L'Aisne avec DSK

31 mars 2010

Il y a 50 ans, le PSU...




Le PSU, Parti Socialiste Unifié, a été fondé le 3 avril 1960, il y aura bientôt cinquante ans. Je reviendrai dans la semaine sur cet anniversaire important pour un courant de pensée essentiel dans la vie politique française. Si, comme moi, vous vous retrouvez en lui, si vous pensez que "l'esprit PSU" a encore quelque chose à nous apprendre aujourd'hui, je vous invite à signer l'appel (vignette 1) : psu-ats@orange.fr ou cinquantenaire.mousel@orange.fr

Un colloque et une fête seront organisés les 10 et 11 avril prochains à Paris (programme en vignette 2). Une génération et une tradition seront au rendez-vous : je crois que ça vaut le déplacement ! D'autant que beaucoup de militants socialistes dans l'Aisne sont passés par cette école politique, qui a su en son temps préserver le meilleur de la gauche. Mais nous en reparlerons.


Bonne nuit réaliste et utopique.

Un choix politique.

Bonsoir à toutes et à tous.


Le Conseil Général de l'Aisne a adopté son budget. L'exercice était cette année difficile, exceptionnel même. Il manquait 16 millions d'euros dans les caisses. Pourquoi ? Le Département n'y est évidemment pour rien. Ce sont les recettes qui baissent (les droits de mutation, par exemple) et les dépenses qui explosent (les prestations sociales en particulier). La crise financière est venue aggraver tout ça. Alors que faire ?

Boucler un budget n'est pas un exercice exclusivement gestionnaire, comme on le croit à tort. C'est un choix politique, toujours contestable parce qu'en concurrence avec d'autres choix. Ainsi fonctionne la démocratie. On attendait ce choix entre trois possibilités : réduire les dépenses, augmenter les recettes ( +13,5% pour rattraper les 16 millions) ou bien mixer les deux. Surprise : aucune de ces options n'a été précisément retenue.

Réduire les dépenses non obligatoires ? Impensable pour la majorité de gauche. Dans un département rural comme le nôtre, bien des activités, culturelles par exemple, ne peuvent exister que par le soutien du Conseil Général. Ces activités contribuent souvent au lien social, au vivre ensemble. Réduire les subventions à ces associations aurait des conséquences catastrophiques. De même que l'abandon du transport scolaire ou la réduction des bourses.

Augmenter les recettes, c'est demander l'effort fiscal aux contribuables. La justice sociale y trouve un peu mieux son compte, mais une hausse générale de 13,5%, touchant surtout les classes moyennes, n'est pas politiquement évidente à assumer. Quant à un mixte des deux solutions, certains dépenses en baisse, certaines recettes en hausse, c'est la pire des hypothèses, car politiquement illisible.

La surprise, c'est que les impôts augmenteront mais pas tous : les taux seront distingués. La taxe d'habitation et celle du foncier non bâti baisseront, le bâti augmentera. Politiquement et concrètement, ça veut dire quoi ? Que les locataires, dont la plupart sont issus des milieux populaires, y gagneront ; que les particuliers propriétaires, dont beaucoup viennent des classes moyennes, seront épargnés (puisque la hausse de leur taxe foncière sera compensée par la baisse de leur taxe d'habitation). En revanche, l'effort essentiel sera supporté par les propriétaires industriels et commerciaux, entreprises, banques, grande distribution entre autres.

Ce montage financier est aussi astucieux qu'inattendu. Ce choix est éminemment politique, et si j'osais, je dirais que c'est, au bon sens du terme, une politique de classe (mais quelle politique ne l'est pas ? Voyez Sarkozy et son "paquet fiscal"). Le Conseil Général de l'Aisne a choisi de protéger les milieux populaires, de ménager les classes moyennes et de solliciter les milieux économiques. C'est un choix de gauche.

La droite s'est inquiétée de la charge imposée à ces milieux économiques (ce faisant, elle est dans son rôle de porte-parole attendu de certaines catégories sociales). Mais l'argument ne porte pas, car l'augmentation du foncier ne pénalise pas l'activité économique en elle-même. Surtout, la capacité d'investissement du Conseil Général est maintenue.

La droite départementale avance un autre argument encore plus surprenant : la majorité aurait dû anticiper les abandons de compétences prévus dans la future réforme des collectivités locales. Incroyable ! Avec ces abandons, le Conseil Général n'aurait plus aucun rôle économique et sa fonction sociale serait réduite à une activité de guichet.

Mais il faut rendre justice à une partie de la droite qui a eu l'intelligence et le courage politique de voter ce budget, donnant ainsi un bel exemple d'opposition constructive ( et la gauche aussi, là où elle est dans l'opposition, devrait avoir cette responsabilité et ce courage quand il le faut ). Il faut désormais distinguer dans l'Aisne une droite raisonnable (Fricoteaux) et une droite radicale (Meura-Muzard). Plus que jamais, je crois qu'une gauche social-démocrate et une droite centriste, sans renoncer à leur identité, sans rien renier du clivage entre gauche et droite, peuvent dans certaines circonstances passer des solutions de compromis. Quand l'intérêt général est gagnant, c'est très bien comme ça.


Bonne soirée.

30 mars 2010

Qui en 2 012 ?

Bonsoir à toutes et à tous.


A quoi reconnaît-on qu'un parti est en crise ? Au nombre de candidats qui veulent être chef à la place du chef. A gauche, on a donné. Ça va un peu mieux, la situation se décante. A droite, c'est l'inverse : depuis la défaite des régionales, on apprend une nouvelle candidature presque chaque jour. Le père et l'épouse du président ne souhaitant pas qu'il se représente, les vocations se sentent pousser des ailes.

Il y a les candidats déjà anciens, Jean-François Copé et Xavier Bertrand, qui n'ont pas dételé. Pendant la soirée électorale, leurs interventions signaient la différence des stratégies. Le premier est dans la critique, en demandant à ce que la droite revienne à ses "fondamentaux", le second est dans le soutien en mettant l'échec sur le dos de la "crise". Le plus sarkozyste des deux est évidemment Copé, qui applique à Sarkozy ce que celui-ci a appliqué à Chirac. Bertrand, lui, joue la carte du dauphin.

Et puis, il y a les nouveaux. Dominique de Villepin, c'est sans surprise : il y va, c'est certain. Quand un homme fonde un parti, ce n'est pas pour rien. Surtout, il y a Alain Juppé, un homme sérieux, qui mesure ses mots, qui ne s'engage pas à la légère. Là, il s'engage, il prend date pour 2 012. Deux anciens Premiers ministres qui entrent en scène, c'est révélateur du désaveu qui frappe Nicolas Sarkozy.

Je n'oublie pas Hervé Morin. Ce n'est pas une farce, le 1er avril n'est que dans deux jours. Mais la politique est ainsi : il y a des candidats qui briguent un poste pour lequel ils sont incapables, qui le savent et qui s'en moquent puisqu'ils ne seront jamais élus. Morin ne veut pas être président, il veut ramener les voix centristes à droite. Ce sera sa seule mission en 2 012.

Ne nous réjouissons pas trop vite (quand on est de gauche) : ces cinq candidatures potentielles ne s'opposent pas à Sarkozy, même Copé. Toutes disent respecter le choix du président : si celui-ci se représente, elles ne feront rien contre lui. Mais ce qui est quand même réjouissant, c'est de voir que l'UMP nous pique, à nous PS, notre idée des primaires. Ils y viennent eux-aussi !

De ces cinq, quel est pour moi le meilleur et le moins bon ? Pas d'hésitation : Juppé est au top, Bertrand dernier de la classe (triste sort pour un chouchou). Prenez leurs dernières déclarations à propos du "bouclier fiscal" : l'intelligence politique, ça ne surprend pas, est du côté de Juppé. Voilà ce qu'il dit : "On voit aujourd'hui qu'une petite minorité de très riches ne cessent de s'enrichir". Et c'est un homme de droite qui le constate ! Puis ceci : "Ça ne me choquerait pas qu'on demande aux très riches de faire un effort de solidarité supplémentaire vis-à-vis de ceux qui sont dans la crise". Il a tout compris, et j'applaudis.

Et Bertrand dans tout ça, quelle est sa pauvre réponse ? "Ce n'est pas avec des symboles que vous êtes très efficaces". Formidable réplique, qui trahit le personnage et son incapacité à devenir président de la République (même Morin ferait mieux et serait plus malin !). Car qu'est-ce que gouverner, sinon avoir aussi une action symbolique ? L'efficacité ne fait pas tout dans la vie, même en politique. La solidarité des riches envers ceux qui ne le sont pas a beau être symbolique, elle n'en est pas moins utile. Qu'il faille expliquer l'importance du symbole à un maçon a quelque chose de désespérant.


Bonne soirée.

29 mars 2010

Un petit conseil.

Bonsoir à toutes et à tous.


Pas très excitante, la séance du conseil municipal de ce soir à Saint-Quentin. Depuis que Pierre André ne préside plus les débats, un étrange climat s'est installé, un calme bizarre règne dans l'assemblée. L'administratif l'a emporté sur le politique. Monique Ryo, par tempérament ou par stratégie, applique la stratégie de l'édredon : l'opposition frappe dans du mou, du cotonneux, les coups s'enfoncent dans le néant, leur impact se délite complètement.

La première adjointe n'élève presque jamais la voix, répond très brièvement, laisse la parole aux adjoints ou au secrétaire général. Elle veut manifestement en finir au plus vite. Qu'est-ce qu'on peut contre ça ? Pierre André portait des gants de boxe, "cherchait" l'opposition, polémiquait à l'occasion. C'est fini. Pour le spectateur, c'est beaucoup moins intéressant. Je ne dis pas que le conseil municipal perd totalement de son intérêt. Mais il faut se forcer pour en trouver un.

J'ai une bonne mesure pour évaluer cet affadissement : les notes que je prends, généralement fournies, se réduisent comme peau de chagrin depuis quelques temps. J'ai même hésité de consacrer mon billet de ce soir au conseil municipal. Il n'y avait pas trop matière, j'ai failli céder à la facilité d'attendre ce que la presse locale en dirait demain. Et puis je me suis repris. En grattant l'os, on trouve toujours un peu de viande.

Ça a commencé tout doux, presque du banal, un courrier que l'opposition n'a pas reçu à propos du bilan des activités de Patrick Dupond. Et pourquoi ? Dieu seul le sait et probablement s'en fout, puisque le bilan en question peut être photocopié et transmis dans l'heure. L'opposition a beau plaisanter sur l'absence de grève à la Poste, ça ne déride personne.

Avec l'entrepôt pour stocker les produits inflammables, ça devient plus sérieux. L'élue Verte était toute prédisposée à questionner sur le sujet : les populations ont-elles été bien informées ? C'est le secrétaire général de mairie qui s'y colle, et pas très longtemps : les dispositions réglementaires ont été appliquées. Fermez le ban !

Sur la campagne de sensibilisation de l'obésité des enfants, l'opposition est d'accord tout en soulignant "le coût important". Trop chère ? Mais c'est surtout pour demander à ce que l'aide financière de la Région soit clairement énoncée.

Et puis est venue l'intervention de Michel Aurigny, à laquelle je n'ai strictement rien compris (mais je veux bien éventuellement admettre que c'est de ma faute, que je ne suis pas assez attentif, que les raisonnements mathématiques parfois m'échappent ...). Il a été question d'EDF, d'enfouissement de lignes et d'un retard dans les délais dont je suis incapable de vous restituer la teneur. Aurigny me fait penser à Rocard des mauvais jours, dans les années 70, quand ses explications économiques étaient si technocratiques que personne ne comprenait. Je suis plus rocardien que mitterrandiste, mais sur ce coup-là Mitterrand avait raison : une intervention politique doit être compréhensible par tous. A mon avis, les lambertistes doivent être fâchés avec la com'. Qu'a répondu le secrétaire général (encore lui !) ? Que c'était un problème technique interne à EDF.

En revanche, Aurigny a été très clair sur les panneaux d'affichage libre que le maire lui a par courrier promis et qui ne sont toujours pas là. Quand et combien ? Le secrétaire général a à son tour promis une réponse précise et rapide par courrier. Qu'est-ce que vous voulez répondre à ça ?

Dans les assemblées les plus sérieuses, il y a toujours un moment de comique involontaire, et c'est celui qui me fait le plus rire (alors que le comique volontaire est généralement lourdingue). Ce soir, c'était à propos des "sanitaires urbains" à remplacer (dans le langage populaire, on les appelle les chiottes, c'est moins joli mais c'est plus parlant). Pour Aurigny, ils seront moins que prévus et pour Huel, adjoint aux travaux, ils seront au contraire plus que prévus. Allez y comprendre quelque chose ! Si j'ai bien compris, Aurigny soutient qu'on a baissé de 11 à 9, alors que Huel estime qu'on a augmenté de 6 à 9. J'avoue ne pas savoir qu'en penser. Aidez-moi !

En passant à la démolition de la cantine de l'école Eugène-Corette et aux problèmes subséquents d'Education Nationale, on entrait dans du lourd comme on dit aujourd'hui, dans des questions que l'opposition, à majorité enseignante, maîtrise sur le bout des doigts. Et ça se voit, ça se sent. Quoique Monique Ryo soit de la même corporation, ce qui donnait un petit côté surréaliste aux échanges, dans leur réalisme même. Car le problème portait sur le trajet entre Corette et Arnould, où les élèves vont se restaurer. Quand il fait beau, le parcours se fait à pieds, affirme la majorité. L'opposition n'en disconvient pas, pour des raisons d'exercice physique. Mais elle réclame un bus quand il fait mauvais temps. La majorité rétorque que c'est le cas quand il pleut. L'opposition fait remarquer que ce n'est pas le cas quand il fait froid et brumeux. Et là, Ryo s'avoue vaincue, ou plutôt fatiguée, en reconnaissant qu'il faut sans doute revoir et adapter le dispositif.

Olivier Tournay, gremetzien, termine la séquence Education Nationale par la traditionnelle motion envoyée chaque année à l'Inspection académique pour se plaindre des fermetures de classes, à quoi la majorité de droite acquiesce dans une touchante unanimité. Mais c'est sans doute parce que je ne suis pas très émotif que j'ai du mal à comprendre tout ça. En attendant, ce conseil sur lequel il n'y avait pas grand-chose à dire m'aura fait beaucoup parler.


Bonne soirée.

28 mars 2010

Maintenant, j'y vais !


27 mars 2010

Dany, oui mais ...

Bonjour à toutes et à tous.


Je n'avais pas lu la tribune de Daniel Cohn-Bendit dans Libé de lundi dernier. Je l'ai fait ce matin, c'est plein de bonnes idées, et assez séduisant. Comme souvent, Dany pose des questions pertinentes et apporte des réponses intéressantes. Je serais presque tenté, comme mon camarade Malek Boutih, de le suivre dans son idée pourtant a priori baroque de "Coopérative politique", qui n'a pas suscité énormément d'échos, y compris chez ses amis Verts. Mais c'est souvent ainsi en politique : les idées neuves passent mal ou prennent beaucoup de temps.

Dany pose le problème crucial de la gauche à venir : son organisation, sa structuration, avec des analyses et des propositions auxquelles j'adhère entièrement. Il réfléchit à "un corps nouveau, une forme politique largement inédite, décloisonnée, pour mener la transformation de la société". C'est d'accord. L'objectif est de "transcender les vieilles cultures politiques". Bien vu. Et pourquoi ? "Le divorce démocratique est profond entre des logiques partidaires complètement déracinées qui fonctionnent en hors sol et une société active, diverse, créative (...) Les partis politiques d'hier étaient de véritables lieux de socialisation et d'apprentissage de la cité. Mais aujourd'hui ils se réduisent le plus souvent à des structures isolées de la société, stérilisées par de strictes logiques de conquête du pouvoir, incapables de penser et d'accompagner le changement social, encore moins d'y contribuer". Très juste.

Je retiens aussi, de son texte, quelques aphorismes bien sentis (c'est du Cohn-Bendit !) : "Il est nécessaire de "repolitiser" la société civile en même temps que de "civiliser" la société politique". Ou encore : "L'important est moins d'où nous venons mais où nous voulons aller, ensemble". Oui, je me sens appartenir à cette culture, dont Dany n'a d'ailleurs pas le monopole. Au PS, le NPA en son temps a voulu faire bouger les lignes, Montebourg s'inscrit dans cette lignée. Il y a eu aussi, à sa façon, Ségolène Royal. Mais le tout premier aura été, il y a bien longtemps, Michel Rocard. Comme quoi c'est une vieille histoire !

Concrètement, Dany demande à ce que des "collectifs Europe Ecologie-22 mars" se constituent un peu partout, avec possibilité de double appartenance, afin d'aller vers l'élaboration collective d'une nouvelle force politique. Encore une fois, comment ne pas être tenté, quand on constate que les sections des partis politiques traditionnels sont bien souvent des fratries électorales, sans débats d'idées, sans activités militantes, sans enracinement dans la population ? En même temps, j'hésite, je suis perplexe. Il y a parfois en politique des entreprises trop belles et trop vraies pour être possibles. Je m'explique :

1- La logique d'appareil a et aura la vie dure encore longtemps. Qu'a-t-on trouvé de mieux pour se répartir les places ? Dany a gardé quelque chose de libertaire, très sympa mais pas très réaliste : il oublie tout simplement la nature humaine, qui ne fonctionne pas toujours aux grandes idées mais aux petites ambitions, qui carbure à la reconnaissance sociale et au goût du pouvoir, ce qu'ignore un anar, même libéral-libertaire.

2- Une culture ne disparaît pas si facilement. Ceux qui aujourd'hui ont des postes d'influence au PS sont les produits de la logique d'appareil, ont été formés par elle dans les années 70, s'y reconnaissent, ne l'abandonneront pas de sitôt, surtout s'ils lui doivent ce qu'ils sont. Bien sûr, l'aspiration à la rénovation existe, elle est même puissante, les primaires vont accélérer cet état d'esprit. Cependant, je crois que l'évolution sera très lente, qu'elle se fera aussi avec le changement biologique des générations.

3- Les Verts n'ont pas toujours rendu crédible l'idée que défend aujourd'hui Dany. Leur culture basiste, autogestionnaire, libertaire n'a pas eu que d'heureux effets, a suscité par le passé des divisions déplorables, une immaturité politique consternante, des accès d'opportunisme, des ambitions non moins féroces mais plus lissées que dans un parti traditionnel. Je reconnais que ça va beaucoup mieux depuis quelques temps. Mais je continue à douter et à me méfier. Et puis, que peuvent donner ces "collectifs Europe Ecologie-22 mars" dans bien des localités ? Sûrement pas grand-chose. Prenez Saint-Quentin : comment une telle structure pourrait-elle se constituer ? Avec qui ?

C'est peut-être le ciel gris qui met du gris dans mes idées. Dans quelques jours, on reverra ça.


Bonne journée.

26 mars 2010

D'une élection l'autre.

Bonjour à toutes et à tous.


Une élection se termine, une autre commence, c'est le mouvement perpétuel de la politique. Où en est-on à Saint-Quentin ? A droite, Xavier Bertrand a subi un sévère revers dimanche dernier, mais il a encore de solides ressources locales. Il sera candidat aux législatives de 2 012 et tête de liste aux municipales de 2 014. De ce côté-là, c'est bouclé. En 2 011, pour les cantonales au centre, on imagine mal Colette Blériot ne pas se représenter. Elle est active, plutôt bien perçue et se rapproche parfois de la gauche au Département.

La seule incertitude, c'est le canton-nord : Jérôme Lavrilleux va-t-il repartir, ou bien sa proximité politique avec Copé va-t-elle lui coûter son siège ? Et dans ce cas, quel candidat la droite va-t-elle investir ? Ce canton est à droite depuis toujours, il ne sera pas facile à reprendre pour la gauche, quel que soit le candidat de l'UMP.

A gauche, les certitudes sont moins grandes car les inconnues demeurent. Sur la méthode d'abord : celle du rapport de force, adoptée lors des dernières pré-municipales, va-t-elle à nouveau s'imposer, au détriment de la méthode que je préconise, celle du compromis ? Ensuite à qui revient exactement le leadership ? A droite, c'est clair : le patron est Pierre André, ce qui n'empêche nullement Xavier Bertrand d'exister politiquement à sa façon. Mais à gauche, qui ?

Anne Ferreira a été incontestablement relégitimée par la victoire des régionales, après sa défaite aux européennes. En 2 012, la circonscription sera probablement de nouveau réservée à une femme. Pour le moment, on ne voit qu'elle qui soit bien placée pour y aller. Mais comme tout peut arriver en politique, je me garderai bien de toute prévision hâtive ! Pour les municipales de 2 012, un gros point d'achoppement subsiste, celui des alliances avec l'extrême gauche : seront-elles reconduites ? Quoi qu'il en soit, 2 014 sera largement conditionné par les résultats de 2 012.

A quoi il faut ajouter, en 2 014, des élections régionales et cantonales fondues en un seul même scrutin, celui des conseillers territoriaux. La donne sera alors bouleversée, il faudra trouver des candidats de terrain capables de se faire élire dans les nouvelles circonscriptions, et non plus des représentants de courant sur des listes. On oublie trop que les conséquences de dimanche sont provisoires, que dans quatre ans on reprend tout à zéro.

On ne peut guère anticiper ce qui se passera tellement les variables sont multiples. Ce qui est certain, c'est que si tout le monde n'est pas sur le pont côté socialiste, nous perdrons et les cantonales 2 011, et les législatives de 2 012, et les municipales de 2 014. Nous saurons très vite quelle direction aura été choisie : la désignation des candidats pour les prochaines cantonales, qui se discute dès maintenant et se décidera dans quelques mois, donnera le ton et déterminera largement la suite.


Bon après-midi.

25 mars 2010

Question de tactique.

Bonsoir à toutes et à tous.


Quelle chose terrible que la politique ! Sarkozy vient de perdre une élection. Ce n'est rien, il en a vu d'autres, il peut se refaire. Ployer le genou, ce n'est pas être à terre. Et pourtant, dans son camp c'est un début de curée, et à gauche certains imprudents le voient déjà fini. Pas de doute : la défaite est, en politique, maudite. Il suffit de battre un peu de l'aile pour qu'on vous croit cuit. C'est loin d'être le cas, la droite a encore des réserves, mais c'est perçu ainsi.

Dimanche soir, à Fervaques, des citoyens pas particulièrement à gauche venaient vers nous avec une sympathie que je ne leur connaissais pas. La victoire suffit à donner des couleurs aux plus blêmes. Il n'y a pas à tortiller : le pouvoir provoque un charme irrésistible, même un semblant de pouvoir. On subodore aussi l'intérêt qu'on a à être en bons termes avec lui. C'est petit mais c'est humain.

Xavier Bertrand peut désormais être battu, voilà ce qui se dit dans Saint-Quentin. Il n'apparaît plus comme invulnérable. C'est vrai mais c'est court : la bête va vite retrouver ses marques, sa défaite est nationale, pas locale. Et puis, de notre côté, nous ne sommes pas pour le moment suffisamment gaulés pour l'affronter. Ça changera, je le souhaite, je ferai bien sûr tout pour ça.

En attendant, Sarkozy remanie et lâche la taxe carbone. C'est malin, purement tactique : il faut rassurer ses députés qui craignent de ne plus l'être (encore le pouvoir !). On lui reproche de ne s'adresser qu'à l'UMP. Mais croit-on qu'il allait adopter une politique de gauche parce qu'il vient de perdre les élections régionales ? On peut toujours rêver mais c'est déconseillé. Quand on est fort, on peut s'offrir le luxe, et c'est aussi de toute nécessité, de s'ouvrir.

Mais quand on s'affaiblit, il faut serrer les rangs et les boulons et bien verrouiller, en impliquant toutes les sensibilités : laisser quelqu'un sur le chemin, c'est s'en faire un ennemi potentiel, et la politique consiste, quand on est un peu malin, à se faire le moins d'ennemis possible. Faire venir des chiraquiens et des villepinistes au gouvernement, Sarkozy ne pouvait pas faire moins.

Ça n'a pas empêché Villepin de lancer aujourd'hui son parti et de préparer 2 012. C'est bien vu aussi. Certes la marge est étroite et l'ancien Premier ministre ne pèse pas lourd. Mais il pèse, et ça lui suffit. Comme tout compte en politique, autant miser, même petit. Le moment venu, la droite aura besoin de lui, c'est certain. Une victoire se remporte à la marge. Aucun dividende ne peut se refuser. Et puis l'UMP patine, et la gauche démontre que la diversité est électoralement plus efficace que le parti unique. Donc Villepin y va, se sachant incontournable.

Fillon, lui, joue sur un autre registre. Sarkozy le prive de TF1, il ne bronche pas. Sa tactique, comme celle de Bertrand, c'est de coller à la roue du président. Il s'en détachera un jour, c'est sûr. Bertrand aussi, comme il l'a fait en son temps avec Chirac. Pour l'instant, il leur faut suivre. Le détachement viendra plus tard, au bon moment. Franc-tireur, ce n'est pas leur genre, mais plutôt porteur d'eau : ils sont nombreux comme ça en politique, à droite ou à gauche. Villepin-Fillon, Copé-Bertrand, quelle est la meilleure tactique ? Nul ne le sait. C'est la victoire qui dira qui avait raison, et la défaite qui avait tort.


Bonne soirée.

24 mars 2010

Paroles de vérité.

Bonsoir à toutes et à tous.


En politique, des paroles de vérité doivent s'exprimer. C'est la grandeur de cette activité. C'est pourtant assez rare. Généralement, ce sont des discours convenus, flatteurs, démagogiques auxquels nous sommes confrontés. Une parole de vérité, je la sens immédiatement. C'est très subjectif, un accent de sincérité, une franchise dans la voix, la spontanéité, la précision et la justesse des mots.

Ces dernières heures, j'ai eu le plaisir d'entendre des paroles de vérité, venant d'hommes que rien ne distingue pourtant particulièrement. Hier, à "Ce soir (ou jamais)", François Léotard, pour lequel je n'ai aucune sympathie politique, a dit des choses très pertinentes : la politique n'est pas une logique de la demande mais de l'offre. Or nous y tournons le dos depuis plusieurs années. Nos hommes politiques n'ont de cesse de vouloir écouter. Et plus ils écoutent, plus on leur reproche de ne pas écouter ! Il en ressort une soumission à toutes les formes particulières de demande. Le gouvernement est devenu un guichet des plaintes et réclamations ! Mais où est l'offre ? Aucun grand parti, même le mien (pour l'instant), ne propose une offre stimulante, un projet mobilisateur.

Malek Boutih, ce matin chez Apathie, a réagi à sa non nomination à la tête de la Halde, avec lui-aussi des paroles de vérité. Il a défendu l'idée, que je partage, que la République ne doit pas être confisquée par un parti mais ouverte à tous les talents et sensibilités. C'est pourquoi il est normal que le président de la République nomme des personnalités de gauche à la direction de diverses institutions, contrairement aux récriminations de l'UMP depuis la défaite des régionales.

Mais Boutih a bien su distinguer l'élection et la désignation. La première est l'émanation du suffrage universel et n'autorise pas la confusion : un homme de gauche, à quelque niveau que ce soit, n'a pas à se faire élire avec des voix ou sur des listes de droite. La seconde en revanche encourage en République un homme de droite à choisir et nommer des hommes de gauche à des postes-clés. Et le raisonnement serait bien sûr le même pour un président de gauche.

Mais je n'ai pas entendu ces dernières heures que des paroles de vérité. Au journal du matin de France-Inter, Michel Rocard, que j'apprécie pourtant, m'a beaucoup déçu. Non pas pour ses analyses, auxquelles j'adhère : le recul de Nicolas Sarkozy sur la taxe carbone est incohérent et même scandaleux. Le chef de l'Etat a présenté cette mesure comme d'une importance égale à la suppression de la peine de mort. Aujourd'hui il y renonce, alors que les écologistes font de très bons scores. Ça ne va donc pas.

Mais là où Rocard a prononcé des mots qui m'ont choqué, là où il n'a pas su tenir des paroles de vérité, c'est sur la destruction de la couche d'ozone et les mesures insuffisantes prises pour y remédier : il a utilisé l'expression de "crime contre l'humanité". Non, pas lui, pas ça ! Le "crime contre l'humanité" désigne quelque chose de très différent et d'autrement plus tragique : le génocide des juifs d'Europe par les nazis. Toute application de ce terme à une toute autre réalité est indécente et éhontée.


Bonne soirée.

23 mars 2010

Je n'irai pas à Chauny.




Bonjour à toutes et à tous.


Je suis fondamentalement antiraciste et antifasciste, défenseur des droits de l'homme, prêt à agir pour cette cause. Mais je n'irai pas manifester samedi à Chauny (voir appel ci-dessus). Pour trois raisons :

1- Pas d'unité. PS, PCF, PRG, MRC et Verts, c'est-à-dire les composantes de la gauche traditionnelle, n'appellent pas à manifester. De même les grandes centrales syndicales, CGT, CFDT et FO, seront absentes. Ce n'est certes pas la seule raison de mon abstention, ni la plus fondamentale, mais c'est pour moi un élément important : quand ma famille politique et ses partenaires ne sont pas là, sur des thèmes qui normalement devraient rassembler tout le monde, je réfléchis à deux fois avant de participer.

Samedi, c'est l'extrême gauche, à dominante anarchiste et libertaire, qui sera présente. Je ne me reconnais pas en elle. Et je doute de l'efficacité d'une manifestation qui repose sur des bases aussi marginales. La pléthore d'organisations et de sigles au bas du tract ne doit tromper personne ; c'est comme chez mes camarades en période de congrès : plus une motion est minoritaire, plus elle pétitionne pour faire croire qu'elle est majoritaire.

2- Pas de clarté. Les mots d'ordre entretiennent la confusion, visant à la fois les skinheads néo nazis et la politique du gouvernement en matière d'immigration. Je dénonce certes et les uns et l'autre, mais je ne les mets tout de même pas sur le même plan, dans le même sac, je n'associe pas Sarkozy et les skins ! Ce grand écart, cette incongruité sont pour moi fâcheux et contre-productifs. Une manifestation gagne à la clarté, pas au mélange. Mais je connais la rhétorique d'extrême gauche qui soutient que tout se tient, que la droite et l'extrême droite ne sont pas si éloignée que ça (et certains n'hésiteraient pas à mettre dans le paquet la gauche "libérale" !). Non, je ne vois pas les choses ainsi.

3- Pas la bonne cible. Si la présence de skinheads à Chauny est insupportable, il faut reconnaître aussi qu'elle est ultra-minoritaire, folklorique, même si ces bouffons sont particulièrement néfastes. Les prendre comme cible, c'est leur donner une importance qu'ils n'ont pas, leur attribuer involontairement et par contrecoup une sorte de légitimité politique qu'ils ne méritent pas, puisqu'ils ne sont que des provocateurs bêtes et méchants, sans aucune autre envergure. Leur cas doit être traité comme de la pure et simple délinquance et réglé par les pédagogues, les policiers et les juges. Je ne me rabaisserai pas à un combat idéologique contre eux, ce serait leur faire trop d'honneur.

Les skinheads ne sont qu'un épiphénomène d'un mouvement plus profond, plus vaste et plus dramatique : le vote FN, dont on a vu dimanche qu'il n'était pas mort, qu'il influençait une partie non négligeable de l'opinion. C'est contre lui qu'il faut essentiellement lutter, d'autant que sa propagande infecte touche les milieux populaires et défavorisés. Les moyens de cette lutte ne passent pas par une manifestation, dont je crains qu'elle ne renforce les positions d'extrême droite plus qu'elle ne les éclate. Je crois plus en un travail de fond, lent, patient, ouvert, qui repose sur l'explication plus que sur la dénonciation, qui s'adresse directement aux citoyens floués et égarés par Le Pen plutôt que de s'en prendre à son organisation ou groupuscules périphériques.

Mais libre à chacun de se rendre ou non samedi à Chauny ...


Bonne journée.

22 mars 2010

Une victoire est une victoire.

Bonsoir à toutes et à tous.


Je ne rate jamais une soirée électorale à la télé. C'est toujours un grand moment de vérité. A 20h00, il faut être devant son poste, voir les visages résister à la décomposition de la défaite ou à la jubilation de la victoire. Tout un art ! Mes camarades socialistes ont joué sur la sobriété et la mise en perspective de la victoire, notamment Delanoë et Fabius. C'est ce que j'attendais d'eux. A droite, la leçon avait été bien apprise : reconnaître que la gauche avait gagné ... tout en minimisant notre victoire. C'est malin mais c'est faux. Une victoire est une victoire. Je vous explique pourquoi :

1- L'argument de l'abstention, qui ne rendrait pas significatif le résultat, est antidémocratique. Les citoyens font ce qu'ils veulent, voter ou rester chez eux. Un résultat est un résultat. Une faible participation n'affaiblit pas ce résultat. Le suffrage universel n'est pas amoindri ou illégitime dans son expression parce que les abstentionnistes sont nombreux. On peut certes le regretter, on doit l'analyser, il faut le corriger, mais la victoire n'en est pas atténuée pour autant.

2- L'argument de la dimension strictement régionale, qui n'affecterait pas la politique nationale, ne tient pas. Toute élection, même locale, a une dimension nationale, dont les responsables doivent tirer les leçons. Quand des villages tranquilles votent massivement FN, ce n'est pas local, c'est national. Et c'est bien un désaveu de la ligne Sarkozy qui s'est manifesté hier dans les urnes.

3- L'argument des élections intermédiaires toujours perdues par le pouvoir est un constat et pas une raison valable. Si les Français étaient satisfaits du gouvernement et critiques envers les exécutifs régionaux, ils auraient soutenu le premier et sanctionné les seconds. Ce n'est pas le cas. Exciper d'une constante pour en faire une règle qui absout l'échec revient plutôt à une excuse trop facile, un simple prétexte.

4- L'argument du grand chelem raté est idiot. Martine Aubry s'est donnée un objectif dynamisant, un idéal mobilisateur qui n'ont pas été complètement atteints. Et alors ? Ça ne ternit pas l'éclat de la victoire. Car qu'est-ce que vaincre en politique ? Obtenir la majorité. Le PS a remporté la très grande majorité des régions. C'est donc, grand chelem ou pas, une superbe victoire.

5- L'argument de la continuité avec le précédent scrutin se retourne contre lui-même. C'était un tour de force en 2 004 de remporte la quasi totalité des régions, ça l'est encore plus six ans plus tard. L'usure aurait pu jouer contre les sortants, d'autant que l'échelon régional est mal connu et ne passionne guère. C'est le contraire qui s'est produit.

Les arguments de la droite n'altèrent donc en rien la belle victoire de la gauche. Et puis, qu'est-ce qui importe en politique ? Avoir le pouvoir. Le reste n'est que commentaire oiseux. Même s'il est recommandé de se demander ce qu'on fait d'une victoire et du pouvoir. Ne serait-ce que pour le conserver le plus longtemps possible ...


Bonne soirée.

Bravo à tous !

Bonjour à toutes et à tous.


Nous connaissons les dix élus de gauche axonais qui vont siéger au Conseil Régional de Picardie (voir les noms dans un commentaire du billet précédent). A tous les dix, je dis bravo, en particulier à mes camarades socialistes. Parmi eux, je voudrais en distinguer deux, dont la victoire me fait personnellement plaisir : Claudine Doukhan, parce que c'est la seule élue qui ne soit pas déjà élue, une tendance qu'il faudra encourager lors des prochains scrutins ; Jean-Louis Bricout, parce que c'est le maire d'une petite ville qui souffre et qui est tentée par le FN.

En les félicitant tout spécialement, je veux souligner dans quelles directions je souhaite que mon Parti s'achemine : la généralisation du non cumul des mandats, la représentation et la défense des catégories les plus défavorisées, des victimes de la crise, du libéralisme économique et des séductions de l'extrême droite.

Si je suis heureux pour eux et pour tous, j'ai aussi mes déceptions (mais comment les éviter ?). D'abord il y a un élu socialiste en moins alors que nous faisons plus de voix que la dernière fois. Ensuite, sur dix élus, la moitié seulement sont PS. Je suis favorable au rassemblement de la gauche, mais je trouve que c'est cher payé ! Et si Le Front de Gauche nous avait rejoint, le décompte nous aurait été encore moins favorable.

Et puis le sud de l'Aisne, là où tout est à reconstruire, ne sera représenté par personne. Je rejoins les inquiétudes qu'avait exprimées Sylvain, secrétaire de section de Château-Thierry, avant le vote de dimanche. Enfin, je regrette qu'Arnaud Battefort ne soit pas élu. C'est une valeur montante dans notre Fédération, il a la culture politique et les compétentes pour jouer un rôle important. Mais sa jeunesse lui laisse encore pas mal d'espoir.


Encore bravo,
et bonne journée.

21 mars 2010

C'est le printemps.




Bonsoir à toutes et à tous.


Je vous donne, en vignette, les résultats des élections régionales à Saint-Quentin. La participation (49,70%) s'est améliorée par rapport au premier tour mais un électeur sur deux ne s'est pas déplacé pour voter. La victoire de la gauche est grande puisqu'elle remporte presque la moitié des suffrages. Saint-Quentin confirme ce qu'elle est : une ville de gauche, une population majoritairement pauvre et modeste, qui trouve dans les partis progressistes ses représentants naturels.

Avec 33,63%, la droite essuie une sévère défaite, qui est aussi un échec personnel pour Xavier Bertrand. Le secrétaire général de l'UMP n'a pas su, dans la ville où il est pourtant maire-adjoint et future tête de liste aux prochaines élections municipales, endiguer la déferlante de gauche. L'extrême droite améliore son score du premier tour en se hissant à 16,88%, un score qui demeure élevé.

En politique, on juge les responsables sur leur comportement dans la défaite ou la victoire. Dans la circonstance, la gauche locale doit avoir la victoire modeste et responsable. Comme je le disais dès le premier tour, la situation nouvelle qui est faite à la gauche lui donne surtout des devoirs. Nous devons rechercher le rassemblement et la crédibilité. Ce soir n'est pas un aboutissement mais un point de départ. En quelque sorte, ce sont les élections municipales qui commenceront dès demain, avec les cantonales dans un an, qui enclencheront la dynamique.

La responsabilité et la crédibilité nous obligent à anticiper et nous organiser, en débattant collectivement de questions fondamentales qui n'ont pas encore été tranchées : leader, alliances, méthode, projet. Nous avons le temps, mais veillons à ne pas trop tarder. Méditons sur la ligne qui ce soir nous a permis la victoire : celle de Claude Gewerc, qui a su défendre un projet économique réaliste pour tous les Picards tout en se montrant politiquement très ferme avec la gauche radicale, jusqu'à ne pas céder à ses exigences déraisonnables. Ce qui vaut en Picardie vaut à Saint-Quentin et dans toute la France.


Bonne soirée.

20 mars 2010

40 ans plus tard.

Bonsoir à toutes et à tous.


Je ne vais pas ce soir vous parler politique. Non que je ne puisse pas : mon blog n'est pas une émanation officielle du Parti socialiste, et je ne suis pas candidat aux régionales. Je ne tombe donc pas sous le coup de la réglementation en vigueur, qui impose le silence aux blogs de ce type. Mais il est de tradition de laisser l'électeur libre de ses réflexions en cette période. Il n'est plus temps de militer une veille de scrutin.

Je vais donc vous parler d'autre chose. Mais de quoi ? Aucune hésitation : de l'événement qui marque cette soirée à Saint-Quentin, le retour du catch, après 40 ans d'absence. Le catch ! Moi aussi, ça me ramène 40 ans en arrière, dans mon Berry natale, la grand fête foraine annuelle où il y avait une baraque de catch pleine à craquer, et un arbitre qui ressemblait à Roger Lanzac.

Le catch, c'était aussi les soirées avec mon grand-père devant la télé en noir et blanc, et des drôles de noms que j'entendais prononcer : le Bourreau de Béthune, le Petit Prince, Cheri-Bibi. Il se disait autour de moi que les vainqueurs étaient désignés à l'avance, que tout ça était bidon mais bon à regarder. On me parlait aussi d'un catcheur qui avait bien tourné, qui était devenu un monsieur très respectable : Lino Ventura. Ça donnait au catch un côté sympa qu'il n'avait pas immédiatement.

Et puis, le catch s'est effacé de notre société, à Saint-Quentin, dans le Berry comme partout ailleurs, je n'en ai plus guère entendu parler, il avait plutôt mauvaise presse. Pour moi, cette pratique était d'avant Mai 68, elle appartenait à ce que les années 50 et 60 pouvaient avoir de plus ringard. Ni sport, ni spectacle de cirque, le catch ne faisait pas très sérieux dans un monde qui se voulait moderne, évolué, émancipé. Il renvoyait aux jeux du cirque de l'Empire romain, une sorte de sauvagerie simulée donc dérisoire. Les catcheurs dotés de surnoms invraisemblables et de tenues ridicules, le grotesque de leurs parades, toute cette mise en scène me semblait appartenir à une société révolue, dépassée, condamnée.

40 ans après, le revoilà ! Le Palais des Sports de Saint-Quentin sera ce soir bourré de monde, comme la baraque foraine de mon enfance. Si je m'attendais ! Avec quelques variantes : il y a maintenant des filles sur le ring, et les lutteurs peuvent être à plusieurs. Une société qui renoue avec le catch, ça a sûrement un sens. J'y réfléchirai.

Voilà, mon billet est fait, et j'ai réussi à ne pas parler politique. Car le catch, ses combattants de pacotille, ses revirements pour l'épate, ses coups bas, ses victoires programmées n'ont bien sûr strictement rien à voir avec la politique.


Bonne soirée,
et n'oubliez pas demain
d'aller voter.

19 mars 2010

Pourquoi obéit-on ?

Bonsoir à toutes et à tous.


Avez-vous vu hier soir à la télé "Le jeu de la mort" (quel titre !) ? J'avais d'autres occupations, du côté de la vie. Mais on m'a raconté. C'est assez effrayant. En même temps, l'émission pose une bonne question : qu'est-ce qui fait qu'un être humain obéit ? On croit volontiers que notre espèce est rebelle, protestataire, querelleuse. C'est faux ! Regardez autour de vous : les gens sont plutôt soumis. Les hommes sont rarement des tigres, plus souvent des moutons. Pourquoi ? Un mouton, je comprends, il suit le troupeau, les chiens et le berger, c'est dans sa nature. Mais l'homme a en lui de quoi résister, critiquer, refuser. Pourquoi, généralement, ne le fait-il pas ?

Jean-Léon Beauvois, chercheur en psychologie sociale, a participé à l'émission, il a eu cette phrase terrible et combien vraie : "Un être seul confronté au pouvoir deviendra l'être le plus obéissant qui soit". En politique, ce constat est flagrant et terrifiant. Pourtant, je mets cette activité, la politique, très haut dans l'échelle des préoccupations humaines. Mais le rapport des hommes au pouvoir est souvent affligeant. Il génère en nous ce qu'il y a de plus bas : le suivisme, la manipulation, la médiocrité, la bêtise.

Le militantisme au quotidien a quelque chose de consternant, d'abêtissant. On se plie à des ordres qui ne servent à rien mais qu'on effectue pour manifester une allégeance. On intervient devant un public par frime, pour plaire, sans conviction profonde, seulement pour montrer de quel côté on est. Et je ne vous parle même pas de ces réunions interminables où tout est joué d'avance, où les interventions sont aussi insipides qu'un verre d'eau, où l'on écoute par habitude, fatigue et ennui. J'en connais même qui font autre chose pendant ce temps-là !

Il m'arrive parfois de penser que la politique est maudite, désespérante, que l'art, la spiritualité, la science lui sont infiniment supérieurs. Et puis je me ravise : la politique est utile, indispensable, elle contribue elle-aussi à la grandeur de l'humanité, comme l'art, la spiritualité et la science. Il faudrait, en politique, être discipliné sans être obéissant, se soumettre à des idées et pas à des hommes, jouer collectif sans se transformer en mouton. Je crois que c'est quand même possible.


Bonne soirée.

Pas clair ou très clair ?

Bonjour à toutes et à tous.


Cette semaine de campagne d'entre les deux tours aura été marquée, en Picardie, par l'embrouille avec le Front de Gauche. J'emploie ce mot parce qu'on ne comprend pas très bien ce qui a pu se passer. Partout ailleurs, l'union s'est faite normalement, après des négociations où chacun reçoit la part à laquelle lui donne droit son score. Sauf en Limousin, parce que le Front de Gauche a choisi une ligne politique d'alliance avec l'extrême gauche. Mais ce n'est pas le cas en Picardie. On ne voit donc pas très bien où est le différend politique.

A lire de près les articles de presse et les communiqués des uns et des autres, on comprend quand même que l'embrouille est due à une querelle sur les places. Le Front de Gauche a été trop gourmand, alors que son score est relativement faible et que les communistes sont divisés entre Colère et Espoir, le MUP et le Front de Gauche. Difficile dans ces conditions de prétendre représenter toute cette sensibilité et de se montrer exigeant.

C'est bien sûr politiquement embêtant : la Picardie sera la seule région de France où la majorité de gauche ne comprend pas le PCF (là encore je mets de côté le Limousin, où un autre choix politique a été fait). En même temps, je crois que Gewerc a eu raison de ne pas plier : nos partenaires ont une influence électorale sans commune mesure avec celle du PS. C'est cette réalité qui doit s'imposer. Nous sommes déjà d'une gentillesse extrême avec des partis (IDG, MRC, PRG, MUP) dont la représentativité n'est pas gigantesque. Il ne faut pas nous en demander trop ... Car combien de socialistes se voient ainsi privés de places qu'ils pouvaient légitimement occuper ?

Mine de rien, Gewerc est le premier président de région à mettre en place une majorité social-démocrate rose-verte, sans les centristes (il avait prévenu) et sans le PCF (c'était inattendu). On s'étonne de ce qui s'est passé en Picardie, alors que c'est peut-être la préfiguration de l'avenir.


Bon après-midi.

18 mars 2010

Les enfants gâtés.

Bonjour à toutes et à tous.


Il y a quelques années, à l'approche d'un scrutin, certains évidences, aussi anciennes que le système électoral, étaient de mise. Il était convenu qu'au premier tour on choisissait et qu'au second on éliminait. C'était la sagesse politique même. Aujourd'hui, en écoutant ou discutant autour de moi, je me rends compte que l'évidence ne va plus de soi. Ainsi, des électeurs d'Europe-Ecologie ou du Front de Gauche affirment rejoindre dimanche prochain les abstentionnistes ... parce que leurs candidats de dimanche dernier ne seront plus présents ou bien englobés dans une liste socialiste pour laquelle ils n'ont pas et ne veulent pas voter.

Que répondre à ce genre de réactions inédites (avant elles existaient mais à la marge, et surtout elles ne s'avouaient pas) ? Qu'elles proviennent d'enfants gâtés de la démocratie ! Notre société hédoniste et individualiste nous a habitués à des réflexes de consommateur. Nous voulons choisir sans passer de compromis, sans composer, sans renoncer un tant soit peu à notre pure volonté. C'est le principe de plaisir qui nous guide : quand son objet n'est plus là, nous trépignons, nous boudons, nous nous abstenons. Les enfants gâtés tiennent à leur jouet, préfèrent le casser au lieu qu'on les en prive.

La politique ne fonctionne pas au principe de plaisir mais de réalité. Un choix est rarement satisfaisant dans sa totalité. Il faut savoir que choisir c'est aussi renoncer, qu'on ne peut pas tout avoir. Bref il faut faire l'expérience du refoulement et de la frustration (c'est du Freud élémentaire !). La politique n'est pas un vaste marché où chacun viendrait narcissiquement satisfaire ses désirs en achetant le produit de ses rêves. S'engager et voter ne sont pas des objets de jouissance mais de discipline.

Choisir au premier tour, éliminer au second, se rapprocher de celui qui ne nous convient pas totalement mais dont on se sent le plus proche ou le moins éloigné, c'est ce qu'on appelle, à gauche, la discipline républicaine. Dimanche, ne faites pas les enfants gâtés, soyez républicains et disciplinés (pléonasme), allez voter.


Bonne journée.

17 mars 2010

Meeting à Amiens.


Communiqué Desallangre.

Le Front de Gauche n’aura pas de représentants sur la liste qui, dimanche, assurera le maintien d’une gestion de gauche à la Région Picardie.

Les signataires de ce texte - militants du Parti de Gauche - déplorent que les négociateurs communistes n’aient pas pu accepter les propositions qui leur ont été faites.

Mais, ils n’en demeurent pas moins fermement décidés à aider à la victoire de la Gauche dimanche.

Ils voteront donc sans états d’âme pour la liste conduite par Claude GEWERC.
 

Jacques DESALLANGRE
Député de l’Aisne

Christian CROHEM
Maire de TERGNIER

Frédéric ALLIOT
Maire-Adjoint de SOISSONS

16 mars 2010

Communiqué de C. Gewerc.

Communiqué de Claude Gewerc :


Jusqu’au dernier moment, jusqu’à 13 heures 30, malgré des risques techniques importants sur l’impression de nos bulletins de vote, nous avons cherché à inscrire la Picardie dans la dynamique de rassemblement national des forces de gauche et écologistes. Nous avons fait plusieurs propositions d’ouverture respectueuses de nos partenaires et de la diversité de la gauche. Les représentants locaux de la liste du Front de Gauche ont refusé nos propositions et exigé comme condition à tout accord l’exclusion de la liste d’Olivier CHAPUIS –ROUX, Vice Président chargé des sports, qui a accompli un travail remarquable pendant 6 ans.

Cette exigence n’était pas acceptable.

Nous regrettons vivement que le Front de Gauche ait choisi de s’isoler et nous appelons tous les électeurs à voter massivement dimanche prochain pour la liste de rassemblement de la Gauche et des Ecologistes conduite par Claude GEWERC.


La liste « Avec la Gauche rassemblée pour la Picardie »

La liste du 2ème tour.

Bonsoir à toutes et à tous.


Nous connaissons depuis la fin de cet après-midi les listes pour les régionales. A gauche, pour l'Aisne, je vous renvoie à l'analyse de Thierry sur son blog : http://saines-coleres.blogspot.com/ Vous découvrirez les noms des candidats et les caractéristiques de la liste. Thierry remarque qu'il y a "beaucoup trop d'élus parmi les candidats éligibles". C'est en effet, pour moi aussi, la seule limite de cette liste.

Mais c'est aussi l'implacable logique de notre parti, un parti d'élus, où derrière chaque candidat éligible transparaît à peine en filigrane le nom d'un grand élu. Dans ce système, le militant sans soutien, quelles que soient ses qualités et son influence, n'est rien. Pour le reste, cette liste est un modèle d'équilibre. Et ce n'est pas facile ! Incontestablement, le non-cumul des mandats est une bataille qui ne fait que commencer. Mais l'idée est dans l'air du temps, rien ne pourra empêcher qu'elle gagne du terrain dans les prochaines années.

Je soulignerai cependant deux absences dont Thierry ne parle pas :

1- Pas de Front de Gauche. Les gremetziens absents, c'est normal, ils n'ont cessé de critiquer Gewerc et les socialistes et se sont positionnés à l'extrême gauche (bien qu'Olivier Tournay, conseiller municipal gremetzien à Saint-Quentin, exprimait son étrange souhait, dans L'Aisne Nouvelle d'hier, de "fusionner" avec les socialistes). En revanche, le Front de Gauche représente, entre autres, le PCF, qui incarne toute une tradition dans l'Aisne. Je ne doute pas que ses électeurs voteront pour notre liste.

Mais leur absence nous prive d'un ancrage ouvrier dont nous avons bien besoin. Tout social-démocrate que je suis, et parce que je suis social-démocrate, je crois que la gauche doit s'enraciner dans les couches populaires, et pas seulement dans les classes moyennes et la Fonction Publique. De ce point de vue, la présence du Front de Gauche aurait été une garantie. A choisir, je l'aurais préférée à celle d'IDG, Initiative Démocratique de Gauche, fort bien placée malgré un contour idéologique assez flou et surtout une influence très localisée.

Ce qui est étrange, c'est que Benoît Hamon, dans son point-presse de cet après-midi, ne note qu'une seule défection à l'union avec le Front de Gauche : le Limousin. Mais ne cite pas la Picardie ! La presse régionale de ce matin annonçait pourtant l'échec des négociations. Côté socialiste, l'explication est dans les prétentions déraisonnables du Front de Gauche. Autre argument : nous avions déjà des communistes dans nos rangs, ceux du MUP, Mouvement Unitaire Progressiste, de Robert Hue, constitué en Picardie par les vice-présidents communistes qui ont préféré rejoindre les socialistes dès le premier tour.

2- Pas de Dominique Jourdain. Son ralliement à Europe-Ecologie, après avoir échoué à se faire intégrer dans la liste socialiste, avait beaucoup fait jaser. Certains craignaient de le voir entrer par la fenêtre après qu'il soit sorti par la porte. La présence en fin de liste de son adversaire de toujours, Jacques Krabal, n'avait rien arrangé. Au bout du compte, ni l'un ni l'autre ne sont présents. C'est aussi une façon de trancher un conflit que de ne prendre personne.

Voilà, la liste est connue, avec ses inévitables imperfections et ses points forts. Il nous reste désormais quelques jours pour transformer l'essai du premier tour et voir un maximum de candidats l'emporter dimanche prochain. Bon courage à tous.


Bonne soirée.

La gauche en deuil.

Bonjour à toutes et à tous.


Je ne sais pas si toute la gauche se sent aujourd'hui en deuil. Moi oui. Et toute la gauche le devrait. Ce sont les obsèques de Jean Ferrat. Je ne l'ai pas oublié du week-end, je n'ai pas cessé de penser à lui, malgré l'actualité politique. A cause de l'actualité politique ? D'abord une précision : Ferrat était communiste, certes critique mais communiste tout de même. Je ne vais pas, moi le réformiste, me l'approprier. Mais je redis ce que j'ai ici à plusieurs reprises confessé : si je suis politiquement socialiste, je me sens humainement plus proche des communistes. Ce n'est pas une contradiction, c'est une précision.

Ferrat apportait ce qui nous manque aujourd'hui : du souffle, du lyrisme, de l'enthousiasme, de la profondeur. Il n'était ni intellectuel, ni vraiment politique, il était mieux que cela : un poète et un chanteur populaires, une source d'inspiration et de vie pour nous tous. Ce ne sont pas toujours les politiques qui nous font le mieux aimer la politique (certains nous en rebutent même carrément !). A l'heure où des hommes se retrouvent dans des salles pour des réunions interminables où l'on se répartit des places, il faut se rappeler que cette tâche nécessaire et ingrate n'a de sens que si elle se ressource aux idéaux que le chanteur a su si bien mettre en paroles et en musiques. Il y a des moments où la gauche, me semble-t-il, l'oublie.

Jean Ferrat nous rappelle aussi, et notre société du spectacle a tendance à l'oublier, que les grands sont ceux qui savent se faire petits. Il avait quitté depuis longtemps la scène, se faisait discret, modeste, il avait été jusqu'à refuser qu'une école porte son nom ! En connaissez-vous beaucoup aujourd'hui qui réagissent ainsi ? Le narcissisme est de mise un peu partout, la soif de reconnaissance fait courir à peu près tout le monde, l'appétit des petits pouvoirs est généralisé. Vanité, suffisance, bouffonnerie s'étalent au grand jour. Ferrat, dans son Ardèche, n'était déjà plus de ce monde. Il rejoindra aujourd'hui, définitivement, l'éternité.


Salut.

15 mars 2010

Le premier parti de St Quentin.

Bonsoir à toutes et à tous.


Traversant cet après-midi la cour de mon lycée, un élève est venu m'interpeller : "Vous devez être aujourd'hui triomphant après les résultats d'hier !" Triomphant, moi ? Jamais ! La politique est un art de sang froid. Les enthousiasmes sont calculés. Ils sont nécessaires avant, pour mobiliser son camp. Après, ils sont inutiles. Ce ne sont que des épanchements sentimentaux à usage strictement personnel. Au contraire, ils gênent la bonne compréhension de l'événement. L'auto-satisfaction ne peut générer que des illusions.

A Fervaques, je n'ai pas applaudi, d'abord parce que je notais les résultats, mais surtout parce que je n'applaudis jamais. Un score, c'est un fait, à analyser factuellement, froidement. Dans l'excitation, on perd sa lucidité. J'éprouve tout juste un légitime contentement, dans la retenue. Je n'ai pas besoin de plus. Mes joies et mes peines, je les réserve à ma vie privée. C'est aussi ma façon d'être laïque.

La vie publique est consacrée aux convictions, pas aux émotions. "Ne pas pleurer, ne pas rire, comprendre" résumait Spinoza. J'en suis là : quoi qu'il arrive, garder des distances et tenter de comprendre. Je demeure généralement impassible, sauf parfois, rarement, devant la bêtise, le mensonge et la médiocrité, où je m'autorise quelques colères passagères, qui n'altèrent d'ailleurs pas mon jugement.

Ainsi, je ne me reconnais pas dans le titre que L'Aisne Nouvelle donne à son compte-rendu des résultats à Saint-Quentin : "La gauche se prend à rêver d'une nouvelle ère". Des rêves en politique, j'en ai connus quelques-uns : ils se sont tous terminés en cauchemar. Ayons un peu de mémoire, et si possible de réflexion. Je l'ai rappelé hier : la bonne méthode interdit de mélanger des scrutins de nature différente, incomparable. On ne peut pas extrapoler sur les prochaines municipales l'actuel résultat des régionales, d'autant que nous ne sommes qu'au premier tour.

Et puis, avec près de 60% d'abstentions, il est difficile d'anticiper ce que donnerait un suffrage où les votants seraient beaucoup plus nombreux. Difficile aussi, et même impossible, à quatre ans d'une élection, d'en prévoir la dynamique. Sommes-nous, à Saint-Quentin, entrés dans "une nouvelle ère" ? Non, ce serait présomptueux de le penser. L'UMP a été sanctionnée, sûrement pas Pierre André. Il y a encore loin de la coupe aux lèvres. La politique se suffit de la vérité, elle n'a pas besoin d'ivresse.

La vérité, quelle est-elle ? Que le PS est présentement le premier parti de la ville. Point barre, comme disent les jeunes. A partir de là, tout reste à faire, à construire. Ce très bon résultat nous impose surtout des devoirs, comme je l'ai écrit dans mon billet d'hier soir. La "nouvelle ère" sera le produit de notre travail, de notre volonté, pas de nos rêves. Les municipales de 2 014 en seront l'aboutissement. Alors nous saurons si nous méritons ou pas la victoire, si nous sommes ou non à la hauteur de la situation. Quand on voit ce qui nous attend en face, on se dit qu'on n'a vraiment pas le droit de rêver !

Le premier devoir auquel nous oblige notre nouveau statut de premier parti de Saint-Quentin, c'est celui de rassembler tous les socialistes. Chacun doit retrouver sa juste place. La victoire se fera dans la diversité et s'en nourrira. On ne gagnera pas si toutes les compétences et les influences ne concourent pas à la dynamique de la victoire. Vous pourriez peut-être à votre tour me reprocher de rêver ? Non, je ne crois pas. La bonne volonté, la réflexion élémentaire, l'intérêt supérieur du Parti aboutissent à la même conclusion que moi.


Bonne soirée.

14 mars 2010

2 004 et 2 010.

Je vous retrouve avec une réflexion un peu plus affinée sur les résultats à St Quentin. Par méthode, des résultats en soi n'ont guère de sens. Ce qui compte, c'est la comparaison avec les élections précédentes de même nature. Tout autre rapprochement est peu significatif et fallacieux. Si l'on confronte donc les résultats de ce soir avec ceux des régionales de 2 004, les leçons à tirer sont instructives et nuancent mes premières réactions :

1- Nous sommes passés d'un taux d'abstention de 40% à 57%, ce qui nous conduit à beaucoup de modestie quant à l'interprétation des résultats de ce soir. Lorsque plus d'un électeur sur deux ne se déplace pas pour voter, on peut difficilement tirer des résultats par liste des interprétations probantes, ni tirer des plans sur la comète. Il nous reste encore beaucoup d'efforts à faire pour mobiliser nos concitoyens et en premier lieu les couches populaires.

2- Le PS, en 2 004, faisait un peu plus que ce soir (29,46 contre 28,23), mais il était alors allié avec les Verts.

3- Le FN en 2 004 obtenait 22,28%. Il a donc énormément chuté, même si son score (14,77) demeure encore trop important.

4- Chute aussi pour l'UMP locale, qui passe de 33,28 à 27,50.

5- LO et LCR étaient alliées en 2 004 et réunissaient 5,91%. Séparées, ils descendent à 3,98.

6- Les communistes rassemblés derrière Gremetz avaient réussi 9,07% en 2 004. Divisés, ils réalisent 10,91, mais sur deux lignes politiques très différentes.

Voilà ce que je peux vous proposer à l'heure qu'il est, toujours un peu dans la précipitation.


A plus tard.

St Quentin : les résultats.




Bonsoir à toutes et à tous.



Les résultats du premier tour des régionales à St Quentin, ci-dessus, appellent quelques rapides remarques :


1- L'abstention est énorme et inquiétante. Nos concitoyens ne se sont pas suffisamment intéressés à ce scrutin.


2- Le PS et ses alliés arrivent en tête. C'est une bonne nouvelle pour l'ensemble de la gauche réformiste locale. Cette première victoire lui donne des devoirs : rassembler et demeurer fidèle à elle-même.


3- L'UMP, dans la ville ou son premier secrétaire général est maire-adjoint, essuie un sérieux camouflet.


4- L'extrême gauche, avec 10%, reste une minorité non négligeable, mais très loin derrière la gauche réformiste.


5- L'extrême droite, avec 16%, exerce encore une dramatique et stérile influence.


6- Le MoDem est le grand perdant. Son "ni droite ni gauche" ambigu ne prend pas.


7- Les écologistes ne retrouvent pas à Saint-Quentin leur bon score national.


8- J'ai un regret ce soir : le petit résultat du Front de Gauche, c'est-à-dire du Parti communiste resté fidèle à ses racines. Il aurait à Saint-Quentin sa place, l'extrême gauche le prive de cet espace, c'est dommageable pour la gauche réformiste, dont il est l'allié naturel.


Pour conclure très provisoirement, je retiendrai deux chiffres essentiels : sur Saint-Quentin, la droite républicaine est à 27,50%, la gauche réformiste à 41,64%. Il faudra que cette gauche en tire toutes les conséquences politiques.



A plus tard.


Le géant de la discorde.

Bonjour à toutes et à tous.


Ne m'étais-je pas installé depuis vingt minutes ce matin à mon bureau de vote en tant qu'assesseur qu'un électeur, après avoir fait son devoir, est venu gentiment m'interpeller : "Vous vous êtes mis à dos 130 bénévoles en refusant le géant Maurice". Dans les premières secondes, je n'ai pas bien compris, d'autant que j'avais les procédures de vote à surveiller. Et puis j'ai saisi : c'est quelqu'un qui a consulté mon blog et qui est tombé sur le compte-rendu du dernier conseil municipal, où l'opposition a critiqué l'achat d'un troisième géant à l'effigie de Quentin de La Tour.

C'est un peu fort de café : je ne suis pas conseiller municipal et c'est moi qui me fait engueuler ! Bon, la remarque m'a été faite très courtoisement, et je comprends que les membres et responsables des Fêtes du Bouffon soient un peu furax. Il est vrai aussi que dans mon billet j'ai dit que, s'il y avait des choix à faire, le troisième géant n'était pas un achat indispensable car il ne compromettait pas le bon déroulement des festivités. Qu'est-ce que j'aurais décidé si j'étais aux responsabilités ? Qu'est-ce que j'aurais voté dans l'opposition ? Honnêtement je n'en sais rien. Ce sont des choix qui se font sérieusement, sur dossier.

Je ne veux pas que mon interlocuteur de ce matin, charmant au demeurant, croit que je me dédis. Faire de la politique, c'est faire des choix. On ne peut pas dire oui à tout le monde, à toutes les associations. Mon billet était général, et mon amical contradicteur a admis ne pas avoir lu sa totalité. C'est bien dommage car ma position ne se comprend que dans son ensemble : entre la gratuité de l'école de dessin, le renouvellement du contrat de Patrick Dupont et l'achat du géant, s'il fallait renoncer à quelque chose, ce serait à ce dernier. Ma réflexion était théorique, elle n'induisait aucune conséquence pratique, n'ayant pas les moyens de me prononcer pertinemment, mais ayant le droit d'émettre un avis.

Notre petit échange a eu au moins le mérite de poser une question très politique, qui me taraude depuis deux ans : comment s'opposer ? La réponse ne va pas de soi, sauf si l'on adopte une ligne de critique radicale, de contestation systématique. Alors la question ne se pose même plus. Pour moi, qui refuse cette ligne-là, la question demeure. Je perçois les limites de toute opposition : dire non à ce que propose l'équipe municipale, c'est faire nécessairement des mécontents (comme dans le cas du géant). Mais s'opposer, c'est inévitablement dire non, sinon ce n'est plus une opposition !

Ma réponse, c'est que toute opposition doit être assortie de propositions, pour ne pas donner la fâcheuse impression d'être dans le refus sec et constant. Ne pas acheter un troisième géant peut se comprendre et éventuellement être accepté si on explique que l'argent ira ailleurs, servira à autre chose, parce que les financements de projets ne sont pas extensibles à l'infini. Seul ce type de justification peut conduire ces 130 bénévoles à reconsidérer ma position, à ne pas la considérer comme un rejet brutal, à la voir autrement, peut-être à l'approuver.

Mais encore une fois, je n'ai donné qu'un avis personnel, soumis au débat, que je ne m'interdis pas de corriger dans une réflexion ultérieure, plus complète, plus approfondie. C'est mon droit de citoyen. Mais qu'on ne me fasse pas porter le chapeau pour un choix qui ne m'appartient pas, sur lequel mon avis n'a pas été sollicité (et pour cause, je ne fais pas partie de l'équipe d'opposition !).

Le temps m'a manqué ce matin pour m'entretenir plus longuement avec mon sympathique questionneur, le contexte ne s'y prêtait pas. Puisqu'il semble lire ce blog, ma présente réponse lui permettra de mieux comprendre mes intentions, d'y réfléchir et de ne pas les mal juger. Quant à les approuver ou non, c'est une décision dont je laisse à chacun la liberté.


Bon après-midi,
n'oubliez pas d'aller voter.

13 mars 2010

Mon vieux Ferrat est mort.

Une immense tristesse s'est abattue sur moi, c'est bête j'ai envie de pleurer : je viens d'apprendre que Jean Ferrat est mort. Aimer Ferrat, ça fait un peu ringard aujourd'hui. Je vous ai quelquefois sur ce blog parlé du chanteur, combien il a compté pour moi, particulièrement dans la formation de ma conscience politique. Et il nous quitte une veille d'élection ! Demain sera encore triste, quels que soient les résultats.

Ferrat, c'est d'abord mon enfance. Freud explique qu'un caractère se forge dans les cinq premières années de l'existence, dont on ne se souvient de presque rien. Il m'en reste, moi, une chanson, "La Montagne", qui passait souvent à la radio de mes parents. Ce n'est pas ma chanson préférée, même si elle est très belle. Mais c'est à peu près tout ce qui me reste de mon enfance.

Surtout, il y a mon adolescence, et le choc d'entendre des chansons politiques, de gauche, qui faisaient aimer la politique et qui faisaient aimer la gauche. Le fait que certaines de ces chansons aient été censurées (qui se souvient qu' "Un air de liberté" s'en prenait au gentil d'Ormesson ?) et Ferrat déclaré indésirable à la télé d'Etat (inconcevable aujourd'hui !) ne faisaient que renforcer ma sympathie pour le personnage et mon attirance pour ses chansons. En les écoutant, on avait un peu l'impression de se livrer à un acte clandestin ...

Aujourd'hui, quand je les écoute à nouveau, je ne peux m'empêcher de me dire que quelques-unes de ces chansons ont politiquement vieilli (je pense en particulier aux "Bruits des bottes", qui m'a tant enchanté quand j'avais quinze ans). Au sommet, je mettrais peut-être "Ma France", qui me fait toujours frissonner quand je retourne l'entendre sur deezer. Sans oublier, bien sûr, les chansons de Ferrat qui abordait les questions de société : la vieillesse, les médias, la libération sexuelle (réécoutez "L'amour est cerise", c'est formidable !). Ferrat a même réussi à me faire aimer les chiens, moi qui déteste tant et ai très peur de ces bêtes-là : c'est son magnifique "Oural".

Parfois, on cherche à m'embêter sur l'appartenance communiste de Ferrat, me sachant socialiste. Quelle ignorance ! Ferrat a été l'un des premiers à critiquer le PCF, à prendre ses distances, à une époque où le parti de Georges Marchais faisait 15 à 20%. Sa chanson "Le bilan" contestait le secrétaire général de l'époque, qui avait déclaré que le bilan des régimes soviétiques était "globalement positif". Il fallait oser (et dire ça, et le remettre en question) ! Non, le social-démocrate que je suis était parfaitement à l'aise dans l'univers politique de Jean Ferrat.

Et puis, il y a le Ferrat qui nous a fait aimer ("nous", ce sont les enfants des classes populaires) Aragon, le symbole de la grande culture, de l'impénétrable et inaccessible poésie. C'est là, pour moi, où il aura été le plus grand, où il aura effectué, dans mon jargon, une tâche d' "éducation populaire". J'ai déjà évoqué, dans un billet d'il y a un an, ma chanson-poème préférée, qui déclenche en moi une incompréhensible émotion, "Un jour un jour", dont voici le refrain, qui me touche rien quand vous le retranscrivant :

Un jour pourtant, un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme, un jour de feuillage au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche.

Au jour de ma mort, c'est cette chanson-là que j'aimerais qu'on passe. Je ne saurais dire mieux pour rendre hommage à mon vieux Jean Ferrat.


Triste journée.

Twitter and co.

Bonjour à toutes et à tous.


Le saviez-vous ? Je l'ai appris hier, sûrement en retard sur vous tous : Nicolas s'éloignerait de Carla, lui se consolant avec Chantal et elle avec Benjamin. La presse mondiale en parle, paraît-il, et twitter serait à l'origine de la rumeur. Je n'en dirais rien de plus si l'anecdote, qui sera oubliée dans quelques jours, ne jetait une lumière crue sur ce nouveau mode de communication électronique, twitter.

Car blogger passerait-il de mode ? Il faut désormais twitter si on veut être dans le coup. Les conséquences sur l'esprit public et la vie politique en sont inquiétantes. C'est le triomphe du potin, il n'y a pas si longtemps réservé à l'espace privé, dans les fins de repas arrosé, quand on n'avait plus rien d'autres à dire.

Au-delà de la rumeur, le danger est plutôt dans l'état d'esprit que développe twitter :

1- La facilité : quelques lignes suffisent, parfois quelques mots pour s'exprimer. Il n'y a plus de travail d'écriture, à la différence de la rédaction d'un blog.

2- La rapidité : le blog avait déjà modifié notre rapport au temps, avec son rythme journalier. Avec twitter, c'est l'heure qui est l'étalon de mesure. La longue durée est abolie, tout devient urgent, même ce qui ne l'est pas.

3- La superficialité : on retient des détails, des bons ou des mauvais mots. C'est le règne de la politique lilliputienne. Je suis outré que ma camarade Anne Hidalgo prenne en photo Valérie Pécresse assoupie au Conseil Régional et la diffuse sur twitter. Et elle prétend devenir maire de Paris ? Misère ...

L'internet est formidable, sites, blogs et forums peuvent être passionnants. Mais les dérives sont profondes. Facebook et les milliers d' "amis" que peut avoir n'importe qui sont ridicules. Dailymotion diffuse des vidéos souvent dérisoires. La culture politique n'a rien à gagner à adopter ces nouveaux instruments qui sont nos contemporaines "précieuses ridicules".


Bonne matinée.

12 mars 2010

Balligand's show.

Bonsoir à toutes et à tous.




L'une des dernières réunions publiques de la campagne régionale du premier tour a eu lieu ce soir à Bohain. Rien à voir bien sûr avec le meeting de la semaine dernière à Saint-Quentin avec Gewerc. Mais remplir la salle de la mairie, il faut quand même le faire ! Jean-Louis Bricout, le maire, est notre hôte. Je l'aime bien, c'est un gars sympa, modeste, un socialiste réaliste, très militant.

Comme nous sommes sur les terres de Balligand, Jean-Pierre est évidemment la guest star. Il n'est pas candidat à la région, mais c'est du pareil au même : il défend son bilan avec verve, enthousiasme. Jean-Pierre Balligand n'est jamais aussi bon que lorsqu'il fait du Balligand, un registre qu'il connaît bien et qui fonctionne en Thiérache depuis trente ans. Le bonhomme est une bête politique, intellectuellement et physiquement.

C'est une présence et une voix, qui inévitablement éclipsent par leur force les interventions des autres leaders. Surtout quand le député intervient en dernier, comme le ferait un représentant de l'Etat dans une réunion protocolaire. Mais qui peut refuser quoi que ce soit à Balligand ? A chaque fois que je l'entends et le regarde, je me réconcilie avec la politique (si tant est que je puisse être fâché avec elle !).

Combien de discours inodores, incolores et sans saveur ai-je ingurgités depuis toutes ces années ? C'en est effrayant ! Avec Balligand, ça dépote, c'est certain. On ne s'ennuie pas, l'animal sait y mettre les formes et leur donner du fond. Un seul défaut : c'est un peu longuet (sans jeu de mots). Mais Jean-Pierre est un bavard impénitent. Ça fait partie de son personnage, tout le monde lui pardonne et ça plaît. Balligand qui ne parlerait pas une heure après avoir dit qu'il n'interviendrait que cinq minutes, ce ne serait plus Balligand.

Sur le contenu de son propos, c'est virevoltant, parfois un peu trop pour mon esprit cartésien et ordonné : sous les plafonds magnifiques de la mairie de Bohain, on passe allégrement de la position d'Obama à l'égard des banques américaines au vote FN de l'ouvrier de Thiérache. Il faut suivre mais on comprend tout, le public acquis accroche et applaudit. Je partage en gros ses points de vue. Au fond, Balligand est un social-démocrate, copain avec Mauroy et Strauss, certes passé à Fabius mais sur l'affaire de la Constitution européenne.

La différence avec moi, c'est qu'il sait faire les yeux doux à notre aile gauche. Comme Martine, il y met le ton, et ça passe en général. D'ailleurs, candidat à la présidence de la Commission des finances de l'Assemblée Nationale, il était perçu comme un homme de compromis, un socialiste modéré (ce qui ne signifie pas modérément socialiste !), face à l'autre candidat, plus intransigeant, qui l'a finalement emporté.

Je ne suis pas toujours d'accord avec lui, je ne suis pas dupe de ses effets de séduction, qui ne sont pas dans mes manières personnelles. Dans le style et la ligne politique, je me sens plus proche de Dosière. Mais Balligand, par sa fougue, sa longévité politique, son action locale et nationale, reste pour tous les socialistes de l'Aisne, un modèle. Balligand, quoi !




Bonne soirée.

Pas de "pause".

La droite n'en manque pas une. C'est sûrement le vent mauvais de la défaite qui ne l'inspire pas. Chirac affirmait élégamment : "Les merdes volent toujours en escadrille". De ce point de vue, l'UMP est servie. Et quand c'est le chef d'escadrille qui s'y met, on se dit que tout est fichu. Sa remarque au Figaro ce matin est pourtant anodine : il y aura une "pause" dans les réformes en 2 011. Erreur politique majeure ! Le mot de "pause" est politiquement maudit.

Il renvoie à un état de fatigue, d'essoufflement de pas très bon aloi. Quand tout va bien, pas besoin de pause. Surtout, le terme est historiquement connoté : il est utilisé pour la première fois en 1937 par Léon Blum, quand le Front Populaire est confronté à des difficultés budgétaires qui vont entraîner sa chute.

L'expression refait surface en 1982-1983, quand la gauche change de cap politique, met fin à sa stratégie de rupture économique pour adopter une ligne de "rigueur". Jospin parlera même de "parenthèse". La gauche y est encore, elle porte un nom qu'elle n'avoue pas : la social-démocratie, même si elle est encore imparfaite, et surtout non assumée.

Échec en 1936 ou revirement en 1983, la "pause" est une décision dont on se passerait bien. Pendant la mandature 1997-2002, aucune "pause" n'a été décrétée, le rythme des réformes s'est maintenu jusqu'à la fin. Et c'est bien. La sanction qui a suivi ? Elle aurait eu lieu de toute façon, avec ou sans pause, ses causes étant ailleurs. Il est bon qu'une ligne politique soit continue, sans interruption.

En annonçant une "pause", Sarkozy reconnaît malgré lui que quelque chose ne va pas dans sa politique, qu'il est allé trop vite, trop loin, trop mal. Mais la vie, elle, ne connaît pas de pause. C'est pourquoi il est maladroit et symptomatique de parler de pause, surtout à quelques heures d'un scrutin. Le chef de l'Etat croit-il ainsi rassurer ou apaiser les mécontentements ? Sans doute. Mais quand il y a le feu au lac, il n'y a jamais assez d'eau pour l'éteindre. La gauche a connu ça en son temps.


Bon après-midi.

L'abstention et les blancs.

Bonjour à toutes et à tous.


Les dernières heures de la campagne des régionales sont préoccupées par le taux d'abstention qui s'annonce record. C'est en effet embêtant en République quand les citoyens ne vont pas voter. Mais ça ne m'angoisse pas plus que ça. Pour plusieurs raisons :

D'abord parce que si le vote est un droit et un devoir, c'est aussi une liberté. En démocratie, personne ne doit être forcé à quoi que ce soit, même à aller voter. Je suis, de ce point de vue-là, quelque peu libertaire : chacun fait ce qu'il veut pourvu qu'il respecte les lois dans sa vie publique et qu'il n'emmerde pas trop autrui dans sa vie privée. Ne pas participer au suffrage universel est une faute et une erreur, mais ce n'est ni un délit, ni un crime. C'est pourquoi je suis fondamentalement hostile à toute mesure qui instaurerait l'obligation de vote, par exemple la sanction financière. Étymologiquement, le citoyen c'est l'homme libre. On n'a pas à lui forcer la main pour aller voter.

D'autre part, l'abstention n'est pas nécessairement synonyme d'indifférence. Elle peut avoir un sens politique. Il est flagrant que l'électorat de droite ne se mobilise pas, parce qu'il éprouve quelques mécontentements à l'égard du gouvernement et veut le faire savoir à son propre camp, sans risque d'ailleurs puisque le pouvoir central ne changera ni de mains ni de politique. L'électorat de gauche, en revanche, sait que les régions sont le dernier contre-pouvoir à Sarkozy et ne va pas se priver de le rappeler.

Bien sûr, les citoyens paresseux, je m'en-foutiste, existent, et ils sont certainement plus nombreux qu'on ne le croit. Mais qu'y pouvons-nous ? Aucune leçon de morale, aucune campagne civique, aucun raisonnement politique, aucune référence historique ne pourront rien contre celui ou celle qui s'en fout. Je pense même que ces tentatives louables sont finalement contre-productives. Laissons donc tomber et ne nous lamentons pas sur les citoyens qui n'ont pas le courage d'être des citoyens.

Enfin, il y a les hypocrites, ceux que je n'aime pas du tout et qui donnent quelquefois de la voix : les partisans du vote blanc, ceux qui voudraient qu'on comptabilise la lâcheté dans les résultats électoraux. L'essence du politique, c'est de choisir. Celui qui en est incapable ne mérite aucune considération. C'est un Ponce-Pilate, il ne prend pas de responsabilité, évite de s'engager et voudrait par dessus le marché qu'on le remercie en tenant compte de son vote pâle ! Et puis quoi encore ? Des candidats, des options politiques, il y en a un sacré paquet, l'enveloppe électorale que vous avez reçue il y a quelques jours à domicile. Si vous n'arrive pas dans le lot à établir une préférence, allez vous faire voir !


Restez libres,
allez voter,
bonne journée.

11 mars 2010

La droite s'enfonce.

Bonsoir à toutes et à tous.


J'ai remarqué qu'en politique, quand rien ne va, tout empire. La droite est mal partie pour les régionales de dimanche prochain, elle ne fait rien pour aller un peu mieux. C'est le cas de Gérard Longuet et sa sortie sur "le corps traditionnel français" dont est exclu Malek Boutih. Longuet n'est plus d'extrême droite depuis très longtemps, mais ce vocabulaire est d'extrême droite. Je ne sais pas s'il s'agit d'une réminiscence tardive, toujours est-il que la polémique n'arrange pas les affaires de la droite.

Pourtant, porter mon camarade socialiste a la tête de la HALDE serait une excellente idée, un nouveau signe d'ouverture. D'autant que Malek n'est plus trop en phase avec la direction du Parti. La droite aurait pu jouer de ça. C'est raté, à cause de Longuet. Car si Malek n'est pas nommé, la droite sera rendue responsable. Et s'il est nommé, ce sera perçu comme une victoire de la gauche. A tous les coups c'est perdu.

Pourquoi Longuet s'est-il laissé aller ainsi ? Le retour du refoulé n'explique pas tout, surtout quand on est un homme politique de ce niveau, habitué à se maîtriser. J'ai une autre explication, qui n'excuse évidemment rien : la droite en a marre de voir des postes à responsabilité, à la direction d'institutions prestigieuses, lui passer sous le nez pour être dévolus à des socialistes. Le débat sur l'identité nationale aidant, certaines inhibitions ont été levées, les petites phrases se sont multipliées, la droite continue de s'enfoncer. Chez nous, quand Frêche a franchi la ligne jaune, on l'a viré. A droite, il faudrait virer trop de monde.


Bonne soirée.

10 mars 2010

L'enfer de Matignon.

Bonsoir à toutes et à tous.


Il est temps que le premier tour des régionales arrive. La droite aux abois est prête à tout pour pourrir la fin de campagne. Elle se sait perdue, elle tente un dernier baroud qui n'est guère d'honneur. Xavier Bertrand, tout en finesse, affirme que le bilan des régions socialistes est "nul". Bin voyons ! Et le bilan de l'emploi dans sa circonscription, il est comment ? Quant à Longuet, il tient des propos peu ragoûtants à l'égard de Malek Boutih. Non, il est décidément temps que tout ça s'arrête.

C'est pourquoi je vous propose ce soir de prendre un peu de hauteur, tout en restant dans la politique. J'ai vu l'excellent documentaire "Dans l'enfer de Matignon", qui réconcilie avec la classe politique. Premier ministre, c'est vraiment le serviteur de l'Etat, avec tout ce que la fonction peut avoir à la fois de grand et d'ingrat. Interroger la plupart de ceux qui ont occupé la fonction sous la Vème République, j'étais un peu inquiet, craignant que ce ne soit fastidieux. Pas du tout. Ce documentaire est très bien fait, délicat, sobre, instructif.

Un personnage a retenu mon attention, à ma propre surprise car ce n'est pas un ami politique ni quelqu'un que j'ai beaucoup admiré : Edouard Balladur ! J'ai trouvé qu'il avait une liberté de ton, une distance à l'égard de la fonction, une majesté dans la parole, une lucidité dans l'analyse qui m'ont fait songer à François Mitterrand. Mais oui ! Dans la deuxième cohabition, ces deux hommes ont dû se vivre, difficilement, comme le double de l'autre.

Sinon, j'ai retenu trois caractéristiques de ce pouvoir d'Etat au plus haut niveau :

1- La confiance : il en faut en politique, alors que c'est la vertu la plus rare, parce que c'est la vertu la plus rare. Les couples qui se font confiance (en politique je veux dire) sont assez rares. Giscard-Barre, Chirac-Juppé, après on hésite.

2- La décision : Rocard explique qu'elle se prend souvent entre deux portes, dans l'urgence. Juppé souligne que dans la grande majorité des cas, ce sont les techniciens qui imposent leur vision des choses. Et pourtant, ces décisions sont nombreuses à prendre dans une seule journée, et fondamentales pour la plupart.

3- La courtoisie : je suis toujours épaté par la façon dont, au plus haut niveau, les débats sont feutrés, les décisions lissées. On ne veut vraiment faire de peine à personne, on y met les formes. Rien à voir avec la base, dont les confrontations sont souvent violentes, les ruptures radicales, les réflexions indigentes.

Regardez "Dans l'enfer de Matignon", vous comprendrez que c'est tout sauf un enfer.


Bonne soirée.

09 mars 2010

Vers la victoire.



Bonsoir à toutes et à tous.


Un sondage IFOP pour le Courrier Picard d'aujourd'hui confirme la montée socialiste pour les élections régionales : 23% au premier tour et la victoire au second avec 48%, contre 38% à l'UMP. 10 points d'écart, c'est beaucoup. Extrême droite et écolos sont au coude à coude, à 14%. C'est beaucoup là aussi, et c'est beaucoup trop pour les fachos. L'extrême gauche est laminée à 2%. La vogue NPA c'est terminé. Les communistes paient leurs divisions : 6% pour chaque frère ennemi, Gremetz et Front de gauche. Mais le grand perdant, c'est le député de la Somme, qui perd près de la moitié de ses électeurs de 2004. Le MoDem fait un petit score à 5%.

En vignette, un courrier de Claude Gewerc.


Bonne soirée.

Mobilisés !

Bonjour à toutes et tous.


Même si la dynamique est en notre faveur, il ne faut pas négliger les derniers jours de campagne, qui sont souvent décisifs. L'Aisne est fortement mobilisée. C'est pourquoi je vous invite à participer nombreux à nos dernières réunions publiques :

Mercredi 10 mars, à VILLERS-COTTERÊTS, 19h30, maison du Parc (derrière la mairie), avec Jean-Claude Pruski, maire, et Anne Ferreira, tête de liste.

Jeudi 11 mars, à AMIENS, 19h30, Mégacité, grand meeting régional.

Vendredi 12 mars, à BOHAIN, 18h30, salle de la mairie, avec Jean-Louis Bricout, maire, Anne Ferreira et Christian Hutin, député-maire de St Pol sur Mer.

Vendredi 12 mars, à VAILLY SUR AISNE, 19h30, salle de la mairie, avec Arnaud Battefort et les candidats du Soissonnais.


Bonne journée.

08 mars 2010

Science et politique.

Bonjour à toutes et à tous.


Le débat fait rage autour de questions fondamentales : le réchauffement climatique est-il une réalité ou un mythe ? Les hommes ou la nature (le soleil) en sont-ils responsables ? Après beaucoup d'assurance (les affirmations du GIEC), nous voilà entrés dans la période du soupçon (les climato-sceptiques), dans un mouvement de bascule propre à notre société médiatique du spectacle. Où est alors la vérité ? La taxe carbone est-elle encore utile ? Les conséquences politiques sont lourdes.

Hier, Borloo n'a pas hésité à critiquer les "climato-cyniques". Drôle d'expression. N'est-il pas permis de s'interroger ? Je n'ai pas d'avis compétent en la matière, mais j'ai quelques réflexions élémentaires qui peuvent éclairer le sujet :

1- Depuis deux siècles, nous attendons trop de la science, comme autrefois de la religion. Nous cherchons des certitudes là où il n'y a souvent que des hypothèses. Nous croyons, c'est la foi moderne, que la science est dépositaire de la vérité absolue, ce qui est faux. Autant que la philosophie ou la politique, beaucoup plus que la religion, elle est traversée par le doute, elle voit s'affronter des thèses différentes, elle renie ce qu'elle a auparavant adoré. Ce qui n'enlève absolument rien à sa valeur ni à son utilité. Mais nous demandons trop aujourd'hui à la science, et elle ne peut pas nous répondre, ce qui provoque à tort notre perplexité, parfois notre irritation.

2- La science, se croyant toute puissante, s'est mêlée fâcheusement à la politique et au monde des médias. C'est sans doute bon pour les citoyens (se préoccuper de science ne fait jamais de mal) mais pas bon pour la science, qui se voit récupérée par des pouvoirs de toute sorte, dénaturée par des idéologies de toute espèce. Cette confusion, tout comme la confiance excessive accordée à la science, sont à l'origine de l'actuelle polémique sur le réchauffement climatique. Je demande à ce que l'on devienne strictement laïque à l'égard de la science : qu'on ne la soumette plus à aucune tutelle, politique, idéologique ou médiatique. Le scientifique doit pouvoir travailler en paix dans son laboratoire, publier en toute quiétude ses travaux, être confirmé ou récusé par ses confrères, mais ne pas entrer dans l'arène politico-médiatique, au milieu de laquelle il ne peut que déchoir.

C'est pourquoi je me méfie de l'écologie "scientifique" comme d'un quelconque socialisme "scientifique" (c'est ce que prétendait être le marxisme). La politique doit certes s'inspirer de la rationalité, mais nous savons bien que cette activité n'est pas entièrement rationnelle, pour le meilleur et pour le pire. Elle fait appel à l'imagination, à la psychologie, aux intérêts et aux représentations sociologiques, à la tactique, elle n'est pas le règne absolu de la raison. Il suffit de se retrouver dans une réunion de section d'un parti politique pour le comprendre tout de suite.

Traçons donc une ligne naturelle, une frontière légitime entre la science et la politique. Celle-ci doit s'inspirer au mieux de celle-là, mais la première ne doit pas se mettre au service de la seconde.


Bonne journée.