L'Aisne avec DSK

31 octobre 2007

Démocratie locale.

Bonsoir à toutes et à tous.

Sous le titre "La démocratie locale est-elle malade?", le journal L'Union du 18 octobre a mené une intéressante enquête auprès de nos élus. A cinq mois des élections municipales, ça vaut le détour. Je vous livre quelques extraits significatifs et mes réactions sur le vif:

"Le rôle d'un élu d'opposition est ingrat. En cas de problème, la population ne fait appel à nous qu'en bout de course, quand tous les recours sont épuisés".

Ca me fait aussi penser à ce qu'est devenu le syndicalisme enseignant...

"Les électeurs se mobilisent surtout au moment des élections et sont finalement assez peu demandeurs de débats, si j'en juge par le manque de vitalité des conseils de quartier".

La démocratie participative ne serait-elle qu'un slogan à la mode?

"La mauvaise santé de la démocratie locale commence quand deux ou trois élus seulement participent au travail en commission alors qu'ils devraient être entre 10 et 15. Ou quand un conseiller reste invisible au conseil municipal pendant 4 ans!"

"Je regrette aussi souvent la trop grande discrétion des élus. Beaucoup d'adjoints ne prennent jamais la parole en conseil municipal".

J'avoue être scandalisé par ces derniers constats. Un élu se doit, vis à vis de la population qui l'a mandaté, d'être présent en conseil municipal et, si possible, de s'exprimer. Il y a un drame dont personne ne parle: les membres d'une liste municipale sont pour beaucoup des inconditionnels de la tête de liste, des soutiens assurés, des gens qui suivent en silence (dès qu'on prend la parole, on ne peut plus se contenter de suivre et de soutenir, il faut exercer son autonomie, ne pas se contenter de répéter ce que dit le leader, si l'on veut convaincre).

Si j'étais tête de liste, je ne prendrais avec moi que des camarades qui s'engagent à siéger, et parmi les dix premiers, des camarades qui sont aptes à prendre la parole pour s'opposer en cas de défaite et pour défendre la politique conduite en cas de victoire. Et comment m'y prendrais-je pour faire ce choix? C'est très simple: un socialiste qui ne participe pas régulièrement aux réunions de sa section ne participera pas plus aux réunions mensuelles d'un conseil municipal et de ses commissions (sans parler de la présence sur le terrain, lors des inaugurations et manifestations locales en tout genre). Un socialiste qui ne prend pas la parole devant ses camarades, parce qu'il n'ose pas, ne peut pas, ne veut pas, celui-là n'osera pas plus quand il faudra contester la politique du maire. Et croyez-moi, de telles exigences, qui me semblent naturelles, seront difficiles à tenir car nos sections manquent d'adhérents capables de les tenir. C'est pourquoi, je le rappelle au passage, la division est une attitude politiquement criminelle parce qu'elle exclut des compétences qui sont rares.


Bonne nuit.

La "gauche de droite".

Retour à BHL et à son Grand cadavre à la renverse. Le philosophe s'en prend violemment à ce qu'il appelle bizarrement "la gauche de droite", c'est-à-dire une fausse gauche, qui se veut très à gauche et qui est en réalité "plus à droite que ne l'est la droite elle-même" (p. 184). Et là, Bernard nous reparle de son vieil ennemi, Chevènement (p. 174), dont l'idéologie lui semble depuis toujours un mélange de nationalisme, d'autoritarisme et d'ordre. Le grand regret de BHL, c'est que sa bête noire a été l'âme damnée de Ségolène, que lui, BHL, aurait voulu conseiller exclusivement. Le drapeau aux fenêtres, l'ordre juste, l'encadrement militaire pour les délinquants, BHL y voit la patte (la griffe?) de Chevènement. Ok, pourquoi pas, mais je trouve plus intéressante la description politique de cette étrange "gauche de droite", qui se reconnaît à quatre caractéristiques:

1- L'antilibéralisme (p. 187 et suivantes). Derrière le refus du libéralisme économique, c'est la démocratie politique qui est visée. BHL évoque l'engouement d'une partie des intellectuels de gauche pour le philosophe et "penseur nazi" (p. 210) Carl Schmitt (je ne peux pas vous dire ce que j'en pense, je ne l'ai pas lu), qui est mis en parallèle avec la mode Heidegger, autre penseur ayant trempé dans le nazisme, très en vogue il y a une quinzaine d'années.

2- L'anti-Europe (p. 213 et suivantes). La gauche est foncièrement internationaliste, la construction européenne est le premier étage de ce projet. La "gauche de droite" est obsédée par la nation, n'arrive pas à dépasser ce concept droitier.

3- L'anti-américanisme, le rejet d'une culture influencée par les Lumières, l'esprit républicain et la maçonnerie. L'extrême droite d'avant guerre, Maurras en tête, détestait l'Amérique, son métissage, son modernisme (p. 243 et suivantes).

4- L'antisionisme, forme nouvelle de l'antisémitisme, qui estime que toutes les occasions sont bonnes pour attaquer l'Etat d'Israël et rêver de son élimination (p. 328 et suivantes).

Pour les deux derniers points, j'apporte une précision qui lèvera toute ambiguïté: il est loisible de critiquer la politique américaine ou israëlienne, et c'est ce qu'on appelle la démocratie. Mais détester l'Amérique et Israël en tant qu'entité dont on souhaite, sans parfois le dire ouvertement, la disparition, voilà qui est contestable et qui s'enracine dans une authentique culture de droite, même quand elle prend un revêtement de gauche, quand ce n'est pas d'extrême gauche.


A plus tard.

Le poker et les échecs.

Il n'y a pas de politique sans tactique, même si, bien sûr, il ne faut pas réduire la politique à la tactique. La tactique politique exige beaucoup de tact (d'où la racine du mot!), c'est-à-dire de la finesse. Le mauvais tacticien, c'est le balourd, qui devient vite un ballot. Il y a deux façon de pratiquer la tactique en politique: le joueur de poker et le joueur d'échecs. Je vous préviens dès maintenant: la mauvaise tactique, c'est le poker, la bonne, c'est le jeu d'échecs. Ecoutez moi un peu:

Le poker, comme la plupart des jeux de cartes, repose sur trois présupposés:
1- Le hasard du jeu. On peut, au départ, avoir un "bon" jeu ou un "mauvais" jeu, on ne choisit pas, il faut faire avec.
2- La dissimulation des cartes. L'adversaire ne doit pas connaitre votre jeu, votre force est dans votre capacité à tromper l'adversaire. Voilà pourquoi, au poker, la tricherie est une tentation (et une pratique!) permanente.
3- Le bluff, abattre ses cartes au bon moment, au dernier moment, créer la surprise.

Voilà l'état d'esprit d'un joueur de poker, voilà ce qui l'excite tant dans ce jeu. Transposez cette mentalité à la tactique politique, vous retrouverez les mêmes comportements:
1- La croyance au hasard, le pari sur les circonstances.
2- Le secret dans ses intentions véritables.
3- La décision au dernier moment, afin de jouer sur l'effet de surprise.

A cette tactique, que je juge mauvaise, j'oppose celle des échecs, en trois points exactement contraires à ceux du poker:
1- Le hasard est proscrit, il n'y a que le calcul, et le plus rationnel possible.
2- Rien n'est caché, le jeu n'est pas derrière les mains, il est sur l'échiquier, visible de tous.
3- Pas de "coup" de dernière minute, mais la préméditation de ce que le joueur va faire et l'anticipation de ce que son adversaire va tenter.

Pour illustrer ma théorie sur la bonne tactique, je vais vous raconter une petite fable politique sur un échiquier local:

Il y a le fou, qui se croit bien parti, sûr de sa force, entouré de quelques pions et surtout de la reine qui trouve bien facile d'avancer son fou afin de se protéger. Le fou est en réalité manipulé, il ne peut rien, sera vite isolé. Le camp adverse laisse faire. Il est sage de ne pas agir. L'objectif est de laisser le fou se découvrir, ce qu'il fait sans qu'on le force beaucoup, devenir vulnérable et entraîner dans sa chute la reine. Bien joué, non? Mais le roi dans tout ça? Là, vous m'en demandez trop. Regardez l'échiquier, je vous ai dit que toutes les pièces étaient visibles, qu'il suffisait d'un peu de réflexion pour saisir le sens de la partie, son issue et donc le gagnant.


Bonne réflexion et bon après-midi.

1917-1967.

Bonjour à toutes et à tous.

Vous le savez, notre société et notre époque sont très friandes en commémorations et anniversaires en tout genre. J'en avais fait, il y a quelques temps, un objet de réflexion sur ce blog. Mais il y a des anniversaires qu'on ne fête pas et dont l'oubli est aussi significatif que les anniversaires qu'on célèbre. Ainsi, il a beaucoup été question des 40 ans de la mort d'Ernesto Guevara. Besancenot et la LCR en ont profité pour rappeler leur fidélité au Che. Fort bien, mais pourquoi une grande date révolutionnaire, que dis-je, LE grand évènement révolutionnaire, fondateur, historique par excellence du XXème siècle a t-il été passé sous silence? Vous voyez bien sûr à quoi je fais référence: la révolution russe de 1917. 90 ans, ne croyez-vous pas que la date méritait que tous les marxistes-léninistes de France et de Navarre honorent cette référence?

Ils ont préféré Che Guevara. Une révolution peut en cacher une autre. Ou comme on dit chez moi, "à défaut de grives, on mange des merles". Car tout de même, Lénine, c'est un autre personnage, une dimensien incomparable, un souffle puissant, un ébranlement du monde, que n'égale pas Ernesto Guevara. Alors, pourquoi fêter celui-ci et pas celui-là? Nous avons tous la réponse, bien sûr. Lénine, c'est le communisme indéfendable. 1917 a longtemps fait rêver, elle fait maintenant honte. Guevara, c'est un mythe, et tant qu'il restera un mythe, une icône, rien ne pourra l'atteindre. Sauf que le mythe n'abolit pas le réel, même s'il le masque. Rappelez-vous, consultez les ouvrages d'histoire:

Ernesto Guevara est un rebelle sans pitié, exécutant de ses mains les traîtres et les espions. Au départ, ses modèles politiques, c'est l'URSS et la Chine. Arrivé au pouvoir, il est à la tête des "tribunaux révolutionnaires" chargés de liquider les partisans de la dictature. Il joue ce rôle sans faiblesse. Ce n'est pas un modéré de la révolution. Il prône le rapprochement avec Moscou et Pékin, s'enthousiasme à l'installation des fusées soviétiques dans l'ile et proteste à leur retrait. En tant que ministre de l'Industrie, il affiche des résultats économiques désastreux qui vont le conduire à quitter ses fonction. Il rate sa tentative de guérilla au Congo et échoue de même en Bolivie, où il y perdra la vie.

Che Guevara a pu faire oublier Lénine, mais après lui, après l'effondrement du mythe, il ne restera plus rien de l'espérance révolutionnaire. Guevara aura été le dernier révolutionnaire présentable et "défendable". Personne ne songerait à soutenir aujourd'hui le marxiste-léniniste cambodgien et chef révolutionnaire Pol Pot (voir mon billet d'hier).


Bonne matinée.

30 octobre 2007

Nouvelles du front.

Bonsoir à toutes et à tous.

Quelques réflexions sur les batailles politiques en cours, et d'abord la réforme des régimes spéciaux. Il faut bien prendre la mesure de la stratégie gouvernementale, qui est purement idéologique. Cette réforme ne va rien régler au problème majeur des retraites et de leur financement, car les régimes spéciaux ne pèsent pas grand chose au regard du régime général. J'ajoute que le gouvernement, pour faire passer la réforme, va devoir lâcher quelques menus avantages qui auront, aussi menus soient-ils, un coût. Bref, c'est du côté de l'idéologie qu'il faut aller chercher la raison d'être de la réforme, pas du côté du pragmatisme et de l'efficacité.

Que veut Sarkozy? Satisfaire une revendication très ancienne de la droite la plus idéologue, la suppression des caisses de retraites des trois professions traditionnellement acquises à la gauche et aux syndicats, gaziers, électriciens, cheminots. Il y a de la revanche sociale dans l'air. Sarkozy prend d'autant plus un malin plaisir à cet objectif qu'il le mène au nom de la valeur chère à la gauche, l'égalité, les 40 ans de cotisations pour tous. A partir de là, Sarkozy est prêt à beaucoup de concessions, pourvu que le symbole soit appliqué et gravé dans les têtes: suppression des régimes spéciaux, égalité des durées de cotisations, voilà ce que Sarkozy veut qu'on retienne de lui. A la manoeuvre, il a son malin, le ministre du Travail, main de fer dans un gant de velours: décote, surcote, taux de cotisation, bonifications, taux de remplacement du salaire, pension minimum, pénibilité, progressivité de la réforme, tout cela est mis volontiers sur la table et discuté, puisque que seul compte le résultat symbolique dont je viens de vous parler, et qui sera la grande victoire de Sarkozy, que la gauche n'aura pas su empêcher parce qu'elle n'a pas engagé, au pouvoir, cette réforme.

Autre réforme, qui, elle, a plus de mal à s'imposer: celle de la Justice et des tribunaux de grande instance. Rachida Dati fait le tour des régions, justifie les suppressions prévues et affronte la fronde des magistrats. Au delà de la question administrative et technique, il y a un vrai problème politique entre la ministre et son administration, et plus généralement, entre la magistrature et le gouvernement. Sarkozy a tenu des propos envers la Justice et ses serviteurs qui le disqualifie en tant que premier magistrat de ce pays. Il est celui qui devrait défendre, soutenir cette institution, il a choisi de l'attaquer, de la caricaturer, parfois de l'insulter. En vérité, le monde de la Justice n'est pas celui de Sarkozy, d'où le malentendu entre les deux. Rachida Dati reproduit les excès du chef, en pire bien sûr, selon un processus psychologique bien connu. Son autoritarisme passe mal auprès d'une profession qui tient avant tout, et elle a raison, à son indépendance.

Dernier dossier, ouvert et aussitôt bouclé aujourd'hui: le salaire du président, qui va doubler pour atteindre le montant de celui du Premier ministre. Je ne peux pas m'empêcher d'y voir, à tort sans doute (j'ai mauvais esprit), une vanité, une mesquinerie, une jalousie d'un président qui ne peut en aucun domaine accepter d'être inférieur à son "collaborateur", le Premier ministre. Mais ne soyons pas à notre tour mesquin: il est normal que le chef de l'Etat perçoive un salaire équivalent à ses homologues européens, ce qui n'est pas aujourd'hui le cas. Cependant, une condition doit être remplie, qui ne l'est pas pour le moment: jusqu'à maintenant, la rémunération du président n'est pas très élevée parce que toutes ses dépenses sont prises en charge par l'Elysée. Il serait juste qu'il assume lui-même ses frais avec un salaire revalorisé. Nous y gagnerions en clarté. Sur ce sujet, il faut lire les analyses très informées de René Dosière, qui a fait un remarquable travail sur l'argent de la présidence de la République.


Bonne nuit.

La gauche antitotalitaire.

Dans Ce grand cadavre à la renverse, BHL pointe trois faits marquants qu'il a vécus et qui ont contribué à forger l'antitotalitarisme qu'il développera, avec quelques autres, sous l'étiquette des "nouveaux philosophes", à partir de 1977.

C'est d'abord un personnage venu du froid, un grand écrivain publiant un grand livre, au début des années 70, Soljenitsyne et son "Archipel du Goulag" (p. 121). Pour la première fois, une description du système concentrationnaire soviétique ébranle les consciences et interpelle la gauche. Certes, l'homme reste aux yeux de certains progressistes un "réactionnaire", mais le message passe. La littérature se montre plus efficace que la dénonciation politique. Surtout, une nouvelle figure s'inscrit dans le panthéon de la gauche, qui a toujours cru en ce que Camus appelait "l'homme révolté". Il y a eu le révolutionnaire professionnel, mais son étoile a pâli puisque c'est lui qui est à l'origine de tous les goulags, il y a encore le révolté sauvage, spontané, qui fait dire à BHL que les émeutiers des banlieues en 2005 formaient "une sorte de mouvement social" (p. 93), il y a surtout, avec Soljenitsyne, la figure nouvelle du dissident, l'antitotalitaire par excellence.

C'est ensuite une révolution qui a frappé BHL, un peu oubliée aujourd'hui, une révolution pas comme les autres, c'est-à-dire ni décevante, ni meurtrière: la révolution des oeillets, en 1974, au Portugal (p. 118). Elle est singulière à trois titres:
1- Les meneurs ne sont pas des chefs de parti ou des idéologues mais ... des militaires. Or, dans la conscience de gauche, la figure du militaire était rien moins que progressiste. Elle renvoyait aux généraux félons d'Algérie, aux colonels grecs et à l'armée putchiste chilienne.
2- Cette révolution, ô surprise, n'aspire pas à instaurer une société nouvelle, à engendrer l'Homme nouveau. Le parti communiste ne joue pas un rôle de premier plan. Ces militaires sont des réformistes qui veulent simplement remplacer la dictature par une démocratie.
3- Cette révolution n'exalte pas la violence, ne brandit pas le poing, ne fait pas crépiter les mitrailleuses, elle n'a besoin ni de romantisme, ni de tragédie, elle met des oeillets au bout de ses fusils, elle est pacifique.

C'est enfin, en contrepoint à la révolution portugaise, la révolution cambodgienne de 1975, qui selon BHL achève un cycle révolutionnaire commencé avec la Terreur française de 1793 (p. 124). Les Khmers rouges, dirigés par des intellectuels formés à la Sorbonne, vont porter la révolution, après Robespierre, Staline, Mao et quelques autres, jusqu'à l'horreur. Trois singularités caractérisent cette dernière révolution qui rend désormais impossible l'idée même de révolution:
1- Elle réglemente le désir, par la "fixation par décret des jours de l'année où les jeunes gens seront autorisés à copuler" (pp 128-129).
2- Elle réglemente le langage, par "l'effacement de pans entiers du dictionnaire" (p 129).
3- Elle supprime la distinction ville-campagne en vidant Phnom Penh de ses 2 millions d'habitants (pp 129-130).

Après l'approche historique, BHL expose les 4 énoncés qui rendent possible le totalitarisme et qu'il faut donc renverser: l'Absolu, l'Histoire, la dialectique, le Mal. Pour faire vite, je vous résume les thèses philosophiques que ces énoncés engendrent: l'Absolu, c'est le Bien, au nom duquel tout va être permis. L'Histoire justifie les pires actes, puisque demain sera nécessairement meilleur qu'aujourd'hui (dit de façon plus prosaïque: on ne fait pas d'omelette sans casser les oeufs). La dialectique, c'est le raisonnement qui permet d'expliquer qu'un mal est en réalité un bien, donc de le justifier. D'ailleurs, le Mal en soi n'existe pas, il n'y a que des moments difficiles à passer.

En quelques pages, références et raisonnements, BHL affirme que la gauche ne saurait qu'être ce qu'elle n'a pas toujours été, c'est-à-dire antitotalitaire.


Bonne fin d'après-midi.

Fabius et l'Europe.

Bonjour à toutes et à tous.

Je viens d'entendre Laurent Fabius, invité du journal du matin sur France-Inter, s'exprimer sur le traité européen. Peut-être ai-je été hier trop optimiste sur la capacité des socialistes à se rassembler sur le sujet? Hollande dit oui au traité, Mélenchon dit non, Hamon s'abstient ... et Fabius préconise de ne pas aller voter! J'ai reconnu, hier encore, mon indécision de départ, aujourd'hui tranchée en faveur du oui, mais la démonstration de Fabius tout à l'heure ne m'a absolument pas convaincu:

1- Ne pas aller voter sur une question aussi majeure, non, ce n'est pas satisfaisant, et si je poussais un peu, je dirais que ce n'est pas responsable. Le rôle d'un parlementaire est de faire son métier de parlementaire, de prendre partie, pas de boycotter le vote. L'abstention déjà ne me plaisait pas, mais du moins exprime-t-elle quelque chose. Ne pas voter, c'est refuser de se prononcer.

2- Bien sûr, je n'oublie pas l'argument de Laurent: il faut que les parlementaires socialistes ne votent pas pour que tout le monde puisse aller voter, en réclamant un référendum, comme les socialistes s'y sont engagés. Je comprends et même j'approuve la demande de référendum. Le problème, c'est que la réponse ne dépend pas des socialistes mais du président de la République. Par conséquent, il est inutile d'exiger de quelqu'un quelque chose, le référendum, qu'il a dit qu'il ne ferait pas. On peut bien sûr imaginer Laurent Fabius à la tête d'un mouvement populaire, de manifestations de rue, demandant la tenue d'un référendum. Mais je n'y crois pas. On peut mobiliser pour ou contre un projet, mais pas pour une procédure. Laurent ne l'a d'ailleurs pas proposé ce matin. Bref, quand le vin est tiré, il faut le boire: la procédure parlementaire sera lancée, les parlementaires devront s'exprimer ... et voter.

3- Sur le fond, la position de Fabius m'est apparue imprécise et fragile (ce qui n'est pas dans ses habitudes!). Que pense-t-il du nouveau traité? Il n'est "pas satisfait", parce que le texte n'est pas foncièrement différent du précédent. Moi aussi, je ne suis pas satisfait (ce qui ne me prive pas d'un engagement clair en faveur du oui!), mais pour une raison inverse: le nouveau texte est trop éloigné de l'ancien. Ce que je reproche à Laurent, c'est de ne pas approuver ce qu'il avait pourtant demandé en 2005: un traité recentré sur l'institutionnel et débarrassé de sa troisième partie, économique. C'est l'actuel traité. Pourquoi alors ne pas y souscrire?

4- L'autre reproche que je fais à Laurent est de ne pas répondre (il ne l'a pas fait ce matin en tout cas) à la question suivante: s'il y avait référendum, quel serait ton vote? Oui, il ne semble pas, puisque le texte ne le satisfait pas, non, je ne crois pas, sinon il s'engagerait dès maintenant, aux côtés de son ami Mélenchon, dans la campagne du non. Je ne peux pas supposer qu'il n'irait pas voter, puisqu'il demande que les français puissent aller voter. Il reste une seule et dernière solution, l'abstention. Mais alors, pourquoi ne pas s'abstenir dès maintenant, comme le suggère Benoît Hamon? En vérité, je pense que Laurent est piégé. Au fond de sa conscience, il souhaite s'abstenir, mais cette position, respectable comme toute position, n'est pas politiquement mobilisatrice: on ne réclame pas un référendum pour finalement appeler les citoyens à s'abstenir.


Bonne matinée.

29 octobre 2007

4 évènements.

Je reviens à BHL et je poursuis ma lecture commentée du "Grand cadavre à la renverse", dans un billet que je dédie amicalement à Hervé, qui comprendra pourquoi. BHL nous explique, à sa façon, ce que signifie être de gauche. Par les temps qui courent, je crois qu'il est utile de se poser la question, du moins quand on est un militant de gauche. Pour BHL, la gauche, ce sont d'abord quatre évènements, à l'aune desquels on mesure si l'on est de gauche ou pas. Faites le test, et surtout, appliquez le à Sarkozy, et vous saurez si vous êtes de gauche, et vous comprendez pourquoi Sarkozy, malgré le brouillage des pistes et la manipulation des références, n'est pas de gauche.

Le premier évènement, c'est Vichy et le fascisme. Un homme de gauche est foncièrement antifasciste. Ca ressemble à une banalité, ça ne l'est pas tant que ça. L'esprit vichyssois a corrrompu une grande partie de la classe politique. Sarkozy n'est certes pas fasciste, mais il s'est distingué de Chirac en refusant la "repentance".

Même attitude de Sarkozy à l'égard du deuxième évènement, le colonialisme. Une certaine droite nous explique que les colons ont apporté les routes, les écoles, les dispensaires. Sans doute, mais ils ont surtout apporté le pillage, l'exploitation, l'occupation d'un territoire qui n'était pas le leur, la soumission et la discrimination des populations autochtones. Un homme de gauche ne peut pas accepter cela.

Mai 68 maintenant, sur lequel Sarkozy a tiré très fort, qu'il a promis de "liquider". Pour BHL, et il n'est pas le seul, Mai, c'est la montée de la liberté dans la société, et au-delà de notre société, c'est la naissance du mouvement antitotalitaire. La gauche authentique se régénère à cette source, qui là encore distingue fondamentalement la gauche et la droite.

Enfin l'affaire Dreyfus, c'est-à-dire la défense de l'individu, la recherche de la vérité, la lutte pour la justice, le souci des droits de l'homme. La gauche s'y reconnaît, du moins la gauche authentique, car une certaine gauche, donneuse de leçons révolutionnaires, n'a pas voulu soutenir un juif, un bourgeois, un militaire. De ces quatre évènements fondateurs de l'identité de gauche, celui-là est le seul que Sarkozy ne renierait pas. Mais les trois autres l'empêchent d'être un homme de gauche.


Bonne nuit.

Oui au Traité européen.

Bonsoir à toutes et à tous.

Le Conseil national du PS, réuni samedi, n'a pas trop parlé du traité simplifié européen. François Hollande a attendu aujourd'hui pour faire part de son choix, "personnel": oui au traité, ne rien faire pour bloquer son adoption. C'est prudent, très prudent, mais c'est normal, très normal. Nous nous sommes déchirés en 2005 sur l'Europe, une partie des socialistes ont milité contre l'autre partie, il ne faut pas que cela se reproduise. J'ai bon espoir. Certes, les positions n'ont pas changé, mais la situation a changé, donc les positions vont changer. Elles ont d'ailleurs commencé.

Vincent Peillon et ses amis avaient défendu le non en 2005, sans cependant militer en sa faveur, par respect des règles. Cette fois, Vincent choisit le oui. Laurent Fabius semble dans l'expectative. Le symbole du non socialiste il y a deux ans ne dit plus non catégoriquement. Sa préférence irait plutôt à l'abstention. Benoît Hamon, autre figure historique du non, représentant aujourd'hui du NPS maintenu, prône l'abstention. Pour retrouver un "noniste" à la mode 2005, il faut aller voir du côté de Jean-Luc Mélenchon. Mais je ne vois pas d'autres personnalités socialistes se ranger derrière le refus du traité.

Du côté de l'opinion, un sondage paru ce jour montre qu'un référendum est majoritairement demandé. Normal. Mais le plus surprenant sont les intentions de vote en faveur du oui: 68%! Avec il est vrai 52% d'abstentions... (en 2005, 30,62%).

Bref, chez les socialistes, le non semble hors jeu, l'hésitation ne pourrait se faire qu'entre le oui et l'abstention, hésitation légitime puisque je l'ai vécue, mon coeur allant à l'abstention, pour sanctionner ce "mini traité" qui porte bien son nom, ce texte sans ambition qui recèle même, et c'est un comble, des éléments anti-européens (la suppression des symboles), et le soutien à un traité qui nous fait sortir de l'impasse du traité précédent, celui de Nice. Je vois 3 raisons en défaveur de l'abstention:

1- Sur un sujet aussi important, l'avenir de l'Europe et de la France dans l'Europe, personne ne comprendrait que les socialistes s'abstiennent. Oui ou non, il faut trancher.

2- Prôner l'abstention, c'est prendre le risque d'être, une seconde fois, à l'origine d'un blocage quant à l'évolution de l'Europe. Ce n'est pas concevable.

3- Les partis socio-démocrates sont en faveur du oui. "La social-démocratie reste notre famille", a fait remarquer Benoît Hamon dans Libération du 25 octobre.

Pour la clarté du débat et les arguments décisifs en faveur du oui, je vous recommande la lecture de l'article signé Pierre Moscovici et Bernard Poignant dans Le Monde du 24 octobre. Ce qui est contestable dans ce nouveau traité:

- La Charte des droits fondamentaux ne sera pas appliquée à la Grande-Bretagne et à la Pologne.
- Les statuts de la Banque centrale européenne ne sont pas modifiés.
- Les questions sociales et fiscales ne sont pas concernées par le vote à la majorité qualifiée.
- Il n'y a pas de nouvelles compétences énergétique et environnemental.

En revanche, les points positifs sont les suivants:

- Un président du Conseil européen stable.
- Un rôle des Parlements nationaux affirmé.
- Un président de la Commission issu du vote des élections européennes.
- Un haut représentant pour les affaires étrangères.
- Une référence à la Charte des droits fondamentaux.

Je laisse, pour finir, la parole à nos deux camarades, et ce sera, je crois, l'argument décisif:

"Ce traité exclut ce qui avait provoqué, en 2005, le "non" proeuropéen de gauche- il ne comprend pas de troisième partie. Il inclut au contraire ce que les socialistes réclamaient- un protocole pour les services publics permettant de créer une base juridique pour une directive cadre en la matière. Surtout, il reprend l'essentiel des dispositions institutionnelles qui figuraient dans les parties I et II du Traité constitutionnel européen".


Bonne soirée.

Anti-Sarko n°1.

J'ai terminé la lecture de BHL, Ce grand cadavre à la renverse, attendez-vous donc à me voir vous en parler durant les prochain jours! Je commencerai par les premières pages, l'avertissement, qui a suscité beaucoup de commentaires, et ce n'est immérité, car BHL dresse un portrait de Nicolas Sarkozy, "son ami", d'une finesse, d'une vérité et d'une cruauté extraordinaires, qui me font sans hésiter décerner à BHL le titre d'anti-Sarko n°1. A côté, le numéro spécial de Marianne sur celui qui allait finalement devenir président était d'une grossièreté et même d'une bêtise absolues. D'ailleurs, on a vu le résultat. L'attaque la plus juste et la plus efficace vient toujours de l'ami, de celui qui connaît bien son sujet.

Ce portrait est inspiré d'un coup de fil du candidat de l'UMP, en janvier de cette année, pour arracher le ralliement du philosophe, après que Glucksmann ait franchi le Rubicon. Le premier trait de caractère qui s'impose chez Sarkozy, selon BHL, c'est son infantilisme. Il insiste, trépigne, minaude comme un enfant qui veut son jouet ou un bonbon et qui s'exprime dans un français approximatif. Jugez-en plutôt à cette réplique: "C'est quand que tu me rejoins? c'est quand que tu me le fais, ton beau petit article?" Réaction purement infantile, besoin d'être aimé par un ami et honoré par un philosophe en vue, mais rien de politique, de tactique là-dedans: ce n'est pas un article de BHL qui peut contribuer à faire gagner à Sarkozy des voix!

BHL refuse tranquillement, Nicolas s'exaspère, en vient au chantage à l'amitié, passe aux menaces, devient colérique, violent, toujours comme un enfant qui n'a pas obtenu sa sucrerie. Le seul trait adulte, c'est quand les propos de l'homme politique vire au cynisme. Mais que de maladresse chez celui qui aspire à diriger la France et qui ne parvient pas à se diriger lui-même! Bernard ne fléchit pas, semble même s'amuser, prendre du plaisir à titiller sans peine ce prétendu "grand" de la politique qui se comporte comme un "petit", comme un sale gamin, un morveux.

Et puis vient le jugement définitif du philosophe, qui se fait moraliste, psychologue de l'âme présidentielle: "vision guerrière de la politique, hystérisation maximale des relations, si tu n'es pas avec moi c'est que tu es contre moi, on se moque des idées, seules comptent les relations entre les hommes, l'amitié..." (page 16). Après cette fiole de vitriol jetée au visage de son "ami", que va-t-il rester de l'amitié entre eux? Je recommande à Sarkozy, quand il aura cessé de faire l'enfant, de méditer cette maxime pour adulte mature: "Dans chaque ami, il y a la moitié d'un traître". C'est de Chamfort ou Rivarol, je ne sais plus.

Pourquoi BHL n'a-t-il pas cédé, comme Glucksmann, comme bien d'autres, de gauche, aux avances de Sarkozy? Pour une raison simple, forte, évidente, naturelle, qui est d'ailleurs contenue dans la question, pas besoin de chercher très loin: parce qu'il est de gauche, et quand on est de gauche, fidèle à soi, à son histoire, à ses idées, à ses valeurs, on ne rejoint pas un homme de droite, même un ami, même un homme avec lequel on peut sur certains points s'entendre. Ce n'est pas être obtu, fermé, sectaire, c'est être honnête avec soi-même, et quand on fait de la politique, avec les autres. BHL va nous expliquer pendant 414 passionnantes pages quelle est "sa" gauche, pour laquelle il a dit non à Sarkozy, alors qu'il aurait fort bien pu, lui aussi, se laisser aller, se laisser convaincre, dire oui. Je vous en reparlerai plus tard.


A bientôt.

Les 3 capitalismes.

Je vous ai parlé tout à l'heure des médecins et du système de santé. Savez-vous que la protection sociale est un marché gigantesque de 400 milliards d'euros? Avec les franchises médicales, discutées à l'Assemblée nationale la semaine dernière, l'orientation est clairement donnée: livrer progressivement des parts de ce marché aux compagnies d'assurances. Charlie-Hebdo de cette semaine (que voulez-vous, je ne me lasse pas des bonnes lectures!) établit les liens personnels entre Nicolas Sarkozy et les grands noms de l'assurance. Son frère aîné dirige le groupe Médéric, ses amis les plus proches s'appellent Henri de Castrie, PDG d'AXA, leader mondial de l'assurance et Jean-Philippe Thierry, président de la FFSAA, Fédération française des sociétés anonymes d'assurances.

Vous me direz que l'amitié est une affaire privée, et vous aurez raison. On ne peut pas en rester là, il faut une démonstration. Il n'empêche que certaines connexions sont éclairantes, à défaut d'être suffisantes et déterminantes. J'en viens donc à l'essentiel, la démonstration, qui repose sur l'évolution du capitalisme en deux siècles:

La première figure du capitalisme, son lieu d'élection et de développement, c'est la manufacture, la fabrique, l'usine, et au XIXème siècle, la firme industrielle. Ses personnages, ce sont le patron et le travailleur. Ce capitalisme-là vise à renforcer la production, il considère les hommes, les femmes et les enfants comme des jambes et des bras pour le travail.

La deuxième figure du capitalisme, c'est la société de consommation, apparue aux Etats-Unis dans la première moitié du XXème siècle et qui va se propager dans le monde entier. Ce capitalisme-là s'intéresse à la demande. Il considère les hommes comme des clients. Son invention géniale, sans laquelle la consommation populaire serait impossible, c'est le crédit. Son assise, c'est la banque. Fini le bas de laine, l'économie cesse d'être économe, il faut gagner, dépenser, placer de l'argent.

La troisième figure du capitalisme (mais les trois se superposent et s'articulent), c'est la société de sécurité et de protection, c'est la capacité de faire face aux "coups durs" d'une vie beaucoup plus longue et beaucoup plus confortable qu'autrefois, où l'on ne se relevait pas après être tombé, où l'on parvenait à survivre à l'ombre de la solidarité familiale ou villageoise. Ce capitalisme-là s'appuie sur les compagnies d'assurances, parce que la peur, le risque, la maladie, la mort, la rupture familiale, bref les aléas de l'existence sont devenus un marché. Après tout produire, après tout acheter, le capitalisme se targue d'un nouveau slogan: tout assurer.

Mais gardons-nous de tomber dans l'anticapitalisme: qui accepterait de ne plus consommer, de renoncer au crédit, de déchirer ses contrats d'assurances? Là encore, et Marx le disait fort bien, le capitalisme engendre un progrès mais se heurte à des limites. Au-delà de ces limites, il y a le socialisme. En matière de santé, ça s'appelle la Sécurité sociale, le système de cotisations, la logique de la répartition, la solidarité nationale.


Bon après-midi.

Diagnostic et remède.

Bonjour à toutes et à tous.

Les internes en médecine ont cessé leur mouvement de grève (15 jours!), qui a culminé mercredi dernier en rassemblant 20000 étudiants dans une manifestation à Paris. Leurs revendications étaient nombreuses, j'approuvais la plupart, mais il semble qu'une seule, satisfaite, a suffi à mettre un point final à l'action. Dans le projet de loi sur le financement de la Sécurité sociale, il était prévu la possibilité de débattre des "conditions et modalités de conventionnement en fonction de la densité de la zone d'exercice". Pour être plus clair, plus direct et moins diplomatique: si vous n'allez pas là où il manque des médecins, vous ne serez pas conventionnés. Rien n'avait été décidé, le projet posait seulement une possibilité, dont bien sûr les pouvoirs publics se seraient saisi, puisque le problème de l'installation de médecins généralistes dans certaines zones rurales est crucial. Mais la simple éventualité a suffi pour soulever les internes, et son retrait a suffi à stopper leur mouvement.

Nicolas Sarkozy, qui se prétend volontaire, courageux, audacieux quand il s'agit de supprimer les régimes spéciaux de retraite des gaziers, électriciens et cheminots, redevient timide quand il s'agit d'ouvrir une possibilité de discussion sur le conventionnement des médecins. Deux poids (électoraux?), deux mesures. Dans L'Hebdo des socialistes de cette semaine, je lis un compte rendu d'une rencontre avec les organisations de la santé, où le problème est posé, même s'il faut lire entre les lignes (encore la diplomatie!):

"L'évolution des conditions d'installation des médecins, préconisée dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2008, suscite débat (...) Les solutions divergent. Les organisations de médecins récusent l'idée de coercition, alors que certaines organisations gestionnaires de l'assurance maladie évoquent la nécessité de dispositions d'ordre public". Prudence de Sioux mais prise de conscience de la solution au problème..."

Je suis allé voir ce qu'en pensait un professionnel, syndicaliste et progressiste, Patrick Pelloux, dans sa chronique de Charlie-Hebdo. Le diagnostic est posé: "Jamais nous n'avons eu autant de médecins en France (...) La Seine-Saint-Denis est le département de France avec le plus faible nombre de généralistes..." Mais Patrick , pourtant si prolixe, ne dit rien quant à la solution, le déconventionnement. Il en reste à ce qu'il répète au long de ses papiers, et que j'approuve: le refus de la privatisation de la médecine. Je souligne tout de même une citation qu'il fait, du docteur Didier Ménard, représentant du Syndicat des médecins généralistes: "Cette grève des internes est un mélange de mouvement corporatiste et d'enjeux politico-sociaux majeurs". J'ai envie d'ajouter: comme n'importe quelle grève dans n'importe quel secteur (voyez pour les régimes spéciaux). Un syndicaliste se doit d'assumer les revendications "corporatistes", mais un homme politique responsable se doit de prendre en compte "les enjeux politico-sociaux majeurs". Je n'ai pas l'impression que c'est ce que fait Sarkozy à propos des carences territoriales de la médecine générale.

Prudence de Sioux, remède de cheval?


Bonne matinée.

28 octobre 2007

Honte à Sarkozy!

Philippe Val continue son combat contre l'amendement ADN, désormais adopté par le Parlement, malgré les protestations les plus vives, les plus autorisées et les plus diverses, y compris des personnalités éminentes de la droite. Ce rejet pouvait faire consensus, le président se serait grandi et honoré de le faire retirer. Mais Sarkozy se fout de l'honneur, même du sien. Sa préoccupation, c'est de rester longtemps au pouvoir et de faire un gros clin d'oeil à l'extrême droite, avec cette histoire d'ADN, car il est plus redevable, en matière électorale, à l'extrême droite qu'au centre droit.

Certains amis me disent parfois que l'ADN est l'arbre qui cache la forêt, que c'est toute la loi sur l'immigration qu'il faut contester. Je suis bien d'accord, mais l'ADN, c'est la saloperie absolue, "le viol de la vie privée", un "monstre législatif", comme l'écrit Val, donc c'est la mesure qu'il faut mettre en avant et dénoncer par dessus tout. Je rappelle l'argument, tel que le présente cette semaine dans son éditorial le rédacteur en chef de Charlie-Hebdo:

"Cet amendement permet de banaliser l'effraction suprême, qui consiste à exercer un biopouvoir, celui-là même que rêvent d'exercer les banques et les assurances, pouvoir non plus conféré par un vote démocratique, mais par la puissance financière".

Sur le rôle des compagnies d'assurances, j'y reviendrai demain ou dans la semaine (j'ai le temps, je suis en vacances et je ne suis plus candidat aux municipales...). L'espoir de tous ceux qui n'ont pas renoncé à lutter contre cette mesure, c'est désormais le Conseil constitutionnel, qui est censé dire le droit suprême, le droit qui régit le droit, la justice de la justice, comme il y a une police des polices. Nous comptons sur lui pour rappeler que le vivre ensemble dans une République ne relève pas des lois de la génétique.

Charlie donne un extrait d'un éditorial d'un journal qui n'est pourtant pas d'extrême gauche et qui va à l'essentiel:

"Les tests ADN peuvent être un instrument utile pour déterminer la culpabilité ou l'innocence dans une affaire criminelle. Mais ils n'ont pas de place légitime dans une loi sur l'immigration. Les familles modernes françaises, comme les familles modernes américaines, ne reposent pas uniquement sur les liens du sang et de la génétique. C'est une chose dont la plupart des politiciens et des votants français devraient être conscients".

C'est clair, concis, lumineux, rationnel, convaincant, définitif, c'est l'éditorial du New-York Time du 21 octobre. Honte à Sarkozy!


Bonne nuit.

Le coup des heures sup.

Bonsoir à toutes et à tous.

Le "travailler plus pour gagner plus", c'est-à-dire la loi sur les heures supplémentaires, est appliqué depuis le début du mois dans les entreprises. Nous approchons de la fin du mois, les feuilles de paye vont arriver, qu'en est-il donc de LA mesure de la "rupture" sarkozienne?

Les patrons sont-ils satisfaits? Pas vraiment, si j'en crois Christian du Mesnil du Buisson, directeur financier de PME, qui s'exprime dans une tribune libre dans Le Monde du 11 octobre. Ce qu'il craint, c'est "l'usine à gaz" qu'a mise en place la loi et qui risque de favoriser une fraude légale: "la tentation sera grande [pour les patrons], avec l'accord verbal des salariés, de transformer en heures supplémentaires nominales les augmentations annuelles de salaires". L'Etat paiera à la place du patronat la hausse du pouvoir d'achat! C'est-à-dire que le contribuable financera l'augmentation de son salaire!

Mais il faut rappeler la logique du "travailler plus pour gagner plus": toutes les heures sup sont majorées de 25% (c'est déjà le cas dans les entreprises de plus de 20 salariés, les autres sont à 10%). Le salarié a droit à une exonération d'impôt sur le revenu et les charges sociales. C'est donc l'Etat qui met la main à la poche, pour un coût total (exonérations d'impôt et de cotisations salariales) de 6,6 milliards d'euros. Le libéral Sarkozy fait donc appel à l'argent public pour dispenser les chefs d'entreprise de redistribuer leurs profits par des hausses directes de salaires. Le socialiste que je suis, paradoxalement, aimerait un peu plus de logique libérale et laisser aux patrons le soin d'accroitre le pouvoir d'achat de leurs salariés, sans se défausser sur les pouvoirs publics et aggraver encore plus le déséquilibre de leurs budgets!

A la possible fraudre patronale, Mesnil du Buisson ajoute une possible fraudre salariale: la loi "pourrait inciter, inconsciemment ou à dessein, les salariés qui le pourront à générer d'eux-mêmes un surcroît de travail ou supposé tel permettant de justifier un besoin d'heures supplémentaires à leur poste, sans valeur ajoutée claire ou en tout cas mesurable pour l'entreprise". Et notre patron mécontent conclut que la mesure est "coûteuse et contre-productive".

De fait, l'aide de l'Etat risque de ne guère séduire les patrons, les déductions de charges sociales n'étant pas assez incitatives (une déduction forfaitaire de 1,5 euros par heure sup pour les entreprises de moins de 20 salariés, et de 0,5 pour les autres). Si vous ajoutez à cela la complexité du dispositif (modalités de calcul des réductions de cotisations salariales, dénombrement des heures sup, ...), on comprend le casse-tête.

Mes lectures ne s'arrêtent pas aux fines analyses du Monde. Il faut aller voir au plus près du terrain, telle que la presse locale le relate. Le Courrier Picard du 10 octobre a donné la parole à quelques patrons de Saint-Quentin. C'est édifiant! A Briat-Bâtiment, entreprise de gros oeuvre, le chef d'entreprise préfère embaucher que de demander régulièrement des heures sup à un employé (je l'en félicite!). Et puis, dit-il, la plupart de ses ouvriers ont la cinquantaine et n'ont pas envie (on les comprend) de travailler plus, même pour gagner plus. Dans la restauration, l'idée n'est pas mieux accueillie: au Rouget Noir, les heures sup ne sont qu'occasionnelles et les périodes de suractivité sont couvertes par un extra. A Auchan, réaction tout aussi catégorique: aucune heure sup, l'annualisation du temps de travail permettant de faire face à la surcharge de travail.

Mon sentiment, c'est que le coup des heures sup va tourner à l'aigre, et je vais jusqu'à faire un parallèle avec les 35 heures (même si le contenu idéologique et social est totalement différent): engouement au départ pour la mesure, complexité d'application par la suite qui fait que tout le monde se met à la contester, y compris les premiers bénéficiaires (avec les heures sup, ce sont les patrons et les salariés à faible pouvoir d'achat).

Mais il y a deux grandes différences entre les heures sup et les 35 heures, qui font hélas que Sarkozy peut s'en tirer, malgré la nocivité de la mesure, alors que la réduction du temps de travail, bien que socialement positive, a fait l'objet d'un sévère rejet:
- La RTT redistribue du temps, les heures sup de l'argent. Je pense que la société contemporaine est plus demandeuse d'argent que de temps libre.
- La RTT, malgré le cadre négocié, a été perçue comme trop contraignante, dans une société qui a perdu le sens du collectif et qui ne jure que par la liberté individuelle. De ce point de vue, les heures sup sont gagnantes (quoique un patron peut contraindre un employé à s'y soumettre, non pas légalement bien sûr, mais psychologiquement).

Bref, en toute lucidité, nous devons, nous socialistes, nous battre avec la dernière énergie contre cette loi sur les heures sup, nous devons faire sauter ce verrou idéologique de la politique sarkozienne en montrant sa nocivité et son inanité sociales.


Bonne soirée.

Vive la liberté!

C'est dimanche, et si on parlait pour une fois d'autre chose que de politique? D'animaux, par exemple. Dans Charlie-Hebdo de cette semaine, j'ai aimé le coup de gueule de Cavanna (page 10):

"A bas les zoos! Aussi "modernes", aussi perfectionnés soient-ils, ce sont des prisons, des lieux d'infinie tristesse. A bas les ménageries, à bas les cirques, surtout itinérants! A bas le dressage, à bas le domptage, à bas les spectacles d'animaux "savants"! Arrêtez de faire chier les bêtes. Laissez les bêtes sauvages là où elles sont, c'est-à-dire chez elles. Contentez-vous de dévorer vos animaux d'élevage, et, s'il vous plaît, en les faisant souffrir le moins possible. A bas le foie gras!"

Dans le même article, Cavanna précise que "les animaux ne sont pas faits dans un dessein éducatif". J'approuve. Quand j'étais enfant, comme beaucoup d'enfants, j'ai élevé un tas de bestioles: hamster, cochon d'Inde, poisson rouge, escargot, ... Je n'ai rien appris à leur contact, elles ne m'ont élevé ni intellectuellement, ni moralement. Un livre est un accessoire pédagogique, pas une bête.

Certes, en tant que président de la Fédération des Oeuvres Laïques de l'Aisne, je reçois dans notre domaine de Beauregard des élèves qui visitent notre "ferme pédagogique". Mais c'est la nature dans son ensemble qui devient alors un objet d'éducation et de réflexion. Jean-Jacques Rousseau trouvait un profit intellectuel à méditer sur les plantes, leurs formes, leur diversité, leur croissance. Rien à voir avec un gamin qui donne à manger à un lapin dans une boîte à chaussures.

Le texte de Cavanna est beau et utile, mais il y a trop de "à bas". C'est "vive" qu'il faudrait s'écrier, vive les animaux, et surtout, vive la liberté! Tout est là: homme et citoyen, la liberté est la première vertu, comme dans la devise de la République. Un homme qui renonce volontairement à sa liberté est méprisable. Ce n'est pas un homme, c'est un monstre ou un esclave. Toute scène de servitude, même et surtout pacifique, inoffensive, généreuse, est anti-pédagogique, dégradante aux yeux des enfants.

Dans ce numéro de Charlie, mais à la page suivante, un autre article, de Philippe Lançon, retient mon attention. Il est question de Cécilia Sarkozy et de son renoncement "au statut de reine de France". Quel rapport avec les animaux, les zoos et ce qui précède? La liberté, toujours la liberté. Cécilia n'était-elle pas pour Nicolas une jolie bête ou, si vous préférez, une "belle plante" qu'il a su pour son image et son élection utiliser, et qui s'enfuit maintenant de la cage dorée de l'Elysée pour retrouver sa liberté? Ecoutez Lançon:

"Le geste de Cécilia ex-Sarkozy dit d'abord ça: la liberté; l'idée que la réussite a ses échecs. La fin éclatante et lente du couple dément les discours volontaristes du mari. Quand on veut, on peut? Oui, jusqu'au moment où on ne peut plus".

C'est quoi l'idéologie sarkozienne? La vie vue sous l'angle du travail acharné, de l'argent gagné, de la réussite sociale, de l'ambition personnelle, une éthique à l'américaine, la religion et le puritanisme moral en moins. Cécilia renverse tout cela, au nom d'autres valeurs, le plaisir, la franchise et surtout la liberté. Et Lançon de conclure:

"L'essentiel est l'acte par lequel une femme fait entrer la liberté des autres, même sous forme de fantasme, dans un lieu de représentation où elle n'existait pas".

Dites moi: je ne le voulais pas et j'ai l'impression que je l'ai fait, parler ce dimanche de politique...


Bon après-midi.

Perdre ou gagner.

Bonjour à toutes et à tous.

L'avenir de la gauche saint-quentinoise m'inquiéte fort. Les idées que je préconisais, dans les réunions du parti ou sur ce blog, ne prennent manifestement pas:

- La candidature de rassemblement, la recherche de l'unanimité par le dialogue? C'est raté, nous nous retrouvons avec une candidature de dernière minute, unique, minoritaire, d'affrontement et de revanche personnelle, bref le pire des scénarios que je redoutais tant.

- L'unité des socialistes au premier tour de l'élection municipale comme préalable à l'unité de toute la gauche au second tour? Raté là aussi, puisque c'est l'inverse qui est défendu, au détriment des intérêts et des idées du parti socialiste.

- La constitution d'une liste se basant sur les compétences et les influences de chacune et chacun? Encore raté, c'est la représentation des courants, l'usage de la calculette qui semblent l'emporter.

- Une stratégie de propositions et non de contestation face à un bilan municipal plutôt bien perçu par une grande partie de la population? Toujours raté, on va vers une opposition frontale, sans nuances, plus tournée vers le passé (le bilan du maire) que vers l'avenir (notre projet).

Chez les communistes, la situation n'est pas meilleure. Leur ralliement local à la tendance Gremetz n'offre guère de perspectives d'avenir. Les Verts pourraient bénéficier de la présence de leur chef de file départemental et conseiller régional, mais il a choisi Soissons pour les municipales. Reste le MRC, actif mais utilisé avec gourmandise par la droite pour embêter les socialistes. Bref, ce n'est pas la joie!

Bien sûr, je pourrais moi aussi adopter la stratégie de l'évitement: ne pas en parler, dire que tout ne va pas si mal, que ça ira mieux demain, que les choses sont ainsi, qu'on ne peut pas faire autrement, qu'il faut faire avec, etc. Ce discours, je le connais et je le déteste: c'est le discours de l'hypocrisie, de la fatalité, de l'impuissance et de la défaite. Or, la politique n'a que deux raisons d'être: la vérité et la victoire, la vérité en vue de la victoire.

J'ai renoncé à ma candidature parce que mes camarades en ont décidé ainsi, parce que la politique n'est pas une démarche individuelle. Mais ne comptez pas sur moi pour me faire renoncer à mes convictions. Je me battrais jusqu'au bout pour elles, parce qu'elles réunissent les conditions de la victoire et que je ne veux pas m'inscrire dans une perspective de défaite.


Bonne fin de matinée.

27 octobre 2007

Histoire d'extra-terrestres.

C'était il y a un an, c'était il y a un siècle, en octobre 2006. Ségolène Royal était donnée gagnante dans tous les sondages contre Nicolas Sarkozy. Le PS se prenait à rêver et à savourer sa revanche sur l'humiliante défaite de 2002. Ségolène, qu'elle ne dise rien, puis qu'elle parle, était plébiscitée par l'opinion. Un état de grâce à l'envers, avant la victoire annoncée, mettait la gauche en lévitation. Chose incroyable, des dizaines de milliers de français adhéraient au Parti socialiste, alors qu'un tel mouvement découle généralement de la victoire, non qu'il la précède, et d'une année.

Bien sûr, le coût modique de la cotisation (20 euros) et l'adhésion par internet expliquaient l'engouement. Les plus pessimistes craignaient qu'on prenne sa carte comme on achète un produit en promotion dans un supermarché, pour voir, pour essayer. Les plus cyniques percevaient un effet "souris": on surfe sur le net, on s'arrête, on clique, et hop, c'est fait, c'est fini à peine commencé. Moi, je considérais plutôt d'un bon oeil cet afflux, au milieu de certains camarades, ronchons et vieux briscards, qui fustigeaient les "adhérents à 20 balles". Nos sections étouffent de leur petitesse, des querelles qui remontent parfois à plus de 20 ans. Cet apport ne pouvait qu'être positif, nous régénérer, nous obliger à changer nos pratiques.

Mais ces nouveaux "camarades" n'avaient décidément peu à voir avec les anciens. Rares sont ceux qui se sont transformés en militants. Mais je les comprends: collages, distributions de tracts, réunions longues et tardives,... franchement, il faut aimer, avoir été élevé là-dedans, disposer d'un conscience politique aigue ou d'un sens du devoir à toute épreuve. Les nouveaux ne se sont pas transformés en futurs anciens. On ne les a presque pas vus, sauf dans les forums participatifs ou les associations "Désir d'avenir", beaucoup plus leurs trucs. Aujourd'hui, à l'approche des élections municipales, je suis inquiet, je ne les vois toujours pas. Mais c'est la faute aux anciens, j'en suis certain: nous n'avons pas su les intégrer. Un cadre socialiste est actuellement quelqu'un qui, en moyenne, a été politiquement formé dans les années 70, qui n'est donc pas prêt à entendre et à recevoir des personnes qui appartiennent à une toute autre culture.

Dommage, très dommage, nous avons raté là, collectivement, quelque chose. Les nouveaux adhérents partent, mais c'est parce qu'ils ne sont jamais vraiment entrés. Dans quelques semaines, les sections désigneront leurs têtes de liste aux municipales, chaque socialiste devra renouveler sa cotisation, combien le feront parmi les récents? On peut craindre des départs massifs... Le politologue Rémi Lefebvre a réalisé une étude sur les nouveaux adhérents dans le Nord. Je le cite (Libération du 22 octobre):

"90% des nouveaux adhérents n'ont pas participé à la campagne. Ils ont adhéré pour voter le projet et désigner la candidate, mais contrairement à ce qu'on dit, ils n'étaient pas plus "ségolistes" que les autres adhérents. Ceux qui sont partis plus tard l'ont fait parce qu'ils n'avaient pas de familiarité avec la vie du parti, ils n'étaient pas préparés à cet univers clos, replié sur lui-même, ils ne connaissaient pas les codes. En face, on ne les a pas accueillis, et pas retenus".

C'est bien vu. Beaucoup de sections pratiquent "l'entre soi", l'implicite règne souvent, les choses ne sont pas clairement dites, les signes et allusions abondent, les "coups" sont de mise, la camaraderie a peu de rapport avec l'amitié, bref, c'est un autre monde, où l'on passe vite pour un extra-terrestre. Mais qui sont les extra-terrestres!?

C'était il y a un an, c'était il y a un siècle, des gens venus d'une autre planète pour atterrir dans un monde hostile qu'ils ont ou vont pour la plupart quitter, aussi doucement et discrétement qu'ils s'y étaient posés...


Bonne nuit.

Débat à Crouy.

Bonsoir à toutes et à tous.

Il y avait bien longtemps que je n'avais pas participé à une réunion politique comme celle d'hier soir à Crouy, organisée par la section socialiste et son secrétaire mon ami Pierre Lenoble: calme, tolérante, réfléchie. Bien sûr, j'étais en terrain conquis, beaucoup de camarades là-bas sont strauss-kahniens, mais pas tous! Et puis, adhérer aux idées de DSK, ce n'est pas faire allégeance à un homme, comportement détestable, surtout lorsqu'on se prétend de gauche. Mais c'est s'inscrire dans un courant de pensée dont j'ai rappelé qu'il remontait à Mendès-France et se retrouvait chez Rocard puis Jospin avant d'aboutir à DSK. Car la refondation que j'ai encore hier appelé de mes voeux n'est pas la table rase. Au contraire, je crois que le socialisme doit se chercher une histoire.

Oui, j'aime ces réunions, hélas trop peu nombreuses, qui m'éloignent de ma section où, vraiment, je ne me sens pas bien du tout. De quoi avons-nous parlé hier? De tout, mais surtout du trouble actuel des socialistes, qui ne voit plus très clairement la ligne de leur parti. Les "débauchages" de Sarkozy ont manifestement marqué les esprits. Ce qui me fait dire, hélas, qu'il a réussi son coup puisque les militants socialistes en sont affectés. Ce trouble vient, selon moi, de notre difficulté que nous avons à parler à notre électorat. Nous n'avons plus les mots qu'il faut, les expressions qui font mouche, nous ne savons pas parler la langue du socialisme moderne. Sarkozy, lui, est parvenu à prononcer les slogans qui font mouche. La politique comme l'amour commencent par des mots...

J'ai défendu l'idée, qui n'est pas propre aux strauss-kahniens, que le cycle ouvert à Epinay en 1971 était désormais refermé. A l'époque, le PCF faisait 20%, la société individualiste de consommation n'avait pas encore changé les mentalités. En 1983, nous avons opté pour le marché, sans l'admettre et sans en tirer toutes les conséquences. Il faut maintenant le faire, en se référant au seul socialisme qui ait largement réussi, la social-démocratie. Il faut aussi assumer notre engagement dans la mondialisation, ne pas se soumettre à celle-ci comme à une fatalité mais réactiver à cette occasion notre internationalisme. Car le problème est bien là, et j'y ai insisté: qu'est-ce qui nous permet de nous différencier absolument de la droite? J'ai proposé trois pistes:

- L'héritage de Mai 68, que Sarkozy a voulu "liquider" à 48 heures des présidentielles, un héritage que nous devons revendiquer parce qu'il est au coeur de la société moderne et de son aspiration à plus de liberté.

- La recherche de l'égalité, en ne nous contentant pas de redistribuer des prestations sociales qui ne satisfont pas vraiment leurs bénéficiaires, dans une société où tout est dédié à la consommation. C'est le "capital culturel" de chacun qu'il faut surtout accroitre.

- Le dépassement de la nation, car celle-ci cristallise encore trop d'illusions. L'Europe et le monde doivent rappeler à la gauche son internationalisme foncier. Il y a encore du travail dans cette direction.

Le plus intéressant dans cette réunion, c'est que nous avons abordé des problèmes de société, sur lesquels le PS peut retrouver le clivage droite-gauche. Nous devons être à la fois des sociaux-démocrates réalistes et une force de contestation. Car sans colère ni contestation, il n'y a plus de socialisme. C'est ce que nous appelons, dans le "Manifeste pour un socialisme nouveau", le "réformisme radical". François Bayrou peut nous y rejoindre, s'il décide de s'inscrire dans une nouvelle perspective de gauche. Mais il n'en prend pas pour le moment le chemin.

Dernier sujet de débat, autant politique que philosophique: le rôle de la raison et du raisonnable dans une société médiatique qui exacerbe les réactions, les sentiments, les émotions, les peurs. Nous aussi, socialistes, nous devons savoir faire rêver, ne pas en rester au citoyen conscient, rationnel, car l'homme vit aussi avec un imaginaire.


Bonne soirée.

26 octobre 2007

La Mémoire des vaincus.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je n'ai pas fini de vous parler de mes lectures d'été. Parmi elle, il y avait "La Mémoire des vaincus", de Michel Ragon, un formidable roman historique paru en 1990 au Livre de Poche et qui raconte l'anarchisme au XXème siècle. Les vaincus, les oubliés, ce sont eux, les anars, qui ont pourtant été, longtemps, une force politique considérable dont Ragon nous décrit les tendances et les personnages. Le paradoxe, c'est que l'écrivain s'est fait connaître pour son roman sur les guerres de Vendée, "Les Mouchoirs rouges de Cholet". Mais qui sait s'il n'y a pas un peu d'anarchiste chez le vendéen en révolte contre la République?

On apprend des tas de choses en lisant ce "docu-fiction". La bande à Bonnot, comme beaucoup d'anarchistes du début du siècle, était hygiéniste, sobre et végétarienne, à l'opposé de l'image actuelle de l'anar débrayé et picoleur. En 1914, beaucoup d'anarchistes sont passés du pacifisme antimilitariste au patriotisme belliciste, l'Allemagne étant assimilée à la Réaction et la France, au contraire, à la Révolution. Surprenant également, le soutien des anarchistes à la révolution russe de 1917: Lénine et surtout Trotsky sont marqués par la culture libertaire et affichent un objectif commun, la disparition de l'Etat. Le bolchévisme est peut-être, du moins au début, plus proche de l'anarchisme et d'un certain populisme russe que du marxisme (n'oublions pas que Marx avait rompu avec l'anarchiste Bakounine).

Je vous conseille trois pages étonnantes (116 à 118), la description de la dernière semaine d'octobre 1917, où la révolution a failli périr... dans l'alcool, tellement les troupes se vautraient dans la beuverie! (j'aimerais qu'un historien lecteur de ce blog confirme la véracité de cet épisode cocasse!). Ce sont les vertueux anars qui ont sauvé le nouveau régime! Etonnant aussi le personnage théâtral de Trotsky, en uniforme blanc, qui a transféré le commandement dans un train blindé, comme pour bien montrer que le pouvoir est nulle part mais partout à la fois! Etonnant enfin ce Kropotkine, "prince anarchiste", dont les obsèques à Moscou rassemblent 100000 personnes.

J'ai également aimé le chapitre sur l'Espagne anarchiste, l'autre modèle après la déception soviétique. Le Frente Popular avait 5 ministres anarchistes, alors qu'on imagine mal, aujourd'hui, un anar doté d'un portefeuille ministériel. Le portrait de Staline est édifiant: ce tyran féroce est au départ un homme modeste, dévoué, austère, quelqu'un dont on ne se méfie pas, qui tranche par sa médiocrité avec l'extravagance et le panache de Trotsky. On sait ce qu'il advint de l'un et de l'autre... Pour s'incliner devant la dépouille de Staline, il y aura 17 km de queue et 800 victimes étouffées (là aussi, à vérifier, tellement les chiffres paraissent énormes). Jusque dans la mort, le tyran communiste aura tué.


Bonne soirée.

Tout se discute.

Bonjour à toutes et à tous.

Vous rappelez-vous d'Etienne Chouard? En 2005, il s'était fait connaître dans la blogosphère par ses analyses massivement consultées du Traité constitutionnel européen. Ce professeur d'informatique a largement contribué à l'époque à la victoire du non. Ses thèses pseudo-juridiques ont nourri le délire ambiant et la haine anti-européenne. Chouard allait jusqu'à soutenir que la Constitution européenne, antidémocratique, annonçait une forme nouvelle de totalitarisme!

Pensez-vous que le Traité simplifié a ramené Chouard à la raison et à la modération? Bien sûr que non. Dans Libération de cette semaine, il récidice: "pour moi, c'est un viol, un viol politique, c'est une cause de guerre civile". C'est reparti, comme en 2005! Sauf que cette fois, ça ne prend pas...

Je n'ai pas trop suivi le Grenelle de l'environnement et ses débats (on ne peut pas tout faire!), mais je note ce matin la satisfaction des socialistes. Pourquoi pas, il faut savoir reconnaitre ce que l'adversaire politique fait de bien.

J'entends à la radio une discussion assez tendue entre Nicolas Sarkozy et des cheminots, à propos des régimes spéciaux. Inimaginable il n'y a pas si longtemps, où le chef de l'Etat était un personnage impérial et quasi inaccessible. Mais le président ne fait que suivre le mouvement général de la société, où tout se discute, et c'est très bien. J'aimerais que cette tendance touche aussi la section socialiste de Saint-Quentin...


Bon après-midi.

25 octobre 2007

Deux cultures politiques.

Bonjour à toutes et à tous.

Plus j'y réfléchis, plus je me rends compte qu'il existe, en politique, deux cultures militantes, qui se distinguent sur trois points:

1- La politique considérée comme un jeu ou comme un travail. La première culture croit à la tactique, aux alliances, aux retournements de dernière minute, aux effets de surprise, aux faux semblants, aux postures avantageuses. La compétence alors importe peu, mais la capacité à ruser ou à bluffer. La politique devient un théâtre. La deuxième culture a une vision plus austère de la politique, perçue comme une activité de dossiers, reposant sur des convictions qui ne sont pas négociables.

2- Le secret ou la clarté. La première culture estime que moins on fait part de ses intentions véritables, mieux on réussit en politique. Celle-ci consiste alors à naviguer à vue, en levant un brouillard autour de soi, qui ne se dissipe qu'au dernier moment. Charles Pasqua résumait cette attitude en une formule: "en politique, on ne sort de l'ambiguïté qu'à ses dépends". Cultiver le secret, entraîner l'adversaire ou le concurrent sur de fausses pistes, voilà la démarche. La deuxième culture parie sur les vertus de la clarté: annoncer très tôt ce qu'on veut, mettre cartes sur table, considérer que la vérité est plus simple, plus efficace que les détours compliqués, les sous-entendus qui se transforment très vite en malentendus.

3- Se compter ou se rassembler. La première culture ne croit qu'aux rapports de force, y compris les plus sommaires, les plus brutaux, jusqu'à aller au coup de force. Elle voit la politique comme un pur et simple calcul, une arithmétique primitive de croix et de bâtons sur un bout de papier dans un coin de table. Les militants sont réduits à des barres qu'on additionne et à des pions qu'on utilise. La deuxième culture croit en la dynamique de l'union, qui passe par la discussion raisonnée et le compromis raisonnable. Elle pratique, non pas l'addition, mais la multiplication des forces. Car la politique n'a rien à voir avec les mathématiques: quand on additionne, en réalité on soustrait et en définitive on divise. Il faut multiplier pour que le résultat final soit positif, gagnant.

Ma culture politique, vous l'avez compris, c'est la deuxième. Et pour une seule raison: la première culture est fondamentalement de droite, même quand elle tient un discours de gauche, et souvent très à gauche. En gros, c'est Machiavel, en moins intelligent tout de même: c'est plutôt, généralement, un étalage de grosses ficelles. La deuxième culture a d'autres références, elle est authentiquement de gauche en ce sens qu'elle veut rompre avec la démarche politique traditionnelle et en inventer une nouvelle.


Bonne matinée.

24 octobre 2007

L'Europe, Moscovici.

Bonsoir à toutes et à tous.

J'apprends que les partisans du oui au nouveau traité européen ont fait entendre leur voix au sein du PS, notamment Bertrand Delanoë, alors que le parti n'a pas encore arrêté de position définitive. La hantise d'un remake de 2005 est dans tous les esprits, le duel fratricide entre "ouiistes" et "nonistes". Mais les temps ont changé... et surtout le texte. L'aile gauche, fabiusiens et emmanuellistes, ne repartiront pas à la bataille. Sauf Mélenchon, mais n'est-il pas toujours en bataille? Nos camarades prônent l'abstention ou le refus de vote. Evidemment, ce n'est pas très mobilisateur pour eux, comme je l'avais fait remarquer il y a quelques jours. Moscovici défend un "oui critique". J'approuve. Le texte, en l'état, est trop timoré pour se prévaloir d'un européanisme fervent dont nous aurions pourtant tellement besoin.

A propos de Pierre Moscovici, il a rappelé aujourd'hui que le poste de premier secrétaire ne lui déplairait pas. Je l'y encourage, bien sûr. Ce strauss-kahnien a la carrure nécessaire, il est très européen, au moment où nous avons besoin d'authentiques européens aux postes de commande.


Bonne nuit.

Ma non candidature.

Bonjour à toutes et à tous.

Je ne voulais pas vous en parler parce que je n'aime pas parler de ce qui m'attriste. Et puis, en politique, il faut être positif, aller de l'avant, regarder l'avenir. Mais bon, vous m'auriez sûrement, un jour ou l'autre, posé la question. Alors, je vous en parle. J'ai décidé de ne pas présenter ma candidature pour la tête de liste aux élections municipales. Oh ce n'est pas que je n'en avais pas envie! Ceux qui lisent ce blog savent que je me considérais comme le mieux placé pour mener ce combat. Non, c'est autre chose, mais qui est fondamental en politique: l'avis des autres et la cohérence avec soi même.

Ma candidature n'était pas une aventure individuelle. J'avais posé un préalable: que cette candidature rassemble, qu'elle réalise l'unité de la section. A St Quentin, tout socialiste qui se lancerait dans une démarche purement personnelle, simplement pour "exister", diviserait automatiquement la section et hypothèquerait nos chances de gagner. Bref, pour me présenter, il fallait que l'unanimité se fasse autour de mon nom. Ca n'a pas été le cas, je le regrette, mais on ne fait pas de politique avec des regrets. Il faut donc maintenant, et nous avons déjà commencé il y a quelques semaines, nous efforcer de poursuivre nos discussions et présenter une candidature unanime.

Des camarades me disent: mais pourquoi ne te présentes-tu pas tout de même? Et qui y aurait à craindre de plusieurs candidats, pourvu qu'un seul reste en lice, désigné par les adhérents? Je leur répète ce que j'ai 50 fois répété: plusieurs candidats, c'est le jeu des rapports de force qui commence, c'est notre division affichée devant l'opinion, c'est donner du grain à moudre à la droite, c'est affaiblir aux yeux de nos partenaires celui qui aura été choisi. Et si un candidat sur deux retirait sa candidature avant le vote des adhérents, le mal aurait été fait, le poison de la division instillé. Ce retrait ne pourrait se faire qu'à partir d'une négociation, je présume. On ne se retire pas sans raison. Alors, pourquoi ne pas négocier avant, tranquillement, sans la pression d'une candidature qu'on menace de maintenir?

Non, non et non, j'ai beau y réfléchir, retourner la question en tout sens, la seule position soutenable, raisonnable et gagnante, c'est celle de la candidature unanime. Puisque ça n'est pas moi, peu importe, ce sera un autre, mais je me battrai jusqu'au bout sur ce point, qui est la condition certes pas suffisante mais nécessaire pour gagner les élections municipales. D'ailleurs, dans les autres grandes villes de l'Aisne, Château, Soissons, Laon, il n'y a qu'un seul candidat. Pourquoi St Quentin échapperait-elle à cette règle unitaire?


Bon après-midi.

23 octobre 2007

L'affaire Môquet.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je ne comprends pas très bien la polémique déclenchée hier par la lecture de la lettre de Guy Môquet dans les établissements scolaires. Dans mon lycée, personne ne m'a rien demandé. Mais s'il avait fallu lire ce texte, je l'aurai fait, sans difficulté. D'abord parce qu'un fonctionnaire doit obéir à sa hiérarchie, ensuite parce que cette lecture d'un jeune résistant n'a rien d'infâmante ou de déshonorante. Sarkozy est à l'origine? Et alors... Je ne me fais aucune illusion sur les capacités manipulatrices du chef de l'Etat, qui avait excellé pendant la campagne présidentielle dans le détournement de symboles. Mais je ne me détermine pas par rapport à lui.

Cette lecture bafoue-t-elle notre statut? Notre liberté pédagogique est-elle menacée? Il ne me semble pas. Chaque enseignant est libre de commenter et d'accompagner comme il l'entend ce texte de Môquet. Si l'on veut s'opposer à Sarkozy, mes amis, il va falloir s'y prendre autrement. Il y a cependant quelque chose qui me chagrine dans cette affaire, et je m'étonne que personne n'en parle. C'est l'intimité de ce courrier, qui devrait rester, comme tout courrier, dans le domaine privé. Il y a une forme d'impudeur, d'indécence, à le livrer ainsi sur la place publique.


Bonne nuit.

21 octobre 2007

C'est grave docteur?

Bonjour à toutes et à tous.

J'apprends dans L'Aisne Nouvelle que les médecins généralistes de la circonscription de Saint-Quentin sont 8 pour... 15000 habitants. Oui, vous avez bien lu! Pour pallier à cette pénurie, un médecin préconise la création de "maisons médicales", qui regrouperaient plusieurs professionnels de la santé. Si je comprends bien, on ferait en milieu rural ce qui a été fait dans les années 70 en milieu urbain avec les cabinets collectifs de médecins.

Dans le même temps, je suis de près la grève des internes de médecine, qui a mis dans la rue pas mal de monde il y a un peu moins de 15 jours. J'avoue ma circonspection. D'un côté, le mouvement a toute ma sympathie: des toubibs qui manifestent, ce n'est pas tous les jours qu'on voit ça! La profession reste sociologiquement marquée à droite et par une conscience bourgeoise de classe. Or, aujourd'hui, une partie du corps médical dénonce le système des franchises et donc la politique sanitaire de Nicolas Sarkozy. D'un autre côté, je suis surpris et méfiant envers la radicalité de certains slogans, qui ne sont évidemment pas faux mais qui appartiennent à un lexique plutôt proche de l'extrême gauche, comme la dénonciation d'une "médecine à deux vitesses" (je n'ai jamais très bien compris ce que venait faire la "vitesse" en matière de santé) ou d'une médecine "pour les riches et pour les pauvres". J'ai toujours pensé que l'exagération ou la caricature nuisaient à la crédibilité et à l'efficacité d'une cause.

Mais il y a plus étrange (sur les abus de langage, je suis prêt à passer l'éponge): le mouvement des internes lutte contre le projet dit de "démographie médicale", c'est-à-dire, en rapport avec ce que j'évoquais au début, la volonté de mieux répartir sur le territoire l'offre de médecine générale. Les internes refusent toute contrainte, ils veulent que leur profession demeure "libérale". C'est là où il y a un hic (pour moi en tout cas): d'un côté, la radicalité des slogans, un progressisme pur et dur, une forme d'idéalisme, le souci de la collectivité, de l'autre, la préservation d'une tradition "libérale", un réflexe corporatiste, une perspective purement individualiste. C'est peut-être ce que Marx appelait une "contradiction de classe" ou un hiatus entre le discours théorique et la réalité économique et sociale.

Dans Le Monde du 9 octobre, Martial Olivier-Koehret, président de MG France, un syndicat de généralistes, écrit des choses très justes, après avoir dénoncé l'injustice des franchises et l'illusion de l'automédication (si on pouvait se soigner soi même, cela se saurait; mais l'idée flatte l'individualisme contemporain): "la médecine générale et les soins primaires constituent la pierre angulaire d'un vrai système de santé". Un bon généraliste, si possible le même et qui vous suit régulièrement, voilà le secret de l'efficacité médicale, et pas prioritairement les économies budgétaires ou la "responsabilisation" des patients. Notre société hautement technologique a fait de la spécialisation une vertu cardinale, au détriment de l'approche "générale". C'est à nouveau une illusion. Le général, en médecine comme dans la culture, est premier et fondateur. La spécialité doit être l'exception. Il faut redonner vigueur et noblesse à la dimension "généraliste" de la médecine ( et je pourrais en dire de même pour le monde de l'enseignement). C'est un débat politique aux soubassements philosophiques.


Bonne fin de matinée.

20 octobre 2007

Les petits pas et les géants.

L'Europe a signé cette semaine à Lisbonne le nouveau traité européen, qui n'enthousiasme personne mais rassure tout le monde. Il fallait un nouveau traité, celui de Nice ne correspondait plus à la nouvelle situation créée par l'entrée les pays de l'ancien bloc soviétique, ce nouveau traité ne retrouve pas, et de très loin, le souffle et l'ambition de la Constitution européenne rejetée en 2005 par les français. Je suis moi aussi dans cet état d'esprit: accepter ce minimum qui reprend plusieurs éléments du défunt traité. C'est ce qu'on appelle traditionnellement la politique des "petits pas". Le problème, c'est que l'Europe aurait besoin de géants...

Ce qui est surprenant, c'est la difficulté de ceux qu'on a appelés "nonistes" à mobiliser et peut-être d'abord à se mobiliser. Pourtant, il n'ont pas plus de raisons d'accepter le nouveau traité que l'ancien. Etrange, cette France de 2005 qui s'est levée en masse contre le traité constitutionnel européen et qui ne réagit pas devant sa reprise très réduite. Je ne m'en plains pas, j'observe et je réfléchis.

Ce qui est certain, c'est que l'Europe n'a pas trouvé son rythme.


Bonne nuit.

Retour sur le 18.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je n'ai rien dit cette semaine sur la grève du 18 contre la réforme des régimes spéciaux. Manque de temps. Le journal L'Union, dans son édition d'aujourd'hui, m'a interrogé sur ce sujet (parmi d'autres puisqu'il s'agit d'une rubrique où l'on sollicite une personnalité locale sur les évènements de la semaine). Vous connaissez ma position politique sur la question: je ne suis pas favorable au maintien en l'état des régimes spéciaux de retraite, ne serait-ce que parce que leur financement rencontrera des difficultés d'ici quelques années. Bref, je suis favorable à une intégration de ces régimes dans le régime général des fonctionnaires.

Cependant, je n'ai pas pesté contre la grève de jeudi, même si, comme tout le monde, j'aime que mon train ou mon bus soient en circulation quand j'ai envie de me déplacer. Cette grève était normale, logique et légitime. On enlève à une catégorie de salariés un avantage (je dis bien "un avantage", et pas un privilège), on supprime une conquête sociale. Il serait étrange qu'aucune réaction de masse ne se produise. Moi aussi je suis syndicaliste, dans l'enseignement. Je sais ce que c'est le boulot de syndicaliste: défendre les intérêts de la catégorie que vous représentez et qui vous a désigné pour ce job si vous êtes délégué du personnel, ce que je suis aussi.

Mais là, je raisonne en politique, pas en syndicaliste. Et même comme syndicaliste, je ne suis pas fermé à des évolutions, pourvu qu'elles donnent lieu à des compensations. Ce n'est pas le cas dans la réforme qu'on nous propose, à laquelle je fais deux gros reproches, qui de nouveau justifient le mouvement d'ampleur du 18 octobre: pas de véritables négociations préalables, seulement des entretiens, sur une courte période, entre le ministre du Travail et les organisations syndicales; pas d'approche globale du problème des retraites, de leur organisation et de leur financement. Se focaliser sur les seuls régimes spéciaux, comme si le problème se trouvait fondamentalement là (ce qui est faux), c'est reprendre une vieille rancoeur idéologique de la droite contre les fonctionnaires et assimilés, la sempiternelle rengaine contre les "privilégiés" de la Fonction publique. En ce sens, le gouvernement a posé le problème des retraites à travers un prisme très idéologique, dans une logique que je n'hésite pas à qualifier de "lutte de classes", alors que c'est le pragmatisme qui aurait dû l'emporter. Mais le ver était dans le fruit, c'est-à-dire dans l'élection très idéologique de Nicolas Sarkozy à la tête de l'Etat.


Bonne soirée.

1968 à l'Elysée.

Bonjour à toutes et à tous.

Je reviens sur le divorce présidentiel, qui ne peut pas être, quoi qu'on dise, une affaire strictement privée, d'autant que le chef de l'Etat a pris l'habitude (et il n'est pas le seul, hélas) d'instrumentaliser sa vie personnelle et familiale. De fait, les prochains mois ou années, Nicolas Sarkozy va devenir le célibataire le plus observé et le plus convoité de France. Une certaine presse va en faire ses choux gras, et pas seulement la presse dite "à scandale". La presse "sérieuse", en particulier Le Nouvel Observateur, a pris sa place dans la rumeur puis dans l'information. Signe des temps, probablement, mais après tout, la petite vie des grands personnages a toujours intrigué et passionné. Souvenons-nous de la monarchie qui mettait en scène, sous les yeux de tous, l'existence intime de ses rois et reines. Sauf que nous ne sommes plus en monarchie, mais que manifestement quelque chose en est resté.

Mais c'est autre chose que je veux vous dire, une réflexion qui m'a été inspirée par un propos de je ne sais plus quelle journaliste lors de l'émission de RTL "Et si on changeait le monde". Elle affirmait que Cécilia avait introduit l'esprit de Mai 68 à l'Elysée! C'est un raccourci évidemment osé mais qui a sa pertinence. Aurait-on imaginé un tel comportement d'une épouse du chef de l'Etat auparavant? C'aurait été impensable, le scandale aurait été immense. Bien que n'ayant aucun statut officiel dans la République, les épouses des présidents ont su "tenir leur rang", comme on dit très bourgeoisement. Qui pouvait alors renoncer à cet énorme privilège, être femme du chef de l'Etat? Le devoir ne laissait place à aucun doute, hésitation, aspiration personnelle.

Je ne sais pas ce que faisait Cécilia Sarkozy en 1968, mais presque quarante ans après, elle a repris, à sa façon bien sûr, quelque chose de ce mouvement: ignorer superbement les conventions, mépriser les honneurs et l'argent, renoncer à la gloire d'être première dame de France, ne pas se soumettre au mari et à la famille, laisser parler son désir, bref, en un mot, s'émanciper. Il n'y a pas d'âge pour cela. L'histoire a sa moralité: cet homme devenu président avec l'objectif de "liquider" l'héritage de Mai 68 a été rattrapé par cet héritage, chez lui, au coeur de l'Elysée, dans son coeur d'homme.


Bon après-midi.

19 octobre 2007

Je ne vous dirai rien ce soir. Laissez-moi avec ma tristesse. Et demain, nous parlerons d'autre chose.

Bonne nuit à toutes et à tous.

18 octobre 2007

Les enfants de la télé.

Bonjour à toutes et à tous.

Une révolution a eu lieu le 16 octobre dernier dans la société française, et personne ne s'en ait rendu compte. Qui sait, peut-être que les grands mouvements de civilisation passent inaperçus sur l'instant, mais qu'on en comprend les conséquences bien plus tard? L'évènement dont je veux vous parler, c'est la naissance d'une chaîne de télévision pour les enfants... de 6 mois à trois ans, BabyFirst TV, accessible par satellite. Comme toute invention sociale majeure, celle-ci nous vient des Etats-Unis, où ce genre de chaîne a été créé en 2004, et adopté depuis par 28 pays.

Désormais, un enfant de 6 mois, c'est-à-dire quelqu'un qui vient de naître, un esprit disponible à toutes les influences et ne disposant d'aucune capacité mentale suffisamment développée pour leur résister, va se retrouver devant l'écran de télévision, absorbé par lui. Déjà, beaucoup de parents laissent leurs enfants le matin devant les dessins animés, déjà, beaucoup d'enfants, très jeunes, ont la télévision en libre accès dans leur chambre. Imaginez un peu ce qu'il en sera avec BabyFirst TV et son programme "ludo-éducatif", comme le qualifient ses concepteurs.

Demain, quel homme et quel citoyen vont-ils sortir de cette télé-éducation? Les français se plaignent souvent d'une perte des repères et d'une crise de l'autorité. Mais que se passe-t-il lorsqu'on remplace la présence et le rôle des parents par une machine bourrée d'images, de paroles et de musiques? Quand on constate que les adultes eux-mêmes, qui ont pourtant les moyens intellectuels de l'autonomie, sont considérablement influencés par la télévision (par exemple dans leurs choix politiques), il y a de quoi s'inquiéter pour l'avenir de nos enfants. Je connais des gens d'une soixante d'années, qui ont vécu et en ont vu d'autre, être perméable aux Guignols de l'Info et s'inspirer avec le plus grand sérieux de propos qui n'ont pourtant pour objectif que la dérision, et pas la vérité.

Vous allez peut-être me reprocher mon pessimisme ou mon exagération. Après tout, dans les années 60 et 70, l'entrée massive de la télévision dans les salons de France faisait craindre un éclatement de la vie de famille, les conversations autour de la table étant remplacé par la focalisation de tous sur l'écran noir et blanc. Aujourd'hui, on se dit plutôt que regarder ensemble un programme choisi en commun renforce la famille plus qu'il ne la dissout. Mais mon inquiétude ne s'estompe par: un enfant de 6 mois devant la télé, désolé, pour moi, ça ne passe pas...


Bonne matinée.

17 octobre 2007

Invitation de Crouy.

La section socialiste de Crouy, près de Soissons, vous invite à une réunion-débat
le vendredi 26 octobre, à 20h30, salle polyvalente (derrière la mairie),

animée par Emmanuel MOUSSET, secrétaire fédéral, qui présentera le
"Manifeste pour un socialisme nouveau".

Venez nombreu(x)ses!

Maturité et "vieille politique".

Bonsoir à toutes et à tous.

Dans quelques jours, nous connaitrons à Saint-Quentin le nom de notre tête de liste aux élections municipales. Notre ville, la première de l'Aisne, est la seule du département où l'on ne sache pas exactement qui sera "le premier des socialistes", selon la terminologie exacte. Ce n'est pas grave, d'ailleurs. Mieux vaut prendre son temps, discuter, se concerter, que de se donner un candidat dans la précipitation, ou pire, dans la résignation. La bataille électorale sera trop difficile pour qu'on se donne un candidat par défaut. Qui sera désigné? Je ne sais pas, tout est ouvert, le seul objectif est d'investir celui ou celle qui sera jugé le meilleur et le plus rassembleur. Ce sera moi (je le souhaite, évidemment) ou un autre (ce n'est pas impossible), mais, au risque de vous surprendre, je pense que l'essentiel est ailleurs.

Dans quelques jours, ce ne sera pas avec des candidatures individuelles que nous aurons rendez-vous, mais avec notre maturité politique. Je me bats là dessus depuis un an, depuis ces législatives où nous avons eu deux candidates à la candidature, c'est-à-dire, selon moi, une de trop, compromettant ainsi notre unité. Quand on est en situation de faiblesse, on n'a pas le droit de se diviser. Quand on est fort, qu'on occupe le pouvoir, c'est différent, on peut se permettre beaucoup de choses, quoique la division soit toujours mauvaise conseillère. Pour des municipales, la division est encore plus destructrice puisque c'est un scrutin de liste, où l'on doit impérativement rassembler une fois qu'on a été désigné.

En matière de maturité politique, je suis plutôt confiant pour les prochains jours. L'idée d'unité a fait des progrès parmi nos camarades, et d'abord dans ma tête! J'ai fait les efforts nécessaires pour comprendre les autres, me rapprocher de ceux desquels je m'étais éloigné. Bref, je trouve que le climat est meilleur, la conscience politique plus forte, l'intérêt collectif mieux saisi, et c'est cela que j'appelle la maturité politique. Nous saurons bientôt si cette maturité ira jusqu'à son terme. Si nous aboutissons à une candidature unanime, nous aurons surmonté la première étape et la première épreuve de la campagne, nous aurons dépassé les ambitions personnelles (par ailleurs légitimes) pour nous élever à l'intérêt général. Moi ou un autre, peu importe, car ce qui importe, c'est la candidature unanime, rassembleuse, c'est-à-dire efficace, gagnante. S'il y a la semaine prochaine plusieurs candidatures, nous aurons raté notre entrée en campagne, nous aurons réactivé les germes de la division, nous n'aurons pas atteint la maturité politique.

Je suis plutôt optimiste pour le proche avenir, mais je reste lucide, la "vieille politique" n'est pas morte, et elle peut resurgir à n'importe quel moment (y compris dans quelques jours!). C'est pourquoi je veux à nouveau, ici, et inlassablement, la dénoncer. En quoi consiste-t-elle, et pourquoi est-elle mortifère?

1- D'abord, cette "vieille politique" repose exclusivement sur les détestables rapports de force, qui en vérité nous affaiblissent. C'est l'éternelle tentation de "se compter", comme on dit, tentation d'autant plus forte qu'on est minoritaire. Le rapport de force entre camarades qui devraient cultiver entre eux la fraternité est un signe d'immaturité absolue, le besoin d'exister à tout prix. La conséquence en est la démission de l'intelligence et le triomphe de l'infantilisme. On ne réfléchit plus, on ne se rencontre pas, on ne discute pas, mais on s'affronte puis on passe au vote. Oui, cet état d'esprit est détestable, je le refuse totalement.

2- La "vieille politique" utilise des moyens aussi détestables que son état d'esprit: le cynisme, le double langage, la manipulation, quand ce n'est pas, parfois, le chantage. La faculté de s'adapter à son interlocuteur, de tenir le discours qu'il attend de vous, de le flatter pour le corrompre, cette politique misérable, je la rejette. Pour ma part, qu'on soit d'accord ou pas avec mes analyses et mes propositions, je tiens à tous mes camarades le même langage. Autres pratiques détestables: le goût du secret, les conciliabules de coulisses, les tractations de comptoir, les paroles codées,... Ce que j'ai à dire, je le dis à tous, publiquement, dans les réunions du parti, dans mes rencontres, sur ce blog. Je n'ai rien de fondamental à cacher. C'est pourquoi j'ai annoncé très tôt que je serai candidat, pour la simple et bonne raison que j'y ai pensé très tôt! La maturité politique, c'est aussi la transparence (et la sincérité).

3- Ce que je reproche enfin à la "vieille politique", ce sont ses ressorts psychologiques. Elle évolue plus dans le sentimental, dans l'affectif, que dans la rationalité politique. Pardonnez-moi de revenir à ma candidature, mais on ne parle bien que de ce qu'on connait, et je suis celui qui me connait quand même le moins mal! La "vieille politique" cultive à l'excès le besoin de reconnaissance, la vanité, le narcissisme, les effets de miroir qui sont dévastateurs quand ils entraînent des phénomènes de groupe irrationnels. On n'est pas candidat pour son plaisir ou pour régler un compte avec soi-même, désir de revanche ou besoin de reconnaissance. Qu'est-ce qui m'autorise alors à dire que je n'entre pas, moi aussi, dans ce schéma psychologique que je trouve politiquement très mauvais? Ecoutez, je suis professeur de philosophie, j'adore mon métier, je pourrais préparer un doctorat, écrire des livres, j'ai des responsabilités associatives relativement importantes, nombreuses et variées, j'aime la vie que je mène, quelle reconnaissance personnelle voudriez-vous que je recherche dans un statut d'élu municipal!? Si j'étais sage, avisé, prudent, malin, si surtout je n'avais pas la passion de la politique, je ne ferais pas ce que je fais, un point c'est tout.

Peut-être ce billet vous a-t-il fait sourire, peut-être allez-vous me taxer de naïf et me dire que ce que j'appelle "la vieille politique", à laquelle j'oppose la maturité politique, c'est la politique de toujours et de partout, à Saint-Quentin comme ailleurs? Vous n'auriez pas tort, à ceci près que vous oublieriez une chose: je suis socialiste, c'est-à-dire, en partie, idéaliste. Quand on se prétend de gauche, on ne pratique pas la "vieille politique".


Bonne soirée.

Question de principes.

Bernard Cantat vient de sortir de prison après 4 ans, pour bonne conduite. Il était condamné à 8 ans. Cette remise en liberté me choque un peu. 4 ans pour un meurtre! Certes, la passion, l'alcool, la drogue, que sais-je d'autre, expliquent des comportements qu'on n'aurait peut-être pas normalement. Et puis, la justice n'est pas la vengeance. La détention vise à la réinsertion. Il n'empêche, un crime est un crime, et 4 ans, c'est bien peu, même pour quelqu'un qui, après, se conduit bien. Je pourrais, à partir de là, critiquer la justice, son laxisme, sa faiblesse. Je ne le ferai surtout pas. Je suis républicain, je respecte les lois et les décisions de la justice, je les accepte et je m'y plie. Les juges ont leurs raisons, qui sont respectables et qu'il faut respecter, sinon il n'y a plus de justice... ni de République. Mais comme citoyen, j'ai le droit aussi d'émettre un avis.

Bernard Laporte, qui n'est pas encore au gouvernement, a déclaré qu'il le quitterait si le job ne lui convenait pas. Haro sur Laporte, qui n'aurait pas dû tenir de tels propos, un ministre n'étant pas où il est pour convenance personnelle! Mais à qui la faute? Nicolas Sarkozy a voulu faire entrer au gouvernement une personnalité éminemment respectable, entraîneur sportif, mais dénuée de toute culture politique. Qu'on ne s'étonne pas alors qu'il s'exprime comme n'importe qui et envisage de quitter son travail si celui-ci ne lui convient pas. Le problème, c'est que le service de l'Etat, ce n'est pas un travail comme un autre. On ne fait pas de politique pour soi, pour son propre plaisir. Ce sont les autres, c'est la collectivité qui est en jeu, et quand on est socialiste, ce sont les catégories populaires dont on a en quelque sorte la charge.

Finalement, Bernard Cantat et Bernard Laporte, deux situations qui n'ont strictement rien à voir l'une avec l'autre, se rejoignent par la leçon qu'elles nous donnent: le respect de certains principes.