L'Aisne avec DSK

30 avril 2009

L'attrape-gauchos.

Bonsoir à toutes et à tous.

Le Berry a beau être natal et très joli, ça fait du bien de revenir à Saint-Quentin. Hier soir, j'ai vu Bayrou au journal de France 2, en promo pour son bouquin "Abus de pouvoir". Il cogne fort sur Sarkozy, très bien. Mais à part ça ? Car si l'antisarkozysme est nécessaire, il n'est pas suffisant. A Bayrou, je pose trois questions, je repère trois faiblesses fondamentales :

1- Sur quel parti s'appuie-t-il ? En politique, on n'arrive à ses fins qu'en s'appuyant sur un parti solide, influent. On peut peut-être le regretter mais c'est comme ça. Si Barre et Balladur, deux hommes intelligents, ne sont pas devenus présidents, c'est qu'ils ne disposaient pas d'un appareil pour les soutenir. Si Chirac et Sarkozy, deux aventuriers un peu légers de la politique, sont devenus présidents, c'est qu'ils avaient l'un et l'autre pris la tête du parti conservateur français, en l'occurrence le RPR puis l'UMP. A gauche, Mitterrand aussi, qui n'était pourtant pas un homme de parti, avait compris cette leçon de la Vème. Bayrou, lui, n'a personne à ses côtés. Son MoDem, c'est peau de chagrin et coquille vide : peu d'élus, la solitude au Parlement, seulement quelques personnalités qui font du bruit, type Jean-François Kahn. Croyez-vous qu'on aille loin comme ça ? Non.

2- Quel est le projet de Bayrou ? Je n'en vois pas de très clair. Citez-moi une seule mesure un peu marquante qui soit sienne ? Ne cherchez pas, vous n'en trouverez pas. Bayrou est d'autant plus séduisant qu'il ne propose rien de précis, n'a pas de programme. C'est un mélange de Péguy et de Bernanos, une petite musique très française, qui plaît bien à nos concitoyens, de droite comme de gauche, parce qu'elle n'engage à rien et promet beaucoup sans dire exactement quoi. Taper sur l'argent et le pouvoir exorbitant, ça marche à tous les coups, dans un vieux pays catholique et gaulois.

3- Quels sont les alliés de Bayrou ? On ne fait pas de la politique tout seul. Même le PS, qui a un réseau d'élus incomparablement plus puissant que le MoDem, se cherche des partenaires. Bayrou ne veut pas de l'UMP, on l'a bien compris. Mais il ne veut pas non plus du PS. Il veut de qui alors ? Parce que s'unir avec les Martiens, même si c'était possible, je ne suis pas sûr que ça marcherait ... Bref, le chemin de Bayrou ne mène nulle part, voter pour lui ne sert à rien puisque ça ne débouche sur rien. Autant voter pour l'amicale des boulistes du Berry ou l'association des mangeurs de fromage de chèvre !

François Bayrou est un brave gars, un type sympa, un bon bougre, il parle bien et vise juste, c'est déjà pas mal, c'est déjà beaucoup. Mais avec tout le respect que j'ai pour lui et même une certaine estime pour le bonhomme, en retenant les trois objections que je viens de vous exposer, c'est un amuse-gogos, plus précisément un amuse-gauchos. Je connais des camarades, beaucoup plus à gauche que moi, qui sont sensibles à la petite musique de nuit de Bayrou. C'est un peu leur tisane du soir. Bin voyons ! Si l'opposition était forte, si le PS assumait totalement son rôle de parti social-démocrate moderne, le vote Bayrou retomberait à 4%. C'est tout le bien que je lui souhaite et que je nous souhaite.


Bonne nuit.

29 avril 2009

La tentation du Berry.

Bonjour à toutes et à tous.

En parcourant les derniers numéros du journal local, Le Berry Républicain, je suis tombé sur une interview de Yann Galut. Yann ! En 1997, quand ce camarade qui n'est pas saint-amandois d'origine a été élu député, on a fait la fête, dans ce coin du Berry marqué à droite depuis longtemps (on a eu Papon comme maire, c'est vous dire ! ). Yann m'avait invité à son mariage, où j'avais rencontré... Mélenchon. A l'époque, Galut faisait partie de l'aile gauche. Il est aujourd'hui, je crois, ségoléniste. En 2002, comme bien d'autres, il a été battu. Aux dernières cantonales, il s'est fait élire du côté de Bourges et est devenu vice-président du Conseil général. Il n'a pas renoncé à ses ambitions : redevenir député de la 3ème circonscription du Cher, viser peut-être la mairie de Bourges.

Ce qui m'a intéressé dans cet entretien paru le 27 mars, ce qui m'a enthousiasmé même, c'est la convergences avec mes propres analyses et le parallèle qu'on peut tracer entre des territoires différents, le Cher et l'Aisne. Je vois cinq convergences :

1 - La longue durée.

"Je pense que le travail de reconstruction politique de la gauche va être très long". Yann pense bien sûr au niveau national. J'ai parlé, dans un récent billet, de convalescence de la gauche. Le critère de la durée m'a toujours paru essentiel en politique. Il faut insister, le répéter, parce que nous vivons, y compris les socialistes, dans une société de l'immédiateté, de l'instant, de la très courte durée.

2- L'ancrage local.

"Si je veux avoir l'espoir de reconquérir un jour cette troisième circonscription, il faut que je m'ancre dans un territoire". C'est fondamental. Les "vagues" nationales, comme celle de 1997, sont trompeuses, elles restent en surface, elles n'atteignent pas le fond. La gauche saint-quentinoise ne doit rien attendre d'un retournement de tendance de l'opinion, elle doit s'efforcer de travailler localement. C'est ce que j'essaie pour ma part de faire, dans le domaine qui est le mien, associatif.

3- L'anticipation électorale.

"Nous sommes partis trop tard, nous avons désigné notre candidat trop tard. Nous ne l'avons donc pas mis collectivement en situation de gagner [...] Nous n'avons pas non plus assez travaillé sur le bilan du maire sortant et sur notre projet alternatif". Je biche, je bois du petit lait, même si son goût est amer. Je crois m'entendre ou me lire ! On a presque honte d'énoncer des évidences : un choix de candidat, le démarrage d'une campagne, l'élaboration d'un projet, tout ça ne peut pas sérieusement se décider au dernier moment, en vertu du seul calendrier statutaire. Faire de la politique, ce n'est pas attendre l'application des procédures !

4- Le rassemblement et l'ouverture.

"Je pense qu'une campagne municipale doit rassembler tout son camp et intégrer des personnes de la société civile, des personnes d'ouverture tout en visant les 3% d'électeurs du centre et du centre-droit". Ohé, Yann, tu viens quand à Saint-Quentin ? Ça me plaît trop, ce que tu dis là. Chez nous, on a fait l'inverse: PS divisé, repli sur l'extrême gauche. A ce propos, Galut regrette que la liste de gauche ait intégré une militante de Lutte Ouvrière (A Saint-Quentin, il serait tombé sur le cul ! ): "le symbole que nous avons donné là n'était pas un symbole d'ouverture". A qui le dis-tu !

5- Le choix de la méthode.

"La question qui se pose [...] c'est bien celle de la tête de liste. Collectivement, nous devons réfléchir à une méthode pour choisir celle ou celui qui sera en capacité, en 2014, de convaincre. Je proposerai, en 2012, une primaire de toute la gauche. " Tout comme moi pour Saint-Quentin, car je ne veux pas qu'on retombe dans le même bordel que l'an dernier ! Il est bien, ce Yann. La méthode, il faut toujours commencer par là en politique, si on ne veut pas terminer sur des querelles de personnes, des minus rapports de forces et la défaite électorale au bout du bout.

Mais voilà qu'une idée me traverse l'esprit : et si je revenais définitivement dans mon Berry natal ? Et si je demandais ma mutation dans un établissement du coin ? Après quinze ans d'exercice, je devrais avoir suffisamment de points. La politique m'y serait peut-être plus souriante. Et puis non, cette tentation du Berry est je crois une illusion à laquelle je ne dois pas céder. Saint-Quentin, c'est ma terre de mission, je dois m'y accrocher. C e n'est pas demain que vous pourrez lire "Le Cher avec DSK" !


Bonne journée,
à demain à Saint-Quentin.


PS: j'abrège mes vacances saint-amandoises pour être présent au rassemblement du 1er mai à Saint-Quentin, à 10h30, place de la Liberté. Venez nombreux !

28 avril 2009

Blanche colère.

Bonjour à toutes et à tous.

Je n'ai pas vu de blouses blanches défiler aujourd'hui dans les rues de Saint-Amand. Normal, c'est une ville trop petite, 11 000 habitants. Ailleurs, le mouvement contre la réforme hospitalière sera historique: on verra des grands patrons de la médecine plutôt classés à droite derrière les mêmes banderoles que les syndicalistes de gauche. C'est à ce genre de collusion inhabituelle et inattendue qu'on reconnaît les fins de régime. Voyez 1789, l'alliance d'une partie de la grande aristocratie et de la petite bourgeoisie.

Ainsi, le gouvernement perd peu à peu des segments de sa base idéologique et sociale, des fractions de la bourgeoisie au départ enclin à lui faire confiance: les magistrats, les cadres supérieurs, les mandarins de l'Université, les pontes de la médecine. Cette évolution politique dans la sociologie de droite est un phénomène majeur, beaucoup plus sans doute que les mobilisations salariales de janvier et mars ou que le 1er mai unitaire qui s'annonce. Un pouvoir périt d'abord sous les coups portés par les siens.

Il faut comprendre que la droite actuellement au pouvoir n'est pas vraiment issue de la bourgeoisie traditionnelle, celle qui, à l'instar de la haute aristocratie, venait des grands corps de l'Etat, qu'on retrouvait par exemple dans l'entourage du général de Gaulle. Sarkozy et ses amis appartiennent plus à la jet set, à une bourgeoisie aventurière qu'à la grande bourgeoisie stylée et classique, soucieuse d'ordre et d'autorité, défenseur des grandes institutions, des corps intermédiaires.

Dati, Bertrand et quelques autres sont d'origine relativement modestes, ne sont pas toujours passés par les grandes écoles, se vantent généralement d'un tel parcours, ce qui ne les rend pas moins féroces dans leurs convictions de droite, bien au contraire. Le grand bourgeois est capable parfois d'une mansuétude qu'ignore le petit bourgeois parvenu, qui doit s'efforcer de donner des gages, prouver qu'il sera le meilleur défenseur des intérêts de classe dont il a la charge.

Mais revenons à la mobilisation unanime de ce jour contre la loi Bachelot. De quoi est-il question ? Qu'est-ce qui est politiquement en jeu ? Deux mesures essentiellement: la tarification des actes médicaux, la gouvernance du système hospitalier par des hommes de pouvoir et non plus des hommes de science. C'est une révolution culturelle, un basculement idéologique, qui explique que de l'infirmière au grand médecin on s'en inquiète. La logique est fort simple, on la retrouve dans la plupart des grandes réformes sarkoziennes: transformer l'hôpital en entreprise, comme le gouvernement tente de le faire avec l'école et la recherche.

Qu'on me comprenne bien : je suis social-démocrate, favorable à l'économie de marché, soucieux de la bonne santé économique des entreprises, bien conscient que le patronat défend des intérêts tout aussi légitimes que ceux des salariés. Mais cela me conduit-il à ériger l'entreprise en modèle d'organisation pour la société ? Non, je conteste cet objectif qui est celui de la droite actuelle, qui non contente de défendre les entrepreneurs voudrait carrément transformer la France en une vaste entreprise.

Qu'on me comprenne bien là encore: ces vingt-cinq dernières années, la gauche a fait un nécessaire travail sur elle-même pour réhabiliter l'entreprise, qu'elle avait auparavant tendance à diaboliser. Je ne demande pas qu'on revienne là-dessus. Je vais même plus loin: il y a des vertus entrepreneuriales dont il peut être positif qu'on s'inspire. Mais de là à vouloir transformer nos écoles, nos universités, nos hôpitaux et tout le reste en entreprises, je dis non, je dis stop !

L'entreprise est une forme ancienne d'organisation sociale, centrée sur le travail, conçue, pratiquée et développée par la bourgeoisie: tout a commencé avec l'atelier, s'est poursuivi avec la manufacture puis l'usine, jusqu'à l'entreprise moderne qui a investi tous les secteurs de l'économie. L'entreprise a sa grandeur (le développement économique de la société) et ses ombres (l'exploitation des hommes, la production d'inégalités, parfois l'aliénation des individus). Un pouvoir politique doit soutenir l'entreprise quand elle contribue au bien commun, mais il ne doit pas lui laisser toute la place dans la société.

L'entreprise n'est pas un modèle pour la société parce qu'elle n'a pas le privilège ni le monopole des vertus sociales. Prenez l'administration, autre forme d'organisation sociale très différente et parfois opposée au monde de l'entreprise : qui osera dire qu'elle n'a pas elle aussi ses vertus, sa grandeur, son utilité ? Un pouvoir juste fera cohabiter ces deux types de structuration sociale sans médire de l'une au bénéfice de l'autre. Un pouvoir socialiste aura naturellement une préférence légitime pour les services publics mais saura reconnaître l'importance de l'entreprise privée. Car entre fabriquer des pots de yaourt et éduquer des enfants, vendre des espaces publicitaires ou assurer la sécurité des citoyens, faire des opérations en bourse et s'occuper de la santé des Français, il faut bien établir une hiérarchie.

Une société libre n'impose pas comme modèle l'entreprise, l'administration, la caserne ou le monastère. Une société émancipée n'impose aucun modèle, elle les accepte tous, les distingue et les hiérarchise, avec pour seul critère le bien commun, l'intérêt général. C'est pourquoi je suis hostile au libéralisme et au communisme, je ne veux pas que la France devienne une vaste entreprise ou une grande administration. Pour l'heure, soutenons le monde hospitalier dans sa lutte contre la loi Bachelot : pour que notre système de soins, qui mérite d'être réformé, ne se transforme pas pour autant en entreprise, en usine à yaourt.


Bonne journée.

27 avril 2009

1er mai, 7 juin.

Bonjour à toutes et à tous.

J'ai passé une merveilleuse nuit berrichonne, même si le réveil a été moins merveilleux, quand j'ai appris les résultats du dernier sondage IFOP, parus hier dans Sud-Ouest, concernant les intentions de votes si la présidentielle avait lieu aujourd'hui: c'est affolant!

Avec la crise, les manifs, l'impopularité du président, je ne m'attendais pas à ce que celui-ci fasse 28% au premier tour, et Royal 20,5%. L'écart est important. Bayrou, à 18,5%, continue à nous piquer des électeurs et l'extrême gauche représente la moitié de ce que nous représentons (10%), ce qui est tout de même embêtant. L'extrême droite est toujours là, avec 10%.

Bref, il y a de quoi être très inquiet et extrêmement prudent pour l'avenir, se garder de toute illusion, demeurer lucide en toute circonstance. Après les chiffres, qui ne se suffisent jamais à eux-mêmes, il faut faire quelques remarques:

1- La gauche va mieux mais elle est toujours en convalescence. En politique comme dans la vie, les blessures se cicatrisent beaucoup moins vite qu'elles ne s'ouvrent. Ce n'est donc pas encore, au PS, la grande santé.

2- Il n'est pas absolument certain que les électeurs imputent la crise à Sarkozy ou fassent un lien entre la situation actuelle et la politique libérale. Combien parmi les Conti ont voté Sarkozy en 2007 ? On serait peut-être surpris. C'est à nous socialistes de faire ce lien, d'établir le rapport entre crise du capitalisme et politique de droite. Car Sarkozy, nous le savons bien, a habilement brouillé les pistes.

3- De même, ne nous leurrons pas sur les séquestrations de patrons ou l'indignation que provoque le versement des bonus. L'opinion n'est pas devenue du jour au lendemain anticapitaliste. Elle critique les excès les plus visibles et les plus exceptionnels du capitalisme, elle ne remet pas en cause le système. C'est à nous socialistes de porter cette critique, de poser la question plus générale des rémunérations en France.

4- Sarkozy l'a bien compris: ce qui reste électoralement efficace, c'est de parler d'insécurité et d'immigration. Il reprend donc cette thématique. La gauche doit poursuivre ses efforts, qui sont loin d'être gagnés, pour que la question économique et sociale prévale.

Nous avons deux rendez-vous à ne pas manquer :

- Le 1er mai, unité syndicale, mobilisation salariale.

- Le 7 juin, sanctionner Sarkozy, faire gagner l'Europe sociale. Au soir du 7 juin, ne tombons pas dans le piège tendu par la droite en se demandant qui va arriver en tête. Mais il faudra comptabiliser, face au score de l'UMP, toutes les voix de gauche. Ce sera la seule comparaison valable. Car le sondage de l'IFOP le montre, et c'est la leçon essentielle qu'il faut en tirer: la gauche pâtit électoralement de sa dispersion.


Bonne journée saint-quentinoise
et saint-amandoise.

26 avril 2009

Méditations berrichonnes.

Bonjour à toutes et à tous.

René Descartes avait ses Méditations métaphysiques. Moi j'ai mes Méditations berrichonnes. Vous m'avez compris, vous avez deviné, je suis depuis cet après-midi pour quelques jours dans mon Berry natal, devant le même ordinateur qu'il y a six mois, dont le clavier est toujours aussi pénible à utiliser...

Saint-Amand Montrond, c'est à chaque visite l'occasion de se poser la même question, de ressasser la même obsession : comment la droite peut-elle rester aussi longtemps à la tête d'une municipalité, en l'occurrence une quarantaine d'années, sans discontinuer? Avec surtout cette angoisse : et si Saint-Quentin était entrée, il y a 14 ans, dans le même cycle politique, la même spirale infernale pour la gauche ?

Au jeu nécessairement subjectif des comparaisons, je vois trois rapprochements possibles, trois objets d'inquiétude :

1- Autant que je m'en souvienne, j'ai toujours vu, dans la gauche saint-amandoise, les visages et les équipes changer, alors qu'à droite, la continuité l'emportait très largement. Pareil à Saint-Quentin. Il nous manque la durée.

2- La gauche saint-amandoise n'a jamais su se donner ou se reconnaître un leader qui rassemble et qui entraîne, à la différence de la droite, dominée pendant un quart de siècle par Serge Vinçon et aujourd'hui par... son frère Thierry. Pareil à Saint-Quentin, où la question du leadership n'a jamais été réglée parce que jamais abordée. Livrer sa réponse aux rapports de forces internes, c'est la plus mauvaise solution.

3- A Saint-Amand comme à Saint-Quentin, 1997 a permis l'élection d'un député socialiste qui n'était pas issu de la section, qui n'est pas parvenu à s'enraciner localement et qui a finalement été battu en 2002. Le drame politique de ces deux villes, c'est que la victoire de la gauche n'y semble possible qu'en surfant sur une vague nationale. Ce qui développe inévitablement un état d'esprit désastreux : quoiqu'on fasse localement, on a de toute façon le sentiment que le salut ne viendra que du national. Du coup, un certain fatalisme, une passivité en ressortent, contre lesquels je me porte en faux : nous ne gagnerons que par un travail et un enracinement locaux. Si le contexte national nous est favorable, tant mieux, mais je n'attends rien de lui.

Voilà où m'ont conduit mes méditations berrichonnes. Les trouvez-vous aussi bonnes que mes méditations saint-quentinoises ?


Bonne soirée.

25 avril 2009

Un jour un jour.

Bonjour à toutes et à tous.

J'ai hésité avant de vous en parler, je n'osais pas. Il faut dire que ça ne m'arrive jamais, je suis si peu émotif. Et pourtant, j'ai failli pleurer, cette semaine. C'était mercredi, avant de rencontrer la vice-présidente (voir le billet du 23 avril, "Scène de pouvoir"), je traversais la forêt de Saint-Gobain et j'écoutais, dans ma voiture, Ferrat chantant Aragon. Je suis tombé sur "Un jour un jour", poème tiré du Fou d'Elsa, chapitre "La grotte", extrait de "Fable du navigateur et du poète".

Ce n'est pas le poème d'Aragon, ce n'est pas la chanson de Ferrat les plus connus. Mais quand je les ai écoutés, au volant de ma voiture, en forêt de Saint-Gobain, quelque chose m'a pris à l'estomac et est remonté jusqu'aux yeux. Je crois que ça s'appelle l'émotion. On a alors l'impression que plus rien n'existe que ce qu'on est en train d'entendre, que tout pourrait s'arrêter, que plus rien n'a d'importance, parce qu'on est au dessus de tout, de la médiocrité, de la vie, de soi-même.

Lisez ce poème, écoutez surtout cette chanson, je ne vous en dis pas plus, vous comprendrez. Ferrat, ah Jean Ferrat ! C'est le communiste qui donnait envie d'être et de devenir communiste ! Imaginez un peu : un chanteur populaire qui se met au service du plus grand poète français contemporain. Vous connaissez aujourd'hui un équivalent ? Et tous les deux partageaient la même foi communiste, qui chez eux, et singulièrement dans ce poème-chanson "Un jour un jour", prenait quasiment une dimension christique. Deux hommes qui offraient leur talent et leur génie au Parti communiste, et à travers lui à la classe ouvrière.

Quelle fierté on pouvait éprouver en ce temps-là d'être ouvrier et communiste, quand Ferrat et Aragon étaient les représentants et les défenseurs de votre classe et de votre cause ! Chez les socialistes, à la SFIO, il n'y avait rien de semblable, pas de ces "compagnons de route" comme on les appelait, intellectuels et artistes qui soutenaient le Parti. A droite, ils avaient Malraux, Druon qui nous a quittés il y a quelques jours ("Le chant des partisans", ça aussi, c'était quelque chose !), mais c'est tout, et ce n'étaient pas des figures populaires.

Ces années-là, d'après-guerre, les communistes avaient su donner de la grandeur, de la hauteur à la politique. Oui, eux, les stals, les prolos ! La SFIO, c'était les nécessaires combines de gouvernement. Comment voulez-vous trouver de la grandeur et de la hauteur là-dedans? Aujourd'hui, les nanas et les barbichus du NPA, je ne m'y retrouve pas non plus. C'est terrible, les communistes de ce temps-là, je crois que je les aime, alors que ce n'étaient pas des tendres. Mais je les aime à cause de Ferrat et d'Aragon, de cette chanson qui me fait frissonner, de cette strophe que je veux vous rappeler:

Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche


Bonne matinée.

24 avril 2009

Europe socialiste.

Je reviens sur le meeting socialiste d'hier soir à Soissons, dont j'ai évoqué ce matin les intervenants. J'ai noté sur un bout de papier quelques idées qu'il me semble important de répandre autour de nous :

- La droite refuse de faire campagne. Elle n'a même pas constitué ses listes ! Rachida Dati s'est comportée de façon déplorable devant des journalistes la questionnant sur l'Europe, prenant tout ça à la rigolade (je n'ai pas encore vu mais on m'a raconté). Attention: ce n'est pas de la négligence, c'est de la stratégie. La droite, redoutant le vote sanction, minimise l'enjeu et rêve d'une abstention massive. Bref, elle veut transformer le scrutin en un mol oreiller. Au plan national, pour sauver les meubles, elle nous refait le coup de l'immigration et de l'insécurité. Ce que je vous propose, c'est de transformer le polochon en bâton de Polichinelle !

- Il faut au plus vite, après l'oreiller, dénoncer cette fois une baudruche, l'illusion Bayrou. Celui-ci est bien gentil de montrer les dents quand il voit Sarkozy. Mais que font ses amis au Parlement européen ? Ils votent toujours avec la droite ! Voter Bayrou, ça ne sert donc à rien, sinon à voter pour la droite, que cela soit bien clair.

- Les Français critiquent beaucoup le Parlement européen, pire ils s'en désintéressent. Savent-ils que la majorité de nos lois nationales viennent de là-bas? Savent-ils que ce Parlement a plus d'influence, de vie, de force politique que notre Parlement français, trop souvent chambre d'enregistrement?

- Avec le Manifesto, pour la première fois dans leur histoire, les socialistes et sociaux-démocrates européens se trouvent réunis autour d'un même texte. Idéologiquement, ce n'est pas rien, c'est même lourd de conséquences politiques. Par le passé, le PS français avait tendance à se différencier. C'est fini, c'est tant mieux.

- Toutes les mesures qui figurent dans notre programme sont applicables dans le cadre de l'Europe actuelle, sauf une: la levée de l'emprunt. C'est important à rappeler, en direction de ceux qui pensent que le Traité de Lisbonne interdit toute marge de manoeuvre.

- Comment cette élection européenne ne pourrait-elle pas voir le triomphe des socialistes ? La droite libérale, qui domine actuellement la Commission et le Parlement, est désavouée par la crise financière mondiale, qui remet en cause toutes ses vieilles recettes, alors que le socialisme retrouve, en cette dramatique occasion, une nouvelle jeunesse, si les peuples le veulent.

Sommes-nous tous d'accord entre nous sur l'Europe ? Bien sûr que non, et c'est très bien comme ça. J'ai senti des réticences sur l'espace Schengen, des divergences sur la politique sanitaire (faut-il permettre la coopération européenne ou développer l'offre sur le territoire national?), sur la sauvegarde de notre économie (simples mesures de protection ou véritable protectionnisme européen ?)

Quelque chose n'a pas, me semble-t-il, été hier soir évoqué, car on ne peut pas tout dire: c'est le dépassement chez les socialistes du clivage mortel de 2005 sur le Traité européen. Les nonistes, forts de leur victoire d'alors, auraient pu rester sur leurs positions ou pire suivre Mélenchon dans son Parti de Gauche. La plupart n'en ont rien fait et ont préféré passer un compromis avec les partisans du oui afin de surmonter et dépasser ce grave conflit interne. Il le fallait, car l'histoire a montré que sur l'Europe les socialistes ne pouvaient se permettre le luxe (la folie ?) de se diviser.


Bon après-midi.

Paroles de socialistes.

Bonjour à toutes et à tous.

Le PS a tenu hier soir son premier meeting dans l'Aisne, à Soissons, pour les européennes. Et nous sommes les premiers! L'invité était la tête de liste régionale, Gilles Pargneaux, qui auparavant avait rencontré nos camarades de Château et de Villers.

Un meeting, ce sont des orateurs qui se suivent, qu'on écoute, qu'on compare inévitablement. A la tribune, Edith Bochand, conseillère régionale, et Arnaud Battefort, Premier fédéral adjoint, ne se sont pas exprimés. Patrick Day, maire de Soissons, le seul qui ait lu son discours, a prononcé comme il se doit le mot d'accueil, en tenant à citer tous les secrétaires de section présents dans la salle. Un exercice toujours un peu casse-gueule, parce qu'on oublie presque toujours quelqu'un, qui après vous fait la gueule... Bon, Patrick s'en est bien tiré.

Claire Le Flécher, en tant que secrétaire de section de Soissons, a suivi, toute de rouge vêtue, se fondant dans l'affiche rouge du décor. Très souriante, limpide, organisée, allant à l'essentiel, agréable à entendre, un vrai régal, une vraie pro. Elle ira loin, j'en suis certain, et si nous sommes forts et unis, jusqu'à la députation. La circonscription lui tend les bras. Elle est convaincante, et surtout, elle ne surjoue pas son rôle de leader, ce qui est assez rare en politique. A certains moments, on croyait même que le candidat aux européennes, c'était elle !

Jean-Jacques Thomas, Premier fédéral, c'est un tout autre style, mais il en faut pour tous les goûts. Il s'essaie dans l'humour, une pratique toujours risquée en politique. Mais la salle est bon public et ça passe très bien. Il y a du Balligand en lui, ou du Thomas chez Balligand, comme vous voudrez : même corpulence, même volonté de mettre l'auditoire de leur côté par une sorte de gouaille dont je ne sais jamais si elle est feinte ou spontanée. Mais peu importe, ça fonctionne...

Gilles Pargneaux, je l'attendais, l'ayant seulement entendu à de rares occasions, lors de réunions nationales de courant, puisqu'il est comme moi un soutien d'Aubry. A voir, il ne paie pas de mine: sourire gentil, cheveux assez longs, visage placide. Et puis, comme tous les grands orateurs, c'est au moment de prendre la parole qu'il s'éveille, prend vie, donne toute son ampleur, sa force, le meilleur de lui-même. L'inverse aussi se vérifie: un militant volubile perd souvent en intensité devant un public.

L'élocution est très bonne (Pargneaux est avocat de formation), sa gestuelle impressionnante (c'est ce qui tranche avec les autres orateurs) : son corps est toujours en mouvement, ses mains bougent sans arrêt, il accompagne ses explications de signes évocateurs bien choisis, son index interpelle régulièrement la salle, sa tête se tourne vers les uns et les autres, impliquant chacun dans ce qu'il dit. Vraiment très bon.

Très fort aussi son amorce de discours : dans l'art oratoire, le commencement est difficile, délicat. Gilles a opté pour du classique qui a fait ses preuves, qui est d'une redoutable efficacité. Il fait d'abord référence à chacun de ses hôtes, leur réservant un petit mot de remerciements, n'oubliant personne, donnant l'impression de connaître tout le monde. Quand viendront les questions de la salle, après son intervention, il en sera de même: il note soigneusement chaque prénom, qu'il prend garde de ne pas oublier et de répéter. Chapeau !

Ensuite, encore plus habile et moins aisé, Gilles Pargneaux, qui vient du Nord, s'efforce de nous démontrer qu'il est de chez nous. Et ça marche ! Ses vieux parents habitent encore à Hirson, la ville du Premier fédéral. Lui, Gilles, allait enfant voir son cousin près de Soissons et sillonnait, pour ses activités musicales, le département de l'Aisne. Faire de la politique, c'est tisser des liens (Platon le disait déjà !). Pargneaux y réussit très bien. Même avec Arnaud Battefort, il s'est trouvé un point commun : son épouse travaille dans la même entreprise pharmaceutique que lui. Tout l'art de la politique consiste à montrer qu'on est comme tout le monde. Vouloir se différencier, c'est se suicider. Ou alors il faut s'appeler César, Louis XIV, Napoléon ou De Gaulle.

Gilles Pargneaux se qualifie lui-même de "bébé Brugnon", à l'instar de Balligand et Thomas. Son parcours politique est donc classique. Repéré par le député thiérachien Maurice Brugnon (qui a eu l'intelligence plutôt rare en politique de préparer sa succession), il est devenu son assistant parlementaire, puis maire d'Hellemmes, enfin patron de la puissante fédé du Nord. Au bon sens du terme, c'est un homme d'appareil, un pur produit PS, aujourd'hui conseiller politique de Martine Aubry, qui lui doit beaucoup et à qui il doit beaucoup. C'est ainsi que se forment les meilleurs couples en politique, les plus solides, les plus durables.

Et qu'est-ce qu'il a dit sur l'Europe, Gilles ? Patience, laissez-moi souffler un peu, j'en parle dans le prochain billet.


Bonne fin de matinée.

23 avril 2009

Scène de pouvoir.

Bonjour à toutes et à tous.

Ce matin, je vais commencer par une confidence: je suis un voyeur. Non, ça n'est pas ce que vous croyez, et même si cela était, je n'en dirais rien. Ce blog est politique, pas privé. Mon voyeurisme est donc politique. J'aime observer les scènes de pouvoir. Ce qui est relativement facile, puisque la politique favorise l'exhibitionnisme. Bref, je suis un voyeur qui regarde des exhibitionnistes. Ça n'a donc rien de pervers, c'est même quelque part moral. Je vous donne un exemple:

Hier, j'assistais à une réunion d'associations autour d'une vice-présidente du Conseil régional. Ce n'est pas le pouvoir suprême, mais c'est le pouvoir quand même. J'ai zieuté, je n'ai rien appris mais j'ai tout compris:

1- Le pouvoir est une force d'attraction. Je sais à quel point il est difficile de déplacer les gens, qui plus est en période de vacances. Pourtant, la salle était pleine à craquer, il a fallu rajouter des chaises. On dit que l'argent n'a pas d'odeur. Le pouvoir en a une, et très forte, qui attire, comme le sang attire les requins. Mais en politique, qui sont les requins?

2- Le pouvoir ne reconnaît que le pouvoir. La vice-présidente s'est empressée de saluer, avec ostentation, un autre vice-président, du Conseil général cette fois. Déférence, reconnaissance, ainsi fonctionne la politique: être déférent pour être reconnu.

3- Le pouvoir se fait entendre. Avant que la vice-présidente ne prenne la parole, des fonctionnaires de la Région se sont exprimés et ont été assez peu écoutés. Dès que l'élu a ouvert la bouche, et tout le temps de son intervention, un silence quasi religieux s'est instauré.

4- Le pouvoir est libre de tout. J'ai longtemps été surpris de constater que les hommes politiques portent rarement de ces gros cartables qu'on connaît bien chez les enseignants (j'en ai un magnifique mais un peu usé). C'est volontaire: le pouvoir ne s'encombre de rien, ne se plie à aucun charge. Mitterrand dédaignait même de porter une montre! L'enseignant, lui, comme beaucoup, n'est qu'un tâcheron. Pas l'homme politique.

5- Le pouvoir est entouré. Quand Madame la Vice-Présidente a besoin d'un chiffre, d'une information, une main se tend, un dossier lui est présenté, par un des deux ou trois conseillers qui la suivent.

6- Le pouvoir est représenté. Les princes avaient leur peintre de Cour, les hommes politiques modernes ont leur photographe. Pendant toute la réunion, un quidam a mitraillé la vice-présidente sous tous les angles. Des clichés manifestement sans intérêt, mais qui montraient toute l'importance de la dame, puisque quelqu'un d'ordinaire ne se ferait jamais photographier aussi frénétiquement.

7- Le pouvoir méprise le temps. L'élue est arrivée en avance et partie très vite, sans savoir très bien ce que serait la suite. Le pouvoir est au dessus de ces contingences. S'en préoccuper serait déchoir. Le pouvoir n'est que dans l'instant présent, qu'il domine tout entier.

8- Le pouvoir, c'est la distance. La vice-présidente écoute mais ne se laisse jamais absorber par son interlocuteur. Elle reste centrée sur elle-même, parfois légèrement absente, comme si elle était là et ailleurs. Elle a dû tellement en voir et en entendre! La politique conduit au désabusement, peut-être même à une sorte d'amertume au bout de laquelle on découvre une forme de sagesse. Mais à quel prix! C'est pourquoi peu de gens font de la politique et aiment le pouvoir.

A la fin de la réunion, tout en lui passant un toast au foie gras, je me suis demandé: mais pourquoi elle, petite, sans éclat particulier, pourquoi se retrouve-t-elle en situation de pouvoir? Ma réponse est incertaine, le pouvoir reste à mes yeux une énigme. Mais j'ai une explication: la voix, la tonalité, le timbre de la voix, un mélange d'assurance, d'autorité, quelque chose de pas très agréable à entendre mais de très efficace. Je me souviens: avec notre ancienne députée Odette Grzegrzulka, j'avais exactement la même impression.


Bonne matinée.

22 avril 2009

Popu ou pas.

Bonjour à toutes et à tous.

La droite s'attaque beaucoup, en ce moment, à Ségolène Royal, et certains, à gauche, ne sont pas très chauds pour la soutenir. Pour ma part, je ne suis pas ségoléniste, vous le savez, j'entre difficilement dans son style et son personnage, mais en même temps, par quelques côtés, je me sens proche d'elle:

Oui, elle a raison d'être elle-même, de n'en faire qu'à sa tête, de bousculer le conformisme socialiste, de se moquer des jeux de courants et d'appareil, de vouloir prendre le Parti en le contournant, en s'adressant à l'opinion. Il y a dans cette démarche quelque chose de nouveau qui peut être fructueux. Ségolène a du cran, de l'audace, elle ose tout paraît-il. N'est-ce pas ainsi qu'on réussit en politique? En tout cas, nul ne peut contester qu'elle incarne quelque chose, qu'elle répond à une aspiration.

La droite, et quelques-uns chez nous, lui reprochent de se la jouer médiatique, de faire exclusivement des coups, de ne chercher qu'à faire parler d'elle, à tout prix, à propos de n'importe quoi, pour s'attirer les faveurs des Français. Je crois cette explication superficielle. Ségolène, qu'on l'approuve ou non, est sincère dans sa démarche, elle ne calcule pas. A la différence de Sarkozy, elle ne succombe pas au populisme, c'est à dire au jeu de la séduction et de la flatterie. La démonstration est assez simple à faire:

Croyez-vous que les Français se sentent aujourd'hui concernés par les propos tenus par le président, à Dakar, sur l'homme blanc et l'Afrique en dehors de l'Histoire? Pensez-vous qu'ils s'inquiètent de savoir s'il a dit ou non que Zapatero était intelligent ou pas? Tout cela n'intéresse pas l'opinion, qui se préoccupe de la crise économique, des menaces sur l'emploi, de la baisse du pouvoir d'achat et de l'avenir de ses enfants. Pas du discours de Dakar, pas du Premier ministre espagnol, pas du "pardon" et des "excuses" de Ségolène Royal. Les médias s'inventent une histoire.

La meilleure preuve, c'est que le taux de popularité de Ségolène Royal dans le baromètre IFOP de ce mois est au plus bas: 38%! Même Fabius fait mieux (41%). Jospin, qui s'est retiré de la vie politique, obtient 52%, DSK, qui est à Washington, 66%, et Delanoë, qui a perdu le congrès de Reims et s'est replié sur sa mairie de Paris, culmine à 68%! Je ne vous parle même pas de Chirac qui triomphe à 74% alors qu'il est retraité de la politique.

La leçon de tout ça est évidente: pour être populaire en politique et pour y réussir, il ne faut pas faire de politique, faire parler de soi le moins impossible, intervenir médiatiquement assez peu. Ce n'est pas le chemin qu'a pris Ségolène Royal.


Bonne matinée.

21 avril 2009

Défense de Nora.

La presse, depuis quelques jours et encore ce matin, tourne en dérision Nora-Ahmed Ali, notre conseillère municipale d'opposition Verte. Lors de la visite des élus aux travaux de la ville, elle a demandé, dans le centre technique de l'agglomération, s'il s'y trouvait les déchets des Saint-Quentinois, alors que la réponse semble évidente: c'est à Holnon, au centre d'enfouissement. Je ne sais pas comment ni dans quel contexte Nora a posé cette question, je n'y étais pas. Mais je m'appuie sur le compte-rendu dans les trois journaux locaux, chacun en faisant ses choux gras, si j'ose dire. Et ça me fait mal, pour Nora, pour l'opposition, et aussi pour moi, à titre personnel.

Je veux donc prendre ici, aujourd'hui, la défense de Nora, d'autant que je ne suis pas certain que beaucoup le fasse. N'attendez cependant pas de moi que j'attaque notre presse locale ou que je lui reproche quoi que ce soit. En la circonstance, les journalistes n'ont fait que répéter ce qu'ils ont entendu dans la bouche d'une élue, c'est à dire d'un personnage public, dans le style qui leur appartient, en l'occurrence l'ironie. Bref, la presse n'a fait que son métier. J'ai dit que je serais l'avocat de Nora, mais pas le procureur de la presse. Nora a manifestement commis une maladresse surprenante, je ne vais pas nier l'évidence. Non, ma défense va porter sur quelque chose de plus fondamental.

Nora Ahmed-Ali, que je connais bien et depuis longtemps, avant même qu'elle fasse de la politique, est victime, oui, je dis bien: VICTIME. Ce qui me fait mal, c'est ça, pas sa bourde de jeudi dernier. Victime de quoi? D'un système qui l'a mise là où elle est, et que je veux vous décrire, tout en le dénonçant violemment, car je suis colère quand j'y réfléchis bien. Vous me direz peut-être que Nora a choisi d'être là où elle est: oui et non, puisque la politique n'est pas seulement la conséquence de choix individuels mais le résultat de tout un contexte.

Nora est le produit d'un système dont je répète qu'elle est la victime, même si elle semble consentante. Mais nous qui observons tout ça de l'extérieur, et surtout pour ceux d'entre nous qui ont de l'amitié pour elle, nous comprenons quand même qu'elle en pâtit, pas qu'elle en bénéficie. Je veux maintenant vous expliquer pourquoi, mais il n'y aura rien de nouveau, j'en ai déjà souvent parlé:

Il y a une façon de considérer une liste municipale qui consiste à la voir comme un cageot à fruits et légumes ou un casier à bouteilles. Qu'est-ce que je veux dire par là? Que la liste en question est essentiellement conçue comme une suite de cases, étiquetées selon les formations politiques. Quand on a fait ça, on s'estime satisfait, on pense que l'essentiel a été fait. Et je comprends bien pourquoi: c'est très difficile d'en arriver là, contenter les uns et les autres, c'est à dire les partenaires politiques.

Une fois ce travail effectué, peu importe après qui va occuper les cases, ça devient secondaire, pour ne pas dire une formalité, puisqu'en règle générale, il y a beaucoup plus de postulants que d'heureux élus. En politique, même une place non éligible suscite les plus folles convoitises. Le besoin de reconnaissance chez les êtres humains est plus fort que tout. C'est aussi un moyen de mener les individus, de se les assujettir. C'est fou mais c'est ainsi. Mais c'est ainsi que certains se retrouvent là où ils ne devraient pas, ce qui est funeste pour eux et pour l'équipe.

Vous devez peut-être me trouver bien impudent de penser que Nora n'est pas où elle devrait se trouver. J'entends déjà les commentaires ironiques. Si vous voulez... Moi, je verrais ça autrement: j'assume ce que je pense, je ne le cache pas, et en le disant, je fais oeuvre utile pour la gauche et pour l'avenir. Peut-être même que je dis une vérité que tout le monde sait mais que personne n'ose dire. La politique est une activité sérieuse et difficile, où il faut être extrêmement lucide sur soi-même, délivré de tout amour-propre ou narcissisme, être capable de voir ses capacités et ses limites. C'est là où une liste municipale ne peut pas être seulement un cageot ou un casier dans lesquels on pourrait mettre n'importe quoi, à des places interchangeables.

Et pour vous prouver qu'il n'y a aucune effronterie de ma part, je veux appliquer d'abord, en toute cohérence, cette règle à moi-même. Je suis assez habile en communication, mais nul en comptabilité. Je suis assez bon dans un discours devant un groupe, je suis plutôt mauvais dans le contact personnel. Je sais rédiger, je ne sais pas négocier. Etc. Pour tout vous dire, je ne me vois pas maire de Saint-Quentin, mais je me vois très bien animateur d'une opposition unie et offensive. Ai-je raison, ai-je tort? Je vous dis ce que je pense, à vous de confirmer ou de contester. Toujours est-il que j'y pense, que j'ai conscience qu'en politique on ne peut pas mettre n'importe qui n'importe où, moi le premier. A moins qu'on s'en fiche et qu'on intègre l'idée de la défaite. Ce n'est pas mon cas.

J'en reviens à Nora: est-il anormal qu'elle soit conseillère municipale? Non, pas du tout. Elle a de la volonté, de la persévérance, elle est à sa façon militante. Mais je la vois plus dans une majorité que dans une opposition, où il faut se battre comme des chiens contre la droite. A droite, justement: prenez Sylvie Robert-Puissant, l'adjointe aux finances. Je l'aime bien, on se fait la bise quand on se croise (mais ce n'est pas le baiser de Judas!). Je la crois compétente et efficace dans la fonction qui lui a été donnée par Pierre André. Mais dans l'opposition, face à une gauche dominante, elle ne serait plus, à mon avis, à sa place.

L'art de la politique consiste notamment à trouver pour chacun sa juste place. Sinon on marche sur la tête. Cette place n'est pas déterminée pas un individu tout seul, même la tête de liste, mais à l'issue d'une délibération collective. C'est l'idée que j'ai tenté de défendre avant les municipales. Vous savez ce qu'il en a été. Et vous constatez aujourd'hui, cruellement, pour nous, pour Nora, quelles en sont les conséquences.


Bonne fin d'après-midi.

La violence de la production.

Bonjour à toutes et à tous.

Dans le dernier Charlie Hebdo, je retiens l'éditorial (p.3), cette semaine rédigé par Oncle Bernard, c'est à dire l'économiste et excellent pédagogue Bernard Maris (que j'aimerais faire venir au Festival du Livre de Merlieux, parce qu'avec Val, ça me semble mal barré). Il est question de la crise et de sa violence:

"En vérité, le gâteau du capital est plein de haine, de lutte contre autrui, d'exclusion, de chacun pour soi. C'est pour ça d'ailleurs qu'il contient plus de déchets et de pesticides que de bonnes choses. Avec de la non-vie on fabrique de la non-vie, on détruit, on transforme le monde en déchetterie. Toute cette violence humaine est cristallisée dans l'accumulation. C'est pas de la marchandise qu'on accumule, mais de la scorie, ce qui reste quand on est passé par le presse-citron du boulot".

Et voilà la chute de l'article:

"... penser la fin de ce système violent, inhumain, où l'on demande de la rapacité à chacun pour prix de sa productivité (...) Peut-on, enfin, sortir de la violence de la production?"

Avec Maris, c'est toujours la même chose: je suis extrêmement séduit par ses analyses, j'y souscris très largement et en même temps, j'en ressens les limites (mais quelle analyse ne rencontre-t-elle pas à un moment ou à un autre ses limites? C'est même sûrement bon signe). La violence extrême du capitalisme, ok. Mais je me pose trois questions:

1- Si la production est violente, la politique, historiquement, ne l'est-elle pas infiniment plus? Guerres, conquêtes, oppressions, croisades, inquisitions, génocides, tout ça n'a pas de rapport direct avec l'économie, tout ça est terriblement plus meurtrier que l'économie. La violence n'est-elle pas beaucoup plus du côté du pouvoir que de la production?

2- Le capitalisme ne détruit-il pas autant qu'il construit? Sa nature n'est-elle pas fondamentalement ambivalente? Ce qui conduit d'ailleurs Marx à établir à la fois sa nécessité et sa disparition, à le louer et à le contester. La production, c'est en même temps l'exploitation du salariat et la société de consommation.

3- La production, en système capitaliste (mais son anarchie constitue-t-elle un "système"?), est violente parce que chaotique, concurrentielle, obsédée par le profit, obligée à l'exploitation, pour tout dire est irrationnelle. Soit, mais la rationalisation de la production a été mise en oeuvre, sous le nom de communisme, avec prévision, planification, organisation de la satisfaction des besoins et non plus recherche effrénée du profit. A quoi avons-nous alors assisté? A un irrationnel économique encore plus grand que celui du capitalisme, qui a fini par entraîner la disparition de la production rationalisée.

Bref, si la critique du capitalisme reste pertinente, elle ne peut plus se soumettre à un anticapitalisme primaire, elle doit aller de pair avec la critique de la production administrée.


Bonne matinée productive.

20 avril 2009

Et si on refaisait l'histoire?

Bonsoir à toutes et à tous.

Pour ces vacances, je vous conseille une passionnante lecture: Et si on refaisait l'histoire? un ouvrage signé Fabrice d'Almeida et Anthony Rowley, chez Odile Jacob, paru en avril 2009. L'un est prof d'histoire, l'autre prof à Sciences-Po: des gens sérieux, donc. Et leur livre l'est tout autant, même si sa thèse paraît fantaisiste: comment se serait déroulée l'histoire si les événements s'étaient passés autrement? A partir de là, les deux auteurs proposent des hypothèses crédibles et des déroulés historiques qui ne le sont pas moins (on appelle ça l'uchronie). Exemples:

- Et si Ponce Pilate avait gracié Jésus?
- Et si les Arabes avaient battu Charles Martel?
- Et si Louis XVI avait réussi sa fuite sans être arrêté à Varennes?
- Et si les Allemands avaient gagné en 1914?

A mon tour, je me suis amusé, mais fort sérieusement, à refaire l'histoire politique saint-quentinoise des dernières élections municipales. Voilà ce que ça donne:

A la réunion de section de septembre du PS, je confirme ma candidature pour la tête de liste (annoncée un an auparavant) et je l'assortis d'une condition: il faut que cette candidature soit de rassemblement, et non de division. L'heure n'est pas aux rapports de forces entre nous, mais à l'unité. J'ajoute que si ma candidature ne convainc pas, il faudra en chercher une autre, l'important étant de discuter entre nous, nous entendre sur un nom qui fasse l'unanimité (jusque là, tout est vrai, la réunion de section s'est réellement passée ainsi et ma proposition n'a soulevé aucune opposition; mais la fiction uchronique commence juste après).

Anne Ferreira, en réunion de courant, accepte la méthode proposée, c'est à dire le principe d'une discussion s'ouvrant dès maintenant pour dégager la meilleure tête de liste, sans attendre le calendrier statutaire de dépôt des candidatures. Elle demande simplement que la représentativité de son courant soit respectée lors de la composition de la liste, exigence tout à fait normale. Les discussions s'engagent donc tous azimuts, et sur la tête de liste, et sur la liste, et sur les alliances, et sur le projet.

Ma candidature est assez vite acceptée, mais je dois renoncer à une idée qui m'était pourtant chère: une liste socialiste autonome, avec alliances au second tour seulement. J'accepte, car il faut bien passer des compromis. Ce qui n'était pas négociable, c'était l'unanimité, parce que ce point conditionnait ensuite le rassemblement de tous les socialistes. Les discussions s'engagent donc avec le PCF, les Verts, le MRC, le PRG. Le Parti des Travailleurs propose alors de faire cause commune avec lui et avec toute l'extrême gauche, mais personne ne le prend au sérieux.

Pour prouver ma volonté de rassembler tout le monde, je ne me mêle pas directement de ces négociations, je missionne Maurice Vatin et Jean-Pierre Lançon, tous les deux fins connaisseurs de nos partenaires, des rapports de forces locaux et des subtilités de ce genre de négo. Je le fais surtout pour imposer l'union à deux très anciens frères ennemis du socialisme local, ce qui a pour moi une forte valeur de symbole. Mon exigence demeure: l'union, l'union, l'union. Je suis persuadé que donner des responsabilités et faire travailler ensemble des camarades très différents est encore le meilleur moyen de les rapprocher.

La liste discutée entre nous et unanimement validée me convient, à une exception près: le PRG n'obtient que la 11ème place, réservée à Stéphane Fabris. J'aurais aimé que ce petit parti de centre gauche, vieil allié du PS, soit un peu mieux traité. Mais là aussi, il faut savoir passer des compromis. Tout ça ne s'est pas fait sans difficultés: Annick Merlen était très réticente, Freddy Grzeziczak s'interrogeait sur une offre de la droite. Sylvie Racle, avocate, responsable associative, symbole de l'ouverture à la société civile, méritait sans doute une place plus élevée. Mais c'est la loi du genre. La dynamique d'union a été la plus forte, elle a balayé les hésitations légitimes et les imperfections inévitables.

Après une belle campagne, nous avons eu un beau résultat (43%), même si on peut toujours espérer mieux. Du moins nous disposons maintenant d'une forte équipe municipale, une opposition de gauche avec laquelle la droite devrait désormais compter. Une page de notre histoire est tournée, nous pouvons envisager un peu plus sereinement l'avenir, après dix ans de douleurs. J'ai le plaisir de vous présenter maintenant nos dix élus:

1- Emmanuel Mousset (PS)
2- Annick Merlen (PS)
3- Olivier Tournay (PCF)
4- Marie-Anne Valentin (PS)
5- Freddy Grzeziczak (MRC)
6- Valérie Delattre (Verts)
7- Jean-Pierre Lançon (PS)
8- Aurélie Plé (PCF)
9- Stéphane Andurand (PS)
10- Sylvie Racle (PS, au titre de la société civile)

La dernière place, comme en 2001, a été réservée à Anne Ferreira, afin de booster la liste et n'oublier personne.

Je suis assez fier de cette liste: la diversité est respectée, chaque s'y sent correctement représenté. Je me considère dans cette affaire comme un animateur capable de donner vie et énergie à une opposition soudée et crédible. Pour la suite, devenir maire, c'est une autre paire de manche, je ne suis pas certain d'en être capable. Il faudra, dans sept ans, préparer peut-être quelqu'un d'autre qui puisse battre le redoutable Xavier Bertrand. Mais pour l'heure, à la tête de l'opposition, je crois sans prétention que je suis l'homme de la situation, avec les qualités qui sont les miennes. Mes camarades d'ailleurs ne s'y sont pas trompés en me choisissant rapidement.

Ouh ouh, réveillez-vous, fin de l'uchronie, retour à la réalité. Ça fait mal, je sais, comme la fin d'un beau rêve qui s'arrête brutalement. Et si on refaisait l'histoire? Finalement, je ne suis pas sûr que ce soit une très bonne idée...


Bonne soirée.

Tu parles!

Bonjour à toutes et à tous.

Ségolène Royal a occupé tout le week-end politique avec son nouveau pardon, concernant les propos peu amènes de Sarkozy sur Zapatero (et quelques autres grands de ce monde, dont Obama). La droite s'est déchaînée, Xavier Bertrand en tête, qui a dû mal digérer son boudin hier à Saint-Jean. On dit aussi que le PS s'est montré moins solidaire que pour le pardon de Dakar. Que faut-il penser de tout ça?

Ségolène, comme moi, comme vous, comme chacun d'entre nous, a son style, très personnel, christo-socialiste, qui ne ressemble à aucun autre. C'est très bien ainsi. En ce qui me concerne, je ne pratique le pardon des offenses qu'avec mes élèves, pour effacer leurs fautes, comme je passe la brosse sur le tableau noir. A part ça, je n'oublie rien, je ne pardonne pas, j'assume ce que je fais et ne le regrette jamais, surtout je ne demande pas pardon pour une faute commise par un autre! Mais Ségolène, c'est autre chose: elle a choisi d'incarner la France face à Sarkozy qui prétend, par la grâce de l'élection, l'incarner aussi. Je m'y perds un peu dans cette mystique nationale.

Toujours est-il que le problème est ailleurs, pas dans la forme mais dans le contenu: Royal a-t-elle eu raison de dénoncer et de condamner les propos tenus par Sarkozy sur ses collègues chef d'Etat ou de gouvernement? La réponse est bien évidemment oui, et elle appelle une explication de fond, par delà la petite polémique du week-end. Depuis qu'il a été élu, et même bien avant, Nicolas Sarkozy a rompu avec le langage de ses prédécesseurs, il a choisi le parler brutal (Michel Rocard, dans les années 70, prônait le parler vrai). Et c'est un choix politiquement très contestable, je vous dis pourquoi:

Il me semble qu'un président de la République ne peut pas, ne doit pas parler comme tout le monde. Il doit tenir son rang, être à la hauteur de sa fonction, maîtriser sa parole, s'élever à une certaine dignité. Faire de la politique, c'est d'abord s'exprimer. Si vous le faites mal, surtout si vous êtes chef d'Etat, vous n'êtes plus dans le rôle qu'on attend de vous. Bien sûr, je n'ignore pas que la dégradation de la langue est un phénomène général, qu'on constate par exemple à la télévision, mais ce n'est pas une raison. C'est même, au contraire, une bonne raison pour ne pas se laisser aller à cette tendance de la société contemporaine.

Quand j'étais adolescent, ce qui m'a fait me passionner pour la politique, c'est que j'étais fasciné par les beaux discours, les gens qui savent parler. Ces années-là, à gauche, il y avait deux figures de proue: François Mitterrand et Georges Marchais. Si je suis devenu socialiste alors que mon environnement familial m'aurait plutôt porté à devenir communiste, c'est, entre autres bien sûr, que Mitterrand parlait un français admirable tandis que Marchais avait une syntaxe déplorable.

Rien ne me paraît plus détestable que de vouloir parler peuple pour laisser croire qu'on en fait partie. Marchais oubliait que Jaurès et Blum étaient deux leaders socialistes au langage très châtié, très littéraire, et qu'ils étaient en même temps, et aussi pour cette raison, très appréciés, très aimés par la classe ouvrière. On ne respecte pas les citoyens quand on s'exprime vulgairement. Le langage relâché, c'est comme le débraillé chic et le jean du dimanche: un snobisme de bourgeois.

Vous me ferez peut-être remarquer que Sarkozy a parlé "off", pas publiquement, et que ses propos ont été déformés. D'abord, je vous répondrais que Sarkozy a théorisé le parler brutal. Il n'est donc pas surprenant qu'il le mette en pratique. Ensuite et surtout, je vous dirais que le "off", ça n'existe pas: quand on discute avec des parlementaires de toutes tendances, on sait pertinemment que vos paroles seront rapportées, qu'elles prennent le risque d'être déformées. Sarkozy est, dit-on, un professionnel de la communication, il doit donc savoir cela. Son parler brutal est une stratégie délibérée. C'est du devoir de l'opposition de la dénoncer. Nous ne sommes pas dans une querelle linguistique de surface, nous sommes dans un problème politique de fond.


Bonne matinée.

19 avril 2009

Du beau, du bon, du boudin!

En vous disant au début de mon précédent billet que j'avais optimisé ce matin mon temps, je ne me suis pas expliqué: c'est que j'ai presque fait deux choses en une, l'inauguration du Boudin et la cérémonie de la Citoyenneté, qui se chevauchaient. Plusieurs élus ont dû également courir de l'une à l'autre.

Revenons au Boudin et à ses petites anecdotes. Le décor était très joli, le Grand Maître Daniel Caudron resplendissant, avec à ses côtés notre Bouffon local Jean-Paul Lesot, toujours en quête de taquineries. Les membres de la Confrérie, autour de leur bannière, ont renouvelé leur garde-robe, désormais d'un bleu éclatant. Le président Caudron, au détour d'une phrase, a précisé que les siens tenaient à la Picardie. Xavier Bertrand s'est empressé d'acquiescer et d'applaudir, pour qu'on ne croit pas le contraire, après les remous de la Commission Balladur.

Pierre André, que je croise pour la troisième fois en quarante-huit heures, me fait remarquer qu'on n'est pourtant pas en période électorale. Mais je conviens avec lui que ce n'est pas dans les périodes électorales qu'on fait le plus de politique: c'est bien avant, et tout le temps, maintenant par exemple, au Boudin. Dans son discours, le sénateur-maire annonce qu'une rue ou un établissement portera le nom de Pierre Arnould, fondateur de la Foire, disparu il y a peu, à qui il a été rendu hommage.

Pascale Gruny se présente à moi avec sa grosse médaille dorée de membre de la Confrérie et me dit tout de go: "Je suis la reine du Boudin". Je nuance, un peu gêné par sa plaisanterie, en lui faisant remarquer qu'on la voit aussi défiler en mannequin (véridique!). Autre rencontre, Corinne Bécourt, vue elle aussi vendredi: une bonne militante, toujours présente, avec laquelle j'aime bien me marrer.

11h00, je me retrouve dans la salle des mariages de l'Hôtel de Ville, pleine à craquer. Freddy, Grandin et Savelli ont suivi le même chemin que moi. Pierre André m'avait dit que 800 jeunes avaient été contactés, qui ont eu dix huit ans et sont donc devenus des citoyens à part entière. Ils ne pouvaient pas tous être là, mais ils étaient très, très nombreux à cette cérémonie désormais obligatoire de la Citoyenneté, présidée par Monique Ryo. Et ça fait plaisir à voir! Quand on pense à tous ceux qui se plaignent de la jeunesse désengagée et incivique...

C'était une belle cérémonie, d'un autre genre que celle du Boudin, belle aussi à sa façon. Jacques Destouches, notre sous-préfet, a fait un discours comme ne savent en faire que les sous-préfets: élocution parfaite, idées claires, propos structuré, synthétique, consensuel. Pendant le vin d'honneur, il m'a fait, à travers la foule, un petit signe que je lui ai rendu. Quand je me suis approché pour le féliciter, il avait disparu.

Vincent Savelli, toujours serviable, s'est avancé vers moi avec trois coupes de champagne à la main, je ne sais toujours pas comment il a fait ce tour d'adresse. Une m'était réservée. Merci bien. Marie-Laurence Maître s'est préoccupée de ma santé (rien, je suis simplement grippé depuis quinze jours). Elle est grande, très en beauté, impressionnante dans son écharpe tricolore, pleine d'énergie. C'est une valeur montante de la droite locale. Elle nous surprendra, j'en suis certain.

Ce qui m'a en attendant surpris, c'est de voir les jeunes, à la fin des discours officiels, se précipiter en masse pour retirer leur carte d'électeur, négligeant le champagne. C'est beau à voir, j'ai apprécié. Les adultes, au contraire, ne manquent jamais de partager le "pot de l'amitié", les anciens combattants étant champions dans l'exercice (et ils ont bien raison, je ne le leur reproche pas!). Ce que je veux seulement souligner, c'est que les jeunes n'ont pas à l'alcool le rapport qu'on croit trop souvent.

Je me suis posté à la sortie de la salle des mariages et j'ai compté: six élèves à moi étaient de la partie, j'ai un peu discuté avec certains. J'ai aussi remarqué que plusieurs jeunes étaient solennellement venus avec leurs parents. C'est bien. Alors, vive la Citoyenneté! Et vive le Boudin!


Bonne soirée.

Avec le temps va...

Bonjour à toutes et à tous.

Faire de la politique, c'est rentabiliser au maximum un bien à la fois rare et abondant, dans tous les cas très précieux: le temps. Ce matin, de 10h00 à 12h00, j'ai optimisé le temps, et je n'étais pas le seul. A 10h15, tout ce qui compte dans la classe politique saint-quentinoise devait se retrouver place des Quatre Colonnes, en fanfare, puisque c'était le coup d'envoi de la très populaire Foire aux Boudins. A l'exception de Colette Blériot, excusée car une nouvelle fois grand-mère ce week-end.

Ah la Foire aux Boudins! Il y a dix ans, j'étais en vacances dans le Berry, que j'avais abrégé pour participer à cette fameuse journée à ne pas manquer (pourtant, je n'aime pas trop le boudin noir). Dix ans plus tard, à droite, les visages n'ont pas changé, ce sont à peu près les mêmes. Autour du couple Pierre André - Xavier Bertrand, cette droite, dans ce genre d'occasion, exhibe avec plaisir et naturel son unité, qu'on aimerait voir, quand on est de gauche, craquer. Ce n'est pas, je le sens bien, un Vincent Savelli dans son coin ou ce qu'on dit d'un Jérôme Lavrilleux qui vont satisfaire cet espoir.

Bien sûr, je ne suis pas dupe. Comme partout, surtout en politique, les tensions et conflits doivent exister. Mais cela ne se voit pas. Et ce qui ne se voit pas en politique n'existe pas (c'est la grande différence avec la religion, où Dieu qui ne se voit pas existe pleinement!). Entre les élus de droite, il y a de la sympathie, de la complicité qui circulent. Ces choses-là ne trompent pas. C'est André-Bertrand qui donnent le ton, les autres suivent. Ce qui les sauvent, ce qui nous perd, c'est qu'ils ont un chef autour duquel tout s'ordonne.

C'est dans ce type de situation, d'apparence anodine, qu'on comprend que la politique est un sport collectif, où il faut mettre en scène sa cohésion et donc sa cohérence. On ne persuade pas qu'avec des mots (je voudrais bien, hélas!) mais par une présence physique, collective, même minoritaire, mais surtout pas solitaire. Il faut chasser en bande, former un pool. On persuade en impressionnant. Personne n'est impressionné par un homme seul, sauf s'il s'agit de Socrate ou du Christ, mais l'un et l'autre ne faisaient pas de politique.

Le drame de la gauche locale, c'est sa solitude, imposée par les événements. La droite est gentille avec moi, je ne me sens pas du tout isolé avec elle, mais terriblement seul intérieurement, comme pouvait l'être, je crois, Anne Ferreira, ce matin, sur la scène de la salle Paringault, juste avant l'intronisation des chevaliers du Boudin. Le drame aussi, c'est de rester les spectateurs d'une pièce écrite par d'autres.

Eh oui, il y a dix ans, j'étais déjà là. A gauche, les visages ont changé. Odette, Jean-Louis, Martine et quelques autres font désormais partie du passé. On ne les reverra plus. Je me demande alors si je ne suis pas devenu un fantôme! Je comprends ainsi que mon ennemi, ce n'est pas tellement la droite, c'est le temps qui passe. Je suis encore là, mais n'est-il pas ridicule, après dix ans, d'être encore là? Je n'aime pas ce temps qui passe, parce qu'il détruit la gauche et renforce la droite. Avec le temps va tout s'en va...


Bon dimanche
quand même.

18 avril 2009

Dix de der.

Bonjour à toutes et à tous.

Le Figaro d'hier annonce dix présidentiables possibles au PS. Bigre! D'un autre côté, tant mieux: c'est à peu près le même nombre que les candidats démocrates à la primaire américaine, parmi lesquels un inconnu, un certain Obama. Il est vrai aussi que la désignation de notre candidat aura lieu dans deux ans, c'est à dire demain. Mais dix, je trouve que ça fait beaucoup. Voyons de qui il s'agit:

- Ségolène bien sûr: elle poursuit un parcours très personnel et très présidentiel. Elle a déjà annoncé qu'en 2012 elle serait là. Qui peut en douter? Mais la volonté est une chose, les circonstances en sont une autre.

- Martine Aubry est la première au PS, la première à gauche. Pourquoi ne serait-elle pas la première pour la présidentielle? Mais peut-on être premier partout?

- DSK: lui est premier dans les sondages auprès des Français. Et il est le premier dans mon coeur. Mais la gauche est-elle prête à soutenir une candidature social-démocrate conséquente et assumée?

- Laurent Fabius: c'est aujourd'hui l'un de nos leaders les plus brillants. Il s'est astucieusement extirpé du ghetto de l'aile gauche dans lequel il était étrangement tombé en 2005. Mais peut-il se refaire?

- François Hollande: pendant onze ans, à la tête du Parti, il a été le socialiste le plus populaire auprès des militants. Pour moi, c'est le camarade dirigeant le plus sympa que je connaisse. Mais cela suffit-il à faire un président de la République?

- Bertrand Delanoë: intellectuellement, il est l'un des socialistes qui a le mieux compris qu'on ne pouvait plus être socialiste comme il y a 30 ans. Mais de Paris à la France, le chemin est très, très long.

Après ces six "poids lourds", comme les qualifie Le Figaro, viennent quatre challengers:

- Pierre Moscovici: c'est mon joker social-démocrate. Mais il n'a pas fait les bons choix à Reims. Intello Pierrot, mais politique?

- Benoît Hamon: il a longtemps été un brillant second, un lieutenant efficace, derrière Aubry, Montebourg, Peillon. Aujourd'hui, porte-parole du PS, il est en pleine lumière. Mais qu'est devenue l'aile gauche dans un parti largement social-démocratisé?

- Manuel Valls: c'est notre nouveau Mélenchon, mais sur l'aile droite. Il en faut. De là à incarner un espoir présidentiel, la marge est large.

- Vincent Peillon: un collègue philosophe invite à mon respect confraternel. Jaurès et Blum étaient des intellectuels à une époque où le PS était beaucoup plus ouvrier qu'aujourd'hui. Mais devenu essentiellement petit-bourgeois, je ne suis pas certain qu'un intellectuel aurait de grande chance de réussite dans notre Parti.

Le Figaro, grand journal de la droite conservatrice, s'est amusé avec ces dix. Rira bien qui rira le dernier. Plus sérieusement je ne sais pas et personne ne sait ce qui se passera en 2012. Ce que je sais en revanche, c'est que dix de der, à la belote, c'est quand une équipe l'emporte. En politique, c'est pareil: la seule perspective, c'est la victoire collective.


Bonne matinée.

17 avril 2009

Amara et l'éternité.

Bonjour à toutes et à tous.

Passer en quelques minutes de René Descartes à Fadela Amara, du Cogito ergo sum à la politique de la ville, ce n'est pas évident mais c'est faisable. La preuve, je l'ai fait, aujourd'hui: mon dernier cours avant les vacances se terminait à 13h00 et un quart d'heure plus tard, je me retrouvais dans la salle de quartier Vermand-Fayet, où j'étais convié, avec quelques deux cents responsables associatifs, à un déjeuner avec la Secrétaire d'Etat. En rejoignant le lieu, j'ai croisé un gamin qui criait aux oreilles de sa mère: "Rachida Dati, Rachida Dati!" J'ai fait mon travail de pédagogue, j'ai rétabli la vérité, j'ai fait tomber une illusion. Fadela est moins connue que Rachida, mais quand même...

Le hasard des tables a-t-il fait bien ou mal les choses? Toujours est-il que je tourne le dos (involontairement) à Corinne Bécourt, du PCF, que j'ai à ma gauche une catho-coco que je connais de longue date, Jocelyne, et à ma droite le socialiste Jean-Louis Cabanes, de retour de sa retraite méridionale. Pas mal de gens de gauche dans la salle, les communistes assez bien représentés. Tout ça pour recevoir une ministre d'ouverture, socialiste d'origine, encadrée pour l'occasion par Pierre André et Xavier Bertrand. Admettez que la situation ne manque pas de piquant.

Fadela est toute petite, très déterminée, elle tutoie Pierre André. Notre maire, dans son discours, fait remarquer qu'il n'a pas l'habitude de faire venir des ministres à Saint-Quentin. C'est vrai. Mais là, il y a exception. Pourquoi? Je me demande s'il ne continue pas de brouiller les pistes et chasser sur les plates bandes (déjà bien piétinées) de la gauche locale. Comment ne pas y songer, dans ce quartier populaire et ce public de travailleurs sociaux très marqués à gauche? D'ailleurs, Fadela Amara, dans son intervention, prend soin de préciser qu'elle n'est pas toujours d'accord avec Pierre André.

Avec Corinne, nous avons déjà un désaccord politique: faut-il applaudir la ministre quand elle entre et qu'elle discourt? Je pense que oui, que c'est la courtoisie républicaine. Corinne pense que non et garde les bras croisés. Décidément, avec mes camarades communistes saint-quentinois, j'ai du mal à m'entendre, même dans l'ordre du protocole. Au moment de me sustenter, je croise le patron de l'UMP. Quand il me serre la main, j'ai toujours l'impression que je vais y laisser un bras. Xavier Bertrand a une vraie présence physique, celle du requin dans l'aquarium à poissons rouges.

Au retour, un peu dépité par la politique, je décide d'aller m'évader dans l'espace: le CNES (Centre national d'études spatiales) propose une magnifique exposition au Palais de Fervaques, inaugurée en fin d'après-midi. Et savez-vous qui je retrouve? Presque tous ceux vus deux heures avant, avec Fadela Amara, au premier chef Pierre André et Xavier Bertrand. Il y avait longtemps que je n'avais pas fait une inauguration à Saint-Quentin, très pris que je suis par mes activités associatives départementales. Je le savais depuis des années, mais c'est encore plus flagrant maintenant: dans ma ville, j'ai rencontré l'éternité, elle est à droite. Mais c'est peut-être la contemplation de l'espace infini qui m'a inspiré cette pensée maussade.


Bonne soirée.

16 avril 2009

La mouche qui pique.

Bonsoir à toutes et à tous.

Mais quelle mouche a piqué François (Hollande)? Je l'ai connu plus avisé, plus politique. Est-ce son départ de la tête du PS qui provoque ceci? Les responsabilités aiguisent le sens politique. Qu'est-ce que je lui reproche? Sa grosse maladresse dans L'Express. Pourquoi ramener sur le tapis l'affaire de l'alliance avec le MoDem? Et cela à quelques semaines d'une élection? Ce n'est jamais bon d'agir ainsi. Et puis, l'affaire est classée depuis notre congrès de Reims, on ne va pas sans cesse y revenir: pas d'alliance au centre, c'est ce qui a été décidé.

Personnellement, mon jugement sur le MoDem est plus nuancé. Mais on ne fait pas de la politique avec des nuances et des points de vue personnels. Ce qui est certain, c'est que Bayrou veut électoralement notre peau et passer devant le PS au premier tour de la prochaine présidentielle. C'est un redoutable concurrent, pas un partenaire potentiel.

D'autre part, le centrisme, je ne sais toujours pas ce que c'est, je ne vois pas sur quel pied Bayrou veut danser. Je connais son passé, je perçois mal son avenir. Sa ligne politique est incertaine, tout entier tournée contre Sarkozy. Je m'en félicite, mais c'est plus une posture qu'une position politique. Ce n'est pas dans le négatif qu'on définit un projet. Bayrou, je vois ce qu'il ne veut pas, je ne vois pas ce qu'il veut.

Hollande a eu tort de lancer cet appel en sa direction, lui proposer de clarifier sa situation, de faire le bilan de nos convergences et divergences. Bayrou l'a dit et redit: il ne se situe ni à droite, ni à gauche. C'est son choix, il est libre, je le respecte, mais la gauche ne peut alors pas sérieusement compter sur lui ou avec lui. Le faire, c'est lui donner une importance qu'il n'a pas, c'est lui tendre une perche que jamais il ne saisira, ou alors pour nous bastonner. Il faut laisser tomber, ne jamais se déterminer par rapport au MoDem, ne rien attendre de lui parce que lui n'attend rien de nous, sauf notre disparition.

Rien ne sert non plus de le critiquer, à la façon des vieux socialistes années 70 maudissant "l'alliance au centre". Car le centre n'existe pas et l'alliance est une illusion. Du MoDem, il ne faut rien dire, le laisser vivre sa vie. En revanche, le PS doit au plus vite développer son identité social-démocrate, s'il ne veut pas voir celle-ci récupérée et abâtardie par les amis de Bayrou. Laissons-les jouer les mouches du coche, ce n'est pas ça qui peut effrayer fondamentalement la droite. Mais veillons à ce que ces mouches ne piquent pas les nôtres. N'est-ce pas François?


Bonne soirée.

15 avril 2009

Bo et la chiennerie.

Bonsoir à toutes et à tous.

Il s'appelle Bo, il paraît qu'outre-atlantique, c'est une vraie vedette. Pourtant, ce n'est que le chien offert par Ted Kennedy aux filles d'Obama. Mais là-bas, à ce que j'entends, un chien présidentiel est presque un personnage du protocole. Pourtant, les chiens, quelle chiennerie! Je ne les ai jamais aimés, ils me font peur. Je suis atteint depuis petit par le syndrome du facteur. Rien à voir avec Besancenot: c'est pour le fond de ma culotte que je crains, c'est des crocs dans mes mollets dont j'ai la trouille. Et puis, un chien, c'est sale, pas hygiénique du tout (bizarre que notre société obsédée par l'hygiène n'y pense pas).

Quand j'habitais à Paris, un constat m'avait surpris: dans le bois de Boulogne, dans les quartiers riches, les bourgeois avaient un point commun avec les prolos: les chiens! Giscard, Mitterrand, Chirac je crois, Sarkozy je ne sais pas, chacun avait son toutou dans le parc de l'Elysée. De Gaulle, je ne crois pas. Il devait être au-dessus de ça, comme de bien d'autres choses. Aujourd'hui, que deviendrait un homme politique avouant ne pas aimer ou n'avoir aucun chien? Son destin serait peut-être brisé.

Ce que je n'aime pas dans le chien, ce n'est pas la bête, une créature comme une autre. C'est ce qu'elle représente: l'image de la soumission, le chien-chien à sa mémère, l'appel de la gamelle. Pire qu'un chien, le propriétaire d'un chien, celui qui se pose en maître. L'horrible laisse, symbole de la domination. Pire que tout: la muselière, emprisonnement affreux autant que signe d'un cruel danger.

Bref, ce Bo, qui est peut-être tout mignon ("Il n'est pas méchant", disent stupidement les propriétaires d'un molosse qui vous montre toutes ses dents) ne m'inspire rien de bon. Pourquoi la société américaine en est-elle arrivée là? Sans doute son côté prosaïque, populaire... Mais les aristocrates avaient aussi leurs chiens de chasse et leurs lévriers. Décidément, je crains que la chiennerie ne soit une maladie universelle.


Bonne soirée.

14 avril 2009

Politique pascale.

Bonjour à toutes et à tous.

On pouvait penser (espérer?) que les politiques respecteraient la trêve pascale. Mais non, il y a eu de la politique ce week-end. Ça n'arrête jamais! Tant pis ou tant mieux. Deux camarades se sont exprimés, deux socialistes, complètement différents l'un de l'autre, aussi convaincus l'un que l'autre, et c'est pourquoi je les aime beaucoup, et l'un et l'autre.

Le premier, c'est Jean-Luc Mélenchon, dimanche soir sur RTL. En l'écoutant, je ne peux pas m'empêcher de songer: qu'est-ce qui le distingue, dans sa ligne politique, de bien de mes camarades saint-quentinois? Il défend l'alliance avec l'extrême gauche, condamne la social-démocratie, est très "socialiste années 70". La différence, c'est qu'il a quitté le Parti, en cohérence avec ses idées, alors que les autres sont restés.

Quand un journaliste lui demande si Benoît Hamon et lui, ce ne sont pas les mêmes idées, sa réponse est très juste: il n'y a plus aujourd'hui d'aile gauche au PS, elle a été diluée dans la social-démocratie (j'ajoute: il n'y a non plus de courant strauss-kahnien!). La preuve récente la plus flagrante, c'est l'unanimité des socialistes autour du Manifesto, notre texte de référence pour les élections européennes, qui est social-démocrate pur jus. Quand on pense qu'il y a quatre ans à peine, l'aile gauche se battait contre la social-démocratie européenne et sa fameuse Constitution! Mélenchon est resté fidèle à ce combat-là.

L'autre, c'est Manuel Valls, dans Le Monde d'hier. Je suis souvent d'accord avec lui... sauf pour le congrès de Reims, où il a rallié Royal après avoir hésité pour Aubry (en compagnie de Collomb). Valls est rocardien d'origine et social-démocrate de toujours, je ne peux donc que me reconnaître en lui, idéologiquement. C'est confirmé à la lecture de son entretien, d'où je retiens quatre points de convergence:

1- S'opposer oui, mais pas tomber dans l'antisarkozysme forcené qui ne fait que renforcer... Sarkozy. La bataille doit être menée sur le vrai clivage, économique et social.

2- Il y a du bon dans le rapport Balladur sur la réforme des collectivités territoriales. Prenons donc ce qu'il y a de bon.

3- Dans notre projet pour 2 012, il faudra clairement annoncer l'augmentation des prélèvements obligatoires si on veut réduire les inégalités sociales.

4- L'adoption des primaires est la dernière chance pour sauver le PS.

Oui, quatre fois oui. Et Ségo dans tout ça? "Aujourd'hui, le PS doit être incarné par une nouvelle génération", nous dit l'ami Manu. Ça veut tout dire... Pense-t-il à lui? Je crois qu'il en est capable! Pourquoi pas? Moi, je pense bien à Strauss-Kahn...


Bonne journée.

13 avril 2009

Sarkozy et Géo Trouvetou.

Bonjour à toutes et à tous.

Le mouvement de protestation des enseignants-chercheurs est sans précédent, tant par son ampleur que par sa durée. Et pourtant, il est largement méconnu. D'abord parce qu'on sait ce qu'est un enseignant, on imagine ce qu'est un chercheur, mais on sait peu de choses sur les enseignants-chercheurs. Et puis, leur contestation est parfois médiatiquement maladroite. Leur boycott du journal "Le Monde", leur "ronde infinie des obstinés" autour de la mairie de Paris, leur manif déguisé en clowns, tout ça fait folklo, provo, gaucho, pas très sérieux, pas très crédible, surtout quand on est enseignant-chercheur. La communication et eux, ça fait deux, on le sent bien.

Pourtant, ce qui se passe est fondamental. Tous les politiques, de droite ou de gauche, nous expliquent que l'avenir de la France passe par l'innovation technologique et donc par le développement de la recherche. Nous devrions donc être à l'écoute des doléances des enseignants-chercheurs. Or, l'actuel gouvernement leur tourne le dos, ferme les yeux et se bouche les oreilles. Il y a eu, en janvier, le discours scandaleux de Sarkozy devant les chercheurs, ironisant sur eux. Indigne d'un président de la République! On n'imagine pas un seul instant De Gaulle, Mitterrand et les autres se comporter comme ça.

La vérité, c'est que l'idéologie sarkozienne est foncièrement opposée à l'esprit de la recherche. Celle-ci a besoin de temps, le sarkozysme se repaît de l'instant. La recherche repose sur le principe de gratuité, le sarkozysme ne jure que par le fric. La recherche est par nature fondamentale, le sarkozysme cultive l'utilitarisme le plus vulgaire, les résultats à courte échéance. Le chercheur a quelque chose en lui d'aristocratique qui contredit le populisme sarkozien.

Qu'est-ce que Sarkozy veut faire des chercheurs? Des Géo Trouvetou! Tout le monde connaît ce personnage de chez Mickey, un inventeur génial qui bricole des objets très concrets, très pratiques et parfaitement inutiles. La machine à peler les oranges, ça, Sarkozy aimerait beaucoup. C'est "concret", ce serait une fameuse découverte, sauf que ça ne servirait strictement à rien, puisque que pour peler une orange, Dame Nature nous a dotés d'un pouce et de doigts qui le font très bien.

Ce que Sarkozy et les siens, engoncés dans leur anti-intellectualisme, ont du mal à comprendre, c'est qu'un chercheur n'est pas un trouveur ou un inventeur. Un chercheur, c'est toute sa grandeur, est quelqu'un qui cherche, qui creuse, qui s'interroge, qui tâtonne, qui hésite, qui s'égare, qui retourne en arrière, qui repart. C'est cette liberté, cette errance, qui est féconde alors qu'elle paraît "inutile". Les plus grands chercheurs, les plus grandes découvertes sont issus de cette esprit et cette pratique de la recherche, qui sont étrangères à la mentalité sarkozienne.

L'erreur politique, dans cette affaire primordiale des enseignants-chercheurs, ce serait d'opposer la gratuité et l'argent, la recherche et l'économie. Les uns et les autres sont indépendants mais doivent être mis en synergie. Il n'est pas choquant que la recherche en chimie soit mise en rapport avec l'industrie, par exemple. Quand la civilisation a bâti des cathédrales, la finalité n'était pas utilitaire mais spirituelle. Il n'empêche que ces grands travaux se sont inscrits dans le développement économique de la société d'alors.

Sarkozy, là comme ailleurs, provoque, divise, introduit du soupçon, du conflit. Il discrédite la gratuité de la recherche, veut la soumettre au profit, le seul langage qu'il connaisse et qu'il respecte. Il oppose, sépare ce qu'il faudrait concilier, harmoniser. On attend de lui respect et confiance envers le monde de la recherche, on récolte ironie et mépris, et au bout du bout, la négation même de la recherche. C'est un mauvais coup porté à la France, qui ne sera une grande puissance que si elle dispose d'une grande recherche, et pas des bataillons de Géo Trouvetou. La France de Sarko, je le crains, c'est, en bien des domaines, la France de Mickey.


Bon après-midi.


PS: très bon article dans Charlie de cette semaine sur les enseignants-chercheurs, signé Antonio Fischetti.

12 avril 2009

Vade-mecum.

Bonjour à toutes et à tous.

C'est une grande question qui se pose quand on fait de la politique ou qu'on s'y intéresse de près: comment réussir en politique? C'est aussi un grand mystère: on voit fréquemment réussir en politique (c'est à dire obtenir du pouvoir) des personnages falots, hésitants, sans grandes convictions, à l'opposé de l'image qu'on se fait de l'homme politique triomphant, charismatique, déterminé, très convaincu.

J'ai peut-être une réponse à vous proposer, après avoir lu ce matin le dernier numéro de Charlie hebdo et le portrait, que je ne rate jamais, que fait Anne-Sophie Mercier d'une femme ou d'un homme politique. Cette fois-ci, c'est Valérie Pécresse (page 7), sous l'étrange titre: "Faire bâiller pour gagner". Serait-ce donc cela, le secret ultime de la réussite politique?

Car Pécresse, c'est "la personnalité politique la plus médiatisée à droite depuis sa victoire contre Karoutchi". Et puis, le conflit avec les enseignants-chercheurs a montré sa détermination, sa dureté. C'est un Xavier Bertrand en collants, même génération, même parcours, mêmes règles pour réussir en politique, vite et bien. La différence, c'est que Copé est son copain.

Ces règles de la réussite politique, j'en ai repérées cinq, à la lecture d'Anne-Sophie Mercier. Je vous les donne, si elles peuvent être utiles à certains lecteurs:

1- "La dame a hérité très jeune d'une circonscription en or dans les Yvelines". On ne fait pas de la politique en se battant, mais en gagnant sans avoir à se battre. C'est le fin du fin.

2- "Valérie n'aime pas être minoritaire, voilà tout". En politique, pour gagner, être toujours du côté des gagnants, des "majos", même si ceux-ci changent régulièrement.

3- "Elle n'a jamais exprimé la moindre idée dans les débats virulents qui ont pu agiter son camp ces dix dernières années". Afficher un point de vue, c'est se fragiliser, se faire des ennemis, alors que la politique consiste à se faire plein d'amis.

4- "Pur produit technocratique classique, programmée pour le pouvoir, elle avale, digère, attend". Faire de la politique, c'est ne rien faire, ne surtout pas agir, mais attendre que le pouvoir vienne à vous beaucoup plus que vous n'alliez à lui.

5- "Voici l'étoile montante de la droite: avisée, balisée, dépolitisée. Elle nous fait déjà bâiller d'ennui". Pour réussir en politique, il ne faut surtout pas faire de politique. Celui qui a compris ça ira très loin, très haut.

Avec ce petit vade-mecum, vous n'aurez plus d'excuses pour échouer en politique. Mais est-ce que tout ça vous dit? C'est une autre histoire...


Bonne matinée.

11 avril 2009

Ambitions.

Bonsoir à toutes et à tous.

Il n'y a pas de politique sans ambition, pour soi, pour les autres, pour son Parti, pour ses convictions. Je n'aime pas les hypocrites qui pincent la bouche quand on leur parle d'ambition: ces faux culs sont souvent les pires ambitieux! La réussite en politique, c'est la réalisation d'une ambition. Sinon, je ne vois pas très bien comment on peut mesurer son succès.

Dans la presse locale de ce samedi, je découvre trois ambitions:

L'ambition de Pierre André. Le Premier ministre a confié une mission au sénateur-maire de Saint-Quentin: réviser la géographie des zones urbaines sensibles. Quand Matignon vous honore d'une telle confiance, certains voient plus loin: André ministre lors du prochain remaniement ministériel, probablement après les élections européennes? L'intéressé s'en défend: sa seule ambition, répond-il, c'est sa ville. Pourtant, Jacques Chirac l'a manifestement soumis à la tentation, en lui proposant en son temps d'entrer au gouvernement. Devenir ministre, est-ce que ça se refuse? La preuve que oui.

L'ambition de Jean-Luc Tournay. Elle est portée au nom de la colère et de l'espoir (c'est l'appellation de son courant). Mais j'y vois plus de colère que d'espoir. Jean-Luc et ses camarades ont annoncé leur ambition de partir sous leurs propres couleurs aux élections régionales de l'an prochain. C'est à dire qu'ils rompent avec leur Parti et bien sûr avec l'actuelle majorité de gauche au Conseil régional. L'ambition ne va pas sans risques. Toujours est-il que les socialistes saint-quentinois, en toute cohérence politique, devraient rompre avec les gremetziens: on ne peut pas faire copain-copain à Saint-Quentin et se tirer dans les pattes à Amiens.

L'ambition de Frédéric Alliot. J'ai connu Frédéric il y a dix ans, ce qui revient à un siècle en politique. A l'époque, il formait autour d'Odette Grzegrzulka un couple chevénementiste très Dupont et Dupond avec... Freddy Grzeziczak, Freddy et Freddo. Quand je vous dis que c'était il y a un siècle! Freddo est maintenant au Parti de Gauche, assistant parlementaire du député Desallangre, et Freddy est passé chez Dupont-Aignan, depuis qu'il est maire-adjoint de... Pierre André. Eh oui, l'ambition prend parfois des chemins tortueux.

Frédéric Alliot se retrouve aujourd'hui 5ème sur la liste européenne du Front de Gauche (PCF + Mélenchon). Pas mal, non? Et il se dit que le successeur de Desallangre à l'Assemblée Nationale, ce serait lui! En attendant, le Front de Gauche se prépare à une jolie offensive sur Saint-Quentin: ils tiendront meeting le 20 mai à Fervaques. Ça fait longtemps que je n'ai vu la gauche investir ce lieu pour une réunion publique. Parce que Fervaques, même en coupant la salle du 1er étage en deux, il faut le remplir! Mais c'est ça l'ambition!

Ce que je retiens de tout ça? C'est que l'ambition est quelque chose de très, très, très difficile. Surtout quand on est très, très, très ambitieux.


Bonne soirée.

Monory, une vie bien remplie.

S'il n'était pas mort cette nuit, aurais-je un jour parlé de lui? Sans doute pas. Son nom n'est probablement jamais apparu sur ce blog. Il avait pourtant été, un temps, le deuxième personnage de l'Etat, dans l'ordre protocolaire, possible président de la République en cas de vacance du pouvoir. Ce n'est pas rien, tout ça. Quelle activité difficile et ingrate que la politique! Même arrivé au sommet, vous ne marquez pas nécessairement les esprits et votre époque.

Vous l'avez bien sûr reconnu. Je veux, à l'instant de la disparition de René Monory, réparer cet oubli et cette injustice. La mort ramène à la vie et à cette question: quand un homme politique nous quitte, que nous laisse-t-il? Monory est apparu dans la vie politique nationale au moment où je commençais à m'y intéresser sérieusement, en 1977: Barre en faisait son ministre de l'Industrie, puis de l'Economie un an après. J'étais alors furieusement anti Giscard, donc anti Barre, donc anti Monory.

Sauf que Giscard c'était l'aristo pincé, Barre l'économiste condescendant et que Monory n'avait rien à voir avec ces gens-là: bonne bouille, pas trop bavard, discours simple, préoccupations prosaïques, il reste à mes yeux un éternel conseiller général. C'est autant, dans ma bouche, un reproche qu'un compliment. Nous avons tous les défauts de nos qualités, ou les qualités de nos défauts, comme vous préférez.

René Monory, c'était l'image d'une certaine droite, que Sarkozy l'idéologue, l'aventurier, nous a fait oublier: une droite centriste, qui ose à peine se dire de droite (c'est pourquoi elle se dit centriste), qui ose à peine reconnaître qu'elle fait de la politique, une droite provinciale, des petites villes et des champs, une droite qui paie pas de mine, qui préfère le Sénat (Monory en deviendra le président) à l'Assemblée Nationale, une droite modeste, sans éclat.

Ne croyez pas pour autant que je sois plus indulgent avec elle qu'avec la droite intellectuelle, libéral, gaulliste. Elle sait cacher ses ambitions, ses opinions et ses intérêts de classe sous des proclamations de bon sens. Elle est roublarde et donc redoutable. A Saint-Quentin, Gibout ou Huel pourraient en faire partie.

Sous des allures débonnaires, René Monory était aussi un provocateur. Ministre de l'Economie, il affirmait n'avoir jamais ouvert un manuel de cette discipline. Ministre de l'Education, il se posait en anti intellectuel, jouait de n'avoir que son certificat d'études. Un garagiste à la tête de l'Education Nationale, c'est l'image qu'il cultivait. Tout pour plaire à la droite, très peu pour séduire la gauche et les enseignants (qui depuis en ont vu d'autres, je pense à Allègre). Sur ce coup, on retrouve le sarkozysme et le populisme de droite.

Monory, c'est ce type d'homme politique dont on se demande pourquoi et comment ils en sont arrivés là où ils sont. Mais c'est sans doute ça qui en fait un grand bonhomme: arrive celui que personne n'attendait, qui à la limite n'est pas à sa place. De lui, ce qu'en retiendra l'opinion publique, ce n'est pas quoi qu'on en dise son formidable destin politique, c'est sans doute, pour moi aussi, le Futuroscope de Poitiers.

Ce mélange d'artisan et de paysan s'est alors transformé en symbole des plus hautes technologies, ce fils de la France profonde est devenu le père de la mondialisation scientifique, ce passéiste a ouvert l'avenir. A nouveau, personne ne l'attendait là-dessus: l'inaugurateur des foires aux bestiaux s'est retrouvé au milieu du multimédia et de la robotique. Connaissez-vous beaucoup d'hommes politiques qui aient laissé ainsi leur nom à une telle entreprise? Pas tant que ça. Si j'avais à résumer René Monory en quelques mots définitifs, je proposerais ceux-ci: une vie politique bien remplie.


Bonne fin de matinée.

C'est pas moi c'est l'autre!

Bonjour à toutes et à tous.

Est-ce l'annonce d'un long week-end? Est-ce l'approche des vacances de Pâques? Est-ce parce que je vais déjeuner tout à l'heure avec un éminent personnage de la vie politique locale? Est-ce tout simplement parce qu'il fait un beau soleil ce matin sur Saint-Quentin? Je n'en sais rien mais je suis d'humeur guillerette depuis ma sortie du lit.

A moins que ce ne soit la lecture du Courrier Picard d'hier, où j'apprenais qu'un certain Emmanuel Mousset (mais c'est pas moi, promis juré!) avait participé au Jeu des 1 000 euros, jeudi à Saint-Quentin. Participé en posant une question, pas en étant candidat. Bref, un truc marrant. Le plus marrant, c'est que j'ai failli aller à l'enregistrement de l'émission, à l'École de Musique (la première et dernière fois que j'ai assisté à ce jeu, présenté alors par Lucien Jeunesse, c'était en 1973-1974, dans la salle des fêtes de Saint-Amand Montrond). Et puis, entre une journée chargée de cours et un café citoyen qui m'attendait, j'ai laissé tomber. Vous imaginez un peu si j'avais été présent!

Je ne suis vraiment pas gâté avec les homonymes, le sort s'acharne contre moi. Je n'irais pas jusqu'à dire, en ce lendemain de Vendredi Saint, que je vis un chemin de croix, mais tout de même... Car un autre Mousset rôde dans ma vie, le conseiller municipal d'extrême gauche saint-quentinois. Quelle déveine, tout de même, quelle ironie du sort! Moi qui me suis battu contre l'alliance avec l'extrême gauche, la voilà incarnée au conseil municipal par quelqu'un qui porte mon nom, qui par ailleurs intervient assez peu, est plutôt discret. Même nom, tout autre personnage! Je suis sûr qu'on doit parfois nous confondre. Lui y gagne au change, mais pas moi! Si vous n'appelez pas ça un chemin de croix!

Dernier sketch homonymique: il y a deux mois, Aisne-TV , la chaîne de télévision sur le net, m'appelle, c'est pour un témoignage en direct... sur la recherche de pétrole dans le sud de l'Aisne. Je comprends très vite qu'il y a méprise. Je sais que j'essaie de faire mon trou, que je creuse pas mal, mais de là à chercher du pétrole... Bref, en quelques semaines, je me suis retrouvé dans la peau d'un amateur du jeu des 1 000 euros, d'un élu trotskyste et d'un prospecteur d'or noir. Ça fait beaucoup pour une seule personne. C'est un peu comme si j'avais gagné le super banco! Quand vais-je enfin être moi-même? En ce week-end pascal, à l'approche de la résurrection, tout n'est-il pas possible?


Bonne matinée.