L'Aisne avec DSK

30 novembre 2009

Petite Suisse.

Bonjour à toutes et à tous.

Il y a des pays qu'on aime et d'autres qu'on aime moins. C'est comme ça, une histoire de goûts et de couleurs, qui ne s'explique pas vraiment. Par exemple, j'ai toujours été fasciné par les Etats-Unis, leur puissance, leur culture, leur histoire. Mais la Suisse, non, rien ne me passionne en elle, encore moins depuis hier soir. C'est sûrement injuste (sauf pour ce qui s'est passé hier) mais c'est ainsi. La Suisse, pour moi, ce sont des montagnes et des coffres-forts, un pays qui a mystérieusement échappé pendant la dernière guerre à l'apocalypse, un territoire en dehors de l'Histoire, qui n'a pas grand-chose à nous dire.

Certains admirent sa démocratie directe. Pas moi. Il faut vraiment être politiquement très fatigué ou très paresseux pour rêver au système suisse. Regardez le résultat de cette ridicule "votation" (le mot lui même est ridicule) sur la construction de minarets : du populisme à l'état pur, l'extrême droite des alpages ! A gerber ... Kouchner ce matin chez Apathie a utilisé les mots justes pour qualifier cette ignominie, ces mots qui ne sont pas sortis hier, sur la même chaîne, de la bouche du très prudent et très droitier Xavier Bertrand. C'est quand même ça l'avantage d'avoir un homme de gauche au gouvernement. Mais c'est bien le seul !

Et puis, la Suisse m'énerve. Regardez ce qu'elle a fait à Polanski, sur ordre de la justice américaine. Ce pays ne respecte que les comptes en banque (bien remplis, quelle que soit leur provenance). Il n'a aucun égard pour l'art et les artistes, emprisonnant pendant deux mois l'un de nos plus illustres, s'apprêtant à le baguer comme un pigeon après l'avoir relâché sous caution. A gerber, vous dis-je. Petite Suisse, très petite Suisse ...


Bonne fin d'après-midi.

29 novembre 2009

Panoplie de droite.

On me taquine parfois sur la différence que je fais entre Pierre André et Xavier Bertrand. Certains me reprochent une préférence purement personnelle en faveur du premier. C'est ne rien comprendre. En politique, le perso n'a pas sa place, sauf quand on est faible. André et Bertrand sont deux hommes de droite, membres d'un parti de droite, soutenant un gouvernement et une politique de droite. Je n'ai aucune illusion là-dessus. Ce que je dis, c'est que la droite est multiple, autant que la gauche est plurielle. Le sénateur-maire et le député-chef de l'UMP ne sont pas de la même génération. Ce n'est pas qu'une question d'âge mais d'inspiration politique.

Pierre André est un gaulliste, avec toute la dimension positive que ça peut avoir quand on est un homme de gauche. Xavier Bertrand est l'expression d'une droite pure et dure, atténuée par une amabilité apparente et un savoir faire cauteleux. Son passage gouvernemental à la Santé puis au Travail lui ont donné un vernis social qui s'écaille très vite depuis qu'il est à la tête de l'UMP. Car à ce poste, il est obligé de prendre position sur des questions de société. Et là, le masque tombe. J'en veux pour dernière preuve sa participation ce soir au Grand Jury RTL-Le Monde. Sur quatre thèmes, son identité de droite a été impeccable :

1- Les allocations familiales : leur suppression pour les familles dont les gamins sont absents à l'école. Celle-là, la droite profonde adore. C'est l'occasion de se concilier une partie du peuple en tapant sur une autre partie. Parce que les familles visées sont rarement nanties. Parfois, elles sont même un peu immigrées ! Mais que croit-on avec ce genre de proposition que Bertrand remet au goût du jour ? Complètement inefficace, et humainement dangereuse !

2- La vidéo-protection : je suis pour, quand son utilisation est mesurée, ponctuelle et complémentaire. Parce que la lutte contre la délinquance se joue quand même ailleurs et autrement. Xavier Bertrand, lui, est pour sa généralisation, sa systématisation. Et c'est là où je ne suis plus d'accord.

3- L'identité nationale : Apathie lui demande si ce débat est aussi celui de l'immigration. Bertrand tergiverse, passe par la question de l'illettrisme, ne répond pas directement. Mais ce que tout le monde comprend, c'est que sa réponse est oui. Alors que pour moi c'est non. Et que l'identité nationale n'est pas un problème en France.

4- La votation suisse : Xavier Bertrand veut-il lui aussi qu'on interdise les minarets en France ? Là encore, il botte en touche en répondant qu'il ne faut pas créer chez nous ce type de polémique. Bien d'accord avec lui, mais autant aller jusqu'au bout de ce qu'on pense : je crois que la décision suisse est liberticide et que Bertrand ne le voit pas du tout comme ça.

Avec ces quatre points, vous avez la panoplie parfaite de l'homme de droite. En voilà au moins une que Xavier Bertrand n'aura pas besoin de commander au Père Noël.


Bonne nuit.

Votation piège à cons.

Bonsoir à toutes et à tous.

Cette notion de "votation", j'aime pas. Pour la Poste, j'étais réservé. La cause était bonne mais le moyen discutable. Si on se met à faire des votations sur tout et n'importe quoi, c'est carrément la négation du vote, de l'élection, de la démocratie représentative. C'est ça que je n'aime pas. On glisse vite dans la démagogie, le populisme, sous couvert d'être concret. La politique se dissout alors dans des micro-décisions qui ne correspondent plus à aucun choix global, d'intérêt général.

On a vu ce dimanche en Suisse ce que la fameuse votation a donné : l'interdiction des minarets ! Les églises, en revanche, ne sont pas concernées. Bref, deux poids deux mesures. C'est évidemment contraire à l'égalité et à la laïcité. La Suisse aime les immigrés quand ils sont pleins de fric. Pour les autres, elle est plus réservée. C'est le sens de la consultation d'aujourd'hui. C'est plus soft que notre extrême droite française mais ça ne vaut guère mieux. En République, les religions sont libres de construire leurs édifices, bien sûr à partir de fonds propres. Les minarets ont autant le droit d'exister que les clochers ou les temples maçonniques (qui eux, il est vrai, sont généralement d'une grande discrétion).

Le système de la votation, je m'en méfie mais je ne le mets pas complètement à la poubelle. En matière de vocabulaire, je préfère parler de consultation, qui est un terme moins ambiguë, qui n'entretient pas la confusion avec le vote. Sur le fond, ce type de consultation vaut pour des questions locales et techniques, par exemple choisir entre la construction d'une piscine ou d'une patinoire. Sinon, les choix politiques nationaux doivent être réservés à la démocratie représentative, avec ses candidats, ses partis, ses campagnes et ses élections.


Bonne soirée.

La voici la voilà !


Bonjour à toutes et à tous.


La liste socialiste pour les régionales dans l'Aisne a été rendue publique. J'ai attendu un peu avant d'en parler. Ce genre d'événement provoque souvent une excitation peu propice à la réflexion. L'être humain aime bien les listes, il a la curiosité des noms, et c'est un tort, parce que la défaite ou la victoire ne se jouent pas à ce niveau-là, comme je l'ai souvent expliqué sur ce blog. Mais il faut s'adapter, faire avec. La liste est là, parlons-en.

D'abord pour dire que ce n'est pas LA liste ! Celle-ci sera régionale quand elle sera complète, et c'est la liste définitive qui sera politiquement intéressante, car nous saurons alors par qui sera constituée la future majorité de gauche, puisque c'est vers elle que vont tous nos espoirs. D'autre part, au niveau départemental, il faudra faire de la place à nos partenaires. Ce qui signifie que la liste que vous voyez là n'est pas la liste exacte. Des noms inévitablement disparaîtront. Et puis, cette liste doit être validée par nos adhérents le 3 décembre. Évitons donc de nous précipiter.

Il n'empêche que nous pouvons dores et déjà porter un jugement sur cette liste que j'ai qualifiée de "bonne liste". Ma satisfaction principale, c'est que les exigences de rénovation que j'ai défendues en compagnie de 66 camarades ont été retenues : non cumul, renouvellement, rajeunissement. J'ai aussi un motif plus personnel, mais très politique : Saint-Quentin mène la liste ! J'ai toujours souhaité que notre section soit plus impliquée et mieux reconnue, c'est fait. D'autant que la deuxième ville de Picardie est un point névralgique : il faut combattre et vaincre l'adversaire là où il est le plus fort. En politique, le maillon faible est inintéressant, c'est le maillon fort qui compte, sur lequel il faut se concentrer et lutter.

L'Aisne Nouvelle de ce week-end retient surtout que des sortants ont été "évincés". Non, ça ne se passe pas comme ça au Parti socialiste. Un mandat n'est pas automatiquement renouvelable. Et puis, nous voulions du renouvellement : faire entrer des nouveaux, c'est faire partir des anciens. Expliquez-moi comment faire autrement ? Les anciens n'ont pas démérités, les nouveaux ne sont pas la panacée, mais quand on veut renouveler, il faut choisir, non pas "évincer".

L'Union du 24 novembre s'est focalisée sur Dominique Jourdain "privé de régionales", "abandonné par ses amis". Non, ce n'est pas ainsi qu'est la réalité. Sur Château, une autre candidate, sortante, Michèle Fuselier, n'a pas non plus été retenue. Car là aussi il a fallu choisir, et c'est le choix du renouvellement qui a été fait. Dominique aurait été un excellent élu régional, comme bien d'autres. Mais un choix s'imposait, jamais facile. Le pire en politique est de ne pas choisir, laisser faire, laisser pourrir.

Finalement, dans la vie politique, tout commence et tout finit par des choix : choix des socialistes aujourd'hui, choix des électeurs demain. J'espère de tout coeur que les deux seront en concordance, que le premier entraînera le second.


Bon dimanche.

28 novembre 2009

Pour l'euthanasie.


Bonjour à toutes et à tous.


Le débat parlementaire est passé quasiment inaperçu, il était pourtant historique : pour la première fois, des députés déposaient un projet de loi en faveur de l'euthanasie. C'était il y a quelques jours, le 24 novembre dernier. Ce sujet, c'est LE grand problème de société de notre temps.

La droite l'a rejeté, sauf quelques-uns de ses représentants, la gauche l'a porté, Laurent Fabius a fait une belle déclaration, que je vous livre ci-dessus et qui vaut tous les commentaires.

Le 8 février prochain, je ferai venir à Saint-Quentin Jean-Luc Romero, fer de lance dans le combat pour l'euthanasie, dans une réunion publique et une dédicace de son dernier livre.


Bonne journée.

27 novembre 2009

Pschitt.

Bonsoir à toutes et à tous.

La campagne des régionales, je la sens bien partie ! Avec un beau gadin pour la droite ! Elle croyait tenir un joli scandale avec la lettre volée de Caron : la Région en faillite, rien que ça ! Mais le pétard était mouillé et l'opération a fait pschitt, comme dirait l'autre. En effet, nous avons appris ces jours-ci que la Chambre régionale des comptes, qui a passé à la moulinette les budgets de 2004 à 2007, n'avait strictement aucun reproche à faire à la gestion de Gewerc, et surtout pas l'accusation de faillite. Dans cette affaire, la droite aura perdu la tête. Avant de perdre les élections ?

Gewerc bien sûr est passé à l'offensive, poussant son avantage, en tenant hier une conférence de presse qui a remis les pendules à l'heure. Et aujourd'hui, c'est la droite qu'il affrontera directement, lors d'une séance du Conseil régional portant sur des modifications budgétaires. Cette droite veut faire des finances un thème majeur de sa campagne. Pourquoi pas, ça ne me dérange pas, les socialistes n'ont rien à craindre et tout à gagner. Reprenons une par une les critiques de la droite sur ce sujet :

1- L'endettement : c'est une excellente chose, si l'on veut faire bouger la Picardie, qui en a bien besoin, et une mandature socialiste n'y suffira pas. La rénovation des trains et des lycées était par exemple une nécessité. La vraie question est celle de notre capacité de désendettement : elle est de six ans, ce qui est une durée tout à fait raisonnable et correcte quand on compare avec ce qui se fait ailleurs.

2- Les frais de personnel : oui ils ont augmenté. La droite s'en gausse ? C'est elle qui a transféré à la Région les agents techniques qui travaillent dans les lycées et qui auparavant relevaient de l'Etat. Ce qui fait que ces agents sont passés de 800 à 2 700 ! Etonnez-vous alors que les dépenses de fonctionnement augmentent ! La droite devrait s'en prendre à elle-même au lieu d'attaquer Gewerc.

3- Le vote du budget : il a été reporté en avril 2 010, la droite en fait sa tarte à la crème. Mais qui a décidé de priver les collectivités de ses ressources financière habituelles ? Qui a décidé de leur enlever plusieurs compétences ? La droite évidemment, avec sa réforme des collectivités territoriales. Dans ces conditions, il est impossible d'adopter un budget sans savoir ce qu'on pourra dépenser et ce qu'on devra financer. Il est alors sage d'attendre (ce que la loi d'ailleurs permet).

La droite picarde a fait une très mauvaise entrée en campagne. Je souhaite qu'elle poursuive dans cette voie dont on connaît l'irrémédiable issue.


Bonne soirée.

26 novembre 2009

Sondagite aigüe.

Bonjour à toutes et à tous.

Un sondage, le premier de la campagne des régionales en Picardie, fait ce matin beaucoup parler de lui. La presse retient que l'UMP est largement en tête, la gauche s'inquiète. Je crois qu'il ne faut tomber ni dans la jubilation, ni dans la perplexité anxieuse. Au risque du paradoxe, je dirais que ce sondage, contrairement à ce qu'on croit, est plutôt bon pour la gauche. Et voilà pourquoi :

1- L'avancée de l'UMP dès le premier tour devrait lui permettre de l'emporter largement au second tour. Or ce n'est pas le cas puis que le final se joue à 50/50. Le PS n'est donc pas en si mauvais état qu'on veut bien le dire et la droite n'est pas dans la forme éblouissante qu'on lui prête.

2- Des intentions de votes se jugent par blocs. Que représente l'ensemble droite-extrême droite ? 38%. Que représente l'ensemble gauche-extrême gauche ? 57%. Il n'y a pas photo : près de 20 points d'écart entre les deux (j'ai exclu le MoDem du calcul, pour respecter son positionnement "centriste"; mais l'aurais-je ajouté aux anti-sarkozy, leur score aurait été encore plus fort).

3- Si on fait le calcul en écartant les extrêmes, c'est encore la gauche qui l'emporte : elle rassemble 40% (j'ai exclu Gremetz, puisqu'il n'est plus dans la majorité régionale), alors que la droite se contente de 29% (alliée pourtant aux chasseurs, villiéristes et centristes).

Mais ce qu'il faut retenir de ce sondage, c'est surtout l'inanité de la démarche :

a- A cinq mois du scrutin, aucun prévision n'est sérieusement possible. Ce n'est que quelques semaines avant qu'on peut anticiper.

b- Les listes ne se sont pas connues, à part les chefs de file. L'électeur choisit aussi en fonction des candidats, surtout quand ceux-ci sont de son territoire.

c- Le manque de sérieux de la démarche se trahit dans la tête de liste attribuée au NPA, Roland Spirko, en réalité LO, cette organisation faisant cavalier seul pour l'occasion.

d- L'abstention révélée par le sondage s'élève à 50%. Ce qui montre bien que rien n'est joué et que tout reste à faire.


Bonne journée.

25 novembre 2009

Un nouveau Mitterrand.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je viens à l'instant de quitter DSK sur Canal. Mes impressions ? Comme toute la presse ce matin, qui ne parle que de lui : c'est l'homme qu'il faut à la gauche. Pour moi, ce n'est pas une découverte, je le sais depuis longtemps. Mais il y a des évidences qui ont besoin de temps pour être admises.

En le regardant entrer sur le plateau puis en l'écoutant parler, c'était frappant : cette démarche lente, cette allure trapue, cette clarté d'expression, cette simplicité des réponses, ce calme et cette force émanant de sa personne, je me suis dit : c'est un nouveau Mitterrand ! Il m'a fait penser au François des années 70, qui avait tant séduit l'adolescent que j'étais alors.

A l'époque, dans des conditions certes différentes, le PS n'était pas mieux qu'aujourd'hui, sauf pour ceux qui reconstruisent et embellissent l'histoire : les rocardiens menaçaient de sécession, la candidature de Mitterrand était contestée, les communistes avaient rompu l'Union de la Gauche, le Programme Commun était défunt et Giscard au mieux de sa forme. On a vu ce qu'il advint en 1981 !

Que peut nous apporter Strauss-Kahn ? Bien sûr sa compétence économique, sa connaissance de l'international. Mais surtout ce qui nous manque le plus en ce moment, et à la France, et à la gauche : l'espoir, l'optimisme. Ce qui est surprenant et réjouissant chez Strauss, ce qui rompt avec les jérémiades ambiantes, c'est qu'il croit qu'on peut s'en sortir et qu'on peut changer le monde. Qu'est-ce qu'un homme de gauche peut attendre de plus ?

Un nouveau Mitterrand pour un nouveau mai 1981 ? Je suis partant !


Bonne soirée.

24 novembre 2009

Français-immigrés solidarité !

Bonjour à toutes et à tous.

J'ai connu un temps où dans les manifs on criait "Français-immigrés solidarité". Je crois que la gauche n'aurait jamais dû abandonner ce mot d'ordre, qui est pour nous fondateur. Nous aurions dû, nous devrions être sans faiblesse dans la lutte contre le Front national, ne pas se montrer hésitant parce que certains de nos électeurs, qu'on cherche à reconquérir au second tour, votent pour l'extrême droite.

Puis, il y a eu cette odieuse manipulation d'un propos de Rocard, à qui on a fait dire le contraire de sa pensée en la tronquant : "La France ne peut pas recevoir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre sa part". La deuxième partie de la phrase est régulièrement censurée par des responsables de droite. Elle est pourtant l'expression du bon sens et de la générosité.

Où en sommes-nous aujourd'hui ? Sarkozy a lancé un fumeux et scandaleux débat sur "l'identité nationale", auquel aucun homme ou femme de gauche digne de ce nom ne doit participer. Besson et Hortefeux amusent et excitent la part de l'opinion volontiers xénophobe en s'en prenant à quelques Afghans et en menaçant tous les immigrés. Bref, la droite telle qu'en elle-même, tentée par ses tendances les plus extrêmes. Avec cependant de notables exceptions, par exemple Jean-Louis Debré, qui n'adhère pas vraiment à cet énervement coupable et finalement plein de faiblesse autour de "l'identité nationale".

Mais je sens que quelque chose est en train de se produire dans notre pays, vieille terre d'immigration, qui comprend qu'il y a tout de même plus important que disserter sur "l'identité nationale" ou s'en prendre à nouveau aux immigrés. L'intéressant dans cette réaction, c'est qu'elle dépasse le clivage traditionnel gauche-droite. Christophe Dechavanne, sur Canal-Plus, s'en est pris vertement au gouvernement, alors que ce n'est pas dans les habitudes de cet animateur très populaire. Charles Aznavour, qui n'est pas connu pour être un homme de gauche, a proposé dans le dernier Journal du Dimanche ses services à Sarkozy ... pour mener une autre politique de l'immigration, fondée sur l'intégration et non pas l'exclusion.

Du côté des politiques, François Bayrou a demandé la régularisation de tous les immigrés qui travaillent chez nous depuis longtemps, ce qui est la moindre des choses. Quant à Martine Aubry, devant le congrès du MJS ce week-end, elle a renoué avec la tradition de gauche qui en appelle à une "large régularisation" des immigrés qui peuvent justement y prétendre. Pour qu'on en finisse avec un problème qui n'en est pas un et qu'on s'attaque vraiment à ceux dont la droite ne parle pas : l'emploi, la réduction des inégalités, l'augmentation des salaires.

A ce propos, je vous invite à regarder jeudi sur France 2 notre première secrétaire, invitée à l'émission d'Arlette Chabot "A vous de juger".


Bonne journée.

23 novembre 2009

Une bonne liste.

Bonjour à toutes et à tous.

Les socialistes ont bouclé dans l'Aisne leur liste pour les régionales. Sauf surprise de dernière minute (mais entre gens sérieux, il n'y a jamais de surprise de dernière minute), c'est fait, ça ne changera pas, même si nous devons attendre la validation de nos instances fédérales et des adhérents (eh oui, le PS est une organisation lourdement démocratique !). D'ici quelques jours, vous connaîtrez donc tous nos candidats.

Que dire de cette liste ? Que c'est une bonne liste. Je ne le dis pas par frime. Des mauvaises listes, à gauche on en a connues. Celle-là n'en fait pas partie. Pourquoi ? Pour répondre à la question, il faut définir ce qu'est une bonne liste. Plusieurs définitions sont sans doute possibles et toutes valables. J'ai la mienne : une bonne liste est celle qui n'oublie personne.

Je ne dis pas : celle qui prend tout le monde, car il y a beaucoup plus de postulants que de places. Il faut donc faire des choix. Mais j'affirme que la bonne liste n'oublie personne parmi tous ceux qui comptent, qui représentent quelque chose, qui exercent une certaine influence (voir le billet "Etre candidat"). L'élaboration d'une liste, c'est le moment du rassemblement. Il faut que chacun puisse s'y reconnaître. Et pour ceux qui n'ont pas été retenus, il faut qu'on leur explique politiquement pourquoi (puisque qu'un rejet motivé par des raisons personnelles est inacceptable).

De ce point de vue, notre liste est bonne parce qu'elle n'oublie presque personne. "Presque" parce que la perfection n'est pas de ce monde, et aussi parce que des arbitrages locaux se font à cette occasion, qui n'ont pas de rapport direct avec les élections régionales. Quoi qu'il en soit, il n'y a en politique qu'un seul juge qui dit ce qui est bien ou mal : l'électeur. C'est lui, en définitive, qui décidera par son vote si notre liste est bonne. Mais dès avant, je peux le lui dire : cette liste est bonne.


Bon après-midi.

22 novembre 2009

Connard de Bigard !

Bonsoir à toutes et à tous.

Je suis allé voir hier soir Jean-Marie Bigard de passage à Saint-Quentin. Sacré spectacle ! La salle du Splendid était pleine à craquer (j'ai dû m'installer au balcon). La presse avait annoncé des réservations à la peine. Je n'ai rien constaté de tel. Le public était populaire, avec ici ou là quelques bourgeois venus s'encanailler. Seul petit reproche : cette nouvelle tournée de l'artiste n'est guère originale ; elle reprend souvent d'anciens sketches. Mais quels sketches ! Les incontournables, les immortels, ceux qui font soulever l'assistance, moi le premier : "Le lâcher de salopes" et "La chauve-souris enragée" sont des sommets du genre.

Bigard, c'est du paillard, grivois, populo, démago, miso assumés, outranciers, tellement forcés que ça en devient énorme, burlesque, grotesque. Le tout est ponctué régulièrement de "connard" et "enculé" très jubilatoires, auxquels ont droit notamment les spectateurs arrivés en retard. La blague sexuelle est permanente, tout comme la pétomanie. Il faut aimer, et j'adore. Une musique de cirque sépare les sketches, l'ambiance est à la baraque de foire. Des "Bigard à poil !" fusent de la salle, tout le monde se marre.

Je sais que mes petits bourgeois de gauche vont m'en vouloir de confesser une fois de plus mon amour pour Bigard (les grands bourgeois de droite, je ne sais pas, je n'en connais pas). Pourtant, ils ont tort, et j'aimerais leur faire comprendre qu'on gagne une élection aussi en allant voir Bigard, en se mêlant à son public, en comprenant ce qui se passe à ce moment-là. Il y en a un qui a tout compris, et depuis longtemps. Je venais à peine de m'asseoir qu'il est apparu, à quelques mètres de moi : lui toujours lui, Xavier Bertrand !

A la télé, à la radio, dans les journaux, un peu partout dans Saint-Quentin, et maintenant là, à mon show de Bigard ! Quand va-t-il me laisser un peu tranquille ? Bertrand, portable à l'oreille, a fait une courte apparition à l'entrée du balcon, s'accoudant à la rambarde, sans l'air de rien, affectant un naturel à toute épreuve. Il est resté le temps que quelques centaines de personnes le voient, il ne venait que pour ça puisque sa place était au parterre. Et je ne peux pas croire qu'un homme aussi technologiquement moderne que lui ait un cellulaire qui nécessite de prendre de la hauteur pour fonctionner.

Au début, Bigard a entamé un sketch sur l'interdiction de fumer, et a alors signalé la présence de "Xavier", auteur de cette loi que le comique a choisi de brocarder. A cette annonce, une bonne partie du public a applaudi, je n'ai entendu que quelques sifflets (étaient-ils de réprobation ?). J'étais là pour me détendre, mais je n'ai pas pu m'empêcher de faire de la politique dans ma petite tête : si la gauche ne change pas très vite et se condamne à prier sainte Rita, patronne des causes désespérées, ce diable d'habile homme, aux prochaines municipales, va tout emporter sur son passage.

J'ai quand même une fâcherie avec Jean-Marie : c'est son histoire sur le 11 septembre, qu'il évoque très brièvement au début de son spectacle, rappelant qu'il persiste à trouver "troublante" la version dite officielle. Sur ce coup, j'ai envie de lui dire, dans le langage qui est le sien : connard de Bigard ! Il devrait en rester au registre dans lequel il excelle, cul-bite-poil, mais ne pas s'aventurer dans le sérieux. Ça ne lui va vraiment pas.


Bonne soirée.

21 novembre 2009

L'amour est communiste.

Bonjour à toutes et à tous.

J'ai lu d'une traite ce matin le dernier Badiou (90 pages à peine), mais je m'étais levé de bonne heure. Cet "Eloge de l'amour" est surprenant venant d'un ancien et toujours un peu maoïste, de toute façon communiste révolutionnaire. L'amour, ça fait fleur bleue, romantique, pas du tout le trip radical à la Badiou. Et pourtant, cet "Eloge", c'est encore du Badiou.

J'ai beaucoup aimé. Son dernier, "L'hypothèse communiste", était rébarbatif et politiquement insupportable (pour moi). Là, ça va, ça passe, c'est léger, intéressant et étonnant. Ne vous attendez pas à une défense de la libération sexuelle ou à une illustration des moeurs libertaires. Ce n'est pas du tout ça. L'approche de l'amour est même assez traditionnelle : une réflexion sur la rencontre, la durée, la fidélité, l'éternité, avec des accents presque chrétiens (mais rappelons-nous que Badiou est lecteur de Platon et saint Paul).

Ne vous fiez pas aux apparences : ce maître des mots (comme tout philosophe) est resté attaché à ses idées subversives. L'amour c'est quoi pour lui ? Sortir de l'individualité pour former une communauté à deux, regarder alors différemment le monde, le recréer et faire durer cette invention de l'amour. Bref, en poussant un peu, l'amour est une sorte de communisme à l'échelle individuelle ! Si vous ne savez pas trop quoi faire ce week-end, achetez et lisez ce dernier ouvrage de Badiou. Il ne vous convaincra peut-être pas mais il vous fera agréablement réfléchir.


Bonne matinée,
bonne lecture.

20 novembre 2009

Vive quoi ?

Bonsoir à toutes et à tous.

Mercredi soir, corrigeant des copies dans ma mansarde, j'ai entendu des klaxons répétés. Curieux, j'ai pointé mon nez par dessus ma lucarne. C'est un bon poste d'observation. Une file de voitures allaient drapeaux au vent. J'ai compris : c'est la victoire de la France au foot. Je ne m'intéresse pas à ce sport, mais les médias m'obligent à m'y intéresser. Sauf que je n'ai pas tout compris : ce n'était pas le drapeau tricolore mais un autre, que je ne connaissais pas (je ne m'intéresse ni au foot, ni aux drapeaux nationaux).

J'ai donc fait comme tout le monde et je suis allé voir dans le dictionnaire, supposant qu'il s'agissait peut-être de l'emblème irlandais (il arrive que des vaincus malgré tout pavoisent, on voit bien ça en politique !). Non, c'était le drapeau algérien. Et là, je n'y comprenais plus rien. Heureusement, les médias m'ont expliqué : il y avait aussi, ce soir-là, un match dont l'Algérie est sortie vainqueur. Une victoire qui a été accompagnée de violences diverses (mais de ma lucarne, je n'ai rien vu dans les rues de Saint-Quentin).

Tout ça me fait penser à la chanson de Brassens : "Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part", une charge saine et joyeuse contre le nationalisme le plus ordinaire. Quelle connerie que cette fierté nationale ! On a vu au siècle précédent qu'elle se transformait facilement en tragédie. Les dernières guerres ont été causées par le nationalisme. Cette prétention à se croire supérieur aux autres et à se montrer satisfait de soi m'est insupportable.

Pourtant, je suis patriote, je participe aux commémorations nationales, je défile derrière les porte-drapeaux. Mais là, le sens est différent : il s'agit d'honorer la patrie et ses morts, ceux qui se sont battus pour notre liberté, et de rappeler le prix de la paix. Ça n'a rien à voir avec la débilité nationaliste, qui est un danger pour la liberté et une menace pour la paix.

Tout ça est d'autant plus triste et incohérent que ces jeunes qui se reconnaissent dans l'Algérie sont nés en France pour la plupart et n'ont plus grand-chose à voir avec le pays de leurs parents ou grand-parents. Triste et incohérent aussi du côté de cette équipe de France qui provoque des élans nationalistes alors que sa composition est un bel éloge du multiculturalisme et du cosmopolitisme !

A quoi il faut ajouter l'incroyable polémique sur la main qui nous a fait gagner. Des ténors de la politiques se sont sentis obliger de donner leur avis alors qu'ils auraient mieux fait de se taire. Car qu'est-ce que la politique a à voir là-dedans ? Laissons le sport aux sportifs !

Certes, des amis m'expliquent que ces manifestions après les matches de foot sont d'innocentes réjouissances communautaires. Je veux bien, je le souhaite et l'espère. Mais je crains trop le nationalisme pour ne pas mettre en garde.


Bonne soirée.

19 novembre 2009

L'oubli de la décence.

Bonjour à toutes et à tous.

Mardi matin, je suis allé à l'enterrement d'Igor Kralik. L'église était pleine, il y avait de nombreux élus de la majorité et des responsables d'associations. Igor était à sa façon, sur le mode de la dérision, une personnalité locale, et incontestablement ce qu'on appelle un "personnage". Combien peuvent se targuer espérer mobiliser autant de monde à leurs obsèques ?

Sous une apparence rigolote, dans des activités souvent folkloriques, Igor était aussi quelqu'un dont la vie n'était pas facile. La souffrance était sa compagne. Dans ce genre de circonstances, il convient de rendre hommage et de se recueillir dans un silence de respect, gardant en notre mémoire celui qui vient de disparaître.

C'est pourquoi je suis surpris d'apprendre, en lisant le Courrier Picard de ce matin, qu'une pétition circule pour donner le nom d'Igor Kralik à la Place du Champ de Foire. Il est vrai que la dénomination serait plus originale. Et puis, Igor n'avait-il pas été sacré roi des forains ! Sur cette proposition, élus de droite et de gauche semblent être unanimes. Et je trouve ça bien dommage. Je vous explique pourquoi :

Il ne s'agit pas de contester l'élan du coeur qui préside à ce projet, ni aucunement de mettre en cause son bien fondé ou de refuser d'y satisfaire. Non, il s'agit d'autre chose, qui est devenue détestable dans notre société : la précipitation, l'urgence, l'immédiateté dans lesquelles on avance ce type de mesure. Comme si nous ne savions que vivre dans l'instant, dans l'actualité.

Autrefois, il n'y a pas si longtemps, on respectait un délai de décence, un temps de deuil. Jamais il ne serait venu à l'idée de personne d'envisager dénommer une rue ou une place quand la disparition remonte ... à quelques jours seulement. D'autant que d'autres propositions existent, qui attendent depuis un certain temps, et les possibilités de rues et de places ne sont pas infinies. Mais qui aujourd'hui accepte d'attendre quoi que ce soit ?

Je me souviens de la mort du pape Jean-Paul II. Ce qui m'avait également surpris, c'est qu'une demande de canonisation immédiate avait été lancée juste après son décès, alors que dans l'Eglise catholique un processus de canonisation peut mettre plusieurs siècles avant d'aboutir. Je me souviens aussi d'une collègue enseignante, dans mon établissement, disparue il y a deux ou trois ans, connue et appréciée de tous, notamment pour son engagement associatif. Quelques jours après, comme pour Igor, le proviseur a été sollicité pour qu'une salle reçoive le nom de cette personne. Mon chef d'établissement a eu le tact, la délicatesse, l'élégance et la sagesse de décliner cette proposition pleine de bonnes intentions mais dénuée de toute décence.

Si le maire de Saint-Quentin lit ce billet, j'aimerais aussi qu'il ajourne cette demande et qu'il justifie ce geste par le principe de décence que je viens de rappeler, et qui est dans notre société trop souvent oublié. Il n'aura certes pas l'opinion avec lui. Mais qu'importe ! Le rappel d'un principe est supérieur à tous les consensus, les effets de mode, les mouvements d'opinion. Si on veut se grandir, il ne faut pas hésiter à être seul contre tous. C'est la position la moins enviée, celle où l'on rencontre le moins de monde.

Savez-vous pourquoi notre société est atteinte de cette maladie, l'immédiateté ? Parce qu'elle est la plus oublieuse, la plus amnésique des sociétés qu'on ait connu depuis longtemps. C'est la raison pour laquelle on réactive le "devoir de mémoire" : parce que le passé nous désintéresse très vite, que le présent nous sollicite sans cesse. Regardez la politique : un événement en chasse un autre, vite arrivé, vite oublié.

Ma collègue disparue, plus personne n'a demandé qu'on attribue son nom à une salle. Notre société est réactive sur le moment mais passe après, très vite, à autre chose. C'est aussi parce que nous sommes devenus hyper-sensibles, hyper-affectifs. Un sentiment est très fort dans l'instant, puis il s'atténue, jusqu'à être remplacé par un autre sentiment. Car la sensibilité n'en finit pas d'expérimenter et de réclamer de la nouveauté. Faute de convictions, il ne nous reste plus que les émotions. Mais comme celles-ci sont changeantes, on conjure leur infidélité en exigeant sur le champ leur satisfaction.

A celles et ceux qui connaissaient, appréciaient ou aimaient Igor Kralik, que son souvenir reste dans leurs pensées, que le deuil puisse faire son travail, que la patience respectueuse repousse à quelque temps le choix de donner son nom à une rue, une place ou un lieu. Si nous l'aimons vraiment, si sa personne et son action nous semblent mériter un tel honneur, alors nous avons le temps parce que le temps ne sera pas le plus fort, mais notre estime, notre affection pour Igor. N'ayons pas peur de l'oublier en nous précipitant dans une inauguration aujourd'hui incongrue. Laissons plutôt le temps faire son oeuvre et vérifier l'authenticité et la force de nos sentiments. Qui vivra verra.


Bon après-midi.

18 novembre 2009

Indécence et indignité.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je veux revenir sur cette étrange affaire du week-end, la distribution avortée de billets de banque dans les rues de Paris, qui a déclenché une petite émeute et de graves violences. Une agence publicitaire est responsable des incidents, après une campagne d'annonce sur internet. L'histoire pourrait révéler du fait divers. Je crois qu'elle est au contraire d'une profondeur inédite : c'est toute la France sarkozienne qui est mise ainsi en accusation.

L'obsession de l'argent, c'est la nouveauté de la présidence. D'abord à travers le "gagner plus", considéré comme la finalité du travail, alors que celui-ci a bien d'autres objectifs, l'intégration sociale, la fierté de ce qu'on fait ou tout simplement gagner sa vie sans chercher nécessairement à "gagner plus". Le slogan est d'autant plus obscène dans une société qui connaît depuis longtemps le chômage de masse. C'est d'emploi dont on devrait se préoccuper, pas de "gagner plus".

Ensuite, il y a le souci du "pouvoir d'achat", sur lequel une partie de la gauche a hélas embrayé. Comme si le pouvoir d'un citoyen se réduisait à sa capacité à consommer. Mais l'argent sert à bien d'autres choses : économiser, investir, financer les études de ses enfants, se payer une formation, mais pas nécessairement "acheter". Nous n'avons pas à être des clients potentiels. En revanche, j'aimerais que l'on parle de ce qui a disparu de notre débat politique : les légitimes augmentations salariales.

Je ne suis pas hostile à l'argent. Il met de l'huile dans les circuits économiques, il permet de justes récompenses, il donne de la valeur aux objets. L'invention de l'argent est aussi un progrès de la civilisation. Mais son extension à tous les domaines de la vie et son exacerbation à tout instant sont destructeurs. Ce qui s'est passé à Paris en est le symbole et le révélateur.

En voyant ce triste spectacle qui n'est pas allé jusqu'au bout de son ignominie, j'ai songé à ces films sur l'Ancien Régime, où des seigneurs jettent quelques piécettes au peuple qui se précipite et se bat pour s'en emparer. Voilà où en est arrivée notre société pourtant moderne ! De bons esprits, essentiellement à droite, sont révulsés par les violences qui ont suivi. Ils devraient plutôt se féliciter que l'émeute n'ait pas tourné à la révolution : être ainsi berné, il est normal qu'on soit colère. De pauvres gens trompés par une misérable opération publicitaire, il y aurait de quoi mettre le feu à tout Paris !

Pourtant, je ne soutiens pas totalement les victimes de cette alléchante manipulation. Elles ont certes été le jouet d'une indécente manoeuvre, mais leur participation est en soi indigne. Car la pauvreté ne justifie pas tout. Victor Hugo nous a appris que les misérables peuvent être moralement misérables. La dignité, c'est de ne pas mendier, de ne jamais tendre la main (sauf quand on est acculé à l'extrême pauvreté). La classe ouvrière, dans ce qu'elle a de plus profond, a l'instinct de cette chose-là. Une charité mensongère a suscité ce week-end en France une mendicité indigne. Tout ça est détestable. Quand allons-nous en finir ?


Bonne soirée.

17 novembre 2009

La fessée à Xavier.

Bonsoir à toutes et à tous.

Le débat du jour, du moins des dernières heures, c'est la fessée. Faut-il l'interdire ou pas ? Formidable société française, capable de se passionner pour ces questions-là ! La fessée administrée aux jeunes enfants bien sûr. Le sadomasochisme n'est pas encore un objet de débat. Mais tout ça est-il bien sérieux ? Je pense que oui.

L'origine de cette proposition, c'est une députée UMP, pédiatre de métier. Aucun laxisme donc dans cette initiative, mais une mesure mûrement réfléchie : la violence dans l'éducation ne résoud rien, au contraire elle renforce les problèmes au lieu de les régler. Et puis, 18 pays européens l'ont déjà fait. Pourquoi pas la France ?

L'UMP ainsi s'honorerait. S'il n'y avait l'opposition de son chef, Xavier Bertrand. Encore lui ! Il y a quelques jours déjà, il refusait l'adoption pour les homosexuels. Aujourd'hui, il se fait le défenseur de la fessée. C'est la confirmation de sa tendance réac. Son argument est de s'inquiéter de l'ingérence de la loi dans la sphère privée, et même intime. Mais je me permets cette remarque à son adresse : les crimes les plus odieux se déroulent dans ce milieu protégé qu'est la famille. Faut-il que la loi s'en désintéresse ? Bien sûr que non ! La famille n'a pas à devenir une zone de non droit.

Le patron de l'UMP devrait être plus attentif à ce que propose sa députée. D'abord, ce n'est pas une loi contre la fessée dont elle parle, car la formule serait quelque peu surréaliste. Il s'agit de prohiber tous les châtiments corporels. A part Xavier Bertrand, je pense que tout le monde considère que c'est un progrès de l'humanité.

Ensuite, ne laissons pas croire que papa ou maman vont aller en prison parce qu'ils auront fait panpan cucul à fifille ou fiston. Edwige Autier, c'est le nom de la députée, souhaite inscrire cette interdiction dans le Code civil, pas dans le Code pénal. Si, après tout ça, Xavier Bertrand n'est pas convaincu, je ne vois qu'une seule solution pour le lui faire entrer dans la tête : une bonne fessée !


Bonne soirée.

16 novembre 2009

Le coup de Ségo.

Bonjour à toutes et à tous.

On dira ce qu'on voudra de Ségolène, elle a tout de même le sens de l'événement, une forme de génie politique, une capacité à rebondir assez extraordinaire. Certains de ses amis la quittent, les sondages ne sont pas au mieux pour elle, elle n'en continue pas moins à faire parler et réagir. La semaine dernière, c'était le "chèque contraception", drôle de nom, distribué aux lycéennes de sa région.

L'Education Nationale, qui n'aime pas qu'on agisse sans lui demander son avis et son autorisation, n'a pas apprécié. Sur le fond, je ne sais pas trop ce qu'il faut en penser. Il est vrai qu'un chèque contraception à côté du chèque restaurant, ça fait un peu bizarre, mais pourquoi pas. Toujours est-il qu'on en parle, et n'est-ce pas l'essentiel en politique ?

Le plus beau coup de Ségo, c'est incontestablement ce week-end, où elle s'est invitée à la réunion du courant de Peillon, qui est pourtant censé être aussi son courant (allez y comprendre quelque chose !). Avec beaucoup de cran, elle a soutenu qu'elle était partout chez elle. En vérité, elle s'est pointée là où on ne l'attendait pas. Mais n'est-ce pas aussi cela, l'art politique, être là où on ne vous attend pas ?

Peillon n'a pas apprécié et a publiquement désapprouvé la démarche. Il escomptait reproduire le coup médiatique de cet été, où Verts, MoDem, socialistes et communistes s'étaient affichés ensemble, déclenchant un bazar pas possible. Mais un coup médiatique peut en chasser un autre, et c'est Ségo qui a repris la main.

Ce que je retiens de tout ça, c'est que les courants ont perdu au PS tout leur sens et que notre vie interne s'articule aujourd'hui, à tort ou à raison, autour des présidentiables. La présidentialisation du régime n'est pas pour rien dans cette évolution. Qui peut m'expliquer aujourd'hui la spécificité du courant de Peillon ? Je ne vois pas. On le disait "royaliste", il critique maintenant Ségolène. Ça ne veut plus rien dire.

L'évidence, c'est que les personnalités sont plus fortes que les courants. Elles accrochent l'opinion alors que les courants ne mobilisent plus personne. Il n'y a plus que deux alternatives pour le PS : ou Ségo, ou Strauss. Vous verrez, l'affaire sera vite pliée. Mais je ne sais pas dans quel sens. On dit que Peillon lorgnerait vers DSK. Bienvenue au club ! Vous allez voir, dans quelque temps être strauss-kahnien sera devenu le must, et je recevrais encore plus de visiteurs sur mon blog. Va falloir faire face !


Bon après-midi.

15 novembre 2009

Etre candidat.

Bonjour à toutes et à tous.

En cette période de pré-campagne des élections régionales, il est beaucoup question, à gauche et à droite, des candidatures. C'est normal, on veut savoir, la nature humaine est comme ça, très curieuse. Les rumeurs prennent le pas sur l'information. Là encore, rien de plus normal puisque les décisions ne sont pas prises, les arbitrages ne sont pas faits. En règle générale, ceux qui prétendent savoir ne connaissent rien et ceux qui affirment ne rien savoir en connaissent plus qu'ils ne disent.

Dans ce genre de situation, l'affect l'emporte souvent sur la raison. Il y a les sortants qu'on ne reprend pas parce qu'il faut bien laisser de la place aux nouveaux. Du coup, le ressentiment est fort. Il y a les candidats qu'on ne retient pas parce qu'il y a nettement moins de places que de postulants. Du coup, la déception l'emporte. Dans l'un et l'autre cas, il faudrait avoir la sagesse de se dire que la politique n'est pas une affaire de sentiments mais de choix, si possible les plus judicieux. Pour le reste, le hasard joue son rôle et la décision ne dépend pas du candidat.

Le candidat ne doit donc penser qu'à une seule chose : les motivations qui justifient sa démarche. Adhérer à un parti n'est pas évident. Mais faire le pas de la candidature l'est encore moins. Il faut à cela de solides raisons. Celui qui est candidat à répétition, avec dans l'idée qu'un jour ça finira par marcher, celui-là n'a pas mon estime. La politique n'est pas un loto où l'on parie sur le gros lot en multipliant les numéros.

Un autre comportement n'a pas non plus mon estime : c'est le candidat qui se présente "parce qu'on lui a demandé". C'est une variante assez fréquente en politique, et je ne l'aime pas du tout. Ce candidat-là n'a aucune motivation personnelle, puisqu'on lui a "demandé de se présenter". Je souris toujours quand l'individu en question ajoute : "On est venu me chercher". Comme si on avait besoin de lui, comme s'il n'y en avait pas d'autres tout aussi capables !

A vrai dire, nous avons affaire ici à une belle hypocrisie : le candidat ne pense qu'à ça mais cache son ambition sous la volonté d'autrui. C'est son prétexte à lui. Et puis, quelle vanité de croire qu'on a une telle importance qu'on puisse songer à vous ! A moins que cette attitude ne soit qu'une lâcheté : on y va sans y aller, puisqu'on prétend y être poussé. Au pire, on est manipulé, un pion que d'autres avancent et qu'ils sacrifieront le moment venu.

Cette psychologie est indigne d'un mandat politique, qui est quelque chose qu'on doit publiquement assumer et expliquer, devant ses camarades et devant la population. Quant à moi, je ne vois que trois motifs qui peuvent inciter quelqu'un à être candidat :

1- Le désir : c'est un élément insaisissable, irrationnel même. Nous avons tous connu de bons candidats qui n'en avaient pas envie (et qui donc ne se présentaient pas, au grand dam de leur parti). En politique, le désir doit être plus fort que n'importe où ailleurs, car on y prend des coups et l'issue est incertaine. Ce qui est certain, c'est qu'il faut le vouloir, et sûrement pas se faire tirer l'oreille.

2- La compétence : je n'imagine pas un candidat, surtout bien placé, sans un minimum de culture politique, de capacité à argumenter, de connaissance du mandat qu'il va exercer. Ceux qui cherchent des chicanes sur ce point (heureusement évident pour la grande majorité) sont ceux qui ne disposent pas de ces compétences et préfèrent donc ne pas les retenir comme critère.

3- L'influence : il me paraît difficile de présenter quelqu'un que personne ne connaît, qui ne jouit d'aucune notoriété, qui n'a jamais fait parler de lui parce qu'il n'est pas investi dans une quelconque activité publique. C'est le critère que je ferais figurer certes en dernier, mais il n'est tout de même pas négligeable.

Pour terminer, je dirais que toute place sur une liste est honorable et politiquement signifiante. Il ne faut pas se focaliser sur les places dites éligibles, car l'expression n'a pas grand sens, ne sachant pas le résultat de l'élection.

Pour terminer vraiment, je rappellerais qu'il y a une vie politique en dehors de la décision de se porter candidat. Combien de candidats du passé ont été oubliés ? A se demander si eux-mêmes se souviennent d'avoir été un jour candidats ... Prenons du recul, un peu de hauteur, et même une forme de retrait, quand la marmite bout et que les têtes s'échauffent.


Bon dimanche.

14 novembre 2009

Vous avez dit "faillite" ?

Bonsoir à toutes et à tous.

Coïncidence : alors que les socialistes axonais recevaient ce matin Claude Gewerc à Soissons, la droite lançait le premier coup tordu de la campagne des régionales en Picardie. Preuve qu'elle panique à l'idée d'échouer. Tout est parti d'une lettre, signée Arnaud Caron, et d'un mot, "faillite", que l'UMP reprend à satiété. Gageons que ce sera le refrain de sa campagne. Sauf que c'est un vilain canard. Je vous explique calmement le gag du jour :

Le vice-président chargé des finances à la Région envoie le 3 novembre, aux élus de la majorité, un courrier de remarques et de recommandations en matière de désendettement. C'est une missive ordinaire, un exposé de questions et suggestions personnelles. L'élu est dans son rôle. Jamais le terme de "faillite" n'apparaît dans ce courrier. C'est Caroline Cayeux, tête de liste UMP, qui le suppute, l'invente, en Madame Irma de la politique, qui ne lit plus dans le mar de café mais dans la lettre volée. Car ce courrier lui a été communiqué anonymement, ce qui sent la manipulation.

Si faillite de la Région il y avait, croyez-vous que nous l'apprendrions à travers une telle péripétie ? Une faillite, ce n'est pas n'importe quoi qu'on découvre un beau matin dans une enveloppe glissée sous votre porte ! La Région, comme n'importe quelle collectivité, est strictement contrôlée. Ses élus d'opposition sont même là pour exercer leur droit de regard et leur esprit critique. Qui jusqu'à maintenant a osé parler de faillite ? Personne, ni les autorités administratives, ni les politiques. Arrêtons donc là ce mauvais procès, cette vraie diffamation.

De plus, faillite n'est pas un mot magique, qu'on répéterait par incantation en croyant qu'il deviendra réalité. C'est une situation financière qui s'estime à travers des chiffres. Caroline Cayeux a donne hier une conférence de presse pour crier au loup. Mais nul n'en a vu la queue. Car a-t-elle produit les comptes qui attesteraient de l'état de faillite de la Région ? Aucun. Elle s'est contentée de répéter des banalités sur le train de vie des élus, qui font sourire tout le monde tellement elles n'ont aucun sens, sauf à flatter les instincts populistes. Je le lui dis gentiment : ce n'est pas ainsi qu'on gagne une élection.

A vrai dire, tout ça sent le faisan. Arnaud Caron, chargé des finances, est chargé de préparer et de superviser le budget. S'il dénonçait la faillite de la Région, il ne pourrait que s'en prendre à lui-même, ce qui n'est pas logique. Il ne va tout de même pas s'auto-accuser ! Et pourquoi maintenant ? Pourquoi pas avant ? Une faillite ne pousse pas comme un champignon après la pluie, il y a des clignotants qui l'annoncent mais qu'on n'a jamais vu s'allumer.

Que se passe t-il alors ? Les Verts veulent manifestement se différencier, à l'approche d'un scrutin pour lequel ils cultivent de grands espoirs. C'est normal, c'est légitime. Mais je crois que vouloir se distinguer par des remarques malheureuses en matière de finances est une insigne maladresse, qui n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd du côté de la droite. Celle-ci ne s'est dotée ni d'un leader charismatique, ni d'un projet attractif. Elle n'a qu'une seule issue : la protestation, faire feu de tout bois, critiquer sans mesure Gewerc et son équipe. La lettre maladroite de Caron est du pain béni pour elle, mais son attaque ne tient pas une seconde.

Caron n'est pas un politique. On ne peut pas dire que les Verts de Picardie fassent beaucoup, avec lui, parler d'eux. Etudiant de l'ENA, il se tourne vers d'autres horizons et ne se représentera pas aux élections régionales. C'est un choix personnel et respectable. Mais je crois que nos partenaires écologistes seraient mieux avisés, au lieu de chercher à se démarquer des socialistes en leur adressant des remarques même amicales, de cultiver leur différence, d'approfondir leur message, de se concentrer sur leur projet. Qu'ils n'oublient pas non plus qu'en politique on est solidaire de l'équipe à laquelle on appartient et de la ligne budgétaire à laquelle on a contribué.

Derrière cette vaine polémique lancée par la droite, il y a un débat de fond, qui pourrait être l'axe d'une confrontation honnête et loyale entre la gauche et la droite : pour développer une région, il faut s'endetter. Reste à savoir jusqu'à quel niveau et pour quoi faire. Charles Baur n'a pas endetté la région Picardie, mais qu'a t-il fait pour elle ? L'objectif de Gewerc, c'est d'investir dans l'industrie et le tourisme. Se faisant, il a relancé l'économie picarde. Qui s'en plaindra ? Et la droite, quelle politique alternative propose-t-elle ? Voilà quelles pourraient-être les bases d'une campagne de qualité, mobilisatrice. Mais par pitié, laissons tomber les procédés crapoteux. La Région n'est pas en faillite, il n'est nulle part sérieusement question de ça.


Bonne soirée.

13 novembre 2009

Un homme de droite.

Bonsoir à toutes et à tous.

Xavier Bertrand a rappelé aujourd'hui son opposition à l'adoption d'enfants par des couples homosexuels. C'est son droit, son choix, libre à lui. Je ne suis évidemment pas d'accord. Un couple homosexuel est tout aussi équilibré et apte à l'adoption qu'un couple hétérosexuel. Ce qui compte, c'est l'amour, et rien d'autre. Et puis, il y a une formidable hypocrisie derrière tout ça : beaucoup de concubins homosexuels ont déjà des enfants à leur charge. L'évolution du droit permettrait d'acter les évolutions de la société. Mais Bertrand n'en veut pas.

Pourtant, la secrétaire d'Etat à la Famille souhaite engager un débat sur ce sujet. Et les centristes y sont plutôt favorables. Xavier Bertrand, par son positionnement, se fait le représentant de la droite morale, le défenseur du conservatisme des moeurs. Dans le domaine social, il aime à se montrer ouvert, pour un peu il s'affirmerait progressiste. Ce n'est qu'un faux semblant. Sa prise de position sur l'adoption des couples homosexuels prouve son attachement et son appartenance à la culture de droite la plus profonde.

Encore une fois, c'est son droit, et il est bien en démocratie que tous ne soient pas du même avis. Mais au moment d'aller voter (je pense tout particulièrement aux prochaines élections municipales à Saint-Quentin), il ne faudra qu'aucun électeur, de gauche bien sûr mais aussi de droite modérée, n'oublie cette réalité que l'intéressé essaie localement de faire oublier : c'est un authentique homme de droite.


Bonne soirée.

Le monde à l'envers.

Bonjour à toutes et à tous.

Vous pardonnerez mon absence d'hier à notre rendez-vous quotidien. Il m'arrive de ne pas assurer, mais en trois ans de rédaction de ce blog, c'est assez rare. Désolé donc. Hier justement, il s'est passé un petit événement dans Saint-Quentin : la grève et manifestation des agents territoriaux. Les employés de la Ville, ce n'est pas rien : ils sont plus de 1 000, la Municipalité est avec l'hôpital l'un des premiers employeurs de la cité.

Politiquement, si vous mettez ensemble les territoriaux, le personnel de santé et les enseignants, vous avez là, du moins potentiellement, la base électorale de la gauche. Les infirmières, les profs et les employés de la Ville, ce sont nos gros bataillons d'électeurs. Quand la gauche aura pris ces Palais d'Hiver que sont les services municipaux, l'hôpital et les établissements scolaires, elle aura renversé la droite, elle se sera emparée du pouvoir local. Car le reste suivra.

Les employés municipaux ont ceci de particulier qu'ils sont en rapport quasi direct, à travers leurs chefs de service, avec l'équipe municipale. Si ça se passe bien avec elle, cette équipe dispose alors d'un appui solide. Si ça se passe mal, c'est bien sûr l'effet inverse, et les conséquences électorales peuvent être fâcheuses.

Quand je me suis installé à Saint-Quentin à l'été 1998, la droite n'était au pouvoir que depuis trois ans, tous les espoirs de reconquête étaient permis, avec cette idée, que j'entendais alors souvent, qu'à Saint-Quentin, c'était le perpétuel balancement, une fois la droite, une fois la gauche. Parmi ces espoirs, il y avait celui de voir le personnel municipal nous rejoindre, nous soutenir.

Un homme paraissait faire obstacle à ce projet (c'est du moins ce qui se disait) : Dominique Gayraud, le leader de la CGT des territoriaux, soupçonné d'être proche de Pierre André. Drôle d'histoire que celle d'un cégétiste prétendument acoquiné avec un maire UMP ! Mais où était la vérité ? Toujours est-il que beaucoup d'employés municipaux avaient été recrutés sous la municipalité communiste et qu'on pouvait légitimement souhaiter et espérer qu'ils rallient la gauche. Mais en 2 001, ce fût la débâcle.

Aujourd'hui, la droite s'est installée dans un troisième mandat, elle est plus forte que jamais, Xavier Bertrand a acquis une notoriété nationale et la gauche s'est radicalisée (ce qui veut dire, pour moi, marginalisée). Que se passe-t-il alors chez les employés territoriaux ? La division syndicale, avec la création d'une section de SUD, issue d'une scission au sein de la CGT après la mise en minorité de Gayraud.

Autant la diversité syndicale ne me gêne pas (c'est l'histoire du mouvement ouvrier et le principe du pluralisme), autant la division me semble déplorable. D'autant qu'elle fait écho à la division qui mine la gauche politique. SUD aurait pu se développer à côté de la CGT, ça ne m'aurait pas dérangé. Là, cette section est la conséquence d'un conflit au sein de la CGT, qui laissera des traces. De plus, et c'est une leçon politique constante, la division des progressistes profite toujours à la droite.

Mais il y a pire que ça. J'ai souvent dit sur ce blog que la situation de la gauche à Saint-Quentin était ubuesque, surréaliste, que nous marchions la tête en bas. C'est encore le cas dans le contexte syndical que je suis en train de vous décrire. Car que se passe-t-il ? SUD, qui prône un "syndicalisme de luttes", qui campe sur une ligne radicale, se retrouve à Saint-Quentin à ne pas faire grève contre le nouveau système d'évaluation des agents, alors que la CGT, sur une ligne plus réformiste depuis quelques années, s'oppose à ce changement. C'est le monde à l'envers !
Personne à gauche ne peut se réjouir de ces divisions. Elles ont un impact profond, parfois insoupçonné, elles déstabilisent nos sympathisants, elles sont incomprises. Tant que la mouvance progressiste saint-quentinoise ne se sera pas dotée d'une cohérence, tant qu'elle ne s'incarnera pas dans un leader comme la droite dans Pierre André, tant qu'elle restera éclatée en sensibilités et personnalités qui s'affrontent, aucune victoire ne sera possible.


Bon après-midi.

11 novembre 2009

L'ère des polémiques.

Bonjour à toutes et à tous.

Nous sommes entrés, depuis quelques années déjà, dans l'ère des polémiques. Et manifestement ça ne s'arrange pas. Je le déplore. La polémique n'a rien à voir avec la politique. Elle est même sa négation. Qu'est-ce qu'une polémique ? Une querelle personnelle, piquante, médiatique, superficielle, plus proche de la dispute que du débat. Prenez la vie politique française depuis la rentrée de septembre : à part la réforme territoriale, les sujets de conflits ne sont que des polémiques, sans rien d'idéologique, donc vidés de tout contenu politique.

L'une des dernières polémiques porte sur la présence ou non de Nicolas Sarkozy à Berlin le 9 novembre 1 989. Lui affirme qu'il y était et pose avantageusement en démolisseur du mur, pioche à la main. C'est une image d'Histoire. Est-ce vrai ou faux ? Les avis divergent, la polémique "enfle", comme on dit. Car une polémique ne sait faire que ça, enfler. Elle n'argumente pas, elle ne prouve rien, elle ne vise qu'à parler pour faire parler d'elle.

En vérité, quelle importance que Sarkozy ait été ou non au pied du mur ce jour-là ? Ce qui compte, c'est le sens qu'il veut donner à son geste, authentique ou pas. Depuis que la politique existe, elle est coutumière du mensonge et ne s'en offusque pas. Car l'essentiel est dans la signification de ce qu'on fait ou affirme faire.

La toute dernière polémique (il y en a maintenant presque une quotidiennement !) concerne les propos tenus par le prix Goncourt, décerné il y a quelques jours, Marie NDiaye. En août, à la radio, elle a affirmé que la France de Sarkozy était "monstrueuse". Elle reconnaît aujourd'hui que le qualificatif était excessif. En 2 007 déjà, elle annonçait qu'elle quitterait la France si Sarkozy l'emportait. Elle n'en a bien sûr rien fait. Voilà donc les éléments de la controverse.

Tout ça est ridicule, comme n'importe quelle polémique. Un écrivain, tout comme chaque citoyen, a le droit en République de dire ce qu'il veut de qui il veut. On appelle ça la liberté d'opinion, que chacun utilise à sa façon. Quant à l'exil envisagé, combien de fois ai-je entendu autour de moi une telle fanfaronnerie qui n'a jamais eu de suite ! L'être humain est ainsi, il aime à parader, mais le moment venu se dégonfle.

Qu'on laisse donc les citoyens s'exprimer comme ils l'entendent, même Sarkozy, même NDiaye, et oublions ces polémiques qui ne mènent à rien. Les problèmes de la France d'aujourd'hui portent d'autres noms ; ils s'appellent chômage, pouvoir d'achat, précarité, logement, santé, etc.


Bon après-midi.

10 novembre 2009

Attaques et ripostes.

Bonsoir à toutes et à tous.

Du travail m'a empêché de regarder hier soir la totalité du conseil municipal de Saint-Quentin (j'ai suivi une heure seulement sur internet). De plus, fatigué, je n'ai pas pris de notes, et je n'ai pas pour habitude de faire confiance à ma mémoire. Je vous livre donc, sans commentaires particuliers, ce dont je crois me souvenir :

Sur le budget primitif 2010, dont les orientations générales ont été présentées, l'opposition souligne que les grands travaux cachent la pauvreté du bassin d'emploi, parmi les plus mal placés de France. Le maire répond que la ville de Saint-Quentin n'est pas si mal placé, si on exclut Fresnoy et Bohain, particulièrement déshéritées.

Sur la taxe professionnelle, l'opposition déplore sa disparition, privant ainsi d'un financement. Le maire fait remarquer que c'est seulement l'agglomération, et non la municipalité, qui pâtit de cette suppression.

Sur la réforme de la Poste, l'opposition rappelle son refus de la privatisation et son soutien aux grévistes de Saint-Quentin (le représentant du Parti Ouvrier Indépendant souhaite le retour au monopole). Le maire répond que les évolutions dans la transmission du courrier et la nécessité de se préparer à affronter la concurrence européenne justifient cette réforme, dont il voit l'origine dans le traité de Nice.

Sur les grands travaux de la municipalité, l'opposition insiste sur ses propres propositions (crèches, salles municipales, parking de l'hôpital gratuit). Le maire dit aller dans le sens de ces propositions mais prévient de l'importance de leur coût financier.

Sur la consultation municipale, l'opposition dénonce ce qu'elle considère comme une opération de communication dont les questions sont biaisées ou inutiles. Elle redoute que le conseil municipal soit dépossédé de ses prérogatives. Le maire trouve normal qu'on consulte la population et considère que sa légitimité électorale lui suffit.

Sur l'établissement La Guinguette, l'opposition estime qu'il y a abandon au privé de cette activité et favoritisme. Le maire pense que cette solution est moins coûteuse qu'une municipalisation et que l'appel d'offre a été respecté.

J'ai parcouru rapidement la presse ce matin, je n'ai rien vu de fondamentalement nouveau. Sauf une intervention sur le précédent compte-rendu de séance dans lequel figurait abusivement la présence de Xavier Bertrand et Pascale Gruny, bien qu'arrivés en retard.

Mais je suis preneur de vos compléments, précisions ou rectificatifs.


Bonne soirée.

09 novembre 2009

Un mur de trop.

Bonjour à toutes et à tous.

En ce jour anniversaire de la chute du mur de Berlin, je me souviens exactement de ce que je faisais à ce moment-là, il y a vingt ans, et pour cause ! J'habitais à Pantin, dans ce qui était encore à l'époque la banlieue rouge, et une rage de dent m'avait obligé à aller chez le dentiste. Celui-ci avait allumé la radio et pendant qu'il me torturait, nous écoutions les péripéties berlinoises, les jeunes juchés au sommet du mur.

Ce mur, je l'avais franchi l'année précédente, lors d'un voyage en RDA, mon seul souvenir d'un pays communiste. Contrôle, police, barbelés, c'était l'image que je me faisais du communisme. Sauf qu'à l'époque, personne ne pensait que l'écroulement se ferait si rapidement. Une cousine, prof de russe, m'expliquait que les régimes soviétiques tiendraient une éternité.

L'événement qu'on célèbre aujourd'hui me conduit à trois réflexions :

1- Une réflexion sur le communisme : après la chute du mur, cette idéologie n'est plus tenable. Intellectuellement, il n'y a que Badiou qui tente de redonner vie à une morte. Le communisme restera une réalité électorale (un peu comme les radicaux de gauche), un élan romantique, il ne sera plus jamais un projet politique crédible et séduisant. Car ce sont les peuples qui ont renversé le communisme, et en premier lieu cette classe ouvrière dont il était pourtant censé assurer l'émancipation.

2- Une réflexion sur l'inattendu : personne n'avait prévu l'événement, surtout pas les politiques. Mitterrand ne pensait même pas que la chute du mur pouvait entraîner la réunification de l'Allemagne, il croyait en une rénovation du communisme sous la conduite de Gorbatchev, pas en sa disparition. En politique, il y a une puissance de l'opinion qui balaie les pouvoirs, les appareils, les bureaucraties. Et c'est réjouissant.

3- Une réflexion sur la France : mais oui ! Car tout le monde a oublié que la chute du mur n'a pas complètement rendu heureux notre pays. Dans les mois qui ont suivi, les titres de nombreux journaux, les réactions de plusieurs politiques auront été de s'inquiéter de la réunification de l'Allemagne, considérée comme un danger pour la France (à la façon dont aujourd'hui la construction européenne est perçue comme un danger pour la France). L'avenir aura balayé toutes ces peurs, l'Allemagne est redevenue unie et puissante, au profit de tous, à l'avantage de l'Europe.

Quoi qu'il en soit, célébrons dans la joie et dans l'espoir la chute du mur de Berlin, la fin du communisme, la réunification de l'Allemagne et la construction de l'Europe.


Bonne journée.

08 novembre 2009

Une passion triste.

Bonjour à toutes et à tous.

J'étais hier à Vervins, avec Jean-Pierre Balligand, pour une réunion de notre motion (Aubry). Un seul point à l'ordre du jour : la composition de la liste socialiste aux régionales, que nous connaîtrons d'ici la fin du mois. J'aime la politique, mais c'est la partie que j'aime le moins dans la politique : constituer une liste, choisir entre les candidats.

Il y a beaucoup d'appelés mais peu d'élus, c'est la loi du genre.. Il faut donc procéder à une sélection, sacrifier inévitablement des personnes. C'est la tâche qui me semble la plus désagréable et la plus ingrate en politique. Je vais donc dans ce genre de réunion à reculons, en me forçant, et j'en ressors toujours insatisfait. Si je pouvais les éviter, je le ferais volontiers. Mais il faut y aller, les enjeux sont extrêmement importants.

Il me semble aussi que l'élaboration d'une liste réclame des qualités que je n'ai pas, j'en vois au moins trois :

1- La tactique : elle est nécessaire pour trouver la bonne combinaison, assurer les meilleurs équilibres. Dans tactique, il y a tact. J'en suis totalement dépourvu. Autant je me plais et me sens à l'aise dans la stratégie (les objectifs, le long terme, la ligne politique, les alliances), autant je suis gêné dans la tactique (les moyens, le court terme, les personnes, le jeu subtil des courants).

2- L'habileté : c'est bien sûr la vertu première du tacticien. L'habileté, c'est savoir utiliser les circonstances, profiter de l'occasion, se saisir du bon moment. Les philosophes stoïciens ont un mot pour désigner cette aptitude : le kairos. La nature ne m'en a pas fait profiter. J'ai du mal à être pertinent dans l'instant, je ne sais pas improviser. En revanche, dans l'analyse, l'anticipation et la durée, ça va.

3- La psychologie : je suis tout sauf psychologue ! Je n'en éprouve d'ailleurs aucun regret, c'est comme ça, je ne m'en désole pas. Cependant, la psychologie est nécessaire en politique. Il y a même des situations en politique qui sont très peu politiques et presque entièrement psychologiques. Savoir ménager la susceptibilité des uns et flatter la vanité des autres, faire preuve d'une insoupçonnable sincérité apparente ou consoler faussement un prétendant éconduit, se taire quand on s'attend à ce que vous parliez ou parler quand personne ne s'y attend, donner le sentiment que tout va bien quand rien ne va, jouer les désabusés pour cacher qu'on est au plus haut point intéressé, affecter la modestie alors que votre ambition dépasse les portes et fenêtres, c'est une somme de talents et de compétences, une catégorie de l'intelligence, une forme d'art qui n'est pas permise à n'importe qui, pas à moi en tout cas. J'arrive avec mes gros sabots, je distribue des coups de pied dans le cul, ça l'fait pas comme disent nos jeunes.

Quand on est extérieur au PS ou même adhérent, on met beaucoup de mystères dans ces réunions où se concocte une liste, un zeste de complot, un chouilla de "tuerie" politique, une bonne dose de manoeuvres personnelles. On a tort. Tout ça est beaucoup plus ennuyeux et administratif qu'excitant et romantique. Le calcul est des plus sommaires : quelques places éligibles qu'il faut se partager, sur des critères rigoureusement objectifs : la représentation géographique, la proportion des motions, la parité homme-femme, le renouvellement des générations et la préparation de l'avenir. Après, il faut se débrouiller avec tout ça, c'est là où ça devient coton.

De retour de Vervins, je ne pensais déjà plus à Balligand et à notre réunion, mais à Spinoza et son grand livre, L'Ethique, dans lequel il utilise une curieuse expression : "les passions tristes". En général, une passion est joyeuse puisqu'on la choisit et qu'elle nous plaît. Mais Spinoza explique qu'il y a des passions douloureuses, dont on ne peut pas se détacher (c'est la passion) mais qui font mal (c'est la tristesse). Je pense que pour moi la politique est une passion triste, où les peines sont supérieures aux plaisirs.

Ce qui ne signifie pas bien sûr que les plaisirs n'existent pas ! J'en éprouve au moins deux, rares mains intenses :

1- Être candidat, mener une campagne, affronter l'adversaire, convaincre l'électorat, c'est un moment formidable, l'essence même de la politique quand on vit dans une République. J'ai été candidat une fois, je ne le serai peut-être plus jamais, c'est pourquoi j'en garde un souvenir intense.

2- Porter la parole de sa motion dans le cadre d'un congrès, aller à l'autre bout du département, en soirée, dans une petite salle de mairie où vous attendent souvent à peine une dizaine de militants, c'est un plaisir que je renouvelle à chaque fois et celui-là au moins, peu nombreux sont ceux qui me le disputent !

3- Il y a un dernier plaisir que je n'ai jamais éprouvé et qu'à Saint-Quentin nous éprouverons dans sûrement très longtemps : celui de remporter une victoire, d'être en responsabilité, de mener à bien des projets. S'il n'y a pas ça en politique, la politique n'est plus rien qu'une distraction pour inactifs.

Pourquoi ce plaisir ici et ce déplaisir là, quand il s'agit de préparer une liste et négocier des candidatures ? Je ne me l'explique pas, il faudrait faire appel à cette science dont j'ai si peu le goût, la psychologie. Il me semble quand même, quand j'y réfléchis bien, pouvoir apporter quelques raisons :

- Je n'ai jamais aimé l'entre-soi, les cercles fermés. Une campagne électorale vous ouvre sur la société. C'est pareil dans mon métier : je reste rarement avec mes collègues enseignants, je préfère me mêler aux autres personnels de l'établissement, aller vers les élèves, les parents. Je ne me sens pas appartenir à un "milieu" (je déteste cette notion, que je laisse à la Mafia), ni à celui des professeurs, ni à celui des socialistes. Je suis certes l'un et l'autre, mais indépendant de ces deux mondes.

- Je suis socialiste, social-démocrate même, mais je n'ai aucune "culture électoraliste". Dans les instances fédérales de mon Parti, auxquelles j'appartiens depuis dix ans, je suis probablement le seul et l'unique à n'être pas élu ou à ne l'avoir jamais été. Je ne fais d'ailleurs rien pour ça, je n'ai pas ça dans les gènes, si j'ose dire.

- Au fond de tout ça, je crois qu'il y a des causes sociologiques assez paradoxales, étant donné ce que je suis devenu. Pour le dire très brutalement (voilà mes gros sabots !), je me sentirais sûrement plus à l'aise au PCF ou au NPA, qui sont des partis (surtout bien sûr le NPA) qui n'ont pas cette "culture d'élus" qui imprègne totalement le PS. C'est pourquoi j'ai adhéré relativement tard au PS (à l'âge de 35 ans). Venant d'un milieu ouvrier catholique, communiste et cégétiste, les socialistes ont longtemps été pour moi des membres de la petite bourgeoisie, instituteurs laïques rêvant de devenir conseillers municipaux ou généraux. C'est du moins ainsi qu'on se les représentait dans ma famille.

Aujourd'hui (et depuis un certain temps déjà !), j'ai changé ma vision (qui ne change pas ?). Mais quelque chose en moi est resté (on ne change jamais complètement). C'est pourquoi, arrivé à Saint-Quentin il y a onze ans, et bien qu'étant secrétaire de la section socialiste, c'est vers les communistes que je me suis tourné pour militer (au sein du CLRIF, un comité anti-Baur, où ne figurait qu'un seul autre socialiste actif, Yves Mennesson).

A cette époque, les moments d'amitié, d'humanité et de rigolade, c'est avec les communistes (Jean-Luc, Corinne et les autres) que je les ai vécus. Avec mes camarades socialistes (Odette, Maurice et les autres), ç'aurait été impensable ! (qu'importe d'ailleurs, on ne fait pas de la politique pour l'amitié, l'humanité et la rigolade). Encore maintenant, quand je les rencontre dans une manifestation, c'est avec eux, tout gremetziens qu'ils sont et tout opposé à eux que je suis, que j'ai plaisir à discuter. Si quelqu'un devait me guérir de ma passion triste, ce seraient eux. Mais c'est impossible, étant donné ce qu'ils sont et ce que je suis.


Bon dimanche.

07 novembre 2009

Les nouveaux puritains.

Bonjour à toutes et à tous.

La nouvelle idéologie qui aujourd'hui se répand un peu partout, c'est le puritanisme, c'est à dire l'exigence de perfection, que j'appelle aussi l'arrogance de la pureté. On nous impose, dans pas mal de secteurs, l'objectif idiot du "zéro défaut", on nous fout la trouille avec le "principe de précaution" (le vecteur du puritanisme, c'est la peur).

Autrefois, le puritanisme était un courant américain, religieux et conservateur. Aujourd'hui, il est largement européen, parfaitement profane et souvent progressiste, hélas. Trois exemples dans la récente actualité illustre cette tendance néfaste, dont la gauche devrait se protéger :

1- A la mort de Claude Lévi-Strauss, les petits flics de la pensée sont allés chercher dans ses ouvrages des phrases soi-disant litigieuses. Tout type qui manie les ciseaux pour découper dans vos écrits est un modèle de puritain. Qu'a donc osé faire Lévi-Strauss ? Critiquer l'Islam ! Et alors ? Est-il encore permis de critiquer quoi que ce soit en République, y compris une religion ? Je crois que oui, je pense même que c'est le sel de ce régime.

J'ai des copains qui parfois m'interpellent, la bouche en coeur et du déodorant plein leur langue : ils me reprochent d'être virulent, de ne pas "respecter" la pensée des autres. D'abord faudrait-il encore que les autres en question aient une pensée, ce qui n'est pas toujours le cas. Mais surtout, nom de Dieu, j'ai le droit, et même le devoir de critiquer, de m'élever, de riposter quand je ne suis pas d'accord ! C'est quoi cette société puritaine qu'on nous prépare, où chacun devrait enrober ses paroles de coton et sourire de toutes ses dents à tout ce qu'il entend, y compris les pires conneries ?

2- J'ai appris, stupéfait, que nos camarades communistes s'étaient plaints d'un spot publicitaire sur le fromage Cantal, parce qu'il y avait un jeu de mot avec le prénom Chantal et que la scène représentait un futur marié plus soucieux de sa femme ménagère que de sa conjointe bien aimée. C'est une pub rigolote, c'est tout. Nos chers cocos (est-il encore permis de les appeler ainsi dans la société puritaine ? ) y ont vu une insupportable misogynie, une discrimination envers les femmes. Faut pas charrier, quand même ! Dans la société puritaine, on est obligé de sourire mais il est interdit de se marrer. J'ai choisi l'attitude contraire, anti-puritain que je suis : je souris rarement mais je me marre souvent !

3- Le dernier exemple est déjà un peu lointain (mais dans notre société du court terme, deux mois c'est deux siècles), il concerne mes camarades socialos : Martine Aubry avait gentiment taquiné notre porte-parole Benoît Hamon sur sa belle gueule qui attire le regard des femmes (c'est elle qui le dit). Voilà un joli compliment, que j'aimerais bien qu'on me fasse, même sur le mode amusant. Savez-vous comme le Benoît a réagi ? Il a pris la mouche, s'est vexé d'être pris pour un homme-objet (le veinard !). Bref, on ne peut plus plaisanter dans la société puritaine.

Relisez, si le coeur vous en dit, les nombreux commentaires reçus sur ce blog, qui ne sont jamais censurés (je ne suis pas assez puritain pour ça) : vous constaterez que bien souvent c'est le puritanisme qui s'exprime, à travers le pinaillage des mots, les jugements sur ma personne (et les personnes), les sentences psychologiques, les diktats moraux. Mais de propos réellement politiques, vous en trouverez assez peu.

Oui, le puritanisme contemporain doit être notre ennemi.


Bonne journée.

06 novembre 2009

The Best in the World.

Bonsoir à toutes et à tous.

Pour une fois, je suis gêné en rédigeant ce billet. C'est trop facile pour moi ! C'est se confronter à la difficulté et à la résistance qui est intéressant et vertueux. Je viens de découvrir comme vous un sondage sans appel : si l'élection présidentielle avait lieu aujourd'hui, un seul à gauche serait capable de battre Sarkozy : vous devinez évidemment qui, ça ne peut être que lui, je le répète sur ce blog depuis trois ans, DSK !

C'est clair comme de l'eau de roche, évident comme le nez au milieu de la figure. Mais pourquoi, en politique, les êtres humains ne se rendent-ils pas à l'évidence ? Pourquoi leur faut-il s'engager dans des solutions compliquées et perdantes ? Il n'y a que DSK qui puisse nous faire gagner, ça ne se discute même pas.

La droite la première l'a compris et sent passer le boulet. C'est pourquoi elle s'ingénie à impliquer DSK à ses côtés. Ça marche toujours auprès des idiots, le coup de l'homme de gauche compromis avec la droite. Pour moi, c'est au contraire le signe que l'homme en question est sur la bonne voie. Sinon personne ne dirait ça de lui.

Rien n'est fait bien sûr. Je ne suis même pas certain que Strauss ait vraiment envie d'y aller. Mais je n'aimerais pas qu'il succombe à ce plaisir un peu pervers, que je connais bien : laisser les socialistes se démerder sans lui, c'est à dire s'enfoncer de plus en plus jusqu'à sombrer.

Dans ce contexte, je suis un peu attristé d'entendre Moscovici prendre ses distances avec DSK, affirmer aujourd'hui qu'il n'est plus "son lieutenant". Mosco a du talent, est intelligent et rigoureusement social-démocrate. Mais il veut jouer tout seul. Je lui souhaite bien du courage, mais ce n'est pas comme ça qu'on réussit en politique.


Bonne soirée strauss-kahnienne.

Xavier Bertrand communiste ?

Bonjour à toutes et à tous.

Au début, quand je l'ai appris, je n'y croyais pas, je pensais à un gag : l'UMP a signé un "mémorandum" avec le PCC, Parti Communiste Chinois. Ce n'était pas un gag : sur le site du "Mouvement populaire" (comme l'appelle son chef), Xavier Bertrand, sérieux comme un pape, nous explique la raison d'être de cet accord historique entre un parti de droite et un parti de gauche extrême, une formation à peu près démocratique et un parti unique, totalitaire.

C'est en tout cas du jamais vu. Il faut remonter aux années 70 pour voir le PCC signer un texte avec des partis français, mais maoïstes (je pense au PCMLF, Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France, qui avait tout de même peu de rapport avec l'UMP d'aujourd'hui). Qu'est-ce qui a conduit Xavier Bertrand dans cette galère ? Le besoin peut-être d'une notoriété internationale qu'il n'a pas ...

Toujours est-il que c'est surprenant ... et comique. On ne voit vraiment pas ce qui peut en sortir. Que les Etats, y compris une République (la France) et une dictature (la Chine), aient des contacts et signent des contrats, c'est logique, normal et inévitable. En revanche, quand deux partis se rapprochent librement et paraphent un "protocole", ça suppose une proximité politique, une affinité idéologique. Xavier Bertrand serait-il devenu communiste sans qu'on le sache ?

Je me demandais hier si Savelli et Blériot ne pouvaient pas se porter candidats à la tête de liste socialiste pour les prochaines municipales. Pour la liste communiste, c'est tout trouvé : Xavier Bertrand bien sûr ! Ce qu'il fait à Pékin, pourquoi ne le ferait-il pas rue de la Pomme Rouge ? Nos camarades communistes français sont quand même plus fréquentables que leurs homologues chinois. Et puis, Bertrand aime bien Gremetz. Tout ce qui est anti-socialiste est pour lui bienvenu.

Je m'inquiète : plus je fais de politique, plus j'ai envie de rire. Mais c'est peut-être le commencement de la sagesse.


Bon après-midi.

05 novembre 2009

Une fausse bonne plaisanterie.

Bonjour à toutes et à tous.

Je connais bien Michèle Sabban. Elle a été pendant longtemps la blonde égérie du courant strauss-kahnien. Puis elle a suivi Moscovici auprès de Delanoë. Elle reste une copine d'Huchon à la Région Ile-de-France. J'ai vraiment été très surpris par sa proposition de mettre Rama Yade en tête de liste socialiste pour les prochaines régionales. Elle s'est depuis reprise, soulignant qu'il s'agissait d'une plaisanterie. Je veux bien, mais en politique on plaisante quand on n'a rien de mieux à dire ou à faire. S'il y a un domaine où l'humour passe très mal et est fortement déconseillé, c'est bien la politique !

Il m'avait pourtant semblé que Michèle parlait moins sur le ton de la boutade que de l'argumentation, en évoquant "l'ouverture", façon socialiste de retourner la politesse à la droite. Il nous ont piqué un peu de monde, faisons de même ! Je l'avais compris comme ça. Rama Yade en rebelle qui combat son propre camp, ça pouvait avoir un sens. Le problème, c'est que Rama, toute rebelle qu'elle est, est quand même estampillée UMP. Et ça, en tête de liste socialiste, c'est difficile à avaler.

Ceci dit, la plaisanterie m'a donné des idées pour Saint-Quentin, toujours bien sûr sur le mode plaisant. La gauche locale, accumulant depuis dix défaites sur défaites, ayant du mal à faire son unité, a besoin d'un rassembleur, c'est l'évidence. Anne Ferreira se propose. Pourquoi pas, il faut y réfléchir et en discuter. Quant à moi, je n'ai pas dit mon dernier mot, et qui vivra verra. En attendant, pourquoi ne pas s'inspirer de Sabban ?

Chez nous, je vois deux leaders de droite qui pourraient peut-être rassembler la gauche (après tout, la noblesse polonaise, très divisée, allait se chercher un roi étranger pour faire plus facilement son unité). Il y a d'abord Vincent Savelli. Il a quitté l'UMP avec fracas et se présente comme un adversaire déterminé de Xavier Bertrand. C'est un vieux gaulliste, un personnage médiatique, un militant qui a du cran. Eh eh, pourquoi pas tête de liste de la gauche aux municipales de 2 014 ? Et comme il est sympa avec moi, je suis même à peu près sûr qu'il me laissera un petit bout de place sur la liste, même vers la fin !

Problème : Savelli est très marqué à droite et il n'est pas toujours très diplomate. Il faut être caressant et vaguement peloteur si on veut réussir en politique. Et là, je vois plutôt un autre homme politique, qui est d'ailleurs une femme : c'est Colette Blériot ! Elle aussi est une militante infatigable, très présente sur le terrain. Elle est avenant, souriante, elle fait la bise à tout le monde et tient des propos sucrés. Tête de liste de la gauche, ça pourrait marcher !

De plus, mes camarades du Conseil général n'ont d'yeux que pour elle. C'est une redoutable séductrice, qui n'hésite pas parfois à mêler ses votes à ceux de la gauche. Certes, de retour à Saint-Quentin, elle rentre dans le rang, mais à Laon, elle n'est pas toujours sur la même longueur d'onde que Lavrilleux. Elle a un profil centriste, modérée, qui la rend socialo-compatible.

Pourquoi ne pas non plus aller chercher du côté des gens de gauche qui ont rallié Pierre André ? Quand Xavier Bertrand sera devenu le patron, peut-être déchanteront-ils ? Freddy a belle allure, du panache et de l'ambition à revendre. Ne revient-on pas toujours à ses premiers amours ? Aux affaires sociales, il se fait connaître et se construit une crédibilité. Karim Saïdi aussi, dans la lutte contre les discriminations. Je suis sûr qu'il est dans son coeur resté fidèle à la gauche. Ce ne sont que les circonstances qui l'ont amené à s'en écarter. Et puis il y a Bernard Lebrun, le sage, la figure historique du socialisme local : ne pourrait-il pas, le moment venu, prendre la tête d'une gauche qui enfin songerait à gagner ?

Bon, je plaisante, je vous taquine, c'est Sabban qui m'a entraîné sur cette mauvaise pente dans laquelle je me suis laissé aller. Je ne crois à aucune de ces solutions tarabiscotées. Je les ai évoquées pour mieux les conjurer (tout n'est-il pas possible, au sein de la gauche saint-quentinoise ?). Le champion ne pourra venir que de nos rangs. Cherchons-le, dépêchons-nous, les années passent vite, les échéances se rapprochent, nous vieillissons tous et la droite n'en finit pas de rigoler. Moi aussi, aujourd'hui, à travers ce billet, j'ai voulu un peu rigoler. Vous ne m'en voudrez pas, au moins ?


Bonne journée,
amusez-vous bien.

04 novembre 2009

La pensée sauvage.

Bonsoir à toutes et tous.

Claude Lévi-Strauss, qui vient de nous quitter, évoquait dans ses ouvrages "la pensée sauvage". C'est une forme de pensée très primitive, d'essence magique, qui a cependant un sens, une logique bien à elle. Habituellement, nous avons tendance à réduire la pensée à la réflexion, à l'intellect, parce que nous sommes marqués par le rationalisme occidental. Mais la pensée n'est pas que conceptuelle, spéculative, elle peut être "sauvage". C'est même sans doute le mode de pensée le plus répandu à travers l'histoire de l'humanité.

L'une des caractéristiques de la "pensée sauvage", c'est qu'elle a la superstition des mots. Elle croit que la parole est souveraine, effective, agissante. C'est le principe même du rituel magique : abracadabra, je le veux, je le dis, ça se fait. Nous avons depuis hier, par pure coïncidence, un exemple de cette "pensée sauvage", de cette croyance en la toute puissance du langage dans l'actualité politique : c'est lorsque Brice Hortefeux a parlé de "couvre-feu" pour les moins de 13 ans.

Les spécialistes, policiers, magistrats, savent que cette proposition est inadaptée et inapplicable. Le ministre lui même en est peut-être persuadé. D'autre part, son principe est douteux : peut-on ainsi menacer une partie de la population, lui infliger une telle mesure vexatoire, même sous les meilleurs prétextes ? Car ce n'est pas dans les beaux quartiers et les cités paisibles qu'on va imposer ce couvre-feu, c'est dans les banlieues populaires déshérités, là où il n'y a pourtant pas grand-chose à faire le soir !

Certains trouvaient malins de parler de "zones de non droit". Mais là, on va vers des "zones d'hyper loi", qui seront soumises beaucoup plus que d'autres à l'intransigeance de la République. Bien sûr, rien de tout cela ne se fera. Hortefeux a d'ailleurs précisé que ce n'était qu'un sujet de débat (après celui sur l'identité nationale, notre gouvernement aime décidément beaucoup les débats : dommage qu'il n'en organise pas dans sa propre majorité, par exemple sur la réforme des collectivités ou le grand emprunt national !).

Un nouveau débat pour rien alors ? Pas du tout ! Nous ne sommes pas dans une démarche rationnelle mais dans la "pensée sauvage". Le mot magique, après "identité nationale", c'est "couvre-feu", un mot qui impressionne autant que "castration chimique", un mot qui n'est que ça et n'aura pas d'autre usage que faire parler de lui. "Couvre-feu", c'est un terme de guerre. Sarkozy, qui sent l'opinion lui échapper, revient à ses fondamentaux auxquels il doit sa notoriété et sa victoire en 2 007 : guerre aux pauvres, guerre aux immigrés, guerre aux gamins mal élevés. C'est le mot d'ordre bourgeois de son gouvernement et de tous les gouvernements bourgeois, qui a hélas un impact, une résonance dans une bonne partie de la population.

Il ne faut jamais oublier d'où vient et quand a commencé la grande popularité de Nicolas Sarkozy : du moment où il a déclaré la guerre aux banlieues pauvres et immigrés, durant quinze jours de feu et de violence, à l'automne 2 005, sous le regard fasciné des médias nationaux et internationaux. Lorsque Hortefeux brandit à nouveau la menace du couvre-feu, il sait pertinemment qu'il ne le fera pas, que ça ne règle rien. Mais il agite une formule magique, une formule de guerre, dont il sait qu'elle va plaire, exciter dans la population les instincts les plus vengeurs.

Des gamins dans la rue, ça choque nos consciences bourgeoises, et nous n'avons pas complètement tort d'avoir de bourgeoises réactions : un enfant, c'est fait pour rester à la maison. Sauf que depuis que le monde est monde, là où il y a de la pauvreté, pas de boulot, peu d'éducation et de culture, un logement sans attrait, les enfants s'amusent dans la rue. A tort ou à raison, mais c'est l'une de ces "différences" sur lesquelles Claude Lévi-Strauss a travaillé et qui font que les groupes humains n'ont pas tous les mêmes habitudes, les mêmes comportements. Ce n'est pas une raison pour les stigmatiser. Transformer les conditions de vie oui, en apportant ce qui manque, le travail, l'éducation, la culture, mais stigmatiser les populations non. Même à travers les formules imprécatoires de la "pensée sauvage".


Bonne soirée.

Les vérités d'Hollande.

Bonjour à toutes et à tous.

J'ai toujours respecté François Hollande, mais je n'ai jamais été l'un de ses partisans. D'abord parce que sa ligne de pensée ne me semblait pas très originale. Ensuite parce que son réformisme souffrait de beaucoup trop d'accommodements. En revanche, le personnage n'a pas cessé de me séduire : débonnaire, sympa, humain, ce sont des qualités toute simples mais pas si fréquentes que ça chez nos hauts dirigeants.

Aujourd'hui, on se moque d'Hollande, de ses prétentions présidentielles. On a tort, c'est un malin. Quand toutes les solutions sont épuisées en politique, il faut bien se tourner vers celui qui reste et n'a pas encore servi. Celui-là, si les circonstances lui sont favorables, ça pourrait bien être lui, François Hollande.

Mais nous n'en sommes encore pas là. En attendant, Hollande nous a livré, dans Libération du 02 novembre, une réflexion dont je retiens et apprécie trois points :

1- La critique :

"A chaque congrès - Dijon en 2 003, Le Mans 2 005, Reims 2 008 - la ligne réformiste a été largement validée mais constamment contredite par la mauvaise conscience, la suspicion de ceux qui pensent que nous ne sommes pas suffisamment à gauche".

C'est, depuis 20 ans, LE problème du Parti socialiste, la surenchère constante à gauche, le geste parfois moralisateur, le critère d'exclusion qui empêchent toute véritable social-démocratisation du Parti et de son projet. Avec Martine Aubry et la dilution de l'aile gauche, peut-être enfin allons-nous surmonter ce complexe.

2- Le regret.

"J'ai un regret : n'avoir pas pu sanctionner Jean-Luc Mélenchon lorsqu'il a fait campagne en 2 005 pour le non au traité constitutionnel européen alors que le PS avait voté pour le oui".

Là, Hollande a failli. Jamais il n'aurait dû laisser s'organiser, au sein de notre Parti, un contre-Parti, bafouant notre identité européenne, sur laquelle Mitterrand lui-même ne transigeait pas. Il y a ainsi des vecteurs identitaires qui ne sont pas négociables (je pense aussi à notre démarcation d'avec l'extrême gauche et le refus d'alliances politiques avec elle, y compris au niveau municipal).

3- Le danger.

"Le risque c'est de rester trop longtemps dans l'opposition : c'est confortable, complaisant, paresseux. C'est la menace qui pèse sur la gauche, si elle s'installe dans un rôle".

On ne saurait mieux dire. C'est ma hantise pour Saint-Quentin, une gauche contestataire qui se plaît à contester, qui se satisfait de scores électoraux qu'elle juge "bons", qui se contente de la tribune que lui donne le conseil municipal. Confortable, complaisant, paresseux, Hollande a trouvé les mots justes, ceux qui font mal. Et il vaut mieux ça en politique que les mots qui caressent.


Bonne journée.