L'Aisne avec DSK

31 mars 2009

Pour le front réformiste.

Bonjour à toutes et à tous.

Ainsi les syndicats ont décidé une nouvelle mobilisation le 1er mai. C'était attendu et c'est la position la plus sage. Le front réformiste, que va de la CGC jusqu'à SUD, est donc maintenu, et c'est l'essentiel. Depuis la première grande grève de janvier, je me réjouis de cette ligne réformiste, en rupture avec les grands mouvements sociaux précédents, marqués fortement par la radicalité.

Rappelons les grands principes du réformisme syndical et politique:

1- L'appel imprécatoire à la "grève générale" est abandonné. Au lieu de cultiver cet événement mythologique, le mouvement social s'inscrit dans la durée, c'est à dire la réalité.

2- L'unité syndicale est primordiale, la surenchère entre les organisations est rejetée, le compromis est systématiquement recherché.

3- L'action de masse, qui vise à mobiliser plusieurs millions de travailleurs par la grève et la manifestation, est privilégiée, au détriment des coups d'éclat, interventions médiatiques, initiatives folkloriques.

4- Le coeur du réformisme est purement syndical. Les partis politiques peuvent et doivent s'y associer mais ne pas récupérer d'une façon ou d'une autre le mouvement social (respect de la Charte d'Amiens).

5- Les revendications ne sont pas des exutoires, des incantations ou des utopies. Les salariés manifestent leur mécontentement, leur inquiétude, leur indignation, et c'est au politique de prendre ses responsabilités.

6- Le ton est à l'espoir, à la confiance et même à la joie de se retrouver unis, puissants, déterminés pour longtemps. Le réformisme rejette la rage impuissante, la colère désespérée, les réactions violentes. Il sait que la droite est puissante, que le pouvoir est plus puissant que la droite, que les milieux d'argent sont plus puissants que le pouvoir. Dans le désordre, l'impatience et la spontanéité, pas de réformisme possible, pas d'efficacité non plus, mais des salariés floués par des mots d'ordre irresponsables.

Les choses avancent, modestement, insuffisamment, mais elles avancent. Qui eut cru que le gouvernement de droite adopterait une mesure pour limiter les primes exceptionnelles et exceptionnellement élevées des grands patrons? Oh ce n'est pas grand-chose: ça ne touche pas beaucoup de monde, c'est temporaire, Alain Juppé lui même reconnaît qu'il faut aller beaucoup plus loin, c'est vous dire! Mais nous allons dans la bonne direction, c'est ça qui compte. En attendant d'aller un jour plus loin. C'est ça le réformisme.

A Saint-Quentin, mardi dernier, nous étions loin de tout ça. L'ambiance, la fréquentation et le déroulement de l'événement étaient tout sauf réformistes. Mais je ne m'étonne de rien. C'est le contraire qui aurait été surprenant. L'alliance municipale avec l'extrême gauche n'est pas un épiphénomène de l'année 2007. Ses conséquences vont courir pendant longtemps, et marquer en profondeur la gauche locale.

Ne me demandez pas comment nous allons en sortir, je serai incapable de vous répondre. En bon réformiste, je prends les problèmes les uns après les autres, j'évite de généraliser, de tout mélanger. Notre problème, notre prochaine épreuve, ce sera le 1er mai. Chaque année, à Saint-Quentin, c'est la CGT qui donne le la, avec son traditionnel rassemblement devant la Bourse du Travail. FSU et UNSA se joignent au mouvement, FO et la CFDT font bande à part, et je ne parle même pas de la CFTC et de la CGC.

Cette année, dans le prolongement des mobilisations de janvier et mars, il faut marquer le coup, s'organiser autrement, appliquer à Saint-Quentin ce qui se fera partout ailleurs: la reconstitution du front réformiste réunissant, sans exception, toutes les organisations syndicales, sur des mots d'ordre concertés, et bien sûr dans la légalité. Ce n'est pas, je crois, inutile à rappeler.


Bonne matinée.

30 mars 2009

Vive les primaires!

Bonsoir à toutes et à tous.

Arnaud Montebourg a rendu public aujourd'hui un rapport sur les primaires à la française, qui permettrait en 2012 d'associer nos sympathisants et électeurs au choix de notre candidat(e) pour les élections présidentielles. Je suis à fond, et depuis longtemps, pour un tel système, qui va dans le sens d'une plus grande démocratie à l'intérieur du PS. Je suis tellement favorable à ce système que je propose de l'étendre à toutes les élections! Pourquoi en effet le réserver à la présidentielle?

Comment se gagne une élection? En créant une dynamique, qui se se produit pas miraculeusement à quelques semaines du scrutin, durant la campagne officielle. C'est très en amont qu'une tendance se prépare, s'organise et qu'un résultat finalement se joue. Seule une primaire est en capacité de mobiliser notre électorat. Sinon, c'est le champ clos des luttes internes, des conflits d'appareil réglés par des décisions d'appareil. C'est à dire l'échec assuré.

Prenez Saint-Quentin, ce qui s'est passé à gauche lors des dernières municipales, ce qui se reproduira peut-être si on n'y prend pas garde. Avec des primaires, la division, les incompréhensions et les déchirements auraient été largement évités. Un choix impliquant des centaines ou des milliers d'électeurs devient immédiatement légitime, incontesté. Il reflète beaucoup mieux l'état d'esprit et les aspirations de la population. Alors, vive les primaires, et partout!


Bonne soirée.

29 mars 2009

Pas comme ça.

Bonsoir à toutes et à tous.

Corinne Bécourt a posté aujourd'hui sur ma messagerie le clip du PCF de Saint-Quentin sur la manifestation de mardi contre Sarkozy. C'est très bien fait, du bon boulot d'Olivier Tournay, vivant, rythmé, avec la musique qui convient. Je vous recommande sa lecture. Quintinus, blog saint-quentinois généralement pas très tendre avec le PC et l'extrême gauche, l'a carrément mis en direct (ça, techniquement, je ne sais pas faire!). Allez voir à pcfsaintquentin.unblog.fr/

Ceci dit, je ne suis pas d'accord avec l'usage que font nos camarades communistes des événements de mardi, de l'interprétation qu'ils en donnent. J'ai le droit, non? Comme j'ai le droit de dire ce qui progressivement apparaîtra comme une évidence: l'alliance du socialisme réformiste avec l'extrême gauche est politiquement intenable. Ce ne doit être qu'une parenthèse, refermée le plus vite possible, dans l'histoire politique saint-quentinoise. J'ai la certitude que l'avenir me donnera sur ce point raison, pourvu que je reste inflexible dans mon analyse.

Que s'est-il passé mardi? Un très banal débordement de la gauche et des syndicats réformistes par les organisations révolutionnaires, PCF en tête, suivi par toute l'extrême gauche. Le clip d'Olivier le prouve (illustré à la fin par la chanson anarchiste de Renaud, "Hexagone", ça veut tout dire!), tout comme le commentaire de Gérard, de SUD, sur ce blog (commentaire du 26 mars). L'altercation de Jean-Luc Tournay avec des CRS, l'incident entre Olivier et la police, la banderole de Corinne à sa fenêtre, tout cela va dans le même sens: laisser entendre que Saint-Quentin a été plongé pendant quelques heures dans un quasi état de siège, un mini régime policier.

On doit s'opposer à Sarkozy, mais sûrement pas comme ça. Et quand j'entends que les commerçants sont avec nous parce qu'ils gueulent contre les rues barrées et leurs affaires empêchées, je dis qu'on se fout le doigt dans l'oeil, et bien profond. Comme si le petit commerce n'avait pas l'habitude de protester, ce qui ne l'empêchera nullement de voter Sarkozy! Enfin, camarades, un peu de lucidité! Sortez de votre bad trip anti-flic, qui ne fait plaisir qu'à vous mêmes. Croyez-vous sérieusement que c'est ainsi qu'on va battre Sarkozy, André, Bertrand et la droite? Que non! Je crois même exactement le contraire: votre agitation va rapporter un beau paquet de voix à la droite locale.

Mais vous faites ce que vous voulez. J'ai toujours respecté les organisations révolutionnaires, leur courage, leur ténacité, leur idéologie, mais je n'en suis pas et je ne veux pas voir les socialistes associés à ça. Lorsque je lis, sur le blog du PCF, que Corinne Bécourt fait partie de la direction nationale du réseau "Faire vivre et renforcer le PCF", que ce courant condamne explicitement "la ligne réformiste", que même le Front de Gauche avec Mélenchon pour les européennes ne trouve pas grâce à ses yeux, comment voulez-vous que je sois politiquement d'accord, même si humainement j'aime beaucoup Corinne?

Mardi dernier, un rassemblement des syndicats et des partis de gauche avait été légalement programmé. Il s'est transformé en manif sauvage qui n'aurait pas dû avoir lieu, qui n'a débouché sur rien, qui a montré de l'opposition locale des images qui la desservent. Contre la droite oui, contre Sarkozy évidemment, mais pas comme ça.


Bonne soirée.

28 mars 2009

La révolution et la crise.

Bonsoir à toutes et à tous.

La France est en stand-by: d'un côté des syndicats l'arme au pied, massivement soutenus par la population, de l'autre un président qui détient le pouvoir, ne cède rien sur sa politique, est plus impopulaire que jamais. Que va-t-il se passer? Personne ne le sait, mais quelque chose doit se passer. On ne peut pas imaginer qu'après deux journées de mobilisation sociale gigantesque, tout reste en l'état. Aucune démocratie moderne ne peut se satisfaire de ça. En attendant, je vous invite à prendre un peu de recul en vous proposant l'analyse suivante:

Nous avons vécu, ces trente dernières années, une révolution culturelle, que nous devrions plutôt appeler une contre-révolution, puisque ses effets n'ont pas été progressistes. Les années 50-60-70 ont été une période de progrès économique et culturel. A partir des années 80, nous assistons à un renversement de valeurs, qui s'est fait en trois temps:

1- Année 80: avec la montée électorale de l'extrême droite, les immigrés, qui jusqu'alors n'étaient les boucs émissaires que de groupuscules nationalistes, sont montrés du doigt par une partie non négligeable de la population. Ils passent pour voler l'emploi. Première régression.

2- Année 90: c'est le thème de l'insécurité qui s'impose petit à petit. L'ennemi, ce n'est plus seulement l'immigré, mais le délinquant. Autrefois, les "voleurs", c'était les riches. Désormais, ce sont les petits voyous. Deuxième régression.

3- Année 2000: la défaite de Jospin, c'est la victoire d'une opinion qui trouve que les socialistes en font trop pour les pauvres. Chômeurs, rmistes, allocataires en tout genre deviennent les nouveaux coupables. Troisième régression.

Ainsi, en trente ans, l'électorat de gauche a fait basculer progressivement l'idéologie qui était la sienne: au lieu de désigner les riches, les puissants comme responsables de la crise, il a vilipendé d'abord les immigrés, ensuite les délinquants, enfin les pauvres. L'élection de Sarkozy est l'aboutissement logique de cette longue séquence historique. Cet homme de la droite la plus classique, sans génie personnel ni charme particulier, largement incompétent dans bien des domaines, a réveillé dans le peuple de gauche la peur de l'autre, l'obsession du voyou et la méfiance envers le pauvre (qui sont dans l'électorat conservateur des réflexes traditionnels).

En revanche, il a réhabilité le riche, le puissant, l'a exonéré de toute responsabilité, l'a même posé en victime (le "bouclier fiscal" pour le protéger!). Chez ce vieux peuple catholique, où droite et gauche confondues se méfiaient de l'argent, Sarkozy aura réussi à faire aimer le fric au prétexte du travail ("Travailler plus pour gagner plus"). Aucun homme de droite avant lui aurait osé cela, De Gaulle aurait détesté. Voilà la révolution culturelle qui a littéralement retourné notre pays ces trente dernières années, et profondément déstabilisé l'électorat de gauche.

Mais après la révolution vient aujourd'hui la crise: les valeurs qui ont permis le triomphe de Sarkozy sont remises en question avec la faillite du capitalisme financier. Qu'est-ce qui scandalise désormais un Français moyen et un électeur de gauche? Non pas l'immigré qui va chercher ses allocs à la CAF, non pas le voyou qui pique une mobylette, non pas le chômeur qui traîne chez lui parce qu'il n'y a pas de boulot. Non, désormais, ce qui choque, ce sont ces hautes rémunérations, ces salaires pharamineux, ces indemnités injustifiées, ces revenus inimaginables et tous ces mots étranges, bizarres, inhabituels, dont on pressent qu'ils ne sont que la face visible de tout un système contestable: stock option, bonus, "parachute doré".

Enfin, un cycle se termine, un nouveau commence. Tous les trente ans, nous connaissons cela. C'est à peu près le temps d'une génération. Cette France en stand-by attend de la gauche qu'elle apporte des réponses, qu'un président décalé et désavoué par les faits ne peut plus lui fournir. Le chemin est encore long, incertain, la victoire n'est pas acquise, mais la direction est prise.


Bonne soirée.

27 mars 2009

Orelsan le scandaleux.

Bonsoir à toutes et à tous.

Une polémique a couru toute la journée, une ministre s'en est émue: c'est à propos d'une chanson de quelqu'un que je ne connais pas, Orelsan, un rappeur. Il faut dire que mes goûts musicaux se sont figés en l'année 1975, Sardou et Le Forestier (j'exagère bien sûr!). Cet Orelsan, c'est un p'tit gars bien de cheu nous, pas du tout comme on se représente un rappeur de banlieue. Est-ce aussi pour cela qu'il a choqué? Car le môme a fait paraît-il une grosse connerie, une vidéo sur le net qui a été énormément visitée et qui, selon les autorités, porte gravement atteinte à l'image de la femme, incite même à la discrimination.

Grave accusation, qui ne me fait pas rire. Moi non plus, je ne plaisante pas avec ça. J'ai donc voulu voir, j'ai fait comme tout le monde, j'ai pianoté sur Google, vu le clip, lu le texte. C'est en effet hyper violent, un mélange de pornographie et d'horreur, mêlant meurtre, viol, infanticide, torture. Dis comme ça, perçu ainsi, vous ne pouvez, comme moi, que condamner, vous indigner. Et pourtant, sincèrement, je ne suis pas allé jusque là (à tort peut-être). Mais pourquoi, moi qui suis extrêmement vigilant en matière de discrimination de toute espèce, ne suis-je pas à mon tour scandalisé? Plusieurs raisons à ma réaction mitigée:

1- Je ne pige rien au rap, ce n'est pas ma génération, mais j'ai apprécié la chanson. Il y a du talent, des qualités. Je n'ai pas perçu ça comme une provocation gratuite, une volonté de blesser.

2- Je suis pour la liberté des créateurs, dans les limites permises par la loi, qui ne me semblent pas ici avoir été outrepassées.

3- Je connais la force des mots, mais aussi la distance qu'ils introduisent d'avec la réalité. Ce qui est écrit n'est pas fait ni voulu. On peut même penser que l'écrit dissuade de passer à l'acte.

4- Il y a toute une littérature de l'horrible, de l'innommable, de la transgression. Si on censure Orelsan, il faut interdire Sade.

5- J'ai lu de près le texte incriminé. Ce n'est pas LA femme en général qui subit les pires outrages, mais UNE femme, celle que l'auteur nous présente comme infidèle. Nous sommes dans une très classique tragédie de l'amour, où celui, celle qui nous quitte provoque en l'autre la haine absolue, une folle rage, la passion destructrice. Les Grecs anciens aussi se racontaient des histoire abominables.

6- J'ai vu de près le clip. L'image nous montre explicitement un jeune homme sous l'emprise de l'alcool, en train de déverser ses phantasmes de tortionnaire vengeur sur sa messagerie électronique. Nous sommes donc bien dans l'univers de l'imaginaire, excité par l'alcool, libéré par l'écrit, et nullement dans la réalité de la barbarie prescrite.

7- Orelsan est le fils de son époque: termes crus, violence verbale, horreur et pornographie. C'est une partie du cinéma et même de la télévision d'aujourd'hui. Arrêtons donc l'hypocrisie sociale qui consiste à se scandaliser de ce que nous avons sans doute involontairement engendré.

8- Vous me direz peut-être, en ultime argument, que c'est un bien mauvais exemple pour notre jeunesse, que les esprits faibles vont dangereusement subir cette influence. Mais pourquoi préjuger ainsi des jeunes? Croyez-vous qu'ils soient moins capables que les adultes de faire la part des choses, de distinguer le réel et la fiction? Vous auriez tort, chaque époque voit les anciennes générations tomber dans ce travers.


Bonne soirée.

DSK formidable.

Bonjour à toutes et à tous.

Belle émission hier sur France 2, "A vous de juger", avec DSK. Je n'ai pas été déçu de la confiance que je lui accorde depuis des années, et l'intuition que j'ai qu'il pourrait être, si les circonstances le permettent, notre prochain président de la République. De sa prestation, j'ai retenu trois choses:

1- La rationalité. Face à une crise financière qui nous échappe largement, qu'on comprend difficilement, Strauss s'est fait excellent pédagogue. Avec lui, tout devient lumineux, et presque rassurant, puisqu'enfin on comprend ce qui se passe. C'est une rupture avec le sarkozysme, qui est profondément émotif, réactif, surjoué, tragique (et bien souvent tragi-comique). Strauss-Kahn, je l'ai toujours perçu comme un homme de la raison, si nous étions au XVIIIème siècle je dirais un homme des Lumières. Il n'y a aucun pathos dans son discours, dégraissé aussi de toute démagogie. C'est ce qui fait que je suis depuis longtemps un de ses partisans. La gauche vire facilement dans le lyrisme, le misérabilisme. Pas lui.

2- L'optimisme. C'est aussi une vertu, trop souvent oubliée, des Lumières et du progressisme, croire que demain sera meilleur qu'aujourd'hui, que l'espoir est la condition de la lutte. Une certaine gauche verse dans le pessimisme absolu, on a l'impression avec elle que tout va mal et que ça ira de pire en pire. Non, ce n'est pas comme ça que je vois la vraie gauche. Cette crise financière que nous traversons est terrible, tout le monde en convient, mais DSK nous explique, de façon argumentée, qu'on va en sortir, à moyen terme, pourvu qu'on applique les bonnes solutions. Il redonne espoir, et c'est extrêmement rare. Écoutez bien les discours de la droite et du patronat sur la crise: ils invitent généralement au pessimisme, sinon à la résignation. Ils colportent l'idée que la crise va être longue, qu'il va falloir consentir à des sacrifices... DSK nous rappelle ce principe de gauche: rien n'est jamais fatal, les hommes sont maîtres de leur destin.

3- Le socialisme. Strauss n'était pas hier à la télévision en tant que responsable politique socialiste, mais en tant que directeur du FMI. Il a néanmoins réaffirmé, ce qui est d'autant plus remarquable, les valeurs et l'engagement qui sont les siens: le socialisme, la solidarité. Face à Aznar, ancien Premier ministre de la droite espagnole, qui prône encore plus de dérégulation et de libéralisation, la différence était saisissante. Non, le FMI n'est pas l'instrument de torture des peuples, comme l'affirme l'extrême gauche, mais c'est bel et bien un outil pour sortir les plus pauvres de leur marasme. La crise financière, c'est la défaite de l'ultra-libéralisme, c'est la victoire idéologique de la social-démocratie. Qu'un directeur du FMI le dise aussi ouvertement, c'est que quelque chose a changé sur cette planète, et en très positif.


Bonne matinée.

26 mars 2009

Vérité sur une manif.

Bonsoir à toutes et à tous.

La presse locale est encore pleine des incidents qui ont accompagné le meeting de Nicolas Sarkozy mardi soir à Saint-Quentin. On en viendrait presque à oublier ce qu'il a dit ou plutôt ce qu'il n'a pas dit. L'Union d'hier y consacrait une page entière, nombreuses photos à l'appui. Je me suis livré à une petite enquête, j'aimerais rétablir la vérité.

Car que laissent croire les images? Que les opposants à Sarkozy se sont livrés à des actes de violence gratuite dans les rues de Saint-Quentin, alors qu'il n'en est évidemment rien. J'imagine aisément l'utilisation que la droite pourrait faire de ce désordre et les voix qu'il pourrait éventuellement en coûter à la gauche lors des prochaines échéances locales. La vérité, la voici:

1- Les syndicats et partis de gauche avaient appelé à un rassemblement devant la Bourse du Travail, place du Marché, à 17h00, et pas à une manifestation dans les rues du centre ville. Celle-ci était donc à l'initiative d'éléments incontrôlés.

2- Lors de ce rassemblement légal, plusieurs personnes ont repéré des individus étrangers aux formations de gauche et organisations syndicales, venus uniquement pour en découdre avec la police et semer la confusion. Plusieurs d'entre eux tournaient autour de packs de bière déposés sur le bitume. Ils s'en sont notamment pris à des grilles qui ne gênaient personne et que ne gardait aucun policier.

3- Au moment où le représentant de la CGT s'est exprimé, des huées et sifflets se sont faits entendre. Il a dû justifier son intervention. Cet incident veut tout dire des motivations inspirant certaines personnes présentes, marginaux notoires, envoyés par on ne sait qui pour provoquer on ne sait quoi mais rien de bien, à l'évidence.

4- Quand cette manifestation sauvage s'est mise en branle, les syndicalistes, les militants politiques et les élus s'étaient dispersés et ne sont donc pas responsables des débordements qui ont suivi.

5- Il n'est pas impossible que dans l'excitation ambiante certains militants de gauche se soient retrouvés au milieu de cette manifestation improvisée (les photos publiées dans la presse semblent l'attester). Mais en aucun cas cette présence n'engage les organisations politiques, qui là encore n'en portent aucune responsabilité.

6- Il était évident dès le départ que les manifestants ne pourraient pas approcher du lieu du meeting. D'ailleurs le fallait-il? C'est pourquoi les syndicats et la gauche ont fait le choix raisonnable d'un rassemblement devant la Bourse du Travail. Il est donc tout aussi évident que la volonté de se rendre vers le Palais des Sports était une pure et simple provocation, en vue de faire réagir la police, qui d'ailleurs n'a pas tardé.

Ce type de provocation est vieux comme le mouvement ouvrier, il a pour but de le discréditer, presque de le criminaliser, l'Histoire le prouve amplement. L'opposition politique et républicaine à Nicolas Sarkozy ne doit pas entrer dans ce jeu délétère qui n'est en réalité qu'un piège. Chassons donc de nos têtes et surtout de celles des Saint-Quentinois ces images de violence, dont l'impact ne saurait être que désastreux pour la gauche, ne retenons qu'une opposition responsable, regroupée pacifiquement autour de ses élus et de ses syndicats.


Bonne soirée.

Strauss le recours.

Bonjour à toutes et à tous.

Connaissez-vous la dernière rumeur dans le milieu socialiste? Le PS serait "strauss-kahnisé". Non, je ne plaisante pas. Le Journal du Dimanche de ce week-end a même osé titrer: "Strauss-Kahn, le patron caché". Pas du FMI, mais du PS! Tout ça pour quoi? Parce que les deux plus fidèles lieutenants de DSK, mes camarades Cambadélis et le moins connu mais non moins influent Borgel, tiennent des postes-clés au sommet de l'appareil, l'un chargé de l'international et directeur de la campagne européenne, l'autre aux fédérations et élections, tous les deux fins tacticiens et excellents connaisseurs du Parti.

Le JDD en conclut que les strauss-kahniens ont investi la direction pour préparer le retour de DSK: "On croit le parti aubryste? Il est, de fait et de doctrine, à Camba. Donc, potentiellement, à un autre: Dominique Strauss-Kahn". L'article fait même un parallèle avec le lambertisme, dont sont issus de nombreux strauss-kahniens. Même stratégie: occuper mine de rien des positions de pouvoir et attendre son heure, 2012 et DSK.

Charlie Hebdo va dans le même sens, sous la plume d'Anne-Sophie Mercier: "Dominique, d'autant plus désiré qu'il n'est jamais là, qu'il apparaît ici et là en coup de vent, entre deux avions, deux rendez -vous d'importance planétaire, deux jet-lags. Dominique qui tutoie les plus grands, Dominique qui chevauche la crise, Dominique qui peut être voudra bien revenir. On dit qu'il fait rêver".

Alain Duhamel, ce matin sur RTL, certes plus réservé et réaliste, confirmait qu'au G20 de Londres, DSK pourrait prendre du galon, se voir investi d'une fonction planétaire de lutte contre la crise, ce qui ferait de lui un recours pour la gauche en 2012.

Ce n'est pas parce qu'on est strauss-kahnien qu'il faut avaliser tous ces jugements plutôt sympas envers Strauss. En vérité, ils sont exagérés, ce sont des raccourcis. Bien sûr, les strauss-kahniens sont à l'origine du mouvement des Reconstructeurs qui a abouti à la candidature Aubry. Bien sûr certains de leurs thèmes influencent aujourd'hui la ligne du Parti. Bien sûr leur espoir de voir DSK jouer un rôle majeur dans l'avenir de la France est intact. Mais tout ça, on le sait déjà, depuis longtemps, il n'y a pas de secret.

La force de Strauss-Kahn, c'est d'avoir compris que les courants n'avaient plus rien de décisif au Parti socialiste (regardez Aubry, elle est devenue la patronne alors qu'elle ne disposait pas de courant). Strauss est passé de l'analyse aux travaux pratiques: il a sabordé son propre courant! Ce qui ne signifie pas que les strauss-kahniens n'existent plus. Au contraire, ils sont beaucoup plus présents qu'avant au sein du Parti.

Non, son intuition, c'est que tout courant est voué à la marginalisation et à l'impuissance. Les strauss-kahniens entre eux ne pèsent pas lourds, disséminés dans le Parti ils redeviennent influents. L'idée, c'est que ce sont les convictions qui comptent, qui entraînent la ligne politique, pas les additions bâtardes de rapports de forces incertains. C'est pourquoi, dans l'Aisne et à Saint-Quentin, je me suis toujours interdit de constituer un "courant strauss-kahnien", c'est à dire un ghetto qui n'aurait servi tout au plus qu'à grappiller quelques malheureux sièges ici ou là à l'issue de négociations de misère. L'ambition d'un strauss-kahnien, à quelque niveau que ce soit, ce n'est pas des places, c'est la victoire.

L'avenir n'est pas aux courants mais aux réseaux. Les uns ont un fonctionnement vertical, fermé, parfois sectaire, les autres ont un fonctionnement horizontal, ouvert. Ségolène a bien compris, elle aussi, que le réseau était plus important que le courant. Elle l'a démontré de façon spectaculaire, en s'imposant au PS sans l'aide d'aucun courant. Dans l'Aisne, le réseau Strauss-Kahn, modeste, est depuis quelques années en place, dans l'attente de la situation qui lui permettra de s'imposer.

Au niveau national, Strauss est à Paris pour deux jours, il rencontre beaucoup et sera ce soir sur France 2, à 20h35, dans l'émission "A vous de juger", un titre qui n'aura jamais été aussi pertinent. A ne pas manquer. DSK le retour? Non, ses amis et lui n'ont jamais été absents. Mais le recours, oui, si la situation le permet. Car la politique répond tout entière à une logique de situation, et non pas à une logique de causalité. La victoire (ou la défaite) sont produits par l'événement, l'environnement. Il n'y a pas de conditions en politique mais des circonstances, il n'y a pas de causes qui engendrent mécaniquement des effets mais des effets qui font les causes. Quand on sait ça, on devient invulnérable, on ne meurt politiquement jamais. Strauss le sait. Moi aussi.


Bonne journée.

25 mars 2009

La puissance et le désespoir.

Bonjour à toutes et à tous.


Sarkozy ne bougera plus, ne cédera rien, c'est maintenant certain, après son meeting de Saint-Quentin. Quand une souris est poursuivie par un gros chat, on dit qu'elle fait la morte, pour que le matou s'en désintéresse et parte. Le gros chat, ce sont les syndicats, confrontés à un difficile problème: que faire de leurs victoires de janvier et mars? Ils sont plus unis, plus mobilisés, plus populaires que jamais, mais le Pouvoir ne veut rien entendre. C'est ce qu'on appelle une impasse. Comment en sortir?


Je ne sais évidemment pas ce que les syndicats décideront à la fin du mois. La grève à répétition n'est pas une solution. Il y a bien sûr le traditionnel rendez-vous du Premier Mai. Mais est-ce suffisant? Nicolas Sarkozy prend une lourde responsabilité en fermant la porte des négociations, en s'accrochant à sa politique. Le risque, c'est celui de la radicalisation, auquel nous avons heureusement échappé jusqu'à maintenant, à la différence du mouvement de 2003, qui n'avait débouché sur rien.


Je n'étais pas hier à la manif de Saint-Quentin, je n'ai donc que des témoignages indirects, que les lecteurs présents pourront éventuellement compléter ou corriger. Ce n'était pas la foule des grands jours, m'a-t-on dit, la riposte n'a pas été à la hauteur de nos espoirs. Mais ce n'est pas trop ça qui me gêne: on ne peut pas reproduire la mobilisation de jeudi dernier tous les jours! L'important, c'est d'être présent, d'exprimer ses convictions, de faire son devoir de citoyen, peu importe le nombre. "Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là", disait fièrement Victor Hugo.


Non, ce qui me gêne, c'est autre chose, un climat tendu, un ambiance lourde, une agressivité palpable, une forme de désespérance. C'est bien sûr très subjectif, mais deux ou trois personnes m'ont confié leur impression de malaise. Directement cette fois, dans les heures qui ont précédé, les conversations portaient souvent non sur Sarkozy lui-même mais sur la présence policière, mal ressentie par une partie de la population. Pourtant, il est de tradition que la venue d'un chef de l'Etat occasionne le déploiement d'un dispositif de sécurité très important. L'a t-il été hier plus que de coutume? Je ne sais pas, mais je sais que sa perception a été négative.


Dans une situation de grave crise financière, où l'emploi est attaqué, le pouvoir d'achat dégradé, l'avenir incertain, le pire est à redouter. D'autant que le Pouvoir a décidé de ne pas répondre aux inquiétudes. De Sarkozy, on ne retient plus que sa puissance, qui se traduit par l'étalage de la force armée, qui fatalement enrage, car on a le sentiment qu'on y peut rien. Je crains que tout cela se termine mal, je ne le souhaite vraiment pas, nous aurions tous à y perdre. En tout cas, le mouvement social doit être déterminé, intelligent et plein d'espoir. Il n'est pas soluble dans la haine, la castagne et la bière. L'antisarkozysme aurait tout à perdre dans un bad trip.




Bonne matinée.

24 mars 2009

24 mars: rien.

De retour à l'instant à Saint-Quentin, je constate que la ville est redevenue calme. Il y a quelques heures, on trouvait des policiers un peu partout, même très loin du lieu de meeting de Nicolas Sarkozy. Sur la route, j'ai croisé des cars entiers bourrés de militants UMP des départements voisins.

Qu'a dit le président? Rien! Je veux dire: rien de nouveau, pas de mesures, pas même une seule, qui répondent aux angoisses des Français, à ces millions de manifestants et grévistes de jeudi, lui qui rêvait d'une France où les conflits sociaux auraient disparu. Les gens sont mécontents? Je continue, voilà le message présidentiel.

Avec un joli paquet cadeau cependant: des trémolos sur la moralisation du capitalisme. Quelle blague! Les entreprises licencient à tour de bras et Sarkozy vient nous parler de la morale du capitalisme! Il n'a trouvé que ça pour donner du souffle à son discours. Faible brise.

Reste maintenant une question: on va où, on fait quoi? L'opinion publique soutient massivement le mouvement social, certains députés UMP s'interrogent. Qui vivra verra. En attendant, luttons.


Bonne nuit.

La Bastille fiscale.

Billet dédié à Nicolas Sarkozy,
en visite aujourd'hui à Saint-Quentin.

S'il y avait une raison, une seule, d'exprimer sa colère contre la politique de Nicolas Sarkozy, ce serait bien sur le scandale du "bouclier fiscal" (quelle expression!). La droite elle-même s'en émeut, comprend que le gouvernement, là-dessus, est allé beaucoup trop loin. C'est la crise financière qui a fait prendre conscience de cette énorme injustice.

Le "bouclier fiscal", c'est quoi? Arrivé à 50% de prélèvements sur votre revenu, on ne vous prend rien de plus. Vous pouvez gagner plus, beaucoup plus, vous ne payez pas plus d'impôts, proportionnellement. Voilà le principe inique du "bouclier fiscal". Pourquoi inique? Parce qu'il porte atteinte à un autre principe, républicain celui-là: la progressivité de l'impôt. Principe d'ailleurs de bon sens et de justice élémentaire: plus vous gagnez, plus vous payez.

Les défenseurs de cet étrange "bouclier" disent qu'ils profitent aux gros propriétaires qui ont de petits revenus. Si vous en trouvez de cette espèce, faites-moi signe. Oui, je sais que ça existe, mais c'est fort rare. Et puis, vous avez aussi ceux qui baissent artificiellement leurs revenus en investissant dans les "niches fiscales". C'est bizarre, depuis que je suis gamin, j'ai toujours eu du mal à pleurer sur le sort des riches.

Les partisans du "bouclier" vous expliquent que la mesure incite les riches à rester et à investir en France. Belle rigolade: quand un riche veut mettre son argent à l'étranger, il le fait, avec ou sans "bouclier". Et quand bien même celui-ci le dissuaderait, quelle garantie avons-nous que son argent ira dans l'investissement productif? Aucune.

Autour du "bouclier", il y a bien sûr ce qu'on appelle communément une "bataille de chiffres". Ce qui n'est pas pour m'étonner: les chiffres conduisent inévitablement à des batailles de chiffres et de chiffonniers. On les croit objectifs, mathématiques, on oublie leur origine: sous l'Antiquité, les chiffres servaient à la magie, à la mystique, pas à la rationalité. Il en va de même aujourd'hui.

Reportez-vous au site d'Arrêts sur Image et son excellent dossier sur le chiffrage du "bouclier fiscal", qui résume en une phrase, tirée des Echos du 18 mars, la problématique: "Le quart des contribuables les plus aisés ont absorbé, en 2008, 89% des remboursements du bouclier fiscal, mais ils continuent de payer 616 millions d'euros d'impôts. Les 60% les plus pauvres perçoivent 1% des restitutions". La messe est dite, rien de plus à ajouter.

Ah si quand même: le scandale absolu, présenté autrement, ce sont ces chèques de 33 000 euros en moyenne qu'on remet à ces très riches contribuables parce qu'ils ont payé trop d'impôts! Vous imaginez un peu! Dans quelle société vivons-nous pour en arriver à ça? N'est-il pas évident que nous marchons sur la tête, et que c'est la meilleure façon de se casser la figure?

La droite répondra: ces chèques, ça représente peu de monde, alors n'en faites pas tout un foin! Trop tard: le foin prend feu! Ce que Nicolas Sarkozy ignore, depuis le début de son mandat, c'est que la politique a aussi une fonction symbolique. Même si le "bouclier fiscal" concerne peu de gens, même si sa suppression ne réglerait pas les problèmes d'emploi et de pouvoir d'achat, son existence même est un symbole d'injustice, insupportable en temps de crise.

En 1789, quand la foule a pris d'assaut la Bastille, cette prison était quasiment vide. Il n'empêche que cette forteresse haut élevée, sombre, en plein coeur de Paris, était devenue le symbole de l'absolutisme royal, comme le "bouclier" est aujourd'hui le symbole de l'injustice fiscale.

Ce soir, à 19h00, au Palais des Sports de Saint-Quentin, le président de la République prendra peut-être la mesure de cette injustice et annoncera, dans cette ville ouvrière durement touchée par la crise, la fin du "bouclier fiscal", comme le suggèrent quelques-uns de ses amis. Je n'y crois pas trop, mais l'espoir fait vivre, y compris en politique.


Bonne matinée.


PS: les socialistes sont invités par la Section de Saint-Quentin et la Fédération de l'Aisne à se retrouver à 16h45, devant la permanence d'Anne Ferreira, 16 rue de la Comédie.

23 mars 2009

The day before.

Bonjour à toutes et à tous.

Nicolas Sarkozy sera donc demain à Saint-Quentin. La ville en parle, la France en parle, le monde ça je ne sais pas encore. Mais comme il se dit qu'un discours "de portée nationale" pourrait bien résonner dans le Palais des Sports, le nom de Saint-Quentin passe en boucle sur les radios.

A écouter les uns et les autres, le sujet de préoccupation n°1 n'est pas tant le message que va délivrer le président de la République (après les grandes manifs de jeudi dernier, il a répondu qu'il ne lâcherait plus rien) que les embouteillages et désagréments divers que va occasionner la prestigieuse visite. Certains décrivent une ville paralysée toute la journée, d'autres insistent sur le quadrillage policier.

Je trouve toujours bizarre la passion qu'on peut mettre à s'intéresser à ces questions d'organisation, très secondaires, et assumées par des spécialistes qui ont l'habitude de ces déplacements et de leur gestion certes délicates. De là a en faire tout un plat, non. C'est paradoxalement donner de l'importance à un événement qui n'en a peut-être pas tant que ça.

Il y a même d'étranges psychoses qui se développent. Dans mon lycée, quelques collègues pensaient que les conseils de classe de demain avaient été supprimés, à cause de l'auguste venue. Jadis, les rois thaumaturges prétendaient guérir les écrouelles. Aujourd'hui, l'hyperactif Sarkozy excite les esprits. Reprenons notre calme.

Dans la presse locale, je suis surpris, là aussi, de lire des propos de "fonctionnaires anonymes" (pléonasme?) qui craignent pour leur grade (c'est le cas de le dire!) en prévision du moindre incident. C'est le syndrome Saint-Lô: je n'aimerais pas être préfet, chef de la police ou chef de n'importe quoi à Saint-Quentin et dans l'Aisne dans les heures qui viennent.

Saint-Quentin bruisse d'un jeu nouveau, le "Kikiva", qui se déroule en deux temps, deux questions: qui a été invité à la réunion présidentielle au Palais des Sports? Qui va aller à la réunion présidentielle au Palais des Sports? Au "Kikiva", il y a ceux qui ont reçu le prestigieux carton, qui rosissent d'avoir été ainsi sélectionnés par les dieux ou demi-dieux de l'Elysée et qui font un peu la nique au tout venant qui n'a rien reçu du tout. Certains mesurent leur importance à un bout de papier même pas glacé. Je l'ai reçu, je ne rosis pas et fais la nique à personne.

"Kikiva", et toi? Moi, je ne serai pas à Saint-Quentin à cette heure-là, pour une obligation quasi professionnelle. Mais je n'y serais pas allé. Une visite protocolaire du chef de l'Etat, oui, pas de problème, je suis républicain, je respecte celui que le peuple a désigné à la tête de la République pour cinq ans. Mais là, il ne s'agit pas de ça, plutôt d'un meeting politique, si je comprends bien. Du moins y a t-il ambiguïté, mélange des genres. D'autant que la présence est sur invitation, certes très large. Mais rien à voir avec une rencontre ouverte à la population, tel De Gaulle en 1964 faisant un discours place de l'Hôtel de Ville.

Bref, je serais plutôt allé manifester, place du Marché, à 17h00, au côté des syndicalistes et des salariés. Non pas pour protester contre la venue du chef de l'Etat: je vous l'ai dit, je suis républicain, je respecte les institutions et celui qui est à leur sommet. Mais je respecte tellement ces institutions que j'use de mon droit de citoyen dans toute démocratie: manifester quand on a quelque chose à dire. Or je crois qu'avec cette crise financière qui s'abat sur nous sans que nous y soyons pour quelque chose il y a beaucoup à revendiquer, surtout devant un chef d'Etat qui ne veut rien lâcher.


Bon après-midi.

Dernier hommage.

Nous rendrons un dernier hommage à notre camarade Pierre Arnould, dont les obsèques auront lieu samedi prochain, à 10h00, église Saint-Jean, à Saint-Quentin.

22 mars 2009

Le cimetière des éléphants.

Bonjour à toutes et à tous.

Le PS a validé hier, lors d'une Convention nationale, toutes ses listes européennes, y compris celle du Grand Centre, remaniée. 288 délégués, 5 abstentions seulement, c'est net et sans bavure: le Parti est uni, la campagne est lancée! Il faut rappeler les 7 règles qui ont présidé à la constitution de ces listes, parce que c'est un début très fort de rénovation et un modèle de méthode:

1- Pas de cumul incompatible avec le mandat de député européen: aucun candidat ne détient une fonction exécutive locale.

2- Chaque s'engage s'engage à accomplir son mandat jusqu'au bout (pas d'abandon de siège pour briguer un mandat national).

3- Le renouvellement des candidats: sur 30 éligibles, il y a 15 sortants et 15 nouveaux.

4- Les candidats de la "diversité": 4 éligibles.

5- La féminisation: 3 femmes sont têtes de liste.

6- Chaque sensibilité politique a trouvé sa place au prorata de ce qu'elle représente.

7- 2 candidats seulement sur 140 ont dû changer de région.

Les remous provoqués par l'application de ces critères prouvent que le vieux parti des notables, des barons fédéraux et féodaux n'est pas mort mais se meurt. C'est ce que Martine Aubry a appelé "le cimetière des éléphants". Paix à leur âme, si ces grosses bêtes en ont une!

Dans son discours de lancement de campagne, Martine a cadré notre ligne politique, qui elle aussi avait bien besoin d'une autorité renouvelée. Deux précisions ont retenu mon attention:

a- Pas de risettes à Bayrou et pas de course après Besancenot: soyons nous-mêmes, socialistes, un point c'est tout.

b- Militons pour le "juste échange", oui, mais refusons le protectionnisme.

Un Parti rassemblé, des pratiques rénovées, une ligne politique clarifiée, voilà où nous sommes arrivés, voilà vers quoi il faut continuer d'aller. La prochaine grande étape de la rénovation a été confiée à Arnaud Montebourg, et c'est une idée à laquelle je tiens beaucoup: l'instauration d'un système de primaires à la française pour désigner notre candidat à la présidentielle, que j'aimerais voir élargi au choix de n'importe quel candidat pour n'importe quelle élection.


Bon dimanche.

21 mars 2009

Histoires de petits sous.

Bonjour à toutes et tous.

Après la puissante mobilisation de jeudi, beaucoup plus forte qu'en janvier, c'est l'attente: les syndicats verront à la fin du mois comment poursuivre le mouvement, le Président de la République s'exprimera probablement mardi prochain à Saint-Quentin. Incontestablement, le camp du progrès a repris la main, mais c'est la droite qui est au pouvoir. De plus, la renaissance syndicale ne signifie pas nécessairement renaissance politique: le Parti socialiste, qui a entamé avec Martine Aubry son travail de reconstruction, a encore beaucoup d'efforts à faire avant d'apparaître, aux yeux des Français, comme une force crédible.

Car si Nicolas Sarkozy est contesté, la gauche n'est pas plébiscitée. La mesure de nos difficultés, je la sens autour de moi, dans des conversations banales qui en disent souvent plus long que de longues analyses. Un exemple: je discutais il y a peu avec une personne de gauche, d'un milieu modeste, ouvrier, et je lui expliquais, pour démontrer l'injustice de la politique Sarkozy, que l'héritage n'était désormais plus frappé par l'impôt, sauf pour les très, très riches, que cette suppression des droits de succession était à la source d'une des plus terribles inégalités, celle de la naissance, contraire d'ailleurs à la "valeur travail", à la notion de mérite que défend Sarkozy.

Que croyez-vous que m'a répondu la personne? Elle s'est souvenue qu'il y a 20 ans, elle avait hérité de ses parents 100 000 francs, accumulés au terme d'une vie d'économies. Et ce qui lui restait en mémoire, c'est que sur cette somme, elle avait payé 3 000 francs de droits de succession, qu'elle aurait préféré gardé dans sa poche. Alors, la mesure de Sarkozy, oui, c'est pour elle une bonne chose...

Que dire à ça? Que 3 000 francs sur 100 000 francs, c'est 3%, que ce n'est pas énorme? Qu'il est juste que l'héritage soit taxé en proportion de ce qu'on hérite? Qu'il est normal que les gros héritages (100 000 francs, comparativement, ce n'est pas grand-chose) paye gros? Que laisser croire qu'on soulage les petits revient en réalité à soulager les puissants? C'est ce que j'ai expliqué, mais je ne suis pas sûr que ça a marché. Pourquoi?

Parce que Sarkozy a cultivé l'individualisme qui est dans l'air du temps. Ce que retient la dame, c'est qu'elle, individuellement, avec ses 3 000 francs conservés, y aurait gagné. Mais elle oublie que d'autres, aisés, y auraient encore plus gagné. Elle oublie aussi que l'Etat y aurait perdu, que les services publics dont elle a beaucoup plus besoin que les riches auraient été moins financés. Dans la société sarkozienne, c'est l'individu qui l'emporte, au détriment de la solidarité. Obsédés par le "concret", nous ne voyons plus le global.

Un autre exemple me vient à l'esprit, une lecture cette fois, l'article de Graziella Basile dans L'Union de jeudi, consacré à "la crise vue par une famille d'ouvriers": lui a travaillé dans la sous-traitance automobile (950 euros de salaire) et se retrouve aujourd'hui au chômage, elle est employée à temps partiel dans une maison de retraite (500 euros de salaire). Ils ont un enfant à charge et vivent dans le logement d'un des parents. De Sarkozy, que retiennent-ils? Qu'il n'a pas tenu ses promesses!

Mais quelles promesses? Le bouclier fiscal, la suppression des droits de succession, la revalorisation des heures supplémentaires, la diminution massive des postes dans la Fonction Publique? Tout cela, parmi les mesures les plus injustes de Sarkozy, il a promis, il a tenu! Non, ce que j'aurais souhaité, c'est un Sarkozy infidèle à sa parole, un Sarkozy n'appliquant pas une politique de droite (on peut toujours rêver...).

La fin de l'article est terrible: "Quant à descendre dans la rue pour manifester, ils n'y ont même pas pensé. "On ne croit pas que ça va changer les choses", lâchent-ils". Oui, c'est terrible de voir une famille ouvrière se faire ainsi des illusions sur les prétendues "promesses" de Sarkozy (peut-être ont-ils voté pour lui?), terrible de voir que la manifestation, qui est l'un des rares moyens d'expression et de revendication de la classe ouvrière, soit à ce point déconsidérée.

Bref, il nous reste à nous, socialistes, beaucoup d'efforts à faire pour redonner le moral aux milieux populaires, pour reconquérir leur confiance, pour les détourner du mirage individualiste néo-libéral.


Bonne matinée.

20 mars 2009

Pierre Arnould.

Bonsoir à toutes et à tous.

C'est son gendre, que je connaissais bien, qui m'a prévenu dans la journée: Pierre Arnould est décédé. Il était très âgé, mais c'est toujours un choc d'apprendre une disparition. J'ai à vous raconter, à propos de Pierre, figure historique du Parti socialiste saint-quentinois, ce qui est plus qu'une anecdote, pour moi en tout cas:

En 1998, à la suite d'une séparation, je décidais de venir m'installer à Saint-Quentin, où je travaillais depuis quatre ans. A la recherche d'un logement, je choisissais une location tout près de mon lycée, au 5 rue des Frères Desains précisément. C'est le hasard qui m'a conduit là: une affichette à la fenêtre indiquait la proposition. Le hasard dit-on fait bien les choses. Je ne sais pas, mais ce jour-là, je devenais locataire de la fille de Pierre et j'emménageais, loin de m'en douter, dans la maison d'un ancien maire socialiste de Saint-Quentin.

Très vite, j'ai appris qui étaient mes propriétaires, qui sont devenus depuis des amis, et dans quel cadre éminemment politique je venais de m'installer. Je suis resté huit ans dans ces murs. Allez savoir s'ils ne m'ont pas inspiré! En tout cas, j'aimais beaucoup Pierre. C'était un socialiste, mais aussi un laïque et un républicain. Je me reconnaissais dans son socialisme modéré. Il était très proche d'Odette Grzegrzulka. Il avait tant connu de députés communistes ou gaullistes à Saint-Quentin. Avec Odette, enfin une socialiste devenait députée! Cela faisait son bonheur, sa joie.

Mais Pierre, c'était surtout son père, Henri, le dernier maire socialiste de Saint-Quentin, qu'il aimait, qu'il admirait. Odette avait instauré, il y a quelques années, une tradition dans la section socialiste: aller fleurir chaque 11 novembre la tombe de son père, lui rendre hommage, pour redonner du sens à notre action. C'est Pierre bien sûr qui se chargeait du discours. Son épouse, sa fille Catherine, ses petits-enfants étaient souvent présents, et quelques militants socialistes. Un moment très émouvant, auquel nous avions voulu donner une certaine solennité, une profondeur politique, en invitant la presse.

Pierre racontait alors la même histoire, qui m'a marqué: son père était une victime de la guerre 1914-1918, avec un bras amputé. Malgré ce lourd handicap, Henri parvenait à craquer une allumette, et Pierre, alors enfant, en était tout émerveillé. Devenu âgé, il nous racontait ça avec malice, devant la tombe, sous le ciel gris et triste de novembre. Parfois il pleuvait, mais Pierre apportait cet humour et cette gentillesse qui font tout oublier, le ciel gris, la pluie et même la mort.

Pierre lui-même a été maire-adjoint, chargé de l'éducation, dans les années 70. Comme lui, nous devrions tous être habités par la figure de son père, c'est à dire par l'image du dernier maire socialiste de Saint-Quentin. Qu'est-ce qui justifie aujourd'hui notre action? C'est que demain il y ai à nouveau un maire socialiste à Saint-Quentin. Le passé n'a de sens que s'il ensemence l'avenir. La mort n'est supportable que si elle annonce la vie. Pierre Arnould, dans le culte qu'il vouait à son père, nous transmettait cet espoir-là: qu'un jour un nouvel Arnould devienne maire de Saint-Quentin. A l'instant de sa disparition, retenons de lui ce qui le rend en nous encore vivant.


Bonne soirée,
bonne nuit.

19 mars 2009

Vu à la manif.

- Saint-Quentin. Du monde, beaucoup de monde et du beau monde. Je vous raconte.

- Soleil. Même le beau temps est avec nous! Chaleur et ciel bleu tout au long de la manif.

- Chanson. "Le Temps des cerises" ouvre la marche.

- Bertrand. En passant devant sa permanence, la température monte brusquement. Le responsable de tout ça habite là!

- PCF. Les camarades ont glissé leur banderoles juste derrière celle des syndicats, en tête de cortège. Corinne Bécourt veille.

- Tournay. Jean-Luc bien sûr (et pas Claude, comme l'a appelé L'Union d'hier!). Derrière ses lunettes noires, on le reconnaît tout de même.

- Tricolore. On repère plusieurs écharpes d'élus dans le cortège, Jean-Louis Bricout, maire de Bohain, par exemple.

- Conseillers généraux. Ils sont là eux aussi, en les personnes de Raymond Froment, Michel Collet, Jean-Claude Cappèle.

- Balligand. Mais oui, c'est bien lui, le député de la Thiérache dans les rues de Saint-Quentin.

- Socialistes. Jean-Pierre Lançon, Anne Ferreira et bien d'autres, le poing et la rose.

- Gayrault. Le cégétiste des employés municipaux me raconte ses malheurs.

- Lycéens. Ils sont représentés par Simon Dubois-Yassa, de l'UNL, très dynamique.

- Drapeaux. Ils sont nombreux. Parmi les politiques, on note ceux de Lutte Ouvrière.

- Couleurs. Le bleu ciel de la CFTC et le rouge vif du "cri de la colère".

- Police. Pas de casquettes devant la sous-préfecture, rien devant l'hôtel de ville, mais cinq uniformes pour protéger la permanence du patron de l'UMP.

- Lionel Josse. Le militant bien connu des droits des personnes handicapés a tenu à faire toute la manif, avec son slogan "Ni pauvre, ni soumis".

- Travesti. Un militant FO porte perruque, paillettes et seins en plastique, avec photo de Sarko sous la fausse poitrine.

- Farinet. Le chanteur déjanté de "Bides et Musiques" se cache sous une casquette de la CGC.

- Déclaration. Elle est faite, en fin de manif, au nom de tous les syndicats, par Corinne Vibes, de l'UNSA.

- 24 mars. On remet ça, Sarkozy venant à Saint-Quentin pour un discours "très attendu". Attendu aussi par les manifestants, à 17h00, devant la Bourse du Travail, place du Marché.

- In extremis. Après l'appel à la dispersion, le refrain de l'International retentit, de justesse.

Crier justice.

Bonjour à toutes et à tous.

C'est donc le grand jour, mais pas le dernier. A Saint-Quentin, rendez-vous à 15h00, place du 8 octobre. Sarkozy n'aborde pas très bien cette nouvelle journée de revendications, comme il avait très mal répondu à la précédente. En janvier, c'est la suppression de la taxe professionnelle qui avait retenu l'attention, mais qui n'intéressait que les patrons. Drôle de réaction! Cette fois-ci, il nous annonce, lundi, la baisse de la TVA pour les restaurateurs. Une question: quand le président va-t-il penser aux salariés, quand va-t-il songer à corriger des inégalités autrement plus grave que la TP ou la TVA? La population gronde, et lui est manifestement dans un autre monde...

Alors, que tente-t-il? Une méthode vieille comme l'art militaire et la politique: la diversion. Sarkozy veut lutter contre les bandes de voyous et créer un fichier qui, prévient-il, va heurter les "bien pensants", dont il se moque. Et voilà, c'est reparti comme en 2007, pendant la campagne électorale: manier la peur, brandir l'insécurité, jouer les matamores, le succès politique de Sarkozy vient de là, pas d'abord de ses promesses sur le pouvoir d'achat (voir à ce sujet ce qu'en dit très justement Emmanuel Todd dans son dernier livre, "Après la démocratie"). Mais c'est fois, ça ne prendra pas: le mouvement social qui monte, qui s'amplifie, réclame justice, il ne se laissera pas berner par de misérables leurres.

Certes, Nicolas Sarkozy a déjà fait des propositions en ce sens: la revalorisation de 7% du minimum vieillesse (c'est bien), une prime de solidarité de 200 euros pour 3,8 millions de personnes dans le besoin (pourquoi pas, mais je n'aime pas trop ces formes de charité déguisées). Il y a plus solide: la suppression des tranches inférieures de l'impôt. En apparence, c'est social, les moins aisés vont être soulagés. En réalité, c'est très contestable, et c'est Philippe Val qui le dit dans Charlie Hebdo de cette semaine: "La suppression récente des basses tranches de l'impôt est une hérésie démocratie: tout le monde devrait payer un impôt sur le revenu (...) si petit ou dérisoire soit-il".

Car en exonérant les plus pauvres, Sarkozy justifie qu'on applique le principe aux plus riches, sous d'autres raisons, bien entendu. C'est la philosophie même de l'impôt progressif qui est mis à mal. Oui, chacun, même celui qui ne gagne pas beaucoup, devrait payer un petit quelque chose, ne serait-ce que par dignité, pour montrer qu'il contribue lui aussi à la solidarité nationale, tel que nous le faisons tous en versant nos cotisations sociales. Et celui qui gagne gros doit payer gros, à l'inverse de ce que pensent Sarkozy et la droite. Si certains pensent que ce raisonnement relève du "gauchisme", c'est qu'ils sont très à droite! (après tout, seule l'extrême droite est foncièrement antifiscaliste).


Bonne journée de grève
et de manifestation.

18 mars 2009

Mars 2009.

Bonsoir à toutes et à tous.

Si nous sommes plus nombreux dans la rue demain qu'en janvier (ce qui est à souhaiter), Sarkozy devra reculer. On ne voit pas de gouvernement démocratique rester indifférent devant l'expression du peuple. Déjà, je sens autour de moi que beaucoup vont se mobiliser. Ça prend, c'est certain. Mais on verra demain. A ceux qui douteraient que Sarkozy cède, qu'il regarde la proche histoire du personnage: il n'a cessé de reculer, quand les circonstances l'y obligeaient (je pense au CPE).

Y a-t-il des risques de dérapages, de violences, dans les prochains jours? Ce n'est pas à exclure. Cette nuit dans Paris avec les étudiants, hier à Marseille avec les salariés, les heurts ont été inhabituellement durs. Ça monte, on ne sait pas jusqu'où. L'arrivée symbolique du printemps, vendredi, n'arrange rien: le joli mois de mai va entrer dans les têtes, deux mois avant la date officielle.

Il faut bien sûr rester dans la stricte légalité républicaine. Mais Sarkozy au sommet de l'Etat a fait très fort: par ses paroles inconsidérées (je pense à son scandaleux discours du 22 janvier devant les chercheurs), par la vulgarité de son style, par la grande injustice de sa politique, par ses attaques constantes contre les corps intermédiaires, il a libéré une somme de violence qui ne demande plus qu'à s'exprimer, La Guadeloupe en fond de décor. Un mars 2009, comme il y a eu un mai 1968, n'est plus impossible.

Je ne le souhaite pas parce que je n'ai pas à le souhaiter. Je préfère que le conflit se règle pacifiquement, démocratiquement, politiquement. Mais Sarkozy n'est-il pas victime de son slogan de campagne, "Tout est possible" ? Nous savons maintenant que oui. Il n'empêche que la gauche réformiste, syndicale et partisane, qui domine depuis le début ce mouvement, doit en rester maître, ne tolérer aucun débordement, rejeter toute radicalisation. Son unité est son gage de réussite.

C'est pourquoi je déplore que François Chérèque, que j'apprécie beaucoup, ait employé le mot de "rapaces" pour qualifier les militants du NPA qui vont d'entreprises en entreprises pour soutenir les luttes des travailleurs. En République, c'est leur droit le plus strict. Et puis, comment ne pas se réjouir de les voir auprès des salariés en lutte, quoi qu'on pense par ailleurs du projet politique du NPA? Le nom d'oiseau utilisé par Chérèque n'est vraiment pas à son honneur. La preuve: la droite, qui en connaît un bout en matière de rapacité, s'est vite empressée d'accoler ce terme à Fabius. Non, ce n'est pas digne, ça ne va pas.


Bonne soirée.

17 mars 2009

Gros sous.

Bonsoir à toutes et à tous.

Même à droite, la révolte monte, à l'approche du 19 mars. C'est vous dire si la majorité est mal barrée! Des personnalités, et non des moindres, demandent un geste du pouvoir, une mesure de solidarité, un signe de justice. Méhaignerie propose de suspendre le "bouclier fiscal", Villepin d'augmenter la tranche la plus élevée de l'impôt sur le revenu. Pas étonnant: l'un est un centriste social, l'autre un gaulliste traditionnel.

Ils vont échouer, évidemment. Sarkozy n'est ni centriste social, ni gaulliste traditionnel, c'est un libéral dogmatique, un admirateur du capitalisme américain. Il ne changera rien. Sarkozy est tout dévoué à la défense des intérêts qu'il représente. C'est pourquoi il faut descendre massivement dans les rues jeudi. La rue, ça fout la trouille à la droite, même si c'est dommage d'être obligé d'en arriver là.

Je ne discute pas le mandat de Sarkozy, parce que je suis républicain. Une très large majorité l'a désigné à la tête de la République, c'est sa politique qui doit s'imposer jusqu'en 2012. Ses électeurs n'ont qu'à s'en mordre les doigts et le reste. En attendant, la République, ce n'est pas seulement l'Etat et ses représentants élus, c'est aussi toute une société qu'il faut écouter. Et aujourd'hui, la société est inquiète et en colère. Il faut donc prendre en compte sa protestation. C'est ça aussi la démocratie.

En faisant quoi? Il y a le possible et le difficile. Le possible, ce serait de revenir sur le "bouclier fiscal", qui protège les plus riches de la progressivité de l'impôt (le Trésor Public leur verse scandaleusement de gros chèques pour remboursement!). Possible parce que ça ne concerne pas énormément de monde, que la mesure serait surtout symbolique. Possible aussi le rétablissement de l'impôt sur l'héritage. Aujourd'hui, grâce à Sarkozy, les riches, sauf les hyper-riches, y échappent. C'est proprement injuste, c'est la racine même des inégalités.

Plus difficile (pour la droite!) mais très souhaitable serait la fin de la défiscalisation des heures supplémentaires. Quel scandale, là aussi, que de privilégier le travail supplémentaire quand beaucoup de Français vont se voir privés d'emploi! Difficile parce que ce serait une remise en cause totale de la politique gouvernementale et de la loi TEPA, dont la moitié du financement est consacrée à cet allégement fiscal des heures sup.

Difficile aussi, parce que c'est contraire au dogme néo-libéral pour lequel Sarkozy a été élu, la fin de la suppression d'un poste sur deux dans la Fonction Publique. Pour une réorientation générale de la politique économique et sociale, il faudra attendre 2012 et la victoire de la gauche. Mais des largesses, des signes de compréhension sont faisables. Poussons Sarkozy dans cette voie, faisons grève et manifestons puissamment le 19 mars.


Bonne soirée.

16 mars 2009

Signes des temps.

Bonjour à toutes et à tous.

Deux photos ont retenu mon attention et suscité ma réflexion, dans l'actualité de ces dernières jours. Deux photos étranges, un peu équivoques: l'une représente les obsèques dans l'église d'Armentières des deux jeunes supporters de foot écrasés la semaine dernière par un RER, l'autre le patron de Radio France posant torse nu et cagoulé pour un calendrier homo. Quel rapport entre ces deux photos? Rien, strictement rien, sinon qu'elles traduisent, chacune à leur façon, notre époque. Je vous explique pourquoi:

Dans la photo de la cérémonie d'Armentières, ce qui est surprenant, ce sont les écrans de télévision disposés dans l'église afin de diffuser les images du match après lequel les deux supporters ont trouvé la mort. C'est un ancien enfant de choeur qui vous parle, je connais donc un peu la question: j'ai vu pas mal d'enterrements, pour toute sorte de défunts, je n'ai jamais assisté à ça, la télé dans une église pour du foot. Les disparus n'étaient que des supporters, je suppose qu'ils avaient aussi d'autres passions dans la vie, d'autres raisons de vivre.

Qu'on ne retienne que cette dimension-là, qui n'est pas la plus hautement spirituelle, qu'on fasse entrer le Dieu Foot dans la maison de Dieu, qu'on paganise ainsi le christianisme, c'est proprement effarant. Vous me direz peut-être que c'est un légitime hommage et qu'il n'y a pas de quoi en faire tout un fromage. Sans doute, mais je constate que c'est aussi un signe de notre temps, qui aurait été inconcevable il y a 30 ans.

Dans la photo du calendrier gay, ce qui m'intéresse d'abord, c'est l'identité du cagoulé, en l'occurrence Jean-Paul Cluzel, un monsieur important, énarque, inspecteur des finances, directeur de l'Opéra et président de Radio France, bref quelqu'un d'honorable, de bien sous tous rapports, et qu'on retrouve dans une représentation non seulement homosexuelle mais dont le masque de catcheur, les tatouages renvoient au sado-masochisme. Et je trouve ça très bien, et même formidable, qu'un homme de cette réputation ose se montrer ainsi, au côté de son compagnon. C'est audacieux et plutôt marrant, et puis c'est pour la bonne cause, puisque les profits sont reversés à Act Up.

C'est d'ailleurs une mode récente: des gens les plus inattendus, souvent inconnus, femmes ou hommes, se déshabillent dans un calendrier, en vue d'une oeuvre charitable. Certes, les praticiens de la charité de jadis ne s'y reconnaîtraient pas, les vieux républicain épris de liberté et de vertu non plus. Mais pourtant, Cluzel a raison de revendiquer "la liberté d'être soi-même", qui fait aussi partie de la République moderne.

Ce qui m'intéresse aussi, ce sont les réactions à cette photo coquine. Car Cluzel, sans avoir besoin d'enlever sa cagoule, a été démasqué, ce qui a causé un tollé. Et, à ma grande déception, il a un peu reculé, en parlant d' "imprudence" et admettant avoir commis "une erreur d'appréciation". L'expression a fait tilt en moi: c'est la même formule utilisée par DSK après sa dernière liaison extra-conjuguale. Erreur d'appréciation! Ça me fait marrer! On pourrait l'appeler une faute, un péché, une connerie, une grosse bêtise. Mais "erreur d'appréciation"!

C'est une expression qui sent le politiquement correct. Et c'est un peu inquiétant: Cluzel et DSK n'ont commis aucun crime, ils n'ont fait de mal à personne, ils n'ont pas à s'excuser, même mollement. C'est aussi l'esprit républicain qui est en jeu: faire ce qu'on veut de sa vie privée, pourvu qu'on respecte les lois. C'est un combat laïque: chaque vit sa vie, dans le libertinage ou pas, avec ou sans cagoule, mais la société ne doit imposer aucune morale.

D'un côté l'Eglise qui plie le genou devant le Dieu Foot, de l'autre la République qui se laisse aller à des tendances moralisatrices: demeurons vigilant.


Bonne fin d'après-midi.

15 mars 2009

Plateau télé.

Bonjour à toutes et à tous.

Vendredi soir, je suis rentré crevé, et assez tard. J'aurai pu me coucher. Pourtant, je me suis dépêché de me préparer un plateau télé pour être devant mon écran à 23h05: Xavier Bertrand était l'invité de "Comme un vendredi", sur la Trois. J'ai regardé par devoir professionnel d'opposant à Bertrand, car l'homme, je l'ai souvent écrit, n'a rien de très intéressant. Mitterrand et Sarkozy, je peux les écouter des heures. Bertrand, au bout de trente secondes, je baille. Attention, ce n'est pas un méchant parti pris de ma part. Je pourrais en dire autant de certains ténors socialistes.

Et pour vous prouver ma bonne foi, je vous cite un exemple: Jean-Marc Ayrault est un bon camarade, mais je décroche très vite quand il parle. A l'inverse, Pierre André, sénateur-maire UMP de Saint-Quentin, pourrait inaugurer un local à poubelles, je suivrais ses paroles, parce que je sais qu'il saura en faire quelque chose avec quoi je peux être en désaccord mais qui retiendra mon attention. Bref, André est un politique, Bertrand me fait plutôt penser à un directeur commercial. C'est sûrement injuste, mais c'est comme ça.

Dans l'art du creux, Xavier Bertrand est largement compétent. Il sait habiller le vide d'un ton conciliant, mouillé, légèrement chantant par moments. Il a travaillé ses gestes, ses sourires, ses mots, son débit, ça se voit et ça s'entend. En commercial, c'est un super pro. Je l'imagine bien vendeur en chef, avec sa petite mallette UMP, essayant de nous refourguer les réformes gouvernementales comme on vendrait des encyclopédies ou des aspirateurs.

J'en viens maintenant au fond de son intervention, puisque même le vide a un fond. Cinq remarques:

1- Sur l'affaire Continental, il demande aux socialistes de "ne pas jouer avec les mots". Comme c'est un expert qui s'exprime, je pose un instant mon plateau télé et j'écoute attentivement son raisonnement: il n'y pas de "licenciements" mais des "suppressions de postes". Et alors? Ça change quoi dans le drame que vivent les ouvriers de Continental? Faire un subtil distinguo entre licenciements et suppressions de postes, oui, j'appelle ça, moi, "jouer avec les mots"!

2- A la question: que peut l'Etat? Bertrand s'empresse de se dissocier de Jospin qui avait dit, selon lui, que "l'Etat ne peut rien". Sauf que la citation est fausse, ce qui est embêtant pour quelqu'un qui se flatte régulièrement d'être exact dans les détails, même quand ceux-ci sont inutiles. La phrase de Jospin, c'est: "l'Etat ne peut pas tout". Entre le tout et le rien, ce n'est pas une mince différence.

3- L'animateur demande à Bertrand ce qu'il pense de l'attitude de l'Eglise dans l'excommunication de la petite Brésilienne violée et avortée. Bertrand a appliqué sa règle: pas un mot de trop. Donc rien contre le silence du Vatican. Service minimum: défendre "les intérêts" de l'enfant, en rester à ce que pense tout le monde, aucune critique des autorités religieuses, aucune leçon sur les abus parfois criminels de la religion quand elle prétend régenter la société.

4- Villepin estime que Bertrand "manque de courage et d'intelligence", Fillon le trouve "pas franc". Que répond l'intéressé? Que ça ne fait que deux avis sur des centaines de milliers de membres de l'UMP! Comme si les deux personnages n'avaient pas une éminence et une compétence particulières pour parler du tout nouveau chef de leur parti. J'aurais préféré que Xavier Bertrand nous fasse la démonstration de son courage, de son intelligence et de sa franchise, au lieu d'esquiver.

5- La journaliste Pleynet, autour du "Chouchou", souligne que Xavier Bertrand a des fidélités très variables, selon les circonstances et ses intérêts. Beaucoup de politiques sont ainsi, à droite ou à gauche. Ce n'est sans doute pas un exemple, ce n'est pas non plus un crime. Au lieu, là encore, de nous convaincre de sa constance, il conclut par une pirouette, qu'il répète toujours quand on l'interroge sur le livre qui lui est consacré: "je ne suis pas le chouchou des auteurs". Et après?

En une heure d'ennui, j'ai tout de même été une minute accroché et quasiment convaincu: c'est quand Bertrand a parlé du téléchargement illégal, dénoncé le piratage et défendu les créateurs. Oui, là, quelque chose passait, une forme de persuasion, de sincérité. Il est vrai que ce sujet m'est complètement étranger (je ne sais pas télécharger illégalement, et légalement je n'en suis pas sûr...). Mais l'ignorance n'empêche pas la compréhension. Et j'ai mangé tout mon plateau télé! Comme quoi Xavier Bertrand ne coupe pas non plus l'appétit.


Bonne matinée.

14 mars 2009

Nous y sommes.

Bonjour à toutes et à tous.

Nous y sommes. Personne ne sait jusqu'où, mais nous y sommes. Dans quoi? Dans les effets réels d'une crise irréelle, dans les retombées économiques d'une dépression financière. Quelle est la victime? Pas essentiellement le pouvoir d'achat, mais l'emploi. Les sacrifiés? Les employés et ouvriers, principalement les intérimaires. Voilà la crise dans toute sa brutalité. L'heure de vérité, en quelque sorte.

Nous y sommes, les statistiques et les prévisions l'attestent. A la limite, on ne perçoit plus très bien la cause: les subprimes qui ont mis le feu au système financier mondial? Ou bien le capitalisme qui à force de déréguler finit par tout dérégler? Ou bien encore cette mondialisation qui mange les peuples et les nations? Peut-être tout ça à la fois, on ne sait pas très bien, les spécialistes eux-mêmes s'interrogent. Mais on se moque des causes; ce qui importe, ce qu'on dénonce, ce sont les conséquences.

Nous y sommes: 100 000 destructions d'emplois en 2008, jusqu'à 436 000 en 2009, 4,5 millions en Europe. L'économie casse plus d'emplois qu'elle n'en crée. Un malaise diffus se répand dans tout le corps social, que rien ne semble devoir arrêter. Tout se mélange parce que tout est mélangé. Le gouvernement pare au plus pressé, colmate ici une brèche pendant qu'une autre s'ouvre là: avant-hier les lycéens, hier la Guadeloupe, aujourd'hui Total et Continental, toujours les enseignants-chercheurs. Et demain?

Le sentiment général, c'est la peur du lendemain, justement, et une forte impression d'injustice, une incompréhension devant ce qui se passe. Continental liquide 1 120 emplois, après que les salariés aient fait des efforts pour maintenir l'entreprise. Même la droite est scandalisée. Total supprime 555 emplois dans le même temps qu'il empoche de jolis bénéfices. Personne ne comprend, personne n'explique. Ou alors c'est parce que l'évidence est criante: c'est le système libéral qui veut ça, peu soucieux des hommes et des femmes qu'il emploie.

Chez Sony, les salariés excédés séquestrent leur patron. Chez Glaxo, à Evreux, FO demande une "prime pour préjudice moral", en vue des 789 emplois que va supprimer le groupe pharmaceutique. Pourquoi cette étrange prime de 10 000 euros à tout salarié? "En réparation de la souffrance subie depuis l'annonce de la restructuration", chaque salarié s'attendant à être touché. C'est une revendication qui fera date, en apparence surréaliste, mais en réalité pas plus surréaliste que les primes, bonus, dividendes de toute sorte des dirigeants qui partent alors qu'ils perdent, ou bien qui licencient alors qu'ils gagnent.

Nous y sommes, au fond du trou d'un système économique largement irrationnel. C'est pourquoi le mouvement de grève et de manifestation du 19 mars sera puissant et définitif.


Bon après-midi.

13 mars 2009

Lendemain de vote.

Bonjour à toutes et à tous.

Ce qui retient désagréablement mon attention après le vote socialiste d'hier sur les listes européennes, ce n'est pas le refus de la région Centre: ça, c'est la démocratie. La procédure normale au PS, quand une liste est rejetée, c'est qu'une nouvelle est proposée. Nous irons certainement vers ça, ce n'est pas un drame. Non, ce qui m'embête, c'est le taux de participation: 40%.

Qu'une élection ordinaire provoque un fort taux d'abstention, je comprends, même si je regrette: tout le monde n'a pas une conscience citoyenne. Mais à l'intérieur d'un parti, censé regrouper des militants par définition engagés, la participation devrait être naturellement élevée. On en vient à se demander qui sont ces adhérents qui ne font même pas le modeste effort de se déplacer pour désigner leurs candidats?

Sinon, que penser de ces trois départements qui ont dit non à nos listes? D'abord qu'il ne s'agit que de trois départements, ce qui est bien peu. La consultation d'hier soir est un succès pour Martine Aubry et l'équipe dirigeante. Le reste, ce ne sont que "bisbilles internes", comme l'a très bien dit Vincent Peillon. Car dans aucun de ces votes négatifs vous ne trouverez un quelconque message politique. Ce ne sont que querelles et petits intérêts personnels.

Prenez la région Sud Est, très remontée contre Aubry mais qui a finalement dit oui: où était le problème? Collomb ne voulait pas de Peillon, alors que tous les deux appartiennent au même courant! Prenez la région Centre: où était le problème? Dans le fait que le président de la région Limousin voulait aussi devenir député européen, ambition manifestement déraisonnable.

J'en appelle au PS profond, comme on parle d'une "France profonde", à tous ces adhérents et militants qui ne sont pas des élus ni des notables, à tous nos électeurs et nos sympathisants: il est flagrant que de mauvaises habitudes se sont installées dans le Parti, auxquelles Martine Aubry veut remédier:

1- Un élu n'est pas propriétaire de son mandat, surtout dans un scrutin de liste. Ce qui a été donné par le Parti peut être repris par le Parti.

2- Un mandat n'est pas éternel, il n'existe que dans une durée strictement limitée. Quand un mandat n'est pas local, il me semble normal qu'il n'excède pas un renouvellement.

3- Je ne suis pas hostile à un certain cumul des mandats, pourvu que nous restions dans le raisonnable. Martine Aubry a eu raison de refuser, c'est tout le problème de la région Centre, le cumul avec l'exécutif régional. On ne peut pas penser qu'un député européen puisse faire sérieusement son travail quand il est en même temps à la tête d'une région. Ça devrait être une remarque de bon sens, s'il n'y avait pas les appétits de pouvoir. Ce n'est pas que les ambitions me choquent; mais il ne faut pas qu'elles pénalisent le Parti, qu'elles compromettent sa victoire.


Bon après-midi.

12 mars 2009

Des noms! Des noms!

Bonsoir à toutes et à tous.

Quelques "brèves de comptoir", glanées ici ou là:

Nicolas Sarkozy. L'Aisne Nouvelle annonce sa venue à Saint-Quentin d'ici la fin du mois. Mais qui viendra? Le président de la République, le futur candidat, l'ami de Xavier Bertrand? Ou les trois à la fois?

Gérard Blanquart. Le président du Cercle Condorcet, un groupe de réflexion affilié à la Ligue de l'enseignement, a réalisé une petite prouesse: réunir sur une même photo et dans une même association Freddy Grzeziczak, conseiller municipal de la majorité, et Jean-Pierre Lançon, conseiller municipal d'opposition. L'ancien adjoint à la culture serait-il le nouveau rassembleur?

Dominique Gayraud. Le leader cégétiste du personnel municipal a été évincé de son poste! On le croyait pourtant puissant et intouchable. Qu'est-ce qui s'est passé? L'intéressé désigne des militants communistes qui voudraient radicaliser le syndicat: "Au niveau local, nous n'avons jamais eu de souci avec Pierre André. Mais je pense que certains veulent utiliser la force de la CGT pour déstabiliser la majorité et pallier aux défaillances de l'opposition". Étrange explication: le PCF est représenté au sein de l'opposition, et l'extrême gauche aussi. Quelles sont donc ces "défaillances de l'opposition"?

Christophe Coulon. Le protégé de Xavier Bertrand et patron de l'UMP axonaise a fait à Saint-Quentin une petite démonstration de force en vue des régionales, en réunissant dans la ville les responsables picards du parti. C'est clair, la droite va mettre le paquet pour récupérer la région, et elle s'y prend dès maintenant. A gauche, il ne faudra pas non plus tarder, défendre le bilan de Gewerc et contre-attaquer. A Saint-Quentin, la gauche peut aligner quatre conseillers régionaux: Anne Ferreira, Michèle Cahu, Frank Delattres, Jean-Luc Tournay.

Anne Zandinetas. La conseillère municipale de Lutte Ouvrière avait lancé ses troupes dans le centre ville il y a quinze jours. Elle poursuit l'offensive en organisant vendredi une réunion salle Paringault, autour notamment de cette question: "En quoi le communisme est-il une alternative à cette société injuste?" Pourquoi pas.

Une dernière "brève", un oubli, quelque chose dont personne, à ma connaissance, n'a parlé, un anniversaire passé sous silence: lundi dernier, il y a un an tout juste que Pierre André gagnait pour la troisième fois les élections municipales et qu'une opposition inédite, gauche-extrême gauche, entrait à l'Hôtel de Ville. Plus que cinq ans à attendre pour les prochaines élections! C'est si vite passé...


Bonne soirée.

11 mars 2009

Bayrou et Ballou.

Bonsoir à toutes et à tous.

J'ai regardé hier François Bayrou à "Ce soir (ou jamais)". C'est un homme très aimable. Il n'aime pas l'argent, il adore la culture, il déteste Sarkozy. Le problème, c'est qu'il n'explique jamais comment il va battre Sarkozy. Régis Debray lui a servi de faire valoir intellectuel, Olivier Duhamel l'a titillé gentiment, ce qui a suffi pour l'irriter. Sympa, Bayrou, trop sympa. On ne sait pas trop où il va. Du coup, on se demande s'il ne nous mène pas en bateau.

Il parle beaucoup des "valeurs". C'est bien joli, les "valeurs", mais ce n'est pas ça qui crée de l'emploi ni qui réduit les inégalités. Bayrou, c'est un peu le Drucker de la politique: gentil, lisse, sauf avec Sarkozy. Son électorat m'intéresse, mais le bonhomme, je m'en méfie. Il mélange un peu tout, je n'aime pas trop ça. On ne sait plus avec lui si c'est du lard ou du cochon.

Un qui me plaît bien, en revanche, c'est Jean-Pierre Balligand, notre député axonais. Pas en tout, évidemment, mais sur le rapport Balladur, oui. Là-dessus, il n'est pas entré dans l'hystérie identitaire, il a fait la part des choses, et surtout, il dégonfle la grosse blague: il n'a jamais été question de charcuter la Picardie. Le bon du rapport, c'est la constitution de grandes métropoles, c'est aussi la distinction des rôles entre département, sa fonction de proximité, et la région, ses missions plus globales.

Là où ça ne va pas, toujours selon Ballou, c'est que rien n'est dit sur la fiscalité locale. Notre député propose de réserver la taxe professionnelle aux communes et intercommunalités, de donner une part de la CSG aux départements et une part de l'impôt sur les sociétés aux régions. Ce qu'il rejette catégoriquement, c'est le mélange des scrutins départementaux et régionaux, la confusion des mandats.

Bayrou, Ballou, comparez, faites votre choix. Moi c'est fait.


Bonne soirée.

10 mars 2009

Bordel de merde!

Bonjour à toutes et à tous.

Qu'est-ce qu'un bordel? Un endroit où règne une apparence d'ordre et une réalité d'extrême licence, pour le plus grand plaisir de tous. J'ai l'impression, en forçant un peu l'image, que le PS n'était pas loin de ressembler à ça ces dernières années. Les décisions collectives n'étaient pas respectées, chacun n'en faisant qu'à sa tête. Je ne suis certes pas partisan de l'autorité ou du caporalisme, mais je suis partisan de la règle républicaine: un vote majoritaire, c'est sacré, ça se respecte. Et ceux qui transgressent cette règle doivent être sanctionnés.

Pourquoi ce rappel? Parce que j'étais heureux de voir Martine Aubry remettre de l'ordre dans la maison, de rassembler tout le monde et de dégager une majorité autour de nos listes européennes. Patatras, Collomb et quelques autres mettent le bazar en contestant les choix de notre Conseil national. Bordel de merde, ça recommence! Mon camarade Cambadélis a eu raison d'envoyer une lettre très sèche à quatre grands élus qui ne donnent pas l'exemple.

Le mal vient de 2005: après un vote majoritaire sur le Traité européen, des camarades ont fait campagne contre la ligne du Parti, avec l'indulgence de la direction. Inacceptable! A partir de là, chacun s'est cru le droit de faire comme il voulait. Quel que soit le niveau, national, fédéral ou local, tout vote majoritaire devrait être scrupuleusement respecté. J'ai payé lourdement pour savoir que ce n'était pas le cas. Avec Martine Aubry, j'espérais fort que le Parti retrouve la règle républicaine. C'est manifestement moins simple que je ne le croyais.

Quel dommage! A l'issue de notre dernier Conseil national, avec l'entrée des ségolénistes au Secrétariat national, notre image avait gagné en unité et en crédibilité. Souhaitons qu'il ne s'agisse que d'une malheureuse péripétie. Après-demain, les listes européennes seront validées par les adhérents. Plus une tête alors ne devra dépasser. Sinon nous allons retomber dans les délices pervers du bordel...

Le PS est un parti démocratique, le plus démocratique de France. C'est pourquoi ses choix, une fois arrêtés, ne doivent plus être discutés. Jeudi soir, les adhérents qui sont en désaccord avec les propositions du Conseil national pourront librement, par leur vote, manifester leur point de vue. Si une liste, dans une région, est rejetée, elle devra être reconstituée (c'est ce que j'attendais, dans le strict respect de nos procédures, pour les municipales chez moi). Sinon, la liste adoptée doit être soutenue et défendue. Voilà la saine discipline, avec laquelle nous devons absolument renouer si nous voulons redevenir crédibles aux yeux des Français.

Ce que je reproche à Collomb et consorts, ce n'est pas leur désaccord sur les listes (ils ont le droit, nous sommes en République). Mais c'est leur procédé: au lieu de d'exprimer démocratiquement par le vote de jeudi, ils jouent de leur influence d'élus pour faire signer un texte, bref ils ont la pétitionnite aiguë, comme le client du bordel en revient avec la petite vérole. Je l'ai souvent dit: les pétitions ne servent à rien, ne changent rien, ce sont les moulins à vent des petits bras.

Moi aussi, j'aurais bien des raisons de me plaindre, de pétitionner à qui mieux-mieux. La section de Saint-Quentin est pénalisée par les choix du Conseil national, puisque nous perdons une députée européenne, sauf si le résultat de l'élection était exceptionnellement très bon. Pourtant, je voterai jeudi pour la liste du grand nord ouest. Pourquoi? Parce que l'intérêt général du Parti est supérieur à l'intérêt particulier d'une section, y compris la mienne.

Respect des procédures, rejet des pétitions manipulatrices, confiance absolue dans les votes, autorité indiscutable de la majorité: c'est ça la République, bordel de merde!


Bonne soirée.

09 mars 2009

Les larmes et les armes.

Bonsoir à toutes et à tous.

J'ai toujours pensé, en rédigeant ce blog, que les faits de société étaient des faits politiques, parfois plus importants que les événements politiques proprement dits. Prenez ce drame du TGV, écoutez et lisez les réactions: c'est stupéfiant! A aucun moment, il n'est question de la responsabilité des individus. En revanche, on s'évertue à soupçonner la SNCF: la porte qui menait aux voies était-elle ou non ouverte?

En supposant qu'elle l'ait été, en quoi la responsabilité des personnes est-elle effacée ou diminuée? Un minimum d'intelligence et de prudence nous apprend qu'il ne faut pas longer ou traverser une ligne de chemin de fer. Quand je vois les comportements des voyageurs dans la gare de Saint-Quentin, enjambant parfois les rails pour être sortis plus rapidement, je m'étonne qu'il n'y ait pas plus souvent de drames...

On somme le directeur de la SNCF de s'excuser. S'excuser de quoi? D'un fait, d'une faute qui n'est pas avérée? Le serait-elle, qu'est-ce que ça changerait de s'excuser? Drôle de société, qui nous demande à tout bout de champ de nous excuser, de compatir. Quand on est confronté à la tragédie et à des morts d'hommes, la seule attitude digne, c'est le silence, de douleur et de respect, pas la comédie des plates excuses. Vous me direz peut-être qu'on ne refait pas la société? Si, justement, quand on est de gauche. Et c'est possible, notamment par l'éducation.

Un autre fait de société, beaucoup moins dramatique, a retenu mon attention. Le Courrier Picard du 4 mars nous apprend que l'opération Vacan'sports, organisée à Saint-Quentin par la Municipalité, a fait un flop. Pourtant, l'occasion était donnée aux jeunes, pendant les vacances, de s'adonner gratuitement à un sport. J'entends souvent des gens se plaindre: on ne nous propose rien, ou bien c'est trop cher. Alors, pourquoi cet échec, à propos de quelque chose qui plaît, le sport? J'ai ma petite idée, que je soumets à votre réflexion:

1- La valeur-clé de notre société, c'est l'autonomie. Nos concitoyens veulent rester individuellement libres. Adhérer à une opération, s'inscrire, s'engager, devoir se plier à des horaires, à une forme de contrainte, c'est désormais quelque chose qui passe difficilement, qui est mal accepté. Et ce qui vaut pour les jeunes vaut autant pour les adultes.

2- La pratique du sport repose sur l'effort. Ce n'est pas la valeur qui est la mieux cotée dans notre société. Le Courrier Picard a demandé aux jeunes ce qu'ils faisaient pendant les vacances: sorties entre amis, jeux vidéo, cinéma, shopping, mais pas le sport. Nous sommes bel et bien dans une société du loisir, du divertissement, de la détente, pas dans un monde de l'effort, de l'épreuve, de l'ascèse.

3- La vogue du sport, qui est certes puissante, concerne son spectacle, dans les stades ou à la télévision, pas sa pratique. Il suffit d'observer les physionomies, le développement de l'obésité ou le nombre d'accidents cardio-vasculaires pour comprendre que les activités physiques les plus élémentaires ne sont pas adoptées massivement par la population (et moi le premier!).

S'appuyant sur les propos tenus, le Courrier Picard conclut que l'échec de Vacan'sports viendrait d'un défaut de communication. La belle excuse, la belle hypocrisie (pas du journal mais de ceux qui ont été interviewés)! On peut sans doute reprocher beaucoup de choses à la mairie de Saint-Quentin, mais pas son manque de communication. Là-dessus, ce sont des as! Pour qui, comme moi, est habitué à mettre en place pas mal de projets, nous savons que l'alibi le plus bidon, le défaussement le plus minable, l'irresponsabilité la plus retorse, le manque de sincérité et de courage le plus élémentaire consistent à prétexter qu'on n'a pas été informé.

Oui, tout cela est politique, éminemment politique, et pas anecdotique, moral ou psychologique. La République a besoin de citoyens libres, responsables, si possible intelligents (je ne dis pas cultivés, je me contente de l'intelligence la plus sommaire), qui assument ce qu'ils disent et ce qu'ils font, quelles qu'en soient les conséquences, qui ne reportent pas constamment la faute sur les autres mais sur soi. Sinon, il y a une République, mais il n'y a plus d'esprit républicain, citoyen. En sommes-nous là aujourd'hui? En partie oui, c'est flagrant. Il faut donc le dénoncer, et résister. A une société contemporaine qui ne cesse de nous murmurer "aux larmes citoyens", je préfère lancer le cri républicain: "Aux armes citoyens!".


Bonne soirée.

08 mars 2009

Un dimanche politique.

Bonsoir à toutes et à tous.

Mon dimanche politique a commencé par la lecture de Charlie Hebdo. Excellent article en page 2 d'Oncle Bernard sur la crise économique, qu'il avoue ne pas très bien comprendre. Mais y a-t-il quelque chose à comprendre? Le libéralisme est un irrationalisme. Comprendre non, mais lutter oui. Que propose-t-il? Pour les chômeurs, le partage du travail. Eh oui, les 35 heures avaient du bon! Chez Renault, les RTT des cadres servent à rémunérer les chômeurs. Bravo!

Autre mesure: doubler le nombre d'emplois aidés. Le cauchemar de la droite! Tant pis, elle est idéologiquement perdue, la crise financière a laminé toutes ses valeurs. Enfin, supprimer la loi TEPA (le "paquet fiscal") et les heures sup défiscalisées. Oh que oui! En finir pour de bon avec le sarkozysme.

A part ça, dans Charlie, je tombe sur un article assez marrant intitulé "Big Brother is watching que dalle", page 9, sur la vidéo-surveillance à Baudinard-sur-Verdon, dans le Var, 151 âmes et 12 caméras, qui manifestement ne servent à rien, sauf à menacer de verbaliser les crottes de chien. Quoique... Ce n'est pas une si mauvaise idée, quand on voit combien nos trottoirs sont dégueulasses. Persécuter les propriétaires indélicats ne me gêneraient pas.

Trêve de plaisanterie, le problème de la vidéo-protection, c'est celui de son efficacité. A la première réunion du Comité d'éthique de Saint-Quentin, dont je fais partie, c'était là aussi assez marrant: ceux qui veulent mettre des caméras partout, y compris jusque dans les moindres recoins du quartier Europe, ne sont pas ceux qu'on croit...

Mon dimanche politique s'est terminée avec Manuel Valls sur France-Inter, à 17h00. Sur le rapport Balladur, il a dit des choses intelligentes: bien évidemment qu'il y a du bon dans ce travail! Mais pas que du bon. Alors, sachons discerner. Et pas d'opposition à la con, s'il vous plaît. Après France-Inter, RTL et son Grand Jury, avec Alain Minc. C'est un homme libre, qui dit ce qu'il pense et qui se fout du qu'en dira tout. Rien que pour ça, je l'apprécie. Seulement pour ça? Pas tout à fait quand même.

J'ai pris l'émission vers la fin. Sur Bayrou, il a été cruel mais assez vrai: le leader du MoDem est un mélange de Péguy (ça, ça va), de Barrès (là, c'est moins gentil) et de Maurras (franchement méchant). Il résume le personnage en une formule: du "Le Pen light". Je crois qu'il y a en effet de ça chez Bayrou. Je ne le dirais pas comme ça, je parlerais plutôt de populisme. Mais c'est bien cela qui est dérangeant chez lui, plus que son centrisme.


Bonne soirée.

07 mars 2009

Le 7 juin.

Bonsoir à toutes et à tous.

Les listes socialistes pour les élections européennes seront adoptées par les adhérents jeudi prochain (au passage, vous croyez qu'ils procèdent ainsi, à l'UMP?). Alors la campagne pourra vraiment commencer. Je suis allé à Solférino aujourd'hui, pour la mise en place de notre plan de formation. C'est urgent, nos concitoyens sont pour le moment peu préoccupés par le scrutin du 7 juin. Notre message: allez voter, et votez socialiste. Pour trois raisons:

1- Avec la crise mondiale (celle-ci doit être au coeur de notre campagne), la nation est impuissante à trouver des solutions. Il faut passer à une autre échelle. L'Europe est un commencement, totalement indispensable. Les Français sont prêts à l'entendre, à le comprendre, tellement c'est évident.

2- Mais une réponse européenne ne suffit pas. Il faut aussi, et surtout, une réponse socialiste. La crise mondiale, c'est l'échec du libéralisme tel qu'il nous est enseigné depuis une trentaine d'années, avec ses figures de proue qu'étaient Reagan et Thatcher, avec ses intellectuels de "l'école de Chicago". Depuis 30 ans, la droite nous dit: trop de réglementation, de taxes, d'impôts, d'Etat, libérons l'économie! On a vu le résultat avec le capitalisme financier et les subprimes.

La réponse adéquate, c'est de faire l'inverse de ce qui a précipité la crise, c'est à dire faire du socialisme. Oh je ne vais pas me battre sur les mots: d'autres diront du keynésianisme, du volontarisme, de l'interventionnisme, d'autres encore prôneront le retour de l'Etat. Peu m'importe les termes: ce que je retiens, c'est que cette politique doit tourner le dos à ce que professe la droite libérale.

3- Voter à gauche ne suffit pas, il faut voter socialiste. Pourquoi? Parce qu'il est possible, le 7 juin, de faire basculer l'actuelle majorité de droite au Parlement européen. Comment? Pour renverser un rocher, il faut un levier efficace. Il n'y en a qu'un seul, pas deux ou trois: le groupe socialiste européen, seul en mesure de constituer une nouvelle majorité.

C'est d'autant plus faisable que les socialistes européens, souvent divisés sur les questions européennes, viennent de se rassembler autour d'un même texte, Il Manifesto. C'est tout de même à souligner. Trop longtemps, il y a eu un clivage entre sociaux-démocrates nordiques et socialistes latins plus radicaux, dont les Français. Le clivage a été surmonté.

De même que dans notre PS national, la division entre ouiistes et nonistes a été dépassée, avec l'adoption d'un texte d'orientation sur l'Europe, lors de notre dernier Conseil national, qui a recueilli une quasi unanimité. Ce n'est pas rien, quand on se souvient des déchirements internes du récent passé.


En attendant le 7 juin,
bonne soirée.