L'Aisne avec DSK

28 juin 2007

Les fantômes et les cornichons.

Bonjour à toutes et à tous.

L'idée de Jean-Marc Ayrault de constituer un contre-gouvernement est une bonne idée. Elle prépare les opposants à devenir des dirigeants, elle oblige à faire d'utiles contre-propositions et ne pas se cantonner dans la pure protestation. Pourquoi faut-il alors que sur ce point là aussi, les socialistes se chamaillent? La lutte pour les places, je veux bien, mais pour des places fantômes, c'est ridicule. Bien sûr, le shadow cabinet n'est pas dans nos traditions politiques. Raison de plus, introduisons le.

Il y a quelques jours, vous vous souvenez, je m'étais permis un petit cours de physique politique où j'évoquais le principe d'Archimède: tout corps plongé dans un liquide etc. Ma version politique: tout adhérent plongé dans une section socialiste subit une poussée qui le conduit nécessairement et universellement vers le pouvoir, c'est à dire vers le ou les élus de la dite section.
Eh bien, j'apprends que DSK s'est servi de ce principe pour faire une démonstration assez similaire mais beaucoup plus drôle: "tout corps plongé dans un bocal à cornichons devient un cornichon." Je vous laisse deviner quel est le bocal et quels sont les cornichons. Peut-être Dominique a-t-il puisé son inspiration dans la lecture de ce blog?

Une dernière chose: le "traité" européen dont on parle beaucoup en ce moment n'est pas encore rédigé! Il va falloir attendre octobre. Mobilisons nous pour dénoncer ses faiblesses et ses renoncements, reparlons de l'Europe.

Vous n'aurez pas de mes nouvelles vendredi et samedi. Je serai à Paris, aujourd'hui jusqu'à dimanche, au Congrès national de la Ligue de l'enseignement.

A dimanche, donc.

27 juin 2007

Refondation

Bonsoir à toutes et à tous.

Dans Socialisme et Démocratie n°114, le bulletin de liaison strauss-kahnien, je lis cette réflexion de l'excellent Bergougnioux:

"Que peut faire le socialisme dans la mondialisation? Que doit-il faire dans une société individualisée? Comment doit-il se comporter dans une démocratie d'opinion? Des réponses qui seront faites dépendra notre identité politique aujourd'hui passablement brouillée."

On ne saurait mieux dire. Tout est là. Je réponds brièvement aux trois interrogations d'Alain:

1- La mondialisation, il faut l'accepter positivement, volontairement, ne pas la considérer comme une sinistre fatalité à combattre (ça, c'est l'ancienne gauche) mais un progrès planétaire dont nous devons nous servir pour nous renforcer et vivre mieux.

2- L'individualisme, il faut le revendiquer. La gauche de toujours travaille à l'émancipation individuelle (et non pas à l'abrutissement collectif engendré par le communisme). En n'oubliant pas de rappeler aussi que l'individu ne peut se libérer que dans une société qui favorise cette libération (on ne se libère pas tout seul dans son coin).

3- L'opinion, il faut lui donner la parole à travers de nouveaux modes d'expression. Il faut surtout que cette parole débouche sur du pouvoir, des responsabilités. Ce qu'il ne faut pas, c'est condamner l'opinion au nom du citoyen éclairé, rationnel et républicain, un idéal qui ne renvoie à aucune réalité, un chevénementisme bon pour le discours mais pas pour l'action politique.

Alain Bergougnioux fait une proposition de méthode, qui rejoint ma troisième réponse: abandonnons le système des motions lors de nos congrès, donnons directement la parole et le droit de vote aux adhérents sur des points très précis. Les motions sont des textes dans lesquels on se perd, qui ont un objectif tactique. Mettons un terme à cela qui ne nous fait pas avancer, d'où il ne sort aucun projet sérieux.

Dans ce même bulletin, Pierre Moscovici nous parle du nouveau traité européen. Vous connaissez mon point de vue là dessus. Mais je veux aller ce soir plus loin. Le pur réalisme politique invite les députés socialistes à adopter ce texte. Je me demande au contraire s'il ne faudrait pas le rejeter, mettre en échec Sarkozy, ce pseudo-européen. Un traité, soit dit en passant, qui réintroduit les héritages religieux que la Constitution avait bannis! Et puis, songeons à tous ces pays, "amis de la Constitution", songeons à Prodi, Juncker qui dénoncent le mini traité. A tous ceux qui ont dit non à la Constitution, répondons leur par un non à ce traité rabougri!

Pour finir, j'en reviens au PS et à sa refondation. Nous, sociaux-démocrates, nous avons eu un tort, un grand tort: celui de tourner la page de la Constitution européenne, de réconcilier les "ouiistes" et les "nonistes". Il aurait au contraire fallu crever l'abcès. La clarification, c'est autour de l'Europe qu'elle se serait faite, au couteau, si j'ose dire. L'effacement du clivage, auquel Ségolène a beaucoup participé en faisant venir à ses côtés l'anti-européen Chevènement, a été une grave erreur. Maintenant que les échéances électorales sont passées, que l'intérêt supérieur du Parti n'est plus en cause, retournons le fer dans la plaie et croyez moi, la refondation se fera, et à grand pas, avec de très saines clarifications. Il faut "cliver", comme diraient les lambertistes, et d'abord sur l'Europe, à grands coups de serpe.

Bonne nuit.

Le vote dénaturé.

Pendant longtemps, le vote était un acte réservé aux élections, d'où sa sacralisation. Aujourd'hui, nous votons pour un oui, pour un non. Partout, à la télévision, dans les jeux, les magazines, les enquêtes, les sondages, on nous demande de choisir, d'élire, de sélectionner. Des cases à cocher, des options à entourer, des sms à envoyer, votez 1-2-3, pour ou contre. Bref, le vote s'est banalisé mais aussi édulcoré. Il a perdu en politique son sens traditionnel:

1- Le vote n'est plus exceptionnel c'est à dire solennel. Devenu fréquent, ordinaire, il a perdu de sa gravité.

2- Souvent associé aux jeux et au divertissement, il devient un geste ludique alors qu'il avait auparavant une dimension dramatique.

3- Ce vote contemporain n'est plus vraiment une adhésion mais plutôt une élimination. Le gagnant l'est par sélection, ce qui favorise la stratégie plutôt que le soutien motivé.

Banal, ludique, tactique, voilà les caractéristiques du vote dans l'esprit et la pratique de nos concitoyens. Conséquences: on peut être socialiste et voter Besancenot, soutenir Bayrou pour faire gagner Royal, voter Le Pen et désapprouver ses idées, etc. Le vote n'est plus déterminé par le devoir, l'idéologie ou l'intérêt. Il est essentiellement un exercice libre, un effet de la volonté, la preuve d'un choix que rien ne commande sinon lui-même. Dans une société où la liberté est la valeur principale, voter c'est montrer qu'on est libre.

D'où les surprises désormais fréquentes au soir de chaque scrutin. 2004: la France vote massivement à gauche. 2007: la France vote massivement à droite. 2005: la France dit non à l'Europe alors que les sondages montrent l'opinion favorable à l'Europe. Présidentielles mai 2007: participation record; législatives juin 2007: abstention importante.

Celui qui m'a amené à cette réflexion, c'est Philippe Val, dans son éditorial de Charlie-Hebdo du 13 juin:

"Les jeux télévisés et la pub ont changé la culture du choix. C'est un problème anthropologique qui passionnera sans doute les historiens de l'avenir. En démocratie, il est souhaitable que la vérité ait un statut supérieur à celui du mensonge, et que la raison démêle ce qui, dans les idées, relève de la pure séduction ou de la réelle efficience. La télé-crochet a encouragé une perception ludique de la politique. Même si on n'est pas d'accord, on vote pour celui qui brille le plus."

Et voilà le résultat d'une telle attitude:

"Au lieu de voter au nom d'une vision et d'un projet communs, on a voté pour ceux auxquels on voudrait ressembler. Les pauvres ont voté pour les riches (...) mais pourquoi? Pour en être. Comme les enfants qui devant leur télé veulent ressembler aux vedettes qu'ils admirent. Ils fantasment sur une sexualité, des vacances, des montres et des maisons identiques. Les élections législatives ont élu triomphalement les trois jours de Sarkozy dans le yacht de Bolloré."

Banal, ludique, tactique, le vote serait aussi mimétique.


Bonne soirée.

Le dernier rêve de VGE;

Giscard était ce matin au journal de France-Inter. Quel bonhomme! Il approche les 80 ans et a gardé toute sa combattivité politique. Ca fait rêver... et envie. La politique, chez Giscard, ce doit être un élixir de longue vie, peut-être un aphrodisiaque. Dans ma jeunesse politique, j'étais violemment anti-Giscard parce que pro-Mitterrand. Aujourd'hui, je suis un peu plus indulgent envers VGE, qui passe presque pour un libéral de progrès, comparé au conservateur Chirac (qu'a-t-il fait en 12 ans de présidence?) et au réactionnaire Sarkozy (ce n'est pas VGE qui attaquerait Mai 68!).

Le dernier rêve de Giscard avant le repos éternel, c'est l'Europe. Et je suis entièrement en phase avec ses propos de ce matin. Ce traité "modificatif" qu'on nous promet, c'est une misère, l'Europe riquiqui, la "petite" Europe. Giscard a raison de déplorer l'absence de "lyrisme". L'Europe devrait être la grande affaire politique du siècle, comme l'a été la République au XIXème siècle. Et ce qu'il y a de positif dans ce mini traité, on le doit aux travaux de la Constitution. Il y a donc, de l'un à l'autre, restriction et régression. Le peuple français ne sera pas consulté.

Enfin, il y a le scandale du drapeau, que le texte se refuse à reconnaitre alors qu'il flotte sur les bâtiments officiels de l'Union. Le drapeau de l'Europe est à terre, c'est le cas de le dire, et foulé par les "nonistes" de toute espèce. C'est aux européens de coeur et de raison de reprendre ce drapeau, de le brandir fiérement, d'inventer l'Europe, de lui donner un véritable corps politique. J'irai jusqu'à dire: créer une civilisation. Je parlais en début de matinée de Victor Hugo. Les Etats-Unis d'Europe, c'est lui qui a forgé l'expression.

Bon après-midi.

Un peu de littérature.

Bonjour à toutes et à tous.

Vous vous souvenez de mon séjour au Bois de Cize, sur la côte picarde, les dernières vacances scolaires, la redécouverte de la mer et une promenade sur les pas de Victor Hugo. D'où l'envie de lire "Les Travailleurs de la mer", que j'ai terminé hier soir. Je vous cite l'avant-propos:

"La religion, la société, la nature; telles sont les trois luttes de l'homme. Ces trois luttes sont en même temps ses trois besoins; il faut qu'il croie, de là le temple; il faut qu'il crée, de là la cité; il faut qu'il vive, de là la charrue et le navire. Mais ces trois solutions contiennent trois guerres. La mystérieuse difficulté de la vie sort de toutes les trois. L'homme a affaire à l'obstacle sous la forme superstition, sous la forme préjugé, et sous la forme élément. Une triple fatalité pèse sur nous, la fatalité des dogmes, la fatalité des lois, la fatalité des choses. Dans Notre-Dame de Paris, l'auteur a dénoncé la première; dans Les Misérables, il a signalé la seconde; dans ce livre, il indique la troisième.
A ces trois fatalités qui enveloppent l'homme se mêle la fatalité intérieure, la fatalité suprême, le coeur humain".

Vous le constatez, Hugo, ce n'est pas seulement de la littérature, c'est aussi de la philosophie et de la politique. Ces trois romans se ressemblent. Quasimodo, Valjean et Gilliatt sont des forces de la nature, des combattants et des fous d'amour. Tous les trois meurent à la fin de leur roman. Aimer et se battre en sachant que le mal existe et que la mort a le dernier mot, voilà la morale de Victor Hugo. Sa philosophie, c'est l'humanisme, sa politique, c'est la République.

Amis qui voulez refonder la gauche, lisez ou relisez Victor Hugo.

Bonne matinée.

26 juin 2007

Arrêt sur images.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je n'aime pas les pétitions. Leur procédé me paraît faussement démocratique. Je sais d'expérience qu'on peut faire signer n'importe quoi à n'importe qui. J'ai vu des pétitionnaires harceler leurs proies jusqu'à ce qu'elles cèdent leur signatures. Moi même j'ai signé parfois par sympathie pour la personne sans trop connaitre la cause. Une certaine extrême gauche croit détrôner l'élection par la pétition.

Non, très peu pour moins les pétitions, je me jure parfois de ne plus en signer, une fois pour toute. La seule pétition vraiment efficace, car combien de centaines de milliers de pétitions sont restées lettre morte, c'est celle qui rassemble des noms de personnalités, des signatures prestigieuses. Là oui, il y a un rôle et un sens.

Pourquoi je vous dis tout ça? Parce que j'ai signé aujourd'hui une pétition reçue sur ma messagerie électronique. Que voulez-vous, j'ai mes faiblesses et mes contradictions, mais je ne regrette pas du tout mon geste. De quoi s'agit-il? De protester contre la suppression de l'émission de Schneiderman sur la Cinq, Arrêt sur images. Cette émission, qui existe depuis déjà 12 ans, est unique en son genre. Elle décrypte la télévision, ses codes, son langage et ses impostures. Emission originale puisqu'elle critique (au bon sens du terme) la télévision ... à la télévision.

La télévision est devenue un monde à part entière qui influence le monde réel. Il faut absolument le soumettre à une critique serrée. Qui ne voit son influence néfaste notamment en matière politique? Attention, il ne s'agit pas de rejeter bêtement la télévision mais d'en marquer précisément les limites. C'est ce que faisaient Schneidermann et son équipe, c'est ce qu'ils doivent pouvoir continuer à faire.

Bonne nuit.

Désir d'Europe.

Bonjour à toutes et à tous.

A l'image de bien des socialistes, je suis embarrassé par le nouveau traité européen. Il a pour lui le mérite d'exister, il relance la construction européenne qui était bloquée après le rejet de la Constitution, il était indispensable de trouver une solution. Mais une fois que cela a été dit, c'est la déception. Ce traité est minimaliste, purement fonctionnel, dicté par la nécessité. Rien de fondamentalement nouveau, rien d'ambitieux. Si je me laissais aller, et peut-être le faut-il, je rejetterais ce traité, je le condamnerais. Pourquoi ne pas aller jusque là? Parce que la politique doit être réaliste et raisonnable. Je ne vais pas refuser un petit mieux au nom d'un grand bien.

Qu'est-ce qui disparait dans le nouveau traité? La fameuse troisième partie qui avait focalisé en 2005 toutes les obsessions. Mais c'est une pure hypocrisie, les traités antérieurs demeurent (alors que la Constitution les remplaçait par la partie III). Disparaissent aussi les symboles de l'Europe, ce qui est tout de même incroyable: en quoi le drapeau ou l'hymne européens peuvent-ils gêner, sauf quand on est anti-européen? Mais qu'on le dise ouvertement et que là aussi on cesse l'hypocrisie. Car quand on veut décapiter un projet, on attaque ses symboles. La Charte des Droits Fondamentaux, à laquelle tenait tout homme de gauche, n'est pas reprise dans sa totalité, ce qui est une nouvelle régression par rapport à la Constitution.

Le plus drôle (c'est à dire le plus triste), c'est que la "concurrence libre et non faussée", qui avait tant fait parler d'elle, est effacée. Grâce, sans doute, à un antilibéral très hostile à la Constitution? Non, grâce à notre Nicolas national, en lequel les antilibéraux et autres "nonistes" ont trouvé un efficace porte parole!

Après ce qui disparait et qui justifierait qu'on s'oppose à ce traité, ce qui reste et qui justifie qu'on le soutienne malgré tout: la présidence portée à deux ans et demi, l'extension de la majorité qualifiée à de nombreux domaines, le droit de pétition d'un million de citoyens. A quoi il faut ajouter, et s'en réjouir, un protocole sur les services publics.

Voilà donc où a conduit le rejet de la Constitution européenne en 2005: un mini traité, un petit réglement intérieur. Sarkozy est content, à sa place je ne serai pas fier. C'est la France qui a enterré la Constitution européenne alors que de nombreux pays y croyaient et continuent d'y croire. Je ne désespére pas que notre pays retrouve un jour le souffle, l'ardeur, la volonté qui l'ont animé lorsqu'il était un grand pays européen, lorsque son désir d'avenir était un désir d'Europe.

Bonne matinée.

25 juin 2007

89-71-36-68-81.

Bonsoir à toutes et à tous.

Non, je n'ai pas mis en titre de ce billet mon numéro personnel de téléphone, ni la combinaison du loto ou du tiercé, ni je ne sais quelle suite ésotérique de chiffres à la façon de la série télévisée Lost. J'ai simplement voulu égrener le chapelet de l'homme de gauche et ses dates primordiales, ses rendez-vous historiques. Car voyez-vous, en cette période de refondation du socialisme, il est important de se remémorer nos fondations, sinon nous allons bâtir sur du vide ou du sable. L'avenir prolonge le passé. Passons en revue ces événements:

- 1789: la grande Révolution, le commencement de tout, liberté, égalité, fraternité, on n'a rien inventé de plus beau, on y revient sans cesse. Et pourtant, cette révolution est parfaitement bourgeoise, le peuple n'intervient qu'en toile de fond, par exemple le 14 juillet. Mais la bourgeoisie peut être progressiste, quand elle le veut et quand ses intérêts y poussent. 1789, c'est aussi la grandeur et la terreur, spirale de laquelle la gauche aura toujours du mal à se dégager.

- 1871: la Commune de Paris, la révolution injustement oubliée, et pourtant le pouvoir au petit peuple, l'embryon d'un Etat ouvrier selon Marx. Je crois que la Commune aura été l'unique tentative au monde d'une société communiste. Après, 1917, Mao, Castro, Tito, Pol pot et les autres ne sont que des usurpateurs de l'idée prolétarienne.

- 1936: la belle époque du socialisme, la social-démocratie à la française, même si elle ne se reconnait pas comme telle. On arrive au pouvoir par les élections et pas la révolution, on négocie avec les patrons et on engrange des acquis sans rompre avec le marché. C'est ce qu'on appelle ailleurs, un peu plus au nord, la social-démocratie. Les communistes soutiennent mais ne participent pas. C'est la différence entre les révolutionnaires, qui tiennent à conserver leur pureté idéologique, et les réformistes, qui assument les contraintes du pouvoir et la nécessité du compromis.

- 1968: la dernière révolution, celle que Sarkozy et la droite d'aujourd'hui détestent tant. Le mouvement de Mai renoue avec l'aspiration originaire, libertaire. Droits des femmes, des homos, des taulards, des prolos, des immigrés, de tout ce qui est minoritaire et opprimé, droit tout simplement à la liberté. Etre de gauche, c'est ne pas lâcher cela. Sinon on est de droite.

- 1981: je l'ai mis mais je n'aurais pas dû. C'est perso: 1981, j'ai 21 ans et je suis tout content, la gauche a gagné. Mais la victoire de Mitterrand entrera-t-elle dans l'histoire de la gauche, à la façon de Blum en 1936? J'en doute beaucoup. En 1981, les socialistes prônent la "rupture" mais il n'y a pas rupture. Néanmoins, ce qui est historique dans ces années-là, c'est que l'alternance est banalisée, c'est que la gauche devient crédible en matière d'économie. Désormais, une victoire de la gauche n'est plus nécessairement un événement historique, ça devient un changement normal.

Ce soir, avant de vous endormir, hommes et femmes de gauche, priez. Songez à 1789, 1871, 1936, 1968, 1981. Vous verrez, la refondation du socialisme n'en sera que plus féconde et plus belle.

Bonne soirée.

Le goût de la liberté.

Les français sont-ils majoritairement de droite? A la lecture des résultats électoraux, oui. A la lecture des sondages, oui aussi: la suppression des droits de succession est la mesure gouvernementale la plus populaire et la plus... droitière. Mais souvenez-vous des régionales et cantonales de 2004, la vague rose. C'était il y a trois ans seulement. Alors?

Et puis, je n'aime pas cette paresse de l'esprit qui consiste à dire: nous avons perdu parce que la France est à droite, ce qui sous-entend que la gauche ne pouvait pas gagner, ce qui a pour effet d'attendre passivement que le balancier électoral revienne de notre côté. Et puis, une France de droite se serait-elle soulevée contre le CPE l'an dernier?

Je ne crois pas que les français soient devenus de fervents adeptes du libéralisme économique à la mode américaine. Mais pourquoi ont-ils voté massivement pour son représentant Sarkozy? Parce qu'il a su mettre en avant des thèmes qui répondent aux aspirations contemporaines. Celles-ci se résument en un mot: liberté. Les français refusent qu'on taxe l'héritage non par amour des riches, dont ils se moquent, mais parce qu'ils estiment qu'une vie de travail doit être librement léguée à qui l'on souhaite.

Ce goût pour la liberté se retrouve dans le choix des heures supplémentaires pour améliorer le pouvoir d'achat, à la différence des 35h, vécues comme une obligation pour tous. Ce qui va dans le sens d'un renforcement de la liberté individuelle est approuvé, car notre société, depuis quelques décennies, a pris goût à la liberté. La réduction du temps de travail était perçue comme un gain de liberté il y a 60 ans et plus, lorsque le travail était exténuant, lorsqu'il laissait penser à une exploitation. Ce n'est plus vraiment le cas.

Prenez maintenant les mesures gouvernementales qui sont beaucoup moins populaires. En tête viennent les franchises médicales, remède purement libéral au déficit de la Sécurité sociale, rejeté par les français. Lorsque le libéralisme n'accroit pas, d'une façon ou d'une autre, la liberté, il est rejeté. Les franchises médicales enlèvent de l'argent à chaque patient, elles n'augmentent pas sa liberté. Il en va de même avec le "bouclier fiscal" ou le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux.

En vérité, il n'y a pas plus aujourd'hui d'opinion libérale que d'opinion socialiste, de peuple de droite que de peuple de gauche. Les choix des citoyens sont extrêmement fragmentés, sans aucune cohérence globale qui ressemblerait à une forme d'idéologie. Il y a des décisions à la carte. La différence de vote entre les présidentielles et les législatives l'a encore montré. Et c'est encore un effet de cette profonde liberté qui désormais guide les choix et détermine les mouvements de notre société.

Bonne fin d'après-midi.

Bilan du week-end.

Bonjour à toutes et à tous.

Y voit-on un peu plus clair au PS depuis ce week-end? Oui et non. Oui parce qu'un calendrier a été adopté par notre instance politique, le Conseil national, et qu'un débat sera lancé dès l'Université de La Rochelle sur notre indispensable refondation. Non parce que les dissensions sont toujours là, bien réelles, qu'elles sont clairement apparues entre Ségolène Royal et François Hollande lors de plusieurs interventions télévisées ou radiophoniques: d'un côté François, l'appareil et les courants qui veulent temporiser et remettre à plus tard la question du leadership, de l'autre Ségolène qui joue la base et les adhérents pour s'imposer dès maintenant, rapidement.

Qui a tort, qui a raison? Les deux! Hollande a raison de privilégier le débat sur le projet et de renvoyer le choix des personnes et de la ligne politique définitive au prochain Congrès, dans un an. Le risque, c'est l'immobilisme. Des conventions thématiques, des assises de la gauche, c'est bien à condition que tout le monde se sente concerné et participe. Sinon, nous entendrons les mêmes discours, les mêmes analyses et rien ne changera. C'est pourquoi Royal a raison de vouloir impliquer les adhérents et les sympathisants. Il faudrait reprendre la méthode participative, puisqu'elle a fonctionné. Je crois que les deux perspectives peuvent parfaitement se conjuguer. Je le souhaite en tout cas.

Faudrait-il aller jusqu'à un vote des adhérents après chaque convention, pour que celles-ci ne soient pas réservées aux militants chevronnés mais vraiment ouvertes à tous? C'est ce qu'a proposé ce matin Manuel Valls sur France 2. Je n'en sais rien, pourquoi pas. Ce que je sais, c'est qu'il faut nous unir, réfléchir, changer et aborder seulement plus tard, mais pas trop tard, la question du leadership.

Je lis dans la Lettre de PRS (Pour la République Sociale, les amis de Jean-Luc Mélenchon) que celle-ci va diffuser dans les prochaines heures le "projet secret" de nouveau traité européen. Voilà que notre aile gauche tente de réactiver l'hystérie anti-européenne, qu'elle substitue à l'anticapitalisme devenu peu convaincant. Le traité n'a bien sûr rien de secret, mais le laisser supposer, c'est l'entourer d'un halo d'inquiétant mystère, très utile pour propager l'hystérie. On essaie de nous refaire le coup de la directive Bolkeinsten et de la Constitution européenne. Heureusement que ça ne marche pas à tous les coups!

Bonne matinée.

24 juin 2007

Tout est politique.

Bonsoir à toutes et à tous.

J'ai passé ce dimanche à corriger des copies du bac. Et il me vient à l'idée que tous les sujets proposés pouvaient recevoir une réponse politique. En série économique et sociale:

- Que gagnons-nous à travailler? Voilà un sujet qui a été au coeur de la campagne électorale avec la mise en avant de la "valeur travail". La droite répond par les heures supplémentaires, la gauche par l'augmentation des bas salaires.

- Peut-on en finir avec les préjugés? Les plus tenaces et les plus périlleux sont ceux que véhicule l'extrême droite. Par sa marginalisation, il semble que nous en ayons terminé avec ses préjugés, du moins provisoirement.

En série scientifique:

- Le désir peut-il se satisfaire de la réalité? C'est tout le problème de la gauche, désirer changer la réalité mais en même temps faire avec (par exemple le marché), sinon nous sommes dans l'illusion et le fantasme.

- Que vaut l'opposition du travail manuel et du travail intellectuel? Dans la société française, cette opposition ne vaut rien, elle a dévalorisé le travail manuel et enfermé le travail intellectuel dans des abstractions.

En série littéraire:

- Toute prise de conscience est-elle libératrice? Oui pour le PS, qui doit prendre conscience de sa grave défaite et de l'inadéquation de son projet avec le monde moderne, afin de se libérer de ses préjugés.

- Les oeuvres d'art sont-elles des réalités comme les autres? La politique relève plus de l'art que de la science, un parcours politique est une sorte d'oeuvre d'art vraiment pas comme les autres. Je me souviens du titre de Libération le lendemain du second tour de la présidentielle de 1988, qui avait vu la très large victoire de Mitterrand: "salut l'artiste!"

Bonne nuit philosophico-politique.

Mort d'une rumeur.

Nous le savons maintenant, c'est certain: Nicolas Sarkozy n'était pas ivre au sommet du G8, contrairement à ce que prétendait une vidéo largement diffusée sur le net. Pourquoi revenir là-dessus? Parce que c'est dimanche et que nous avons droit à un peu de distraction. Mais aussi parce que je pense que l'action politique doit se débarrasser de toutes les rumeurs qui l'empoisonne en croyant la servir. La preuve de ma certitude est dans Le Monde du 13 juin dernier, qui a fait ce que j'avais suggéré de faire pour vérifier l'information, interroger l'un des nombreux journalistes présents.

Richard Werly, journaliste suisse, était au troisième rang, juste devant Sarkozy. Il a tout vu et raconte, de façon précise, détaillée et complète, qui écarte désormais tout soupçon et rétablit la vérité. Je vous donne des extraits significatifs:

"Eméché? Cela ne m'est pas venu à l'esprit. Il ne titubait pas. Il semblait plutôt étonné d'être propulsé là (...) Je l'ai senti plutôt angoissé par un grand vide. Pris de vertige (...) Il n'était pas serein (...) pas non plus très bien préparé (...) L'hôte de l'Elysée était euphorique. Il planait (...) éberlué, bluffé, étonné lui-même d'être enfin là (...), à côté de la plaque. Pas alcoolisé. Plutôt survitaminé. Comme dopé (...) Il n'était pas ce soir-là le chef de l'Etat français. Il était "Sarko": cet énergique politicien qui nous veut du bien, vous sourit mécaniquement, est bourré de tics et ramène tout à lui (...) D'abord ivre d'être là. Saoulé par ses propres paroles."

Mes réflexions:

1- La politique doit être intime avec la vérité, y compris dans les anecdotes comme celle dont je vous parle. Je vois trop, dans l'Aisne, de soi-disant responsables politiques qui vivent de la rumeur, s'y soumettent et manipulent ainsi involontairement ou pas les autres.

2- La vérité se prouve, et cette preuve ne doit pas se contenter d'une image. Un homme ivre se repère à deux signes: le discours incohérent et la démarche hésitante. Ni l'un ni l'autre n'étaient flagrants chez Sarkozy.

3- Le portrait psychologique que fait Richard Werly du président français est beaucoup plus cruel que la rumeur plutôt rigolote d'un Sarkozy un peu pompette.

4- Depuis plusieurs années, je m'intéresse au phénomène de la rumeur, de son décryptage et de son sens. Ici, la volonté est de faire de Sarkozy un être comme les autres, abusant des bonnes choses (en l'occurrence l'alcool), de le rabaisser à un individu faible (il ne "tient" pas l'alcool), enfin de le mettre en contradiction avec lui-même (il prétend ne pas y toucher et cède quand même).

Il est dimanche, ne buvez pas trop pendant les repas, surtout si vous avez de la route ou une conférence.

Bon après-midi.

Où est le progrès?

La refondation du socialisme amènera inévitablement à réinterroger la notion de "progrès". Longtemps, un homme de gauche était qualifié d'homme de progrès ou progressiste. Le progrès pose aujourd'hui problème, plus précisément la perception du progrès. Dans mon billet de début de matinée, je disais qu'une hausse de 0,25% du SMIC n'était pas vraiment considérée comme un réel progrès, dans une société où l'argent part très vite dans la consommation, où la télévision nous montre des exemples de fortune à côté desquels les 0,25 du SMIC font plus pitié qu'envie. Je pourrais multiplier les exemples.

Prenez les 35h. C'est incontestablement un progrès social, mais qui n'a pas été perçu comme tel par beaucoup, y compris chez ceux qui apprécient leurs journées de RTT et ne voudraient pour rien au monde s'en séparer. N'allons nous par vers une société de l'insatisfaction permanente, du désir insatiable, dans laquelle aucun progrès n'est plus possible car aucun ne convient et ne comble vraiment? Je me demande si la conscience du progrès n'est pas réservée aux sociétés malheureuses, qui apprécient alors tout bienfait qui améliore rien qu'un peu leur condition. Ce constat, s'il est vrai, est désespérant pour qui fait de la politique puisque le progrès aurait perdu tout son sens. C'est à réfléchir.

Je prends un autre exemple. J'ai entendu à la radio, il y a quelques jours, des voyageurs protester contre le TGV-Est, accusé de ... ralentir les trajets entre Paris, Reims et Strasbourg. La grande vitesse qui produit de la lenteur, voilà un paradoxe qui m'intéresse et un problème technique qui mérite explication:

1- Depuis la mise en route des TGV vers l'Est, les trains ordinaires ont été réduits. Normal, puisque ce sont les TGV qui les remplacent.
2- Ces TGV sont tellement rapides, pratiques et confortables qu'ils remportent un vif succès. Les réservations sont généralement complètes.
3- Conséquence: à défaut de places, les voyageurs se retournent vers les trains ordinaires, qui sont moins nombreux. Donc, ces voyageurs rentrent beaucoup plus tard chez eux.
4- Parmi les voyageurs qui fréquentent cette ligne, beaucoup travaillent à Paris et rentrent le soir. Mais dans la capitale, avec les incertitudes du métro ou du travail qui se prolonge, les retards à la Gare de l'Est sont fréquents. Avec les trains ordinaires, ça ne posait pas trop de problème, il suffisait de prendre le suivant. Avec les TGV, les délais entre deux trains sont plus longs et le retour à la maison aussi.

Moralité: à bas le TGV, faux progrès, vive le train ordinaire! Bien sûr, on me dira qu'il faut un temps d'adaptation, que la SNCF va peut-être rajouter des trains ordinaires (un comble!) ou des TGV, que les voyageurs vont s'adapter aux nouveaux horaires. C'est possible et je ne doute pas qu'une solution sera trouvée. Il n'empêche que la première réaction est là et qu'elle demeurera, comme toute première réaction: à bas le progrès!

Notre société est trop tournée vers l'avenir pour comprendre et apprécier les progrès. Car un progrès n'existe que par rapport à un passé qu'on a surmonté. A ne penser qu'au futur, intention louable par ailleurs, on se met en incapacité de juger les progrès, tout devient insatisfaisant puisque tout pourra être mieux demain.

Autre remarque: je me demande si les problèmes modernes et donc aussi leurs solutions ne sont pas techniques au lieu d'être politiques. Je reviens aux 35h. Politiquement, tout le monde trouve très bien les 35h, même Chirac. Mais techniquement, ponctuellement, individuellement, "concrètement" comme on dit aujourd'hui, elles ont été très critiquées. Je repense à Marx et à Lénine: pour eux, la société sans classes n'est pas une société sans problèmes ni conflits, mais c'est une société où les problèmes, les conflits et leurs réponses ne sont plus de nature politique mais technique ou administrative.

Le marxisme authentique n'est pas hostile à l'entreprise. Au contraire, il veut étendre son mode d'organisation à l'ensemble du pays, transformer les gouvernements en purs et simples conseils d'administration, remplacer la politique par la gestion. Pour Marx, le management capitaliste est trop politique, trop déterminé par des enjeux de pouvoir (car la politique, en dernier ressort, c'est la lutte pour la conquête ou la conservation du pouvoir). Bref, je me demande si nous ne sommes pas entrés partiellement dans une société qui réclame non plus des réponses politiques mais des solutions techniques.

Bonne fin de matinée.

Autour du SMIC.

Bonjour à toutes et à tous.

En l'espace de quelques jours, Nicolas Sarkozy a refusé d'augmenter le SMIC et Ségolène Royal a regretté sa revendication d'un SMIC à 1500 euros. Permettez que je rappelle quelques chiffres: le SMIC, c'est 2,5 millions de salariés, 17% du privé, 982 euros mensuels nets. Chaque année, il y a revalorisation automatique du SMIC, en fonction de l'inflation, et un petit quelque chose en plus, le traditionnel "coup de pouce", 0,25% en 2006, et... rien en 2007. Qu'en penser?

1- La défense des smicards, position traditionnelle de la gauche, n'est plus ce qu'elle était avec la persistance du chômage et la menace des délocalisations. Ce que veut le smicard, c'est d'abord la protection de son emploi.

2- Dans notre société d'hyper-consommation, le "coup de pouce" est une mesure dérisoire, un petit plus qui ne représente pas grand chose lorsqu'on le compare aux besoins et aux dépenses.

3- Dans notre société individualiste, chacun pense avant tout à lui. Le smicard pense au SMIC mais l'ouvrier pense à son salaire et pas au SMIC. La conscience de classe s'est atténuée. A la limite, l'ouvrier veut faire oublier qu'il a été smicard. 13 millions d'ouvriers environ gagnent plus que le SMIC. Sa revalorisation ne les intéresse pas, normal. Sarkozy a beau jeu de dire qu'il n'augmente pas le SMIC parce qu'il veut augmenter tous les salaires!

4- Le problème de fond d'un smicard, ce n'est pas le niveau de sa rémunération, c'est le temps passé à ce niveau de rémunération. Ce qu'un salarié ne veut pas, ce qu'il craint, c'est de rester smicard longtemps ou même toute sa vie, et que ses enfants subissent un sort identique.

La refondation du socialisme devra donc intégrer ces deux données:
- L'individualisme exige que chacun puisse se reconnaitre dans les mesures proposées. Le SMIC à 1500 euros ne peut intéresser que les smicards, la revalorisation des heures supplémentaires concerne tout le monde (que cette mesure soit par ailleurs illusoire est une autre question).
- Le souci de l'avenir, du sort des générations futures, de nos enfants et petits enfants doit être inclus dans chaque proposition. Qu'on soit au SMIC est admissible, qu'on y reste sans espoir de progrès pour soi, les siens et ses descendants, c'est insupportable. Dans un autre registre, Sarkozy a compris que la suppression des droits de succession pouvait être, paradoxalement pour une mesure qui ne profite qu'aux riches, quelque chose de populaire.

Bonne matinée.

23 juin 2007

Vervins et après.

Bonsoir à toutes et à tous.

J'ai passé l'après-midi à Vervins, où j'ai animé une réunion publique du Grand Orient de France sur les discriminations, avec en introduction le film de Yamina Benguigui Le plafond de verre. C'est un documentaire original puisqu'il nous parle d'une intégration méconnue et pourtant la plus difficile, celle des immigrés qui ne sont pas pauvres, qui ont des diplômes, qui sont insérés socialement et culturellement mais qui ne trouvent pas d'emplois à la hauteur de leur formation. Benguigui défend ouvertement le concept de discrimination positive, que le responsable national du Grand Orient a condamné, au nom de l'égalité républicaine. Voilà tout le débat.

Le film se réfère ouvertement, d'emblée, à l'exemple américain des années 60, où les noirs ont réussi à faire reconnaitre leurs droits. Par analogie, ce qui manque à la France d'aujourd'hui, c'est l'émergence d'une bourgeoisie noire et maghrébine. Et si les entreprises hésitent à confier des postes de direction à des immigrés, c'est parce que la classe ouvrière ou la clientèle sont racistes! Le communautarisme est également présenté comme un moyen efficace d'intégration, plus en tout cas que le "système méritocratique français", remis en question. D'ailleurs, la dernière image du film est une cour d'école...

Je vous laisse réfléchir à tout ça. Pour ma part, je suis plutôt favorable à la discrimination positive (même si je n'aime pas l'expression traduite de l'américain, une discrimination étant par définition négative). A la guerre comme à la guerre: pour lutter contre les discriminations, pourquoi pas, même si l'idéal d'une stricte égalité républicaine serait préférable (mais justement, ce n'est qu'un idéal).

Au retour, je suis allé aux nouvelles en ce qui concerne le Conseil national du PS. Deux enseignements:

1- Ségolène était absente (en politique comme dans la vie, les absents ont toujours tort...) et ses partisans se sont retrouvés, comme prévu, très minoritaires. Leurs idées ne sont donc pas passées (c'est la dure loi de la politique).

2- François Hollande a fait approuver massivement son calendrier. Le congrès aura lieu normalement, après les municipales. En attendant, les socialistes seront invités à débattre, dans des conventions thématiques et des assises de la gauche.

Il ressort de cette réunion un sentiment d'immobilisme: la direction ne change pas, ne tranche pas et laisse s'exprimer les adhérents. Mais comment faire autrement? Désigner maintenant le candidat à la prochaine présidentielle, ce serait bien sûr prématuré. Un congrès anticipé? Ce serait raviver les ambitions, les enjeux de pouvoir. Prenons le parti de la patience et le temps de la réflexion, mais faisons le vraiment et débouchons sur un nouveau projet. Ensuite, nous désignerons les hommes et les femmes qui le représenteront, puis celle ou celui qui le portera en 2012.

Bonne soirée.

22 juin 2007

Physique politique n°2.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je parlais cet après-midi de physique politique, rapprochant la politique des lois de la nature telle que la science physique les décrit, je ne croyais pas si bien dire. En effet, j'apprends qu'il y a sept candidats socialistes pour la présidence du groupe parlementaire et trois candidats pour la présidence de la commission des finances, que la droite concède à l'opposition. Le PS est entré dans un processus d'atomisation accélérée.

Car la physique n'explique pas seulement les lois d'agrégation mais aussi celles de désagrégation, qui en politique sont inverses des premières, selon le principe suivant: si la force du pouvoir est un facteur d'unité, la faiblesse du pouvoir est un facteur de division. Qui dirige encore à ce jour le PS? Officiellement François Hollande, mais c'est un sursis avéré. Ségolène Royal dispose d'un poids moral incontestable qui la fait recevoir par le président de la République il y a quelques heures, mais elle a bien peu de partisans au sommet de l'appareil. Alors qui a le pouvoir?

Ma vision de la politique peut vous paraitre trop déterministe et ainsi pessimiste. Je ne pense pas. La physique est aussi une matière merveilleuse et pleine d'étonnements. Je prends l'exemple tout de même stupéfiant de René Dosière, dont je vous ai déjà parlé. Ce camarade est député depuis de longues années, bien implanté, parlementaire qui s'est fait connaitre par ses travaux et un récent ouvrage. Rien à redire, le député parfait, vice-président de l'Assemblée nationale. On en rêverait! Une règle non écrite, une réaction de bon sens veulent que les députés socialistes sortants sont quasi automatiquement réinvestis. C'est une formalité, sauf faute grave de l'élu. Là, c'est tout le contraire, le député est digne d'éloge.

Résultat: il se fait battre d'une voix lors de la désignation interne. Pourquoi? Mystère. Mais il y a toujours une explication. Si on applique ma théorie de physique politique, un pouvoir vient toujours en contrarier et contrecarrer un autre. Dans le cas de figure de la 1er circonscription de l'Aisne, Dosière est strauss-kahnien, la fédération socialiste et le Conseil général sont NPS, tout comme l'adversaire interne de René, Fawas, au demeurant un type très sympathique. Vous m'avez compris: un pouvoir veut certainement en supplanter un autre, plus faible. Car qu'est-ce que pèse un député face à un Conseil général, ses financements et son administration? Bien peu de choses.

Attendez, l'histoire n'est pas terminée. On pourrait penser que le député va s'incliner, qu'une voix est une voix, que la règle est la règle, que de toute façon on ne s'oppose pas à un Conseil général. Erreur: René tient bon, il présente malgré tout sa candidature et se fait exclure automatiquement du PS. Je m'inquiéte, je me dis que tout est perdu pour lui et une fois de plus j'ai tort. Je ne raisonne pas assez en terme de physique politique. Dosière a du pouvoir, incontestablement. Va-t-il, doit-il renoncer à ce pouvoir? Ce serait contre-nature. Quand on dispose d'un pouvoir, on le garde, on le défend, surtout lorsque des camarades veulent vous le subtiliser.

Bref, Dosière maintient sa candidature. Il est bien seul, exclu, dissident et normalement battu par le candidat officiel qui dispose de puissants soutiens. Croyez-vous qu'il arriva? Dosière bat non seulement Fawas Karimet au premier tour mais il est réélu et se paie le luxe de faire le meilleur score d'un élu de gauche dans l'Aisne! Moralité: la physique politique est pleine de surprises, d'imprévus, de retournements. C'est une physique non déterministe, aléatoire, pour le plus grand plaisir de la démocratie.

Bonne nuit.

Physique politique élémentaire.

Dans les prochaines semaines, il va falloir sérieusement réfléchir à la refondation de notre Parti et, voyez-vous, je crois que ce sera plus difficile que de refonder notre projet. Car celui-ci ne touche qu'aux idées, avec lesquelles on peut toujours s'accomoder, alors que celui-là touche aux pouvoirs et aux hommes.

La politique, comme la science, a sa physique et ses lois. Une "section", c'est à dire un groupe de base, est un monde à part entière dont les règles sont universelles. Vous connaissez le théorème d'Archimède: tout corps plongé dans un liquide etc. La politique a aussi son théorème: tout adhérent plongé dans l'univers d'une section est irrésistiblement attiré par la force centripète du pouvoir. Je le répète: cette loi est nécessaire et universelle. Une section est travaillée par de puissants courants telluriques, une gravitation qui répond à un phénomène structurant cet univers, le pouvoir.

Expérimentation: dans ma section, j'ai fait entrer quelques personnes notoirement acquises à DSK. Sauf que DSK, représenté par quelques militants, n'est soutenu par aucun élu, ni député, ni élus locaux. Résultat: mes amis ont subitement cessé d'être strauss-kahniens, pour rejoindre parfois le courant le moins acquis à la social-démocratie. Pourquoi? Parce que l'attrait du pouvoir a été le plus fort. Dans une section, l'égalité entre socialistes est une illusion. Il y a les maîtres du jeu, ce sont les élus.
Italique
Du coup, l'état réel des opinions des uns et des autres est totalement faussé. On ne vote pas, on ne pense pas par soi même mais par rapport à l'élu qui donne les consignes et dit ce qu'il faut penser. Un simple adhérent a dans cette affaire une influence quasi nulle. Bien sûr, chacun est libre de dire ce qu'il veut et le PS est le plus démocratique de tous les partis. Mais la loi du pouvoir est prédominante. C'est le règne des rapports de force.

Parfois, quelqu'un se détache, conteste le pouvoir central, le noyau nucléaire de la section. C'est rare mais ça existe et on le remarque. Toute loi physique a ses exceptions qui confirment la règle. Il en va ainsi en politique. Le dissident, on le qualifie d'électron libre, expression qui confirme parfaitement mon analogie entre la politique et la physique.

Attention, cette agrégation de particules élémentaires du pouvoir peut être fort complexe, fort subtile. Dans ma section, par exemple, il y a deux centres de pouvoir, une députée européenne en fonction et une ancienne députée nationale dont la capacité d'attraction reste forte, un peu comme ces étoiles mortes dont on reçoit encore la lumière. Ces deux forces s'équilibrent à peu près, les adhérents se fixant sur l'une ou l'autre. Ce qui est politiquement désastreux puisque cet équilibre est facteur d'instabilité, aucune des deux n'exerçant pleinement le leadership.

Que faudrait-il faire pour remédier à cela? Très difficile. Dans l'idéal, il faudrait casser le ou les noyaux atomiques du pouvoir, créer une déflagration nucléaire qui détruirait les appareils nationaux et fédéraux et les mini appareils que sont les sections. Ségolène Royal s'y est employé. Ainsi, les énergies internes, cessant d'être soumises, seraient libérées et donneraient le meilleur d'elles-mêmes au lieu du pire comme aujourd'hui. Ainsi les énergies externes, très nombreuses, se reconnaitraient mieux dans le Parti qui pourraient plus aisément les satelliser et pourquoi pas les absorber, comme un "trou noir" entraine la matière environnante.

J'en ai fini avec ce petit cours de physique politique élémentaire qui vous aidera à réfléchir à notre refondation.

Bonne fin d'après-midi.

Les grandes manoeuvres.

Bonjour à toutes et à tous.

J'aimerais vous donner de bonnes nouvelles du PS. Hélas il n'y en a pas. Je dirais même que la situation se dégrade. Ségolène Royal avoue avoir défendu pendant la campagne un programme qui n'était pas le sien et en lequel elle ne croyait guère, du moins pour deux dispositions qui ne sont pas secondaires, la hausse du SMIC et la généralisation des 35h. C'est inquiétant: comment a-t-elle pu se battre pour des propositions qu'elle désapprouvait? Je sais bien que la discipline a un sens, mais une élection présidentielle, épreuve extrêmement difficile, exige d'adhérer de toutes ses fibres au message que l'on porte.

De ce fait, Jean-Luc Mélenchon, et ce matin Pierre Moscovici sur RTL ont raison de s'interroger sur ce qu'aurait été une victoire et ses suites. Jean-Luc, comme toujours, y va un peu fort en parlant de "duplicité". Ségolène n'arrange pas son cas lorsqu'elle annonce sa "probable" candidature à la prochaine présidentielle. Une vient de s'achever, ne commençons pas maintenant à parler de l'autre. En le faisant, le PS réactive la course entre présidentiables.

De plus, Ségolène souhaite que les problèmes de leadership soient réglés avant les élections municipales alors que François Hollande tient à ce que le calendrier fixé soit respecté, soit le congrès à l'automne 2008. Ajoutez à cela le départ de Gaëtan Gorce du secrétariat national (qui me fait penser au départ de DSK du bureau national) et la candidature d'Arnaud Montebourg à la présidence du groupe parlementaire contre Jean-Marc Ayrault et et le tableau est complet.

J'oubliais: Ségolène n'a pas envie de briguer le poste de premier secrétaire, pour "ne pas être candidate à tout". Peut-être aussi pour laisser ce poste crucial à un allié actuel ou potentiel, Peillon, Montebourg, Valls, Hamon (les "jeunes" ont la cote en ce moment), afin de constituer une majorité au prochain congrès. Mais Hollande et quelques autres pensent qu'il serait sage que le prochain secrétaire soit aussi le prochain candidat. On a du mal à s'y retrouver!

La difficile passe que traverse le PS est renforcée par une incongruïté. Normalement, après l'échec subi par Ségolène Royal, celle-ci devrait être disqualifiée pour la prochaine présidentielle (je ne porte pas de jugement de valeur sur notre candidate, je souligne simplement une conséquence logique d'une défaite, quel que soit le perdant). Or Ségolène a conservé presque intacte sa popularité auprès des socialistes, qui ne lui en veulent absolument pas d'avoir perdu. A se demander si les 17 millions de vote Royal ne les conduisent pas à interpréter cette défaite comme une sorte de victoire!

Dans le même temps, lorsqu'on interroge l'ensemble des français, c'est DSK qui est perçu comme le meilleur futur représentant de la gauche. Ce décalage est lourd de conséquences, on l'a vu à la présidentielle: d'un côté des sympathisants socialistes enthousiastes et fervents à l'égard de Ségolène, de l'autre des français beaucoup plus sceptiques. Le problème, c'est que ce ne sont pas les sympathisants qui décident de la victoire, c'est l'ensemble des français.

Il y aura demain, à Paris, la réunion du Conseil national du PS. Nous y verrons alors un peu plus clair. J'aurais peut-être de bonnes nouvelles à vous annoncer. Il ne faut jamais désespérer de la politique. Quoi qu'il en soit, les strauss-kahniens seraient bien avisés de ne pas entrer dans ces grandes manoeuvres et de travailler à la réflexion sur ce que doit être le socialisme dans une France qui a majoritairement voté à droite. C'est le seul combat qui vaille à l'heure actuelle.

Bonne journée.

21 juin 2007

Les élections selon Todd.

Bonsoir à toutes et à tous.

Emmanuel Todd est un penseur original et radical, historien et démographe aux thèses souvent dérangeantes et provocatrices. Maios il est toujours bon que la pensée se laisse provoquer, même si je ne suis pas toujours d'accord avec Todd. Il était sur France-Inter il y a deux jours, au journal du matin, ce qui est plutôt rare pour un intellectuel. Je relève au passage quatre de ses idées:

1- Il n'y avait pour la première fois que des candidats de droite à la présidentielle, parmi les plus importants: Le Pen pour l'extrême droite, Sarkozy pour la droite classique, Bayrou pour le centre droit et Royal pour l'aile droite de la social-démocratie.

2- Cette droitisation du scrutin a été doublée d'un anéantissement des familles politiques traditionnelles, d'un "vide idéologique" lui aussi inédit, même s'il a commencé son travail de sape à partir des années 60: plus de droite catholique, plus de parti gaulliste, fin du socialisme traditionnel, mort du communisme.

3- La gauche pourtant peut retrouver un impact, pourvu qu'elle soit elle-même, la gauche, c'est à dire qu'elle parle de social. Il a suffi que Fabius piège Boorlo sur la TVA sociale et la menace d'une augmentation des prix pour que la "vague bleue" soit contenue au second tour des législatives.

4- A la différence de l'Allemagne et de la Grande Bretagne, la France a un problème avec l'ordre: au fond, notre peuple est anarchiste mais aspire à l'ordre. Sarkozy, dont on ne sait pas exactement qui il est (bonapartiste?), est l'étrange solution de cette contradiction.

Voilà ce que je voulais soumettre à votre réflexion. Pour ma part, le dernier point me semble le plus fécond, le troisième n'entraine pas ma conviction, le deuxième n'est pas faux, le premier est à nuancer.

Bonne nuit.

Parti et pouvoir.

Bonjour à toutes et à tous.

DSK a annoncé qu'il allait quitter le Bureau national, pour laisser sa place à des jeunes, parce qu'il s'ennuie à discuter pendant deux heures sur une virgule d'un communiqué que personne ne lira. Je me demande parfois si je ne devrais pas suivre son exemple et délaisser mon Bureau fédéral. Il ne s'y passe rien, en tout cas j'ai l'impression de n'y servir à rien, de perdre mon temps. On y gère les élections, c'est un appareil, c'est à dire un instrument de pouvoir, et rien d'autre. Mais pour certains camarades, c'est très précieux, c'est même essentiel.

Dans le cadre de la rénovation enclenchée par Ségolène Royal, il faudrait bousculer tout cela, faire du Parti socialiste:
1- Un lieu de débats, de confrontations, d'où surgirait un projet.
2- Un mouvement représentatif de la population française, en phase avec les réalités d'aujourd'hui.
3- Un instrument de formation et d'éducation populaire.

Bien sûr, le PS restera aussi un appareil chargé de conquérir et de conserver le pouvoir, à tous les niveaux de celui-ci, mais il ne sera pas que cela, et pas essentiellement cela. D'ailleurs, à ne trop ne penser qu'au pouvoir, on finit par le perdre.

Après la révélation inattendue de DSK, en voilà une autre, de Ségolène, également surprenante, car inhabituelle. Elle regrette d'avoir défendu un programme qui n'était pas totalement le sien! Et elle donne un exemple, la revendication d'un SMIC à 1500 euros, la confusion du net et du brut, l'étalement de la mesure et finalement le désintérêt qu'elle a suscité. Nous savons comment cette proposition a été intégrée dans les 100 du Pacte présidentiel: au nom de la sacro-sainte synthèse, qui oblige à prendre en compte tous les points de vue afin de les fondre dans un même texte.

Le SMIC à 1500 euros, c'était l'étendard de la gauche traditionnelle fabiusienne, tout comme la VIème République pour le NPS. Au nom de l'unité, il fallait donc les faire figurer. C'est ce genre de composition, patchwork disgrâcieux, à quoi il faut désormais renoncer. La procédure du Congrès, statutairement précieuse, doit être politiquement minimisée, quand on voit que les congrès ne favorisent pas les débats d'idées mais les purs et simples rapports de force. Mais j'en reviens à mon point de départ. Un parti n'est pas uniquement destiné à distribuer des places.

Bonne matinée.

20 juin 2007

Sarkozy à la télé.

Mes réactions à l'entretien télévisé du président: sur la forme quel diable d'homme! Le secret de Sarkozy, et il n'en a qu'un seul, c'est le bagout. Je serai presque séduit si j'en restai là: c'est vif, direct, percutant, avec quelques bonnes formules. Quant au fond, je le dis comme je le pense, il n'y a rien.

Prenez la TVA sociale, va-t-elle ou non entraîner une hausse des prix? Pas de réponse. Sarkozy nous explique qu'elle servira à lutter contre les importations venues de Chine et d'Inde. Ok, on a compris, il faut se méfier de ce qui est étranger, mais va-t-elle ou non augmenter les prix en France? Toujours pas de réponse. Et comme la question se fait insistante, car c'est la seule que se posent les français à propos de la TVA sociale, une réponse arrive, qui sent l'échappatoire: cette TVA sociale, de toute façon, c'est une expérimentation. Ah bon, un impôt peut être objet d'expérience?

Mais s'il faut l'expérimenter, c'est que Monsieur le Président n'est pas si sûr que ça de son utilité et de son efficacité. Lui nous dit que si, parce que Strauss-Kahn en a parlé et que les allemands l'ont fait. Quelqu'un qui s'appuie sur les autres pour défendre une mesure qui est la sienne ne m'inspire pas confiance. Et quelqu'un qui en le faisant se trompe doit être corrigé. Claire Chazal l'a fait en précisant que la TVA allemande était un tout autre dispositif, chargé de lutter contre le surendettement de l'Etat et pas contre les délocalisations. Quant à DSK, je l'ai déjà dit ici, il est favorable à une modulation de la TVA selon les produits, pas à ce que propose Sarkozy, dont on ignore exactement la finalité exacte: diminuer le coût du travail? Taxer les importations? Redonner du pouvoir d'achat? Empêcher les délocalisations? On a l'impression, mais c'est confus, que c'est un peu tout ça à la fois. Il faudrait alors nous expliquer les articulations logiques, les liens de cause à effet. Quand on a du bagout, on doit pouvoir y arriver!

Venons en maintenant à un autre sujet qui préoccupent les français, les franchises médicales. Ne sont-elles pas injustes, comme le pensent une majorité de français? Pas de réponse. Sarkozy parle alors de la lutte contre le cancer (il l'appelle "le crabe", ça impressionne) et la maladie d'Alzheimer, en annonçant que tous les français seront touchés par cette maladie où "l'on sort de soi" (c'est bien dit et ça fait terriblement peur). Quel rapport avec les franchises médicales? Aucun, strictement aucun. La recherche pourrait parfaitement être financée par d'autres voies.

Là aussi, comme pour la TVA sociale, derrière le bagout, on sent l'hésitation et la prudence. La
franchise médicale, c'est un "principe", que la négociation viendra préciser. Par exemple, sera-t-elle ou non remboursable, c'est à discuter. Mais là, je ne comprends plus: une franchise remboursable nous ramènerait au "ticket modérateur", ce ne sera plus la franchise que nous promettait Sarkozy. Surtout, l'objectif de "responsabiliser" les français dans leur dépense de santé, finalité morale que je ne partage pas vraiment mais qu'on peut comprendre, disparait puisqu'il y aurait de toute façon remboursement. Bref, comme pour la TVA sociale, je ne saisis pas très bien le but de la mesure.

Sur la réforme des universités, Sarkozy fait de belles phrases qui donnent envie. Il veut des campus avec des salles de sport, de théâtre et de jolies locaux, comme chez nos voisins. Bien, très bien. Ce qu'il oublie de dire, c'est que s'il y a une grande misère de l'université française, c'est que nous avons un double système d'enseignement supérieur, les grandes écoles pour les meilleurs, la fac pour les autres. Les Etats-Unis ne connaissent pas ça.

Passons sur le service minimum dans les transports et le mensonge des heures de grève qui seraient payées. Si c'était le cas, il y aurait grève tous les jours, et massivement. Mais Sarkozy va peut-être nous dire que c'est le cas. Avec le bagout, "tout est possible", selon son slogan de campagne. Passons aussi sur cette misérable accusation de "preneurs d'otage" pour qualifier les cheminots grévistes, indigne évidemment d'un président de la République.

Je vais terminer par deux formules du président qui ont retenu mon attention (elles étaient sûrement faites pour ça):

- "Mon programme, c'est le travail, matin, midi et soir". Voyez-vous, je trouve cet idéal de vie proposé aux français encore trop modéré. Le ministre du Travail (justement) va beaucoup plus loin, il ne cesse de se vanter de dormir quatre heures par nuit, ce qui, par parenthèse, pour un ancien ministre de la Santé, n'est pas très sage. Mais notre homme doit se considérer comme exceptionnel. Bref, Sarkozy doit prendre modèle sur Bertrand et le proposer à la France entière: travailler matin, midi, soir et nuit.

- "Je ne suis pas un théoricien, je ne suis pas un idéologue, je ne suis pas un intellectuel". Sarkozy s'en défend avec insistance, par trois fois, comme Pierre en trahissant Jésus. Il y a des redondances qui sont des révélations. "Intellectuel", voilà ce que Sarkozy-le-populaire n'aime pas. Il a bien sûr tort. Sur la TVA sociale, une approche un peu plus intellectuelle, c'est à dire logique, cohérente, articulée, finalisée, m'aiderait à comprendre ce projet. Mais peut-être n'y a-t-il rien à comprendre, le président ne faisant que satisfaire une revendication du patronat, que l'ensemble des français paient ses cotisations sociales à sa place?

J'ai une autre hypothèse sur cette énigmatique triple répétition. En vérité, Sarkozy est un intellectuel qui joue le modeste. C'est un vrai théoricien, ses mesures sont de pures idées, voilà d'ailleurs pourquoi il ressent tant le besoin de les expérimenter, qi'il s'agisse de la TVA sociale, de la franchise médicale ou de l'autonomie universitaire. Sa doctrine, c'est une sorte de néolibéralisme à l'américaine, dans la lettre et dans l'esprit. Quelqu'un au PS l'avait fort bien compris et analysé, jusqu'à succomber à son objet d'étude, syndrome de Stockholm au plan politique: son nom, Eric Besson.

Bonne nuit.

Le Pen à l'Elysée.

Ce n'est pas un événement, ce n'est pas une tragédie, c'est simplement un acte gratuit, un geste désintéressé, une rencontre révélatrice, celle de Nicolas Sarkozy avec Jean-Marie Le Pen ce matin dans les salons de l'Elysée. C'est la première fois qu'un président de la République recevait le leader de l'extrême droite. Mitterrand bien sûr ne pouvait pas le faire, idéal de gauche oblige, Chirac ne voulait pas le faire, honneur de la droite oblige.

Sarkozy n'a eu de problème, ce matin, ni avec son idéal, ni avec son honneur. Rien ne l'obligeait, pourtant, à recevoir le chef vieillissant d'une extrême droite en voie de marginalisation. Officiellement, le chef de l'Etat voulait connaitre son avis avant la prochaine réunion du Conseil de l'Europe. Vous imaginez ce que peut avoir d'intéressant pour la France l'opinion de Le Pen sur le sommet européen de Bruxelles! Un peu comme si on demandait à un laïque ses pronostics sur le successeur de Benoit XVI ou à Arlette Laguiller son point de vue sur la modernisation de l'armée de terre!

Soyons sérieux, car Nicolas Sarkozy est un homme sérieux. Il n'a pas reçu Le Pen pour rien, Sarkozy ne fait rien pour rien, il est trop pressé pour cela. La petite réception de ce matin est un grand signe de gratitude, le seul que pouvait faire Sarkozy pour remercier l'extrême droite de l'avoir placé à l'endroit même où il a reçu Le Pen. Je sais bien que notre président ne doit pas son élection à la seule extrême droite. Quand il nomme Kouchner, Besson et Bockel au gouvernement, ce n'est pas parce qu'il a une attirance soudaine pour la gauche mais parce qu'il sait qu'une partie de son électorat vient de ce côté là.

Avec l'extrême droite, c'est encore plus flagrant. Sarkozy a rompu avec l'interdit chiraquien d'aller chercher des voix à l'extrême droite, il s'est fait toute une stratégie, qui a parfaitement réussi, de "siphonner", comme dit bizarrement la presse, l'électorat lepéniste. La création d'un grotesque ministère de l'identité nationale et de l'immigration en est la manifestation la plus évidente. Il est dans la tradition républicaine, pour un nouvel élu, de remercier ses électrices et électeurs. C'est ce que vient de faire ce matin Nicolas Sarkozy, à sa façon, sauf que l'intermédiaire frontiste est tout sauf républicain.

Celui-ci en était tout heureux. Le Pen n'a aucune dignité, il attaque l'establishment et ne rêve qu'à être reconnu par lui, comme ce matin dans les dorures du palais présidentiel. Aucune dignité parce qu'il est tout content de rencontrer celui qui l'a politiquement défait en lui volant une partie de ses idées et les trois quarts de son électorat. L'extrême droite est la mendiante de la République, qui devrait la congédier sans ménagement. La présidence de la République n'a pas à être salie par un anti-républicain.

Bonne soirée, je m'empresse d'aller regarder Sarkozy à la télé.

Nouveau gouvernement.

Bonjour à toutes et à tous.

Le nouveau gouvernement est dans la logique du précédent, habile, très habile. L'ouverture continue, et elle ne peut que faire mal à des socialistes lorsque nous constatons la présence de deux des nôtres, Jean-Marie Bockel et Fadela Amara. Bien sûr, le petit courant social-libéral de Bockel ne pèse pas bien lourd au sein du PS, mais c'est tout de même une personnalité socialiste.

Plus difficile encore à encaisser, la nomination de l'ancienne présidente de Ni putes, ni soumises, mouvement manifestement socialiste, jeune, médiatique, influent, un peu le SOS-racisme des années 2000, mais tourné vers les revendications féminines. Le ralliement de Ramana est du même ordre que celui de Martin Hirsch, cette "société civile" pragmatique qui veut avant tout se montrer utile et efficace et n'attend pas pour cela une prochaine victoire de la gauche. Nous aurions tort de les disqualifier en les assimilant à des "traitres", comme certains socialistes, au plus profond de la rancoeur, y sont tentés.

Et puis il y a le départ d'Alain Juppé et l'étrange nomination comme n°2 du gouvernement de celui qui n'a pas été pour rien dans sa victoire contrariée, Jean-Louis Boorlo, parlant le premier de TVA sociale et déclenchant ainsi la polémique que vous savez. Le départ de Juppé n'est pas une bonne nouvelle. C'était l'un des rares hommes d'Etat de ce gouvernement, quelqu'un de sérieux et soucieux de l'intérêt général, un homme injustement attaqué parce que non médiatique. Encore hier, il n'a pas su séduire les journalistes lorsqu'ils lui ont demandé comment il allait. Juppé ne sera jamais un homme de communication, c'est ainsi. Les habiles et les onctueux sont nombreux dans ce gouvernement, prenez Xavier Bertrand. Juppé, c'est la rigueur transformée en raideur: on se souvient de l'expression qui lui collera définitivement à la peau, "droit dans ses bottes". C'est pourtant une belle expression, peut-être un peu martiale.

Attention, je n'ai aucune indulgence particulière pour Juppé, homme de droite parmi d'autres, dont je combats à ce titre les idées. Mais je répète que cet homme de droite est aussi un homme d'Etat, avec des compétences et une vision, ce qui n'est pas commun. DSK, hier sur RTL, est allé dans ce sens, quand il a étrangement dit qu'il aurait aimé que notre camarade bordelaise qui a fait chuter Juppé en fasse battre un autre. C'était la fin de l'interview, Dominique n'en a pas dit plus, mais je pense qu'il avait à l'esprit ce que je viens de vous dire. Avec le départ de Juppé, la droite perd l'un de ses meilleurs éléments, et la gauche aurait tort de s'en réjouir.

Bonne fin d'après-midi.

18 juin 2007

Lendemain d'élection.

Bonsoir à toutes et à tous.

Hollande et Royal se séparent, et alors? Ce n'est pas un événement politique et je crois qu'il faut séparer vie publique et vie privée. Sur ce point, l'américanisation de nos moeurs serait une mauvaise chose.

François Hollande doit-il quitter la tête du PS? Les uns disent que oui... pour accélérer la prise de pouvoir par Ségolène Royal, d'autres disent que non... pour préserver leur chance de s'emparer de la direction lors du congrès ordinaire à l'automne 2008. Ce que j'en pense? D'abord je m'en moque, les personnes m'important peu, la refondation idéologique occupant en priorité mon esprit. Mais si vous voulez absolument une réponse, je vous la donne: je suis un incurable légaliste, il y a un congrès fin 2008, attendons fin 2008. Et puis, tout dépend de la décision de François, alors...

Mais n'attendons pas les bras croisés et le regard dans le vide, lançons dès maintenant le débat de la refondation, renouvelons et rajeunissons tranquillement nos instances dirigeantes.

J'apprends que de jeunes strauss-kahniens vont partager un repas avec de jeunes fabiusiens (des trentenaires!). Bon appêtit, et à vous aussi si vous n'avez pas encore dîné.

Valeurs actuelles.

Bonjour à toutes et à tous.

Le Point a annoncé dimanche soir les résultats d'un sondage dont je retiens trois enseignements:

1- La mesure gouvernementale que les français jugent prioritaire, c'est la suppression des droits de succession.
2- Le successeur de François Hollande à la tête du PS devrait être selon eux DSK.
3- Le PS doit privilégier l'alliance avec les autre partis de gauche et pas le MoDem.

Quelques commentaires sur le premier point:

Les classes populaires sont plus souvent locataires que propriétaires. Elles n'ont donc rien à gagner à cette suppression qui va faire exploser en France les inégalités. Les classes moyennes ne paient pas ou peu de droits de succession. Cette mesure ne les concernent pas non plus. Alors comment expliquer son succès, sa popularité?

Cette énigme est à rapprocher du rejet des 35h, mais en sens inverse, car la RTT, les salariés généralement y gagnaient, à l'exception de certains secteurs et entreprises. L'engouement pour la liberté de l'héritage est à mettre en parallèle avec l'hostilité envers la réduction du temps de travail. La première mesure est typiquement de droite et le peuple de gauche l'applaudit, la seconde est traditionnellement de gauche et ses électeurs se sont mis à la détester. Que se passe-t-il dans les profondeurs de l'opinion publique?

C'est ce que j'ai déjà tenté d'analyser et qui nous renvoie à l'esprit contemporain, ses valeurs et ses réflexes. La liberté est devenue une priorité, supérieure à d'autres valeurs, dont l'égalité ou la justice. Les gens veulent d'abord être libres, peu importe que la conséquence en soit une inégalité ou une injustice. Les 35h ont été vécues comme une contrainte sinon une obligation, c'est pourquoi cette réforme a été critiquée. La taxation de l'héritage est perçue comme une atteinte à la liberté individuelle de transmettre ses biens à qui l'on veut, c'est pourquoi sa suppression satisfait.

Mais pour ceux qui ont intérêt à ce que leur temps de travail soit réduit, et pour ceux qui n'ont pas et n'auront jamais de propriété, que se passe-t-il? Il se passe qu'ils vivent dans la même société que tous, qu'ils sont comme eux influencés par les mêmes valeurs. Les 35h sont interprétées comme une négation du travail. C'est exactement le contraire puisque leur objectif est de créer des emplois, mais c'est ainsi. La représentation qu'on se fait des 35h est plus forte que leur réalité. Les droits de succession sont interprétés comme une confiscation des fruits du travail. C'est exactement le contraire puisqu'ils consistent à corriger le fait que certaines naissent "avec une cuillère en or dans la bouche", qu'ils héritent sans qu'un travail ne le justifie.

Je l'ai déjà écrit sur ce blog: notre société est obsédée par le temps, la transmission, la descendance, l'avenir des enfants. C'est d'ailleurs très bien. Mais faut-il que cette préoccupation sacrifie tout souci d'égalité et de justice sociale? C'est la question que la gauche en refondation devra se poser. Autre sujet de réflexion: notre société n'est plus constituée seulement d'intérêts particuliers qui coaguleraient en un intérêt général, elle est déterminée par des valeurs, des représentations, des symboles (et là, le marxisme prend un sacré coup sur la tête: ce ne serait plus vraiment les intérêts de classe qui motiveraient les choix des citoyens).

Dernier chose: je défendais hier la proposition de mon camarade Philippe Sabuco d'augmenter les droits de succession et de supprimer conjointement l'ISF. Ce n'est pas gagné!

Bon après-midi.

17 juin 2007

Le PS s'en sort bien.

Bonsoir à toutes et à tous.

Comme la politique est une drôle de chose! Il y a une semaine, à cette même heure, la gauche était au fond du trou, recouverte par une "vague bleue" que le second tour, à coup sûr, devait confirmer. Qu'est-ce qui passe ce soir? La gauche relève la tête et sort du trou. Bien évidemment, la droite a gagné, mais sa victoire n'est pas le triomphe annoncé. Par contraste, à écouter les radios et télévisions, à entendre le nom des personnalités socialistes réélues, on croirait presque que le succès est du côté de la gauche. Soulignons deux faits objectifs à retenir:

- La gauche augmente nettement son nombre de députés. Elle représente une force conséquente pour s'opposer à la droite et proposer une nouvelle politique

- Alain Juppé, battu, va quitter le gouvernement. C'est un sérieux revers pour le président de la République que de voir le numéro 2 de son gouvernement désavoué par les électeurs.

Demain, ce seront ces deux informations qu'on retiendra. Que s'est-il donc passé? Quelque chose de très simple: les français, prudents, n'ont pas voulu donner tous les pouvoirs à la droite. C'est d'ailleurs la saine logique d'une démocratie que de fuir les majorités écrasantes qui ont rapidement tendance à devenir des majorités humiliantes. La représentation politique a donc été rééquilibrée à gauche, et c'est bien ainsi.

Attention, les socialistes ne doivent ce soir se faire aucune illusion: pendant cinq ans, nous subirons la politique de Sarkozy et le PS n'a pas reconquis le coeur des électeurs. Il faudra très vite que le travail de refondation commence, nous ne pourrons pas y échapper. Mais nous pourrons l'entreprendre, dès demain, dans des conditions bien meilleures que si nous avions massivement perdu. Dans cette sinistre perspective, le PS aurait été gravement déstabilisé et les réglements de compte l'auraient emporté. Ce soir, nous échappons à ce scénario catastrophe, nous pouvons envisager beaucoup plus sereinement et sérieusement l'avenir de la gauche.

Un dernier mot pour vous parler de l'Aisne: nos trois députés sont réélus. Bravo à Jean-Pierre pour sa longévité, bravo à René pour sa persévérance, bravo à Jacques pour son implantation, et courage à Dominique qui aurait pu gagner s'il n'avait été victime de la division.

Bonne nuit.

Les réflexions de P. Sabuco.

Sur le blog du Manifeste social-démocrate, je viens de lire une note datée du 05 juin 2007, rédigée par le strauss-kahnien Philippe Sabuco, intitulée "Devoir de clarté". Attention les yeux! C'est intelligent et décapant, de la nitroglycérine entre les mains tremblantes de la gauche traditionnelle. J'en extrais les lignes les plus provocatrices, vous en ferez ce que vous voudrez mais je crois que ça mérite d'être discuté parce que ça nous change des analyses et des propositions gnangnan:

1- Pour régler le problème du financement des retraites, il faut allonger la durée de cotisation, parce que nous entrons plus tard dans la vie active, nous vivons plus longtemps, en meilleure santé, avec aussi l'envie de travailler au lieu d'être mis à la retraite. Mais cette position nous oblige aussi à prendre en compte l'espérance de vie et la pénibilité des métiers pour fixer la date de la retraite.

2- Au lieu de nous attaquer à la Banque Centrale Européenne, véritable obsession des nonistes et de la gauche traditionnelle, remercions la de jouer un rôle stabilisateur et soutenons une institution qui fonctionne plutôt bien. En revanche, travaillons à relancer l'Eurogroupe qui en a bien besoin.

3- Pour lutter contre le chômage, permettons une plus grande flexibilité de l'emploi. C'est ce qui se passe dans les social-démocraties scandinaves, sauf qu'elles sont plus généreuses en matière d'allocations-chômage que notre fameux "modèle sociale français". Il faut rompre avec la logique de protection de l'emploi (avec sa conséquence ultime prôné par l'extrême gauche: interdiction des licenciements!) et instaurer une logique de protection-formation de l'individu.

4- Supprimons l'ISF qui ne rapporte pas grand chose à l'Etat et dont la seule fonction est symbolique, rassurer la gauche traditionnelle qu'elle est bien toujours à gauche alors que les inégalités de fortune sont plus fortes que jamais (quand on échoue politiquement, on essaie de se réconforter psychologiquement!). Dans le même temps, renforçons les impôts sur les droits de succession, car c'est à la source, à la naissance que l'irrattrapable inégalité s'installe.

5- Supprimons le RMI (ses bénéficiaires le trouvent insuffisant et ils ont raison, ses adversaires trouvent que ça ne sert à rien de payer des gens à ne rien faire et ils n'ont pas tort). Donc instaurons le RSA (Revenu de Solidarité Active) proposé par Martin Hirsch et allons même encore plus loin avec Jacques Attali et son RUS (Revenu d'Utilité Sociale), un revenu de substitution aux personnes privées de travail en échange d'une activité socialement utile. Ce qui signifie que la catégorie de "chômeur" disparaîtrait!

6- Moralité de Philippe Sabuco: il ne faut pas que les socialistes hésitent à "réhabiliter l'initiative individuelle, la concurrence et les profits".

Je ne sais pas ce que vous en pensez, moi ça me plaît assez. Ce qui est certain, c'est qu'en matière de refondation du socialisme, Philippe va loin et très profond. Mais n'est-ce pas ainsi qu'on fait les meilleures refondations?

Bon après-midi citoyen.

Ciné philo.

Bonjour à toutes et à tous.

La France va voter... sauf moi et quelques autres, là où la droite est tellement forte que la gauche a été éliminée dès le premier tour, le combat cessant faute de combattants. Ca fait drôle, tout de même. Nous saurons ce soir si les français auront confirmé leur soutien massif à Nicolas Sarkozy ou s'ils auront eu la sagesse et la prudence d'installer un contre-pouvoir parlementaire.

En attendant, je vais vous parler de mon nouveau projet, après le café philo le ciné philo, dont la première séance a eu lieu vendredi soir, autour du film de Nikolaus Geyrhalter, Notre pain quotidien. Le ciné philo, c'est exactement comme le café philo, sauf que la réflexion n'est pas provoquée par une question type bac mais mais un film qui se prête à ce genre d'exercice. C'était assez réussi pour une première, une cinquantaine de spectateurs, presque tous sont restés pour débattre. Bien sûr, il faut maintenant que cette initiative s'installe dans la durée.

Notre pain quotidien est un document surprenant, troublant et parfois choquant. Il nous entraîne dans les fermes-usines de l'industrie agro-alimentaire, les poulaillers géants, les abattoirs modernes, les serres qui renferment des plantations entières. On y voit des aspirateurs qui avalent des poussins, des boeufs mis à mort, des poissons éventrés par des machines, des champs investis par des véhicules lunaires,... On se croit dans un film de science-fiction basculant fréquemment dans une étrange poésie.

Je vous livre les réflexions déclenchées par ce documentaire. Pendant des millénaires l'agriculture a été un travail manuel, harassant, salissant, qui est devenu une activité de technicien, mécanisée, aseptisée, maîtrisée. Il n'empêche que la question du rapport de l'homme à la nature, du traitement que nous faisons subir aux bêtes demeurent. Le public était partagé. Le premier mouvement a été épouvanté. Il est inadmissible de ranger des volailles vivantes dans des sortes de tiroirs, on ne tue pas un animal innocent qui ne demande qu'à vivre, on ne fait pas de césarienne à une vache parce que la nature ne le permet pas, etc. L'agro-alimentaire est perçu comme un monde cruel, dominant et exploitant la vie, pour le plus grand plaisir de nos assiettes et de nos estomacs.

Justement, on fait quoi si on rejette ce monde? Le poulet aux petits pois du dimanche, le saumon frais, les tomates bien rouges, les fraises en hiver, va-t-on s'en priver? Et les dizaines de millions d'affamés qui rêvent de la viande, des fruits et légumes sous plastique, en conserve ou surgelés de nos supermarchés? Une partie du public, très minoritaire, a estimé qu'il n'y avait pas, dans les fermes -usines, maltraitance des animaux et qu'il ne fallait pas avoir la nostalgie de l'ancienne paysannerie, qui tuait le lapin en lui arrachant un oeil ou le cochon en l'égorgeant.

Ce midi, autour de la table, vous méditerez à n'en pas douter ces quelques pensées. Par avance, bonne appêtit et bonne réflexion. Et n'oubliez pas d'aller voter.

Excellente journée.

16 juin 2007

Les deux révolutions au PS.

La campagne législative des socialistes s'est terminée hier à Gonesse, où Ségolène Royal et DSK étaient côte à côte. L'image était symbolique de ce qu'il faut faire et où le PS doit aller dès lundi matin. Je m'explique. Ségolène Royal a fait souffler sur le Parti socialiste une véritable révolution, nécessaire mais pas suffisante, raison d'ailleurs pour laquelle nous avons perdu. Il faut une seconde révolution, non moins importante que la première, peut-être même plus décisive. Et celle-là, seul DSK peut la conduire, pour la simple et bonne raison qu'il la prépare depuis longtemps.

Je précise. Depuis un an, Royal a mené une révolution politique chez les socialistes, que nous pouvons décliner en plusieurs points:
- Le Parti se prenait à gauche, selon une règle intangible et non écrite formulée et appliquée par François Mitterrand. Ségolène a démontré que désormais le Parti se prenait à droite (pour utiliser un langage simpliste mais que chacun comprend).
- Le leader s'appuyait sur l'appareil et ses élus. Ségolène a fait entrer des milliers de nouveaux adhérents et a contourné l'appareil en s'appuyant sur l'opinion. Les apparatchiks ont finalement suivi.

Une page de notre histoire interne est ainsi tournée. Il reste certes encore beaucoup à faire mais un seuil psychologique a été passé. Notre culture politique ne sera plus la même avant et après. Mais cette révolution politique ne sera complète qu'avec une révolution économique. C'est là qu'intervient DSK. Que nous dit-il?

- Que le social n'est pas étrangé ou hostile à l'économie, que le premier est au coeur de la seconde. La position traditionnelle des socialistes sur cette question est tout autre. Pierre Mauroy, socialiste traditionnel s'il en est, quoique non radical, l'exprimait à sa façon, le 11 février 2007, telle que rapportée par Bacque et Chemin dans leur ouvrage La femme fatale, Albin Michel, page 195: "l'économie ne compte pas. Nous autres, socialistes, nous ne devons penser qu'au social. Il ne faut pas s'attacher aux chiffres, on trouvera toujours des techniciens pour les adapter." Ce désastreux précepte influence une grande partie des socialistes. Dans ma ville, quand j'évoque avec quelques camarades les élections municipales et les compétences de celles et ceux qui figureront sur la liste, la préoccupation fait sourire et est rapidement reléguée au second plan.

- Que le socialisme doit dire clairement ce qu'il est, à quoi il se réfère, dans quelle histoire il s'inscrit. C'est très simple: depuis 150 ans, trois systèmes économico-politiques se partagent le monde, le capitaliste, le communiste, le social-démocrate. Il n'y a pas de quatrième voie, ou alors je ne la connais pas. Je sais que l'autogestion titiste a intéressé, que le castrisme a suscité des espoirs, que le maoïsme a enthousiasmé, que le tiers mondisme algérien a retenu l'attention, mais toutes ces "expériences" et ces espérances ont été balayées. DSK n'entretient pas un socialisme mythique, d'autant plus parfait qu'il est impossible. Il dit précisément où il veut aller, de quoi il s'inspire et ce qu'il veut faire vivre en France: la social-démocratie.

Voilà pourquoi DSK doit réaliser ce que Ségolène n'a pas fait ou pas pu faire, la révolution économique. Voilà pourquoi je verrais bien ces deux-là s'allier, comme ils l'ont été hier soir à Gonesse.

Bonne fin d'après-midi.

1 refondation, 3 scénarios.

Bonjour à toutes et à tous.

L'entretien de Jean-Luc Mélenchon à l'Humanité de jeudi a peu suscité de commentaires et c'est dommage car le propos était pertinent et lourd de conséquences pour l'avenir du PS. Je résume la pensée de notre camarade:
1- La social-démocratie vers quoi le PS va est une "fumeuse orientation", donc néfaste.
2- L'aile gauche est devenue un "alibi", elle ne sert plus à rien.
3- Par conséquent, les authentiques socialistes doivent quitter le PS et constituer une nouvelle force avec les communistes.

Bien sûr, je ne partage pas les tenants et aboutissants de cette démonstration mais je salue son honnêteté intellectuelle, son courage politique et sa cohérence interne. La question est la suivante: quel est le meilleur scénario pour refonder le PS? Regardons ce qui se passe autour de nous en Europe et nous constaterons trois voies:

- Le scénario impossible (italien):

Chez nos voisins, ex-communistes et centristes se sont regroupés dans un vaste rassemblement de centre-gauche. En France, des appels ont été lancés en ce sens: le parti socialiste deviendrait le parti de toute la gauche, réunissant centristes de progrès, communistes rénovateurs, écologistes, altermondialistes et socialistes.
DSK, un temps, avait penché pour cette hypothèse. Elle serait souhaitable (la dispersion ne se justifie plus), elle me semble impossible. Le MoDem tient à son indépendance, les communistes ont une forte culture d'organisation, les Verts préfèrent rester entre eux, les altermondialistes privilégient la radicalité à la réforme.
En Italie, les conditions politiques sont totalement différentes. Les communistes y sont plus ouverts qu'en France, les centristes plus puissants (la démocratie chrétienne) et l'extrême gauche discréditée par la violence et le terrorisme, donc sans force attractive (il n'y a pas de Besancenot transalpin).

- Le scénario idéal (allemand):

C'est celui dessiné par Mélenchon. Le PS ne peut plus faire cohabiter en son sein deux orientations contradictoires, l'une social-démocrate (Royal et DSK), l'autre socialiste traditionnelle (Fabius). La clarification doit être radicale. En Allemagne, Oskar Lafontaine a quitté le SPD et créé un nouveau parti. Ce scénario serait parfait, il n'aura pas lieu. L'aile gauche du Parti n'aura pas la volonté et le courage politiques de partir. Elle doit son pouvoir, ses mandats au PS, elle veut les garder, elle restera, même marginalisée. Chevènement avait tenté l'aventure avec le MDC au début des années 1990, pour échouer.
En Allemagne, Lafontaine a pu s'appuyer sur les anciens communistes de RDA. En France, les communistes ne sont pas prêts à renoncer à leur parti pour composer avec les néofabiusiens.

- Le scénario probable (anglais):

Le PS se refondera de l'intérieur, par sa social-démocratisation et la marginalisation de son courant traditionnel, à la façon de Tony Blair modernisant le travaillisme. Trois conditions invitent à retenir ce scénario:
. Royal et DSK, chacun à leur manière, ont lancé cette modernisation, Fabius n'ayant séduit que 18% des adhérents lors de la désignation interne de la présidentielle.
. Sarkozy sera notre Thatcher, poussant les socialistes à réfléchir et à réagir s'ils ne veulent pas rester 10 ou 15 ans dans l'opposition.
. Le socialisme traditionnel est dans l'état du travaillisme anglais lorsque Blair s'est emparé du Labour, intellectuellement exsangue, politiquement dans l'impasse.

Bref, le Parti démocrate italien me plaît bien, le SPD allemand serait l'idéal, le New Labour est le plus réaliste. Et pour vous?

Bonne journée.

15 juin 2007

Questions sur la consommation.

Je suis allé hier soir à Château-Thierry animer un café philo sur le thème: faut-il lutter contre la société de consommation? Nous n'étions qu'une petite dizaine autour d'une table du Café de la Fausse Marne. Plus de 200 km pour un public si restreint... Un socialiste, une écolo, un baba cool et quelques habitués... Mais peu importe, nous avons discuté, échangé, polémiqué, c'est ce qui compte. Les grandes idées, les mouvements historiques sont partis de cénacles réduits pour se répandre dans toute la société! J'aime ces assemblées de citoyens, aussi minuscules soient-elles, car elles sont le sel de la démocratie, qui en a bien besoin.

Donc nous avons débattu de la société de consommation. Je vous livre en vrac quelques réflexions qui vous inspireront, j'espère, dans l'après-midi:

La consommation n'a-t-elle pas toujours existé, depuis que l'homme a des besoins à satisfaire et des objets qu'il convoite? Cependant, c'est dans la France des années 1960, à la suite de la société américaine au début du siècle, que se met en place un véritable système de consommation. Va-t-il émanciper les individus, en leur accordant ce qu'ils désirent, ou bien les aliéner en leur faisant miroiter des biens inaccessibles?

L'hypermarché est le temple de la société de consommation, à laquelle les masses laborieuses, le samedi après-midi notamment, vouent un culte impressionnant, qui dépasse la simple utilité. Les caddies regorgent d'objets et de victuailles, les badauds parcourent les galeries marchandes comme les salles d'un musée ou la nef d'une cathédrale. La consommation ne serait-elle pas devenue l'idéal de vie des plus pauvres?

A l'inverse, bobos et bourgeois prônent la décroissance, la frugalité parce qu'ils jouissent de la richesse culturelle qui leur permet de voir les choses ainsi. Ce qui ne les empêche pas d'emmener leurs enfants chez Mac Donald... en véhicule 4/4! Allons plus loin: est-il révolutionnaire ou réactionnaire, passéiste, rétrograde de critiquer la société de consommation?

Vivre à crédit, c'est détestable ou formidable? On peut s'acheter ce qu'on n'aurait jamais eu sans le crédit, mais au prix d'un long endettement, à la merci d'un accident déstabilisant le budget et l'existence, en payant des intérêts qui sont peut-être une forme moderne d'exploitation. Mais peut-on se passer de la petite carte, comme de l'automobile ou de la télévision, autres symboles de la société de consommation?

D'autres pensées ont été émises, dont la liste serait trop longue à évoquer. Beaucoup plus de questions que de réponses, des réflexions qui se contredisent, voilà ce qu'est un café philo réussi, mais qu'il faut vivre pour le comprendre. Pour ma part, j'aime la société de consommation et je suis persuadé que ses défauts sont largement rachetés par ses avantages. Le monde entier n'en rêve-t-il pas quand il n'en bénéficie pas? Elle représente un incontestable progrès matériel (l'homme est plus riche) et moral (l'homme est plus libre) de l'humanité. Mais ses bienfaits sont aussi des pièges, ses vertus contiennent des vices, elle a les défauts de ses qualités. La consommation est merveilleuse et insatisfaite, elle génère des rêves et des frustrations, elle nous libére mais nous entraine dans une course sans fin, elle est exaltante et épuisante.

Je vais vous donner mon avis et un conseil: il faut se réjouir de vivre dans la société de consommation et ne pas entrer dans ses jeux dangereux, il faut en profiter et éviter qu'elle ne profite de nous, il faut la défendre et savoir s'en passer, comme les sages stoïciens au sein de l'Empire romain.

Bon après-midi.

Bonne chance à tous.

Bonjour à toutes et à tous.

C'est le dernier jour de campagne des élections législatives pour les candidats. Ma pensée ira à mes camarades de l'Aisne. Nous avons été fortement éprouvés par des divisions durant cette campagne, nous avons été sévèrement battus dès le 1er tour dans la circonscription de Saint-Quentin, l'espoir ne s'est pas suffisamment concrétisé dans la circonscription de Soissons, le ministre Bertrand rameute ses troupes et s'attaque aux bastions de la gauche, mais rien n'est perdu. Nous avons trois députés de gauche, nous sommes en situation de les conserver dimanche soir, malgré la "vague bleue". Voilà la réalité, voilà l'espoir. Passons en revue chaque circonscription de l'Aisne:

Laonnois: Fawas Karimet a eu l'intelligence de se désister très vite en faveur de René Dosière, arrivé en tête. D'un côté le candidat légal, désigné à une voix près par les adhérents, de l'autre côté le candidat légitime, député sortant. Les électeurs ont tranché pour ce dernier. Je souhaite de tout coeur que les amertumes, les rivalités soient oubliées. Ces deux camarades, de grande qualité et de forte personnalité, en sont capables. Je ne doute pas qu'après la réélection de René, ils s'attacheront à reconquérir la municipalité de Laon l'année prochaine, cette ville de fonctionnaires étant largement socialiste.

Saint-Quentinois: si les socialistes ne s'unissent pas et ne se renouvellent pas en profondeur, la droite est installée pour 30 ans. St Quentin est l'exemple classique de l'ancienne municipalité communiste qui a basculé spectaculairement et durablement à droite parce que les socialistes n'ont pas su, pas pu, pas voulu prendre le leadership autrefois exercé par le PCF. Leurs choix pour les municipales diront s'ils ont l'intelligence de leurs difficultés et la volonté de les surmonter.

Thiérache: la droite ne s'y est pas trompée, elle a fait venir Raffarin pour tenter de déboulonner Balligand. Sauf qu'il y a des statues qui sont indéboulonnables. C'est en tout cas un hommage involontaire que l'UMP rend à Jean-Pierre. La Thiérache, je l'ai déjà dit sur ce blog, c'est l'exemple que les militants socialistes doivent se donner et méditer, et Balligand est un modèle à suivre (il n'empêche que je ne suis pas toujours d'accord avec ses choix nationaux internes, mais c'est une autre histoire). Il a réussi à maintenir et à développer le socialisme dans un territoire rural qui ne lui était pas nécessairement propice.

Soissonnais: Tergnier et Chauny sont les zones les plus à gauche du département et, quelle misère, aucun leader local ne se dégage vraiment. Nous avons été obligés d'aller chercher Claire Le Flécher à Paris pour avoir une candidate aux législatives. Elle a fait une belle campagne et un score honorable mais Jacques Desallangre est toujours là, bien implanté. Quels seront maintenant la place et le rôle de Claire? C'est toute la question pour l'avenir de la circonscription. Côté Soissons, la droite domine, il faudra beaucoup de force et de volonté à Patrick Day, qui n'en manque pas, pour s'emparer de la municipalité.

Château-Thierry: je me souviens, il y a quelques mois, de la visite de François Hollande dans l'Aisne et les signes d'encouragements qu'il avait adressés à Dominique Jourdain, notre candidat, maire de Château. Et puis patatras, cette foutue division qui réapparait, Jacques Krabal candidat, des polémiques violentes et la conséquence: Jourdain 20%, Krabal 17% et la droite qui se frotte les mains. Et Jacques n'a pas donné de consigne de vote pour le second tour, se laissant emporter, je suppose, par la rancoeur! Pourtant, ce que Karimet a su faire avec Dosière, Krabal aurait dû en avoir la force et le courage avec Jourdain.

A Jean-Pierre Balligand, René Dosière, Dominique Jourdain et Jacques Desallangre, je souhaite courage pour les dernières heures de campagne, bonne chance pour dimanche, et j'appelle la communauté des lecteurs de ce blog à faire leur possible en relayant l'appel à voter pour eux.

Bonne matinée.