous n'avons rien à attendre d'elle. Prête à des unions locales comme à Saint-Quentin parce que ça l'arrange et qu'elle y gagne énormément, sinon basta, elle ne veut pas du PS. Au moins c'est plus clair comme ça.

Chez nous, en Picardie, ça ne va pas être facile. Les Verts n'y sont pas très puissants, une composante écolo est proche de la droite, le MoDem n'ira pas vers Gewerc puisque celui-ci n'en veut pas, le PCF sera sérieusement concurrencé par la liste de Gremetz, le Front de Gauche peut attiré des électeurs socialistes déboussolés. C'est pourquoi notre campagne devra être beaucoup plus politique que la dernière fois, offensive dans la défense du bilan, la critique de la droite et la présentation du projet. On a cinq mois pour ça !

Et puis, il ne faut pas désespérer : un ordre dispersé n'en reste pas moins un ordre. Une saine concurrence entre sensibilités peut être aussi un atout, pourvu qu'elle soit rigoureusement organisée en vue du rassemblement au second tour.


Bonne matinée.

25 octobre 2009

Besson et son pipeau.

Bonsoir à toutes et à tous.

Que fait la droite quand elle va mal et qu'une élection approche ? Elle ressort un bon gros thème de droite. Les dernières semaines ont été parsemées d'affaires, les régionales sont pour bientôt, Eric Besson n'a donc pas trouvé mieux que de proposer aujourd'hui un "grand débat" sur "l'identité nationale".

Vous imaginez un peu ! Le chômage augmente, les injustices s'accroissent, la crise financière est loin d'être terminée, le pouvoir d'achat pose problème, de nombreux secteurs économiques sont dans le rouge, les questions d'environnement interrogent de plus en plus et le pouvoir n'a pas d'autre idée que de nous parler d' "identité nationale", dont tout le monde se contrefout. Qu'à la rigueur les historiens, sociologues ou philosophes se penchent sur le sujet, pourquoi pas. Mais ce n'est tout de même pas la difficulté politique du moment ni le souci majeur des Français.

Besson n'est pas un idiot, c'est même un malin. S'il fait ça, c'est qu'il a ses raisons, pas bien difficiles à comprendre. Dans une société inquiète, un monde en plein bouleversement, face à une population qui doute d'elle-même, la dernière planche du naufragé, c'est la France, la nation, "l'identité nationale". Ça ne sert strictement à rien, c'est plutôt une marque de décadence mais ça procure un douloureux plaisir, le sentiment de se raccrocher à quelque chose avant la noyade. Bref, c'est une thématique pessimiste et désespérante.

C'est aussi une illusion, un leurre, un mensonge. Car c'est quoi "l'identité nationale" ? Je suis français, vivant en France, parlant et écrivant la langue française, respectant à peu près les lois de mon pays. La plupart des Français sont ainsi, y compris nos compatriotes d'origine immigrée. Et cela me suffit. Voilà comment je vis et comment nous vivons tous ce qu'on appelle "identité nationale". Quoi vouloir de plus ... ou de moins ? Où est le problème ? Quel est le problème ? Je ne vois pas, c'est pipeau. Bref c'est du Besson. Il a été nommé au gouvernement pour ça, un sale boulot, une peu glorieuse tâche.


Bonne nuit.

24 octobre 2009

Le retour des mousquetaires.

Bonjour à toutes et à tous.

Souvenez-vous : c'était il y a un peu moins de deux ans, sur ce blog, entre Noël et le Jour de l'An, une froide nuit de profonde détresse et de grand isolement ... je me mis à lancer un appel désespéré à la rénovation ... qui provoqua d'inattendues retombées. STOP ! Je déconne évidemment, je suis d'humeur guillerette, c'est le début des vacances et il faut bien que je donne du foin à manger à mes adversaires. Les pauvres !

Allez, je redeviens sérieux : les mousquetaires sont de retour, voilà la bonne nouvelle. Et ils reviennent à grand galop, rénovateurs toujours prêts à ferrailler contre les conservateurs du Parti. Athos, Porthos, Aramis et d'Artagnan, c'est Pierre, Thierry, Sylvain et moi, en pleine forme, et plein d'autres avec nous : A+B+C+D+E+ toutes celles et ceux qui ne se reconnaissent pas nécessairement dans une motion, toutes celles et ceux qui sont de simples sympathisants, NOUS SOMMES LE PARTI SOCIALISTE.

L'occasion de notre retour est trop belle. Entre une consultation qui a vu triompher le 1er octobre les idées de la rénovation et une élection régionale qui doit les mettre en pratique, il fallait que nous remontions en selle. Adhérents ou sympathisants du Parti socialiste, si vous ne voulez pas qu'on vous vole la rénovation, soutenez-nous : http://larenovationdanslaisne.blogspot.com/

L'affaire est sérieuse et urgente, nonobstant ma petite plaisanterie du début. Chez Dumas, d'Artagnan laisse place à Monte-Cristo, et là c'est moins marrant.


Tous pour un,
un pour tous,
bonne journée.

23 octobre 2009

La goutte de trop.

Bonjour à toutes et à tous.

Jean Sarkozy a finalement renoncé à la présidence de l'Epad. Mais après quinze jours de rude combat ! Un Sarkozy qui recule, ce n'est pas fréquent. Surtout quand derrière le conseiller général agit inévitablement le président. Pourtant, cette histoire n'est qu'une goutte d'eau qui sera vite oubliée, une péripétie plus personnelle que vraiment politique. Mais c'est la goutte qui aura fait déborder le vase.

Et c'est la première fois. Jusque là, Nicolas Sarkozy avait été plutôt chéri par l'opinion, prête à pardonner beaucoup à quelqu'un qui agit et se démène pour ce qu'il croit être la bonne cause. Même les provocations les plus outrancières ne choquaient pas vraiment. Le fils poussé par le père pour accéder à un poste qui symbolise à la fois le pouvoir et l'argent, c'était trop. Et il n'est pas indifférent que cette bourde, la première qui conduit le président à faire marche arrière, advienne à mi-temps du quinquennat. Comme si son pain blanc avait été consommé.

C'est d'autant plus remarquable que les réactions provoquées par cette affaire auront démontré la faiblesse du pouvoir, ce qui est nouveau. Trois points de faiblesse exactement :

1- L'effet boomerang : l'argument principal de la droite pour la défense de Jean Sarkozy aura été de dire que si un autre, avec un autre nom, s'était porté à la tête de l'Epad, le scandale n'aurait pas existé (bref, Jean est discriminé). Mais tenir un tel raisonnement, c'est jouer contre soi-même puisque c'est sous-entendre que si Jean accède à un tel poste, c'est bien parce qu'il porte le nom de Sarkozy (le discriminé se retourne en privilégié !).

2- Le repli procédurier : l'argument consiste à rappeler que Jean Sarkozy est candidat, qu'il en a le droit et que c'est l'élection qui décidera. Ce qu'on oublie cependant de préciser, c'est que ce type d'élection relève plutôt d'une désignation, car chaque électeur est connu, repéré et influençable. Ce n'est pas le suffrage authentiquement universel qui s'exerce, où le résultat n'est jamais su à l'avance.

3- La remise en cause des médias : c'est in fine l'argument le plus désespéré et le plus désespérant, celui qu'on ressort quand on est acculé, qu'on n'a plus rien d'autre à dire, la dénonciation des médias.

Un faible en politique est celui qui est victime de ses propres arguments, celui qui ne raisonne qu'en termes de statuts, règles, formalités, celui qui accuse les médias de ses propres faiblesses. C'est ainsi que se sont présentés ces derniers jours le candidat à l'Epad, les représentants de son parti et son père-président. Un faible en politique, c'est ainsi qu'on le repère, à travers ces trois indicateurs fort utiles que je vous recommande de détecter autour de vous.


Bon après-midi.

22 octobre 2009

La gauche peut gagner.

Bonsoir à toutes et à tous.

La gauche peut-elle gagner les prochaines élections régionales ? Je crois que oui. Ma réponse n'est pas dictée par la méthode Couet ou la forfanterie. Ma prévision est tout bien pesé, tout bien réfléchi. Notre premier atout, c'est que nous tenons la plupart des régions. Ça n'a l'air de rien mais il est plus simple de gagner quand on détient le pouvoir que lorsqu'on est dans l'opposition (c'est surtout vrai au niveau local).

Et puis, il y a l'état de la gauche, qui n'est pas ce qu'on croit ou dit. Notre deuxième atout, c'est la montée des écolos, qui se confirmera sans doute en mars. Si je préfère qu'on vote socialiste, je ne regrette pas le succès des Verts. Au contraire, je m'en réjouis. Tout gain d'un partenaire de la gauche renforce toute la gauche. A tout prendre, mieux vaut ça qu'un électorat qui filerait du côté de Besancenot. Là, ce serait mauvais pour nous.

Troisième et dernier atout de la gauche : les fissures à droite. En politique, on ne gagne que si l'autre perd. Et c'est d'abord parce que l'adversaire perd que nous gagnons. Certes, Sarkozy reste influent dans l'opinion. Mais ses troupes sont moins soudées qu'avant. Je ne parle pas des affaires (Mitterrand, Epad, Clearstream), qui ne feront pas gagner une seule fois. Je parle politique : la contestation de la réforme des collectivités locales et du bouclier fiscal. Là c'est du lourd, du sérieux.

La suppression de la taxe professionnelle sans compensation convaincante, la droite profonde, celle des élus et des petits notables, la voit d'un très mauvais oeil. De grandes figures se font les porte-parole de cette inquiétude, Juppé, Raffarin. D'autre part, un amendement voulant modifier le bouclier fiscal a été proposé et finalement rejeté. Une partie de la droite remet en cause certains fondements du sarkozysme. Mauvais signe, mais excellent pour le PS.

Voilà ce qui me fait dire qu'on peut de notre côté garder les régions conquises. Avec tout de même une condition : que les socialistes arrêtent leurs conneries !


Bonne soirée.

21 octobre 2009

Incontournable.

Bonsoir à toutes et à tous.

Il y a un mot qu'on utilise souvent en politique et que je ne comprends pas : c'est "incontournable". On dit ainsi d'un homme ou d'une femme politiques qu'ils sont "incontournables". Je ne comprends pas parce que s'il y a bien un monde dans lequel on peut très vite être "contourné", sur sa droite ou sur sa gauche, par ses amis ou par ses adversaires, c'est bien la politique. Toute l'histoire, récente et ancienne, le montre.

Et puis, que veut dire exactement "incontournable" ? Il existe tant d'autres termes à notre disposition, et beaucoup plus éloquents. "Indispensable" par exemple, qui n'est pas loin d'incontournable. Mais comme le bon sens affirme que "personne n'est indispensable", les politiques s'abstiennent d'utiliser cet adjectif et lui préfèrent "incontournable". La signification est quasiment la même mais "incontournable" passe mieux.

A vrai dire, je n'emploie jamais le terme fort prétentieux et faux d' "incontournable". En revanche, j'aime bien celui de "nécessaire". Il y a des personnes qui sont politiquement nécessaires, sur lesquelles il faut compter. Il faut faire avec elles, on n'a pas le choix. C'est même le devoir et l'intelligence d'un leader de repérer ces personnes-là, de les rassembler, de les accorder, d'en tirer le meilleur (c'est du moins l'idée que je me fais d'un leader).

A Saint-Quentin, je fais partie de ces personnes-là, nécessaires pour qui un jour aura la volonté de rassembler la gauche. C'est même ainsi qu'on reconnaîtra le véritable leader : sa capacité à réunir des camarades et sensibilités très différents, dont moi. On ne gagne pas seul ni avec une petite bande de copains, mais à la tête d'une équipe diverse, ouverte et soudée. On peut être en désaccord avec moi (c'est légitime), on peut contester ma personnalité (c'est normal) mais on ne peut pas m'oublier. J'en suis sincèrement désolé pour celles et ceux qui auraient malgré tout cette tentation.


Bonne et nécessaire soirée.

20 octobre 2009

Le travail en question.

Bonjour à toutes et à tous.

C'est terrible et fou : un 25ème suicide à France-Télécom il y a quelques jours ! On se demande quand cette spirale mystérieuse et infernale va s'arrêter. Le directeur a changé mais rien ne change. Comment en serait-il autrement d'ailleurs ? Le problème de fond n'est pas ainsi réglé. Le ministre du Travail lance une enquête sur le stress. Quelle farce ! Le stress, c'est la tarte à la crème, le mot à la mode. Comme si tout véritable travail n'était pas stressant ! Stress de se demander si on est à la hauteur, stress de savoir si on va finir à temps, stress quant aux résultats toujours incertains. Le boulot pépère, c'est une activité, ce n'est pas du boulot.

J'irais plus loin : le stress est une donnée positive, un signe encourageant. Dans mon métier d'enseignant, je stresse (modérément) les élèves, je crée en classe une tension pour maintenir leur attention, je les pousse à avoir de bons résultats, je les menace parfois en cas d'échec. Quand Darcos avance la question du stress dans le débat, c'est pour masquer les vrais enjeux, qui sont autrement plus profonds, non pas psychologiques mais sociaux. Quels sont-ils ?

C'est tout simplement le problème non du travail en lui-même mais de sa place dans notre société. Pour la gauche, le travail est en grande partie le lieu de l'exploitation des hommes, et pas celui de leur épanouissement. Au contraire, le travail est un facteur d'aliénation. Bref, la gauche a toujours eu une approche critique du travail et elle a eu raison, nous devons renouer avec cette tradition. Je le dis avec d'autant plus de liberté et de certitude que j'ai l'immense chance, peut-être la plus grande dans ma vie, de faire un travail qui me plaît, de partir le matin au lycée en souriant.

Mais combien sont-ils dans cette situation -là ? A mon avis très peu. On va d'abord au boulot pour gagner sa vie et on est bien content quand arrive le vendredi. C'est pourquoi la gauche plurielle de Jospin, fidèle à l'histoire du socialisme, a réduit le temps de travail avec raison. Car il n'y a pas que le travail dans la vie ! C'est la droite sarkozienne qui a mis un terme à ce mouvement, en critiquant violemment les 35 heures, en promouvant la "valeur travail" et en exaltant le "travailler plus pour gagner plus".

Avec cette droite, le travail n'est plus simplement l'emploi mais un facteur d'identité sociale (alors même qu'elle ne règle pas le problème du chômage). Comment voulez-vous qu'un tel message ne heurte pas tous ceux, la grande majorité, dont le travail n'est pas fondamentalement passionnant mais qu'ils exercent tout de même puisqu'il faut bien vivre ? Non, la personne humaine est bien autre chose et vaut bien autre chose que le poste de travail qu'elle occupe.

A laisser croire le contraire, à prétendre que la réussite sociale ne se mesure qu'à l'aune du travail, à stigmatiser les chômeurs, rmistes et autres "assistés", on finit par produire des complexes, des angoisses et du désespoir, celui de ne pas se sentir à la hauteur de la demande professionnelle. Du coup, le travail défini comme "lieu de vie" devient aussi un lieu de mort, où l'on met fin à ses jours quand on a le sentiment de ne plus pouvoir faire face.

L'extrême gauche dénonce le management (qui ne date pourtant pas d'aujourd'hui), la droite met en avant le thème psychologique du stress. Comme socialiste, je dis qu'il faut revoir la place qu'on attribue au travail dans l'existence et la société humaines. Qu'il ait sa place c'est d'accord, mais pas toute la place ni rien que la place. Il faut réduire, partager et relativiser le travail.


Bonne journée.

19 octobre 2009

La faute aux médias.

Bonsoir à toutes et à tous.

Quand on manque d'arguments en politique, on fait quoi ? On s'en prend aux médias. C'est un classique qui fonctionne aussi bien à gauche qu'à droite. C'est simple, et même simpliste : la télé dit n'importe quoi, la radio nous ment, la presse est pourrie, les journalistes sont des vendus. Quand on est de gauche, on dénonce des médias soumis à la droite, et quand on est de droite, on dénonce des médias influencés par la gauche. C'est très con mais ça marche bien. Quand on n'a rien d'autres à dire, pourquoi voulez-vous qu'on se prive d'une telle facilité ? Si vous voulez vous faire applaudir dans une réunion publique (de droite ou de gauche), tapez sur les médias et les journalistes : succès garanti !

Frédéric Lefebvre s'y est mis, ce matin : les affaires de ces dernières semaines, dont la récente sur le fils du président, ce serait un sale coup de la "classe politico-médiatique". Comme si le porte-parole de l'UMP n'en faisait pas partie, de cette classe-là ! Un tel comportement est toujours inquiétant en matière de démocratie. Car ce régime vit aussi parce qu'existent des médias écrits et parlés qui ont un rôle critique et doivent demeurer indépendants du pouvoir politique. Quand Lefebvre explique que les médias jouent un rôle d'opposants parce qu'il n'y a plus d'opposition, il charrie : l'opposition, elle existe, est active, au Parlement, dans les collectivités, dans la rue. Qu'elle ne soit pas encore tout à fait audible, c'est une évidence. Mais n'en déduisons pas qu'elle n'existe pas.

Pour ma part, dans mon activité politique, à Saint-Quentin, j'ai toujours respecté la presse locale et ses journalistes, qui me le rendent bien. Et j'ai toujours expliqué à mes camarades, sans être nécessairement entendu et compris, qu'il était ridicule, faux et contre-productif de s'attaquer aux journaux locaux. Au contraire il faut, comme sait le faire si bien la droite, communiquer auprès de cette presse locale et ne pas la rejeter. Ce n'est pas en distribuant une feuille de chou dans les boîtes aux lettres qu'on va reconquérir notre électorat mais en étant présent régulièrement dans la presse locale. Et ce n'est pas en envoyant des communiqués d'une page entière une fois tous les trois mois que ça changera grand-chose ! Le problème de fond, c'est que certains camarades dénoncent et refusent ce qui est pour eux l'idéologie de la communication. Avec une telle position, il devient impossible de communiquer. Ça aussi doit changer.


Bonne soirée.

18 octobre 2009

La colère des Nexans.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je suis de très près ce qui se passe à Chauny, chez Nexans. Une usine qui va fermer, plus de 200 salariés à la porte. C'est terrible. La femme de l'un d'entre eux a tenté de se suicider. Ce sont des vies qui sont frappées par ce drame. Je ne reviens pas sur l'analyse économique ni les solutions possibles. Ce dont je veux vous parler, ce qui a retenu mon attention, c'est la réaction des Nexans à l'égard des élus de gauche venus les soutenir. Il n'y a pas si longtemps, ce geste élémentaire de solidarité aurait été apprécié. Là, il a été violemment critiqué. Les élus ont été, dans la presse, traités par certains salariés de "serre-paluches" qui n'auraient rien fait pour eux, qui se montreraient uniquement pour figurer sur la photo dans le journal du lendemain.

C'est terrible parce que les élus n'y sont strictement pour rien dans ce qui arrive aux Nexans. S'ils ne venaient pas, je suis certain qu'on le leur reprocherait. Quelle injustice ! Je sais bien que le désespoir provoque la colère, mais ce n'est pas une raison. De telles réactions profitent à qui ? A l'extrême droite ou à l'extrême gauche, qui encore moins que les élus sont en capacité de régler le problème des Nexans.

Pourtant, ces élus ont une part de responsabilité dans le rejet dont ils sont les victimes. Une certaine gauche a laissé croire que l'Etat pouvait tout, qu'il suffisait d'une volonté politique pour mettre un terme à ce genre de situation. C'est évidemment faux. Dans une économie de marché, les responsables sont les patrons quand une entreprise met la clé sous la porte. Au nom d'un discours très à gauche, on a paradoxalement déresponsabilisé les chefs d'entreprise et fait rejaillir les torts sur les élus, quand ce n'est pas sur les syndicats, accusés de mollesse.

Il faudrait qu'une gauche social-démocrate mène une opération de vérité, qu'elle mette chacun devant ses responsabilités, qu'elle renonce à entretenir la confusion et les illusions. Un maire, un conseiller général, un député n'y sont ABSOLUMENT pour rien dans ce qui se passe chez Nexans. L'erreur des élus, c'est de laisser croire, même pour de bonnes raisons, qu'ils pourraient y faire quelque chose alors qu'ils n'y peuvent pas grand-chose. S'afficher ainsi auprès des salariés quand tout est déjà plié, cela provoque la colère, une rage d'impuissance de la part de ces salariés. Je les comprends, même si je ne les approuve pas, car critiquer les élus ne leur apporte strictement rien.


Bonne soirée.

17 octobre 2009

Un jour viendra.

Bonsoir à toutes et à tous.

Mon billet d'aujourd'hui sera bref. J'ai assisté toute la journée à Paris à une réunion de la Ligue de l'enseignement, je ne peux pas faire ce soir très long. J'ai été agréablement surpris par les très nombreux commentaires qu'ont suscité mes billets sur l'autre gauche. J'ai essayé, comme à mon habitude, de répondre à tous (sauf aux plus folkloriques), en toute sincérité.

Ces multiples réactions, au moment qui est le nôtre, ne m'étonnent guère. Chacun sent bien qu'après un an et demi d'exercice l'opposition municipale a atteint ses limites et ne fera pas mieux que ce qu'elle a fait jusqu'à maintenant. Restons d'ailleurs juste et lucide : elle fait ce qu'elle peut, dans la ligne politique qui est la sienne et une situation très ingrate pour elle. Je me désolidarise de tous les commentaires qui cherchent à l'enfoncer encore plus. Son mérite c'est d'exister, c'est la seule opposition que nous ayons pour l'instant, faisons donc avec, même si elle ne correspond pas à celle de nos rêves.

L'autre gauche est à construire. Il faut le faire dignement, dans le débat démocratique. Sa responsabilité c'est de ressusciter l'espoir, son objectif c'est de créer des perspectives d'avenir. Impossible ? En politique, rien n'est impossible, hélas ou tant mieux. C'est un théâtre d'ombres, un jeu de miroirs. L'un des commentaires l'a remarqué fort judicieusement : beaucoup en politique font semblant. Ils se déterminent selon les circonstances, les puissances du moment, les promesses de promotion. Mais comme tout change très vite, les adversaires d'aujourd'hui seront les amis de demain, et réciproquement. L'heure de l'autre gauche un jour sonnera, j'en suis certain.


Bonne nuit.

16 octobre 2009

Jalons pour l'autre gauche.

Bonjour à toutes et à tous.

Après les deux articles du Courrier Picard sur l'opposition saint-quentinoise, je voudrais préciser les contours de ce que j'appelle "l'autre gauche". Par ce terme, je désigne toutes celles et ceux, de gauche, qui ne votent cependant pas pour la gauche locale depuis 2001, ainsi que celles et ceux qui, comme moi, votent pour elle mais ne se reconnaissent pas dans ses représentants et sa ligne politique. Dans une ville où la droite a remporté pour la 3ème fois, et très majoritairement, les élections municipales, il me semble urgent de s'interroger. Car quelque chose manifestement ne va pas, les résultats électoraux l'attestent.

Ce débat doit être mené loyalement et honnêtement, en dehors des querelles de personnes et des enjeux de pouvoir. Mais ce débat ne doit pas être occulté, refoulé ou empêché. Il doit bien sûr, puisque c'est un débat politique, être public, partout où il pourra être engagé. C'est notre électorat qui est concerné, c'est à lui qu'on doit s'adresser, c'est lui qui doit s'exprimer.

Il y a deux ans, en septembre 2007, j'ai posé les premiers jalons de cette "autre gauche", que je soumets à discussion. Je n'ai pas varié car la suite m'a donné raison. J'ai à l'époque échoué à faire partager mes points de vue, je persiste aujourd'hui à les défendre tant leur pertinence me paraît évidente. Ces orientations sont au nombre de quatre :

1- Le leadership. Le problème reste entier, la procédure des municipales n'a rien réglé. Quand Carole Berlemont propose Anne Ferreira comme tête de liste en 2014, c'est précisément parce que la question du leadership est encore d'actualité et le sera longtemps. Jusqu'à quand ? Jusqu'à ce que la discussion collective parvienne à dégager un leader qui fasse l'unanimité. Vouloir passer sous les fourches caudines du rapport de forces, c'est se condamner à la division et à l'échec (voir ce qui s'est passé en 2007-2008). Anne, de ce point de vue, garde toutes ses chances. Mais je ne crois pas au leader autoproclamé, par lui ou ses amis. Encore une fois, c'est la concertation qui fera le champion, pas l'affrontement interne, même pacifique.

2- Les alliances. Je récuse absolument celles avec l'extrême gauche. Ce n'est pas négociable, c'est une question de principe, d'identité idéologique et de cohérence politique. L'extrême gauche nous prend des places, nous fait perdre des voix, décrédibilise notre image. Là-dessus, il n'y a pas à transiger car on va dans le mur. Pour 2014, je prône l'alliance avec les partenaires traditionnels et loyaux de la gauche : PRG, Verts, MRC. Pour le PCF, celui de Saint-Quentin étant sous influence gremetzienne, j'attends de voir. Mais politiquement, je ne trouve pas très cohérent de s'en rapprocher. J'ajoute qu'en ce qui concerne la liste, je propose que la moitié des candidatures, dès les premières places, soient réservées à la "société civile".

3- L'opposition. Elle doit être ciblée et constructive. Pas question de critiquer tout ce ce que fait Pierre André. Sinon c'est se ridiculiser. Une ligne radicale, protestataire, bref d'extrême gauche, est le meilleur atout du maire : il peut s'en donner à coeur joie, taper dessus sans problème, en faire un repoussoir bien commode. C'est une autre ligne dont nous avons besoin, plus souple, plus ouverte. Une opposition qui se borne à constater qu'elle ne peut rien faire ne suscite ni l'enthousiasme, ni l'espoir. Or c'est d'enthousiasme et d'espoir dont la gauche a besoin.

4- Le projet. C'est celui que nous devons construire dès maintenant et dans les prochaines années, c'est d'abord lui qui nous fera gagner. Inutile de faire un catalogue de revendications hétéroclites, avec la sempiternelle demande de gratuité du parking de l'hôpital. Il faut laisser à l'extrême gauche son os à ronger. Quand on est socialiste, membre d'un parti de gouvernement, instruit par une culture de gouvernement, j'ose espérer qu'on a mieux à faire et à dire. Par exemple nous adresser à notre électorat, c'est à dire aux couches populaires. Et à Saint-Quentin, il y a hélas de quoi faire ! Deux chiffres suffisent à décrire la situation : près d'une personne sur deux n'a pas de qualification, le taux de chômage atteint 15%.

Une gauche digne de ce nom, efficace et non pas incantatoire, devra se concentrer sur deux dossiers, deux seuls : la formation et l'emploi. Je ne dis pas que le reste, la culture, le sport, l'environnement, l'urbanisme, etc. sont sans importance. Mais Pierre André réussit très bien sans nous dans ces domaines-là. Ce qui nous fera gagner les prochaines municipales, ce sont les propositions que nous ferons en matière de formation et d'emploi. Et ne me dites pas que ces deux domaines ne relèvent pas, en partie, du niveau municipal ! Car à quoi bon alors être de gauche, à quoi bon se présenter aux élections si on n'a rien à dire et rien à faire en matière de formation et d'emploi ?


Bonne journée.

15 octobre 2009

Fils de.

Bonjour à toutes et à tous.

Je n'avais pas l'intention d'en parler puisque tout le monde en parle. Je ne voyais pas ce que je pouvais dire de nouveau, de différent. Et puis, comme tout le monde en parle, autant en parler ! C'est bien sûr l'affaire Jean Sarkozy que j'ai à l'esprit. Ce n'est pas qu'elle me choque plus que ça (sinon je me serais précipité pour en faire un billet). Ceux qu'elle étonne sont des naïfs. En politique, on n'est pas nécessairement le fils de son père, mais on est souvent le fils de quelqu'un. C'est du moins ainsi qu'on y réussit. Fils parfois indigne, rebelle, mais fils quand même. Fils généralement fidèle.

C'est le pouvoir qui donne le pouvoir, je l'ai de nombreuses fois écrit ici. Sarkozy est fils de Chirac, Ségolène est fille de Mitterrand, Balligand est fils de Brugnon, Bertrand est fils d'André, Lançon est fils de Ferreira ... Je pourrais continuer ainsi longtemps la démonstration, du niveau le plus haut du pouvoir jusqu'au plus dérisoire. Il y a tout de même des politiques qui se sont faits eux-mêmes : De Gaulle et Mitterrand par exemple, qui ne devaient rien à personne. Ce sont les plus grands.

Une autre raison pour laquelle cette affaire Sarkozy ne me choque pas plus que ça, c'est qu'il est dans la nature humaine que les parents aident leurs enfants et leur souhaitent la meilleure situation. Même quand on est président et fils de président. C'est peut-être hautement moral, allez savoir ... Non, ce que je dénonce, c'est autre chose, beaucoup plus politique : c'est la contradiction entre un discours présidentiel construit autour de la notion de mérite et une pratique qui lui tourne le dos. On ne peut pas vouloir imposer le mérite aux autres (les lycéens, les fonctionnaires, etc) et ne pas l'imposer à ses proches.

Jean Sarkozy mérite-t-il de présider l'EPAD ? Je n'en sais rien et ça ne me regarde pas. Ce que je sais en revanche, c'est que le symbole est politiquement désastreux pour la droite : qu'un jeune homme de 23 ans, qui n'a pas particulièrement brillé dans ses études, se voit ainsi brillamment récompensé, il y a là quelque chose de tout à fait contraire à la notion de mérite.

Ceci dit, et voilà sans doute aussi ce qui explique le peu d'enthousiasme qui me conduit cependant à vous en parler, c'est que ce chapelet d'affaires (Polanski, Mitterrand, Sarkozy) n'aura guère électoralement d'impact. On ne fait pas de la politique avec de la polémique. La droite y perdra quelques voix mais la gauche n'en gagnera aucune. Ce qu'il nous faut et qui pour l'instant nous manque, c'est un projet pour mobiliser notre électorat.

Bien sûr, le passé a connu aussi son lot d'affaires. Je me souviens des années 70 : scandales immobiliers, assassinat de Boulin, diamants de Giscard. Mais ce n'est pas ça qui a fait gagner la gauche en 1981. Car pendant que nous dénoncions ces affaires, nous faisions aussi tout autre chose : nous construisions un projet (le Programme commun), une stratégie (l'Union de la Gauche), nous participions au débat idéologique, par exemple sur l'autogestion. Brasser les affaires ne remplacera pas un projet.


Bonne journée.

14 octobre 2009

Construire une autre gauche.

Bonsoir à toutes et à tous.

Le Courrier Picard a publié ce matin le deuxième volet de son reportage consacré à l'opposition municipale à Saint-Quentin : c'est l'extrême gauche, qui compose la moitié de ces élus, qui est cette fois sollicitée. Il est intéressant que comparer les deux, socialistes lundi et gauche radicale aujourd'hui. Chez les premiers, mon impression était celle d'une grande résignation devant le déséquilibre du rapport de forces, massivement favorable à la droite. L'extrême gauche reprend certes cet argument, mais insiste beaucoup moins.

En revanche, elle tient à souligner, à de nombreuses reprises, que l'opposition est diverse mais qu'elle finit toujours par s'entendre. Et c'est bien, pour ma part, ce qui m'inquiète ! Non que je redoute ou rabaisse les sensibilités de la gauche radicale, mais simplement par souci de vérité et de cohérence : qui peut croire honnêtement, un seul instant, que le PS et le Parti Ouvrier Indépendant sont d'accord et adhèrent à la même ligne politique ? Si cela était, cela se saurait depuis longtemps.

La vérité, c'est que ces deux formations sont politiquement adverses et inconciliables. Sauf à Saint-Quentin ! Et pourquoi ? Parce que le PS s'y est aligné sur les positions de l'extrême gauche. Je comprends alors pourquoi celle-ci n'est pas mauvaise fille avec nous. C'est gagnant-gagnant pour elle : nous lui avons donné les places qu'elle n'aurait jamais pu conquérir d'elle-même, elle nous donne la ligne politique, la sienne bien sûr (contenue dans le protocole d'accord proposé pour les élections municipales par le POI).

Olivier Tournay a tout dit quand il dit : "Etre avec la gauche du PS ça aide". Oui Olivier, ça aide énormément la gauche radicale parce qu'elle y gagne alors que le PS y perd : nous sommes sous-représentés au conseil municipal (trois élus seulement, la plus faible présence depuis la Libération), la ligne d'opposition n'est pas la nôtre et tout espoir de battre un jour la droite est désormais condamné, puisque cette alliance avec l'extrême gauche nous aliène le centre gauche, qui seul nous permettrait de gagner. Pierre André et Xavier Bertrand peuvent dormir tranquilles (c'est d'ailleurs ce qu'ils font !).

Quand Michel Aurigny affirme: "notre ambition est de gouverner", je ne peux pas m'empêcher de sourire. Citez-moi une seule ville de l'importance de Saint-Quentin qui soit gérée par une telle coalition PS-extrême gauche ? Ne cherchez pas, vous ne trouverez pas, ça n'existe pas. Et pour cause : ce serait politiquement surréaliste ! La vérité, c'est que l'opposition municipale est dans l'impasse et qu'elle a l'avenir contre elle. La vérité aussi, c'est que des milliers de Saint-Quentinois attendent autre chose, veulent une autre gauche. Avec eux, c'est à nous de la construire. En 2007, j'en ai posé publiquement les premiers jalons. Avec d'autres, je continuerai. Dans un seul et unique objectif : rendre désormais crédible dans cette ville une possible victoire de la gauche.


Bonne soirée.

13 octobre 2009

Politique et portable.

Bonjour à toutes et à tous.

Avez-vous observé le comportement des hommes politiques avec leur téléphone portable ? Si vous avez l'occasion, faites-le, c'est fascinant. Je me régale à chaque fois que je m'adonne à cette observation, et les conclusions en sont toujours fort instructives.

Récemment, assistant à une réunion politique, j'ai vu l'un des orateurs, aussitôt revenu à la table de la tribune après son discours, se précipiter sur son portable, comme s'il n'attendait que cela, comme si c'était la chose la plus importante au monde à ce moment précis. Le plus comique, c'est que sa discrétion était visible de toute l'assistance, son engin sous la table s'offrant aux regards.

Tous les mêmes ! Pendant les réunions, ils tripotent leur portable ! Je trouve cette attitude malséante. La moindre des politesses dans un lieu public, c'est de suivre et d'écouter ce qui se dit. Avec leur téléphone mobile constamment consulté, les politiques donnent une impression de négligence, de désinvolture, de laisser aller. On ne permettrait pas à un enfant de se conduire ainsi !

Certes, travailler pendant une réunion publique quand d'autres ont la parole, ce n'est pas nouveau. Mitterrand passait ses meetings à rédiger des cartes postales. Moi même il m'arrive de faire autre chose au beau milieu d'une réunion. Mais il s'agit de travail. Lire ou envoyer des messages avec son portable, ce n'est pas travailler, ça laisse au contraire le sentiment de glander. Ajoutez un chewing-gum élégamment mâchouillé et c'est la totale !

Voulez-vous que je vous dise ? Lorsque je les vois, nos politiques, les yeux baissés sur un portable à peine caché entre leurs cuisses, j'ai l'impression qu'ils sont en train de pratiquer une honteuse masturbation ! Allez savoir s'ils ne sont pas atteints par ce plaisir solitaire, l'onanisme électronique ...

A moins que ce manque de courtoisie ne soit délibéré. Car que veut nous dire un politique qui fait joujou avec son portable au milieu d'une assemblée ? Que ce qui se passe et se dit ne le concerne pas, qu'il s'en fout, qu'il a mieux à faire. En exposant ainsi, de façon ostentatoire, son dédain et même son mépris, il renforce sa position d'homme de pouvoir, qui n'attend rien des autres puisque ce sont les autres, les suiveurs, qui attendent tout de lui. Alors le téléphone portable devient une sorte de sceptre, de colifichet du pouvoir.

C'est le portable qui fait l'important. Son utilisation publique, démonstrative, presque provocatrice prouve que vous êtes quelqu'un d'important qui reçoit des messages importants et qui a plein de choses importantes à régler. Venir à une réunion, ne pas sortir son portable, ne pas agiter le petit crayon qui vous permet de pianoter si délicatement, c'est se ranger d'emblée parmi les militants qui sont là pour écouter, applaudir et obéir. Le responsable politique est au-dessus de tout ça, bien entendu. Et ce n'est pas parce qu'ils sont de gauche qu'ils se conduisent autrement. Hélas.


Bonne journée.

12 octobre 2009

Mauvais joueur.

Bonsoir à toutes et à tous.

Tout militant socialiste (et les autres pourquoi pas) devrait se soumettre à un petit exercice intellectuel très salubre : se mettre à la place de nos députés et se demander qu'elle serait notre vote. Par exemple, il y a quelques jours, les jeux ont été libéralisés en France. Fallait-il être pour ou contre ?

J'avoue mon embarras, je suis pris à mon propre jeu. Que penser de ce dossier ? En tant que social-démocrate, partisan du marché, de la liberté économique et de la concurrence, la fin du monopole des jeux ne m'empêche pas de dormir d'un sommeil de bon socialiste. Que les jeux passent au privé, je m'en fous, ce n'est pas un secteur suffisamment stratégique pour que l'Etat, à mes yeux, s'y intéresse.

Quant à faire des jeux un service public, un socialiste devrait plutôt s'en inquiéter. Nationaliser le vice, c'est pour le moins discutable. Ce n'est pas pourtant que je sois hostile à l'élargissement du secteur d'Etat : j'ai souvent demandé sur ce blog qu'on retire du marché les auto-écoles et les pompes funèbres. Car les frais relativement élevés qu'occasionnent la conduite et la mort devraient selon moi être assumés par la solidarité nationale. Mais le jeu, sûrement pas. Je ne vois pas où est l'utilité sociale. J'y vois même une très forte nuisance sociale.

Pourtant, tant que le jeu se limitait au brave Tiercé et à la Loterie Nationale devenue Loto, l'Etat veillait au grain, canalisait ce vice privé pour en orienter les gains vers la vertu publique. Que va devenir notre société une fois que le jeu sera entièrement privatisé ? Je crains vraiment le pire. Il faut préciser que je n'aime pas le jeu, cette activité ne me semblant pas à la hauteur de ce qu'on appelle la dignité humaine.

Mais j'ai bien conscience en même temps d'être terriblement injuste. Le jeu fait partie de la vie, c'est une distraction d'enfant, même le philosophe Pascal fait le "pari" de l'existence de Dieu ! Quant à notre électorat, les milieux populaires, il est flagrant qu'ils sont friands de jeux, il suffit d'aller dans les cafés de Saint-Quentin pour le constater. N'ont-ils pas raison ? Pendant longtemps, jouer était réservé à de grands bourgeois déguisés en pingouins s'affairant autour des tapis verts dans de somptueux casinos . Pourquoi les prolos n'y auraient-ils pas eu droit à leur tour ?

Tous ces arguments s'entrechoquent donc dans ma tête, sans que je puisse vraiment trancher. Mais faire de la politique, c'est choisir. Si j'avais été député, je crois tout de même que j'aurais voté contre la libéralisation des jeux.


Bonne soirée.

Un regard sur l'opposition.

Bonjour à toutes et à tous.

Le Courrier Picard de ce matin consacre une page entière à l'opposition municipale, côté socialiste pour commencer, abordant mercredi l'extrême gauche. De ce reportage, je retiens d'abord le titre, dubitatif, et le chapeau, plutôt pessimiste : "Mais que fait l'opposition ?" (c'est le titre). "Renvoyée dans ses cordes par le maire lors des conseils municipaux, hétéroclite car composée de socialistes et de membres de l'extrême gauche, l'opposition peine à se faire entendre. Est-elle condamnée à un rôle de spectateur ?" (c'est le chapeau)

Je crois que cela résume bien la perception que l'on peut se faire, de l'extérieur, de cette opposition. Jean-Pierre Lançon corrobore d'ailleurs cette impression en avouant que "nous ne pouvons pas faire changer d'avis le maire". A quoi sert alors une opposition ? Celle-là en tout cas, parce qu'elle est, de par son alliance avec l'extrême gauche, de nature protestataire, est la plus mal placée pour faire changer d'avis Pierre André. Une ligne plus modérée, plus social-démocrate, plus centre gauche aurait été, à mon avis, dans de meilleures dispositions pour conduire une opposition constructive.

Sinon, rien qu'on ne sache déjà dans les entretiens avec les conseillers municipaux d'opposition, à chaque fois le même sentiment d'impuissance et d'inutilité face à une droite hyper-puissante et peu portée à discuter. Une confirmation cependant politiquement importante, sur une information annoncée cet été mais que Carole Berlemont atteste de nouveau : à propos des prochaines élections municipales, "Anne Ferreira est la candidate naturelle. Elle a les compétences, elle est capable de rassembler au sein du PS et de toute la gauche".

Je ne prends pas parti, ce sont les adhérents qui trancheront et j'espère qu'on suivra cette fois leur avis majoritaire. Mais si cela se faisait, ce serait une petite rupture (souhaitable) avec la ligne actuelle. Jean-Pierre Lançon incarne le passé de la municipalité Le Meur, il a rompu avec le PS en 1995, il a été l'initiateur de l'alliance avec l'extrême gauche. Anne Ferreira ne représente rien de tout ça : elle n'a pas d'attaches avec l'ancienne municipalité, elle n'a pas suivi en 1995 les socialistes dissidents, elle ne figurait pas sur la liste d'alliance avec l'extrême gauche.

Mais les municipales, c'est encore loin, c'est dans cinq ans. D'ici là, bien des choses peuvent encore se passer, bien des surprises peuvent avoir lieu. Ma seule exigence, c'est que ce ne soit pas de désagréables surprises.


Bon après-midi.

11 octobre 2009

Castrer des hommes ?

Bonjour à toutes et à tous.

Un monde de fous, disais-je hier, une société obsédée par le sexe, dois-je préciser ce matin. Les affaires Polanski et Mitterrand, la puissance et la violence des réactions qu'elles suscitent, c'est bien ça, c'est bien lui, le sexe, son mystère, son effroi. Quand un viol atroce est commis il y a une semaine, que répond-on, dans l'hyperémotivité qui est désormais la règle de notre époque ? "Castration chimique" ! Mais se rend-on compte, surtout quand on est un responsable politique (donc censé être "responsable", notamment des mot qu'on emploie), de ce qu'on dit quand on utilise cette terrible expression ?

La castration est une opération pour les bêtes ou une torture pour les hommes. L'adjectif "chimique" n'atténue en rien la barbarie de ce terme, que la civilisation devrait proscrire (le terme et bien sûr l'acte). Un criminel, aussi odieux soit-il, n'est pas un animal et ses juges ne sont pas des bourreaux. On ne répond pas à un crime par un autre crime, même si le premier est sauvage et le second médical. La pensée qu'on puisse "castrer" un être humain me révulse. Et pourtant, comment nier qu'elle traduit un désir répandu parmi nos concitoyens légitimement traumatisés ?

D'autant que la castration chimique est un mensonge. A proprement parler, il n'y a pas "castration", mais un traitement hormonal qui réduit la pulsion sexuelle. Arrêtez ce traitement et la pulsion revient. Autre mensonge, la validité scientifique d'une telle opération. Car la psychanalyse nous a appris que la sexualité humaine relevait plus du mental que du physique, du fantasme que de l'instinct. Que peut la chimie contre les névroses, les perversions ? Rien je le crains, ou bien peu, si j'en crois la pensée de Freud. La violence qui sera calmée ici ressurgira ailleurs, d'une autre façon, mais tout aussi violente. La castration chimique ne résout pas le problème de fond.

Le projet laisserait toute sa liberté au patient, qui seul choisirait de s'auto-castrer, en quelque sorte. On atteint là les sommets du ridicule et de l'hypocrisie. Ceux qui méritent ce traitement, c'est à dire les criminels les plus dangereux, sont en général ceux qui vont refuser de s'y soumettre. Quant à ceux qui font la démarche, la prise de conscience de leur mal est déjà un premier pas vers la guérison, comme dans la psychanalyse la décision d'aller consulter. Ceux-là sont ceux qui auront le moins besoin de la chimie, puisque leur volonté les amène à surmonter un peu leur mal.

Drôle de société que la nôtre, j'en reste à cette impression : d'un côté des hommes qui exhibent leur nudité pour revendiquer (voir le billet d'hier), de l'autre des hommes qu'on veut chimiquement castrer pour les punir et nous protéger.


Bonne matinée.

10 octobre 2009

Tous à poil ?

Bonsoir à toutes et à tous.

Il y a des jours où je me demande si c'est moi qui deviens fou ou notre société qui perd la boule. Ainsi à propos de ce nouveau mode de revendication qui consiste à se mettre à poil pour exprimer son mécontentement. Récemment, dans ma bonne ville de Saint-Quentin, sur son ancestrale place de l'Hôtel de Ville, des agriculteurs se sont mis en tenue d'Adam pour protester contre la politique (ou plutôt l'absence de politique) des quotas laitiers. Ils ont cependant gardé slips et caleçons, sauvant in extremis la décence !

J'en ai connu, des façons de dire qu'on était en colère et qu'on demandait quelque chose : des trains bloqués, des routes coupées, des matériaux enflammés, des émissions perturbées, mais celle-là, enlever tous ses vêtements, jamais, sinon de la part d'hurluberlus ! Qu'est-ce qui peut conduire une société à adopter ce genre de comportement ? Si encore c'était une véritable provocation ! Mais franchement, dans notre société passablement libérée, des gens à poil, on en voit un peu partout, à la télé, dans la pub et les magazines, au cinéma. Le corps n'est plus un tabou comme autrefois, il ne se cache plus. Cette exhibition n'a donc rien d'une révolution, d'une transgression.

Imaginez que les syndicats s'y mettent, que Thibaud, Chérèque et Mailly défilent en tête de leurs troupes le Premier Mai dans le plus simple appareil. Ce serait ridicule ! Imaginez que je suive à mon tour cette mode, que je dénonce la situation de la gauche locale en assistant de son balcon, tout nu, au prochain conseil municipal, les roubignoles à la vue de la presse et de nos élu(e)s : mon opposition ne serait pas plus crédible ! Le problème avec la nudité brandie comme un étendard, c'est que je n'en vois pas les retombées, les bénéfices pour les salariés.

Certes, on fait parler de soi, les journaux font une photo, les commentateurs s'en amusent. Mais l'opération ne va pas plus loin, n'a pas plus de suites. Et puis, une action syndicale consiste-t-elle à faire parler de soi, à passer le soir au journal de TF1 ? Non, c'est un dévoiement de cette action. Revendiquer, c'est exprimer un point de vue en mobilisant le plus massivement possiblement, pas en baissant son pantalon et en enlevant le reste.

Quand je vois ces tristes ouvriers aux petits corps blancs et maigres poser dans un calendrier pour contester le sort qu'on fait à leur entreprise, je trouve ça même pas marrant, juste pitoyable. Si Marx voyait ce qu'on fait faire au prolétariat moderne ! Quand on est rugbyman et qu'on montre ses fesses pour défendre une bonne cause, je peux comprendre, une grande partie de la gent féminine va soutenir, et quelques hommes. Mais là, avec des corps de monsieur-tout- le-monde, comment voulez-vous soulever les masses ? Pitié pour ces nudistes d'un nouveau genre !

Notre société perd la boule, vous dis-je. Elle oscille entre le comique (qu'on vient de voir) et le tragique (on se suicide quand le travail devient insupportable). Dans le même vent de folie, nous pouvons ranger ces ouvriers qui veulent faire sauter leur usine ou ces femmes qui veulent défendre leur identité musulmane en enfilant une burka que même le Coran n'impose pas. Bref, c'est le règne du n'importe quoi.

Autrefois, les privilégiés attiraient l'attention par leurs excentricités, les aristocrates se devaient de se faire remarquer, de se singulariser. J'ai l'impression que dans notre démocratie cette tare sociale s'est répandue. Tous à poil ! c'est la devise sur les blasons de notre nouvelle noblesse à laquelle chaque citoyen appartient. Très peu pour moi. Je reste indécrottablement classique, férocement traditionnel, aussi peu original que ce soit, sans nulle volonté de me faire voir. Il me suffit qu'on m'entende. Et pour cela, je crois à la trinité revendicative républicaine : la grève professionnelle, la manifestation de rue, le bulletin de vote. Hormis ces trois voies, point de véritable, sérieux et efficace salut !


Bonne soirée.

Fin de partie.

Alors qu'une nouvelle affaire tente d'entacher la vie et la personne de Frédéric Mitterrand, Martine Aubry a ce matin sifflé la fin de partie au PS. Ces derniers jours, quelques camarades, Hamon, Valls, Montebourg, Huchon, s'étaient laissés aller sur la pente douce et délétère de la polémique personnelle, à la suite de l'extrême droite. Aubry a coupé court à cette inexcusable dérive :

"Il faut arrêter toutes les histoires personnelles. Moi j'ai horreur qu'on s'attaque aux hommes et aux femmes".

Sur les explications de Mitterrand à TF1 :

"Nous avons pris acte. Maintenant passons à ce qui intéresse vraiment les Français : le chômage, la crise, le pouvoir d'achat qui stagne".

C'est dans ce genre de situation, c'est à ce type de réaction qu'on reconnaît les vrais responsables politiques. Martine Aubry vient de montrer une fois de plus qu'elle en faisait partie.


Bon après-midi.

Mousslenchon ?

Bonjour à toutes et à tous.

J'ai regardé cette nuit sur internet la dernière émission d'Arrêts sur Images consacrée à Jean-Luc Mélenchon. Dans plusieurs billets, j'ai expliqué l'estime que j'avais pour ce militant, clair, honnête, sincère, et qui n'a pas trop mal réussi sa sortie du PS, avec son Parti de Gauche qui a fait alliance avec le PCF et doublé le NPA. Mélenchon, c'est un gars que j'aime bien parce que, aussi surprenant que ça puisse paraître, je me reconnais en lui ! Pas dans sa ligne politique, socialiste traditionnelle, qui est à l'opposé de la mienne, social-démocrate, mais dans sa démarche, son style, son état d'esprit.

Je crois d'ailleurs qu'on porte toujours notre estime aux personnes qui nous ressemblent. Avec DSK, mon sentiment est tout différent, c'est de l'admiration, la certitude que cet homme pourrait un jour devenir président de la République, faire de grandes choses et changer la France (ce que je ne crois pas possible avec Mélenchon). L'estime et l'admiration, ça n'a rien à voir. L'une repose sur la proximité, l'autre sur la différence (ce qui me séduit chez DSK, c'est qu'il est complètement différent de moi). Dans l'estime il y a de la sympathie, de la complicité, pas dans l'admiration, qui est faite de distance et de supériorité.

En regardant et écoutant Mélenchon, je m'y retrouvais, très étrangement, et sur six points :

1- La passion : il en déborde. La politique n'est pas pour lui une affaire de places à obtenir, de pouvoir à conquérir, de gestion à assurer. C'est l'expression vivante d'une conviction. Et ça se voit !

2- La provocation : elle n'est pas, chez lui comme chez moi, gratuite, elle résulte du point précédent. Quand on exprime une conviction, on ne laisse jamais indifférent, on fait réagir, parfois on choque ou scandalise.

3- La clarté : il suffit de quelques minutes pour comprendre la ligne politique de Mélenchon, comme on saisit très vite qu'à Saint-Quentin je représente une gauche social-démocrate qui ne peut que rejeter l'alliance avec l'extrême gauche.

4- La minorité : Mélenchon ne fait pas l'unanimité ni la majorité à gauche, mais il l'assume et ne recherche pas des consensus trafiqués. Pareil pour moi : je suis minoritaire, les partisans de la gauche radicale l'ont emporté. Et alors ? Je continue mon chemin, contre vents et marées.

5- Le leadership : c'est dans le courant de l'année 2008 que Mélenchon s'est senti la responsabilité d'être leader. Moi c'est très exactement en septembre 2007 : quand Odette Grzegrzulka est partie, il m'est devenu évident que j'étais le seul à pouvoir rassembler efficacement la section (à condition que celle-ci le veuille, la suite a montré que je m'étais sur ce point trompé) et dessiner une perspective de victoire. Jamais avant, une idée aussi prétentieuse me serait venue à l'esprit. Aujourd'hui, elle ne me quitte plus, elle m'obsède même, je sais qu'avec elle j'irai jusqu'au bout. Il n'y a que la maladie ou la mort qui pourraient m'arrêter.

6- Le blog : Mélenchon comme moi construit une part de son engagement politique à travers la rédaction d'un blog (que je vous encourage vivement à consulter). Après mon engagement public (et raté) lors des municipales, ce sont les réactions, parfois l'hystérie provoquées par la lecture de ce blog qui auront beaucoup contribué, malgré elles, à forger ma détermination.

Le plus drôle et le plus paradoxal dans cette affaire, c'est qu'étant à Saint-Quentin ce que Mélenchon est au niveau national, avec les six caractéristiques que je viens d'énumérer, la situation est inversée, dans ce monde à l'envers qu'est notre vie politique locale. Moi, brave social-démocrate, campant sur une ligne modérée, je me retrouve dans une position (et parfois un style) qui est plutôt ceux des militants radicaux. A l'inverse, la ligne officielle locale est portée par une sensibilité plus proche d'une protestation à la Mélenchon que de ce qu'est et devient le PS actuellement, une formation social-démocrate (le rejet par la section du système des primaires est à cet égard révélateur). Mais l'ironie du sort est peut-être une constante de la vie politique ...


Bonne matinée.

09 octobre 2009

Le tribunal de l'opinion.

Bonsoir à toutes et à tous.

J'y reviens, puisque la France entière en parle encore, pour quelques heures sûrement, puis elle passera à autre chose, système médiatique oblige. Les nombreux commentaires sur ce blog, inhabituels (il faut remonter à l'affaire Siné pour voir autant d'émoi), prouvent l'importance de l'événement. C'est incontestablement l'affaire Polanski qui aura déclenché l'affaire Mitterrand. Celle-ci n'aurait pas existé sans celle-là.

En attendant, hier soir sur TF1, nous avons assisté à quelque chose de politiquement incroyable : un changement de société ou d'époque, dont les prémisses étaient cependant visibles depuis quelques temps déjà. Je pousse le bouchon c'est vrai, mais il y a de ça. Jugez-en par vous-même : pour la première fois sous la Vème République, un ministre en exercice s'est senti obligé d'aller à la télévision, à une heure de grande écoute, pour nous parler non de politique mais de sa vie privée, et de la partie la plus privée de sa vie privée, sa sexualité. C'est une désastreuse première !

Les explications de ce ministre ne sont pas justifiées par des poursuites judiciaires ouvertes à son encontre, ce qui pourrait rendre légitime une intervention de sa part. Elles ne sont pas non plus suscitées par la révélation d'une information soigneusement tenue secrète ou cachée puisque tout a été dit et écrit dans un livre il y a quatre ans seulement. Non, cet homme est venu s'expliquer devant un tribunal d'un genre nouveau, où les procureurs sont partout et les juges nulle part, où l'accusé est le seul avocat de lui-même : j'ai cité le terrible tribunal de l'opinion, qui peut briser un homme et détruire une carrière.

Ce qui est également terrible dans cette affaire, c'est que quelques hommes de gauche se seront coulés (aux deux sens du terme !) dans une campagne montée de toutes pièces par l'extrême droite. Heureusement, la voix officielle du PS, Martine Aubry, n'a pas cédé à cette coupable faiblesse. L'une des raisons qui font que je suis de gauche, c'est que le devoir de la gauche est de défendre les minorités opprimées et ne pas suivre nécessairement l'avis majoritaire de l'opinion, qui n'est pas toujours porté à la tolérance : pauvres, immigrés, homos ... Frédéric Mitterrand est homosexuel, pas pédophile. Quelle misère qu'il doive s'en expliquer ! Je pensais que sur ce terrain-là notre société avait malgré tout avancé ...

Mais le "tourisme sexuel" ? Parlons-en, et surtout réfléchissons-y. L'expression est horrible : il y aurait un tourisme "sexuel "comme il y a un tourisme social ou un tourisme culturel ? Bien sûr que non. Je me refuse à employer cette expression perverse, même pour la dénoncer. Les touristes sont des "clients", la sexualité en question se réduit à la prostitution dans des pays d'Orient. Employons les mots justes et pas les formules chocs

Quand un bon gars bien de chez nous va voir une pute rue Saint Denis, vous appelez ça comment ? Une "promenade sexuelle" dans Paris ? Non. La prostitution fait en quelque sorte partie de notre patrimoine nationale, à travers l'image de la "prostituée au grand coeur qui vend ses charmes à des braves types un peu frustrés". En revanche, la même situation à l'autre bout du monde nous soulève des haut-le-coeur. Un peu de cohérence, s'il vous plaît ! Dans les deux cas, l'exploitation des corps, la misère humaine, la tarification du sexe, la mafia du proxénétisme sont exactement identiques et identiquement condamnables.

Frédéric Mitterrand a rejoint la droite, c'est un intellectuel dandy et esthète, c'est un homme qui a les moyens financiers de ses voyages et de ses désirs tourmentés : sont-ce des raisons pour le condamner et demander son départ ? Évidemment non. Au XIXème siècle, une forme d'antisémitisme se parait des vertus du socialisme : on s'en prenait aux riches, aux intellos, aux privilégiés, aux bourgeois dépravés et pervers assimilés aux juifs, tout ça au nom de la défense des petits, des déshérités, des exploités.

C'est Péguy qui, à la même époque, disait : "l'antisémitisme, c'est le socialisme du pauvre". Être de gauche, ce n'est pas se croire tout permis dans la dénonciation des puissants du jour, dont Frédéric Mitterrand fait partie depuis longtemps. Au-dessus, il y a le respect de la vérité et le rappel des principes. Dans cette affaire, l'un et l'autre auront été bafoués. Notre socialisme ne doit pas être le tribunal du peuple ni le ressentiment du pauvre.


Bonne soirée.

08 octobre 2009

Jamais, jamais.

Bonjour à toutes et à tous.

Après Polanski, Frédéric Mitterrand ! Notre société est devenue complètement folle, inquiétante et dangereuse. Les deux histoires sont très différentes, mais les conséquences sont identiques : une violente polémique, une montée de haine, une odeur de sang, une chasse à l'homme. C'est détestable. Au moins, avec Mitterrand, on connaît l'origine : une protestation organisée par le FN. Tous ceux, même de gauche, qui participent à cette curée se rabaissent au niveau de l'extrême droite.

Revenons aux faits. Frédéric Mitterrand a publié récemment un magnifique ouvrage d'écrivain, "La mauvaise vie", que j'ai lu, que j'ai énormément apprécié, qui raconte une descente aux enfers (d'où le titre). Ce n'est nullement un éloge du "tourisme sexuel" (quelle expression !), c'est l'auto-analyse d'un homme et de ses désirs les plus obscurs. A-t-on encore le droit en République de faire son travail d'artiste, en l'occurrence littéraire ? Si la réponse est non, c'est que nous ne sommes déjà plus en République.

Lorsque Mitterrand est devenu ministre, qui s'est levé pour critiquer, s'opposer, prétendre que sa vie privée le disqualifiait pour tenir un ministère public ? PERSONNE. Pourquoi maintenant, pourquoi aujourd'hui ? Pareil pour Polanski : cette personnalité a fréquenté pendant trente ans le tout Paris, la classe politique, médiatique, journalistique sans que PERSONNE ne lui reproche quoi que ce soit (alors que tout le monde connaissait sa vie). Tout ça est d'une lâcheté incroyable, à vomir.

Oui, il faut combattre Frédéric Mitterrand, mais sur sa politique, en ce moment sur la loi Hadopi. Mais pas sur sa vie privée, qui ne regarde que lui, éventuellement la justice mais certainement pas la politique. Polanski, Mitterrand, notre pays tourne mal, prend de mauvaises habitudes, se laisse entraîner par une vague néo-puritaine, liberticide, d'outre atlantique. Les nouveaux justiciers qui se lèvent n'ont rien à voir avec la justice, en sont même la négation. On confond tout, la morale et la loi. Méfions-nous : au nom de la pureté, dans l'obsession du mal et la fascination pour la perfection, nous allons progressivement vers un régime de la terreur douce.

Faire de la politique, c'est ne jamais s'en prendre aux personnes, c'est ne jamais juger de leur vie. Laissons les questions morales à la morale, les procédures de justice à la justice et l'action politique à la politique. Sinon, c'est la confusion des genres, à quoi excelle l'extrême droite. Elle cherche par tous les moyens à salir la République et ses personnels. Elle agit ainsi depuis les années 30, elle n'a pas cessé depuis. N'entrons pas là-dedans. Les chevaliers blancs ont souvent le cul sale.


Bon après-midi.

07 octobre 2009

Hirsch a raison.

Bonjour à toutes et à tous.

La proposition de Martin Hirsch de doter trois lycées professionnels de "cagnottes" pour inciter les élèves à être présents en cours soulève des montagnes de protestations, même à droite puisque Bertrand et Pécresse sont dubitatifs. C'est très français, les tempêtes dans un verre d'eau : trois établissements seulement, un dispositif à titre expérimental, pas de quoi fouetter un chat ! Vous verrez : dans une semaine plus personne n'en parlera, et dans un mois on ne se souviendra pas que ce dispositif existe. Ainsi va le débat public français, de polémique en polémique, guidé par l'émotion et l'impact médiatique. Je le dis : ce n'est pas comme ça qu'on fait de la politique.

Cette "cagnotte", j'en ai parlé sur mon blog professionnel, elle m'a d'abord choqué : on ne fait pas entrer l'argent à l'école, on n'habitue pas les élèves à être récompensés pour une présence qui est obligatoire. Et puis, j'ai réfléchi. Les principes sont une belle chose, mais il y a aussi la réalité : des établissements pourris, des gamins de pauvres, des formations sans avenir, un univers de violence. Je charge certes la barque, mais je ne suis pas loin de la réalité. Croyez-vous que les rejetons de la bourgeoisie ou les enfants d'enseignants vont dans les lycées professionnels ? Non, ils les fuient, ils savent que ce n'est pas par cette filière qu'on va faire de l'argent plus tard ou se construire une reconnaissance sociale.

Alors, par pitié, ne sortons pas trop les grands principes, ou faisons-le avec décence : ceux qui maudissent l'argent en ont souvent plein les poches. C'est facile pour eux ! Le problème, dans toute sa dureté, n'est pas moral (on s'en fout ) ni idéologique (ne mélangeons pas tout), il est strictement politique, c'est à dire pragmatique, "concret" comme on aime bien dire aujourd'hui : de nombreux LP ont des taux d'absentéisme de 20%, c'est une vraie catastrophe, ces élèves qui désertent l'école se retrouvent après à la rue sans rien. On fait quoi, à part leur balancer à la tête les grands principes ?

Hirsch a raison de tenter ce coup-là, on verra bien ce que ça donne. Mais devant l'urgence, il faut faire quelque chose. Je rappelle tout de même que cet argent sera versé aux classes pour des projets scolaires. S'il avait été question de récompenser financièrement chaque élève sur ses résultats, j'aurais sans hésiter dit non, ç'aurait été, pour le coup, un vrai scandale et une absurdité. Mais là, il ne me semble pas.


Bonne fin d'après-midi.

06 octobre 2009

La votation, et après ?

Bonsoir à toutes et à tous.

Je me réjouis que la "votation citoyenne" de samedi sur l'avenir de la Poste ait mobilisé plus de deux millions d'opposants au projet du gouvernement. C'est par ce genre d'action que le PS retrouvera sa crédibilité auprès de l'électorat. J'ai moi-même participé en votant bien sûr contre la transformation de l'établissement public en société anonyme. Et j'espère que le gouvernement, au lieu d'ironiser sur cette opération d'envergure, aura la sagesse d'en tirer d'utiles et bénéfiques conclusions.

Ceci dit, soyons réalistes et lucides : ce n'est pas une "votation" qui va changer le monde. Drôle de nom d'ailleurs que celui-là ! J'aurais préféré "consultation". "Votation" est utilisé par nos amis suisses, que j'aime beaucoup mais dont les institutions, aussi démocratiques soient-elles, ne préfigurent tout de même pas le socialisme tel que je le rêve. Jamais une pétition (puisque c'est plutôt de cela dont il s'agit) n'a fait bouger les choses. Généralement, c'est un moyen de faire plaisir à ses initiateurs mais ça ne va guère plus loin, même si la bonne intention est là.

Au passage, je remarque que tous ceux qui attaquent le PS en dénonçant ses conditions de vote interne ne disent absolument rien sur cette "votation" et son résultat, avec des règles pourtant infiniment plus incertaines que celles qui régissent les scrutins au Parti socialiste.

Cette votation sur la Poste a été positive et nécessaire, mais il faut être aussi conscient de ses limites, pour ne créer aucune illusion. Car l'arme véritable pour combattre la droite, ce n'est pas une votation, c'est le bulletin de vote, et pas n'importe lequel : le vote socialiste ! Il ne faudrait pas que l'arbre de la votation cache la forêt du suffrage universel. J'invite mes camarades à mettre de la circonspection dans leur enthousiasme : qui a largement organisé cette votation ? La gauche radicale, PCF, FSU et partis d'extrême gauche. La CFDT est demeurée prudente. A Saint-Quentin, ce sont les militants radicaux qui étaient les plus nombreux à faire voter et à dépouiller.

Ceux-là, que je connais bien, sont les premiers à reprocher aux socialistes d'avoir modifié il y a quelques années le statut de la Poste. Pourtant, Jospin à l'époque a eu raison : à l'approche de la constitution du grand marché européen, il était normal que la Poste évolue. Mais il n'est pas normal qu'elle devienne une société anonyme, c'est à dire une entreprise comme une autre. Voilà la position du PS, qu'il nous faut défendre de pied ferme. C'est pourquoi les socialistes doivent veiller à ne pas se mêler à des militants parfaitement respectables mais dont la présence à nos côtés, dans ce cas bien particulier, brouille notre identité et notre message.


Bonne soirée.